# 22 Des thérapies en mouvement (février 2019)(Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale.http://www.rebonds.net/22destherapiesenmouvement/80-recreations2023-05-11T19:20:17+02:00(Re)bonds.netJoomla! - Open Source Content Management« Une vie animée », Ron Suskind2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/22destherapiesenmouvement/80-recreations/482-unevieanimeeSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/la_vie_animée.jpg" /></p><p><em></em>Le titre français peine à restituer la subtilité du titre original : « Life, animated ». La virgule prend tout son sens lorsqu'on sait que ce livre parle de l'incroyable effet des films d'animation sur les capacités d'expression d'un autiste, Owen Suskind. L'auteur, son père, raconte comment les obsessions du jeune homme sont devenues les clés de sa thérapie.</p>
<p>Owen est le fils cadet de Ron<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> et Ophelia Suskind. Il a un frère, Walter. A l'âge de trois ans, sans raison apparente, Owen cesse progressivement de parler et de marcher. La famille consulte, le diagnostic tombe : autisme régressif.<br />L'enfant, comme de nombreux autres autistes, développe ce que les proches appellent une « passion » mais que les médecins nomment « obsession » : il regarde en boucle les cassettes des dessins animés de Walt Disney. Bientôt, il connaît les dialogues par coeur, sans que personne ne sache s'il en comprend le sens. Jusqu'à ce que quelques mots sortent de sa bouche : des mots provenant d'un dessin animé mais servant à exprimer une émotion propre. Puis, une phrase complète : son frère, triste le jour de son anniversaire, devait se sentir comme Mowgli ou Peter Pan puisqu'il ne voulait pas grandir… Un soir, son père saisit la marionnette de Iago, perroquet du film « Aladdin », se cache sous une couverture, et par le truchement de dialogues qu'il connaît désormais lui aussi par coeur, parvient à entrer à nouveau en contact avec son fils.<br />Malgré le scepticisme du médecin, la famille reprend espoir ! Et s'engouffre dans cette porte ouverte sur l'univers d'Owen. Un univers peuplé de personnages bien précis de Walt Disney : les seconds rôles, les compagnons de route des héros. <em>« A chaque émotion, chaque situation, correspond une séquence de film »</em>, explique Ron Suskind. Dès lors, la communication redevient possible. Année après année, à partir des scenarii, Owen apprend à écrire et à lire. Il dessine aussi ses « compagnons » pour exprimer ses émotions.</p>
<p>Avec sa femme Cornelia, Ron Suskind a théorisé et développé la « thérapie par affinité », qu'ils promeuvent dans le monde entier. Ils sont persuadés que les obsessions des autistes ont une fonction et qu'il convient de les encourager plutôt que de les réprimer comme le conseillent souvent les médecins. En France, cette méthode a été testée avec succès auprès de groupes d'autistes, notamment par la psychopathologue Myriam Perrin. Les résultats concernent notamment le passage à des actes violents, qui cessent dès lors que les passions des autistes ne sont plus bridées.<br />En 2016, le livre de Ron Suskind, « Life, animated » <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> est devenu un documentaire, réalisé par Roger-Ross Williams. Nommé aux Oscar en 2017, il a reçu de nombreux prix. Il mêle témoignages face caméra, plans tournés dans la vie « réelle » d'Owen et séquences de dessins animés représentant son univers.</p>
<p>L'accès à la bande annonce et à la version originale du film sous-titrée en français est possible ici : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AK7_EjVaWz4">https://www.youtube.com/watch?v=AK7_EjVaWz4</a></p>
<p>Plus d'informations : <a href="http://www.lifeanimateddoc.com">http://www.lifeanimateddoc.com</a><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) Ron Suskind est un célèbre journaliste et écrivain américain. Spécialisé dans les « affaires » notamment au Walt Street Journal, il a reçu le Prix Pulitzer en 1995 pour une série d'articles ayant donné lieu à son premier livre, « A hope in the unseen ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) « Une vie animée, le destin inouï d'un enfant autiste », éditions Saint-Simon.</span></p>
<p></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/la_vie_animée.jpg" /></p><p><em></em>Le titre français peine à restituer la subtilité du titre original : « Life, animated ». La virgule prend tout son sens lorsqu'on sait que ce livre parle de l'incroyable effet des films d'animation sur les capacités d'expression d'un autiste, Owen Suskind. L'auteur, son père, raconte comment les obsessions du jeune homme sont devenues les clés de sa thérapie.</p>
<p>Owen est le fils cadet de Ron<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> et Ophelia Suskind. Il a un frère, Walter. A l'âge de trois ans, sans raison apparente, Owen cesse progressivement de parler et de marcher. La famille consulte, le diagnostic tombe : autisme régressif.<br />L'enfant, comme de nombreux autres autistes, développe ce que les proches appellent une « passion » mais que les médecins nomment « obsession » : il regarde en boucle les cassettes des dessins animés de Walt Disney. Bientôt, il connaît les dialogues par coeur, sans que personne ne sache s'il en comprend le sens. Jusqu'à ce que quelques mots sortent de sa bouche : des mots provenant d'un dessin animé mais servant à exprimer une émotion propre. Puis, une phrase complète : son frère, triste le jour de son anniversaire, devait se sentir comme Mowgli ou Peter Pan puisqu'il ne voulait pas grandir… Un soir, son père saisit la marionnette de Iago, perroquet du film « Aladdin », se cache sous une couverture, et par le truchement de dialogues qu'il connaît désormais lui aussi par coeur, parvient à entrer à nouveau en contact avec son fils.<br />Malgré le scepticisme du médecin, la famille reprend espoir ! Et s'engouffre dans cette porte ouverte sur l'univers d'Owen. Un univers peuplé de personnages bien précis de Walt Disney : les seconds rôles, les compagnons de route des héros. <em>« A chaque émotion, chaque situation, correspond une séquence de film »</em>, explique Ron Suskind. Dès lors, la communication redevient possible. Année après année, à partir des scenarii, Owen apprend à écrire et à lire. Il dessine aussi ses « compagnons » pour exprimer ses émotions.</p>
<p>Avec sa femme Cornelia, Ron Suskind a théorisé et développé la « thérapie par affinité », qu'ils promeuvent dans le monde entier. Ils sont persuadés que les obsessions des autistes ont une fonction et qu'il convient de les encourager plutôt que de les réprimer comme le conseillent souvent les médecins. En France, cette méthode a été testée avec succès auprès de groupes d'autistes, notamment par la psychopathologue Myriam Perrin. Les résultats concernent notamment le passage à des actes violents, qui cessent dès lors que les passions des autistes ne sont plus bridées.<br />En 2016, le livre de Ron Suskind, « Life, animated » <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> est devenu un documentaire, réalisé par Roger-Ross Williams. Nommé aux Oscar en 2017, il a reçu de nombreux prix. Il mêle témoignages face caméra, plans tournés dans la vie « réelle » d'Owen et séquences de dessins animés représentant son univers.</p>
<p>L'accès à la bande annonce et à la version originale du film sous-titrée en français est possible ici : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=AK7_EjVaWz4">https://www.youtube.com/watch?v=AK7_EjVaWz4</a></p>
<p>Plus d'informations : <a href="http://www.lifeanimateddoc.com">http://www.lifeanimateddoc.com</a><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) Ron Suskind est un célèbre journaliste et écrivain américain. Spécialisé dans les « affaires » notamment au Walt Street Journal, il a reçu le Prix Pulitzer en 1995 pour une série d'articles ayant donné lieu à son premier livre, « A hope in the unseen ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) « Une vie animée, le destin inouï d'un enfant autiste », éditions Saint-Simon.</span></p>
<p></p>Fresque sonore 2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/22destherapiesenmouvement/80-recreations/483-fresquesonoreSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Photo_FresqueconnecteeGEDHIF.jpeg" /></p><p><em></em>A Bourges, l'association Emmetrop a donné carte blanche à l'artiste numérique Chloé Desmoineaux pour créer, avec des adultes porteurs de handicaps, une fresque sonore collective. Elle est visible aux Antre Peaux.</p>
<p>Chloé Desmoineaux a suivi une partie de sa formation dans le Cher, à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts de Bourges (ENSA), avant d'être diplômée de l'Ecole Supérieure d'Art d'Aix-en-Provence (ESAA) en 2016. Ses médiums ne sont pas la peinture ou la sculpture, mais plutôt l'informatique et la vidéo qu'elle utilise pour créer des installations interactives ou des performances « on line », sur Internet. Ainsi, son espace d'exposition se situe à la fois dans le monde « physique » et dans le monde « en ligne ».<br />Elle s'inspire notamment de la fiction spéculative, un des genres de la science-fiction proche de l'anticipation, dans lequel la technologie est spéculée à partir du présent et du réel. Mais la technologie n'y est pas une fin en soi : la fiction spéculative s'intéresse surtout à l'évolution de concepts philosophiques, sociaux et politiques.<br />D'ailleurs, la politique a toujours tenu une grande place dans la démarche de Chloé Desmoineaux : en 2016, une mention rattachée à l'obtention de son diplôme la récompensait pour son engagement politique. Ses dernières créations explorent les questions de genre, d'identité et de relations inter-espèces.<br />Expérimenter une nouvelle forme d'expression avec des personnes porteuses de handicaps, est-ce un acte engagé ? Sans aucun doute, ne serait-ce que dans la subtilité de l'accompagnement que cette expérimentation suppose. Pendant une semaine, à Bourges, Chloé Desmoineaux et les résident.es du foyer du Val d'Yèvre <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> vont imaginer et fabriquer une fresque connectée à partir d'une matière conductrice peinte. Chaque participant.e pourra réaliser un dessin ou un pochoir en lien avec une thématique définie préalablement. Ces dessins ou pochoirs seront connectés à une « touchboard card » : le fait de les toucher déclenchera un enregistrement sonore racontant une histoire.<br />Le vernissage de la fresque sonore a eu lieu aux Antre Peaux<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>, les locaux de l'association Emmetrop, le mercredi 27 février. Elle restera en place pendant deux semaines avant d'être accrochée dans les couloirs du lieu de vie des résidents.</p>
<p>Plus d'informations sur <a href="http://www.emmetrop.fr">www.emmetrop.fr</a></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Le foyer du Val d'Yèvre à Bourges est géré par l'association Gedhif, Groupe d'Entraide Départemental aux Handicapés Inadaptés et à leurs Familles : <a href="http://www.gedhif.fr">www.gedhif.fr</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Antre Peaux : 26 route de la Chapelle à Bourges.</span></p>
<p><em><span style="font-size: 8pt;">Source photo : Emmetrop.</span></em></p>
<p> </p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Photo_FresqueconnecteeGEDHIF.jpeg" /></p><p><em></em>A Bourges, l'association Emmetrop a donné carte blanche à l'artiste numérique Chloé Desmoineaux pour créer, avec des adultes porteurs de handicaps, une fresque sonore collective. Elle est visible aux Antre Peaux.</p>
<p>Chloé Desmoineaux a suivi une partie de sa formation dans le Cher, à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts de Bourges (ENSA), avant d'être diplômée de l'Ecole Supérieure d'Art d'Aix-en-Provence (ESAA) en 2016. Ses médiums ne sont pas la peinture ou la sculpture, mais plutôt l'informatique et la vidéo qu'elle utilise pour créer des installations interactives ou des performances « on line », sur Internet. Ainsi, son espace d'exposition se situe à la fois dans le monde « physique » et dans le monde « en ligne ».<br />Elle s'inspire notamment de la fiction spéculative, un des genres de la science-fiction proche de l'anticipation, dans lequel la technologie est spéculée à partir du présent et du réel. Mais la technologie n'y est pas une fin en soi : la fiction spéculative s'intéresse surtout à l'évolution de concepts philosophiques, sociaux et politiques.<br />D'ailleurs, la politique a toujours tenu une grande place dans la démarche de Chloé Desmoineaux : en 2016, une mention rattachée à l'obtention de son diplôme la récompensait pour son engagement politique. Ses dernières créations explorent les questions de genre, d'identité et de relations inter-espèces.<br />Expérimenter une nouvelle forme d'expression avec des personnes porteuses de handicaps, est-ce un acte engagé ? Sans aucun doute, ne serait-ce que dans la subtilité de l'accompagnement que cette expérimentation suppose. Pendant une semaine, à Bourges, Chloé Desmoineaux et les résident.es du foyer du Val d'Yèvre <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> vont imaginer et fabriquer une fresque connectée à partir d'une matière conductrice peinte. Chaque participant.e pourra réaliser un dessin ou un pochoir en lien avec une thématique définie préalablement. Ces dessins ou pochoirs seront connectés à une « touchboard card » : le fait de les toucher déclenchera un enregistrement sonore racontant une histoire.<br />Le vernissage de la fresque sonore a eu lieu aux Antre Peaux<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>, les locaux de l'association Emmetrop, le mercredi 27 février. Elle restera en place pendant deux semaines avant d'être accrochée dans les couloirs du lieu de vie des résidents.</p>
<p>Plus d'informations sur <a href="http://www.emmetrop.fr">www.emmetrop.fr</a></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Le foyer du Val d'Yèvre à Bourges est géré par l'association Gedhif, Groupe d'Entraide Départemental aux Handicapés Inadaptés et à leurs Familles : <a href="http://www.gedhif.fr">www.gedhif.fr</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Antre Peaux : 26 route de la Chapelle à Bourges.</span></p>
<p><em><span style="font-size: 8pt;">Source photo : Emmetrop.</span></em></p>
<p> </p>« Mr Gaga, sur les pas d'Ohad Naharin », Tomer Heymann2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/22destherapiesenmouvement/80-recreations/484-mrgagasurlespasdeohadnaharinSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Mr_gaga.jpg" /></p><p><em>« Je danse tous les jours. Tout le monde devrait en faire autant. »</em> Pour Ohad Naharin, la danse n'est pas un médium de thérapie mais un mouvement de vie. Le chorégraphe israélien, considéré comme l'un des plus talentueux de sa génération, a été révélé au grand public grâce au film de Tomer Heymann.</p>
<p>Il y a des « livres de chevet ». Ce film serait mon « film de chevet », tant je convoque régulièrement à mon esprit ses images, les sensations qu'il me procure, les mouvements qu'il encourage en moi… La rencontre avec Ohad Naharin, en 2015, par grand écran interposé, me toucha tant que je la répétai plusieurs fois.<br />Ce qui m'a marqué ? Le ton de voix grave et posé du chorégraphe ; les notes de piano, douces, comme si les touches s'enfonçaient une à une au passage nonchalant d'un chat ; les mouvements répétitifs de corps qui chutent, encore et encore, jusqu'à atteindre le parfait lâcher prise. Et ce formidable appel à danser lancé à chacun.e d'entre nous : danser toujours, malgré les difficultés, les obstacles faits à la vie. Laisser son corps en mouvement, le plus naturel des langages.<br />Ohad Naharin sait de quoi il parle. Il danse depuis qu'il marche. Fait très rare, il devient professionnel sur le tard, à l'âge de 22 ans. Sa technique et son style intriguent, agacent, finissent par séduire. Mais alors qu'il exerce ses talents de danseur à New York, son corps, épuisé par les efforts, le lâche. Il frôle la paralysie. De ses faiblesses physiques, il tire une nouvelle méthode, basée sur l'observation et l'expérimentation, d'abord de son propre corps, puis de celui des danseurs qu'il dirigera. L'objectif est que chacun.e puisse découvrir les moyens de dimininuer ses faiblesses physiques et les douleurs qu'elles peuvent éventuellement provoquer. En vivant le mouvement dans l'instant présent, le mouvement instinctif, la personne qui danse peut connecter ses mouvements conscients et inconscients, et vivre une véritable expérience de liberté. C'est ce qui est appelé le langage « Gaga ». Pour Ohad Naharin, il s'agit d'éprouver la gravité, les sensations sur notre peau, la distance entre les parties du corps <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>.</p>
<p>Des séances « Gaga » sont organisées partout dans le monde, auxquelles participent des milliers de personnes, danseuses ou non.<br />Mais le film de Tomer Heymann s'attache moins à décrire ce langage, qu'à dessiner le portrait du chorégraphe, en insistant sur les événements qui l'ont transformé en « Mr Gaga ». L'engagement de son corps va de pair avec son engagement politique. En 1990, après quinze ans passés aux Etats-Unis, il a accepté de prendre la direction de la Batsheva Dance Compagny (BDC) à Jérusalem. Ses spectacles ont d'abord dérouté, choqué, avant de faire partie du paysage culturel israélien et enfin, international.<br />Un événement a particulièrement marqué la direction de la BDC : en 1998, la compagnie devait se produire à l'occasion du 50e anniversaire de l’État d'Israël. Le président de l'époque, Ezer Weizman, demanda au chorégraphe de changer les costumes des danseurs parce qu'ils choquaient les orthodoxes. Ohad Naharin et ses danseurs décidèrent d'annuler la pièce, devant le parterre de chefs d'Etats réunis pour l'occasion… ce qui souleva une grande vague de soutien à la BDC.<br />Pour autant, à chaque fois qu'elle se produit en dehors de son pays, elle doit faire face à des appels au boycott, au motif qu'elle est financée en partie par le ministère de la Culture israélien. Inlassablement, Ohad Naharin justifie : <em>« Notre devoir est justement de prendre l'argent de ce ministère, qui n'a pas le pouvoir de nous censurer, pour prendre la parole »</em>. Pour lui, <em>« un spectacle annulé, ce n’est pas un drame. Ce qui l’est, ce sont les Territoires Occupés. C’est que des gens d’un même pays n’aient pas les mêmes droits et de sentir qu’il n’y a aucune volonté de régler ça. »</em> <span style="font-size: 8pt;">(2)</span><br />Le corps peut être politique. L'expérience du mouvement à laquelle nous convie Ohad Naharin est aussi un moyen de sentir que nous avons plus en commun que ce qui nous sépare...</p>
<p>Découvrez le film sur <a href="https://www.mrgagathefilm.com/">https://www.mrgagathefilm.com/</a> et la compagnie d'Ohad Naharin sur <a href="https://batsheva.co.il/en/home">https://batsheva.co.il/en/home</a></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Source : Magazine Octave daté du 28 août 2018.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Extrait de l'article signé Eve Beauvallet dans Libération daté du 17 octobre 2018 : <a href="https://next.liberation.fr/theatre/2018/10/17/ohad-naharin-chat-beaute_1686064">https://next.liberation.fr/theatre/2018/10/17/ohad-naharin-chat-beaute_1686064</a></span></p>
<p></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Mr_gaga.jpg" /></p><p><em>« Je danse tous les jours. Tout le monde devrait en faire autant. »</em> Pour Ohad Naharin, la danse n'est pas un médium de thérapie mais un mouvement de vie. Le chorégraphe israélien, considéré comme l'un des plus talentueux de sa génération, a été révélé au grand public grâce au film de Tomer Heymann.</p>
<p>Il y a des « livres de chevet ». Ce film serait mon « film de chevet », tant je convoque régulièrement à mon esprit ses images, les sensations qu'il me procure, les mouvements qu'il encourage en moi… La rencontre avec Ohad Naharin, en 2015, par grand écran interposé, me toucha tant que je la répétai plusieurs fois.<br />Ce qui m'a marqué ? Le ton de voix grave et posé du chorégraphe ; les notes de piano, douces, comme si les touches s'enfonçaient une à une au passage nonchalant d'un chat ; les mouvements répétitifs de corps qui chutent, encore et encore, jusqu'à atteindre le parfait lâcher prise. Et ce formidable appel à danser lancé à chacun.e d'entre nous : danser toujours, malgré les difficultés, les obstacles faits à la vie. Laisser son corps en mouvement, le plus naturel des langages.<br />Ohad Naharin sait de quoi il parle. Il danse depuis qu'il marche. Fait très rare, il devient professionnel sur le tard, à l'âge de 22 ans. Sa technique et son style intriguent, agacent, finissent par séduire. Mais alors qu'il exerce ses talents de danseur à New York, son corps, épuisé par les efforts, le lâche. Il frôle la paralysie. De ses faiblesses physiques, il tire une nouvelle méthode, basée sur l'observation et l'expérimentation, d'abord de son propre corps, puis de celui des danseurs qu'il dirigera. L'objectif est que chacun.e puisse découvrir les moyens de dimininuer ses faiblesses physiques et les douleurs qu'elles peuvent éventuellement provoquer. En vivant le mouvement dans l'instant présent, le mouvement instinctif, la personne qui danse peut connecter ses mouvements conscients et inconscients, et vivre une véritable expérience de liberté. C'est ce qui est appelé le langage « Gaga ». Pour Ohad Naharin, il s'agit d'éprouver la gravité, les sensations sur notre peau, la distance entre les parties du corps <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>.</p>
<p>Des séances « Gaga » sont organisées partout dans le monde, auxquelles participent des milliers de personnes, danseuses ou non.<br />Mais le film de Tomer Heymann s'attache moins à décrire ce langage, qu'à dessiner le portrait du chorégraphe, en insistant sur les événements qui l'ont transformé en « Mr Gaga ». L'engagement de son corps va de pair avec son engagement politique. En 1990, après quinze ans passés aux Etats-Unis, il a accepté de prendre la direction de la Batsheva Dance Compagny (BDC) à Jérusalem. Ses spectacles ont d'abord dérouté, choqué, avant de faire partie du paysage culturel israélien et enfin, international.<br />Un événement a particulièrement marqué la direction de la BDC : en 1998, la compagnie devait se produire à l'occasion du 50e anniversaire de l’État d'Israël. Le président de l'époque, Ezer Weizman, demanda au chorégraphe de changer les costumes des danseurs parce qu'ils choquaient les orthodoxes. Ohad Naharin et ses danseurs décidèrent d'annuler la pièce, devant le parterre de chefs d'Etats réunis pour l'occasion… ce qui souleva une grande vague de soutien à la BDC.<br />Pour autant, à chaque fois qu'elle se produit en dehors de son pays, elle doit faire face à des appels au boycott, au motif qu'elle est financée en partie par le ministère de la Culture israélien. Inlassablement, Ohad Naharin justifie : <em>« Notre devoir est justement de prendre l'argent de ce ministère, qui n'a pas le pouvoir de nous censurer, pour prendre la parole »</em>. Pour lui, <em>« un spectacle annulé, ce n’est pas un drame. Ce qui l’est, ce sont les Territoires Occupés. C’est que des gens d’un même pays n’aient pas les mêmes droits et de sentir qu’il n’y a aucune volonté de régler ça. »</em> <span style="font-size: 8pt;">(2)</span><br />Le corps peut être politique. L'expérience du mouvement à laquelle nous convie Ohad Naharin est aussi un moyen de sentir que nous avons plus en commun que ce qui nous sépare...</p>
<p>Découvrez le film sur <a href="https://www.mrgagathefilm.com/">https://www.mrgagathefilm.com/</a> et la compagnie d'Ohad Naharin sur <a href="https://batsheva.co.il/en/home">https://batsheva.co.il/en/home</a></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Source : Magazine Octave daté du 28 août 2018.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Extrait de l'article signé Eve Beauvallet dans Libération daté du 17 octobre 2018 : <a href="https://next.liberation.fr/theatre/2018/10/17/ohad-naharin-chat-beaute_1686064">https://next.liberation.fr/theatre/2018/10/17/ohad-naharin-chat-beaute_1686064</a></span></p>
<p></p>« Musicophilia », Oliver Sacks2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/22destherapiesenmouvement/80-recreations/485-musicophiliaSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Musicophilia-la-musique-le-cerveau-et-nous.jpg" /></p><p><em></em>En 2000, le neurologue britannique Oliver Sacks reçut le prix « Music has power Award » <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> pour sa contribution à la musicothérapie et à la compréhension des effets de la musique sur le cerveau humain. Dans « Musicophilia » comme dans tous ses ouvrages, Oliver Sacks emporte son lecteur par un procédé narratif dynamique : il part d'histoires et d'anecdotes réelles, souvent stupéfiantes, pour expliquer des processus complexes mais qui nous concernent tous.</p>
<p>A chaque chapitre, Oliver Sacks raconte un cas clinique, mais à la manière d'un romancier : le personnage et son contexte de vie sont précisémment décrits, avant que ne survienne l'élément perturbateur, l'événement qui change la vie du personnage. Ainsi de Tony Cicoria, chirurgien orthopédique âgé de 42 ans, vivant dans l’État de New York une existence paisible... jusqu'à ce qu'il fut frappé par la foudre. Il ne mourut pas mais développa une <em>« brusque soif de piano »</em>, une musicophilie…<br />Que s'est-il passé dans son cerveau ? Et dans celui de tous les patients qu'Oliver Sacks a rencontrés et qui ont développé une relation singulière à la musique : l'épilepsie musicogène, les hallucinations musicales, l'oreille absolue ou, à l'inverse, imparfaite, la dysharmonie…<br />Le neurologue observe, interroge, expérimente. Certes, il n'apporte pas toujours de réponse, mais ses commentaires et analyses sont passionnantes, et aide à la compréhension d'un phénomène encore bien mystérieux : comment la musique agit sur notre corps et notre esprit. Il aborde aussi plus particulièrement la question de la musicothérapie, dans les cas de démence, de maladie de Parkinson, du syndrome de la Tourette ou encore d'aphasie.</p>
<p>Mort en 2015 d'un cancer, Oliver Sacks n'a eu de cesse, tout au long de sa vie, de prendre la science par le bout de la surprise et de l'inattendu. C'est ainsi qu'il a rendu les sujets qu'il abordait populaires.<br />Soulignons qu'il était diplômé de médecine, biologie et physiologie, mais aussi d'arts...</p>
<p>Outre « Musicophilia » (éditions Seuil), on lui doit, entre autres : « Awakenings » sorti en 1973 et adapté au cinéma, qui évoque des survivants d'une encéphalite léthargique ; dans « l'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau », sorti en 1985 et adapté à l'opéra, il traite de l'agnosie visuelle. Ses livres, traduits en 25 langues, évoquent tous des troubles du comportement liés à des lésions cérébrales, dans toute leur diversité.Les derniers ouvrages, sortis à titre posthume, s'intitulent « Le fleuve de la conscience » et « Everything in its place ».</p>
<p>Plus d'informations sur <a href="https://www.oliversacks.com/">https://www.oliversacks.com/</a></p>
<p></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/ART_THÉRAPIE/Musicophilia-la-musique-le-cerveau-et-nous.jpg" /></p><p><em></em>En 2000, le neurologue britannique Oliver Sacks reçut le prix « Music has power Award » <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> pour sa contribution à la musicothérapie et à la compréhension des effets de la musique sur le cerveau humain. Dans « Musicophilia » comme dans tous ses ouvrages, Oliver Sacks emporte son lecteur par un procédé narratif dynamique : il part d'histoires et d'anecdotes réelles, souvent stupéfiantes, pour expliquer des processus complexes mais qui nous concernent tous.</p>
<p>A chaque chapitre, Oliver Sacks raconte un cas clinique, mais à la manière d'un romancier : le personnage et son contexte de vie sont précisémment décrits, avant que ne survienne l'élément perturbateur, l'événement qui change la vie du personnage. Ainsi de Tony Cicoria, chirurgien orthopédique âgé de 42 ans, vivant dans l’État de New York une existence paisible... jusqu'à ce qu'il fut frappé par la foudre. Il ne mourut pas mais développa une <em>« brusque soif de piano »</em>, une musicophilie…<br />Que s'est-il passé dans son cerveau ? Et dans celui de tous les patients qu'Oliver Sacks a rencontrés et qui ont développé une relation singulière à la musique : l'épilepsie musicogène, les hallucinations musicales, l'oreille absolue ou, à l'inverse, imparfaite, la dysharmonie…<br />Le neurologue observe, interroge, expérimente. Certes, il n'apporte pas toujours de réponse, mais ses commentaires et analyses sont passionnantes, et aide à la compréhension d'un phénomène encore bien mystérieux : comment la musique agit sur notre corps et notre esprit. Il aborde aussi plus particulièrement la question de la musicothérapie, dans les cas de démence, de maladie de Parkinson, du syndrome de la Tourette ou encore d'aphasie.</p>
<p>Mort en 2015 d'un cancer, Oliver Sacks n'a eu de cesse, tout au long de sa vie, de prendre la science par le bout de la surprise et de l'inattendu. C'est ainsi qu'il a rendu les sujets qu'il abordait populaires.<br />Soulignons qu'il était diplômé de médecine, biologie et physiologie, mais aussi d'arts...</p>
<p>Outre « Musicophilia » (éditions Seuil), on lui doit, entre autres : « Awakenings » sorti en 1973 et adapté au cinéma, qui évoque des survivants d'une encéphalite léthargique ; dans « l'Homme qui prenait sa femme pour un chapeau », sorti en 1985 et adapté à l'opéra, il traite de l'agnosie visuelle. Ses livres, traduits en 25 langues, évoquent tous des troubles du comportement liés à des lésions cérébrales, dans toute leur diversité.Les derniers ouvrages, sortis à titre posthume, s'intitulent « Le fleuve de la conscience » et « Everything in its place ».</p>
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