# 33 Terre d'inconnu (février 2020)(Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale.http://www.rebonds.net/33terredinconnu/106-recreations2023-05-11T19:24:29+02:00(Re)bonds.netJoomla! - Open Source Content Management« L'extraordinaire chat de Mossoul », E. Fontenaille et S. Thommen2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/33terredinconnu/106-recreations/570-lextraordinairechatdemossoulSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/chat_de_mossoul.jpg" /></p><p>Comment expliquer les migrations aux plus jeunes ? Les livres sont de précieux médiateurs. En plus d'être beau, celui d'Elise Fontenaille et de Sandrine Thommen est original : le narrateur est un chat, qui suit sa famille sur la route qui mène de la guerre à l'espoir. Et tout est vrai...</p>
<p>Habibi est un chat angora qui vit à Mossoul, au nord de l'Irak. Il passe ses journées tranquillement à ronronner, au domicile de sa maîtresse Samarkand et de ses quatre filles. Jusqu'au jour où la ville est envahie par les hommes de Daech. Il n'est plus possible de vivre librement, les interdits se multiplient, la peur gagne la famille : il lui faut fuir.<br />Pas question de laisser le chat ! Le voici embarqué sur un canot pour traverser la mer avant d'accoster sur l'île de Lesbos, en Grèce. Profitant d'un moment de répit, il décide de s'en aller chasser. A son retour, la famille a disparu : elle ne pouvait l'attendre plus longtemps et a accepté de partir pour la Norvège. Esseulé, rejeté par les autres chats parce qu'il est un migrant, Habibi est sauvé par une jeune fille qui a promis à sa famille de s'occuper de lui. De main humaine en main humaine, de voitures en avion, il traversera toute l'Europe pour tenter de retrouver celles qu'il aime…</p>
<p>Naïf ? Peut-être, mais réaliste, l'histoire étant tout à fait vraie selon l'auteure, Elise Fontenaille. C'est en 2015 lors d'un séjour en Irak qu'elle a entendu parler de cette histoire et qu'elle a immédiatement décidé d'en faire un album pour la jeunesse, afin de permettre aux parents de parler de la question des migrations avec leurs enfants,<em> « d'une façon plus légère et joyeuse, moins tragique que celle dont on a l'habitude »</em>, comme elle l'explique à la fin du livre.<br />Au-delà de l'histoire, c'est aussi le procédé narratif qui est intéressant puisque c'est le chat qui est le narrateur. Soulignons aussi la qualité des illustrations réalisées par Sandrine Thommen.</p>
<p>Née à Nancy en 1960, Elise Fontenaille a été journaliste au Canada, avant de commencer à écrire en 1995. Son premier roman, « La Gommeuse », a été publié chez Grasset en 1997. « L'extraordinaire chat de Mossoul raconté par lui-même » est sorti en septembre 2018 chez Gallimard Jeunesse.</p>
<p>Plus de renseignements sur <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Giboulees/Hors-Serie-Giboulees/L-extraordinaire-voyage-du-chat-de-Mossoul-raconte-par-lui-meme">http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Giboulees/Hors-Serie-Giboulees/L-extraordinaire-voyage-du-chat-de-Mossoul-raconte-par-lui-meme</a></p>
<p></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/chat_de_mossoul.jpg" /></p><p>Comment expliquer les migrations aux plus jeunes ? Les livres sont de précieux médiateurs. En plus d'être beau, celui d'Elise Fontenaille et de Sandrine Thommen est original : le narrateur est un chat, qui suit sa famille sur la route qui mène de la guerre à l'espoir. Et tout est vrai...</p>
<p>Habibi est un chat angora qui vit à Mossoul, au nord de l'Irak. Il passe ses journées tranquillement à ronronner, au domicile de sa maîtresse Samarkand et de ses quatre filles. Jusqu'au jour où la ville est envahie par les hommes de Daech. Il n'est plus possible de vivre librement, les interdits se multiplient, la peur gagne la famille : il lui faut fuir.<br />Pas question de laisser le chat ! Le voici embarqué sur un canot pour traverser la mer avant d'accoster sur l'île de Lesbos, en Grèce. Profitant d'un moment de répit, il décide de s'en aller chasser. A son retour, la famille a disparu : elle ne pouvait l'attendre plus longtemps et a accepté de partir pour la Norvège. Esseulé, rejeté par les autres chats parce qu'il est un migrant, Habibi est sauvé par une jeune fille qui a promis à sa famille de s'occuper de lui. De main humaine en main humaine, de voitures en avion, il traversera toute l'Europe pour tenter de retrouver celles qu'il aime…</p>
<p>Naïf ? Peut-être, mais réaliste, l'histoire étant tout à fait vraie selon l'auteure, Elise Fontenaille. C'est en 2015 lors d'un séjour en Irak qu'elle a entendu parler de cette histoire et qu'elle a immédiatement décidé d'en faire un album pour la jeunesse, afin de permettre aux parents de parler de la question des migrations avec leurs enfants,<em> « d'une façon plus légère et joyeuse, moins tragique que celle dont on a l'habitude »</em>, comme elle l'explique à la fin du livre.<br />Au-delà de l'histoire, c'est aussi le procédé narratif qui est intéressant puisque c'est le chat qui est le narrateur. Soulignons aussi la qualité des illustrations réalisées par Sandrine Thommen.</p>
<p>Née à Nancy en 1960, Elise Fontenaille a été journaliste au Canada, avant de commencer à écrire en 1995. Son premier roman, « La Gommeuse », a été publié chez Grasset en 1997. « L'extraordinaire chat de Mossoul raconté par lui-même » est sorti en septembre 2018 chez Gallimard Jeunesse.</p>
<p>Plus de renseignements sur <a href="http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Giboulees/Hors-Serie-Giboulees/L-extraordinaire-voyage-du-chat-de-Mossoul-raconte-par-lui-meme">http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD-JEUNESSE/Giboulees/Hors-Serie-Giboulees/L-extraordinaire-voyage-du-chat-de-Mossoul-raconte-par-lui-meme</a></p>
<p></p>« Regarde ailleurs » d'Arthur Levivier2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/33terredinconnu/106-recreations/571-regardeailleursSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/regarde_ailleurs.jpg" /></p><p><em>« Réunie par l'indignation et portée par la volonté de dénoncer des réalités révoltantes »<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span></em>, c'est une équipe bénévole qui a permis que le film « Regarde ailleurs » sorte en salle. Il raconte les mois qui ont suivi le démantèlement de « la jungle » de Calais.</p>
<p>Le 24 octobre 2016, une opération inédite débute en France : le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ordonné l'expulsion des 6.400 migrants vivant dans ce qu'on surnomme « la jungle » de Calais, sorte de bidonville dans lequel vivent des hommes, des mineurs isolés, des familles… Ils viennent d'Afghanistan, d'Irak, d'Erythrée… Ils rêvent de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre.</p>
<p>Pour mener à bien cette opération, environ 3.350 policiers ont été mobilisés. Triés puis enregistrés, les migrants doivent être répartis dans 280 lieux en France. Certains, qui ont déjà fait l'objet d'Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), seront placés en rétention administrative en attendant leur expulsion du pays<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>.</p>
<p>C'est à ce moment-là qu'Arthur Levivier arrive à Calais : vidéaste membre du collectif « Activideo », il filme le démantèlement. C'est la première fois qu'il rencontre des personnes en exil. C'est le choc. <em>« Immédiatement, je suis sidéré par la tournure des évènements,</em> écrit-il.<em> Ce que le gouvernement décrit comme une « opération humanitaire » est en fait une violente expulsion. »</em> Il reste une semaine mais la tension sur place ne lui permet pas de rapporter des images suffisamment intéressantes.<br />De retour à Paris, il décide de bien se préparer et, en juin puis en août 2017, revient à Calais. « La jungle » n'a pas totalement disparu ; elle a explosé en dizaines de camps, éphémères, qui poussent comme des champignons dans la forêt. Mais ce qu'Arthur Levivier arrive particulièrement à saisir – grâce à un système de caméras cachées notamment – c'est le harcèlement et la violence des policiers envers les migrants, les traquant jusque dans leur sommeil, aspergeant leurs yeux de gaz lacrymogène, détruisant leurs tentes, jetant leurs effets personnels, empêchant les bénévoles de leur distribuer des repas… Malgré tout, les migrants sont toujours là. Epuisés, transis de froid et d'espérance, le regard tourné vers les côtes anglaises.</p>
<p>Ce film porte une double tragédie : celle de ces êtres humains forcés à l'exil et celle des habitants de Calais et de la France entière qui <em>« regardent ailleurs »</em>. Parce qu'ils rejètent l'autre ou se sentent démunis face à ses souffrances. Mais ce film a aussi en lui beaucoup de force : celle de tous ceux qui ne peuvent s'avouer vaincus face à l'inhumanité, migrants et militants qui aspirent à un monde plus juste et plus solidaire.</p>
<p>Arthur Levivier n'aurait pu réaliser ce projet seul : Angie Mathieu, sa co-équipière de terrain, a été ses yeux derrière son dos, lorsqu'il filmait des zones non autorisées. D'autres compagnon·nes – journalistes ayant la carte de presse par exemple – l'ont parfois relayé pour obtenir des images essentielles. Des migrants et des militants l'ont accueilli, conseillé, encouragé. Des traducteur·ices ont accepté de travailler gratuitement sur le film pour le rendre accessible en anglais, en arabe et en italien.</p>
<p>D'abord diffusé sur Internet puis sorti en salle, le film peut toujours être projeté, à la demande. Pour les écoles, Arthur Levivier propose d'accompagner la projection d'actions <em>« pour sensibiliser les jeunes sur l’accueil des exilés et l’importance du sens critique sur le traitement de l’information »</em>.</p>
<p>Tous les contacts sont sur le site Internet du film : <a href="https://filmregardeailleurs.com/page-daccueil/">https://filmregardeailleurs.com/page-daccueil/</a><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://filmregardeailleurs.com/team/">https://filmregardeailleurs.com/team/</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/10/21/jungle-de-calais-le-gouvernement-detaille-l-operation-de-demantelement-qui-debutera-lundi_5018279_1653578.html">https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/10/21/jungle-de-calais-le-gouvernement-detaille-l-operation-de-demantelement-qui-debutera-lundi_5018279_1653578.html</a></span></p>
<p></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/regarde_ailleurs.jpg" /></p><p><em>« Réunie par l'indignation et portée par la volonté de dénoncer des réalités révoltantes »<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span></em>, c'est une équipe bénévole qui a permis que le film « Regarde ailleurs » sorte en salle. Il raconte les mois qui ont suivi le démantèlement de « la jungle » de Calais.</p>
<p>Le 24 octobre 2016, une opération inédite débute en France : le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a ordonné l'expulsion des 6.400 migrants vivant dans ce qu'on surnomme « la jungle » de Calais, sorte de bidonville dans lequel vivent des hommes, des mineurs isolés, des familles… Ils viennent d'Afghanistan, d'Irak, d'Erythrée… Ils rêvent de traverser la Manche pour rejoindre l'Angleterre.</p>
<p>Pour mener à bien cette opération, environ 3.350 policiers ont été mobilisés. Triés puis enregistrés, les migrants doivent être répartis dans 280 lieux en France. Certains, qui ont déjà fait l'objet d'Obligations de Quitter le Territoire Français (OQTF), seront placés en rétention administrative en attendant leur expulsion du pays<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>.</p>
<p>C'est à ce moment-là qu'Arthur Levivier arrive à Calais : vidéaste membre du collectif « Activideo », il filme le démantèlement. C'est la première fois qu'il rencontre des personnes en exil. C'est le choc. <em>« Immédiatement, je suis sidéré par la tournure des évènements,</em> écrit-il.<em> Ce que le gouvernement décrit comme une « opération humanitaire » est en fait une violente expulsion. »</em> Il reste une semaine mais la tension sur place ne lui permet pas de rapporter des images suffisamment intéressantes.<br />De retour à Paris, il décide de bien se préparer et, en juin puis en août 2017, revient à Calais. « La jungle » n'a pas totalement disparu ; elle a explosé en dizaines de camps, éphémères, qui poussent comme des champignons dans la forêt. Mais ce qu'Arthur Levivier arrive particulièrement à saisir – grâce à un système de caméras cachées notamment – c'est le harcèlement et la violence des policiers envers les migrants, les traquant jusque dans leur sommeil, aspergeant leurs yeux de gaz lacrymogène, détruisant leurs tentes, jetant leurs effets personnels, empêchant les bénévoles de leur distribuer des repas… Malgré tout, les migrants sont toujours là. Epuisés, transis de froid et d'espérance, le regard tourné vers les côtes anglaises.</p>
<p>Ce film porte une double tragédie : celle de ces êtres humains forcés à l'exil et celle des habitants de Calais et de la France entière qui <em>« regardent ailleurs »</em>. Parce qu'ils rejètent l'autre ou se sentent démunis face à ses souffrances. Mais ce film a aussi en lui beaucoup de force : celle de tous ceux qui ne peuvent s'avouer vaincus face à l'inhumanité, migrants et militants qui aspirent à un monde plus juste et plus solidaire.</p>
<p>Arthur Levivier n'aurait pu réaliser ce projet seul : Angie Mathieu, sa co-équipière de terrain, a été ses yeux derrière son dos, lorsqu'il filmait des zones non autorisées. D'autres compagnon·nes – journalistes ayant la carte de presse par exemple – l'ont parfois relayé pour obtenir des images essentielles. Des migrants et des militants l'ont accueilli, conseillé, encouragé. Des traducteur·ices ont accepté de travailler gratuitement sur le film pour le rendre accessible en anglais, en arabe et en italien.</p>
<p>D'abord diffusé sur Internet puis sorti en salle, le film peut toujours être projeté, à la demande. Pour les écoles, Arthur Levivier propose d'accompagner la projection d'actions <em>« pour sensibiliser les jeunes sur l’accueil des exilés et l’importance du sens critique sur le traitement de l’information »</em>.</p>
<p>Tous les contacts sont sur le site Internet du film : <a href="https://filmregardeailleurs.com/page-daccueil/">https://filmregardeailleurs.com/page-daccueil/</a><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://filmregardeailleurs.com/team/">https://filmregardeailleurs.com/team/</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/10/21/jungle-de-calais-le-gouvernement-detaille-l-operation-de-demantelement-qui-debutera-lundi_5018279_1653578.html">https://www.lemonde.fr/police-justice/article/2016/10/21/jungle-de-calais-le-gouvernement-detaille-l-operation-de-demantelement-qui-debutera-lundi_5018279_1653578.html</a></span></p>
<p></p>« L'encyclopédie des migrants »2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/33terredinconnu/106-recreations/572-lencyclopediedesmigrantsSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/encyclopedie_des_migrants.jpg" /></p><p>Réunir 400 témoignages de vies de personnes migrantes : c'est le projet d'expérimentation artistique mené entre 2014 et 2017 par Paloma Fernandez Sobrino. Le point de départ ? Le quartier du Blosne, à Rennes. Le résultat ? « L'encyclopédie des migrants », en papier et en film.</p>
<p>J'ai vécu au Blosne pendant deux ans pendant mes études et j'y suis souvent retournée ensuite, notamment pour aller au marché de la place de Zagreb et à la bibliothèque du Triangle. J'aimais ce quartier populaire et multiculturel. La question posée par Paloma Fernandez Sobrino dans son projet est cruciale : <em>« Comment faire de ce cosmopolitisme une richesse, un facteur de développement et non une source de tensions et de repli sur soi ? »</em><br />Le récit permet le partage, la connaissance et le lien entre les individus. Il permet également de signifier le réel, puis de faire trace. Enfin, il permet à celui qui le délivre de revivre son histoire, tout en prenant de la distance avec elle. Le projet de Paloma Fernandez Sobrino avait pour but d'interroger les migrations à travers la notion de la distance :<em> « Qu’est-ce que l’éloignement produit sur l’individu ? Comment les repères sont-ils bousculés par l’acte d’abandon du pays d’origine ? »</em></p>
<p>« L'encyclopédie des migrants » n'est pas un collectage classique : c'est une véritable démarche de coopération et de co-construction qui s'est mise en place durant ces quatre années : entre la conception du projet, la réalisation de la collecte sur le terrain, le traitement des témoignages, la production de l'encyclopédie et sa diffusion sous forme papier et numérique. Un groupe de réflexion composé de citoyens migrants ou non, d’acteurs locaux, de photographes, de chercheurs en sciences sociales et d'une équipe de coordination transnationale a été constitué pour élaborer les grands axes du projet (méthodologies de collecte, transmission de ces méthodologies, restitutions, évaluation du projet). Un comité de décision arbitrait.</p>
<p>Parti de Rennes, le projet s'est élargi à huit partenaires (associations, universités, musées…) en France, en Espagne, au Portugal et à Gibraltar.<br />Au final ? Huit exemplaires de l'encyclopédie en version papier sont consultables par le public (en France, dans les bibliothèques à Rennes, Nantes et Brest) ainsi qu'une version numérique. Un blog et un film documentaire relatant cette aventure ont également été créés. Enfin, des kits pédagogiques sont disponibles gratuitement sur Internet.</p>
<p>Un formidable projet qui vaut vraiment le détour sur le site <a href="https://www.encyclopedie-des-migrants.eu/">https://www.encyclopedie-des-migrants.eu/</a></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/encyclopedie_des_migrants.jpg" /></p><p>Réunir 400 témoignages de vies de personnes migrantes : c'est le projet d'expérimentation artistique mené entre 2014 et 2017 par Paloma Fernandez Sobrino. Le point de départ ? Le quartier du Blosne, à Rennes. Le résultat ? « L'encyclopédie des migrants », en papier et en film.</p>
<p>J'ai vécu au Blosne pendant deux ans pendant mes études et j'y suis souvent retournée ensuite, notamment pour aller au marché de la place de Zagreb et à la bibliothèque du Triangle. J'aimais ce quartier populaire et multiculturel. La question posée par Paloma Fernandez Sobrino dans son projet est cruciale : <em>« Comment faire de ce cosmopolitisme une richesse, un facteur de développement et non une source de tensions et de repli sur soi ? »</em><br />Le récit permet le partage, la connaissance et le lien entre les individus. Il permet également de signifier le réel, puis de faire trace. Enfin, il permet à celui qui le délivre de revivre son histoire, tout en prenant de la distance avec elle. Le projet de Paloma Fernandez Sobrino avait pour but d'interroger les migrations à travers la notion de la distance :<em> « Qu’est-ce que l’éloignement produit sur l’individu ? Comment les repères sont-ils bousculés par l’acte d’abandon du pays d’origine ? »</em></p>
<p>« L'encyclopédie des migrants » n'est pas un collectage classique : c'est une véritable démarche de coopération et de co-construction qui s'est mise en place durant ces quatre années : entre la conception du projet, la réalisation de la collecte sur le terrain, le traitement des témoignages, la production de l'encyclopédie et sa diffusion sous forme papier et numérique. Un groupe de réflexion composé de citoyens migrants ou non, d’acteurs locaux, de photographes, de chercheurs en sciences sociales et d'une équipe de coordination transnationale a été constitué pour élaborer les grands axes du projet (méthodologies de collecte, transmission de ces méthodologies, restitutions, évaluation du projet). Un comité de décision arbitrait.</p>
<p>Parti de Rennes, le projet s'est élargi à huit partenaires (associations, universités, musées…) en France, en Espagne, au Portugal et à Gibraltar.<br />Au final ? Huit exemplaires de l'encyclopédie en version papier sont consultables par le public (en France, dans les bibliothèques à Rennes, Nantes et Brest) ainsi qu'une version numérique. Un blog et un film documentaire relatant cette aventure ont également été créés. Enfin, des kits pédagogiques sont disponibles gratuitement sur Internet.</p>
<p>Un formidable projet qui vaut vraiment le détour sur le site <a href="https://www.encyclopedie-des-migrants.eu/">https://www.encyclopedie-des-migrants.eu/</a></p>Saka saka2017-04-02T20:07:14+02:002017-04-02T20:07:14+02:00http://www.rebonds.net/33terredinconnu/106-recreations/574-sakasakaSuper User<p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/manioc.jpg" /></p><p>Le jeune Mohamed est entré dans ma vie par la porte du Prahda <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> de Bourges. Un jour, il m'a fait goûter le saka saka. Cette recette a pour moi la saveur d'un moment inoubliable et sera à jamais ma madeleine de Proust.</p>
<p>Jeune guinéen, Mohamed a obtenu, dans l'ordre : son baccalauréat, son entrée à l'université, ses papiers, une bourse pour poursuivre ses études. Tout ça après avoir fui son pays, être passé par la Libye, avoir traversé la mer Méditerranée, subi une opération du genou et avoir attendu des mois, dans une angoisse accentuée par l'insomnie, sa régularisation. Il est épuisé.</p>
<p>Nous sommes un peu loin l'un de l'autre, mais j'attends avec impatience le jour où nous pourrons à nouveau cuisiner ensemble des feuilles de manioc… Les ingrédients sont prêts dans ma cuisine ! La recette partagée ici n'est pas « traditionnelle » dans le sens où elle s'accompagne généralement de poisson. Mohamed avait concocté pour moi une version végétale et sans piment.</p>
<p>La voici pour quatre personnes :<br />- 300 grammes de saka saka (feuilles de manioc hachées)<br />- 15 cl d'huile<br />- 1 oignon blanc<br />- 2 oignons rouges<br />- 1 gousse d'ail<br />- 1 aubergine violette<br />- 2 cuillères à soupe de purée de cacahuètes<br />- sel et poivre</p>
<p>Faire revenir dans l'huile les oignons émincés et l'ail. Incorporer l'aubergine coupée en morceaux, verser 15 cl d'eau et ajouter le saka saka.<br />Délayer la purée de cacahuètes dans de l'eau, dans une casserole à part, puis verser dans le mélange de saka saka.<br />Laisser mijoter 30 à 40 minutes à feu doux en remuant régulièrement.<br />Servez chaud, avec du riz ou de la banane plantain bouillie.<br />C'est simple et délicieux !</p>
<p>Le manioc se déguste sous différentes formes : en semoule (gari), pour le couscous (attiéké), en farine (foufou), pour le pain ou en frites… Ses feuilles agrémentent souvent les plats du Congo et du Cameroun mais elles ont aujourd'hui largement dépassé les frontières de l'Afrique et d'ailleurs...</p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire aussi le numéro 6 de (Re)bonds : <a href="http://www.rebonds.net/6-prahda/370-prahda">http://rebonds.net/6-prahda/370-prahda</a><br /></span></p>
<p><em>Photo : Feuilles de manioc / Mayapujiati</em></p><p><img src="http://www.rebonds.net/images/DORO/manioc.jpg" /></p><p>Le jeune Mohamed est entré dans ma vie par la porte du Prahda <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> de Bourges. Un jour, il m'a fait goûter le saka saka. Cette recette a pour moi la saveur d'un moment inoubliable et sera à jamais ma madeleine de Proust.</p>
<p>Jeune guinéen, Mohamed a obtenu, dans l'ordre : son baccalauréat, son entrée à l'université, ses papiers, une bourse pour poursuivre ses études. Tout ça après avoir fui son pays, être passé par la Libye, avoir traversé la mer Méditerranée, subi une opération du genou et avoir attendu des mois, dans une angoisse accentuée par l'insomnie, sa régularisation. Il est épuisé.</p>
<p>Nous sommes un peu loin l'un de l'autre, mais j'attends avec impatience le jour où nous pourrons à nouveau cuisiner ensemble des feuilles de manioc… Les ingrédients sont prêts dans ma cuisine ! La recette partagée ici n'est pas « traditionnelle » dans le sens où elle s'accompagne généralement de poisson. Mohamed avait concocté pour moi une version végétale et sans piment.</p>
<p>La voici pour quatre personnes :<br />- 300 grammes de saka saka (feuilles de manioc hachées)<br />- 15 cl d'huile<br />- 1 oignon blanc<br />- 2 oignons rouges<br />- 1 gousse d'ail<br />- 1 aubergine violette<br />- 2 cuillères à soupe de purée de cacahuètes<br />- sel et poivre</p>
<p>Faire revenir dans l'huile les oignons émincés et l'ail. Incorporer l'aubergine coupée en morceaux, verser 15 cl d'eau et ajouter le saka saka.<br />Délayer la purée de cacahuètes dans de l'eau, dans une casserole à part, puis verser dans le mélange de saka saka.<br />Laisser mijoter 30 à 40 minutes à feu doux en remuant régulièrement.<br />Servez chaud, avec du riz ou de la banane plantain bouillie.<br />C'est simple et délicieux !</p>
<p>Le manioc se déguste sous différentes formes : en semoule (gari), pour le couscous (attiéké), en farine (foufou), pour le pain ou en frites… Ses feuilles agrémentent souvent les plats du Congo et du Cameroun mais elles ont aujourd'hui largement dépassé les frontières de l'Afrique et d'ailleurs...</p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire aussi le numéro 6 de (Re)bonds : <a href="http://www.rebonds.net/6-prahda/370-prahda">http://rebonds.net/6-prahda/370-prahda</a><br /></span></p>
<p><em>Photo : Feuilles de manioc / Mayapujiati</em></p>