# 35 Ecrire ensemble - épisode 4 (mai 2020) http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations Thu, 11 May 2023 19:26:37 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr « Petit traité d'écologie sauvage », Alessandro Pignocchi http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/605-petittraitedecologiesauvage http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/605-petittraitedecologiesauvage

Imaginez que les dirigeant·e·s des pays occidentaux se convertissent à l'animisme des Indiens d'Amazonie. Et, à l'inverse, qu'un anthropologue jivaro étudie en France les restes de notre monde. C'est ce qu'Alessandro Pignocchi met en scène, avec beaucoup d'humour, dans la bande dessinée intitulée « Petit traité d'écologie sauvage » (éditions Steinkis), qu'il vient de rendre accessible gratuitement en ligne.

Alessandro Pignocchi est un antropologue français qui partage le fruit de ses recherches et de ses expériences à travers des bandes dessinées.
Après avoir suivi des études scientifiques – biologie et sciences cognitives – puis de philosophie de l'art, il a croisé le chemin de Philippe Descola, à travers « Les lances du crépuscule : relations Jivaros. Haute Amazonie » (éditions Plon). Il y a découvert que chez les Achuar (des Indiens appartenant à l'ensemble des Jivaros), il n'existe pas de concept de « nature », ni même de mot pour le définir, mais des humains et des non-humains considérés sur le même plan, comme des « partenaires sociaux ».

Alessandro Pignocchi s'était déjà rendu à plusieurs reprises en Amazonie, mais n'avait pas saisi ce rapport au monde. Il décide alors d'y retourner, avec une réelle démarche d'anthropologue. Le récit de ses séjours paraît sous forme d'une bande dessinée : « Anent » (éditions Steinkis), terme qui désigne les incantations que les Indiens chantent pour entrer en contact avec leurs voisins non-humains.

En effet, les Achuar considèrent les humains et les non-humains semblables par leur intériorité : tous ont une âme et une capacité réflexive. Mais chaque espèce se distingue par sa physicalité : chacune vit dans une « niche écologique » qui lui est propre. Une espèce est définie par son habitat, son alimentation mais aussi ses costumes, sa langue… Chaque tribu peut donc être considérée comme une espèce.
A l'inverse, les Européens considèrent que les humains constituent une espèce à part, voire dominante, la seule qui soit dotée d'une « intériorité », d'une capacité réflexive ; en revanche, ils pensent avoir des points communs avec les non-humains dans leur « physicalité ». Cette manière de voir met curieusement à distance les êtres humains des milieux d'où ils viennent et dans lesquels ils vivent.

C'est cette différence fondamentale entre les deux peuples qu'Alessandro Pignocchi met en scène dans sa série « Petit traité d'écologie sauvage ». Avec beaucoup d'humour, il inverse les valeurs pour montrer qu'une autre « composition des mondes » est possible.

Retrouvez l'ensemble de son travail sur son blog « Puntish » : https://puntish.blogspot.com/ et « Le Petit traité d'écologie sauvage » : https://fr.calameo.com/read/00600804492e80ba6d005

Un autre de ses ouvrages est actuellement lisible en ligne, « La recomposition des mondes » (éditions du Seuil), qui parle de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes : https://fr.calameo.com/read/005979625dad957c34e3f?fbclid=IwAR3DEddyNXdvGUWuz8rziuiZMUDn7getkSDZEKx0mXVgR1oPntiIbX_N7_E
(Re)bonds y avait consacré un article l'an passé à (re)lire en cliquant ici : http://rebonds.net/29lanaturenexistepas/539-alessandropignocchilarecompositiondesmondes

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Free Will Astrology » de Rob Brezsny http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/606-freewillastrologyderobbrzsny http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/606-freewillastrologyderobbrzsny

Vous n'avez jamais lu un tel horoscope ! Vous n'y croyez pas ? Mais qui y croit ? D'ailleurs, Rob Brezsny assure ne pas prédire l'avenir, mais le présent… Sa chronique atypique paraît depuis vingt-cinq ans dans plus d'une centaine de titres mondiaux, dont le très sérieux « Courrier International » en France.

Astrologue, mais aussi auteur et musicien, Rob Brezsny ne se destinait pas à une telle carrière. Né sur la Côte-Ouest des Etats-Unis dans une famille d'intellectuels, il dit s'être intéressé à l'astrologie pour contrebalancer le rationalisme de son éducation et libérer son imagination (1). C'est un journal local de Santa-Cruz qui lui proposa de rédiger ses premiers horoscopes. Aujourd'hui, sa chronique hebdomadaire, « Free Will Astrology », fait le tour du monde !

Pourquoi un tel succès ? Cela tient à la fois au contenu et au style.
Pour constituer sa chronique hebdomadaire, Rob Brezsny lit la presse et effectue des recherches, notamment dans la littérature scientifique. Il s'inprègne aussi des idées de mouvements artistiques et politiques. Ses inspirations vont d'Emily Dickinson à Patti Smith, en passant par Arthur Rimbaud et Kandinsky... Il adapte ce qu'il ressent, comprend et analyse, à la lecture des astres. Chaque semaine, sa chronique débute par des interrogations. Par exemple,  du 29 avril au 5 mai 2020 : « Quel a été ton plus grand acte de bravoure ? Que sera le prochain ? »
Il tente d'y répondre en offrant à chaque signe des conseils, plus que des prédictions. Il s'adresse aux lecteur·ice·s à la première personne : « Au cours des prochaines semaines, j’aimerais que tu travailles un peu mieux tes talents d’expression, Poissons. Non que tu sois un piètre communicateur, mais ta phase astrale actuelle te confère des pouvoirs exceptionnels pour exposer clairement et franchement tes pensées et états d’âme. »
Son horoscope est « un mélange de poésie spontanée, de politique fougueuse et de fantaisies », comme l'a écrit à son sujet le magazine américain « Utne Reader » (2).
Ne comptez donc pas sur lui pour vous révéler de quoi sera fait demain, mais plutôt de quelle énergie insoupçonnée vous disposez pour soulever des montagnes, pour sourire, espérer, résister, vivre.

Retrouvez sa rubrique sur le site Internet du « Courrier International » à https://www.courrierinternational.com/horoscope et sur son site (en anglais) à https://freewillastrology.com

(1) https://www.courrierinternational.com/article/2014/01/23/rob-brezsny-je-n-etais-pas-programme-pour-ecrire-des-horoscopes
(2) https://freewillastrology.com/propaganda/bio

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
L'attestation de sortie des anar' http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/607-lattestationdesortiedesanar http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/607-lattestationdesortiedesanar

Voici une attestation de sortie qui ne file pas le cafard ! Elle est l'œuvre du collectif anarchiste « Ni yeux ni maîtres » imaginé par Lupano et Cauuet, dans leur série de bandes dessinées « Les Vieux Fourneaux ». L'occasion de (re)découvrir ces histoires à la fois drôles et engagées.

La série a débuté en 2014, sous la plume de Wilfrid Lupano et les crayons de Paul Cauuet. On y suit les aventures d'Antoine, Emile et Pierrot, trois amis d'enfance, désormais septuagénaires. L'un vit à la campagne, l'autre dans les îles et le troisième à Paris. Ils partagent un goût immodéré pour l'irrévérence, la provocation, la grogne et une forte propension à se fourrer dans des situations improbables.

C'est Pierrot qui a créé, avec d'autres vieillard·e·s, un club anarchiste de « presqu'aveugles », « Ni yeux ni maîtres » (en écho à la devise des anarchistes « Ni dieu ni maîtres »). Leur objectif ? Organiser des « attentats gériatriques », autrement dit semer la pagaille partout où cela em******* l’État et ses institutions. Leur plaisir ? Porter plainte lorsque la police les molleste et médiatiser l'affaire… Leur QG s'appelle l'île de la Tordue : il est situé dans l'Archipel anarchiste de la mer de Paname et abrite un collectif qui pratique le « viajeune ». Le principe est simple mais futé : des vieux hébergent « des jeunes activistes fauchés pour leur donner les moyens de faire chier le système dans de bonnes conditions ».

La série compte cinq tomes : « Ceux qui restent », « Bonny and Pierrot », « Celui qui part », « La Magicienne » et « Bons pour l'asile », tous parus chez Dargaud.
Le chemin des Vieux Fourneaux prend tantôt celui de la Toscane, tantôt celui d'une ZAD (Zone A Défendre montée pour éviter qu'un projet industriel ravage la belle région du Sud-Ouest), ou croise celui des migrant·e·s… Les cases mélangent ainsi savamment cabottineries et propos engagés.

Une adaptation cinématographique est sortie en 2018, réalisée par Christophe Duthuron, avec Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud.

A noter enfin, le spin-off de la bande dessinée, pour les Jeunes Fourneaux : « Le loup en slip » (éditions Dargaud), toujours de Lupano et Cauuet, rejoints par la coloriste Mayana Itoïz.

L'attestation de sortie des Vieux Fourneaux est à retrouver sur https://framablog.org/2020/05/04/khryscoronalungo-du-lundi-4-mai-2020/

Plus de renseignements : http://www.lesvieuxfourneaux.com/

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Le temps des ouvriers », Stan Neumann http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/608-letempsdesouvriers http://www.rebonds.net/35ecrireensembleepisode4/118-recreations/608-letempsdesouvriers

C'est une série documentaire en quatre volets, accessible, riche et passionnante, que la chaîne Arte diffuse en replay, sur Internet et gratuitement, jusqu'au 26 juin. « Le temps des ouvriers » raconte l'histoire de cette classe sociale en Europe, entre exploitations et luttes.

« La classe ouvrière a-t-elle disparu ou simplement changé de forme, de nom, de rêve ? » C'est le fil conducteur du réalisateur, Stan Neumann (1) pour dépeindre trois cents ans d’histoire. Avec justesse et équilibre, il parvient à croiser de manière dynamique images d'archives, séquences d’animation inventives (parfois drôles), témoignages contemporains et commentaires dits par la voix du chanteur Bernard Lavilliers (issu de la classe ouvrière de Saint-Etienne).

Le premier épisode, intitulé « Le temps de l'usine » (1700-1820), revient sur la fondation de l'économie industrielle qui se développe d'abord dans le secteur du textile. Pour survivre, paysan·ne·s et tisserands indépendants doivent désormais travailler dans les « fabriques ». Le rapport au travail et au temps est bouleversé. La « révolution industrielle » débute en Angleterre. Les révoltes aussi…

Le deuxième épisode, c'est « Le temps des barricades » (1820-1890). La Belgique suit l'exemple de l'Angleterre et devient bientôt « le paradis des capitalistes » et l'enfer des travailleur·se·s. La France la suit à pas lents, la dimension artisanale du travail domine encore. Pourtant, c'est là que les utopies socialistes vont naître. Les insurrections se multiplient, notamment à Paris, mais, à l'image de la Commune, échouent à faire tomber le « système »… L'Allemagne et l'Italie sont désormais touchées.

Entre 1880 et 1935, c'est « Le temps à la chaîne » : tout est mis en place pour rationaliser le travail, rendre l'ouvrier·e toujours plus rapide, plus efficace, plus productif·ve. Le management scientifique et le taylorisme se généralisent, malgré une profonde résistance du monde ouvrier. Problème : l'opposition n'est pas unie et, avec l'arrivée du fascisme et du nazisme, elle doit lutter sur de multiples fronts. Si ces régimes proclament la fin de la lutte des classes, c'est pour mieux encore exploiter les travailleur·se·s.

Le dernier épisode, « Le temps de la destruction », court sur la période de 1936 à nos jours. Avec le Front Populaire en France, la classe ouvrière semblait plus forte que jamais. Pourtant, pendant la guerre, le travail devient synonyme d'horreur : effort de guerre ; service du travail obligatoire ; extermination par le travail des Juif·ve·s, des Tziganes, des prisonnier·e·s…

La victoire des Alliés signe la victoire des capitalistes qui étouffent la classe ouvrière dans une amélioration des conditions de vie et de travail. Mai 68, puis les années 1970, redonne de l'espoir. Mais la désindustrialisation arrive. Les ouvrier·e·s sauront-il·les se réinventer ?

Pour voir la série documentaire, rendez-vous sur https://arte-magazine.arte.tv/collection/12722

(1) Egalement réalisateur de « Austerlitz », « Lenine », « Gorki – La révolution à contre temps »

Photo : Arte.

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200