# 38 Désobéissance (juillet 2020) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/38desobeissance/126-recreations 2023-05-11T19:27:46+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management « Voyage en misarchie – Essai pour tout reconstruire » d'Emmanuel Dockès 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/38desobeissance/126-recreations/624-voyageenmisarchiedemmanueldockes Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/voyage_en_misarchie.jpeg" /></p><p>Danilo Proietti fait partie du collectif «&nbsp;Habiter et bâtir autrement&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Il nous propose de lire l'ouvrage d'Emmanuel Dockès et en livre ici une critique originale.</p> <p>Emmanuel Dockès est un professeur agrégé de droit français, spécialiste du droit du travail. Juriste engagé contre le <em>« stroboscope législatif »</em>, il se bat pour une simplification et une meilleure accessibilité du droit qui, <em>« pour être démocratique, doit être lisible par tous »</em>.</p> <p>Auteur de nombreuses réflexions sur le thème des relations de pouvoir dans l'entreprise et la sphère économique, ou sur la montée de la xénophobie, Emmanuel Dockès précise et applique ses idées dans «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span> en nous présentant en détail le fonctionnement d’une société alternative, concrète et accessible.<br />Résultat&nbsp;? Plutôt qu' un énième récit utopique, un ouvrage qui donne des clés pour appliquer une alternative possible à la société contemporaine.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», c’est comme aller à une journée portes ouvertes à la ZAD de Notre-Dames-des-Landes, c'est comme visiter un squat ou un centre social autogéré ou encore, c'est comme être accueilli.e dans un collectif militant qui expérimente des formes d’autogestion et d’autonomie ou qui se bat pour défendre un Commun. On y retrouve la même joie, la même fraîcheur et le même enthousiasme d’un.e camarade qui accueille des nouveaux.lles arrivant.es. On se sent tout suite à la maison et on n’a plus envie de repartir.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», ce n'est pas du tout comme aller à la CAF, à Pôle Emploi ou à l’hôpital. Lieux de contrôle, de soumission, d’incompréhension ou d’angoisse. Où les accueilli.e.s et les accueillant.e.s n'ont qu’une envie&nbsp;: se tirer, et surtout, n'en ont rien à foutre les un.es des autres.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», c’est encore moins comparable à l’expérience d'un supermarché ou d'une banque, lieux où règne l’hypocrisie et où l’argent est une finalité et non un moyen.</p> <p>«&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;» est à l’opposé de l'ouvrage «&nbsp;Les Dépossédés&nbsp;». Dans ce livre d'Ursula K. Le Guin, le protagoniste, Shevek, habitant d’Anarres, une planète fondée sur les principes du Communisme Libertaire, décide d’entreprendre un voyage sur la planète voisine, Urras, où le capitalisme est toujours bien implanté. Son but est de trouver un moyen de concilier les deux mondes qui souffrent tous deux de l'immobilisme de leur principes fondateurs et où les incohérences émergent de plus en plus.<br />Dans «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», le protagoniste, Sébastien, un odieux professeur de droit, bien accroché&nbsp;aux vétustes valeurs de la République et aux idéaux de fausse égalité du libéralisme, se retrouve malgré lui, suite à un accident d’avion, à visiter un continent inconnu, L’Arcanie, où l’autorité, le capitalisme et les inégalités ont été effacés ou sont en train de l’être.</p> <p>A la différence d’Anarres, où les habitants pensent avoir créé la société parfaite qui n’a plus besoin d’être améliorée, où les mêmes vieux principes de 200 ans sont toujours appliqués et où la tendance révolutionnaire a laissé place à la centralisation et la bureaucratie, en Arcanie le processus révolutionnaire est toujours vivant, ce qui permet à la Misarchie de progresser, de reconnaître et corriger ses erreurs.</p> <p>Par exemple, en Arcanie, le revenu universel a déjà été expérimenté dans les année 1950 et aboli par la suite en faveur d’un système qui garantit la gratuité de tous les biens essentiels dont il est difficile d’abuser (éducation, santé, justice, internet…), subventionne le reste (avec un système qui crée l’assistance sans créer d’assistés) et garantit l’accès au logement à travers des emprunts sans intérêt. Le travail à temps plein est de seize heures par semaine et les entreprises sont structurées pour devenir progressivement égalitaires, grâce à un mécanisme qui permet aux travailleur.euses de gagner un pourcentage de plus en plus majoritaire des droits de vote, au fur et à mesure qu’ils remboursent le capital des contributeur.euses initiaux.les, eux.lles-mêmes travailleur.euses, non pas simples investisseur.euses/spéculateur.ices.</p> <p>L’ouverture d’esprit des habitant.es d’Arcanie est si large que c'en est parfois déroutant. On trouve même des espèces de punks capitalistes qui vénèrent Bolloré et Schueller, les «&nbsp;cravates bleues&nbsp;». Ceci est possible grâce à l’éducation particulière dont les enfants bénéficient&nbsp;: la rotation infantile, une espèce de garde alternée parmi plusieurs associations de familles choisies par les enfants eux-mêmes, afin de leur permettre d’avoir une éducation disparate et d’échapper aux petits dogmes familiaux. Cette éducation leur offre une vision équilibrée du monde et très égalitaire de la société. Société dans laquelle, il en va de soi, les migrant.es sont non seulement bien accepté.es mais reconnu.es en tant que ressources précieuses. Il.les sont encouragé.es à rester grâce à une subvention initiale qui leur permet de s’intégrer facilement.</p> <p>Il en déplaira aux plus conservateur.ices, les mœurs sexuels des Arcaniens sont très ouverts et décomplexés, sans pour autant tomber dans la luxure.</p> <p>Abolition de l’argent liquide en faveur d’une monnaie électronique gérée par une caisse centrale gratuite&nbsp;; abolition de la publicité&nbsp;; propriété fondante ; droit d’usage ; droit d’auteur limité à cinq ans ; assemblées mixtes d’élu.es (révocables) et citoyen.nes tiré.es au sort ; principe de la liberté d’association… Il est sans doute difficile d'expliquer en quelques lignes toutes les idées révolutionnaires contenues dans ce dense essai déguisé en roman de fiction. Il nous fait rêver à une alternative séduisante mais logiquement souhaitable, à travers de longs dialogues qui parfois font penser au «&nbsp;Dialogue sur les deux grands systèmes du monde&nbsp;» de Galilée, surtout au début, quand Sébastien assume le rôle de Simplicio, l’acharné défenseur de la vieille physique aristotélicienne.</p> <p>Il s’agit sans doute d’un roman qui mérite une place sur toutes les étagères de ceux et celles qui n’ont pas abandonné l’idée qu’une société plus juste, plus égalitaire peut exister et que son existence dépend de nous. <br />Ce n’est pas un roman qu’on lit une seule fois puis qu'on oublie. Certes, en tant que roman, il n’est pas comparable aux grands classiques qu’on a envie de relire plusieurs fois, mais en tant qu’essai, il demande d’être repris en main à plusieurs reprises&nbsp;: pour revenir sur certains concepts et les approfondir (grâce aussi à la table thématique à la fin de l’ouvrage)&nbsp;; pour les réviser en vue de formuler une proposition au sein d’un collectif militant&nbsp;; ou pour une classique soirée «&nbsp;on refait le monde&nbsp;» entre potes.<br />Son langage à la fois clair et simple (comme le<em> vulgaire</em> choisi par Galilée à la place du latin) mais également technique et concret quand il est nécessaire, se prête bien à tout type de public et contexte. Ce qui compte, c’est que le message passe.<br /><br /><strong>Danilo Proietti</strong><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) (Re)découvrez le collectif «&nbsp;Habiter et bâtir autrement&nbsp;» dans les numéros archivés de (Re)bonds. «&nbsp;Défendons d'autres manières d'habiter&nbsp;»&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/lazadpartout/418-defendonsdautresmanieresdhabiter">http://rebonds.net/lazadpartout/418-defendonsdautresmanieresdhabiter</a> et «&nbsp;Habiter et bâtir autrement en résidence à la Cathédrale&nbsp;»&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/508-habiteretbatirautrementalacathedrale">http://rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/508-habiteretbatirautrementalacathedrale</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Publié en 2017 aux éditions Du Détour.</span></p> <p></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/voyage_en_misarchie.jpeg" /></p><p>Danilo Proietti fait partie du collectif «&nbsp;Habiter et bâtir autrement&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Il nous propose de lire l'ouvrage d'Emmanuel Dockès et en livre ici une critique originale.</p> <p>Emmanuel Dockès est un professeur agrégé de droit français, spécialiste du droit du travail. Juriste engagé contre le <em>« stroboscope législatif »</em>, il se bat pour une simplification et une meilleure accessibilité du droit qui, <em>« pour être démocratique, doit être lisible par tous »</em>.</p> <p>Auteur de nombreuses réflexions sur le thème des relations de pouvoir dans l'entreprise et la sphère économique, ou sur la montée de la xénophobie, Emmanuel Dockès précise et applique ses idées dans «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span> en nous présentant en détail le fonctionnement d’une société alternative, concrète et accessible.<br />Résultat&nbsp;? Plutôt qu' un énième récit utopique, un ouvrage qui donne des clés pour appliquer une alternative possible à la société contemporaine.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», c’est comme aller à une journée portes ouvertes à la ZAD de Notre-Dames-des-Landes, c'est comme visiter un squat ou un centre social autogéré ou encore, c'est comme être accueilli.e dans un collectif militant qui expérimente des formes d’autogestion et d’autonomie ou qui se bat pour défendre un Commun. On y retrouve la même joie, la même fraîcheur et le même enthousiasme d’un.e camarade qui accueille des nouveaux.lles arrivant.es. On se sent tout suite à la maison et on n’a plus envie de repartir.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», ce n'est pas du tout comme aller à la CAF, à Pôle Emploi ou à l’hôpital. Lieux de contrôle, de soumission, d’incompréhension ou d’angoisse. Où les accueilli.e.s et les accueillant.e.s n'ont qu’une envie&nbsp;: se tirer, et surtout, n'en ont rien à foutre les un.es des autres.</p> <p>Lire «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», c’est encore moins comparable à l’expérience d'un supermarché ou d'une banque, lieux où règne l’hypocrisie et où l’argent est une finalité et non un moyen.</p> <p>«&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;» est à l’opposé de l'ouvrage «&nbsp;Les Dépossédés&nbsp;». Dans ce livre d'Ursula K. Le Guin, le protagoniste, Shevek, habitant d’Anarres, une planète fondée sur les principes du Communisme Libertaire, décide d’entreprendre un voyage sur la planète voisine, Urras, où le capitalisme est toujours bien implanté. Son but est de trouver un moyen de concilier les deux mondes qui souffrent tous deux de l'immobilisme de leur principes fondateurs et où les incohérences émergent de plus en plus.<br />Dans «&nbsp;Voyage en Misarchie&nbsp;», le protagoniste, Sébastien, un odieux professeur de droit, bien accroché&nbsp;aux vétustes valeurs de la République et aux idéaux de fausse égalité du libéralisme, se retrouve malgré lui, suite à un accident d’avion, à visiter un continent inconnu, L’Arcanie, où l’autorité, le capitalisme et les inégalités ont été effacés ou sont en train de l’être.</p> <p>A la différence d’Anarres, où les habitants pensent avoir créé la société parfaite qui n’a plus besoin d’être améliorée, où les mêmes vieux principes de 200 ans sont toujours appliqués et où la tendance révolutionnaire a laissé place à la centralisation et la bureaucratie, en Arcanie le processus révolutionnaire est toujours vivant, ce qui permet à la Misarchie de progresser, de reconnaître et corriger ses erreurs.</p> <p>Par exemple, en Arcanie, le revenu universel a déjà été expérimenté dans les année 1950 et aboli par la suite en faveur d’un système qui garantit la gratuité de tous les biens essentiels dont il est difficile d’abuser (éducation, santé, justice, internet…), subventionne le reste (avec un système qui crée l’assistance sans créer d’assistés) et garantit l’accès au logement à travers des emprunts sans intérêt. Le travail à temps plein est de seize heures par semaine et les entreprises sont structurées pour devenir progressivement égalitaires, grâce à un mécanisme qui permet aux travailleur.euses de gagner un pourcentage de plus en plus majoritaire des droits de vote, au fur et à mesure qu’ils remboursent le capital des contributeur.euses initiaux.les, eux.lles-mêmes travailleur.euses, non pas simples investisseur.euses/spéculateur.ices.</p> <p>L’ouverture d’esprit des habitant.es d’Arcanie est si large que c'en est parfois déroutant. On trouve même des espèces de punks capitalistes qui vénèrent Bolloré et Schueller, les «&nbsp;cravates bleues&nbsp;». Ceci est possible grâce à l’éducation particulière dont les enfants bénéficient&nbsp;: la rotation infantile, une espèce de garde alternée parmi plusieurs associations de familles choisies par les enfants eux-mêmes, afin de leur permettre d’avoir une éducation disparate et d’échapper aux petits dogmes familiaux. Cette éducation leur offre une vision équilibrée du monde et très égalitaire de la société. Société dans laquelle, il en va de soi, les migrant.es sont non seulement bien accepté.es mais reconnu.es en tant que ressources précieuses. Il.les sont encouragé.es à rester grâce à une subvention initiale qui leur permet de s’intégrer facilement.</p> <p>Il en déplaira aux plus conservateur.ices, les mœurs sexuels des Arcaniens sont très ouverts et décomplexés, sans pour autant tomber dans la luxure.</p> <p>Abolition de l’argent liquide en faveur d’une monnaie électronique gérée par une caisse centrale gratuite&nbsp;; abolition de la publicité&nbsp;; propriété fondante ; droit d’usage ; droit d’auteur limité à cinq ans ; assemblées mixtes d’élu.es (révocables) et citoyen.nes tiré.es au sort ; principe de la liberté d’association… Il est sans doute difficile d'expliquer en quelques lignes toutes les idées révolutionnaires contenues dans ce dense essai déguisé en roman de fiction. Il nous fait rêver à une alternative séduisante mais logiquement souhaitable, à travers de longs dialogues qui parfois font penser au «&nbsp;Dialogue sur les deux grands systèmes du monde&nbsp;» de Galilée, surtout au début, quand Sébastien assume le rôle de Simplicio, l’acharné défenseur de la vieille physique aristotélicienne.</p> <p>Il s’agit sans doute d’un roman qui mérite une place sur toutes les étagères de ceux et celles qui n’ont pas abandonné l’idée qu’une société plus juste, plus égalitaire peut exister et que son existence dépend de nous. <br />Ce n’est pas un roman qu’on lit une seule fois puis qu'on oublie. Certes, en tant que roman, il n’est pas comparable aux grands classiques qu’on a envie de relire plusieurs fois, mais en tant qu’essai, il demande d’être repris en main à plusieurs reprises&nbsp;: pour revenir sur certains concepts et les approfondir (grâce aussi à la table thématique à la fin de l’ouvrage)&nbsp;; pour les réviser en vue de formuler une proposition au sein d’un collectif militant&nbsp;; ou pour une classique soirée «&nbsp;on refait le monde&nbsp;» entre potes.<br />Son langage à la fois clair et simple (comme le<em> vulgaire</em> choisi par Galilée à la place du latin) mais également technique et concret quand il est nécessaire, se prête bien à tout type de public et contexte. Ce qui compte, c’est que le message passe.<br /><br /><strong>Danilo Proietti</strong><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) (Re)découvrez le collectif «&nbsp;Habiter et bâtir autrement&nbsp;» dans les numéros archivés de (Re)bonds. «&nbsp;Défendons d'autres manières d'habiter&nbsp;»&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/lazadpartout/418-defendonsdautresmanieresdhabiter">http://rebonds.net/lazadpartout/418-defendonsdautresmanieresdhabiter</a> et «&nbsp;Habiter et bâtir autrement en résidence à la Cathédrale&nbsp;»&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/508-habiteretbatirautrementalacathedrale">http://rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/508-habiteretbatirautrementalacathedrale</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Publié en 2017 aux éditions Du Détour.</span></p> <p></p> « Planet of the humans », Jeff Gibbs 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/38desobeissance/126-recreations/625-planetofhumansjeffgibbs Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/planetofthehumans.jpeg" /></p><p>Produit par Michael Moore <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, le documentaire de Jeff Gibbs, «&nbsp;Planet of the humans&nbsp;», a fait polémique lors de sa sortie sur les écrans en 2019. Pourquoi&nbsp;? Parce qu'il remet en question le développement des énergies dites «&nbsp;renouvelables&nbsp;».</p> <p>Désormais visible gratuitement sur Internet (en version originale sous-titrée en français)<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>, ce film révèle en fait, de manière tout à fait passionnante, comment le capitalisme a su transformer en nouveaux marchés tous les espoirs des écologistes.</p> <p>La raison est simple&nbsp;: la plupart des écologistes, qu'il·le·s soient américain·e·s ou d'un autre coin de la planète, militent pour une économie verte. C'est impossible. L'économie ne peut être vertueuse&nbsp;: elle sera toujours le résultat de l'exploitation d'une ressource au profit d'une minorité d'êtres humains.</p> <p>Jeff Gibbs est un défenseur de la cause environnementale et a organisé sa vie de manière à limiter le plus possible son impact sur la planète. Pourtant, il explique qu'il a toujours senti que <em>«&nbsp;quelque chose clochait&nbsp;»</em> dans les énergies présentées comme «&nbsp;vertes&nbsp;»&nbsp;: éolien, solaire, biomasse…<br />Il a donc décidé d'enquêter. Durant deux ans. Et ce qu'il a découvert l'a – sinon étonné – profondémment navré. Les industriels qui ne juraient que par le charbon et le pétrole sont les mêmes qui investissent aujourd'hui massivement dans les énergies «&nbsp;renouvelables&nbsp;». Et pour tirer un maximum de profit de ces nouveaux produits, ils ne sont pas à une aberration voire un écocide près. Des yuccas vieux de 500 ans rasés pour construire une centrale de panneaux photovoltaïques&nbsp;; ces mêmes panneaux n'étant pas fabriqués à base de sable, comme on le dit souvent, mais de silice dont l'extraction nécessite du charbon, énergie fossile s'il en est&nbsp;; la déforestation massive pour alimenter la fabrication de granulés&nbsp;; des socles en béton extrêmement polluants pour soutenir les éoliennes de taille industrielle...</p> <p>Jeff Gibbs dénonce la complaisance des associations écologistes, voire la participation de certaines d'entre elles, à ce système corrompu. A l'image de l'ancien vice-président Al Gore, porte-parole de la lutte contre le réchauffement climatique, qui s'est associé à des investisseurs peu scrupuleux, et a même vendu sa chaîne de télévision au Qatar, émirat gazier et pétrolier. Ou Bill McKibben, star écologiste américaine, qui feint de ne pas comprendre les questions du réalisateur sur la biomasse, alors qu'il anime publiquement des conférences sur le sujet…</p> <p>Il a été reproché à Jeff Gibbs de réaliser un documentaire uniquement à charge, sans présenter les alternatives locales et auto-gérées qui existent pourtant un peu partout sur la planète. C'est vrai. Pour autant, le but du réalisateur n'est pas de peindre tout en noir. Son objectif est sans nul doute de réveiller les consciences, y compris des écologistes, pour qu'ils n'oublient pas que leur lutte, pour être victorieuse, ne peut être nécessairement qu'anti-capitaliste.</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Michael Moore&nbsp;: <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moore">https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moore</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE">https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE</a></span></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/planetofthehumans.jpeg" /></p><p>Produit par Michael Moore <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, le documentaire de Jeff Gibbs, «&nbsp;Planet of the humans&nbsp;», a fait polémique lors de sa sortie sur les écrans en 2019. Pourquoi&nbsp;? Parce qu'il remet en question le développement des énergies dites «&nbsp;renouvelables&nbsp;».</p> <p>Désormais visible gratuitement sur Internet (en version originale sous-titrée en français)<span style="font-size: 8pt;"> (2)</span>, ce film révèle en fait, de manière tout à fait passionnante, comment le capitalisme a su transformer en nouveaux marchés tous les espoirs des écologistes.</p> <p>La raison est simple&nbsp;: la plupart des écologistes, qu'il·le·s soient américain·e·s ou d'un autre coin de la planète, militent pour une économie verte. C'est impossible. L'économie ne peut être vertueuse&nbsp;: elle sera toujours le résultat de l'exploitation d'une ressource au profit d'une minorité d'êtres humains.</p> <p>Jeff Gibbs est un défenseur de la cause environnementale et a organisé sa vie de manière à limiter le plus possible son impact sur la planète. Pourtant, il explique qu'il a toujours senti que <em>«&nbsp;quelque chose clochait&nbsp;»</em> dans les énergies présentées comme «&nbsp;vertes&nbsp;»&nbsp;: éolien, solaire, biomasse…<br />Il a donc décidé d'enquêter. Durant deux ans. Et ce qu'il a découvert l'a – sinon étonné – profondémment navré. Les industriels qui ne juraient que par le charbon et le pétrole sont les mêmes qui investissent aujourd'hui massivement dans les énergies «&nbsp;renouvelables&nbsp;». Et pour tirer un maximum de profit de ces nouveaux produits, ils ne sont pas à une aberration voire un écocide près. Des yuccas vieux de 500 ans rasés pour construire une centrale de panneaux photovoltaïques&nbsp;; ces mêmes panneaux n'étant pas fabriqués à base de sable, comme on le dit souvent, mais de silice dont l'extraction nécessite du charbon, énergie fossile s'il en est&nbsp;; la déforestation massive pour alimenter la fabrication de granulés&nbsp;; des socles en béton extrêmement polluants pour soutenir les éoliennes de taille industrielle...</p> <p>Jeff Gibbs dénonce la complaisance des associations écologistes, voire la participation de certaines d'entre elles, à ce système corrompu. A l'image de l'ancien vice-président Al Gore, porte-parole de la lutte contre le réchauffement climatique, qui s'est associé à des investisseurs peu scrupuleux, et a même vendu sa chaîne de télévision au Qatar, émirat gazier et pétrolier. Ou Bill McKibben, star écologiste américaine, qui feint de ne pas comprendre les questions du réalisateur sur la biomasse, alors qu'il anime publiquement des conférences sur le sujet…</p> <p>Il a été reproché à Jeff Gibbs de réaliser un documentaire uniquement à charge, sans présenter les alternatives locales et auto-gérées qui existent pourtant un peu partout sur la planète. C'est vrai. Pour autant, le but du réalisateur n'est pas de peindre tout en noir. Son objectif est sans nul doute de réveiller les consciences, y compris des écologistes, pour qu'ils n'oublient pas que leur lutte, pour être victorieuse, ne peut être nécessairement qu'anti-capitaliste.</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Michael Moore&nbsp;: <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moore">https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moore</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE">https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE</a></span></p> « Palestiniennes » de Mariette Auvray 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/38desobeissance/126-recreations/626-palestiniennesmarietteauvray Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/banniecc80re-1920x1080-1.png" /></p><p>Dans ses documentaires, Mariette Auvray met en scène «&nbsp;des communautés ou des personnes qui offrent des manières alternatives de penser notre monde contemporain&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Avec la mini web-série diffusée actuellement sur le site de Courrier International, elle invite le public à rencontrer de jeunes palestiniennes, <em>«&nbsp;dépositaires de la culture là-bas et d'une certaine idée de résistance&nbsp;»</em>.</p> <p>En 2017, après un voyage et un film en Palestine et en Israël, Mariette Auvray a souhaité filmer des femmes dans les espaces qu'elle traversait.<br />C'est ainsi qu'elle est allée à la rencontre de filles palestiniennes de sa génération (nées dans les années 1980) <em>«&nbsp;de chaque côté du mur&nbsp;»</em>. Depuis 2002 en effet, l’État d'Israël construit un mur de séparation entre le territoire qu'il s'arroge et ceux dits «&nbsp;sous autorité palestinienne&nbsp;» (Cisjordanie et bande de Gaza).</p> <p>Dans le premier épisode intitulé «&nbsp;Divisions&nbsp;» et visible depuis le vendredi 10 juillet, Mariette Auvray nous présente son guide, Nadia, une habitante de Jérusalem Est (Al Qds en arabe). Avec elle, elle sillonne le pays. Avec elle, elle passe les cheks-points. Avec elle, elle longe les anciens villages arabes devenus des colonies israëliennes…</p> <p>Suivent les portraits de&nbsp;: Saafa, chanteuse de hip-hop vivant dans la ville mixte d'Acre&nbsp;; Yasmine, DJ à Haïfa&nbsp;; et Ghadeer, designer pour l'organisation «&nbsp;Disarming Designs&nbsp;». Toutes témoignent d'une double réalité&nbsp;: de l'importance de s'affirmer en tant que femme et de la difficulté de vivre en tant que Palestinien.nes en Israël.<em> «&nbsp;Etre Palestinien est un fardeau de tous les instants,</em> dit ainsi Ghadeer. <em>Un fardeau dans le sens où on doit toujours se défendre, se justifier, expliquer ce qui se passe.&nbsp;»</em><br />Toutes évoquent aussi les discriminations que subit leur communauté.</p> <p>A l'heure des amalgalmes et de l'uniformisation des cultures sous prétexte d'intégration (ou d'assimiliation), Mariette Auvray montre également la complexité de ce que signifie «&nbsp;être arabe&nbsp;» en Israël. Comme l'exprime Yasmine, les réalités sont bien différentes selon que l'on vive à Haïfa, Ramallah ou Bethléem.</p> <p>Le deuxième épisode a été mis en ligne le vendredi 17 juillet et le dernier le vendredi 24 juillet.<br />Le format est court&nbsp;: une quinzaine de minutes, montées de manière concise et vivante.</p> <p>Rendez-vous sur <a href="https://www.courrierinternational.com/video/webserie-palestiniennes-episode-13-divisions">https://www.courrierinternational.com/video/webserie-palestiniennes-episode-13-divisions</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://mariette-auvray.com/">https://mariette-auvray.com/</a></span></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/banniecc80re-1920x1080-1.png" /></p><p>Dans ses documentaires, Mariette Auvray met en scène «&nbsp;des communautés ou des personnes qui offrent des manières alternatives de penser notre monde contemporain&nbsp;»<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Avec la mini web-série diffusée actuellement sur le site de Courrier International, elle invite le public à rencontrer de jeunes palestiniennes, <em>«&nbsp;dépositaires de la culture là-bas et d'une certaine idée de résistance&nbsp;»</em>.</p> <p>En 2017, après un voyage et un film en Palestine et en Israël, Mariette Auvray a souhaité filmer des femmes dans les espaces qu'elle traversait.<br />C'est ainsi qu'elle est allée à la rencontre de filles palestiniennes de sa génération (nées dans les années 1980) <em>«&nbsp;de chaque côté du mur&nbsp;»</em>. Depuis 2002 en effet, l’État d'Israël construit un mur de séparation entre le territoire qu'il s'arroge et ceux dits «&nbsp;sous autorité palestinienne&nbsp;» (Cisjordanie et bande de Gaza).</p> <p>Dans le premier épisode intitulé «&nbsp;Divisions&nbsp;» et visible depuis le vendredi 10 juillet, Mariette Auvray nous présente son guide, Nadia, une habitante de Jérusalem Est (Al Qds en arabe). Avec elle, elle sillonne le pays. Avec elle, elle passe les cheks-points. Avec elle, elle longe les anciens villages arabes devenus des colonies israëliennes…</p> <p>Suivent les portraits de&nbsp;: Saafa, chanteuse de hip-hop vivant dans la ville mixte d'Acre&nbsp;; Yasmine, DJ à Haïfa&nbsp;; et Ghadeer, designer pour l'organisation «&nbsp;Disarming Designs&nbsp;». Toutes témoignent d'une double réalité&nbsp;: de l'importance de s'affirmer en tant que femme et de la difficulté de vivre en tant que Palestinien.nes en Israël.<em> «&nbsp;Etre Palestinien est un fardeau de tous les instants,</em> dit ainsi Ghadeer. <em>Un fardeau dans le sens où on doit toujours se défendre, se justifier, expliquer ce qui se passe.&nbsp;»</em><br />Toutes évoquent aussi les discriminations que subit leur communauté.</p> <p>A l'heure des amalgalmes et de l'uniformisation des cultures sous prétexte d'intégration (ou d'assimiliation), Mariette Auvray montre également la complexité de ce que signifie «&nbsp;être arabe&nbsp;» en Israël. Comme l'exprime Yasmine, les réalités sont bien différentes selon que l'on vive à Haïfa, Ramallah ou Bethléem.</p> <p>Le deuxième épisode a été mis en ligne le vendredi 17 juillet et le dernier le vendredi 24 juillet.<br />Le format est court&nbsp;: une quinzaine de minutes, montées de manière concise et vivante.</p> <p>Rendez-vous sur <a href="https://www.courrierinternational.com/video/webserie-palestiniennes-episode-13-divisions">https://www.courrierinternational.com/video/webserie-palestiniennes-episode-13-divisions</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://mariette-auvray.com/">https://mariette-auvray.com/</a></span></p> « Héroïnes », un jeu de société féministe 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/38desobeissance/126-recreations/627-heroineunjeudesocietefeministe Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/couv1-proto-1024x1009.jpg" /></p><p>Il existe des jeux de société féministes et inclusifs, mais qui ne sont pas réservés aux femmes&nbsp;! Comme le français «&nbsp;Héroïnes&nbsp;», qui vient tout juste de sortir et qui s'adresse à tou.tes à partir de 12 ans. Il permet de (re)découvrir des figures féminines qui ont marqué l'histoire, tout en relevant des défis.</p> <p>Le jeu a été imaginé par Anne Dhoquois et Gaëlle Bidan (également à l'origine de «&nbsp;Unda&nbsp;», un jeu sur les cultures urbaines). Il est édité par A&amp;G Éditions. Sa marraine est Michelle Perrot, historienne et pionnière de l’histoire des femmes.</p> <p><em>«&nbsp;C’est en réunissant ces centaines de femmes au destin souvent extraordinaire qu’on réalise à quel point elles ont pris part aux grandes aventures humaines et marqué notre imaginaire&nbsp;»</em>, expliquent les créatrices.</p> <p>Le jeu est prévu pour trois à six joueur.ses ou plusieurs équipes. Le but est de réunir cinq cartes de la même famille d’héroïnes (les Guerrières, les Révoltées, les Icônes, les Effacées, les Puissantes, les Féministes et les Pionnières). Il s'agit de figures contemporaines, historiques ou de fiction, célèbres ou méconnues (femmes politiques, scientifiques ou artistes, originaires de France et des quatre coins du monde). Pour récupérer ces cartes, il faut relever différents défis (mimer, décrire, observer…). Par exemple, le «&nbsp;Dico&nbsp;»&nbsp;: les participant.es doivent écrire la biographie d’une héroïne, dont seuls le nom et la famille sont annoncés par le maître ou la maîtresse de jeu. Les joueur.ses doivent ensuite voter pour la biographie la plus convaincante. Des «&nbsp;pouvoirs&nbsp;» permettent de complexifier davantage la partie.</p> <p>Pour découvrir et / ou commander le jeu, rendez-vous sur le site de la maison d'édition&nbsp;: <a href="http://aetgeditions.com/">http://aetgeditions.com/</a></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PARADOXES/couv1-proto-1024x1009.jpg" /></p><p>Il existe des jeux de société féministes et inclusifs, mais qui ne sont pas réservés aux femmes&nbsp;! Comme le français «&nbsp;Héroïnes&nbsp;», qui vient tout juste de sortir et qui s'adresse à tou.tes à partir de 12 ans. Il permet de (re)découvrir des figures féminines qui ont marqué l'histoire, tout en relevant des défis.</p> <p>Le jeu a été imaginé par Anne Dhoquois et Gaëlle Bidan (également à l'origine de «&nbsp;Unda&nbsp;», un jeu sur les cultures urbaines). Il est édité par A&amp;G Éditions. Sa marraine est Michelle Perrot, historienne et pionnière de l’histoire des femmes.</p> <p><em>«&nbsp;C’est en réunissant ces centaines de femmes au destin souvent extraordinaire qu’on réalise à quel point elles ont pris part aux grandes aventures humaines et marqué notre imaginaire&nbsp;»</em>, expliquent les créatrices.</p> <p>Le jeu est prévu pour trois à six joueur.ses ou plusieurs équipes. Le but est de réunir cinq cartes de la même famille d’héroïnes (les Guerrières, les Révoltées, les Icônes, les Effacées, les Puissantes, les Féministes et les Pionnières). Il s'agit de figures contemporaines, historiques ou de fiction, célèbres ou méconnues (femmes politiques, scientifiques ou artistes, originaires de France et des quatre coins du monde). Pour récupérer ces cartes, il faut relever différents défis (mimer, décrire, observer…). Par exemple, le «&nbsp;Dico&nbsp;»&nbsp;: les participant.es doivent écrire la biographie d’une héroïne, dont seuls le nom et la famille sont annoncés par le maître ou la maîtresse de jeu. Les joueur.ses doivent ensuite voter pour la biographie la plus convaincante. Des «&nbsp;pouvoirs&nbsp;» permettent de complexifier davantage la partie.</p> <p>Pour découvrir et / ou commander le jeu, rendez-vous sur le site de la maison d'édition&nbsp;: <a href="http://aetgeditions.com/">http://aetgeditions.com/</a></p>