#4 La Commune, à la vie à la scène ! (juillet 2017) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/4-la-commune-a-la-vie-a-la-scene 2023-05-11T18:53:06+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management L'histoire de la Commune de Paris 2017-03-21T14:47:31+01:00 2017-03-21T14:47:31+01:00 http://www.rebonds.net/4-la-commune-a-la-vie-a-la-scene/356-histoiredelacommunedeparis Super User <p><strong>Dans son spectacle <em>J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>, la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! Z'arts etc...&nbsp;» revient sur les faits marquants de La Commune de Paris. Elle n'a duré que 73 jours. Mais par les décisions prises par ses élus, par l'espoir qu'elle a suscité et aussi par sa fin tragique, elle marque l'Histoire de France.<br /></strong></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/communedeparis2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les barricades (photo : Bibliothèque historique de Paris)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/communedeparis2.jpg" alt="communedeparis2" width="436" height="291" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a><strong>Le contexte<br /></strong></p> <p>• 19 juillet 1870&nbsp;: déclaration de guerre de la France à la Prusse.</p> <p>• 2 septembre 1870&nbsp;: débâcle de l'armée française. Napoléon III est fait prisonnier.</p> <p>• 4 septembre 1870&nbsp;: les Parisiens manifestent et proclament la République. Un gouvernement provisoire de Défense nationale est mis en place. Le lendemain, se forme le Comité central des vingt arrondissements de Paris.</p> <p>• 19 septembre 1870&nbsp;: les Prussiens débutent le siège de Paris. Il durera 138 jours.</p> <p>• 28 janvier 1871&nbsp;: Armistice. Paris parle de «&nbsp;capitulation&nbsp;».</p> <p>• 8 février 1871&nbsp;: élection de l'Assemblée nationale pour négocier la paix. La majorité est monarchiste.</p> <p>• 17 février 1871&nbsp;: l'Assemblée nationale se réunit à Bordeaux. Elle désigne Adolphe Thiers comme «&nbsp;chef du pouvoir exécutif de la République française&nbsp;». Les Parisiens le surnomment «&nbsp;le roi des capitulards&nbsp;».</p> <p>• 1er mars 1871&nbsp;: toujours à Bordeaux, l'Assemblée nationale ratifie les conditions de paix avec la Prusse, pourtant jugées humiliantes.</p> <p>• 10 mars 1871&nbsp;: l'Assemblée nationale décide de siéger à Versailles et pas à Paris.<br />Pendant ce temps, les Parisiens créent le Comité central de la Garde nationale, dont le but est de défendre la République.</p> <p>• 17 mars 1871&nbsp;: le conseil des ministres présidé par Adolphe Thiers décide de faire enlever les canons de Montmartre et d'arrêter ceux qui résistent.</p> <p><strong>Le début de la révolte</strong></p> <p>• 18 mars 1871&nbsp;: la tentative de reprise des canons à Montmartre et Belleville échoue. L'armée refuse de tirer sur la foule.<br />Les autorités évacuent vers Versailles, les insurgés s'installent à l'Hôtel de Ville de Paris. Le pouvoir revient au Comité central, ne sachant cependant trop que faire de ce qu'il a involontairement recueilli.<br />Sa priorité&nbsp;: l'organisation d'élections.</p> <p>• 22 mars 1871&nbsp;: le mouvement gagne des villes de Province comme Lyon, Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Limoges, Narbonne… Il sera cependant de courte durée et souvent sévèrement réprimé.</p> <p>• 26 mars 1871&nbsp;: élections à Paris. Moins de la moitié des électeurs vont aux urnes. Deux Paris existent alors&nbsp;: le Paris populaire (au nord et à l'est) et le Paris plus riche (les autres arrondissements). La révolution communale, dès le départ, ne fait pas l'unanimité.</p> <p><strong>Naissance et vie de la Commune<br /></strong></p> <p>• 28 mars 1871&nbsp;: proclamation de la Commune. Le Comité central remet le pouvoir aux élus.<br />Au départ, 92 sièges étaient à pourvoir. Mais, au fil des démissions et des jours, et malgré des élections complémentaires, le nombre d'élus siégeant régulièrement est estimé à une soixantaine. Parmi eux, une majorité de révolutionnaires mais aussi des internationalistes.<br />Ils sont ouvriers, employés, instituteurs, patrons, journalistes, avocats, médecins, artistes…</p> <p>• 29 mars 1871&nbsp;: création de dix commissions comparables à des ministères. Mais la désorganisation règne.<br />Un des problèmes&nbsp;: le cumul des responsabilités. Les membres de la Commune siègent deux fois par jour, puis ils enchaînent avec le travail en commission, enfin retournent administrer leurs arrondissements.<br />Mais dans certains quartiers comme à Belleville, les comités d'arrondissement assurent.</p> <p>Au niveau militaire, Elie Reclus (*) écrit&nbsp;: «&nbsp;Pendant les premiers jours de la Commune, l'organisation militaire fut aussi grotesque, aussi nulle qu'elle l'avait été pendant le siège&nbsp;». Elle peine notamment à retrouver les stocks d'armes et de munitions que le gouvernement a pourtant laissé à Paris derrière lui.<br />Les forces sont faibles&nbsp;: en théorie, 234 bataillons et une quarantaine de compagnies, mais durant la Semaine sanglante, on estime à seulement 10.000 le nombre de combattants, contre 130.000 hommes du côté de Versailles...</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Commune_rue_de_Rivoli.png" class="jcepopup" data-mediabox-title="La rue de Rivoli à l'époque de la Commune (photo : Bibliothèque historique de Paris)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Commune_rue_de_Rivoli.png" alt="Commune rue de Rivoli" width="500" height="368" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p>Au niveau financier, les élus se refusent à prendre d'assaut la Banque de France. Ils empruntent. Mais alors que la Banque de France leur avance 20 millions, elle en avance 257 à Versailles&nbsp;!</p> <p>• 3 et 4 avril 1871&nbsp;: échec de la tentative de sortie des fédérés. Versailles fusille deux de leurs commandants sans jugement. En réaction, la Commune vote le décret des otages. L'article 5 dit&nbsp;: «&nbsp;Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera sur-le-champ suivie de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus en vertu de l’article quatre, et qui seront désignés par le sort&nbsp;». Les otages sont des personnes arrêtées et jugées de complicité avec le gouvernement versaillais. Le décret ne sera que très tardivement et très épisodiquement appliqué.</p> <p>• 11 avril 1871&nbsp;: début des opérations menées par l'armée de Versailles pour reprendre Paris.<br />De leur côté, les insurgés créent l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés.</p> <p><strong>Les décisions importantes<br /></strong></p> <p>• 2 avril 1871&nbsp;: séparation de l’Église et de l’État. Le salaire des institutrices devient l'égal de leurs collègues masculins.<br />L'enseignement est très important pour la Commune. On parle d'«&nbsp;enseignement intégral&nbsp;», c'est-à-dire comprenant la culture générale et l'enseignement professionnel. Edouard Vaillant (**) écrit&nbsp;: «&nbsp;Il faut qu'un manieur d'outils puisse écrire un livre, l'écrive avec passion, sans pour autant se croire obligé d'abandonner l'étau ou l'établi. Il faut que l'artisan se délasse du travail journalier par la culture des arts, des lettres ou des sciences, sans cesser pour autant d'être un producteur.&nbsp;»</p> <p>La scolarisation à Paris est plutôt satisfaisante. Le problème est surtout la déconfessionnalisation, pas toujours bien acceptée par la population. La laïcisation de l'enseignement est toutefois décrétée le 19 mai 1871.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichette.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les décisions importantes étaient annoncées par des affichettes sur les murs." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichette.jpg" alt="affichette" width="278" height="435" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p>• 14 avril 1871&nbsp;: 400 artistes se réunissent autour de Gustave Courbet pour fonder la Fédération des artistes parisiens. Un comité élu, composé de 47 peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et lithographes, proclame la liberté de l'art, dégagé de toute tutelle. Il rouvre les musées, ferme les écoles jugées trop académiques comme les Beaux-Arts, supprime les récompenses officielles et fonde l'Officiel des arts, un journal ouvert à toutes les opinions.</p> <p>• 16 avril 1871&nbsp;: décret sur la réquisition des ateliers abandonnés. La création des associations et des coopérations est encouragée.<br />D'autres mesures importantes sont prises durant la Commune en matière de droit du travail comme, par exemple, la suppression du travail de nuit pour les ouvriers-boulangers, la création de bureaux de renseignements pour le placement des ouvriers, l'interdiction des amendes et de retenues sur salaires…</p> <p><strong>Des mesures impopulaires<br /></strong></p> <p>Certaines mesures prises sont jugées impopulaires comme l'interdiction des jeux de hasard, la fermeture des «&nbsp;maisons de tolérance&nbsp;», l'arrestation de tout citoyen en état d'ivresse… semble-t-il très théorique. Mais certains dénoncent une «&nbsp;dérive policière&nbsp;»&nbsp;: la Garde nationale arrête, réquisitionne, perquisitionne dans les églises et les maisons des riches qu'elles pillent aussi parfois.<br />La presse est censurée. Sous la Commune, une trentaine de journaux disparaissent.<br />En revanche, Le Cri du Peuple et le Père Duchêne dominent. Ce dernier n'est pourtant pas toujours tendre avec l'assemblée communale. Les affiches fleurissent, devenant un véritable moyen d'information et de propagande.</p> <p><strong>La Semaine sanglante<br /></strong></p> <p>• 21 mai 1871&nbsp;: les troupes de Versailles entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Facilement&nbsp;: il n'y a personne sur les murailles.<br />Après trois jours de combat, la moitié de la ville est prise.</p> <p>• 25-28 mai 1871&nbsp;: les insurgés résistent, notamment sur le canal Saint-Martin et le boulevard Richard-Renoir. Les combats se déroulent au canon et au corps-à-corps. Le 28 mai, Belleville est le dernier quartier à tomber.</p> <p>Les versions varient mais on estime à environ 20.000 le nombre de victimes dans les rangs des Communards. Louise Michel (***) jugera que l'armée versaillaise a pratiqué «&nbsp;la curée froide&nbsp;»&nbsp;: des cours de justice sommaires, puis des «&nbsp;abattoirs&nbsp;» où on fusillait à la chaîne, parfois à la mitrailleuse. Officiellement, le nombre d'arrestations est de 43.522. Parmi lesquels, 651 enfants dont un quart n'avait pas 15 ans.<br />Du côté versaillais, le bilan officiel compte 877 tués, 183 disparus et 6.454 blessés.</p> <p><br /><br /></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Louise_Michel.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Louise Michel, une des figures marquantes de la Commune (Photo : F. Nadar)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Louise_Michel.jpg" alt="Louise Michel" width="467" height="640" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p><strong>Et après ?<br /></strong></p> <p>• Juin 1871&nbsp;: des conseils de guerre sont mis en place. On juge et on condamne encore en 1877… Les peines sont variées&nbsp;: prison, déportation, travaux forcés…</p> <p>• 11 juillet 1880&nbsp;: l'amnistie totale suit une série de grâces. Elle permet la libération de 541 hommes, 9 femmes dont la célèbre Louise Michel, déportée durant sept ans en Nouvelle-Calédonie.</p> <p>En 1876, les élections ont donné la majorité aux Républicains à l'Assemblée nationale. A leur retour, certains Communards poursuivent leur combat en politique. Ils prennent différents chemins&nbsp;: socialisme, communisme, boulangisme… D'autres meurent dans la misère et l'oubli.</p> <p>• 23 mai 1880&nbsp;: première commémoration au mur des fédérés, cimetière du Père Lachaise à Paris.</p> <p><span style="font-size: 8pt;"><em></em></span><span style="font-size: 8pt;"><em>(*) Elie Reclus&nbsp;: de son vrai nom Jean-Pierre Michel Reclus (1827-1904), journaliste, écrivain et ethnologue, militant anarchiste. Durant la Commune, il sert comme brancardier dans la Garde nationale avant de devenir directeur de la Bibliothèque nationale. Poursuivi par les Versaillais, il s'enfuit en Suisse et finit ses jours en Belgique.</em></span></p> <p><em><span style="font-size: 8pt;">(**) Edouard Vaillant (1840-1915)&nbsp;: homme politique socialiste, élu durant la Commune de Paris, délégué à l'Instruction publique. Exilé à Londres après la Semaine sanglante, il rentre dans son Cher natal en 1880. Il est élu conseiller municipal à Vierzon, puis député de la Seine. Il finira sa vie à Paris, mais est inhumé à Vierzon.</span></em></p> <p><em><span style="font-size: 8pt;">(***) Louise Michel, de son vrai nom Clémence-Louise Michel (1830-1905)&nbsp;: institutrice, militante anarchiste aux idées féministes. Elle est très active durant la Commune de Paris, y compris en première ligne. De retour en France après sa déportation, elle reprend ses activités militantes auprès des travailleurs. Elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée. Dans les dix dernières années de sa vie, elle anime de nombreuses conférences, notamment sur le féminisme. Elle s'est éteinte à Marseille.</span></em></p> <p><span style="font-size: 8pt;"><em>.</em></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Sources</h3> </div> <div class="panel-body"> <ul> <li> <p>Paris insurgé, la Commune de 1871, Jacques Rougerie (aux éditions Gallimard)</p> </li> <li> <p>La Commune de 1871 - l'événement, les hommes et la mémoire, Claude Latta (publication de l'Université de Saint-Etienne citée sur le site de l'association des Amies et amis de la Commune de Paris&nbsp;: <a href="http://www.commune1871.org">http://www.commune1871.org</a>)</p> </li> <li> <p>Histoire de la Commune de 1871, Prosper-Olivier Lissagaray (éditions La Découverte)</p> </li> </ul> </div> </div> <p><strong>Dans son spectacle <em>J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>, la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! Z'arts etc...&nbsp;» revient sur les faits marquants de La Commune de Paris. Elle n'a duré que 73 jours. Mais par les décisions prises par ses élus, par l'espoir qu'elle a suscité et aussi par sa fin tragique, elle marque l'Histoire de France.<br /></strong></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/communedeparis2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les barricades (photo : Bibliothèque historique de Paris)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/communedeparis2.jpg" alt="communedeparis2" width="436" height="291" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a><strong>Le contexte<br /></strong></p> <p>• 19 juillet 1870&nbsp;: déclaration de guerre de la France à la Prusse.</p> <p>• 2 septembre 1870&nbsp;: débâcle de l'armée française. Napoléon III est fait prisonnier.</p> <p>• 4 septembre 1870&nbsp;: les Parisiens manifestent et proclament la République. Un gouvernement provisoire de Défense nationale est mis en place. Le lendemain, se forme le Comité central des vingt arrondissements de Paris.</p> <p>• 19 septembre 1870&nbsp;: les Prussiens débutent le siège de Paris. Il durera 138 jours.</p> <p>• 28 janvier 1871&nbsp;: Armistice. Paris parle de «&nbsp;capitulation&nbsp;».</p> <p>• 8 février 1871&nbsp;: élection de l'Assemblée nationale pour négocier la paix. La majorité est monarchiste.</p> <p>• 17 février 1871&nbsp;: l'Assemblée nationale se réunit à Bordeaux. Elle désigne Adolphe Thiers comme «&nbsp;chef du pouvoir exécutif de la République française&nbsp;». Les Parisiens le surnomment «&nbsp;le roi des capitulards&nbsp;».</p> <p>• 1er mars 1871&nbsp;: toujours à Bordeaux, l'Assemblée nationale ratifie les conditions de paix avec la Prusse, pourtant jugées humiliantes.</p> <p>• 10 mars 1871&nbsp;: l'Assemblée nationale décide de siéger à Versailles et pas à Paris.<br />Pendant ce temps, les Parisiens créent le Comité central de la Garde nationale, dont le but est de défendre la République.</p> <p>• 17 mars 1871&nbsp;: le conseil des ministres présidé par Adolphe Thiers décide de faire enlever les canons de Montmartre et d'arrêter ceux qui résistent.</p> <p><strong>Le début de la révolte</strong></p> <p>• 18 mars 1871&nbsp;: la tentative de reprise des canons à Montmartre et Belleville échoue. L'armée refuse de tirer sur la foule.<br />Les autorités évacuent vers Versailles, les insurgés s'installent à l'Hôtel de Ville de Paris. Le pouvoir revient au Comité central, ne sachant cependant trop que faire de ce qu'il a involontairement recueilli.<br />Sa priorité&nbsp;: l'organisation d'élections.</p> <p>• 22 mars 1871&nbsp;: le mouvement gagne des villes de Province comme Lyon, Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Limoges, Narbonne… Il sera cependant de courte durée et souvent sévèrement réprimé.</p> <p>• 26 mars 1871&nbsp;: élections à Paris. Moins de la moitié des électeurs vont aux urnes. Deux Paris existent alors&nbsp;: le Paris populaire (au nord et à l'est) et le Paris plus riche (les autres arrondissements). La révolution communale, dès le départ, ne fait pas l'unanimité.</p> <p><strong>Naissance et vie de la Commune<br /></strong></p> <p>• 28 mars 1871&nbsp;: proclamation de la Commune. Le Comité central remet le pouvoir aux élus.<br />Au départ, 92 sièges étaient à pourvoir. Mais, au fil des démissions et des jours, et malgré des élections complémentaires, le nombre d'élus siégeant régulièrement est estimé à une soixantaine. Parmi eux, une majorité de révolutionnaires mais aussi des internationalistes.<br />Ils sont ouvriers, employés, instituteurs, patrons, journalistes, avocats, médecins, artistes…</p> <p>• 29 mars 1871&nbsp;: création de dix commissions comparables à des ministères. Mais la désorganisation règne.<br />Un des problèmes&nbsp;: le cumul des responsabilités. Les membres de la Commune siègent deux fois par jour, puis ils enchaînent avec le travail en commission, enfin retournent administrer leurs arrondissements.<br />Mais dans certains quartiers comme à Belleville, les comités d'arrondissement assurent.</p> <p>Au niveau militaire, Elie Reclus (*) écrit&nbsp;: «&nbsp;Pendant les premiers jours de la Commune, l'organisation militaire fut aussi grotesque, aussi nulle qu'elle l'avait été pendant le siège&nbsp;». Elle peine notamment à retrouver les stocks d'armes et de munitions que le gouvernement a pourtant laissé à Paris derrière lui.<br />Les forces sont faibles&nbsp;: en théorie, 234 bataillons et une quarantaine de compagnies, mais durant la Semaine sanglante, on estime à seulement 10.000 le nombre de combattants, contre 130.000 hommes du côté de Versailles...</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Commune_rue_de_Rivoli.png" class="jcepopup" data-mediabox-title="La rue de Rivoli à l'époque de la Commune (photo : Bibliothèque historique de Paris)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Commune_rue_de_Rivoli.png" alt="Commune rue de Rivoli" width="500" height="368" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p>Au niveau financier, les élus se refusent à prendre d'assaut la Banque de France. Ils empruntent. Mais alors que la Banque de France leur avance 20 millions, elle en avance 257 à Versailles&nbsp;!</p> <p>• 3 et 4 avril 1871&nbsp;: échec de la tentative de sortie des fédérés. Versailles fusille deux de leurs commandants sans jugement. En réaction, la Commune vote le décret des otages. L'article 5 dit&nbsp;: «&nbsp;Toute exécution d’un prisonnier de guerre ou d’un partisan du gouvernement régulier de la Commune de Paris sera sur-le-champ suivie de l’exécution d’un nombre triple des otages retenus en vertu de l’article quatre, et qui seront désignés par le sort&nbsp;». Les otages sont des personnes arrêtées et jugées de complicité avec le gouvernement versaillais. Le décret ne sera que très tardivement et très épisodiquement appliqué.</p> <p>• 11 avril 1871&nbsp;: début des opérations menées par l'armée de Versailles pour reprendre Paris.<br />De leur côté, les insurgés créent l'Union des femmes pour la défense de Paris et les soins aux blessés.</p> <p><strong>Les décisions importantes<br /></strong></p> <p>• 2 avril 1871&nbsp;: séparation de l’Église et de l’État. Le salaire des institutrices devient l'égal de leurs collègues masculins.<br />L'enseignement est très important pour la Commune. On parle d'«&nbsp;enseignement intégral&nbsp;», c'est-à-dire comprenant la culture générale et l'enseignement professionnel. Edouard Vaillant (**) écrit&nbsp;: «&nbsp;Il faut qu'un manieur d'outils puisse écrire un livre, l'écrive avec passion, sans pour autant se croire obligé d'abandonner l'étau ou l'établi. Il faut que l'artisan se délasse du travail journalier par la culture des arts, des lettres ou des sciences, sans cesser pour autant d'être un producteur.&nbsp;»</p> <p>La scolarisation à Paris est plutôt satisfaisante. Le problème est surtout la déconfessionnalisation, pas toujours bien acceptée par la population. La laïcisation de l'enseignement est toutefois décrétée le 19 mai 1871.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichette.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les décisions importantes étaient annoncées par des affichettes sur les murs." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichette.jpg" alt="affichette" width="278" height="435" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p>• 14 avril 1871&nbsp;: 400 artistes se réunissent autour de Gustave Courbet pour fonder la Fédération des artistes parisiens. Un comité élu, composé de 47 peintres, sculpteurs, architectes, graveurs et lithographes, proclame la liberté de l'art, dégagé de toute tutelle. Il rouvre les musées, ferme les écoles jugées trop académiques comme les Beaux-Arts, supprime les récompenses officielles et fonde l'Officiel des arts, un journal ouvert à toutes les opinions.</p> <p>• 16 avril 1871&nbsp;: décret sur la réquisition des ateliers abandonnés. La création des associations et des coopérations est encouragée.<br />D'autres mesures importantes sont prises durant la Commune en matière de droit du travail comme, par exemple, la suppression du travail de nuit pour les ouvriers-boulangers, la création de bureaux de renseignements pour le placement des ouvriers, l'interdiction des amendes et de retenues sur salaires…</p> <p><strong>Des mesures impopulaires<br /></strong></p> <p>Certaines mesures prises sont jugées impopulaires comme l'interdiction des jeux de hasard, la fermeture des «&nbsp;maisons de tolérance&nbsp;», l'arrestation de tout citoyen en état d'ivresse… semble-t-il très théorique. Mais certains dénoncent une «&nbsp;dérive policière&nbsp;»&nbsp;: la Garde nationale arrête, réquisitionne, perquisitionne dans les églises et les maisons des riches qu'elles pillent aussi parfois.<br />La presse est censurée. Sous la Commune, une trentaine de journaux disparaissent.<br />En revanche, Le Cri du Peuple et le Père Duchêne dominent. Ce dernier n'est pourtant pas toujours tendre avec l'assemblée communale. Les affiches fleurissent, devenant un véritable moyen d'information et de propagande.</p> <p><strong>La Semaine sanglante<br /></strong></p> <p>• 21 mai 1871&nbsp;: les troupes de Versailles entrent dans Paris par la porte de Saint-Cloud. Facilement&nbsp;: il n'y a personne sur les murailles.<br />Après trois jours de combat, la moitié de la ville est prise.</p> <p>• 25-28 mai 1871&nbsp;: les insurgés résistent, notamment sur le canal Saint-Martin et le boulevard Richard-Renoir. Les combats se déroulent au canon et au corps-à-corps. Le 28 mai, Belleville est le dernier quartier à tomber.</p> <p>Les versions varient mais on estime à environ 20.000 le nombre de victimes dans les rangs des Communards. Louise Michel (***) jugera que l'armée versaillaise a pratiqué «&nbsp;la curée froide&nbsp;»&nbsp;: des cours de justice sommaires, puis des «&nbsp;abattoirs&nbsp;» où on fusillait à la chaîne, parfois à la mitrailleuse. Officiellement, le nombre d'arrestations est de 43.522. Parmi lesquels, 651 enfants dont un quart n'avait pas 15 ans.<br />Du côté versaillais, le bilan officiel compte 877 tués, 183 disparus et 6.454 blessés.</p> <p><br /><br /></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Louise_Michel.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Louise Michel, une des figures marquantes de la Commune (Photo : F. Nadar)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Louise_Michel.jpg" alt="Louise Michel" width="467" height="640" style="margin-right: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: left;" /></a></p> <p><strong>Et après ?<br /></strong></p> <p>• Juin 1871&nbsp;: des conseils de guerre sont mis en place. On juge et on condamne encore en 1877… Les peines sont variées&nbsp;: prison, déportation, travaux forcés…</p> <p>• 11 juillet 1880&nbsp;: l'amnistie totale suit une série de grâces. Elle permet la libération de 541 hommes, 9 femmes dont la célèbre Louise Michel, déportée durant sept ans en Nouvelle-Calédonie.</p> <p>En 1876, les élections ont donné la majorité aux Républicains à l'Assemblée nationale. A leur retour, certains Communards poursuivent leur combat en politique. Ils prennent différents chemins&nbsp;: socialisme, communisme, boulangisme… D'autres meurent dans la misère et l'oubli.</p> <p>• 23 mai 1880&nbsp;: première commémoration au mur des fédérés, cimetière du Père Lachaise à Paris.</p> <p><span style="font-size: 8pt;"><em></em></span><span style="font-size: 8pt;"><em>(*) Elie Reclus&nbsp;: de son vrai nom Jean-Pierre Michel Reclus (1827-1904), journaliste, écrivain et ethnologue, militant anarchiste. Durant la Commune, il sert comme brancardier dans la Garde nationale avant de devenir directeur de la Bibliothèque nationale. Poursuivi par les Versaillais, il s'enfuit en Suisse et finit ses jours en Belgique.</em></span></p> <p><em><span style="font-size: 8pt;">(**) Edouard Vaillant (1840-1915)&nbsp;: homme politique socialiste, élu durant la Commune de Paris, délégué à l'Instruction publique. Exilé à Londres après la Semaine sanglante, il rentre dans son Cher natal en 1880. Il est élu conseiller municipal à Vierzon, puis député de la Seine. Il finira sa vie à Paris, mais est inhumé à Vierzon.</span></em></p> <p><em><span style="font-size: 8pt;">(***) Louise Michel, de son vrai nom Clémence-Louise Michel (1830-1905)&nbsp;: institutrice, militante anarchiste aux idées féministes. Elle est très active durant la Commune de Paris, y compris en première ligne. De retour en France après sa déportation, elle reprend ses activités militantes auprès des travailleurs. Elle est plusieurs fois arrêtée et emprisonnée. Dans les dix dernières années de sa vie, elle anime de nombreuses conférences, notamment sur le féminisme. Elle s'est éteinte à Marseille.</span></em></p> <p><span style="font-size: 8pt;"><em>.</em></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Sources</h3> </div> <div class="panel-body"> <ul> <li> <p>Paris insurgé, la Commune de 1871, Jacques Rougerie (aux éditions Gallimard)</p> </li> <li> <p>La Commune de 1871 - l'événement, les hommes et la mémoire, Claude Latta (publication de l'Université de Saint-Etienne citée sur le site de l'association des Amies et amis de la Commune de Paris&nbsp;: <a href="http://www.commune1871.org">http://www.commune1871.org</a>)</p> </li> <li> <p>Histoire de la Commune de 1871, Prosper-Olivier Lissagaray (éditions La Découverte)</p> </li> </ul> </div> </div> Un comité berrichon des Amies et amis de la Commune de Paris 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/4-la-commune-a-la-vie-a-la-scene/357-comiteberrichondelacommunedeparis Super User <p><strong>Des Communards célèbres étaient d'origine berrichonne : Edouard Vaillant, Félix Pyat, Gabriel Ranvier... Aujourd'hui encore, des habitants du Cher et de l'Indre font vivre la Commune de Paris, au sein d'une association.</strong><br /><strong>Entretien avec Michel Pinglaut, l'un de ses fondateurs. Il nous explique l'origine de l'association, son rôle, mais nous livre aussi ses impressions au sujet du spectacle de la compagnie « Oh ! z'arts etc... » (lire la rubrique (Ré)acteurs).</strong></p> <p><strong>Quand a été créé le comité berrichon de la Commune de Paris-1871&nbsp;?</strong><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/18mars2013e.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Chaque année, l'association se retrouve à l'occasion de commémorations, mais aussi expositions, conférences, etc... (photo : les Amies et amis de la Commune de Paris)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/18mars2013e.jpg" alt="18mars2013e" width="337" height="250" style="margin-left: 15px; float: right;" /></a></p> <p>En 2005, puis nous avons finalisé de nouveaux statuts en Préfecture du Cher en 2013, pour être en accord avec les statuts nationaux, puis en 2016 pour que notre bureau ait un meilleur fontionnement démocratique et efficace : se substituent à un président unique deux co-présidents : un pour l'Indre, un pour le Cher et un vice-président particulièrement chargé de la communication.</p> <p><strong>Par qui&nbsp;?</strong></p> <p>Nous étions un petit groupe d'une douzaine de personnes du Cher et de l'Indre.</p> <p><strong>Dans quel but&nbsp;?</strong></p> <p>Des Berrichons ont occupé des fonctions importantes pendant le Commune : Edouard Vaillant, Félix Pyat, Charles-Ferdinand Gambon, Gabriel Ranvier... Louis-Nathanaël Rossel a tenu garnison à Bourges. <br />Des hommes et des femmes du Berry, plus anonymes ont été communeux, communeuses...<br />Nous voulons les réhabiliter, nous voulons faire mieux connaître les idéaux et l'oeuvre de la Commune de Paris de 1871.<br />Nous voulons montrer que les communeux et communeuses ont mené, pour le peuple, par le peuple, des actions sociales, politiques, économiques, démocratiques qui sont encore d'actualité aujourd'hui : nous nous associons aux luttes actuelles contre la liquidation du code du travail, pour la laïcité, pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple en 1914-1918, pour la paix universelle, pour la participation des étrangers à la vie française, pour la défense des arts et de la culture, à l'égalité homme-femme, à l'éducation ...</p> <p><strong>Combien de membres le constituent aujourd'hui&nbsp;?</strong></p> <p>Nous sommes 31 membres (certains sont hors du Berry, mais désirent être membres de notre comité local, qui fait partie des 11 comités locaux de l'association nationale des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871). Nous comptons aussi des compagnons de route qui suivent nos informations et nos activités...</p> <p><strong>Où se situe le siège&nbsp;?</strong></p> <p>Le siège social est au domicile du premier président (chronologiquement) : 15, avenue Louis Billant, 18800 Villabon.</p> <p><strong>Quelles sont ses actions principales tout au long de l'année&nbsp;?</strong></p> <p>Depuis de nombreuses années, nous voulons réhabiliter la mémoire des communeuses et communeux : expositions Félix Pyat et Edouard Vaillant à Vierzon, pose de plaques informatives, participation à la cérémonie annuelle sur la tombe d'Edouard Vaillant, création d'espaces mémoriels (Gabriel Ranvier à Baugy, Edouard Vaillant à Vierzon, Marie Mercier à Issoudun, avec expositions), participation à des salons du livre, où nous proposons les ouvrages diffusés par l'association nationale. En plus, nous faisons un effort particulier pour diffuser les auteurs édités en région ; nous participons, avec l'association nationale aux heures d'Histoire de Blois. Nous avons fait de nombreuses conférences ou des lectures théâtralisées.<br />Nous avons organisé trois cafés communards : 1) les arts et la culture sous la Commune ; 2) la Commune et les maçons de la Creuse, en Limousin, Marche et Berry Sud ; 3) le symbole du mur des fédérés pour les organisations progressistes diverses qui y participent, avec invitation aux responsables des structures locales.<br />Nous encourageons les projets artistiques qui touchent la Commune de 1871. <br />Nous avons des échanges avec les comités voisins (Val de Loire, Creuse...). Les membres du bureau participent aux rendez-vous associatifs nationaux : parcours du Paris communard, banquet en mars, montée au mur des fédérés en mai, parcours du 18 mars, fête de la Commune en septembre...<br />Nous participons aux réunions statutaires nationales, épisodiquement à des commissions nationales (la distance Paris-Berry est un frein).</p> <p><strong>A titre personnel, qu'est-ce qui vous a motivé pour faire partie de ce comité&nbsp;?</strong></p> <p>Je me suis intéressé à la Commune car mon grand-père, ouvrier anarcho-syndicaliste m'en avait parlé : une de mes premières lectures d'enfant fut La misère de Louise Michel. J'ai vraiment commencé à m'y interesser pour le centenaire en 1971. Je me suis constitué une bibliothèque historique (plusieurs rayonnages). J'ai même un rayon sur les ouvrages « d'esprit versaillais ». J'essaie de montrer, très souvent, l'actualité des idées et de l'oeuvre de la Commune.</p> <p><strong>Qu'est-ce qui fait écho à la Commune de Paris au XXIe siècle, en France et ailleurs&nbsp;?</strong></p> <p>Déjà, l'Association des Amies et Amis de la Commune de Paris. Deux comités locaux existent hors de France : Belgique, Luxembourg.<br />Des historiens continuent à faire découvrir des aspects méconnus. Elle inspire encore des mouvements à l'étranger (Mexique, Etats-Unis). Plus d'une cinquantaine d'associations, syndicats, partis « montent au mur » à l'initiative de l'association nationale. Des mouvements comme “les Nuits debout » font penser au bouillonnement d'idées des communeuses et communeux.<br />Des artistes (platiciens, chanteurs, dramaturges, photographes...) créent des oeuvres inspirées de la Commune. Je pense à la Compagnie « Jolie Môme » par exemple.</p> <p><strong>Concernant le spectacle de la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! Z'arts etc&nbsp;» intitulé J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte&nbsp;: vous l'avez vu, vous semble-t-il fidèle au déroulement des faits&nbsp;?</strong></p> <p>Nous sommes heureux de la genèse de ce spectacle : la compagnie a recherché des éléments historiques progressistes. Nous étions de quelques rendez-vous-rencontres public-artistes. Dès le début, nous avons senti la sympathie de la compagnie pour l'importance des décrets des communeux ; la métaphorisation de ce fait historique était imaginative.<br />Il n'y a rien à dire sur les faits, redonnnés avec persuasion et chaleur. Ce spectacle à une seule personne est très abouti. Nous avons senti aussi le perfectionnisme voulu pour ne pas trahir « l'idée ». La comédienne qui a des qualités vocales certaines, se multiplie en une constellation de personnages. La mise en scène et les régies sont en phase : excellente direction d'acteur (je parle en connaissance de cause, suite à ma longue pratique de théâtre amateur au contact des pros), éclairage intelligent, voix off qui viennent à propos, dispositif scénique fait de palissades, sur lesquelles on appose les fameuses affiches, si reconnaissables en leur typographie.<br />Un spectacle dit « de petites formes », mais qui est grand dans son aboutissement. Je souhaite longue vie à ce travail théâtral.</p> <p><strong>A-t-il suscité de l'émotion en vous&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr ! Je suis obligé de penser à l'issue fatale de la Semaine sanglante, aux saloperies politiciennes du « monocle », Adolphe Thiers, et à la sauvagerie de l'armée versaillaise, qui n'a pas été si efficace contre les Prussiens, à la peur des bourgeois, à la censure institutionnelle de l'Etat, après cet espoir de révolution sociale universelle. J'ai été ému par la prestation de la jeune comédienne qui nous offre une belle étendue de ses possibilités artistiques. C'est important que ce soit une femme qui joue tous les rôles, car les communeux, sans penser à leur donner le droit de vote, les ont écouté, ont favorisé leurs expressions dans les clubs, ont proposé des mesures encore à prendre aujourd'hui, ont lutté contre la prostitution... Bravo !</p> <p><strong>Selon vous, quel impact ce type de spectacle peut avoir sur le public&nbsp;? Est-il un vecteur intéressant pour communiquer sur la Commune&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr, il ya longtemps que l'utopie de faire descendre le peuple dans la rue après un spectacle de théâtre est illusoire, mais ce spectacle peut amener les gens à rechercher des connaissances, de l'intérêt sur ce moment court, mais intense de l'Histoire.<br />J'espère qu'il sera accepté par la hiérarchie de l'Education nationale et qu'il suscitera des questions aux jeunes générations. Oui, il faut que les jeunes voient ce spectacle, et pas seulement les nostalgiques de 1936, de la Résistance et de son programme (mémoire qu'il ne faut pas occulter non plus).</p> <p><strong>Le recommanderiez-vous&nbsp;? En recommanderiez-vous d'autres&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr ! <br />J'ai déjà rédigé une chronique pour l'hebdomaire départemental du PCF (**) du Cher. J'en ai parlé, avec le même enthousiasme que pour l'écriture de ses lignes, sur les ondes d'une radio locale du Cher : Radio Résonance 96.9 mhz. Je pratique aussi le bouche à oreille.<br />Autres spectacles :<br />- groupe, une chanson pour mémoire : la lice chansonnière (spectacle sur Eugène Pottier, voir article dans n°68 de La Commune, bulletin des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 ; 4e trimestre 2016)<br />- théâtre d'ici et d'ailleurs : spectacle Louises Coquelicots (sur Louise Michel)<br />- spectacle mis en scène par Vincent Farasse : Métropole, édité chez Actes sud papier en 2017 (chronique à paraître dans le n° 71 de La Commune, parution septembre 2017).</p> <p><strong>Quels sont les prochains événements que votre comité organisera et comment peut-on rejoindre l'association ?</strong></p> <p>- Fête du PCF : Orval (18) le dimanche 27 août : Rimbaud, ardenais, communard et symbole de la jeunesse.<br />- Les 15, 16 et 17 septembre : Fête de l'Humanité à La Courneuve : les éditions JPS seront présentes ainsi que le stand national.<br />- Mercredi 20 septembre : La Châtre (36): Séverine (conférence spectacle).<br />- Vendredi 6 octobre : Saint-Amand-Montrond (18): Séverine.<br />- Dimanche 22 octobre : présence aux automnales du livre à Sagonne (18).<br />- Samedi 18 novembre : bibliothèque d'Orval : les femmes de la Commune.<br />- Dimanche 19 novembre : Henrichemont (18) : présence au salon du livre.<br />- Fin décembre : 102e anniversaire de la mort d'Edouard Vaillant: cimetière de la ville de Vierzon.<br />D'autres dates de conférences sont prévues, ainsi que des réunions statutaires.</p> <p>Pour rejoindre l'association : Association des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871, 46, rue des 5 diamants 75013 Paris. Tél : : 01 45 81 60 54. Courriel : <a href="mailto:amis@commune1871.org.">amis@commune1871.org.</a> Site Internet: <a href="http://commune1871.org/">http://commune1871.org/</a></p> <p>Autre site intéressant à consulter : <a href="https://vaillantitude.blogsport.fr">https://vaillantitude.blogsport.fr</a></p> <p><strong>Des Communards célèbres étaient d'origine berrichonne : Edouard Vaillant, Félix Pyat, Gabriel Ranvier... Aujourd'hui encore, des habitants du Cher et de l'Indre font vivre la Commune de Paris, au sein d'une association.</strong><br /><strong>Entretien avec Michel Pinglaut, l'un de ses fondateurs. Il nous explique l'origine de l'association, son rôle, mais nous livre aussi ses impressions au sujet du spectacle de la compagnie « Oh ! z'arts etc... » (lire la rubrique (Ré)acteurs).</strong></p> <p><strong>Quand a été créé le comité berrichon de la Commune de Paris-1871&nbsp;?</strong><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/18mars2013e.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Chaque année, l'association se retrouve à l'occasion de commémorations, mais aussi expositions, conférences, etc... (photo : les Amies et amis de la Commune de Paris)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/18mars2013e.jpg" alt="18mars2013e" width="337" height="250" style="margin-left: 15px; float: right;" /></a></p> <p>En 2005, puis nous avons finalisé de nouveaux statuts en Préfecture du Cher en 2013, pour être en accord avec les statuts nationaux, puis en 2016 pour que notre bureau ait un meilleur fontionnement démocratique et efficace : se substituent à un président unique deux co-présidents : un pour l'Indre, un pour le Cher et un vice-président particulièrement chargé de la communication.</p> <p><strong>Par qui&nbsp;?</strong></p> <p>Nous étions un petit groupe d'une douzaine de personnes du Cher et de l'Indre.</p> <p><strong>Dans quel but&nbsp;?</strong></p> <p>Des Berrichons ont occupé des fonctions importantes pendant le Commune : Edouard Vaillant, Félix Pyat, Charles-Ferdinand Gambon, Gabriel Ranvier... Louis-Nathanaël Rossel a tenu garnison à Bourges. <br />Des hommes et des femmes du Berry, plus anonymes ont été communeux, communeuses...<br />Nous voulons les réhabiliter, nous voulons faire mieux connaître les idéaux et l'oeuvre de la Commune de Paris de 1871.<br />Nous voulons montrer que les communeux et communeuses ont mené, pour le peuple, par le peuple, des actions sociales, politiques, économiques, démocratiques qui sont encore d'actualité aujourd'hui : nous nous associons aux luttes actuelles contre la liquidation du code du travail, pour la laïcité, pour la réhabilitation des fusillés pour l'exemple en 1914-1918, pour la paix universelle, pour la participation des étrangers à la vie française, pour la défense des arts et de la culture, à l'égalité homme-femme, à l'éducation ...</p> <p><strong>Combien de membres le constituent aujourd'hui&nbsp;?</strong></p> <p>Nous sommes 31 membres (certains sont hors du Berry, mais désirent être membres de notre comité local, qui fait partie des 11 comités locaux de l'association nationale des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871). Nous comptons aussi des compagnons de route qui suivent nos informations et nos activités...</p> <p><strong>Où se situe le siège&nbsp;?</strong></p> <p>Le siège social est au domicile du premier président (chronologiquement) : 15, avenue Louis Billant, 18800 Villabon.</p> <p><strong>Quelles sont ses actions principales tout au long de l'année&nbsp;?</strong></p> <p>Depuis de nombreuses années, nous voulons réhabiliter la mémoire des communeuses et communeux : expositions Félix Pyat et Edouard Vaillant à Vierzon, pose de plaques informatives, participation à la cérémonie annuelle sur la tombe d'Edouard Vaillant, création d'espaces mémoriels (Gabriel Ranvier à Baugy, Edouard Vaillant à Vierzon, Marie Mercier à Issoudun, avec expositions), participation à des salons du livre, où nous proposons les ouvrages diffusés par l'association nationale. En plus, nous faisons un effort particulier pour diffuser les auteurs édités en région ; nous participons, avec l'association nationale aux heures d'Histoire de Blois. Nous avons fait de nombreuses conférences ou des lectures théâtralisées.<br />Nous avons organisé trois cafés communards : 1) les arts et la culture sous la Commune ; 2) la Commune et les maçons de la Creuse, en Limousin, Marche et Berry Sud ; 3) le symbole du mur des fédérés pour les organisations progressistes diverses qui y participent, avec invitation aux responsables des structures locales.<br />Nous encourageons les projets artistiques qui touchent la Commune de 1871. <br />Nous avons des échanges avec les comités voisins (Val de Loire, Creuse...). Les membres du bureau participent aux rendez-vous associatifs nationaux : parcours du Paris communard, banquet en mars, montée au mur des fédérés en mai, parcours du 18 mars, fête de la Commune en septembre...<br />Nous participons aux réunions statutaires nationales, épisodiquement à des commissions nationales (la distance Paris-Berry est un frein).</p> <p><strong>A titre personnel, qu'est-ce qui vous a motivé pour faire partie de ce comité&nbsp;?</strong></p> <p>Je me suis intéressé à la Commune car mon grand-père, ouvrier anarcho-syndicaliste m'en avait parlé : une de mes premières lectures d'enfant fut La misère de Louise Michel. J'ai vraiment commencé à m'y interesser pour le centenaire en 1971. Je me suis constitué une bibliothèque historique (plusieurs rayonnages). J'ai même un rayon sur les ouvrages « d'esprit versaillais ». J'essaie de montrer, très souvent, l'actualité des idées et de l'oeuvre de la Commune.</p> <p><strong>Qu'est-ce qui fait écho à la Commune de Paris au XXIe siècle, en France et ailleurs&nbsp;?</strong></p> <p>Déjà, l'Association des Amies et Amis de la Commune de Paris. Deux comités locaux existent hors de France : Belgique, Luxembourg.<br />Des historiens continuent à faire découvrir des aspects méconnus. Elle inspire encore des mouvements à l'étranger (Mexique, Etats-Unis). Plus d'une cinquantaine d'associations, syndicats, partis « montent au mur » à l'initiative de l'association nationale. Des mouvements comme “les Nuits debout » font penser au bouillonnement d'idées des communeuses et communeux.<br />Des artistes (platiciens, chanteurs, dramaturges, photographes...) créent des oeuvres inspirées de la Commune. Je pense à la Compagnie « Jolie Môme » par exemple.</p> <p><strong>Concernant le spectacle de la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! Z'arts etc&nbsp;» intitulé J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte&nbsp;: vous l'avez vu, vous semble-t-il fidèle au déroulement des faits&nbsp;?</strong></p> <p>Nous sommes heureux de la genèse de ce spectacle : la compagnie a recherché des éléments historiques progressistes. Nous étions de quelques rendez-vous-rencontres public-artistes. Dès le début, nous avons senti la sympathie de la compagnie pour l'importance des décrets des communeux ; la métaphorisation de ce fait historique était imaginative.<br />Il n'y a rien à dire sur les faits, redonnnés avec persuasion et chaleur. Ce spectacle à une seule personne est très abouti. Nous avons senti aussi le perfectionnisme voulu pour ne pas trahir « l'idée ». La comédienne qui a des qualités vocales certaines, se multiplie en une constellation de personnages. La mise en scène et les régies sont en phase : excellente direction d'acteur (je parle en connaissance de cause, suite à ma longue pratique de théâtre amateur au contact des pros), éclairage intelligent, voix off qui viennent à propos, dispositif scénique fait de palissades, sur lesquelles on appose les fameuses affiches, si reconnaissables en leur typographie.<br />Un spectacle dit « de petites formes », mais qui est grand dans son aboutissement. Je souhaite longue vie à ce travail théâtral.</p> <p><strong>A-t-il suscité de l'émotion en vous&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr ! Je suis obligé de penser à l'issue fatale de la Semaine sanglante, aux saloperies politiciennes du « monocle », Adolphe Thiers, et à la sauvagerie de l'armée versaillaise, qui n'a pas été si efficace contre les Prussiens, à la peur des bourgeois, à la censure institutionnelle de l'Etat, après cet espoir de révolution sociale universelle. J'ai été ému par la prestation de la jeune comédienne qui nous offre une belle étendue de ses possibilités artistiques. C'est important que ce soit une femme qui joue tous les rôles, car les communeux, sans penser à leur donner le droit de vote, les ont écouté, ont favorisé leurs expressions dans les clubs, ont proposé des mesures encore à prendre aujourd'hui, ont lutté contre la prostitution... Bravo !</p> <p><strong>Selon vous, quel impact ce type de spectacle peut avoir sur le public&nbsp;? Est-il un vecteur intéressant pour communiquer sur la Commune&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr, il ya longtemps que l'utopie de faire descendre le peuple dans la rue après un spectacle de théâtre est illusoire, mais ce spectacle peut amener les gens à rechercher des connaissances, de l'intérêt sur ce moment court, mais intense de l'Histoire.<br />J'espère qu'il sera accepté par la hiérarchie de l'Education nationale et qu'il suscitera des questions aux jeunes générations. Oui, il faut que les jeunes voient ce spectacle, et pas seulement les nostalgiques de 1936, de la Résistance et de son programme (mémoire qu'il ne faut pas occulter non plus).</p> <p><strong>Le recommanderiez-vous&nbsp;? En recommanderiez-vous d'autres&nbsp;?</strong></p> <p>Bien sûr ! <br />J'ai déjà rédigé une chronique pour l'hebdomaire départemental du PCF (**) du Cher. J'en ai parlé, avec le même enthousiasme que pour l'écriture de ses lignes, sur les ondes d'une radio locale du Cher : Radio Résonance 96.9 mhz. Je pratique aussi le bouche à oreille.<br />Autres spectacles :<br />- groupe, une chanson pour mémoire : la lice chansonnière (spectacle sur Eugène Pottier, voir article dans n°68 de La Commune, bulletin des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871 ; 4e trimestre 2016)<br />- théâtre d'ici et d'ailleurs : spectacle Louises Coquelicots (sur Louise Michel)<br />- spectacle mis en scène par Vincent Farasse : Métropole, édité chez Actes sud papier en 2017 (chronique à paraître dans le n° 71 de La Commune, parution septembre 2017).</p> <p><strong>Quels sont les prochains événements que votre comité organisera et comment peut-on rejoindre l'association ?</strong></p> <p>- Fête du PCF : Orval (18) le dimanche 27 août : Rimbaud, ardenais, communard et symbole de la jeunesse.<br />- Les 15, 16 et 17 septembre : Fête de l'Humanité à La Courneuve : les éditions JPS seront présentes ainsi que le stand national.<br />- Mercredi 20 septembre : La Châtre (36): Séverine (conférence spectacle).<br />- Vendredi 6 octobre : Saint-Amand-Montrond (18): Séverine.<br />- Dimanche 22 octobre : présence aux automnales du livre à Sagonne (18).<br />- Samedi 18 novembre : bibliothèque d'Orval : les femmes de la Commune.<br />- Dimanche 19 novembre : Henrichemont (18) : présence au salon du livre.<br />- Fin décembre : 102e anniversaire de la mort d'Edouard Vaillant: cimetière de la ville de Vierzon.<br />D'autres dates de conférences sont prévues, ainsi que des réunions statutaires.</p> <p>Pour rejoindre l'association : Association des Amies et Amis de la Commune de Paris-1871, 46, rue des 5 diamants 75013 Paris. Tél : : 01 45 81 60 54. Courriel : <a href="mailto:amis@commune1871.org.">amis@commune1871.org.</a> Site Internet: <a href="http://commune1871.org/">http://commune1871.org/</a></p> <p>Autre site intéressant à consulter : <a href="https://vaillantitude.blogsport.fr">https://vaillantitude.blogsport.fr</a></p> La Commune : à la vie, à la scène ! 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/4-la-commune-a-la-vie-a-la-scene/355-lacommunealaviealascene Super User <p><strong><em><span style="color: #000000;"></span></em>«&nbsp;Des fois, je me demande ce qui nous manque, à nous, pour nous soulever encore...&nbsp;» Laëtitia Fourrichon, comédienne, compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»</strong></p> <p><strong>«&nbsp;'Faut couper la télévision.&nbsp;» Anthony Jeanjean, régisseur, concepteur lumières, compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»</strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">E</span>lle gît au sol, enveloppée d'une lumière rouge sang. Mais elle n'est pas morte. Non. La preuve&nbsp;: lorsque cessent les battements de son coeur, ce sont les miens que j'entends. Fort. Ils <a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_Commune_2.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Léti, comédienne de la compagnie &quot;Oh ! za'rts etc...&quot; (photo : Xavière Mettery)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_Commune_2.jpeg" alt="Léti Commune 2" width="320" height="213" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>prennent le relais... Et c'est ainsi que vit depuis près de 150 ans l'esprit de la Commune de Paris&nbsp;: dans le coeur de ceux qui croient que se révolter est nécessaire. Elle vit dans le coeur de Léti, allongée sur la scène et de celui de Tony, l'illuminant avec un projecteur rouge. Tous deux forment la compagnie de théâtre «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;», basée à Henrichemont, et ont choisi la Commune de Paris comme sujet de leur nouveau spectacle&nbsp;:<em> J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>. Edifiant.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>Une période historique méconnue.</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Sans doute, est-ce un hasard, mais… Le spectacle est né au temps des cerises. D'abord, quand on peut les déguster directement dans l'arbre&nbsp;: en cet été 2015, c'est un livre qu'Anthony Jeanjean – surnommé Tony – dévore&nbsp;: <em>Mémoires</em>, de Louise Michel. La vie de cette militante anarchiste et féministe, très active durant la Commune de Paris en 1871, l'émeut (lire aussi (Re)visiter). Il en parle à sa partenaire, dans la vie et sur scène, Laëtitia Fourrichon – surnommée Léti. Ils tombent d'accord&nbsp;: il faut faire un spectacle sur cette période historique méconnue. Pire, tue.<br />Un an plus tard, à l'époque où mûrissent les cerises, la compagnie organise une première lecture publique à Achères.<br />Une année de plus, à quelques jours de la date anniversaire de la Semaine sanglante, le mardi 16 mai 2017, me voici à Germigny-l'Exempt, pour la dernière résidence de création du spectacle, avant sa présentation officielle aux programmateurs.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <h3>Un spectacle né au fil des résidences</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Dans la cour du Luisant, le camion estampillé «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;» vient d'être vidé&nbsp;: costumes, décors, matériel pour la lumière et le son… Tout le monde participe&nbsp;: le régisseur, la comédienne, la metteur en scène… <a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Camion.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Dans la cour du Luisant, à Germigny-l'Exempt." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Camion.jpg" alt="Camion" width="500" height="375" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A l'extérieur de la salle, il fait très chaud&nbsp;; le ciel est blanc et fait plisser les yeux. A l'intérieur, le noir est quasi absolu&nbsp;; l'air est frais. La jauge de la salle, de 115 places, lui confère une atmosphère presqu'intime. Une petite bulle idéale pour installer un univers et y vivre pendant cinq jours, en toute liberté. La compagnie travaille, mange et dort sur place. <em>«&nbsp;L'intérêt d'une résidence, c'est de se couper de son quotidien pour être plus efficace&nbsp;»</em>, explique Léti. A Henrichemont, la compagnie bénéficie bien d'un local. Mais c'est au fil des résidences qu'elle a monté le spectacle sur la Commune&nbsp;: à La Chapelotte, Neuilly-en-Sancerre, Pessac, Saint-Amand-Montrond, Germigny-l'Exempt… A chaque fois, le public était invité à une restitution du travail effectué durant la semaine et pouvait donner son avis. Des échanges riches, souvent encourageants.<br />Le premier jour de la résidence, chacun prend ses marques&nbsp;: textes, placements, éclairages, bande-son… Viennent ensuite les séances plus détaillées de jeu d'acteur, les répétitions de certains passages, les filages. Parfois, les idées fusent, leur mise en œuvre est une évidence. D'autres fois, il faut s'arrêter, discuter longtemps, laisser mûrir la réflexion avant de faire un choix.</p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <h3>La Commune est devenue une allégorie</h3> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <p>Car sur scène, tout fait sens.<em> «&nbsp;Comment représenter les milliers de personnes qui ont participé à la Commune avec une seule comédienne&nbsp;?&nbsp;»</em> C'est la première question à laquelle s'est confrontée l'équipe. L'écriture y répond partiellement&nbsp;: sous la plume de l'auteure, Xavière Mettery, la Commune est devenue une allégorie que Leti personnifie. La mise en scène apporte d'autres éléments de réponse&nbsp;: les Parisiens sont symbolisés par des vêtements, que la Commune déplace, endosse, embrasse, repousse, place en tas lorsqu'il s'agit de monter des barricades…<br />Une idée de Véronique Chabarot, metteur en scène installée à Bourges. Egalement comédienne, elle utilise déjà ce procédé dans son propre spectacle <em>Aux armes, Marguerite&nbsp;!</em>, qui parle de la place des femmes durant la Première Guerre mondiale. <em>«&nbsp;J'ai beaucoup travaillé dans le milieu de la danse. Les vêtements donnent du mouvement,</em> explique-t-elle.<em> Les tas sont comme des balises qui structurent l'espace et le récit. Ils se font et se défont selon les événements.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_échaffaudage.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les décors évoquent palissades et barricades. Ils bougent pour donner du mouvement à la pièce." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_échaffaudage.jpg" alt="Léti échaffaudage" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Autre moyen de créer du mouvement&nbsp;: un échaffaudage et deux palissades en bois, sur roulettes, que Léti déplace régulièrement&nbsp;; elle y placarde aussi les affichettes – moyen de communication essentiel – qui recouvraient les murs du Paris de la Commune.<em> «&nbsp;Ce sont des images vues, des photographies de la Commune, qui m'ont inspiré,</em> précise Véronique Chabarot. <em>C'est ma spécificité&nbsp;: j'ai des images dans la tête, je cherche ensuite quoi mettre dedans.&nbsp;»</em> <br />Enfin, dans un coin sombre, une vieille télévision. Ce sont surtout son faisceau lumineux et les sons qui en sortent que le public perçoit. <em>«&nbsp;Elle ancre le spectacle dans notre époque contemporaine. Il y a une actualité dans le discours politique, dans le message… Le but est de montrer que les idées de la Commune vivent toujours.&nbsp;»</em> Idem pour la musique&nbsp;: <em>«&nbsp;Elle est contemporaine, avec des sons électro, même si elle a aussi des accents classiques.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <h3>Recyclage sonore pour la bande-son</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></span></p> <p>La partie sonore a été confiée à Antoine Quenet-Renaud, musicien et compositeur qui vit à Nantes.<em> «&nbsp;J'ai rencontré Tony et Léti en tournée</em>, me raconte-t-il par téléphone.<em> Ils étaient fans d'un groupe dans lequel je jouais. Ils m'ont proposé un essai pour le spectacle&nbsp;; c'était en septembre 2016.&nbsp;</em>»<br />Il établit un cahier des charges pour chaque morceau&nbsp;: temps, images, type d'instruments…<em> «&nbsp;C'est ma méthode de travail habituelle, sinon il peut y avoir des problèmes de communication, de vocabulaire. Je n'ai pas toujours affaire à des personnes qui connaissent le langage musical. Ça m'évite de chercher dans le vent.&nbsp;»</em> La compagnie lui confie son texte et les premières musiques utilisées en attendant la vraie bande-son. <em>«&nbsp;Ça me donne une idée des intentions.&nbsp;»</em><br />Connaissait-il l'histoire de la Commune&nbsp;?<em> «&nbsp;Pas vraiment. J'ai lu les bandes dessinées de Tardy, j'ai regardé des documentaires… ça m'a inspiré pour les objets car je compose en bricolage ou recyclage sonore&nbsp;: j'utilise des objets du quotidien, de l'époque.&nbsp;»</em> Ici, des bottes, des rateaux, des sabots de chevaux, par exemple. <em>«&nbsp;Ils sont transformés avec des effets, donc ne sont pas forcément reconnaissables, mais ils contribuent à l'ambiance.&nbsp;»</em></p> <p>Piste par piste, il enregistre lui-même tous les sons et tous les instruments&nbsp;: piano, contrebasse, guitare, violon, percussions… <em>«&nbsp;C'est une technique qui se rapproche du pointillisme en peinture&nbsp;: j'enregistre des milliers de notes avec des intentions différentes, sur chaque instrument, puis je les monte. Je ne veux pas utiliser de synthé midi, je ne trouve pas ça bon. Et je n'ai ni le temps ni les moyens pour autant de musiciens.&nbsp;»</em> L'ensemble donne une couleur reconnaissable. Une identité.<br />Mais qu'est-ce que la bande-son apporte au spectacle de la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»&nbsp;? <em>«&nbsp;Elle asseoit une émotion ou elle crée un paysage sonore ou elle illustre un événement.&nbsp;»</em> Le compositeur demande-t-il à voir un filage final avant d'accepter que son nom figure sur l'affiche&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, je leur fais confiance. L'important, c'est aussi la rencontre humaine. C'est comme ça que je fais mes choix. Mais je dois venir en octobre à Henrichemont&nbsp;; j'ai hâte de voir le résultat.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Léti.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Tony conçoit les effets de lumière." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Léti.jpg" alt="Tony et Léti" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>La lumière, partie intégrante du spectacle</h3> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <p>A Germigny-l'Exempt, le «&nbsp;résultat&nbsp;» s'affine. Tony se souvient des étapes pour en arriver là&nbsp;: les dizaines de lectures pour se documenter sur la Commune, le choix des textes pour constituer une trame, la réécriture en collaboration avec Xavière Mettery, les débuts de la mise en scène avec Véronique Chabarot… Et la création des lumières&nbsp;? Car dans la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;», il ne s'agit pas simplement d'éclairer au sens premier du terme, mais bien, là aussi, de faire sens,<em> «&nbsp;de révéler des éléments que le texte ne dit pas&nbsp;»</em>.<em> «&nbsp;Tony n'est pas qu'un technicien. Il participe pleinement à la création des spectacles&nbsp;»</em>, souligne Léti. <br /><em>«&nbsp;A la lecture des textes, il me vient des idées, mais elles peuvent changer selon la mise en scène,</em> explique-t-il. <em>J'assiste aux séances de travail de Léti, je prends des notes, fais des croquis…&nbsp;Je m'appuie aussi sur la musique.&nbsp;»</em> Pour ce spectacle, il s'est imposé une contrainte&nbsp;: <em>«&nbsp;pas de projecteur de face&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Il est traditionnellement utilisé pour éclairer le visage de l'acteur ou tout le plateau. Ici, le plateau n'est éclairé que latéralement.&nbsp;»</em> L'objectif&nbsp;? Faire sentir au public que la Commune est <em>«&nbsp;dans sa tête&nbsp;»</em>&nbsp;: elle revit les événements de 1871, elle se souvient, se parle à elle-même. La lumière exprime ainsi ses états d'âme.</p> <p>Un travail remarquable. D'autant plus que Tony est autodidacte. Il voulait devenir architecte-paysagiste. Ses relations avec l'Education nationale en ont décidé autrement…<em> «&nbsp;J'étais dans un lycée agricole à Bourges. J'ai arrêté au milieu de la Première et je n'ai jamais repris. Je n'ai jamais été en adéquation avec le système scolaire. C'est juste honteux&nbsp;: il te met tout de suite de côté quand ça ne va pas. Tout ce que j'ai appris, je l'ai appris en autodidacte. J'ai toujours aimé apprendre.&nbsp;»</em><br />Pas question de rester les bras croisés&nbsp;: il travaille dans une exploitation forestière, dans les vignes… avant de rencontrer Léti, au Printemps de Bourges. Elle fait du théâtre depuis six ans et s'apprête à s'installer à Besançon, pour suivre une formation en arts du spectacle. Il la suit. <em>«&nbsp;J'ai vu une annonce d'un théâtre qui cherchait un régisseur à former. J'ai été pris. C'est là que j'ai appris mon métier.&nbsp;»</em> Pendant deux ans, un vieux technicien lui transmet tout son savoir et sa passion. <em>«&nbsp;Ma plus petite semaine&nbsp;? 70 heures. La plus grosse&nbsp;? 120&nbsp;! Je n'avais plus aucune vie sociale. Mais c'était une formation formidable&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <h3>Des électrons pour plus de possibles</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p>Une fois la Licence de Léti en poche, le couple part sur les routes pendant trois ans. Il fait les saisons, <em>«&nbsp;en restauration, au chaud, l'hiver&nbsp;»</em>, dans les vergers l'été. <em>«&nbsp;C'est là que j'ai pris conscience du plaisir de ne pas vraiment avoir de patron. On avait la liberté de partir ou de rester. Si je devais redevenir salarié… je ne sais pas comment je ferais&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Un jour d'été, en Ardèche, bullant dans un hamac, une discussion sur le théâtre&nbsp;:<em> «&nbsp;Ça ne te manque pas&nbsp;?&nbsp;»</em> Si. Retour dans le Berry natal en décembre 2010 pour faire naître la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;». <em>«&nbsp;C'était plutôt logique de revenir chez nous, la plupart des amis de Besançon étaient partis,</em> se souvient Léti. <em>C'était aussi une évidence de le faire tous les deux. Aujourd'hui encore, le noyau, c'est nous deux. Les autres intervenants sont des électrons. Ça nous permet de ne pas travailler toujours avec les mêmes artistes, ça laisse ouverts les possibles.&nbsp;»</em> Lors de son dernier spectacle par exemple, <em>Du Vian dans les toiles</em>, la compagnie s'était enrichie d'un musicien et d'un graffeur.</p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________</span></p> <h3>« Vivre vraiment le moment présent »</h3> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________</span></p> <p>Je n'ai pas connu «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;» à ses débuts mais à son second spectacle, <em>Deux mots&nbsp;!</em> de Philippe Dorin. C'était en 2014. Léti y était déjà seule en scène. En trois ans, son jeu a considérablement évolué. Son interprétation décalée des <em>Fourmis</em> de Boris Vian, en 2016, m'avait déjà fait monter les larmes aux yeux. Celle de la Commune me fait frissonner jusqu'à la moelle. <em>«&nbsp;J'ai souhaité emmener Léti dans un registre où elle n'est jamais allée,</em> explique la metteur en scène. <em>A 30 ans, elle doit interpréter un personnage qui en a 145. Il faut lui faire jouer une certaine maturité.&nbsp;»</em><br />Léti reconnaît avoir beaucoup appris durant la création du spectacle. <em>«&nbsp;Véro est très douce. Elle a été assez brusquée en tant que comédienne, elle ne veut pas reproduire ça. Je me retrouve bien dans sa méthode.&nbsp;»</em> Une méthode qui consiste à proposer plutôt qu'ordonner, qui encourage le lâcher prise et la spontanéité, plutôt que la répétition pour de simples réflexes. <em>«&nbsp;Vivre vraiment le moment présent et s'écouter,</em> résume Léti.<em> Véro dit&nbsp;: ne freine pas tes élans. C'est complètement nouveau pour moi.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Véro.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Véronique Chabarot, metteur en scène, et Tony, durant un filage." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Véro.jpg" alt="Tony et Véro" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Le texte est dense. A-t-elle peiné à le mémoriser&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, ça, ce n'est pas difficile du tout pour moi. Par contre, je suis une traqueuse, même en résidence. Avant le spectacle, je me dis&nbsp;: «&nbsp;J'veux pas y aller&nbsp;!&nbsp;» et j'imagine tout ce qui ferait que ce ne serait pas possible&nbsp;! Mais une fois sur scène, ça passe comme un éclair et quand c'est fini, je me sens triste...&nbsp;»</em><br />Sur quelles scènes aimerait-elle jouer ce spectacle&nbsp;? <em>«&nbsp;En milieu rural, comme ici au Luisant. Il y a un énorme boulot à faire. Et aussi en collège et en lycée parce que la Commune, c'est le dernier chapitre de la 4e et qu'il n'y a que trois heures accordées à la période 1800-1900… Pourtant, c'est terriblement d'actualité&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <h3>L'engagement politique, marque de la compagnie ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <p>La première pièce de la compagnie, <em>Passagères</em> de Daniel Besnehard, évoquait la déportation en Union soviétique&nbsp;; <em>Deux mots&nbsp;!</em> de Philippe Dorin, une certaine misère sociale&nbsp;; <em>Du Vian dans les toiles</em>, l'absurdité de la guerre, entre autres&nbsp;;<em> J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>, la tyrannie, les luttes sociales… La politique, fil conducteur de tous les spectacles&nbsp;? <em>«&nbsp;C'est vrai, on fait de la politique. Mais au départ, ce n'était pas conscient,</em> assure Tony.<em> Il se trouve qu'on a de plus en plus envie de parler de certains sujets.&nbsp;»</em> Pour Léti, <em>«&nbsp;il y aura toujours une forme d'engagement&nbsp;»</em> mais il ne s'agit pas de se coller une étiquette,<em> «&nbsp;de s'enfermer dans un certain théâtre&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;L'important, c'est de pousser les gens à la réflexion personnelle. J'espère que le spectacle leur donnera envie de creuser le sujet.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichettes.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les affichettes, moyen de communication essentiel du Paris de la Commune." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichettes.jpg" alt="affichettes" width="375" height="500" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Pour eux, que reste-t-il de la Commune&nbsp;? <em>«&nbsp;Toutes les lois sociales qu'on a aujourd'hui et qu'on a resservies au peuple au compte-gouttes,</em> répond Tony.<em> Ils en avaient eu l'idée à l'époque&nbsp;: les conditions de travail, le statut des femmes, les coopératives ouvrières, la démocratisation de l'expression citoyenne… La Commune, c'est aussi l'origine de l'anarchisme.&nbsp;»</em> Il souhaite que le public retienne surtout <em>«&nbsp;l'espoir&nbsp;»</em>&nbsp;: <em>«&nbsp;Il faut se rappeler que ça s'est bien passé en France, mais qu'on l'a complètement occulté. On ne va pas nous en parler puisque c'est notre gouvernement qui écrase son propre peuple. Il faut que les gens prennent conscience que ça s'est passé, qu'on a toujours les mêmes dirigeants, sauf que maintenant, ils n'envoient pas l'armée, ils balancent le 49.3&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Le spectacle ne fait pas l'apologie de la Commune. Il sait aussi montrer ses failles. <em>«&nbsp;On a loupé un truc mais il faut se servir de ce qu'ils ont fait pour recommencer et réussir.&nbsp;»</em> Pour Xavière Mettery, <em>«&nbsp;il va falloir qu'on en parle, qu'on en parle plus. Parce que je pense qu'il va falloir qu'on recommence. Le fond de la lutte est toujours d'actualité&nbsp;»</em>.<br />Dans un silence, Léti s'interroge à voix haute&nbsp;: <em>«&nbsp;Des fois, je me demande ce qui nous manque, à nous, pour nous soulever encore...&nbsp;»</em> Réponse sans hésitation de Toni&nbsp;: <em>«&nbsp;'Faut couper la télé&nbsp;»</em>. Bonne idée, on prendra le temps d'aller au théâtre… (*)</p> <p><strong><em>J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>&nbsp;: écriture Xavière Mettery&nbsp;; jeu Laëtitia Fourrichon&nbsp;; mise en scène Véronique Chabarot&nbsp;; lumière et scénographie Anthony Jeanjean&nbsp;; création sonore Antoine Quenet-Renaud&nbsp;; costumes Carole Moreau&nbsp;; voix off Véronique Chabarot, Julien Girard, Anthony Jeanjean, Yolande Jeanjean, Xavière Mettery, Bryan Polach&nbsp;; visuel Yann Millet (Lynx communication).</strong></p> <p><br /><span style="font-size: 8pt;"><em>(*) Prochaine résidence de la compagnie à Henrichemont du 2 au 6 octobre 2017.</em></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Contacts</h3> </div> <br /> <ul> <li>Compagnie Oh ! z'arts etc... : <a href="https://www.ohzartsetc.fr">https://www.ohzartsetc.fr</a></li> <li>Aux armes, Marguerite&nbsp;!&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.ohzartsetc.fr/spectacles/co-prod-aux-armes-marguerite/">https://www.ohzartsetc.fr/spectacles/co-prod-aux-armes-marguerite/</a></li> <li>Antoine Quenet-Renaud, compositeur et musicien&nbsp;: <a href="http://fairedestrucs.com">http://fairedestrucs.com</a></li> <li> <p>Salle de spectacle le Luisant&nbsp;: <a href="https://www.leluisant.fr/">https://www.leluisant.fr/</a></p> </li> </ul> </div> <p><strong><em><span style="color: #000000;"></span></em>«&nbsp;Des fois, je me demande ce qui nous manque, à nous, pour nous soulever encore...&nbsp;» Laëtitia Fourrichon, comédienne, compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»</strong></p> <p><strong>«&nbsp;'Faut couper la télévision.&nbsp;» Anthony Jeanjean, régisseur, concepteur lumières, compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»</strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">E</span>lle gît au sol, enveloppée d'une lumière rouge sang. Mais elle n'est pas morte. Non. La preuve&nbsp;: lorsque cessent les battements de son coeur, ce sont les miens que j'entends. Fort. Ils <a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_Commune_2.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Léti, comédienne de la compagnie &quot;Oh ! za'rts etc...&quot; (photo : Xavière Mettery)" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_Commune_2.jpeg" alt="Léti Commune 2" width="320" height="213" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>prennent le relais... Et c'est ainsi que vit depuis près de 150 ans l'esprit de la Commune de Paris&nbsp;: dans le coeur de ceux qui croient que se révolter est nécessaire. Elle vit dans le coeur de Léti, allongée sur la scène et de celui de Tony, l'illuminant avec un projecteur rouge. Tous deux forment la compagnie de théâtre «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;», basée à Henrichemont, et ont choisi la Commune de Paris comme sujet de leur nouveau spectacle&nbsp;:<em> J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>. Edifiant.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>Une période historique méconnue.</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Sans doute, est-ce un hasard, mais… Le spectacle est né au temps des cerises. D'abord, quand on peut les déguster directement dans l'arbre&nbsp;: en cet été 2015, c'est un livre qu'Anthony Jeanjean – surnommé Tony – dévore&nbsp;: <em>Mémoires</em>, de Louise Michel. La vie de cette militante anarchiste et féministe, très active durant la Commune de Paris en 1871, l'émeut (lire aussi (Re)visiter). Il en parle à sa partenaire, dans la vie et sur scène, Laëtitia Fourrichon – surnommée Léti. Ils tombent d'accord&nbsp;: il faut faire un spectacle sur cette période historique méconnue. Pire, tue.<br />Un an plus tard, à l'époque où mûrissent les cerises, la compagnie organise une première lecture publique à Achères.<br />Une année de plus, à quelques jours de la date anniversaire de la Semaine sanglante, le mardi 16 mai 2017, me voici à Germigny-l'Exempt, pour la dernière résidence de création du spectacle, avant sa présentation officielle aux programmateurs.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <h3>Un spectacle né au fil des résidences</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Dans la cour du Luisant, le camion estampillé «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;» vient d'être vidé&nbsp;: costumes, décors, matériel pour la lumière et le son… Tout le monde participe&nbsp;: le régisseur, la comédienne, la metteur en scène… <a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Camion.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Dans la cour du Luisant, à Germigny-l'Exempt." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Camion.jpg" alt="Camion" width="500" height="375" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A l'extérieur de la salle, il fait très chaud&nbsp;; le ciel est blanc et fait plisser les yeux. A l'intérieur, le noir est quasi absolu&nbsp;; l'air est frais. La jauge de la salle, de 115 places, lui confère une atmosphère presqu'intime. Une petite bulle idéale pour installer un univers et y vivre pendant cinq jours, en toute liberté. La compagnie travaille, mange et dort sur place. <em>«&nbsp;L'intérêt d'une résidence, c'est de se couper de son quotidien pour être plus efficace&nbsp;»</em>, explique Léti. A Henrichemont, la compagnie bénéficie bien d'un local. Mais c'est au fil des résidences qu'elle a monté le spectacle sur la Commune&nbsp;: à La Chapelotte, Neuilly-en-Sancerre, Pessac, Saint-Amand-Montrond, Germigny-l'Exempt… A chaque fois, le public était invité à une restitution du travail effectué durant la semaine et pouvait donner son avis. Des échanges riches, souvent encourageants.<br />Le premier jour de la résidence, chacun prend ses marques&nbsp;: textes, placements, éclairages, bande-son… Viennent ensuite les séances plus détaillées de jeu d'acteur, les répétitions de certains passages, les filages. Parfois, les idées fusent, leur mise en œuvre est une évidence. D'autres fois, il faut s'arrêter, discuter longtemps, laisser mûrir la réflexion avant de faire un choix.</p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <h3>La Commune est devenue une allégorie</h3> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <p>Car sur scène, tout fait sens.<em> «&nbsp;Comment représenter les milliers de personnes qui ont participé à la Commune avec une seule comédienne&nbsp;?&nbsp;»</em> C'est la première question à laquelle s'est confrontée l'équipe. L'écriture y répond partiellement&nbsp;: sous la plume de l'auteure, Xavière Mettery, la Commune est devenue une allégorie que Leti personnifie. La mise en scène apporte d'autres éléments de réponse&nbsp;: les Parisiens sont symbolisés par des vêtements, que la Commune déplace, endosse, embrasse, repousse, place en tas lorsqu'il s'agit de monter des barricades…<br />Une idée de Véronique Chabarot, metteur en scène installée à Bourges. Egalement comédienne, elle utilise déjà ce procédé dans son propre spectacle <em>Aux armes, Marguerite&nbsp;!</em>, qui parle de la place des femmes durant la Première Guerre mondiale. <em>«&nbsp;J'ai beaucoup travaillé dans le milieu de la danse. Les vêtements donnent du mouvement,</em> explique-t-elle.<em> Les tas sont comme des balises qui structurent l'espace et le récit. Ils se font et se défont selon les événements.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_échaffaudage.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les décors évoquent palissades et barricades. Ils bougent pour donner du mouvement à la pièce." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Léti_échaffaudage.jpg" alt="Léti échaffaudage" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Autre moyen de créer du mouvement&nbsp;: un échaffaudage et deux palissades en bois, sur roulettes, que Léti déplace régulièrement&nbsp;; elle y placarde aussi les affichettes – moyen de communication essentiel – qui recouvraient les murs du Paris de la Commune.<em> «&nbsp;Ce sont des images vues, des photographies de la Commune, qui m'ont inspiré,</em> précise Véronique Chabarot. <em>C'est ma spécificité&nbsp;: j'ai des images dans la tête, je cherche ensuite quoi mettre dedans.&nbsp;»</em> <br />Enfin, dans un coin sombre, une vieille télévision. Ce sont surtout son faisceau lumineux et les sons qui en sortent que le public perçoit. <em>«&nbsp;Elle ancre le spectacle dans notre époque contemporaine. Il y a une actualité dans le discours politique, dans le message… Le but est de montrer que les idées de la Commune vivent toujours.&nbsp;»</em> Idem pour la musique&nbsp;: <em>«&nbsp;Elle est contemporaine, avec des sons électro, même si elle a aussi des accents classiques.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <h3>Recyclage sonore pour la bande-son</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></span></p> <p>La partie sonore a été confiée à Antoine Quenet-Renaud, musicien et compositeur qui vit à Nantes.<em> «&nbsp;J'ai rencontré Tony et Léti en tournée</em>, me raconte-t-il par téléphone.<em> Ils étaient fans d'un groupe dans lequel je jouais. Ils m'ont proposé un essai pour le spectacle&nbsp;; c'était en septembre 2016.&nbsp;</em>»<br />Il établit un cahier des charges pour chaque morceau&nbsp;: temps, images, type d'instruments…<em> «&nbsp;C'est ma méthode de travail habituelle, sinon il peut y avoir des problèmes de communication, de vocabulaire. Je n'ai pas toujours affaire à des personnes qui connaissent le langage musical. Ça m'évite de chercher dans le vent.&nbsp;»</em> La compagnie lui confie son texte et les premières musiques utilisées en attendant la vraie bande-son. <em>«&nbsp;Ça me donne une idée des intentions.&nbsp;»</em><br />Connaissait-il l'histoire de la Commune&nbsp;?<em> «&nbsp;Pas vraiment. J'ai lu les bandes dessinées de Tardy, j'ai regardé des documentaires… ça m'a inspiré pour les objets car je compose en bricolage ou recyclage sonore&nbsp;: j'utilise des objets du quotidien, de l'époque.&nbsp;»</em> Ici, des bottes, des rateaux, des sabots de chevaux, par exemple. <em>«&nbsp;Ils sont transformés avec des effets, donc ne sont pas forcément reconnaissables, mais ils contribuent à l'ambiance.&nbsp;»</em></p> <p>Piste par piste, il enregistre lui-même tous les sons et tous les instruments&nbsp;: piano, contrebasse, guitare, violon, percussions… <em>«&nbsp;C'est une technique qui se rapproche du pointillisme en peinture&nbsp;: j'enregistre des milliers de notes avec des intentions différentes, sur chaque instrument, puis je les monte. Je ne veux pas utiliser de synthé midi, je ne trouve pas ça bon. Et je n'ai ni le temps ni les moyens pour autant de musiciens.&nbsp;»</em> L'ensemble donne une couleur reconnaissable. Une identité.<br />Mais qu'est-ce que la bande-son apporte au spectacle de la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;»&nbsp;? <em>«&nbsp;Elle asseoit une émotion ou elle crée un paysage sonore ou elle illustre un événement.&nbsp;»</em> Le compositeur demande-t-il à voir un filage final avant d'accepter que son nom figure sur l'affiche&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, je leur fais confiance. L'important, c'est aussi la rencontre humaine. C'est comme ça que je fais mes choix. Mais je dois venir en octobre à Henrichemont&nbsp;; j'ai hâte de voir le résultat.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Léti.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Tony conçoit les effets de lumière." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Léti.jpg" alt="Tony et Léti" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>La lumière, partie intégrante du spectacle</h3> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <p>A Germigny-l'Exempt, le «&nbsp;résultat&nbsp;» s'affine. Tony se souvient des étapes pour en arriver là&nbsp;: les dizaines de lectures pour se documenter sur la Commune, le choix des textes pour constituer une trame, la réécriture en collaboration avec Xavière Mettery, les débuts de la mise en scène avec Véronique Chabarot… Et la création des lumières&nbsp;? Car dans la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;», il ne s'agit pas simplement d'éclairer au sens premier du terme, mais bien, là aussi, de faire sens,<em> «&nbsp;de révéler des éléments que le texte ne dit pas&nbsp;»</em>.<em> «&nbsp;Tony n'est pas qu'un technicien. Il participe pleinement à la création des spectacles&nbsp;»</em>, souligne Léti. <br /><em>«&nbsp;A la lecture des textes, il me vient des idées, mais elles peuvent changer selon la mise en scène,</em> explique-t-il. <em>J'assiste aux séances de travail de Léti, je prends des notes, fais des croquis…&nbsp;Je m'appuie aussi sur la musique.&nbsp;»</em> Pour ce spectacle, il s'est imposé une contrainte&nbsp;: <em>«&nbsp;pas de projecteur de face&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Il est traditionnellement utilisé pour éclairer le visage de l'acteur ou tout le plateau. Ici, le plateau n'est éclairé que latéralement.&nbsp;»</em> L'objectif&nbsp;? Faire sentir au public que la Commune est <em>«&nbsp;dans sa tête&nbsp;»</em>&nbsp;: elle revit les événements de 1871, elle se souvient, se parle à elle-même. La lumière exprime ainsi ses états d'âme.</p> <p>Un travail remarquable. D'autant plus que Tony est autodidacte. Il voulait devenir architecte-paysagiste. Ses relations avec l'Education nationale en ont décidé autrement…<em> «&nbsp;J'étais dans un lycée agricole à Bourges. J'ai arrêté au milieu de la Première et je n'ai jamais repris. Je n'ai jamais été en adéquation avec le système scolaire. C'est juste honteux&nbsp;: il te met tout de suite de côté quand ça ne va pas. Tout ce que j'ai appris, je l'ai appris en autodidacte. J'ai toujours aimé apprendre.&nbsp;»</em><br />Pas question de rester les bras croisés&nbsp;: il travaille dans une exploitation forestière, dans les vignes… avant de rencontrer Léti, au Printemps de Bourges. Elle fait du théâtre depuis six ans et s'apprête à s'installer à Besançon, pour suivre une formation en arts du spectacle. Il la suit. <em>«&nbsp;J'ai vu une annonce d'un théâtre qui cherchait un régisseur à former. J'ai été pris. C'est là que j'ai appris mon métier.&nbsp;»</em> Pendant deux ans, un vieux technicien lui transmet tout son savoir et sa passion. <em>«&nbsp;Ma plus petite semaine&nbsp;? 70 heures. La plus grosse&nbsp;? 120&nbsp;! Je n'avais plus aucune vie sociale. Mais c'était une formation formidable&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <h3>Des électrons pour plus de possibles</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p>Une fois la Licence de Léti en poche, le couple part sur les routes pendant trois ans. Il fait les saisons, <em>«&nbsp;en restauration, au chaud, l'hiver&nbsp;»</em>, dans les vergers l'été. <em>«&nbsp;C'est là que j'ai pris conscience du plaisir de ne pas vraiment avoir de patron. On avait la liberté de partir ou de rester. Si je devais redevenir salarié… je ne sais pas comment je ferais&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Un jour d'été, en Ardèche, bullant dans un hamac, une discussion sur le théâtre&nbsp;:<em> «&nbsp;Ça ne te manque pas&nbsp;?&nbsp;»</em> Si. Retour dans le Berry natal en décembre 2010 pour faire naître la compagnie «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;». <em>«&nbsp;C'était plutôt logique de revenir chez nous, la plupart des amis de Besançon étaient partis,</em> se souvient Léti. <em>C'était aussi une évidence de le faire tous les deux. Aujourd'hui encore, le noyau, c'est nous deux. Les autres intervenants sont des électrons. Ça nous permet de ne pas travailler toujours avec les mêmes artistes, ça laisse ouverts les possibles.&nbsp;»</em> Lors de son dernier spectacle par exemple, <em>Du Vian dans les toiles</em>, la compagnie s'était enrichie d'un musicien et d'un graffeur.</p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________</span></p> <h3>« Vivre vraiment le moment présent »</h3> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________</span></p> <p>Je n'ai pas connu «&nbsp;Oh&nbsp;! z'arts etc...&nbsp;» à ses débuts mais à son second spectacle, <em>Deux mots&nbsp;!</em> de Philippe Dorin. C'était en 2014. Léti y était déjà seule en scène. En trois ans, son jeu a considérablement évolué. Son interprétation décalée des <em>Fourmis</em> de Boris Vian, en 2016, m'avait déjà fait monter les larmes aux yeux. Celle de la Commune me fait frissonner jusqu'à la moelle. <em>«&nbsp;J'ai souhaité emmener Léti dans un registre où elle n'est jamais allée,</em> explique la metteur en scène. <em>A 30 ans, elle doit interpréter un personnage qui en a 145. Il faut lui faire jouer une certaine maturité.&nbsp;»</em><br />Léti reconnaît avoir beaucoup appris durant la création du spectacle. <em>«&nbsp;Véro est très douce. Elle a été assez brusquée en tant que comédienne, elle ne veut pas reproduire ça. Je me retrouve bien dans sa méthode.&nbsp;»</em> Une méthode qui consiste à proposer plutôt qu'ordonner, qui encourage le lâcher prise et la spontanéité, plutôt que la répétition pour de simples réflexes. <em>«&nbsp;Vivre vraiment le moment présent et s'écouter,</em> résume Léti.<em> Véro dit&nbsp;: ne freine pas tes élans. C'est complètement nouveau pour moi.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Véro.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Véronique Chabarot, metteur en scène, et Tony, durant un filage." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/Tony_et_Véro.jpg" alt="Tony et Véro" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Le texte est dense. A-t-elle peiné à le mémoriser&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, ça, ce n'est pas difficile du tout pour moi. Par contre, je suis une traqueuse, même en résidence. Avant le spectacle, je me dis&nbsp;: «&nbsp;J'veux pas y aller&nbsp;!&nbsp;» et j'imagine tout ce qui ferait que ce ne serait pas possible&nbsp;! Mais une fois sur scène, ça passe comme un éclair et quand c'est fini, je me sens triste...&nbsp;»</em><br />Sur quelles scènes aimerait-elle jouer ce spectacle&nbsp;? <em>«&nbsp;En milieu rural, comme ici au Luisant. Il y a un énorme boulot à faire. Et aussi en collège et en lycée parce que la Commune, c'est le dernier chapitre de la 4e et qu'il n'y a que trois heures accordées à la période 1800-1900… Pourtant, c'est terriblement d'actualité&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <h3>L'engagement politique, marque de la compagnie ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________________________</span></p> <p>La première pièce de la compagnie, <em>Passagères</em> de Daniel Besnehard, évoquait la déportation en Union soviétique&nbsp;; <em>Deux mots&nbsp;!</em> de Philippe Dorin, une certaine misère sociale&nbsp;; <em>Du Vian dans les toiles</em>, l'absurdité de la guerre, entre autres&nbsp;;<em> J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>, la tyrannie, les luttes sociales… La politique, fil conducteur de tous les spectacles&nbsp;? <em>«&nbsp;C'est vrai, on fait de la politique. Mais au départ, ce n'était pas conscient,</em> assure Tony.<em> Il se trouve qu'on a de plus en plus envie de parler de certains sujets.&nbsp;»</em> Pour Léti, <em>«&nbsp;il y aura toujours une forme d'engagement&nbsp;»</em> mais il ne s'agit pas de se coller une étiquette,<em> «&nbsp;de s'enfermer dans un certain théâtre&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;L'important, c'est de pousser les gens à la réflexion personnelle. J'espère que le spectacle leur donnera envie de creuser le sujet.&nbsp;»</em></p> <h3><a href="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichettes.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les affichettes, moyen de communication essentiel du Paris de la Commune." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/La_Commune/affichettes.jpg" alt="affichettes" width="375" height="500" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></h3> <p>Pour eux, que reste-t-il de la Commune&nbsp;? <em>«&nbsp;Toutes les lois sociales qu'on a aujourd'hui et qu'on a resservies au peuple au compte-gouttes,</em> répond Tony.<em> Ils en avaient eu l'idée à l'époque&nbsp;: les conditions de travail, le statut des femmes, les coopératives ouvrières, la démocratisation de l'expression citoyenne… La Commune, c'est aussi l'origine de l'anarchisme.&nbsp;»</em> Il souhaite que le public retienne surtout <em>«&nbsp;l'espoir&nbsp;»</em>&nbsp;: <em>«&nbsp;Il faut se rappeler que ça s'est bien passé en France, mais qu'on l'a complètement occulté. On ne va pas nous en parler puisque c'est notre gouvernement qui écrase son propre peuple. Il faut que les gens prennent conscience que ça s'est passé, qu'on a toujours les mêmes dirigeants, sauf que maintenant, ils n'envoient pas l'armée, ils balancent le 49.3&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Le spectacle ne fait pas l'apologie de la Commune. Il sait aussi montrer ses failles. <em>«&nbsp;On a loupé un truc mais il faut se servir de ce qu'ils ont fait pour recommencer et réussir.&nbsp;»</em> Pour Xavière Mettery, <em>«&nbsp;il va falloir qu'on en parle, qu'on en parle plus. Parce que je pense qu'il va falloir qu'on recommence. Le fond de la lutte est toujours d'actualité&nbsp;»</em>.<br />Dans un silence, Léti s'interroge à voix haute&nbsp;: <em>«&nbsp;Des fois, je me demande ce qui nous manque, à nous, pour nous soulever encore...&nbsp;»</em> Réponse sans hésitation de Toni&nbsp;: <em>«&nbsp;'Faut couper la télé&nbsp;»</em>. Bonne idée, on prendra le temps d'aller au théâtre… (*)</p> <p><strong><em>J'ai la couleur des cerises et je ne suis pas morte</em>&nbsp;: écriture Xavière Mettery&nbsp;; jeu Laëtitia Fourrichon&nbsp;; mise en scène Véronique Chabarot&nbsp;; lumière et scénographie Anthony Jeanjean&nbsp;; création sonore Antoine Quenet-Renaud&nbsp;; costumes Carole Moreau&nbsp;; voix off Véronique Chabarot, Julien Girard, Anthony Jeanjean, Yolande Jeanjean, Xavière Mettery, Bryan Polach&nbsp;; visuel Yann Millet (Lynx communication).</strong></p> <p><br /><span style="font-size: 8pt;"><em>(*) Prochaine résidence de la compagnie à Henrichemont du 2 au 6 octobre 2017.</em></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Contacts</h3> </div> <br /> <ul> <li>Compagnie Oh ! z'arts etc... : <a href="https://www.ohzartsetc.fr">https://www.ohzartsetc.fr</a></li> <li>Aux armes, Marguerite&nbsp;!&nbsp;:&nbsp;<a href="https://www.ohzartsetc.fr/spectacles/co-prod-aux-armes-marguerite/">https://www.ohzartsetc.fr/spectacles/co-prod-aux-armes-marguerite/</a></li> <li>Antoine Quenet-Renaud, compositeur et musicien&nbsp;: <a href="http://fairedestrucs.com">http://fairedestrucs.com</a></li> <li> <p>Salle de spectacle le Luisant&nbsp;: <a href="https://www.leluisant.fr/">https://www.leluisant.fr/</a></p> </li> </ul> </div>