# 40 Derrière l'écran de fumée (octobre 2020) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/40derrierelecrandefumee 2023-05-11T19:03:35+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management Quelles filières pour les déchets nucléaires ? 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/40derrierelecrandefumee/645-quellesfilierespourlesdechetsnucleaires Super User <p><strong>Fin septembre, les militant·es anti-nucléaires étaient invité·es à fêter l'abandon du projet de piscine d'entreposage centralisée des déchets à Belleville-sur-Loire, dans le Centre de la France (<em>lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>). Mais celle-ci verra bien le jour, sans doute à La Hague. Quels types de déchets la filière nucléaire produit-elle&nbsp;? Comment sont-ils gérés&nbsp;? Quels sont les enjeux pour les années à venir&nbsp;? </strong></p> <p>&nbsp;</p> <p>La France est le pays le plus nucléarisé au monde (en nombre de réacteurs par habitant). Pour produire son électricité via ses 56 réacteurs, elle se fournit de l'autre côté de la planète&nbsp;: au Niger, au Kazakhstan, en Australie ou encore au Canada. C'est dans ces pays qu'est extrait le minerai d'uranium. Transformé en pâte jaune appelée «&nbsp;yellow cake&nbsp;», il est acheminé par bateau en France. Il est transporté à travers tout le pays, puis transformé plusieurs fois sur différents sites avant d'être utilisé. Il devient alors une poudre placée dans des tubes qui forment les barres de combustible. Un combustible hautement radioactif, acheminé vers les réacteurs, le plus souvent en train ou par camion, dans des containers appelés «&nbsp;châteaux&nbsp;» (les fameux «&nbsp;castors&nbsp;» allemands).<br />Après son utilisation dans les réacteurs des centrales nucléaires, le combustible usé – très chaud car hautement radioactif – doit refroidir sur place confiné dans une «&nbsp;piscine&nbsp;», durant dix-huit mois. Puis, il est à nouveau chargé dans les «&nbsp;châteaux&nbsp;» pour finir à La Hague. Un «&nbsp;traitement&nbsp;» permet de séparer ses différents éléments, et de les traiter selon leur degré de radioactivité et leur durée de vie <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 14pt;">Les différents types de déchets</span><br /></span></strong></span></p> <p>L’Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (ANDRA) estime à plus de 1.620.000 m³ le volume de déchets radioactifs présents sur le territoire français, dont 59 % sont directement issus des centrales nucléaires et des activités de l’industrie électro-nucléaire <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />Mais, ne sont comptabilisés ici qu'une infime partie du problème. Car en France, on distingue les «&nbsp;déchets radioactifs&nbsp;» des «&nbsp;matières radioactives&nbsp;».<br />Selon la définition de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), un déchet radioactif est celui pour lequel <em>«&nbsp;aucune utilisation n'est prévue ou envisagée&nbsp;»</em>. Il peut être classé de «&nbsp;vie très courte&nbsp;» à « vie longue&nbsp;» et, selon ce classement, fait l'objet d'une gestion particulière. Les «&nbsp;matières radioactives&nbsp;» sont aussi issues du fonctionnement des centrales, mais on considère qu' <em>«&nbsp;une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée&nbsp;»</em>. Ce qui reste à prouver.<br />Autre subtilité rhétorique&nbsp;: l'ASN rappelle qu'<em> «&nbsp;il faut distinguer l'entreposage, qui est provisoire, du stockage, qui est une solution définitive de gestion de déchets radioactifs&nbsp;»</em>. Ainsi, les déchets stockés sont ceux qui ne pourront jamais être «&nbsp;recyclés&nbsp;».</p> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quelle gestion ?</span><br /></strong></span></p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de très courte durée de vie&nbsp;», c'est-à-dire qui ne sont pas produits par des Installations Nucléaires de Base (INB) et dont la période radioactive est inférieure à 100 jours, sont entreposés durant quelques jours ou quelques semaines puis <em>«&nbsp;éliminés comme tels dans les circuits conventionnels&nbsp;»</em>. Autrement dit&nbsp;: enfouis ou incinérés. Il peut s'agir par exemple de déchets hospitaliers, issus des activités de diagnostic ou de soins.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/SURVOL-LA-HAGUE-GREENPEACE-11.2011.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La Hague (photo : Greenpeace)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/SURVOL-LA-HAGUE-GREENPEACE-11.2011.jpg" alt="SURVOL LA HAGUE GREENPEACE 11.2011" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de très faible activité&nbsp;» sont issus du démantèlement des installations nucléaires. Ils sont placés dans un centre de stockage de surface situé à Morvilliers, dans l'Aube.</p> <p>Les déchets «&nbsp;de faible et moyenne activité à vie courte&nbsp;» sont issus de l'exploitation et de la maintenance des réacteurs nucléaires, des usines du cycle de combustible, des centres de recherche, des laboratoires universitaires et des hôpitaux. Ils sont stockés en surface, dans des ouvrages bétonnés. Cette filière est opérationnelle depuis les années 1970, après que la France ait renoncé à immerger ces déchets dans l'Atlantique… Dans un premier temps, ils ont été stockés à La Hague puis, le site étant arrivé à saturation, à Soulaines dans l'Aube.</p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de haute activité à vie longue&nbsp;» ne représentent que 0,2&nbsp;% des déchets, mais 96&nbsp;% de la radioactivité totale des déchets. Ils sont conditionnés, généralement coulés dans du verre ou du béton, et entreposés par leurs producteurs, dans l’attente d’un site de stockage définitif. Le site pressenti est CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique pour les déchets) de l’ANDRA, dans la Meuse. À l'état de projet, il fait l'objet d'une forte opposition de la part d'habitant·es, d'élu·es et de militant·es anti-nucléaires <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Que deviennent les matières radioactives&nbsp;?</strong></span></p> <p>La plupart des matières radioactives (censées être revalorisables... un jour peut-être...) sont elles aussi issues de l'exploitation des centrales nucléaires. Il s'agit principalement de combustibles, d’uranium et de plutonium. Elles sont entreposées dans l'attente d'une solution de recyclage, pour l'instant inexistante et hypothétique. Des organisations telles que Greenpeace militent pour qu'elles soient comptabilisées comme des déchets nucléaires, pour davantage de transparence sur leur gestion et leurs coûts.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Des combustibles recyclés&nbsp;?</strong></span></p> <p>Le Mox est partiellement utilisé dans 22 réacteurs, les plus anciens. Il est assemblé dans une usine qui lui est dédiée, «&nbsp;Melox&nbsp;», à Marcoule dans le Gard. Le Mox est un mélange d'oxyde d'uranium et d'oxyde de plutonium, tous deux fabriqués à partir de combustibles usés. Une partie de ces éléments proviennent de Lingen en Allemagne, une autre partie de l'usine de traitement de La Hague dans le nord du Cotentin.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/carte-transports-mox-web-f2008.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le transport du Mox (source : Réseau Sortir du Nucléaire)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/carte-transports-mox-web-f2008.jpg" alt="carte transports mox web f2008" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Problème&nbsp;: il n'existe pas de filière de traitement pour le Mox usé. Il fait partie des 10.000 tonnes de déchets nucléaires qu'EDF souhaite entreposer dans une «&nbsp;piscine&nbsp;» centralisée de onze mètres de profondeur pendant environ cent ans, avant d'être enfouis à CIGÉO. Jusqu'à présent, ces déchets s'entassent à La Hague.</p> <p>Différentes «&nbsp;pistes&nbsp;» de recyclage sont évoquées aujourd'hui par les exploitants et les autorités nucléaires. Elles sont analysées par Greenpeace dans une étude passionnante et très accessible baptisée « À quels prix&nbsp;? Les coûts cachés des déchets nucléaires&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>. Ces solutions seraient de&nbsp;:<br />- continuer à retraiter le combustible usé (autrement dit, à séparer ses éléments, les entreposer puis les stocker). Problème&nbsp;: les installations de La Hague sont vétustes et de plus en plus coûteuses.<br />- enrichir l'uranium de retraitement en Russie&nbsp;: <em>«&nbsp;En réponse à la saturation de la capacité d’entreposage à Pierrelatte (site du Tricastin), EDF a annoncé en 2018 avoir signé un nouveau contrat avec Tenex, entreprise nucléaire russe, pour reprendre les opérations d’enrichissement de l’uranium issu du retraitement et le chargement du combustible dans les réacteurs de Cruas dès 2023 et dans trois réacteurs 1.300 MW dès 2027. »</em><br />- «&nbsp;moxer&nbsp;» les réacteurs de 1.300 MW&nbsp;: une solution toutefois très coûteuse et dont la mise en œuvre prendrait au moins dix ans selon la Cour des Comptes. EDF envisagerait un déploiement possible à partir de 2032.<br />- réenrichir l’uranium appauvri afin de transformer le stock actuel en combustible utilisable dans les réacteurs existants. Une solution jugée possible techniquement par l'ASN, mais pas à une échelle industrielle.<br />- recycler les combustibles Mox usés dans le cadre d'une quatrième génération de réacteurs&nbsp;: une hypothèse évoquée mais<em> «&nbsp;loin d’être envisagée ou envisageable sérieusement aujourd’hui&nbsp;»,</em> selon Greenpeace qui cite un avis de l'ASN.<br />- valoriser les matières radioactives là aussi dans une quatrième génération de réacteurs. Les exploitants doivent encore faire la preuve de la faisabilité technico-économique d'une telle solution.</p> <p>Dans tous les cas, aucune solution ne pourra être rapidement mise en œuvre. Pourtant, cela fait dix ans que l'Autorité de Sûreté Nucléaire enjoint EDF à répondre concrètement au problème. Il y a six mois, elle alertait à nouveau sur un risque de saturation des piscines de La Hague.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Le mythe de Superphénix</strong></span></p> <p>Dans les années 1970, en pleine Guerre Froide, maîtriser le savoir-faire du retraitement des combustibles usés était hautement stratégique, puisque le plutonium était nécessaire pour fabriquer les bombes nucléaires.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/superphénix.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le coeur de Superphénix, en 2015 (photo : http://enygf2015.org)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/superphénix.jpg" alt="superphénix" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a><br />La France s'est alors dotée d'un réacteur à neutrons rapides dit surgénérateur, théoriquement capable de consommer à l'infini les déchets nucléaires. Baptisé «&nbsp;Superphénix&nbsp;», il a été stoppé en 1998 sans avoir jamais fonctionné correctement. Les Américains, les Japonais et les Allemands ont fait de même avec leurs différents projets. Une version plus réduite, expérimentale, (le «&nbsp;Phénix&nbsp;») a toutefois fonctionné de 1973 à 2010 en France. C'est le déploiement à une échelle industrielle qui a semblé poser techniquement problème.</p> <p>Héritier de «&nbsp;Superphénix&nbsp;», le programme du surgénérateur «&nbsp;Astrid&nbsp;» a également été mis en sommeil jusqu'en 2050, a annoncé le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) le 29 août 2019.</p> <p>Pour les militant·es anti-nucléaires, la maîtrise du savoir-faire de retraitement n'a pas seulement été un argument militaire. Elle a surtout été un argument commercial, notamment pour la COGEMA (Compagnie GÉnérale des Matières Radioactives) chargée de vendre à l'international des procédés d'extraction d'uranium, mais aussi des solutions de transport, l'enrichissement et le traitement des matières radioactives <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Les enjeux économiques</strong></span></p> <p>Des associations telles que Sortir du Nucléaire s'inquiètent de la gestion de la filière des déchets (dite «&nbsp;aval&nbsp;»). Elles l'ont dit notamment en 2019, lors du grand débat public organisé à l'occasion de l'élaboration du nouveau Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs (PNGMDR). Ce plan est élaboré dans un cadre réglementaire, notamment la loi du 28 juin 2006, complétée par la directive européenne Euratom du 19 juillet 2011. Il est révisé tous les trois ans et court actuellement jusqu'en 2021 <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>.</p> <p>Les sources d'inquiétude sont multiples&nbsp;: écologiques, sociales mais aussi économiques. En effet, avec 67 milliards de dettes brutes et 10 milliards de dettes hybrides, la filière d'EDF se porte très mal. Elle se trouve de plus en plus en difficulté pour réaliser les investissements nécessaires à la sécurité des sites. Elle fait aussi davantage appel à des sous-traitants, dont les ouvriers sont peu ou mal formés.</p> <p>Comme le rappelle Greenpeace dans son étude, <em>«&nbsp;en juillet 2019, la Cour des Comptes demandait plus de transparence à la filière nucléaire sur la façon dont elle gère les volumes croissants de déchets et de matières radioactives. La Cour pointait notamment l’opacité des chiffres et des hypothèses sur lesquels l’industrie et l’État fondent des décisions essentielles, comme le maintien du retraitement des combustibles à l’usine de La Hague ou le dimensionnement très précis du site de Cigéo&nbsp;»</em>.</p> <p>La distinction entre les «&nbsp;déchets&nbsp;» et les «&nbsp;matières&nbsp;» est un véritable problème. Car elle fausse les données chiffrées et l'analyse des instances décisionnaires. Elle fait croire à une solution qui n'existe pourtant pas. En attendant, la gestion de ces matières n'est pas prise en compte dans les investissements futurs.<em> «&nbsp;Les perspectives de réutilisation proposées par la filière sont trop incertaines, inabouties et lointaines pour pouvoir qualifier de « matières » les stocks existants d’uranium appauvri, d’uranium de retraitement et de combustibles usés&nbsp;»</em>, dénonce ainsi Greenpeace. <em>«&nbsp;En admettant que la filière continue d’explorer ces perspectives, il serait prudent de considérer ces matières comme de futurs déchets pour anticiper le besoin de stockage en conséquence et anticiper le coût additionnel pour les exploitants, notamment pour EDF auquel incombe 73 % de la charge financière des déchets. Cette prudence s’impose d’autant plus que l’État a annoncé vouloir renationaliser le nucléaire et ainsi prendre les coûts du nucléaire à sa charge – c’est-à-dire à la nôtre&nbsp;»</em>, poursuit l'association de défense de l'environnement.</p> <p>Greenpeace a estimé que la gestion de ces «&nbsp;matières&nbsp;», si elle était enfin prise en compte, représenterait un surcoût de 18 millilards d'euros pour EDF. <em>«&nbsp;On comprend bien l’enjeu pour la filière d’éviter à tout prix une requalification des matières en déchets.&nbsp;»</em></p> <p>Si ces «&nbsp;matières&nbsp;» n'étaient finalement pas recyclées, elles devraient être enfouies à CIGÉO. Mais aucun espace n'a été prévu pour elles et l'étude de Greenpeace montre que pour les absorber, c'est un deuxième site de ce type qu'il faudrait envisager…</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 14pt;">Ni à Belleville ni ailleurs</span><br /></span></strong></span></p> <p>La solution intermédiaire à l'enfouissement à 500 mètres sous terre, comme le prévoit le projet CIGÉO, est l'entreposage dans une piscine centralisée.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/imp_3_cartes_postales_La_Hague.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Carte postale : Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/imp_3_cartes_postales_La_Hague.jpg" alt="imp 3 cartes postales La Hague" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Elle était initialement prévue à Belleville-sur-Loire, dans le département du Cher. La position centrale du site et l'emprise foncière restante en faisait des arguments de poids. Mais face à la mobilisation des militant·es anti-nucléaires et, a contrario, à une demande des syndicats de La Hague, le projet a été abandonné. Il verra peut-être le jour dans le nord du Cotentin <span style="font-size: 8pt;">(8)</span>.<br />Les militant·es réuni·es il y a quelques semaines à Saint-Amand-en-Puisaye ont fêté l'abandon du projet dans le Centre de la France, tout en affirmant leur soutien à la population de Normandie, déjà largement impactée par la filière nucléaire. Il·les ont réaffirmé leur volonté de voir stopper les réacteurs, diminuer la consommation d'énergie en France par des modes de vie et de consommation plus respecteux, et développer les alternatives. Pour gérer les déchets existants, certain·es préfèreraient un entreposage à sec. Une solution choisie par la plupart des autres pays nucléarisés <span style="font-size: 8pt;">(9)</span>.</p> <p>Mais finalement, l' «&nbsp;occlusion&nbsp;» des sites ne servirait-elle pas indirectement la cause anti-nucléaire&nbsp;? Elle aurait en tout cas des conséquences irrémédiables sur la filière et pourrait signer, enfin, la faillite définitive tant attendue <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Voir le court film du Réseau Sortir du Nucléaire&nbsp;: «&nbsp;De la mine aux déchets, tou·tes concerné·es&nbsp;»&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ">https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ</a><br />(2) <a href="https://inventaire.andra.fr/les-donnees/les-dechets-radioactifs/dechets-radioactifs-bilan-fin-2018">https://inventaire.andra.fr/les-donnees/les-dechets-radioactifs/dechets-radioactifs-bilan-fin-2018</a><br />(3) <a href="https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/dechets-radioactifs/gestion-stockage-dechets-radioactifs/Pages/2-gestion-dechets-radioactifs-vie-longue.aspx#.X4RzVqZBrEY">https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/dechets-radioactifs/gestion-stockage-dechets-radioactifs/Pages/2-gestion-dechets-radioactifs-vie-longue.aspx#.X4RzVqZBrEY</a><br />(4)&nbsp;: <a href="https://bureburebure.info">https://bureburebure.info</a><br />(5) <a href="https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2019/09/a-quel-prix-couts-caches-dechets-nucleaires-GPF20190911.pdf?_ga=2.177429349.1331345915.1602509048-51863991.1602509048">https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2019/09/a-quel-prix-couts-caches-dechets-nucleaires-GPF20190911.pdf?_ga=2.177429349.1331345915.1602509048-51863991.1602509048</a><br />(6) <a href="https://lundi.am/Viser-l-occlusion">https://lundi.am/Viser-l-occlusion</a><br />(7) <a href="https://pngmdr.debatpublic.fr/">https://pngmdr.debatpublic.fr/</a><br />(8) <a href="https://reporterre.net/Face-a-l-opposition-EDF-deplace-son-projet-de-dechets-nucleaires-de-Belleville-sur-Loire">https://reporterre.net/Face-a-l-opposition-EDF-deplace-son-projet-de-dechets-nucleaires-de-Belleville-sur-Loire</a><br />(9) <a href="https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/040518/lentreposage-sec-des-combustibles-nucleaires-irradies-pas-si-bete">https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/040518/lentreposage-sec-des-combustibles-nucleaires-irradies-pas-si-bete</a></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Bataille de cartes</h3> </div> <ul> <li>La localisation des déchets selon l'ANDRA&nbsp;: <a href="https://inventaire.andra.fr/inventaire">https://inventaire.andra.fr/inventaire</a></li> <li>La localisation des déchets selon Greenpeace&nbsp;: <a href="https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/">https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/</a></li> <li>Les cartes de France des transports de matières nucléaires (combustibles, retraitement-stockage, Mox, déchets étrangers)&nbsp;: <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/article30825">https://www.sortirdunucleaire.org/article30825</a></li> <li>Et aussi :<span style="font-size: 10pt;"> « </span>les déchets nucléaires : la réalité en images drones<span style="font-size: 10pt;"> »</span>, vidéo de Greenpeace visible sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hTfHZb5xH6E">https://www.youtube.com/watch?v=hTfHZb5xH6E</a></li> </ul> </div> <p><strong>Fin septembre, les militant·es anti-nucléaires étaient invité·es à fêter l'abandon du projet de piscine d'entreposage centralisée des déchets à Belleville-sur-Loire, dans le Centre de la France (<em>lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>). Mais celle-ci verra bien le jour, sans doute à La Hague. Quels types de déchets la filière nucléaire produit-elle&nbsp;? Comment sont-ils gérés&nbsp;? Quels sont les enjeux pour les années à venir&nbsp;? </strong></p> <p>&nbsp;</p> <p>La France est le pays le plus nucléarisé au monde (en nombre de réacteurs par habitant). Pour produire son électricité via ses 56 réacteurs, elle se fournit de l'autre côté de la planète&nbsp;: au Niger, au Kazakhstan, en Australie ou encore au Canada. C'est dans ces pays qu'est extrait le minerai d'uranium. Transformé en pâte jaune appelée «&nbsp;yellow cake&nbsp;», il est acheminé par bateau en France. Il est transporté à travers tout le pays, puis transformé plusieurs fois sur différents sites avant d'être utilisé. Il devient alors une poudre placée dans des tubes qui forment les barres de combustible. Un combustible hautement radioactif, acheminé vers les réacteurs, le plus souvent en train ou par camion, dans des containers appelés «&nbsp;châteaux&nbsp;» (les fameux «&nbsp;castors&nbsp;» allemands).<br />Après son utilisation dans les réacteurs des centrales nucléaires, le combustible usé – très chaud car hautement radioactif – doit refroidir sur place confiné dans une «&nbsp;piscine&nbsp;», durant dix-huit mois. Puis, il est à nouveau chargé dans les «&nbsp;châteaux&nbsp;» pour finir à La Hague. Un «&nbsp;traitement&nbsp;» permet de séparer ses différents éléments, et de les traiter selon leur degré de radioactivité et leur durée de vie <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 14pt;">Les différents types de déchets</span><br /></span></strong></span></p> <p>L’Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs (ANDRA) estime à plus de 1.620.000 m³ le volume de déchets radioactifs présents sur le territoire français, dont 59 % sont directement issus des centrales nucléaires et des activités de l’industrie électro-nucléaire <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />Mais, ne sont comptabilisés ici qu'une infime partie du problème. Car en France, on distingue les «&nbsp;déchets radioactifs&nbsp;» des «&nbsp;matières radioactives&nbsp;».<br />Selon la définition de l'Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN), un déchet radioactif est celui pour lequel <em>«&nbsp;aucune utilisation n'est prévue ou envisagée&nbsp;»</em>. Il peut être classé de «&nbsp;vie très courte&nbsp;» à « vie longue&nbsp;» et, selon ce classement, fait l'objet d'une gestion particulière. Les «&nbsp;matières radioactives&nbsp;» sont aussi issues du fonctionnement des centrales, mais on considère qu' <em>«&nbsp;une utilisation ultérieure est prévue ou envisagée&nbsp;»</em>. Ce qui reste à prouver.<br />Autre subtilité rhétorique&nbsp;: l'ASN rappelle qu'<em> «&nbsp;il faut distinguer l'entreposage, qui est provisoire, du stockage, qui est une solution définitive de gestion de déchets radioactifs&nbsp;»</em>. Ainsi, les déchets stockés sont ceux qui ne pourront jamais être «&nbsp;recyclés&nbsp;».</p> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quelle gestion ?</span><br /></strong></span></p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de très courte durée de vie&nbsp;», c'est-à-dire qui ne sont pas produits par des Installations Nucléaires de Base (INB) et dont la période radioactive est inférieure à 100 jours, sont entreposés durant quelques jours ou quelques semaines puis <em>«&nbsp;éliminés comme tels dans les circuits conventionnels&nbsp;»</em>. Autrement dit&nbsp;: enfouis ou incinérés. Il peut s'agir par exemple de déchets hospitaliers, issus des activités de diagnostic ou de soins.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/SURVOL-LA-HAGUE-GREENPEACE-11.2011.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La Hague (photo : Greenpeace)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/SURVOL-LA-HAGUE-GREENPEACE-11.2011.jpg" alt="SURVOL LA HAGUE GREENPEACE 11.2011" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de très faible activité&nbsp;» sont issus du démantèlement des installations nucléaires. Ils sont placés dans un centre de stockage de surface situé à Morvilliers, dans l'Aube.</p> <p>Les déchets «&nbsp;de faible et moyenne activité à vie courte&nbsp;» sont issus de l'exploitation et de la maintenance des réacteurs nucléaires, des usines du cycle de combustible, des centres de recherche, des laboratoires universitaires et des hôpitaux. Ils sont stockés en surface, dans des ouvrages bétonnés. Cette filière est opérationnelle depuis les années 1970, après que la France ait renoncé à immerger ces déchets dans l'Atlantique… Dans un premier temps, ils ont été stockés à La Hague puis, le site étant arrivé à saturation, à Soulaines dans l'Aube.</p> <p>Les déchets dits «&nbsp;de haute activité à vie longue&nbsp;» ne représentent que 0,2&nbsp;% des déchets, mais 96&nbsp;% de la radioactivité totale des déchets. Ils sont conditionnés, généralement coulés dans du verre ou du béton, et entreposés par leurs producteurs, dans l’attente d’un site de stockage définitif. Le site pressenti est CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique pour les déchets) de l’ANDRA, dans la Meuse. À l'état de projet, il fait l'objet d'une forte opposition de la part d'habitant·es, d'élu·es et de militant·es anti-nucléaires <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Que deviennent les matières radioactives&nbsp;?</strong></span></p> <p>La plupart des matières radioactives (censées être revalorisables... un jour peut-être...) sont elles aussi issues de l'exploitation des centrales nucléaires. Il s'agit principalement de combustibles, d’uranium et de plutonium. Elles sont entreposées dans l'attente d'une solution de recyclage, pour l'instant inexistante et hypothétique. Des organisations telles que Greenpeace militent pour qu'elles soient comptabilisées comme des déchets nucléaires, pour davantage de transparence sur leur gestion et leurs coûts.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Des combustibles recyclés&nbsp;?</strong></span></p> <p>Le Mox est partiellement utilisé dans 22 réacteurs, les plus anciens. Il est assemblé dans une usine qui lui est dédiée, «&nbsp;Melox&nbsp;», à Marcoule dans le Gard. Le Mox est un mélange d'oxyde d'uranium et d'oxyde de plutonium, tous deux fabriqués à partir de combustibles usés. Une partie de ces éléments proviennent de Lingen en Allemagne, une autre partie de l'usine de traitement de La Hague dans le nord du Cotentin.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/carte-transports-mox-web-f2008.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le transport du Mox (source : Réseau Sortir du Nucléaire)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/carte-transports-mox-web-f2008.jpg" alt="carte transports mox web f2008" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Problème&nbsp;: il n'existe pas de filière de traitement pour le Mox usé. Il fait partie des 10.000 tonnes de déchets nucléaires qu'EDF souhaite entreposer dans une «&nbsp;piscine&nbsp;» centralisée de onze mètres de profondeur pendant environ cent ans, avant d'être enfouis à CIGÉO. Jusqu'à présent, ces déchets s'entassent à La Hague.</p> <p>Différentes «&nbsp;pistes&nbsp;» de recyclage sont évoquées aujourd'hui par les exploitants et les autorités nucléaires. Elles sont analysées par Greenpeace dans une étude passionnante et très accessible baptisée « À quels prix&nbsp;? Les coûts cachés des déchets nucléaires&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>. Ces solutions seraient de&nbsp;:<br />- continuer à retraiter le combustible usé (autrement dit, à séparer ses éléments, les entreposer puis les stocker). Problème&nbsp;: les installations de La Hague sont vétustes et de plus en plus coûteuses.<br />- enrichir l'uranium de retraitement en Russie&nbsp;: <em>«&nbsp;En réponse à la saturation de la capacité d’entreposage à Pierrelatte (site du Tricastin), EDF a annoncé en 2018 avoir signé un nouveau contrat avec Tenex, entreprise nucléaire russe, pour reprendre les opérations d’enrichissement de l’uranium issu du retraitement et le chargement du combustible dans les réacteurs de Cruas dès 2023 et dans trois réacteurs 1.300 MW dès 2027. »</em><br />- «&nbsp;moxer&nbsp;» les réacteurs de 1.300 MW&nbsp;: une solution toutefois très coûteuse et dont la mise en œuvre prendrait au moins dix ans selon la Cour des Comptes. EDF envisagerait un déploiement possible à partir de 2032.<br />- réenrichir l’uranium appauvri afin de transformer le stock actuel en combustible utilisable dans les réacteurs existants. Une solution jugée possible techniquement par l'ASN, mais pas à une échelle industrielle.<br />- recycler les combustibles Mox usés dans le cadre d'une quatrième génération de réacteurs&nbsp;: une hypothèse évoquée mais<em> «&nbsp;loin d’être envisagée ou envisageable sérieusement aujourd’hui&nbsp;»,</em> selon Greenpeace qui cite un avis de l'ASN.<br />- valoriser les matières radioactives là aussi dans une quatrième génération de réacteurs. Les exploitants doivent encore faire la preuve de la faisabilité technico-économique d'une telle solution.</p> <p>Dans tous les cas, aucune solution ne pourra être rapidement mise en œuvre. Pourtant, cela fait dix ans que l'Autorité de Sûreté Nucléaire enjoint EDF à répondre concrètement au problème. Il y a six mois, elle alertait à nouveau sur un risque de saturation des piscines de La Hague.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Le mythe de Superphénix</strong></span></p> <p>Dans les années 1970, en pleine Guerre Froide, maîtriser le savoir-faire du retraitement des combustibles usés était hautement stratégique, puisque le plutonium était nécessaire pour fabriquer les bombes nucléaires.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/superphénix.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le coeur de Superphénix, en 2015 (photo : http://enygf2015.org)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/superphénix.jpg" alt="superphénix" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a><br />La France s'est alors dotée d'un réacteur à neutrons rapides dit surgénérateur, théoriquement capable de consommer à l'infini les déchets nucléaires. Baptisé «&nbsp;Superphénix&nbsp;», il a été stoppé en 1998 sans avoir jamais fonctionné correctement. Les Américains, les Japonais et les Allemands ont fait de même avec leurs différents projets. Une version plus réduite, expérimentale, (le «&nbsp;Phénix&nbsp;») a toutefois fonctionné de 1973 à 2010 en France. C'est le déploiement à une échelle industrielle qui a semblé poser techniquement problème.</p> <p>Héritier de «&nbsp;Superphénix&nbsp;», le programme du surgénérateur «&nbsp;Astrid&nbsp;» a également été mis en sommeil jusqu'en 2050, a annoncé le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) le 29 août 2019.</p> <p>Pour les militant·es anti-nucléaires, la maîtrise du savoir-faire de retraitement n'a pas seulement été un argument militaire. Elle a surtout été un argument commercial, notamment pour la COGEMA (Compagnie GÉnérale des Matières Radioactives) chargée de vendre à l'international des procédés d'extraction d'uranium, mais aussi des solutions de transport, l'enrichissement et le traitement des matières radioactives <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Les enjeux économiques</strong></span></p> <p>Des associations telles que Sortir du Nucléaire s'inquiètent de la gestion de la filière des déchets (dite «&nbsp;aval&nbsp;»). Elles l'ont dit notamment en 2019, lors du grand débat public organisé à l'occasion de l'élaboration du nouveau Plan National de Gestion des Matières et des Déchets Radioactifs (PNGMDR). Ce plan est élaboré dans un cadre réglementaire, notamment la loi du 28 juin 2006, complétée par la directive européenne Euratom du 19 juillet 2011. Il est révisé tous les trois ans et court actuellement jusqu'en 2021 <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>.</p> <p>Les sources d'inquiétude sont multiples&nbsp;: écologiques, sociales mais aussi économiques. En effet, avec 67 milliards de dettes brutes et 10 milliards de dettes hybrides, la filière d'EDF se porte très mal. Elle se trouve de plus en plus en difficulté pour réaliser les investissements nécessaires à la sécurité des sites. Elle fait aussi davantage appel à des sous-traitants, dont les ouvriers sont peu ou mal formés.</p> <p>Comme le rappelle Greenpeace dans son étude, <em>«&nbsp;en juillet 2019, la Cour des Comptes demandait plus de transparence à la filière nucléaire sur la façon dont elle gère les volumes croissants de déchets et de matières radioactives. La Cour pointait notamment l’opacité des chiffres et des hypothèses sur lesquels l’industrie et l’État fondent des décisions essentielles, comme le maintien du retraitement des combustibles à l’usine de La Hague ou le dimensionnement très précis du site de Cigéo&nbsp;»</em>.</p> <p>La distinction entre les «&nbsp;déchets&nbsp;» et les «&nbsp;matières&nbsp;» est un véritable problème. Car elle fausse les données chiffrées et l'analyse des instances décisionnaires. Elle fait croire à une solution qui n'existe pourtant pas. En attendant, la gestion de ces matières n'est pas prise en compte dans les investissements futurs.<em> «&nbsp;Les perspectives de réutilisation proposées par la filière sont trop incertaines, inabouties et lointaines pour pouvoir qualifier de « matières » les stocks existants d’uranium appauvri, d’uranium de retraitement et de combustibles usés&nbsp;»</em>, dénonce ainsi Greenpeace. <em>«&nbsp;En admettant que la filière continue d’explorer ces perspectives, il serait prudent de considérer ces matières comme de futurs déchets pour anticiper le besoin de stockage en conséquence et anticiper le coût additionnel pour les exploitants, notamment pour EDF auquel incombe 73 % de la charge financière des déchets. Cette prudence s’impose d’autant plus que l’État a annoncé vouloir renationaliser le nucléaire et ainsi prendre les coûts du nucléaire à sa charge – c’est-à-dire à la nôtre&nbsp;»</em>, poursuit l'association de défense de l'environnement.</p> <p>Greenpeace a estimé que la gestion de ces «&nbsp;matières&nbsp;», si elle était enfin prise en compte, représenterait un surcoût de 18 millilards d'euros pour EDF. <em>«&nbsp;On comprend bien l’enjeu pour la filière d’éviter à tout prix une requalification des matières en déchets.&nbsp;»</em></p> <p>Si ces «&nbsp;matières&nbsp;» n'étaient finalement pas recyclées, elles devraient être enfouies à CIGÉO. Mais aucun espace n'a été prévu pour elles et l'étude de Greenpeace montre que pour les absorber, c'est un deuxième site de ce type qu'il faudrait envisager…</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 12pt;"><span style="font-size: 14pt;">Ni à Belleville ni ailleurs</span><br /></span></strong></span></p> <p>La solution intermédiaire à l'enfouissement à 500 mètres sous terre, comme le prévoit le projet CIGÉO, est l'entreposage dans une piscine centralisée.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/imp_3_cartes_postales_La_Hague.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Carte postale : Sortir du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/imp_3_cartes_postales_La_Hague.jpg" alt="imp 3 cartes postales La Hague" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Elle était initialement prévue à Belleville-sur-Loire, dans le département du Cher. La position centrale du site et l'emprise foncière restante en faisait des arguments de poids. Mais face à la mobilisation des militant·es anti-nucléaires et, a contrario, à une demande des syndicats de La Hague, le projet a été abandonné. Il verra peut-être le jour dans le nord du Cotentin <span style="font-size: 8pt;">(8)</span>.<br />Les militant·es réuni·es il y a quelques semaines à Saint-Amand-en-Puisaye ont fêté l'abandon du projet dans le Centre de la France, tout en affirmant leur soutien à la population de Normandie, déjà largement impactée par la filière nucléaire. Il·les ont réaffirmé leur volonté de voir stopper les réacteurs, diminuer la consommation d'énergie en France par des modes de vie et de consommation plus respecteux, et développer les alternatives. Pour gérer les déchets existants, certain·es préfèreraient un entreposage à sec. Une solution choisie par la plupart des autres pays nucléarisés <span style="font-size: 8pt;">(9)</span>.</p> <p>Mais finalement, l' «&nbsp;occlusion&nbsp;» des sites ne servirait-elle pas indirectement la cause anti-nucléaire&nbsp;? Elle aurait en tout cas des conséquences irrémédiables sur la filière et pourrait signer, enfin, la faillite définitive tant attendue <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Voir le court film du Réseau Sortir du Nucléaire&nbsp;: «&nbsp;De la mine aux déchets, tou·tes concerné·es&nbsp;»&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ">https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ</a><br />(2) <a href="https://inventaire.andra.fr/les-donnees/les-dechets-radioactifs/dechets-radioactifs-bilan-fin-2018">https://inventaire.andra.fr/les-donnees/les-dechets-radioactifs/dechets-radioactifs-bilan-fin-2018</a><br />(3) <a href="https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/dechets-radioactifs/gestion-stockage-dechets-radioactifs/Pages/2-gestion-dechets-radioactifs-vie-longue.aspx#.X4RzVqZBrEY">https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/dechets-radioactifs/gestion-stockage-dechets-radioactifs/Pages/2-gestion-dechets-radioactifs-vie-longue.aspx#.X4RzVqZBrEY</a><br />(4)&nbsp;: <a href="https://bureburebure.info">https://bureburebure.info</a><br />(5) <a href="https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2019/09/a-quel-prix-couts-caches-dechets-nucleaires-GPF20190911.pdf?_ga=2.177429349.1331345915.1602509048-51863991.1602509048">https://cdn.greenpeace.fr/site/uploads/2019/09/a-quel-prix-couts-caches-dechets-nucleaires-GPF20190911.pdf?_ga=2.177429349.1331345915.1602509048-51863991.1602509048</a><br />(6) <a href="https://lundi.am/Viser-l-occlusion">https://lundi.am/Viser-l-occlusion</a><br />(7) <a href="https://pngmdr.debatpublic.fr/">https://pngmdr.debatpublic.fr/</a><br />(8) <a href="https://reporterre.net/Face-a-l-opposition-EDF-deplace-son-projet-de-dechets-nucleaires-de-Belleville-sur-Loire">https://reporterre.net/Face-a-l-opposition-EDF-deplace-son-projet-de-dechets-nucleaires-de-Belleville-sur-Loire</a><br />(9) <a href="https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/040518/lentreposage-sec-des-combustibles-nucleaires-irradies-pas-si-bete">https://blogs.mediapart.fr/bernard-laponche/blog/040518/lentreposage-sec-des-combustibles-nucleaires-irradies-pas-si-bete</a></span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Bataille de cartes</h3> </div> <ul> <li>La localisation des déchets selon l'ANDRA&nbsp;: <a href="https://inventaire.andra.fr/inventaire">https://inventaire.andra.fr/inventaire</a></li> <li>La localisation des déchets selon Greenpeace&nbsp;: <a href="https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/">https://www.greenpeace.fr/dechets-nucleaires-pres-de-chez-vous/</a></li> <li>Les cartes de France des transports de matières nucléaires (combustibles, retraitement-stockage, Mox, déchets étrangers)&nbsp;: <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/article30825">https://www.sortirdunucleaire.org/article30825</a></li> <li>Et aussi :<span style="font-size: 10pt;"> « </span>les déchets nucléaires : la réalité en images drones<span style="font-size: 10pt;"> »</span>, vidéo de Greenpeace visible sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=hTfHZb5xH6E">https://www.youtube.com/watch?v=hTfHZb5xH6E</a></li> </ul> </div> Notre Maison Brûle : une plateforme d'autodéfense populaire 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/40derrierelecrandefumee/648-notremaisonburleuneplateformedautodefensepopulaire Super User <p><strong>Samedi 26 septembre, un an après la catastrophe de Lubrizol <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, une quinzaine de manifestations ont eu lieu partout en France devant des sites industriels dangereux, dont des centrales nucléaires. Les manifestant·es répondaient ainsi à l'appel de Notre Maison Brûle, une plateforme de veille, d'information et d'actions autour du problème des ICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement). Nous publions ici sa tribune.</strong></p> <p>La décennie 2000 avait commencé avec l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en septembre 2001. La justice pénale a depuis reconnu la responsabilité accablante de la désorganisation du travail, dont les formes de recours à la sous-traitance, comme cause essentielle de l'accident.<br />La décennie 2010 a commencé avec un tsunami et l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011, à la suite d’une chaîne d’accidents jugés peu probables par les experts en risques technologiques. Cette décennie a vu d’autre part les conséquences en cascade du réchauffement climatique se faire de plus en plus sensibles chaque année.<br />La décennie 2020, elle, commence avec la pandémie de la COVID, la multiplication d’incendies massifs en Australie, en Californie, en Sibérie, en Amazonie ou encore autour de Tchernobyl. Cet été, nous avons également assisté à l’explosion d’un site de stockage de nitrate d’ammonium qui a détruit le port de Beyrouth parce qu'il avait été abandonné par son propriétaire russe et laissé sans surveillance par les autorités libanaises depuis des années.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Plus de 1.000 accidents industriels en 2019 en France</span></strong></p> <p>Ces tragiques accidents industriels sont l’arbre qui cache la forêt. Ils sont le fruit des logiques d’accumulation et de profit des multinationales, de la course effrénée à la croissance des États occidentaux et du mépris des conditions de travail et des impacts environnementaux des forces capitalistes. L’histoire des luttes et les fortes mobilisations des opprimé·e·s de tout ordre en 2019 et en 2020 nous montrent néanmoins que nous pouvons agir.<br />Nous, citoyen·ne·s et travailleur·euses, habitant·e·s sur le territoire français, bien que moins immédiatement exposé·e·s aux effets du dérèglement climatique que les pays du Sud, sommes toutefois loin d’être à l’abri des dangers technologiques. Bien au contraire, la France est même beaucoup plus exposée que ses voisins : elle a connu 73 fois plus d'accidents industriels qu'en Allemagne en 2019 (plus de 1000 contre 15) <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>. Aujourd’hui, dans l’Hexagone et en Outre-mer, il y a 500.000 Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. Tandis que les conditions de travail se dégradent partout pour les travailleu·euses chargé·es de la maintenance et de l’entretien dans tous les secteurs industriels, les ICPE présentent des risques d’incendie, d’explosion ou de pollution, qui peuvent se cumuler les uns aux autres et sont aggravés par le réchauffement climatique, la multiplication des sécheresses, l'intensification des tempêtes, jusqu'à des failles sismiques qui semblent se réactiver.</p> <p>Sur ces 500.000 sites, seulement 41.000 sont soumis à une réglementation et à des inspections spécifiques <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>. Les 459.000 restants échappent à toute inspection et la plupart de leurs données ne sont pas publiques. Les décisions récentes de destruction des règles du Code du travail et du Droit de l'environnement, sous couvert de simplification, aggravent encore cette situation.<br />C’est donc un énorme scandale puisqu'on peut travailler sur et / ou vivre à côté de sites aussi dangereux sans même le savoir. Ainsi, d’après l’enquête parlementaire, à Rouen, le 26 septembre 2019, le site de l’entreprise Normandie Logistique qui pourrait être à l’origine du départ de feu chez Lubrisol, classée SEVESO, faisait partie de ces 459.000 sites non répertoriés.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Un problème de compétences dans la maîtrise des risques</span></strong></p> <p>Nous faisons également face à un vrai problème de compétences en France dans la maîtrise des risques technologiques. Il y a beaucoup moins d’effectifs au sein des ministères que dans les pays nordiques, pas de formation universitaire assez poussée sur la conception des systèmes de sécurité incendie comme en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis et pas suffisamment de cours sur ce sujet dans la formation de nos techniciens, de nos ingénieurs et de nos architectes. Les préfets, qui ont à leur charge la responsabilité des ICPE sur leur territoire, sont seuls à arbitrer entre développement économique et protection de la population et de la biodiversité.</p> <p>À l’heure actuelle, les pouvoirs publics ne donnent pas les moyens humains et financiers suffisants à l’instance d’inspection des établissements classés, et la grande majorité des sites dangereux n’est pas inspectée. Pour éviter que la logique économique continue de primer sur les êtres vivants, il faut identifier les risques technologiques que les industriels et le gouvernement français font peser sur la population et les écosystèmes, grâce à un engagement populaire essentiel en ces temps de crise.</p> <p>La France doit changer de paradigme, d’autant plus que le pays le plus nucléarisé de la planète est aussi le deuxième pays de l’Union Européenne après l’Allemagne en nombre d’usines présentant des risques d’accidents majeurs. Comme pour Lubrizol, les 1.300 sites SEVESO et les 127 Installations Nucléaires de Base (INB) de notre territoire peuvent être mis en danger par ces 459.000 sites qui peuvent entraîner des effets dominos à l’échelle d’une ville ou d’un territoire. En outre, la logique du « moins-disant » dans le recours à la sous-traitance et à l’intérim, entraîne une maintenance de ces sites en mode dégradé, redoutable en termes de maladies professionnelles graves (cancer et autres) et d’accumulation de risques d’accident.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/cropped-CouvWordpress_1300x500_V1.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/cropped-CouvWordpress_1300x500_V1.jpg" alt="cropped CouvWordpress 1300x500 V1" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Élaborer collectivement des savoirs et les partager localement</span></strong></p> <p>Enfin, le grand public n’est absolument pas informé ni sensibilisé sur ces sujets. Dès le plus jeune âge, nous prenons les entraînements d’évacuation incendie réalisés dans le milieu scolaire avec dérision, contrairement à d’autres pays dans le monde qui reconnaissent la réalité des dangers et refusent d’infantiliser leur propre population. Nous devons donc investir particulièrement la question éducative en permettant à tous les enfants d’accéder aux savoirs élaborés de la culture écrite, en améliorant considérablement les conditions d’enseignement et en intégrant de manière beaucoup plus poussée les enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques dans les programmes.</p> <p>La question des dangers industriels n’est pas une nouvelle lubie environnementaliste mais concerne en tout premier lieu les travailleur·euses et les habitant·e·s des quartiers populaires. Alors qu’ils pâtissent déjà des fortes inégalités sociales et d’importantes discriminations racistes, ils sont bien plus vulnérables et exposés au changement climatique.</p> <p>C’est pourquoi nous pensons qu’il est temps de se mobiliser concrètement pour : <br />- produire un savoir ouvrier et populaire sur le travail et les dangers technologiques, <br />- empêcher l’allègement de la réglementation qui permettrait l’implantation dans des conditions inacceptables de nouveaux sites industriels tels que les 78 annoncés par le gouvernement en juillet 2020, <br />- agir pour la substitution des activités industrielles dangereuses remplaçables immédiatement, <br />- réduire et surveiller celles dont nous ne pouvons pas nous passer dans un premier temps.</p> <p>Ainsi, nous n'avons pas besoin des engrais à base de nitrate d'ammonium dont l’agro-industrie française raffole (8 % de la consommation mondiale pour notre petit pays), et qui pourraient être remplacés par davantage d'agriculture biologique, en se passant progressivement d'engrais chimiques à condition d’investir dès maintenant massivement dans la transition agricole. Outre les dangers qu’elle fait peser sur les personnes résidant en France, elle expose les populations proches des ports du Liban, de la Roumanie, de l'Ukraine, du Sénégal, d'Inde, d'Algérie, de la Libye et du Yémen par son commerce mondial.</p> <p>Pour ce faire, la plateforme Notre Maison Brûle a été conçue pour élaborer collectivement et partager localement des savoirs situés grâce à des outils d’enquête et de mobilisation sur une cartographie contributive. Notamment pour identifier les 459.000 installations agricoles, usines et entrepôts potentiellement dangereux, mais aussi pour briser l’invisibilité des conséquences sanitaires, tels les cancers professionnels et environnementaux et autres maladies industrielles. Nous devons montrer grâce à ces savoirs populaires qu’il est possible de remplacer efficacement ces dangers que nous impose une minorité, mais aussi que les ouvrier·ères, les riverain·es et les générations futures ne sont pas condamné·es à travailler et à vivre dans un environnement dangereux pour toujours.</p> <p>Solidaires par-delà les frontières, nous n’oublions pas la responsabilité des pays riches et d’une puissance nucléaire et industrielle néocoloniale telle que la nôtre dans le système capitaliste extractiviste, qui mettent en danger les peuples et les écosystèmes du Sud, par l’extraction de matières premières et le transit permanent de marchandises dangereuses.<br />(...)</p> <p>Ensemble, construisons une mobilisation d’enquête-action pour développer un rapport de force qui nous sera favorable et arrêter l’intoxication du monde.</p> <p>Si vous souhaitez signer la tribune, c’est par là : <a href="mailto:signature@notremaisonbrule.net">signature@notremaisonbrule.net</a></p> <p><strong><span style="font-size: 10pt;">Liste des signataires sur <a href="https://www.notremaisonbrule.net">https://www.notremaisonbrule.net</a></span></strong></p> <p></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://reporterre.net/Lubrizol-nous-a-salis-un-an-apres-l-incendie-des-Rouennais-temoignent">https://reporterre.net/Lubrizol-nous-a-salis-un-an-apres-l-incendie-des-Rouennais-temoignent</a><br />(2) <a href="http://www.senat.fr/rap/r19-480-1/r19-480-1.html">http://www.senat.fr/rap/r19-480-1/r19-480-1.html</a><br />(3) <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23816-ICPE-statistiques-2013.pdf">https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23816-ICPE-statistiques-2013.pdf</a><br />(4) <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/ICPE-installations-classees-statistiques-chiffres-2018-33080.php4">https://www.actu-environnement.com/ae/news/ICPE-installations-classees-statistiques-chiffres-2018-33080.php4</a><br /></span></p> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Tous les outils de la plateforme Notre Maison Brûle et notamment la cartographie des dangers industriels sont consultables sur le site&nbsp;: <a href="https://www.notremaisonbrule.net">https://www.notremaisonbrule.net</a></li> <li>À lire également&nbsp;: l'entretien de Paul Poulain, l'un des co-fondateurs de cette plateforme, mené par Marie Astier, journaliste à Reporterre, au sujet de l'assouplissement de la réglementation sur les ICPE&nbsp;: <a href="https://reporterre.net/Sites-dangereux-On-rogne-sur-le-droit-plutot-que-recruter-des-inspecteurs">https://reporterre.net/Sites-dangereux-On-rogne-sur-le-droit-plutot-que-recruter-des-inspecteurs</a></li> </ul> <p><strong>Samedi 26 septembre, un an après la catastrophe de Lubrizol <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, une quinzaine de manifestations ont eu lieu partout en France devant des sites industriels dangereux, dont des centrales nucléaires. Les manifestant·es répondaient ainsi à l'appel de Notre Maison Brûle, une plateforme de veille, d'information et d'actions autour du problème des ICPE (Installations Classées pour la Protection de l'Environnement). Nous publions ici sa tribune.</strong></p> <p>La décennie 2000 avait commencé avec l'explosion de l'usine AZF à Toulouse en septembre 2001. La justice pénale a depuis reconnu la responsabilité accablante de la désorganisation du travail, dont les formes de recours à la sous-traitance, comme cause essentielle de l'accident.<br />La décennie 2010 a commencé avec un tsunami et l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima en mars 2011, à la suite d’une chaîne d’accidents jugés peu probables par les experts en risques technologiques. Cette décennie a vu d’autre part les conséquences en cascade du réchauffement climatique se faire de plus en plus sensibles chaque année.<br />La décennie 2020, elle, commence avec la pandémie de la COVID, la multiplication d’incendies massifs en Australie, en Californie, en Sibérie, en Amazonie ou encore autour de Tchernobyl. Cet été, nous avons également assisté à l’explosion d’un site de stockage de nitrate d’ammonium qui a détruit le port de Beyrouth parce qu'il avait été abandonné par son propriétaire russe et laissé sans surveillance par les autorités libanaises depuis des années.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Plus de 1.000 accidents industriels en 2019 en France</span></strong></p> <p>Ces tragiques accidents industriels sont l’arbre qui cache la forêt. Ils sont le fruit des logiques d’accumulation et de profit des multinationales, de la course effrénée à la croissance des États occidentaux et du mépris des conditions de travail et des impacts environnementaux des forces capitalistes. L’histoire des luttes et les fortes mobilisations des opprimé·e·s de tout ordre en 2019 et en 2020 nous montrent néanmoins que nous pouvons agir.<br />Nous, citoyen·ne·s et travailleur·euses, habitant·e·s sur le territoire français, bien que moins immédiatement exposé·e·s aux effets du dérèglement climatique que les pays du Sud, sommes toutefois loin d’être à l’abri des dangers technologiques. Bien au contraire, la France est même beaucoup plus exposée que ses voisins : elle a connu 73 fois plus d'accidents industriels qu'en Allemagne en 2019 (plus de 1000 contre 15) <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>. Aujourd’hui, dans l’Hexagone et en Outre-mer, il y a 500.000 Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. Tandis que les conditions de travail se dégradent partout pour les travailleu·euses chargé·es de la maintenance et de l’entretien dans tous les secteurs industriels, les ICPE présentent des risques d’incendie, d’explosion ou de pollution, qui peuvent se cumuler les uns aux autres et sont aggravés par le réchauffement climatique, la multiplication des sécheresses, l'intensification des tempêtes, jusqu'à des failles sismiques qui semblent se réactiver.</p> <p>Sur ces 500.000 sites, seulement 41.000 sont soumis à une réglementation et à des inspections spécifiques <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>. Les 459.000 restants échappent à toute inspection et la plupart de leurs données ne sont pas publiques. Les décisions récentes de destruction des règles du Code du travail et du Droit de l'environnement, sous couvert de simplification, aggravent encore cette situation.<br />C’est donc un énorme scandale puisqu'on peut travailler sur et / ou vivre à côté de sites aussi dangereux sans même le savoir. Ainsi, d’après l’enquête parlementaire, à Rouen, le 26 septembre 2019, le site de l’entreprise Normandie Logistique qui pourrait être à l’origine du départ de feu chez Lubrisol, classée SEVESO, faisait partie de ces 459.000 sites non répertoriés.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Un problème de compétences dans la maîtrise des risques</span></strong></p> <p>Nous faisons également face à un vrai problème de compétences en France dans la maîtrise des risques technologiques. Il y a beaucoup moins d’effectifs au sein des ministères que dans les pays nordiques, pas de formation universitaire assez poussée sur la conception des systèmes de sécurité incendie comme en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis et pas suffisamment de cours sur ce sujet dans la formation de nos techniciens, de nos ingénieurs et de nos architectes. Les préfets, qui ont à leur charge la responsabilité des ICPE sur leur territoire, sont seuls à arbitrer entre développement économique et protection de la population et de la biodiversité.</p> <p>À l’heure actuelle, les pouvoirs publics ne donnent pas les moyens humains et financiers suffisants à l’instance d’inspection des établissements classés, et la grande majorité des sites dangereux n’est pas inspectée. Pour éviter que la logique économique continue de primer sur les êtres vivants, il faut identifier les risques technologiques que les industriels et le gouvernement français font peser sur la population et les écosystèmes, grâce à un engagement populaire essentiel en ces temps de crise.</p> <p>La France doit changer de paradigme, d’autant plus que le pays le plus nucléarisé de la planète est aussi le deuxième pays de l’Union Européenne après l’Allemagne en nombre d’usines présentant des risques d’accidents majeurs. Comme pour Lubrizol, les 1.300 sites SEVESO et les 127 Installations Nucléaires de Base (INB) de notre territoire peuvent être mis en danger par ces 459.000 sites qui peuvent entraîner des effets dominos à l’échelle d’une ville ou d’un territoire. En outre, la logique du « moins-disant » dans le recours à la sous-traitance et à l’intérim, entraîne une maintenance de ces sites en mode dégradé, redoutable en termes de maladies professionnelles graves (cancer et autres) et d’accumulation de risques d’accident.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/cropped-CouvWordpress_1300x500_V1.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/cropped-CouvWordpress_1300x500_V1.jpg" alt="cropped CouvWordpress 1300x500 V1" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Élaborer collectivement des savoirs et les partager localement</span></strong></p> <p>Enfin, le grand public n’est absolument pas informé ni sensibilisé sur ces sujets. Dès le plus jeune âge, nous prenons les entraînements d’évacuation incendie réalisés dans le milieu scolaire avec dérision, contrairement à d’autres pays dans le monde qui reconnaissent la réalité des dangers et refusent d’infantiliser leur propre population. Nous devons donc investir particulièrement la question éducative en permettant à tous les enfants d’accéder aux savoirs élaborés de la culture écrite, en améliorant considérablement les conditions d’enseignement et en intégrant de manière beaucoup plus poussée les enjeux environnementaux, économiques, sociaux et politiques dans les programmes.</p> <p>La question des dangers industriels n’est pas une nouvelle lubie environnementaliste mais concerne en tout premier lieu les travailleur·euses et les habitant·e·s des quartiers populaires. Alors qu’ils pâtissent déjà des fortes inégalités sociales et d’importantes discriminations racistes, ils sont bien plus vulnérables et exposés au changement climatique.</p> <p>C’est pourquoi nous pensons qu’il est temps de se mobiliser concrètement pour : <br />- produire un savoir ouvrier et populaire sur le travail et les dangers technologiques, <br />- empêcher l’allègement de la réglementation qui permettrait l’implantation dans des conditions inacceptables de nouveaux sites industriels tels que les 78 annoncés par le gouvernement en juillet 2020, <br />- agir pour la substitution des activités industrielles dangereuses remplaçables immédiatement, <br />- réduire et surveiller celles dont nous ne pouvons pas nous passer dans un premier temps.</p> <p>Ainsi, nous n'avons pas besoin des engrais à base de nitrate d'ammonium dont l’agro-industrie française raffole (8 % de la consommation mondiale pour notre petit pays), et qui pourraient être remplacés par davantage d'agriculture biologique, en se passant progressivement d'engrais chimiques à condition d’investir dès maintenant massivement dans la transition agricole. Outre les dangers qu’elle fait peser sur les personnes résidant en France, elle expose les populations proches des ports du Liban, de la Roumanie, de l'Ukraine, du Sénégal, d'Inde, d'Algérie, de la Libye et du Yémen par son commerce mondial.</p> <p>Pour ce faire, la plateforme Notre Maison Brûle a été conçue pour élaborer collectivement et partager localement des savoirs situés grâce à des outils d’enquête et de mobilisation sur une cartographie contributive. Notamment pour identifier les 459.000 installations agricoles, usines et entrepôts potentiellement dangereux, mais aussi pour briser l’invisibilité des conséquences sanitaires, tels les cancers professionnels et environnementaux et autres maladies industrielles. Nous devons montrer grâce à ces savoirs populaires qu’il est possible de remplacer efficacement ces dangers que nous impose une minorité, mais aussi que les ouvrier·ères, les riverain·es et les générations futures ne sont pas condamné·es à travailler et à vivre dans un environnement dangereux pour toujours.</p> <p>Solidaires par-delà les frontières, nous n’oublions pas la responsabilité des pays riches et d’une puissance nucléaire et industrielle néocoloniale telle que la nôtre dans le système capitaliste extractiviste, qui mettent en danger les peuples et les écosystèmes du Sud, par l’extraction de matières premières et le transit permanent de marchandises dangereuses.<br />(...)</p> <p>Ensemble, construisons une mobilisation d’enquête-action pour développer un rapport de force qui nous sera favorable et arrêter l’intoxication du monde.</p> <p>Si vous souhaitez signer la tribune, c’est par là : <a href="mailto:signature@notremaisonbrule.net">signature@notremaisonbrule.net</a></p> <p><strong><span style="font-size: 10pt;">Liste des signataires sur <a href="https://www.notremaisonbrule.net">https://www.notremaisonbrule.net</a></span></strong></p> <p></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://reporterre.net/Lubrizol-nous-a-salis-un-an-apres-l-incendie-des-Rouennais-temoignent">https://reporterre.net/Lubrizol-nous-a-salis-un-an-apres-l-incendie-des-Rouennais-temoignent</a><br />(2) <a href="http://www.senat.fr/rap/r19-480-1/r19-480-1.html">http://www.senat.fr/rap/r19-480-1/r19-480-1.html</a><br />(3) <a href="https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23816-ICPE-statistiques-2013.pdf">https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-23816-ICPE-statistiques-2013.pdf</a><br />(4) <a href="https://www.actu-environnement.com/ae/news/ICPE-installations-classees-statistiques-chiffres-2018-33080.php4">https://www.actu-environnement.com/ae/news/ICPE-installations-classees-statistiques-chiffres-2018-33080.php4</a><br /></span></p> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Tous les outils de la plateforme Notre Maison Brûle et notamment la cartographie des dangers industriels sont consultables sur le site&nbsp;: <a href="https://www.notremaisonbrule.net">https://www.notremaisonbrule.net</a></li> <li>À lire également&nbsp;: l'entretien de Paul Poulain, l'un des co-fondateurs de cette plateforme, mené par Marie Astier, journaliste à Reporterre, au sujet de l'assouplissement de la réglementation sur les ICPE&nbsp;: <a href="https://reporterre.net/Sites-dangereux-On-rogne-sur-le-droit-plutot-que-recruter-des-inspecteurs">https://reporterre.net/Sites-dangereux-On-rogne-sur-le-droit-plutot-que-recruter-des-inspecteurs</a></li> </ul> À mon ami « nuke » 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/40derrierelecrandefumee/655-amonaminuke Super User <p style="text-align: right;"><em><strong>«&nbsp;La solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique</strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>serait de voir monter une nouvelle génération</strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude.&nbsp;»<br /></strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>Organisation Mondiale de la Santé, 1958 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span></strong></em></p> <p><span style="font-size: 18pt;">L</span>e Noyer,<br />dimanche 4 octobre 2020</p> <p>Très cher ami,</p> <p>quel regret de ne pas t'avoir compté parmi nous le week-end dernier&nbsp;!</p> <p>Je sais que tu goûtes peu les invitations du Réseau Sortir du Nucléaire. Et pourtant. Les mots qui ont été prononcés là-bas, à Saint-Amand-en-Puisaye, les actions qui y ont été décrites et envisagées, auraient forcément résonné en toi.</p> <p>Toi qui es de toutes les luttes anticapitalistes.<br />Nous y avons parlé autonomie et autodétermination, exploitation des travailleur·ses, confiscation des ressources naturelles, défense d'intérêts privés par l’État, répression policière…<br />Avant de te connaître, je croyais qu'être anticapitaliste signifiait forcément être antinucléaire. Je sais désormais que non.</p> <p>Tu entends lutter contre les inégalités économiques et sociales&nbsp;? Je te parle de l'extraction d'uranium au Niger, d'exploitation et de mise en danger de la classe ouvrière à tous les niveaux de la filière, ici en France.</p> <p>Tu espères une révolution sociale par les exploité·es eux·lles-mêmes&nbsp;? Je te raconte la collaboration de classes, la dissimulation, la désinformation, la manipulation, les pressions, la répression...</p> <p>Tu refuses la course à l'accumulation de richesses qui détruit l'environnement&nbsp;? Je te réponds pollution de l'air, de l'eau, des sols.</p> <p>Tu fais naître des coopératives immobilières, promeus la sortie de la propriété&nbsp;? Regarde l'accaparement des terres à des fins politiques et économiques.</p> <p>Tu appelles de tes vœux une société qui rompt avec tous les rapports de domination et de pouvoir&nbsp;? Que fais-tu de l'expérience «&nbsp;d'acceptabilité sociale&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> que mène ouvertement l’État dans le Nord Cotentin, à La Hague, dans le Grand Est&nbsp;?</p> <p>Et dans ta région&nbsp;? Celle de la Loire.</p> <p>Je sais ce que tu vas me rétorquer&nbsp;: le nucléaire est une énergie décarbonée qui peut être une précieuse alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique&nbsp;; et le développement des alternatives n'est pas suffisant pour fermer les centrales. Ces alternatives, parce que soumises aux mêmes lois du marché que le nucléaire, seront toujours empreintes des mêmes problématiques, des mêmes rapports sociaux.</p> <p>Le nucléaire n'est pas une énergie décarbonée. Les données publiées par les lobbyistes ne tiennent jamais compte des émissions de gaz à effet de serre qui émanent de la construction des centrales et de toutes les infrastructures inhérentes à leur fonctionnement, encore moins des centaines de camions qui parcourent chaque année des milliers de kilomètres pour convoyer les matières d'un site à l'autre <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.</p> <p>Et non, les militant·es anti-nucléaires ne réclament pas l'arrêt immédiat de toutes les centrales. Il·les réclament la décision de sortir du nucléaire. Cela permettrait notamment d'affecter des fonds suffisants en recherche et développement pour installer durablement d'autres modes de production d'énergie. Moins dangereux, moins coûteux, socialement plus justes et plus respectueux de l'environnement.</p> <p>Ne tombons pas dans la caricature qui touche aussi si souvent ton courant de pensée&nbsp;et qui te taxe d'être contre le «&nbsp;progrès&nbsp;»&nbsp;!</p> <p>C'est grâce à une convergence de luttes que nous pourrons établir d'autres rapports au monde, aux autres humain·es, aux autres êtres vivants...</p> <p>Ami, reconnais-le&nbsp;: on ne peut sortir du capitalisme sans sortir du nucléaire.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>A Plogoff déjà, tous les éléments de la lutte</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>___________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Ce week-end était organisé par le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;». Il regroupe des associations qui agissent sur les territoires d'implantation des centrales de production d'électricité nucléaire (Chinon, Dampierre-en-Burly, Saint-Laurent-des-Eaux, Belleville-sur-Loire), dans les bassins de la Loire et de la Vienne <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.<br />L'objectif de cet événement&nbsp;: sensibiliser la population à la question des déchets nucléaires, faire le point sur les actions en cours et à venir, et permettre aux militant·es du réseau d'échanger.</p> <p>La soirée du vendredi t'aurait plu. La salle principale du château de Saint-Amand-en-Puisaye, prêté par la mairie, s'est transformée en salle de cinéma. Première projection&nbsp;: «&nbsp;Le dossier Plogoff&nbsp;» réalisé par François Jacquemain. Tourné en 1980 en Bretagne, le film raconte le combat victorieux de tout un village contre la construction d'une centrale nucléaire sur le littoral.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/chateau_st_amand.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le château de Saint-Amand-en-Puisaye."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/chateau_st_amand.JPG" alt="chateau st amand" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a><br />Déjà, tous les éléments de la lutte sont là&nbsp;: les mensonges d'EDF&nbsp;; l'apparente démocratie avec un simulacre d'enquête publique&nbsp;; le soulèvement inattendu d'une population considérée pourtant comme docile&nbsp;; la réponse violente de l’État avec le déploiement de l'armée…<br />Pour contrer ce projet qu'il·les considéraient comme mortifère, les habitant·es de Plogoff ont dressé des barricades, se sont battu·es contre les forces de l'ordre à coups de lance-pierres, ont saboté les rondes de nuit des militaires… Mais il·les ont aussi tenté la voie juridique et politique, et surtout, les Breton·nes ont proposé un projet alternatif&nbsp;baptisé «&nbsp;Alter&nbsp;», pour l'autonomie énergétique de leur région. Un projet local et autodéterminé. Comment l’État, qui haie les «&nbsp;séparatismes&nbsp;» aurait-il pu accepter&nbsp;?<br />Le projet de la centrale fut abandonné lorsque François Mitterrand arriva au pouvoir en 1981. Pour se faire élire, il s'était allié aux écologistes en leur promettant monts et merveilles. L'homme n'étant pas à une trahison près, il poursuivra finalement le programme nucléaire civil français <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></strong></p> <h3>Des travailleurs exploités</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>__________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Le second film, du même réalisateur, abordait la question du nucléaire sous un angle rarement traité&nbsp;: la question sociale.<br />«&nbsp;Condamnés à réussir&nbsp;» a été tourné en 1976 à La Hague, avec la collaboration d'ouvriers syndiqués de la CFDT. A l'époque, le site était géré par le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) et visait à produire du plutonium. Les spectateur·ices ont suivi le quotidien d'un travailleur, dans sa zone d'habillage, de maintenance, chez le médecin, auprès de ses collègues…<br />Le film parle surtout des conditions de travail du personnel de la centrale. Je suis saisie&nbsp;: j'ai l'impression d'avoir eu la même conversation 40 ans plus tard avec des ouvriers de Belleville-sur-Loire. Infrastructures inadaptées&nbsp;; moyens de protection insuffisants&nbsp;; manque de formation du personnel non permanent&nbsp;; différence de statuts entre les salariés de l'exploitant et ceux qu'on appellerait aujourd'hui des intérimaires&nbsp;; pression sur les travailleurs&nbsp;; méconnaissance des populations de ce qui se fait réellement dans l'usine…</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/4condamner_a_re_ussir_1080p_apr422hq_mono.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Image extraite du film &quot;Condamnés à réussir&quot;."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/4condamner_a_re_ussir_1080p_apr422hq_mono.jpg" alt="4condamner a re ussir 1080p apr422hq mono" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Et déjà, en filigrane, la question de la gestion des déchets et celle de la condamnation de toute une région, le nord du Cotentin…</p> <p>Une militante anti-nucléaire m'a dit un jour que si cette lutte était aussi compliquée aujourd'hui, c'est parce qu'elle avait toujours échoué par le passé.<br />Certes, Plogoff n'a pas vu le jour, mais jusqu'à 58 réacteurs ont été en activité en France. Certes, la mobilisation anti-nucléaire a permis l'abandon du projet de piscine de déchets à Belleville-sur-Loire, mais le site sera sans doute construit à La Hague.<br />Comment, alors, parvenir à se mobiliser&nbsp;? A prendre les demi-victoires pour des encouragements&nbsp;? Tu le sais bien, toi qui luttes contre le capitalisme malgré ses indéniables avancées et stratégies d'évitement. Le mal est fait mais il nous appartient de panser les blessures et de l'empêcher de nuire à nouveau.<br /><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un réseau de préleveur·ses volontaires</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________________</strong></span></p> <p>Des habitant·es des régions nucléarisées ont choisi une tactique qui porte aujourd'hui ses fruits. Il·les sont devenu·es des préleveur·ses. Samedi 26 septembre à Saint-Amand-en-Puisaye, Jean-Yves Busson, membre de SDN 49, a présenté leurs objectifs&nbsp;: <em>«&nbsp;surveiller la radioactivité de la Loire et de la Vienne, dans les eaux brutes mais aussi l'eau potable&nbsp;; se former à la connaissance des pollutions&nbsp;des cours d'eau&nbsp;; informer la population consommatrice de ce réseau et le grand public&nbsp;; être des lanceurs d'alerte sur les anomalies constatées.&nbsp;»</em><br />Les préleveur·ses (un·e à cinq par site) sont formé·es par l'ACRO, Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.<br />Créée en 1986 par un millier de personnes après la catastrophe de Tchernobyl, elle entend pallier la carence d'information et de contrôles de la radioactivité <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>. Structure indépendante, elle est toutefois agréée par la préfecture du Calvados. Ses missions sont de faire connaître les niveaux de radioactivité dans l'environnement, mais aussi de favoriser la démocratie participative dans les choix technologiques et scientifiques qui sont opérés dans le domaine du nucléaire. Elle est dotée d'un laboratoire de mesures de la radioactivité agréées par l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), et anime l'Observatoire Citoyen de la Radioactivité dans l'Environnement qui implique les riverain·nes des sites dans la surveillance des niveaux de radioactivité autour de chez eux·les.<br />Depuis trois ans, l'ACRO a étendu son activité à la Loire et la Vienne, grâce à un réseau de volontaires.</p> <p>Le principal radioélément retrouvé dans les eaux de ces deux fleuves est le tritium, hydrogène radioactif rejeté par les centrales nucléaires. Il est retrouvé aussi dans les eaux dites de consommation.<br />Pour faire fonctionner une centrale, EDF extrait de l'eau des fleuves ou de la mer, l'utilise pour refroidir les circuits de son infrastructure, puis la rejète. Pour cela, l'exploitant fait une Demande d'Autorisation de Rejet et de Prélèvement des Eaux (DARPE) auprès de l'ASN. Il la renouvelle tous les dix ans.</p> <p>Depuis la loi sur la Transparence et la Sûreté Nucléaire (TSN) de 2006, on sait que 200 millions de m³ d'eau sont prélevés chaque année. Les rejets autorisés dans l'atmosphère peuvent être des gaz rares&nbsp;; dans l'eau, il s'agit de tritium, de carbone, d'iode par exemple, mais aussi de produits chimiques.<br />La DARPE donne normalement lieu à une enquête publique mais, comme l'a souligné Dominique Boutin, membre du Réseau Sortir du Nucléaire, le dossier d'un millier de pages environ est <em>«&nbsp;illisible&nbsp;</em>» et truffé de<em> «&nbsp;vocabulaire incompréhensible&nbsp;</em>» pour les citoyen·nes.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des taux élevés de tritium dans la Loire</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_______________________________________________</strong></span></p> <p>Le 21 janvier 2019, un prélèvement est effectué par les volontaires du réseau ACRO à Saumur, en aval de la centrale de Chinon. L'analyse effectuée en mai révèle que la concentration en tritium dans la Loire atteignait 310 béquerels par litre, alors que le seuil autorisé par l'Union européenne est de 100 béquerels par litre. <br />En juin, le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;» et l'ACRO alertent les autorités et demandent une enquête. L'ASN reconnaît <em>«&nbsp;une valeur plus élevée qu'à l'ordinaire&nbsp;» mais assure qu'il n'y a «&nbsp;pas de conséquences pour les personnes et l'environnement&nbsp;»</em>. L'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) déclare toutefois que l'origine de ce niveau <em>«&nbsp;inhabituel&nbsp;»</em> doit être <em>«&nbsp;recherché&nbsp;»</em>.</p> <p>Proviendrait-il d'un rejet exceptionnel, par exemple de la centrale de Chinon ? EDF n'en a déclaré aucun. Une autre source de tritium&nbsp;? L'IRSN répond qu'aucun autre émetteur potentiel n'existe entre Chinon et Saumur. Un mauvais «&nbsp;mélange&nbsp;»&nbsp;? L'IRSN penche plutôt pour un problème de méthodologie. Les préleveur·ses ne prélèveraient pas dans la bonne zone, celle dite de «&nbsp;bon mélange&nbsp;». <br />En matière de rejet, la filière nucléaire compte sur une sorte de brassage&nbsp;: pour abaisser les teneurs en tritium et autres polluants, elle mise sur le pouvoir du fleuve à les diluer. On comprend dès lors que selon les endroits où les prélèvements sont effectués, les taux varient.<em> «&nbsp;Il y a un vide juridique,</em> souligne Jean-Yves Busson. <em>Parce que les zones de mélange sont impossible à définir. A Civeaux, elle ferait six kilomètres de long, au Bugey douze, entre Chinon et Saumur environ vingt...&nbsp;»</em> Les militant·es dénoncent le fait que les stations de mesure d'EDF se trouvent sur des zones qui l'arrange.</p> <p>Officiellement, l'IRSN parle de problèmes de méthodologie. Pour David Boilley, président de l'ACRO,<em> «&nbsp;ce ne sont pas les prélèvements qui doivent être remis en cause, mais la modélisation effectuée par l’IRSN et la surveillance effectuée par EDF »</em>.</p> <p>Le 18 février 2020, le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;», accompagné par le Réseau Sortir du Nucléaire, France Nature Environnement Pays-de-la-Loire et La Sauvegarde de l’Anjou ont porté plainte contre EDF et contre X pour pollution des eaux, risques causés à autrui et infractions à la réglementation des installations nucléaires de base. <span style="font-size: 8pt;">(8)</span> Cette plainte est toujours en cours d'instruction auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></strong></p> <h3>Un risque sur l'eau potable</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_________________________________</strong></span></p> <p>Peut-être plus grave encore, le tritium se retrouve dans l'eau potable. L'ACRO n'invente rien&nbsp;: elle a compilé les données fournies par le ministère de la Santé en 2016 et 2017. Résultats&nbsp;? Si aucune valeur ne dépasse le seuil de 100 béquerels par litre, près de 270 communes sont concernées par la présence de tritium dans l'eau potable, soit 6,4 millions de personnes. Le long de la Loire, <em>«&nbsp;de grandes agglomérations sont [notamment] concernées&nbsp;: Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes&nbsp;»</em>, peut-on lire sur le site de l'ACRO<span style="font-size: 8pt;"> (9)</span>.</p> <p>Pour l'association,<em> «&nbsp;le tritium est un «&nbsp;lanceur d’alerte&nbsp;»</em>&nbsp;: en cas d’accident grave sur une des centrales nucléaires sur la Seine, la Vienne ou la Loire, il n’y aura pas que le tritium rejeté et ce sont des millions de personnes qui risquent d’être privées d’eau potable. Comment les autorités vont-elles faire pour assurer les besoins vitaux de ces personnes&nbsp;? Aucun plan n’est disponible pour le moment. L’ACRO demande que la pollution radioactive soit prise en compte dans les plans «&nbsp;ORSEC eau potable&nbsp;» qui doivent être établis pour le 31 décembre 2020 au plus tard et qu’ils fassent l’objet d’une consultation du public. L'association demande également que les mesures soient plus fréquentes, quel que soit le nombre de personnes desservies (les grandes villes bénéficient de plus de mesures que les villages).</p> <p>Quels sont les effets du tritium sur l'environnement&nbsp;et sur la santé des personnes qui l'ingèrent&nbsp;? Sur la base d'études scientifiques contradictoires, militant·es anti-nucléaires et ASN sont en désaccord. Mais le livre blanc publié par l'ASN sur le sujet montre que ses positions évoluent et qu'elle prône un approfondissement de la recherche en la matière <span style="font-size: 8pt;">(10)</span>.</p> <p>Le nucléaire ne laisse pas seulement des traces dans l'eau. Il colonise la surface de la terre, les sols et les sous-sols. A contrario, il efface les traces mémorielles. Selon une logique économique, mais aussi politique, implacable. C'est ce que raconte Isabelle Masson, dans son très beau film «&nbsp;Un héritage empoisonné&nbsp;», diffusé à la fin de la deuxième journée du rassemblement à Saint-Amand-en-Puisaye.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/i.masson.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Isabelle Masson est venue présenter &quot;Un héritage empoisonné&quot;."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/i.masson.JPG" alt="i.masson" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des déchets tombés dans l'oubli</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________</strong></span></p> <p>Mon ami anticapitaliste, te souviens-tu de nos ami·es commun·es&nbsp;? Ceux·les que tu appelles «&nbsp;camarades&nbsp;»&nbsp;? À Bure et Mandres-en-Barois, dans l'est de la France, il·les se battent contre CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique), un projet d'enfouissement des déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue<span style="font-size: 8pt;"> (11)</span>.&nbsp; Il·les se battent contre un site dangereux et contre la condamnation à mort de toute une région.</p> <p>Isabelle Masson est allée à la rencontre de ses habitant·es. Le point de départ de son film&nbsp;: les vestiges de la Première Guerre mondiale qui maltraitent encore les sols de la Meuse. Bombes et obus continuent en effet de polluer les terres, l'eau et parfois, blessent ceux·les qui les trouvent. L’État vient d'interdire à certains paysans de cultiver leurs terres, à cause des risques de contamination.<br />A la fin de la guerre, des opérations de démantèlement et de retraitement avaient bien eu lieu&nbsp;: un véritable commerce, au sein d'usines polluantes, dans lesquelles les ouvriers étaient non seulement surexposés mais aussi surexploités. Progressivement, les déchets sont tombés dans l'oubli.<br />C'est le même territoire qui a été choisi pour CIGÉO. Comment ne pas faire le parallèle&nbsp;? Il n'aura pas fallu un siècle pour «&nbsp;perdre&nbsp;» les vestiges de la guerre de vue. Qu'en sera-t-il des déchets nucléaires une fois enfouis en profondeur&nbsp;?<em><br /></em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un laboratoire pour étudier le consentement des populations</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_______________________________________________________________________</strong></span></p> <p>L'ANDRA, l'Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs, véritable agence de communication de la filière nucléaire, vante les qualités géologiques du sol de la région. Mais au téléphone, un de ses cadres avoue à Isabelle Masson&nbsp;: la faible densité de population sur le territoire a lourdement pesé dans le choix du site comme facteur d'acceptabilité sociale.<br />En effet, ce qui se joue dans la Meuse n'est pas seulement une bataille entre «&nbsp;pro&nbsp;» et «&nbsp;anti&nbsp;» nucléaires. Nos ami·es commun·es se battent contre <em>«&nbsp;un laboratoire social où s'expérimente le consentement des populations&nbsp;»</em>, comme l'écrivent Gaspard d'Allens et Andrea Fuori dans leur ouvrage «&nbsp;Bure, la bataille du nucléaire&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(12)</span>.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/vivre_a_cote_de_cigeo-2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Vivre à côté de CIGÉO."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/vivre_a_cote_de_cigeo-2.jpg" alt="vivre a cote de cigeo 2" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Dans la Meuse, pour protéger ce qui n'est pour l'instant qu'un laboratoire de recherches, la zone se militarise. La répression des opposant·es au projet a été sans précédent en France, comme l'a montré une enquête réalisée par Reporterre et Médiapart en mai 2020 <span style="font-size: 8pt;">(13)</span>&nbsp;: surveillance massive, droits bafoués, justice politique… Une telle réaction de la part de l’État ne peut s'expliquer uniquement par la volonté de voir sortir de terre un projet industriel, aussi stratégique soit-il.<em> «&nbsp;Ce site n'a pas été choisi pour des questions géologiques mais pour des questions politiques, d'acceptabilité sociale,</em> insiste Louise, militante à Bure, présente également à Saint-Amand-en-Puisaye.<em> L'important pour l'ANDRA, c'est d'entretenir un imaginaire, pas forcément de construire le site. Faire croire que la filière nucléaire a une solution aux déchets et donc, qu'on peut continuer avec le nucléaire. C'est ça, le véritable enjeu.&nbsp;»</em></p> <p>Pas question de changer de braquet. Aucune intention de changer le fonctionnement de la filière. Ni d'investir sérieusement dans les alternatives. Regarde&nbsp;: nous produisons, nous enterrons, nous oublions. Nous nous persuadons que tout ira bien. Et nous fuyons. Encore et encore.<span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></strong></p> <h3>Dans toutes les consciences...</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>___________________________________</strong></span></p> <p>Pire. Nous abdiquons. Nous sacrifions ce qui nous reste de libertés et de pouvoir d'autodétermination. De la même manière que la Fondation EDF noyaute l'Education nationale et les rendez-vous socio-culturels de la région de Belleville-sur-Loire où nous vivons toi et moi, l'ANDRA s'installe dans les consciences des habitant·es de la Meuse. Elle débourse chaque année des millions d'euros pour sponsoriser les projets des établissements scolaires, les places, les lampadaires, les salles des fêtes, les événements de tous genres… Via les visites des écolier·es, elle s'immisce dans la tête des nouvelles générations. <em>«&nbsp;Voyez comme tout est sous contrôle. Pas de problème&nbsp;»</em>, leur susurre-t-elle à l'oreille. Pourquoi, dès lors, se questionneraient-il·les&nbsp;? Pourquoi, une fois devenu·es adultes, se rebelleraient-il·les&nbsp;?</p> <p>D'autant que la filière nucléaire offre des emplois. Partout dans la région, alors même que la Demande d'Autorisation de Création (DAC) de CIGÉO ne sera pas déposée avant un an, des entreprises et des chantiers en lien avec le projet se multiplient&nbsp;: ici, une plate-forme de déchets&nbsp;; là, un centre de stockage de pièces issues des carénages<span style="font-size: 8pt;"> (14)</span>&nbsp;; là-bas l'élargissement de la voie ferrée&nbsp;et la construction d'une route pour les camions&nbsp;; plus loin encore, une entreprise testant le funiculaire qui emportera les «&nbsp;colis&nbsp;» sous la terre…</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/Création_coordination.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La coordination qui organisait l'événement de Saint-Amand-en-Puisaye a été officialisée cet été à Belleville (photo : SDN)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/Création_coordination.jpg" alt="Création coordination" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>La démocratie n'a qu'à bien se tenir, mon ami. Sais-tu que la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) qui permet les expropriations pour l'acquisition du foncier, vient toujours avant l'autorisation d'exploiter&nbsp;? Oui, tu le sais, puisque tu t'es battu sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Là-bas, des paysan·nes ont été exproprié·es par l’État pour Vinci, des habitant·es obligé·es de quitter leur région, alors que l'aéroport ne verra jamais le jour…<br />A Bure, la DUP a été déposée en août dernier. Même l'IRSN n'était pas au courant et a avoué l'avoir appris dans le Figaro <span style="font-size: 8pt;">(15)</span>. Elle sera instruite durant environ un an, avec une enquête publique. Si le ministère de l'Environnement dit «&nbsp;oui&nbsp;», une demande officielle pour la création de CIGÉO sera déposée auprès du Parlement. En attendant, la DUP permettra de débuter les travaux préliminaires, le bal des camions débutera en Meuse, le sol sera à nouveau meurtri. Oui, même si l'on n'est pas sûr que le Parlement valide la création du site… C'est ainsi que l'on tient compte des voix du peuple.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Les deux branches d'un même arbre</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>____________________________________________</strong></span></p> <p>De la même manière que tu n'as pas l'intention de renoncer face au capitalisme, les militant·es anti-nucléaires réuni·es à Saint-Amand-en-Puisaye n'ont pas l'intention de renoncer. Ni face à l’État, ni face à EDF et aux autres protagonistes de la filière. Dimanche 27 septembre, il·les ont travaillé à de nouvelles pistes d'actions (lire en encadré). Ce week-end passé ensemble les a renforcés. Les mobilisations vont se poursuivre, de La Hague à Bure. Les modes de résistance vont se multiplier.</p> <p>Très cher ami,<br />nos combats ont les mêmes racines et sont les deux branches d'un même arbre. Pense au Bois Lejuc comme tu as pensé à la Forêt de Rohanne. Viens baigner tes pieds dans l'eau de la Loire. Lève les yeux vers les «&nbsp;cheminées&nbsp;» de Belleville et dis-moi...</p> <p>On ne peut sortir du capitalisme sans sortir du nucléaire.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: 8pt;">(1) Extrait de «&nbsp;Questions de santé mentale que pose l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques&nbsp;», rapport technique n°&nbsp;151, OMS, Genève, 1958.<br />(2) Acceptabilité sociale&nbsp;: résultat d’un jugement collectif à l’égard d’un projet, d’un plan ou d’une politique. La recherche sur cette notion et sa possible définition est très dynamique au Québec. Voir le site https://www.quebec.ca/gouv/politiques-orientations/acceptabilite-sociale/<br />(3) Voir la courte infographie animée «&nbsp;Nucléaire : de la mine aux déchets, tou·tes concerné·es&nbsp;» : https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ<br />(4) S'y retrouvent&nbsp;: Sortir Du Nucléaire (SDN) 49, SDN 72, SDN 41, SDN Touraine, SDN Berry Giennois Puisaye, CSDN 79, SDN Pays Nantais, Stop Bure 41, le Collectif Alarme Nucléaire Orléanais, l'ACIRAD Centre, le comité Centrales, ACEVE, GSIEN Poitiers.<br />(5) Lire «&nbsp;Comment a-t-on nucléarisé le pays ?&nbsp;», (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/406-commentatonnucleariselepays<br />(6) ACRO&nbsp;: https://www.acro.eu.org<br />(7) Les notions de base de la radioactivité&nbsp;: https://www.acro.eu.org/notions-de-base-de-radioactivite/<br />(8) Le dépôt de plainte est consultable ici&nbsp;: https://www.sortirdunucleaire.org/Saumur-tritium<br />(9) https://www.acro.eu.org/tritiumeaupotable/<br />(10) https://www.asn.fr/sites/tritium/<br />(11) Lire «&nbsp;De Belleville à Bure, à vol de chouette...&nbsp;», (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/405-debellevilleabureavoldechouette<br />(12) Lire la chronique du livre dans (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/56-recreations/408-burelabatailledunucleaire<br />(13) https://reporterre.net/Les-antinucleaires-de-Bure-face-a-la-justice-l-enquete-de-Reporterre-et-Mediapart<br />(14) Carénage&nbsp;: désigne les travaux de renforcement des installations nucléaires françaises, visant à prolonger la durée de vie des centrales de production d'électricité.<br />(15) https://www.lefigaro.fr/flash-eco/dechets-nucleaires-demande-de-declaration-d-utilite-publique-pour-le-site-de-bure-20200910</span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> <ul> <li>L’as<span style="color: #ffffff;">semblée de clôture du rassemblement du mois de septembre à Saint-Amand-en-Puisaye a publié la synthèse de ses travaux. Retrouvez-la sur <a href="https://ni-belleville-ni-ailleurs.frama.site/" style="color: #ffffff;">https://ni-belleville-ni-ailleurs.frama.site/</a></span></li> </ul> </div> </div> <p style="text-align: right;"><em><strong>«&nbsp;La solution la plus satisfaisante pour l’avenir des utilisations pacifiques de l’énergie atomique</strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>serait de voir monter une nouvelle génération</strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>qui aurait appris à s’accommoder de l’ignorance et de l’incertitude.&nbsp;»<br /></strong></em></p> <p style="text-align: right;"><em><strong>Organisation Mondiale de la Santé, 1958 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span></strong></em></p> <p><span style="font-size: 18pt;">L</span>e Noyer,<br />dimanche 4 octobre 2020</p> <p>Très cher ami,</p> <p>quel regret de ne pas t'avoir compté parmi nous le week-end dernier&nbsp;!</p> <p>Je sais que tu goûtes peu les invitations du Réseau Sortir du Nucléaire. Et pourtant. Les mots qui ont été prononcés là-bas, à Saint-Amand-en-Puisaye, les actions qui y ont été décrites et envisagées, auraient forcément résonné en toi.</p> <p>Toi qui es de toutes les luttes anticapitalistes.<br />Nous y avons parlé autonomie et autodétermination, exploitation des travailleur·ses, confiscation des ressources naturelles, défense d'intérêts privés par l’État, répression policière…<br />Avant de te connaître, je croyais qu'être anticapitaliste signifiait forcément être antinucléaire. Je sais désormais que non.</p> <p>Tu entends lutter contre les inégalités économiques et sociales&nbsp;? Je te parle de l'extraction d'uranium au Niger, d'exploitation et de mise en danger de la classe ouvrière à tous les niveaux de la filière, ici en France.</p> <p>Tu espères une révolution sociale par les exploité·es eux·lles-mêmes&nbsp;? Je te raconte la collaboration de classes, la dissimulation, la désinformation, la manipulation, les pressions, la répression...</p> <p>Tu refuses la course à l'accumulation de richesses qui détruit l'environnement&nbsp;? Je te réponds pollution de l'air, de l'eau, des sols.</p> <p>Tu fais naître des coopératives immobilières, promeus la sortie de la propriété&nbsp;? Regarde l'accaparement des terres à des fins politiques et économiques.</p> <p>Tu appelles de tes vœux une société qui rompt avec tous les rapports de domination et de pouvoir&nbsp;? Que fais-tu de l'expérience «&nbsp;d'acceptabilité sociale&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> que mène ouvertement l’État dans le Nord Cotentin, à La Hague, dans le Grand Est&nbsp;?</p> <p>Et dans ta région&nbsp;? Celle de la Loire.</p> <p>Je sais ce que tu vas me rétorquer&nbsp;: le nucléaire est une énergie décarbonée qui peut être une précieuse alliée dans la lutte contre le réchauffement climatique&nbsp;; et le développement des alternatives n'est pas suffisant pour fermer les centrales. Ces alternatives, parce que soumises aux mêmes lois du marché que le nucléaire, seront toujours empreintes des mêmes problématiques, des mêmes rapports sociaux.</p> <p>Le nucléaire n'est pas une énergie décarbonée. Les données publiées par les lobbyistes ne tiennent jamais compte des émissions de gaz à effet de serre qui émanent de la construction des centrales et de toutes les infrastructures inhérentes à leur fonctionnement, encore moins des centaines de camions qui parcourent chaque année des milliers de kilomètres pour convoyer les matières d'un site à l'autre <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.</p> <p>Et non, les militant·es anti-nucléaires ne réclament pas l'arrêt immédiat de toutes les centrales. Il·les réclament la décision de sortir du nucléaire. Cela permettrait notamment d'affecter des fonds suffisants en recherche et développement pour installer durablement d'autres modes de production d'énergie. Moins dangereux, moins coûteux, socialement plus justes et plus respectueux de l'environnement.</p> <p>Ne tombons pas dans la caricature qui touche aussi si souvent ton courant de pensée&nbsp;et qui te taxe d'être contre le «&nbsp;progrès&nbsp;»&nbsp;!</p> <p>C'est grâce à une convergence de luttes que nous pourrons établir d'autres rapports au monde, aux autres humain·es, aux autres êtres vivants...</p> <p>Ami, reconnais-le&nbsp;: on ne peut sortir du capitalisme sans sortir du nucléaire.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>A Plogoff déjà, tous les éléments de la lutte</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>___________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Ce week-end était organisé par le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;». Il regroupe des associations qui agissent sur les territoires d'implantation des centrales de production d'électricité nucléaire (Chinon, Dampierre-en-Burly, Saint-Laurent-des-Eaux, Belleville-sur-Loire), dans les bassins de la Loire et de la Vienne <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.<br />L'objectif de cet événement&nbsp;: sensibiliser la population à la question des déchets nucléaires, faire le point sur les actions en cours et à venir, et permettre aux militant·es du réseau d'échanger.</p> <p>La soirée du vendredi t'aurait plu. La salle principale du château de Saint-Amand-en-Puisaye, prêté par la mairie, s'est transformée en salle de cinéma. Première projection&nbsp;: «&nbsp;Le dossier Plogoff&nbsp;» réalisé par François Jacquemain. Tourné en 1980 en Bretagne, le film raconte le combat victorieux de tout un village contre la construction d'une centrale nucléaire sur le littoral.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/chateau_st_amand.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le château de Saint-Amand-en-Puisaye."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/chateau_st_amand.JPG" alt="chateau st amand" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a><br />Déjà, tous les éléments de la lutte sont là&nbsp;: les mensonges d'EDF&nbsp;; l'apparente démocratie avec un simulacre d'enquête publique&nbsp;; le soulèvement inattendu d'une population considérée pourtant comme docile&nbsp;; la réponse violente de l’État avec le déploiement de l'armée…<br />Pour contrer ce projet qu'il·les considéraient comme mortifère, les habitant·es de Plogoff ont dressé des barricades, se sont battu·es contre les forces de l'ordre à coups de lance-pierres, ont saboté les rondes de nuit des militaires… Mais il·les ont aussi tenté la voie juridique et politique, et surtout, les Breton·nes ont proposé un projet alternatif&nbsp;baptisé «&nbsp;Alter&nbsp;», pour l'autonomie énergétique de leur région. Un projet local et autodéterminé. Comment l’État, qui haie les «&nbsp;séparatismes&nbsp;» aurait-il pu accepter&nbsp;?<br />Le projet de la centrale fut abandonné lorsque François Mitterrand arriva au pouvoir en 1981. Pour se faire élire, il s'était allié aux écologistes en leur promettant monts et merveilles. L'homme n'étant pas à une trahison près, il poursuivra finalement le programme nucléaire civil français <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></strong></p> <h3>Des travailleurs exploités</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>__________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Le second film, du même réalisateur, abordait la question du nucléaire sous un angle rarement traité&nbsp;: la question sociale.<br />«&nbsp;Condamnés à réussir&nbsp;» a été tourné en 1976 à La Hague, avec la collaboration d'ouvriers syndiqués de la CFDT. A l'époque, le site était géré par le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) et visait à produire du plutonium. Les spectateur·ices ont suivi le quotidien d'un travailleur, dans sa zone d'habillage, de maintenance, chez le médecin, auprès de ses collègues…<br />Le film parle surtout des conditions de travail du personnel de la centrale. Je suis saisie&nbsp;: j'ai l'impression d'avoir eu la même conversation 40 ans plus tard avec des ouvriers de Belleville-sur-Loire. Infrastructures inadaptées&nbsp;; moyens de protection insuffisants&nbsp;; manque de formation du personnel non permanent&nbsp;; différence de statuts entre les salariés de l'exploitant et ceux qu'on appellerait aujourd'hui des intérimaires&nbsp;; pression sur les travailleurs&nbsp;; méconnaissance des populations de ce qui se fait réellement dans l'usine…</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/4condamner_a_re_ussir_1080p_apr422hq_mono.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Image extraite du film &quot;Condamnés à réussir&quot;."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/4condamner_a_re_ussir_1080p_apr422hq_mono.jpg" alt="4condamner a re ussir 1080p apr422hq mono" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Et déjà, en filigrane, la question de la gestion des déchets et celle de la condamnation de toute une région, le nord du Cotentin…</p> <p>Une militante anti-nucléaire m'a dit un jour que si cette lutte était aussi compliquée aujourd'hui, c'est parce qu'elle avait toujours échoué par le passé.<br />Certes, Plogoff n'a pas vu le jour, mais jusqu'à 58 réacteurs ont été en activité en France. Certes, la mobilisation anti-nucléaire a permis l'abandon du projet de piscine de déchets à Belleville-sur-Loire, mais le site sera sans doute construit à La Hague.<br />Comment, alors, parvenir à se mobiliser&nbsp;? A prendre les demi-victoires pour des encouragements&nbsp;? Tu le sais bien, toi qui luttes contre le capitalisme malgré ses indéniables avancées et stratégies d'évitement. Le mal est fait mais il nous appartient de panser les blessures et de l'empêcher de nuire à nouveau.<br /><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un réseau de préleveur·ses volontaires</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________________</strong></span></p> <p>Des habitant·es des régions nucléarisées ont choisi une tactique qui porte aujourd'hui ses fruits. Il·les sont devenu·es des préleveur·ses. Samedi 26 septembre à Saint-Amand-en-Puisaye, Jean-Yves Busson, membre de SDN 49, a présenté leurs objectifs&nbsp;: <em>«&nbsp;surveiller la radioactivité de la Loire et de la Vienne, dans les eaux brutes mais aussi l'eau potable&nbsp;; se former à la connaissance des pollutions&nbsp;des cours d'eau&nbsp;; informer la population consommatrice de ce réseau et le grand public&nbsp;; être des lanceurs d'alerte sur les anomalies constatées.&nbsp;»</em><br />Les préleveur·ses (un·e à cinq par site) sont formé·es par l'ACRO, Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.<br />Créée en 1986 par un millier de personnes après la catastrophe de Tchernobyl, elle entend pallier la carence d'information et de contrôles de la radioactivité <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>. Structure indépendante, elle est toutefois agréée par la préfecture du Calvados. Ses missions sont de faire connaître les niveaux de radioactivité dans l'environnement, mais aussi de favoriser la démocratie participative dans les choix technologiques et scientifiques qui sont opérés dans le domaine du nucléaire. Elle est dotée d'un laboratoire de mesures de la radioactivité agréées par l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire), et anime l'Observatoire Citoyen de la Radioactivité dans l'Environnement qui implique les riverain·nes des sites dans la surveillance des niveaux de radioactivité autour de chez eux·les.<br />Depuis trois ans, l'ACRO a étendu son activité à la Loire et la Vienne, grâce à un réseau de volontaires.</p> <p>Le principal radioélément retrouvé dans les eaux de ces deux fleuves est le tritium, hydrogène radioactif rejeté par les centrales nucléaires. Il est retrouvé aussi dans les eaux dites de consommation.<br />Pour faire fonctionner une centrale, EDF extrait de l'eau des fleuves ou de la mer, l'utilise pour refroidir les circuits de son infrastructure, puis la rejète. Pour cela, l'exploitant fait une Demande d'Autorisation de Rejet et de Prélèvement des Eaux (DARPE) auprès de l'ASN. Il la renouvelle tous les dix ans.</p> <p>Depuis la loi sur la Transparence et la Sûreté Nucléaire (TSN) de 2006, on sait que 200 millions de m³ d'eau sont prélevés chaque année. Les rejets autorisés dans l'atmosphère peuvent être des gaz rares&nbsp;; dans l'eau, il s'agit de tritium, de carbone, d'iode par exemple, mais aussi de produits chimiques.<br />La DARPE donne normalement lieu à une enquête publique mais, comme l'a souligné Dominique Boutin, membre du Réseau Sortir du Nucléaire, le dossier d'un millier de pages environ est <em>«&nbsp;illisible&nbsp;</em>» et truffé de<em> «&nbsp;vocabulaire incompréhensible&nbsp;</em>» pour les citoyen·nes.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des taux élevés de tritium dans la Loire</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_______________________________________________</strong></span></p> <p>Le 21 janvier 2019, un prélèvement est effectué par les volontaires du réseau ACRO à Saumur, en aval de la centrale de Chinon. L'analyse effectuée en mai révèle que la concentration en tritium dans la Loire atteignait 310 béquerels par litre, alors que le seuil autorisé par l'Union européenne est de 100 béquerels par litre. <br />En juin, le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;» et l'ACRO alertent les autorités et demandent une enquête. L'ASN reconnaît <em>«&nbsp;une valeur plus élevée qu'à l'ordinaire&nbsp;» mais assure qu'il n'y a «&nbsp;pas de conséquences pour les personnes et l'environnement&nbsp;»</em>. L'IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) déclare toutefois que l'origine de ce niveau <em>«&nbsp;inhabituel&nbsp;»</em> doit être <em>«&nbsp;recherché&nbsp;»</em>.</p> <p>Proviendrait-il d'un rejet exceptionnel, par exemple de la centrale de Chinon ? EDF n'en a déclaré aucun. Une autre source de tritium&nbsp;? L'IRSN répond qu'aucun autre émetteur potentiel n'existe entre Chinon et Saumur. Un mauvais «&nbsp;mélange&nbsp;»&nbsp;? L'IRSN penche plutôt pour un problème de méthodologie. Les préleveur·ses ne prélèveraient pas dans la bonne zone, celle dite de «&nbsp;bon mélange&nbsp;». <br />En matière de rejet, la filière nucléaire compte sur une sorte de brassage&nbsp;: pour abaisser les teneurs en tritium et autres polluants, elle mise sur le pouvoir du fleuve à les diluer. On comprend dès lors que selon les endroits où les prélèvements sont effectués, les taux varient.<em> «&nbsp;Il y a un vide juridique,</em> souligne Jean-Yves Busson. <em>Parce que les zones de mélange sont impossible à définir. A Civeaux, elle ferait six kilomètres de long, au Bugey douze, entre Chinon et Saumur environ vingt...&nbsp;»</em> Les militant·es dénoncent le fait que les stations de mesure d'EDF se trouvent sur des zones qui l'arrange.</p> <p>Officiellement, l'IRSN parle de problèmes de méthodologie. Pour David Boilley, président de l'ACRO,<em> «&nbsp;ce ne sont pas les prélèvements qui doivent être remis en cause, mais la modélisation effectuée par l’IRSN et la surveillance effectuée par EDF »</em>.</p> <p>Le 18 février 2020, le collectif «&nbsp;Loire Vienne Zéro Nucléaire&nbsp;», accompagné par le Réseau Sortir du Nucléaire, France Nature Environnement Pays-de-la-Loire et La Sauvegarde de l’Anjou ont porté plainte contre EDF et contre X pour pollution des eaux, risques causés à autrui et infractions à la réglementation des installations nucléaires de base. <span style="font-size: 8pt;">(8)</span> Cette plainte est toujours en cours d'instruction auprès du Tribunal de Grande Instance de Paris.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></strong></p> <h3>Un risque sur l'eau potable</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_________________________________</strong></span></p> <p>Peut-être plus grave encore, le tritium se retrouve dans l'eau potable. L'ACRO n'invente rien&nbsp;: elle a compilé les données fournies par le ministère de la Santé en 2016 et 2017. Résultats&nbsp;? Si aucune valeur ne dépasse le seuil de 100 béquerels par litre, près de 270 communes sont concernées par la présence de tritium dans l'eau potable, soit 6,4 millions de personnes. Le long de la Loire, <em>«&nbsp;de grandes agglomérations sont [notamment] concernées&nbsp;: Orléans, Blois, Tours, Angers, Nantes&nbsp;»</em>, peut-on lire sur le site de l'ACRO<span style="font-size: 8pt;"> (9)</span>.</p> <p>Pour l'association,<em> «&nbsp;le tritium est un «&nbsp;lanceur d’alerte&nbsp;»</em>&nbsp;: en cas d’accident grave sur une des centrales nucléaires sur la Seine, la Vienne ou la Loire, il n’y aura pas que le tritium rejeté et ce sont des millions de personnes qui risquent d’être privées d’eau potable. Comment les autorités vont-elles faire pour assurer les besoins vitaux de ces personnes&nbsp;? Aucun plan n’est disponible pour le moment. L’ACRO demande que la pollution radioactive soit prise en compte dans les plans «&nbsp;ORSEC eau potable&nbsp;» qui doivent être établis pour le 31 décembre 2020 au plus tard et qu’ils fassent l’objet d’une consultation du public. L'association demande également que les mesures soient plus fréquentes, quel que soit le nombre de personnes desservies (les grandes villes bénéficient de plus de mesures que les villages).</p> <p>Quels sont les effets du tritium sur l'environnement&nbsp;et sur la santé des personnes qui l'ingèrent&nbsp;? Sur la base d'études scientifiques contradictoires, militant·es anti-nucléaires et ASN sont en désaccord. Mais le livre blanc publié par l'ASN sur le sujet montre que ses positions évoluent et qu'elle prône un approfondissement de la recherche en la matière <span style="font-size: 8pt;">(10)</span>.</p> <p>Le nucléaire ne laisse pas seulement des traces dans l'eau. Il colonise la surface de la terre, les sols et les sous-sols. A contrario, il efface les traces mémorielles. Selon une logique économique, mais aussi politique, implacable. C'est ce que raconte Isabelle Masson, dans son très beau film «&nbsp;Un héritage empoisonné&nbsp;», diffusé à la fin de la deuxième journée du rassemblement à Saint-Amand-en-Puisaye.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/i.masson.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Isabelle Masson est venue présenter &quot;Un héritage empoisonné&quot;."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/i.masson.JPG" alt="i.masson" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des déchets tombés dans l'oubli</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________</strong></span></p> <p>Mon ami anticapitaliste, te souviens-tu de nos ami·es commun·es&nbsp;? Ceux·les que tu appelles «&nbsp;camarades&nbsp;»&nbsp;? À Bure et Mandres-en-Barois, dans l'est de la France, il·les se battent contre CIGÉO (Centre Industriel de stockage GÉOlogique), un projet d'enfouissement des déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue<span style="font-size: 8pt;"> (11)</span>.&nbsp; Il·les se battent contre un site dangereux et contre la condamnation à mort de toute une région.</p> <p>Isabelle Masson est allée à la rencontre de ses habitant·es. Le point de départ de son film&nbsp;: les vestiges de la Première Guerre mondiale qui maltraitent encore les sols de la Meuse. Bombes et obus continuent en effet de polluer les terres, l'eau et parfois, blessent ceux·les qui les trouvent. L’État vient d'interdire à certains paysans de cultiver leurs terres, à cause des risques de contamination.<br />A la fin de la guerre, des opérations de démantèlement et de retraitement avaient bien eu lieu&nbsp;: un véritable commerce, au sein d'usines polluantes, dans lesquelles les ouvriers étaient non seulement surexposés mais aussi surexploités. Progressivement, les déchets sont tombés dans l'oubli.<br />C'est le même territoire qui a été choisi pour CIGÉO. Comment ne pas faire le parallèle&nbsp;? Il n'aura pas fallu un siècle pour «&nbsp;perdre&nbsp;» les vestiges de la guerre de vue. Qu'en sera-t-il des déchets nucléaires une fois enfouis en profondeur&nbsp;?<em><br /></em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un laboratoire pour étudier le consentement des populations</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>_______________________________________________________________________</strong></span></p> <p>L'ANDRA, l'Agence Nationale pour la gestion des Déchets RAdioactifs, véritable agence de communication de la filière nucléaire, vante les qualités géologiques du sol de la région. Mais au téléphone, un de ses cadres avoue à Isabelle Masson&nbsp;: la faible densité de population sur le territoire a lourdement pesé dans le choix du site comme facteur d'acceptabilité sociale.<br />En effet, ce qui se joue dans la Meuse n'est pas seulement une bataille entre «&nbsp;pro&nbsp;» et «&nbsp;anti&nbsp;» nucléaires. Nos ami·es commun·es se battent contre <em>«&nbsp;un laboratoire social où s'expérimente le consentement des populations&nbsp;»</em>, comme l'écrivent Gaspard d'Allens et Andrea Fuori dans leur ouvrage «&nbsp;Bure, la bataille du nucléaire&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(12)</span>.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/vivre_a_cote_de_cigeo-2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Vivre à côté de CIGÉO."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/vivre_a_cote_de_cigeo-2.jpg" alt="vivre a cote de cigeo 2" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Dans la Meuse, pour protéger ce qui n'est pour l'instant qu'un laboratoire de recherches, la zone se militarise. La répression des opposant·es au projet a été sans précédent en France, comme l'a montré une enquête réalisée par Reporterre et Médiapart en mai 2020 <span style="font-size: 8pt;">(13)</span>&nbsp;: surveillance massive, droits bafoués, justice politique… Une telle réaction de la part de l’État ne peut s'expliquer uniquement par la volonté de voir sortir de terre un projet industriel, aussi stratégique soit-il.<em> «&nbsp;Ce site n'a pas été choisi pour des questions géologiques mais pour des questions politiques, d'acceptabilité sociale,</em> insiste Louise, militante à Bure, présente également à Saint-Amand-en-Puisaye.<em> L'important pour l'ANDRA, c'est d'entretenir un imaginaire, pas forcément de construire le site. Faire croire que la filière nucléaire a une solution aux déchets et donc, qu'on peut continuer avec le nucléaire. C'est ça, le véritable enjeu.&nbsp;»</em></p> <p>Pas question de changer de braquet. Aucune intention de changer le fonctionnement de la filière. Ni d'investir sérieusement dans les alternatives. Regarde&nbsp;: nous produisons, nous enterrons, nous oublions. Nous nous persuadons que tout ira bien. Et nous fuyons. Encore et encore.<span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></strong></p> <h3>Dans toutes les consciences...</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>___________________________________</strong></span></p> <p>Pire. Nous abdiquons. Nous sacrifions ce qui nous reste de libertés et de pouvoir d'autodétermination. De la même manière que la Fondation EDF noyaute l'Education nationale et les rendez-vous socio-culturels de la région de Belleville-sur-Loire où nous vivons toi et moi, l'ANDRA s'installe dans les consciences des habitant·es de la Meuse. Elle débourse chaque année des millions d'euros pour sponsoriser les projets des établissements scolaires, les places, les lampadaires, les salles des fêtes, les événements de tous genres… Via les visites des écolier·es, elle s'immisce dans la tête des nouvelles générations. <em>«&nbsp;Voyez comme tout est sous contrôle. Pas de problème&nbsp;»</em>, leur susurre-t-elle à l'oreille. Pourquoi, dès lors, se questionneraient-il·les&nbsp;? Pourquoi, une fois devenu·es adultes, se rebelleraient-il·les&nbsp;?</p> <p>D'autant que la filière nucléaire offre des emplois. Partout dans la région, alors même que la Demande d'Autorisation de Création (DAC) de CIGÉO ne sera pas déposée avant un an, des entreprises et des chantiers en lien avec le projet se multiplient&nbsp;: ici, une plate-forme de déchets&nbsp;; là, un centre de stockage de pièces issues des carénages<span style="font-size: 8pt;"> (14)</span>&nbsp;; là-bas l'élargissement de la voie ferrée&nbsp;et la construction d'une route pour les camions&nbsp;; plus loin encore, une entreprise testant le funiculaire qui emportera les «&nbsp;colis&nbsp;» sous la terre…</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/Création_coordination.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La coordination qui organisait l'événement de Saint-Amand-en-Puisaye a été officialisée cet été à Belleville (photo : SDN)."><img src="http://www.rebonds.net/images/DÉCHETS_NUCLÉAIRES/Création_coordination.jpg" alt="Création coordination" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>La démocratie n'a qu'à bien se tenir, mon ami. Sais-tu que la Déclaration d'Utilité Publique (DUP) qui permet les expropriations pour l'acquisition du foncier, vient toujours avant l'autorisation d'exploiter&nbsp;? Oui, tu le sais, puisque tu t'es battu sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Là-bas, des paysan·nes ont été exproprié·es par l’État pour Vinci, des habitant·es obligé·es de quitter leur région, alors que l'aéroport ne verra jamais le jour…<br />A Bure, la DUP a été déposée en août dernier. Même l'IRSN n'était pas au courant et a avoué l'avoir appris dans le Figaro <span style="font-size: 8pt;">(15)</span>. Elle sera instruite durant environ un an, avec une enquête publique. Si le ministère de l'Environnement dit «&nbsp;oui&nbsp;», une demande officielle pour la création de CIGÉO sera déposée auprès du Parlement. En attendant, la DUP permettra de débuter les travaux préliminaires, le bal des camions débutera en Meuse, le sol sera à nouveau meurtri. Oui, même si l'on n'est pas sûr que le Parlement valide la création du site… C'est ainsi que l'on tient compte des voix du peuple.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Les deux branches d'un même arbre</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>____________________________________________</strong></span></p> <p>De la même manière que tu n'as pas l'intention de renoncer face au capitalisme, les militant·es anti-nucléaires réuni·es à Saint-Amand-en-Puisaye n'ont pas l'intention de renoncer. Ni face à l’État, ni face à EDF et aux autres protagonistes de la filière. Dimanche 27 septembre, il·les ont travaillé à de nouvelles pistes d'actions (lire en encadré). Ce week-end passé ensemble les a renforcés. Les mobilisations vont se poursuivre, de La Hague à Bure. Les modes de résistance vont se multiplier.</p> <p>Très cher ami,<br />nos combats ont les mêmes racines et sont les deux branches d'un même arbre. Pense au Bois Lejuc comme tu as pensé à la Forêt de Rohanne. Viens baigner tes pieds dans l'eau de la Loire. Lève les yeux vers les «&nbsp;cheminées&nbsp;» de Belleville et dis-moi...</p> <p>On ne peut sortir du capitalisme sans sortir du nucléaire.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: 8pt;">(1) Extrait de «&nbsp;Questions de santé mentale que pose l’utilisation de l’énergie atomique à des fins pacifiques&nbsp;», rapport technique n°&nbsp;151, OMS, Genève, 1958.<br />(2) Acceptabilité sociale&nbsp;: résultat d’un jugement collectif à l’égard d’un projet, d’un plan ou d’une politique. La recherche sur cette notion et sa possible définition est très dynamique au Québec. Voir le site https://www.quebec.ca/gouv/politiques-orientations/acceptabilite-sociale/<br />(3) Voir la courte infographie animée «&nbsp;Nucléaire : de la mine aux déchets, tou·tes concerné·es&nbsp;» : https://www.youtube.com/watch?v=IwqSgjxeTFQ<br />(4) S'y retrouvent&nbsp;: Sortir Du Nucléaire (SDN) 49, SDN 72, SDN 41, SDN Touraine, SDN Berry Giennois Puisaye, CSDN 79, SDN Pays Nantais, Stop Bure 41, le Collectif Alarme Nucléaire Orléanais, l'ACIRAD Centre, le comité Centrales, ACEVE, GSIEN Poitiers.<br />(5) Lire «&nbsp;Comment a-t-on nucléarisé le pays ?&nbsp;», (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/406-commentatonnucleariselepays<br />(6) ACRO&nbsp;: https://www.acro.eu.org<br />(7) Les notions de base de la radioactivité&nbsp;: https://www.acro.eu.org/notions-de-base-de-radioactivite/<br />(8) Le dépôt de plainte est consultable ici&nbsp;: https://www.sortirdunucleaire.org/Saumur-tritium<br />(9) https://www.acro.eu.org/tritiumeaupotable/<br />(10) https://www.asn.fr/sites/tritium/<br />(11) Lire «&nbsp;De Belleville à Bure, à vol de chouette...&nbsp;», (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/405-debellevilleabureavoldechouette<br />(12) Lire la chronique du livre dans (Re)bonds n°11&nbsp;: http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/56-recreations/408-burelabatailledunucleaire<br />(13) https://reporterre.net/Les-antinucleaires-de-Bure-face-a-la-justice-l-enquete-de-Reporterre-et-Mediapart<br />(14) Carénage&nbsp;: désigne les travaux de renforcement des installations nucléaires françaises, visant à prolonger la durée de vie des centrales de production d'électricité.<br />(15) https://www.lefigaro.fr/flash-eco/dechets-nucleaires-demande-de-declaration-d-utilite-publique-pour-le-site-de-bure-20200910</span></p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> <ul> <li>L’as<span style="color: #ffffff;">semblée de clôture du rassemblement du mois de septembre à Saint-Amand-en-Puisaye a publié la synthèse de ses travaux. Retrouvez-la sur <a href="https://ni-belleville-ni-ailleurs.frama.site/" style="color: #ffffff;">https://ni-belleville-ni-ailleurs.frama.site/</a></span></li> </ul> </div> </div>