# 49 Continuer à (se) cultiver encore (août 2021) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/49continuerasecultiverencore 2023-05-11T19:06:27+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management Des paniers pour se nourrir d'essentiel 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/49continuerasecultiverencore/715-despanierspoursenourrirdessentiel Super User <p><em>Article actualisé le jeudi 9 septembre 2021.</em></p> <p style="text-align: left;"><strong>Il y a quelques mois, sur les frontons de théâtres occupés, fleurissaient des banderoles&nbsp;: «&nbsp;Nous sommes essentiel·le·s&nbsp;». Empêché·e·s de jouer pleinement leur rôle sous prétexte de pandémie, les artistes luttaient, manifestaient, hurlaient leur désarroi de n'être pas aussi considéré·e·s que des supermarchés. Puis, quelques-un·e·s ont imaginé une nouvelle façon de concevoir des spectacles&nbsp;: à la manière d'un panier d'une AMAP<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, un panier culturel est né. Dans la région Centre, artistes et spectateur·ice·s en bénéficient déjà.</strong></p> <p>L'idée est venue de la Loire-Atlantique. En avril 2020, un petit groupe de comédiens et de musiciens à la retraite, syndiqués CGT, militants de longue date, s'inquiètent de la situation de leurs camarades artistes&nbsp;: comment travailleront-il·les durant l'été, alors que partout les festivals sont annulés, les spectacles déprogrammés&nbsp;?</p> <p>Il·les inventent «&nbsp;Ouvrir l'horizon&nbsp;», un système de panier artistique et solidaire. Le contenu&nbsp;? Deux à quatre artistes, un·e technicien·e, un·e chargé·e de diffusion. Le but&nbsp;? Les salarier pour qu'il·le·s créent ensemble un spectacle inédit (une petite forme de vingt à trente minutes) rôdé en cinq répétitions et joué durant cinq représentations. Pour financer ces paniers, il·le·s frappent à la porte des Villes, des Départements, des Régions... et trouvent 550.000 euros.<br />Bilan&nbsp;: en un an, dans les Pays-de-la-Loire, 350 personnes ont pu travailler grâce à ce dispositif et environ 300 spectacles ont été proposés au public.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">«&nbsp;Un coup de poker&nbsp;»</span></strong></span></p> <p>Le succès d' «&nbsp;Ouvrir l'horizon&nbsp;» fait des émules. Dans la région Centre, la comédienne et chanteuse Sonia Fernandez Velasco en entend parler lors du mouvement d'occupation des théâtres, à travers les Coordinations des Intermittents et Précaires <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>&nbsp;: <em>«&nbsp;Dans la perspective de l'été 2021 qui s'annonçait tout aussi compliqué pour nous, il fallait trouver des solutions&nbsp;»</em>, explique-t-elle. <br />Le 30 avril au Nouvel Olympia de Tours, «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» est lancé. Bénévolement, des artistes créent un comité de pilotage régional dont Sonia fait partie, tout comme le musicien et comédien Dominique Chanteloup&nbsp;:<em> «&nbsp;Une quinzaine de personnes constituent ce comité, mais ça tourne. Depuis le début, une quarantaine de bénévoles y ont participé.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le lancement du dispositif à Tours (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel_2.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="800" height="533" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Première étape de travail&nbsp;: rencontrer les financeurs comme la DRAC, par exemple<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span>. <em>«&nbsp;C'était un véritable coup de poker parce que nous leur demandions de penser à l'envers de leurs habitudes,</em> sourit Dominique. <em>En temps normal, quand tu demandes des subventions, tu remplis des dossiers bien épais, tu dois décrire dans les détails ton projet, à quoi va ressembler ton spectacle… Là, il n'y avait pas de spectacle, pas de budget, rien… Et il fallait quand même qu'ils nous fassent confiance&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Il se souvient de la maire de la petite commune de Montbazon qui, ayant accepté de donner 4.000 euros, défendit le dispositif au Conseil départemental d'Indre-et-Loire qui donna 40.000 euros et qui ouvrit les portes de la DRAC… Au final, environ 500.000 euros ont été promis. Bémol&nbsp;: l'argent arrive au compte-gouttes, le temps administratif étant souvent décalé par rapport au temps salarié...<br /><em>«&nbsp;Ce qui a joué en notre faveur, c'est que tout était à l'arrêt,</em> souligne Sonia. <em>Ce qu'on nous proposait, c'était uniquement des résidences d'artistes mais c'était absurde&nbsp;de répéter à l'infini sans perspective de dates&nbsp;! Nous arrivions avec quelque chose de nouveau, c'était un avantage.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Des artistes choisi·e·s parmi les plus précaires</span></strong></span></p> <p>Pour constituer les paniers, le comité anime des journées de rencontres avec les artistes intéressé·e·s. <em>«&nbsp;Il·le·s sont choisi·e·s parmi les plus précaires,</em> souligne Sonia. <em>C'est notre premier critère de sélection et c'est pourquoi nous passons beaucoup de temps à étudier chaque candidature. Nous avons aussi fait le choix de ne soutenir que des professionnel·le·s.&nbsp;»</em><br />L'objectif est de croiser les disciplines et de créer des groupes avec des personnes qui n'ont jamais ou peu travaillé ensemble. Une fois les équipes formées, les agendas sont coordonnés, un·e capitaine est désigné·e comme référent·e administratif·ve et un nom de troupe éphémère est trouvé.</p> <p>Le comité de pilotage répartit ensuite ces troupes dans les structures de production qui ont accepté de participer, afin d'organiser répétitions et représentations.<br />Les troupes sont accompagnées par le comité de suivi de leur département, composé aussi d'artistes bénévoles.<br />Jean Frémiot fait partie de celui du Cher&nbsp;:<em> «&nbsp;En tant que photographe, je suis le seul plasticien dans l'aventure&nbsp;! Parce que je partage les valeurs de&nbsp;«&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» et parce que j'avais envie de donner de mon temps pour soutenir les artistes.&nbsp;»</em> Il a finalement été embauché, avec un autre photographe et un vidéaste, pour couvrir les spectacles. A eux trois, ils forment un panier «&nbsp;gens de l'image&nbsp;». <em>« Certains artistes se sont rendus compte que c'était cool d'avoir de belles photos sur un projet. Ça ouvre à de nouvelles collaborations.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le premier spectacle, &quot;La folle complainte&quot; a eu lieu à Argenton-sur-Creuse (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="800" height="534" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans la région Centre, la première date a eu lieu le samedi 26 juin à Argenton-sur-Creuse, dans l'Indre, avec «&nbsp;La Folle Complainte chante Charles Trenet&nbsp;». Depuis, 24 paniers ont été constitués, ce qui représente 72 artistes, 22 technicien·ne·s, 11 chargé·e·s de diffusion au travail et 18 structures de production engagées.<br />Le département du Cher a été le dernier à se lancer&nbsp;: la réunion de rencontre des volontaires s'est tenue le 31 août au Carroi à Menetou-Salon. Trois trio d'artistes se sont constitués, pour des premières représentations attendues fin septembre-début octobre.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Se renforcer pour les luttes à venir</span></strong></span></p> <p>Pour éviter les contraintes liées à la situation sanitaire, les spectacles sont donnés majoritairement en extérieur&nbsp;: sur des places de village, dans des parcs, dans des cours de fermes ou d'école, sur le bord de l'eau près d'une guinguette…<br />Pourtant, le comité de pilotage se trouve confronté au pass sanitaire. <em>«&nbsp;Nous vivons entrave sur entrave sur entrave,</em> résume Sonia. <em>C'est très dur. Malgré tout ce que nous tentons, malgré le fait de travailler bénévolement, d'imaginer de petites formes, dans des lieux privés... nous sommes encore entravé·e·s&nbsp;! Ça m'a cloué au lit pendant deux jours. Je me disais&nbsp;: mais c'est quoi la suite&nbsp;?&nbsp;»</em><br /><em>«&nbsp;C'est la galère,</em> reconnaît Dominique. <em>Pour l'instant, c'est le public qui est fliqué. Mais au 31 août, ce sera sans doute les artistes.&nbsp;»</em> Au sein du comité de pilotage, personne ne compte obliger les équipes à s'équiper du pass ou à le contrôler. <em>«&nbsp;Si personne n'est d'accord pour le faire, les dates seront annulées mais les artistes payé·e·s quand même.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/2X2A5834_copie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Des artistes volontaires pour les paniers culturels du Cher (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/2X2A5834_copie.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="738" height="492" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>S'il·le·s sont inquiet·e·s, les membres de «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» ne s'avouent pas vaincu·e·s.<em> «&nbsp;Hier, je suis allée voir une répétition très touchante,</em> raconte Sonia.<em> Ça m'a rappelé pourquoi je fais tout ça. Prendre des risques, dépasser sa peur, ça rend heureux.&nbsp;»</em><br />Cette aventure, qui prendra fin quoi qu'il arrive le 15 novembre, aura permis à des personnes qui ne se connaissaient pas de trouver des solutions ensemble, de se fédérer et ainsi, de se renforcer pour les autres luttes à venir.</p> <p><strong>Texte&nbsp;: Fanny Lancelin<br />Photos&nbsp;: Jean Frémiot</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) AMAP&nbsp;: Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Lire aussi la rubrique (Re)visiter.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) DRAC&nbsp;: Direction Régionale des Affaires Culturelles.</span></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Pour en savoir plus sur «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» et connaître notamment les dates des prochains spectacles, rendez-vous sur&nbsp;: <a href="https://www.cultivonslessentiel.com">https://www.cultivonslessentiel.com</a></li> <li>Le dispositif peut aussi être soutenu via la plateforme de dons Hello Asso : <a href="https://www.cultivonslessentiel.com">https://www.helloasso.com/associations/joseph-k</a><a href="https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/">433/</a></li> </ul> </div> <p>&nbsp;</p> <p><em>Article actualisé le jeudi 9 septembre 2021.</em></p> <p style="text-align: left;"><strong>Il y a quelques mois, sur les frontons de théâtres occupés, fleurissaient des banderoles&nbsp;: «&nbsp;Nous sommes essentiel·le·s&nbsp;». Empêché·e·s de jouer pleinement leur rôle sous prétexte de pandémie, les artistes luttaient, manifestaient, hurlaient leur désarroi de n'être pas aussi considéré·e·s que des supermarchés. Puis, quelques-un·e·s ont imaginé une nouvelle façon de concevoir des spectacles&nbsp;: à la manière d'un panier d'une AMAP<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, un panier culturel est né. Dans la région Centre, artistes et spectateur·ice·s en bénéficient déjà.</strong></p> <p>L'idée est venue de la Loire-Atlantique. En avril 2020, un petit groupe de comédiens et de musiciens à la retraite, syndiqués CGT, militants de longue date, s'inquiètent de la situation de leurs camarades artistes&nbsp;: comment travailleront-il·les durant l'été, alors que partout les festivals sont annulés, les spectacles déprogrammés&nbsp;?</p> <p>Il·les inventent «&nbsp;Ouvrir l'horizon&nbsp;», un système de panier artistique et solidaire. Le contenu&nbsp;? Deux à quatre artistes, un·e technicien·e, un·e chargé·e de diffusion. Le but&nbsp;? Les salarier pour qu'il·le·s créent ensemble un spectacle inédit (une petite forme de vingt à trente minutes) rôdé en cinq répétitions et joué durant cinq représentations. Pour financer ces paniers, il·le·s frappent à la porte des Villes, des Départements, des Régions... et trouvent 550.000 euros.<br />Bilan&nbsp;: en un an, dans les Pays-de-la-Loire, 350 personnes ont pu travailler grâce à ce dispositif et environ 300 spectacles ont été proposés au public.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">«&nbsp;Un coup de poker&nbsp;»</span></strong></span></p> <p>Le succès d' «&nbsp;Ouvrir l'horizon&nbsp;» fait des émules. Dans la région Centre, la comédienne et chanteuse Sonia Fernandez Velasco en entend parler lors du mouvement d'occupation des théâtres, à travers les Coordinations des Intermittents et Précaires <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>&nbsp;: <em>«&nbsp;Dans la perspective de l'été 2021 qui s'annonçait tout aussi compliqué pour nous, il fallait trouver des solutions&nbsp;»</em>, explique-t-elle. <br />Le 30 avril au Nouvel Olympia de Tours, «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» est lancé. Bénévolement, des artistes créent un comité de pilotage régional dont Sonia fait partie, tout comme le musicien et comédien Dominique Chanteloup&nbsp;:<em> «&nbsp;Une quinzaine de personnes constituent ce comité, mais ça tourne. Depuis le début, une quarantaine de bénévoles y ont participé.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le lancement du dispositif à Tours (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel_2.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="800" height="533" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>Première étape de travail&nbsp;: rencontrer les financeurs comme la DRAC, par exemple<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span>. <em>«&nbsp;C'était un véritable coup de poker parce que nous leur demandions de penser à l'envers de leurs habitudes,</em> sourit Dominique. <em>En temps normal, quand tu demandes des subventions, tu remplis des dossiers bien épais, tu dois décrire dans les détails ton projet, à quoi va ressembler ton spectacle… Là, il n'y avait pas de spectacle, pas de budget, rien… Et il fallait quand même qu'ils nous fassent confiance&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Il se souvient de la maire de la petite commune de Montbazon qui, ayant accepté de donner 4.000 euros, défendit le dispositif au Conseil départemental d'Indre-et-Loire qui donna 40.000 euros et qui ouvrit les portes de la DRAC… Au final, environ 500.000 euros ont été promis. Bémol&nbsp;: l'argent arrive au compte-gouttes, le temps administratif étant souvent décalé par rapport au temps salarié...<br /><em>«&nbsp;Ce qui a joué en notre faveur, c'est que tout était à l'arrêt,</em> souligne Sonia. <em>Ce qu'on nous proposait, c'était uniquement des résidences d'artistes mais c'était absurde&nbsp;de répéter à l'infini sans perspective de dates&nbsp;! Nous arrivions avec quelque chose de nouveau, c'était un avantage.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Des artistes choisi·e·s parmi les plus précaires</span></strong></span></p> <p>Pour constituer les paniers, le comité anime des journées de rencontres avec les artistes intéressé·e·s. <em>«&nbsp;Il·le·s sont choisi·e·s parmi les plus précaires,</em> souligne Sonia. <em>C'est notre premier critère de sélection et c'est pourquoi nous passons beaucoup de temps à étudier chaque candidature. Nous avons aussi fait le choix de ne soutenir que des professionnel·le·s.&nbsp;»</em><br />L'objectif est de croiser les disciplines et de créer des groupes avec des personnes qui n'ont jamais ou peu travaillé ensemble. Une fois les équipes formées, les agendas sont coordonnés, un·e capitaine est désigné·e comme référent·e administratif·ve et un nom de troupe éphémère est trouvé.</p> <p>Le comité de pilotage répartit ensuite ces troupes dans les structures de production qui ont accepté de participer, afin d'organiser répétitions et représentations.<br />Les troupes sont accompagnées par le comité de suivi de leur département, composé aussi d'artistes bénévoles.<br />Jean Frémiot fait partie de celui du Cher&nbsp;:<em> «&nbsp;En tant que photographe, je suis le seul plasticien dans l'aventure&nbsp;! Parce que je partage les valeurs de&nbsp;«&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» et parce que j'avais envie de donner de mon temps pour soutenir les artistes.&nbsp;»</em> Il a finalement été embauché, avec un autre photographe et un vidéaste, pour couvrir les spectacles. A eux trois, ils forment un panier «&nbsp;gens de l'image&nbsp;». <em>« Certains artistes se sont rendus compte que c'était cool d'avoir de belles photos sur un projet. Ça ouvre à de nouvelles collaborations.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le premier spectacle, &quot;La folle complainte&quot; a eu lieu à Argenton-sur-Creuse (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/cultivons_lessentiel.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="800" height="534" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>Dans la région Centre, la première date a eu lieu le samedi 26 juin à Argenton-sur-Creuse, dans l'Indre, avec «&nbsp;La Folle Complainte chante Charles Trenet&nbsp;». Depuis, 24 paniers ont été constitués, ce qui représente 72 artistes, 22 technicien·ne·s, 11 chargé·e·s de diffusion au travail et 18 structures de production engagées.<br />Le département du Cher a été le dernier à se lancer&nbsp;: la réunion de rencontre des volontaires s'est tenue le 31 août au Carroi à Menetou-Salon. Trois trio d'artistes se sont constitués, pour des premières représentations attendues fin septembre-début octobre.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Se renforcer pour les luttes à venir</span></strong></span></p> <p>Pour éviter les contraintes liées à la situation sanitaire, les spectacles sont donnés majoritairement en extérieur&nbsp;: sur des places de village, dans des parcs, dans des cours de fermes ou d'école, sur le bord de l'eau près d'une guinguette…<br />Pourtant, le comité de pilotage se trouve confronté au pass sanitaire. <em>«&nbsp;Nous vivons entrave sur entrave sur entrave,</em> résume Sonia. <em>C'est très dur. Malgré tout ce que nous tentons, malgré le fait de travailler bénévolement, d'imaginer de petites formes, dans des lieux privés... nous sommes encore entravé·e·s&nbsp;! Ça m'a cloué au lit pendant deux jours. Je me disais&nbsp;: mais c'est quoi la suite&nbsp;?&nbsp;»</em><br /><em>«&nbsp;C'est la galère,</em> reconnaît Dominique. <em>Pour l'instant, c'est le public qui est fliqué. Mais au 31 août, ce sera sans doute les artistes.&nbsp;»</em> Au sein du comité de pilotage, personne ne compte obliger les équipes à s'équiper du pass ou à le contrôler. <em>«&nbsp;Si personne n'est d'accord pour le faire, les dates seront annulées mais les artistes payé·e·s quand même.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/2X2A5834_copie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Des artistes volontaires pour les paniers culturels du Cher (Photo : Jean Frémiot)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/2X2A5834_copie.jpg" alt="man 5879077 960 720" width="738" height="492" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>S'il·le·s sont inquiet·e·s, les membres de «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» ne s'avouent pas vaincu·e·s.<em> «&nbsp;Hier, je suis allée voir une répétition très touchante,</em> raconte Sonia.<em> Ça m'a rappelé pourquoi je fais tout ça. Prendre des risques, dépasser sa peur, ça rend heureux.&nbsp;»</em><br />Cette aventure, qui prendra fin quoi qu'il arrive le 15 novembre, aura permis à des personnes qui ne se connaissaient pas de trouver des solutions ensemble, de se fédérer et ainsi, de se renforcer pour les autres luttes à venir.</p> <p><strong>Texte&nbsp;: Fanny Lancelin<br />Photos&nbsp;: Jean Frémiot</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) AMAP&nbsp;: Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) Lire aussi la rubrique (Re)visiter.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) DRAC&nbsp;: Direction Régionale des Affaires Culturelles.</span></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Pour en savoir plus sur «&nbsp;Cultivons l'essentiel&nbsp;» et connaître notamment les dates des prochains spectacles, rendez-vous sur&nbsp;: <a href="https://www.cultivonslessentiel.com">https://www.cultivonslessentiel.com</a></li> <li>Le dispositif peut aussi être soutenu via la plateforme de dons Hello Asso : <a href="https://www.cultivonslessentiel.com">https://www.helloasso.com/associations/joseph-k</a><a href="https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/">433/</a></li> </ul> </div> <p>&nbsp;</p> Intermittent·e·s du spectacle et précaires de l'emploi : même combat ! 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/49continuerasecultiverencore/716-intermittentesduspectacleetprecairesdelemploimemecombat Super User <p><strong><strong>A chaque fois que leur capacité à créer est mise à mal, notamment via leurs ressources financières, les intermittent·e·s du spectacle se mobilisent. Depuis 2003, une coordination porte leur voix. Retour sur ses dernières actions et revendications avec Mélanie Charvy, directrice artistique de la compagnie de théâtre les Entichés (basée dans le Cher), membre de la Coordination des Intermittent·e·s et Précaires et de la CGT-spectacle.</strong></strong></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quand&nbsp;la&nbsp;CIP est-elle née&nbsp;?&nbsp;Dans&nbsp;quel&nbsp;contexte ?<br /></span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;C'est un mouvement né en 2003 contre la réforme de l'Assurance chômage,</em> se souvient Mélanie Charvy.&nbsp;<em>C'était une initiative des intermittents du spectacle qui, tout de suite, ont souhaité l'ouvrir à tous les précaires, tous les intermittents de l'emploi.&nbsp;»</em><br />Rappelons que les intermittent·e·s du spectacle ont, en France, un régime particulier lié à la précarité inhérente à leurs professions. Lorsqu'il·le·s cumulent suffisamment d'heures pour en bénéficier, il·le·s perçoivent des allocations qui doivent combler les périodes de non activité.</p> <p>En 2003, en plein été caniculaire, les artistes organisent des manifestations et leur grève paralyse les festivals comme le très médiatique festival d'Avignon. Des plateaux de télévision sont occupés et des actions en justice intentées contre la réforme signée à l'UNEDIC <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> en juin 2003.</p> <p>D'emblée, la Coordination des Intermittent·e·s et Précaires (CIP) annonce son désir de renégocier. Durant plusieurs mois, alors même que la réforme est déjà entrée en application, elle organise des débats pour faire de nouvelles propositions concrètes aux partenaires qui composent l'UNEDIC&nbsp;: c'est le «&nbsp;nouveau modèle&nbsp;».<br />Parmi ses revendications&nbsp;: ne pas «&nbsp;atomiser&nbsp;» les différents statuts (la réforme prévoit de distinguer par exemple artistes et techniciens, audiovisuel et spectacles) mais considérer les pratiques d'emploi et réaffirmer une solidarité interprofessionnelle. Elle milite également pour un revenu de remplacement et non de complément en période de chômage ou encore pour une meilleure gestion de l'Assurance chômage.</p> <p><em>«&nbsp;La CIP vit lorsqu'il y a de grands mouvements&nbsp;»</em>, précise Mélanie Charvy. Ainsi, elle est de retour en 2014 avec d'importantes manifestations et l'occupation de lieux culturels, contre une nouvelle réforme de l'Assurance chômage marquée notamment par un nouveau mode de calcul des allocations.</p> <p>Dès 2020 et le début des confinements, la CIP nationale a repris du service pour réclamer des aides d'urgence suite à la fermeture des lieux culturels, mais aussi, plus globalement, de tous les lieux employant des salarié·e·s précaires et intermittent·e·s de l'emploi.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quel est son statut ? Comment fonctionne-t-elle&nbsp;?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;Ce n'est pas une association ou alors, de fait&nbsp;»</em>, répond Mélanie Charvy.<em> «&nbsp;Il y a une coordination nationale mais tout est horizontal. Chaque CIP locale est libre de publier et de mettre en œuvre ou non, les textes transmis par la CIP nationale. Dans l'autre sens, après les réunions en local, nous faisons remonter nos décisions au niveau national.&nbsp;»</em></p> <p>Des CIP locales ont en effet été créées au fil des luttes. Comme dans le Cher et l'Indre. Elles ont fusionné en 2014.</p> <p>Selon les lieux, des liens étroits existent avec les syndicats.<em> «&nbsp;Ça a été le cas cette année à Bourges, avec la CGT. Au final, nous avons même créé une section locale CGT-spectacle.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Qui&nbsp;peut&nbsp;la&nbsp;rejoindre&nbsp;?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;N'importe qui. Tu n'as pas besoin d'être syndiqué ou de cotiser à quoi que ce soit. Dans le Cher, on s'aperçoit qu'il y a surtout des intermittents du spectacle mais à Châteauroux, il y a aussi des précaires de la restauration.&nbsp;»</em></p> <p>Aujourd'hui, une quarantaine de personnes participent activement à la CIP 36-18.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quels sont les sujets sur lesquels elle se concentre aujourd'hui ? Quels sont ses projets ?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;Suite à l'occupation des théâtres et les manifestations des derniers mois, nous avons obtenu quelques avancées, comme la prolongation de l'année blanche pour quatre mois pour les intermittents du spectacle <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. Mais nos revendications concernaient l'ensemble des intermittents de l'emploi,</em> rappelle Mélanie Charvy. <em>Nous avons aussi obtenu des aides supplémentaires pour les petits lieux et des aides à la relance pour les compagnies… mais c'est un fourre-tout difficile à comprendre&nbsp;! Je crains que l'argent n'arrive qu'aux plus grosses structures.&nbsp;»</em></p> <p>La plus grande victoire est sans doute arrivée en juin : la suspension, par le Conseil d’État, du nouveau mode de calcul des indemnités des allocations chômage qui devait entrer en vigueur au 1er juillet et fragilisait encore les plus précaires. Le Conseil d’État avait été saisi par des syndicats, soutenus par la CIP. Une décision sur le fond sera rendue dans quelques mois.<br /><em>«&nbsp;Le combat va devoir recommencer à la rentrée, nous organiserons certainement des manifestations&nbsp;»</em>, explique Mélanie Charvy. La réforme des retraites devrait donner lieu également à de fortes mobilisations.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quelle est la position de la CIP sur la mise en place du pass sanitaire dans les lieux culturels ?</span></strong></span></p> <p>Difficile d'obtenir un consensus sur ce sujet, tant la situation économique des précaires, par définition, est fragile. Après un an d'arrêt, parfois plus, nombre d'artistes sont pressé·e·s de jouer à nouveau et de retrouver leur public. Certes, quelques-un·e·s, à l'image d'HK et les Saltimbanques, ont décidé d'annuler purement et simplement leur tournée. Mais il·le·s semblent minoritaires.<br />Mélanie Charvy soupire&nbsp;: <em>«&nbsp;C'est compliqué… Nous voulons simplement faire notre métier… pour des raisons économiques mais aussi, parce que nous avons envie de remonter sur scène&nbsp;! Au sein de notre compagnie, il y a eu un débat. Pour l'instant, nous allons jouer, y compris là où le pass est demandé au public. Pour les artistes, personne de notre compagnie n'imposera jamais à quiconque le vaccin ou le pass.&nbsp;»</em><br />Elle se dit <em>«&nbsp;scandalisée par le non-remboursement des tests PCR&nbsp;»</em> qui entrera en vigueur en octobre.<em> «&nbsp;Du coup, les gens n'ont plus d'autre choix que de se faire vacciner.&nbsp;»</em></p> <p>Sur le sujet du pass, la CIP s'est surtout battue contre l'inégalité de traitement entre les contrats courts et les CDI (Contrats à Durée Indéterminée). Là aussi, elle a obtenu gain de cause puisque le 5 août dernier, le Conseil constitutionnel a tranché&nbsp;: il n’y aura pas de rupture de Contrats à Durée Déterminée (CDD) ou d'intérim pour cause de non-présentation du pass sanitaire dans les entreprises recevant du public à partir du 30&nbsp;août.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Fanny Lancelin<br /></strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) UNEDIC&nbsp;: association qui gère le régime de l'Assurance chômage. <a href="https://www.unedic.org/">https://www.unedic.org/</a><br />(2) <a href="http://www.cip-idf.org">http://www.cip-idf.org</a><br />(3) Chaque année, les droits des intermittent·e·s du spectacle sont recalculés. Pour en bénéficier, il·le·s doivent avoir déclaré au moins 507 heures à date anniversaire (la date de la première ouverture des droits). A cause de l'annulation ou du report des spectacles liés au Covid, le gouvernement a accepté que les intermittent·e·s bénéficient d'un délai supplémentaire pour effectuer ces 507 heures.</span></p> <p><strong><strong>A chaque fois que leur capacité à créer est mise à mal, notamment via leurs ressources financières, les intermittent·e·s du spectacle se mobilisent. Depuis 2003, une coordination porte leur voix. Retour sur ses dernières actions et revendications avec Mélanie Charvy, directrice artistique de la compagnie de théâtre les Entichés (basée dans le Cher), membre de la Coordination des Intermittent·e·s et Précaires et de la CGT-spectacle.</strong></strong></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quand&nbsp;la&nbsp;CIP est-elle née&nbsp;?&nbsp;Dans&nbsp;quel&nbsp;contexte ?<br /></span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;C'est un mouvement né en 2003 contre la réforme de l'Assurance chômage,</em> se souvient Mélanie Charvy.&nbsp;<em>C'était une initiative des intermittents du spectacle qui, tout de suite, ont souhaité l'ouvrir à tous les précaires, tous les intermittents de l'emploi.&nbsp;»</em><br />Rappelons que les intermittent·e·s du spectacle ont, en France, un régime particulier lié à la précarité inhérente à leurs professions. Lorsqu'il·le·s cumulent suffisamment d'heures pour en bénéficier, il·le·s perçoivent des allocations qui doivent combler les périodes de non activité.</p> <p>En 2003, en plein été caniculaire, les artistes organisent des manifestations et leur grève paralyse les festivals comme le très médiatique festival d'Avignon. Des plateaux de télévision sont occupés et des actions en justice intentées contre la réforme signée à l'UNEDIC <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> en juin 2003.</p> <p>D'emblée, la Coordination des Intermittent·e·s et Précaires (CIP) annonce son désir de renégocier. Durant plusieurs mois, alors même que la réforme est déjà entrée en application, elle organise des débats pour faire de nouvelles propositions concrètes aux partenaires qui composent l'UNEDIC&nbsp;: c'est le «&nbsp;nouveau modèle&nbsp;».<br />Parmi ses revendications&nbsp;: ne pas «&nbsp;atomiser&nbsp;» les différents statuts (la réforme prévoit de distinguer par exemple artistes et techniciens, audiovisuel et spectacles) mais considérer les pratiques d'emploi et réaffirmer une solidarité interprofessionnelle. Elle milite également pour un revenu de remplacement et non de complément en période de chômage ou encore pour une meilleure gestion de l'Assurance chômage.</p> <p><em>«&nbsp;La CIP vit lorsqu'il y a de grands mouvements&nbsp;»</em>, précise Mélanie Charvy. Ainsi, elle est de retour en 2014 avec d'importantes manifestations et l'occupation de lieux culturels, contre une nouvelle réforme de l'Assurance chômage marquée notamment par un nouveau mode de calcul des allocations.</p> <p>Dès 2020 et le début des confinements, la CIP nationale a repris du service pour réclamer des aides d'urgence suite à la fermeture des lieux culturels, mais aussi, plus globalement, de tous les lieux employant des salarié·e·s précaires et intermittent·e·s de l'emploi.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quel est son statut ? Comment fonctionne-t-elle&nbsp;?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;Ce n'est pas une association ou alors, de fait&nbsp;»</em>, répond Mélanie Charvy.<em> «&nbsp;Il y a une coordination nationale mais tout est horizontal. Chaque CIP locale est libre de publier et de mettre en œuvre ou non, les textes transmis par la CIP nationale. Dans l'autre sens, après les réunions en local, nous faisons remonter nos décisions au niveau national.&nbsp;»</em></p> <p>Des CIP locales ont en effet été créées au fil des luttes. Comme dans le Cher et l'Indre. Elles ont fusionné en 2014.</p> <p>Selon les lieux, des liens étroits existent avec les syndicats.<em> «&nbsp;Ça a été le cas cette année à Bourges, avec la CGT. Au final, nous avons même créé une section locale CGT-spectacle.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Qui&nbsp;peut&nbsp;la&nbsp;rejoindre&nbsp;?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;N'importe qui. Tu n'as pas besoin d'être syndiqué ou de cotiser à quoi que ce soit. Dans le Cher, on s'aperçoit qu'il y a surtout des intermittents du spectacle mais à Châteauroux, il y a aussi des précaires de la restauration.&nbsp;»</em></p> <p>Aujourd'hui, une quarantaine de personnes participent activement à la CIP 36-18.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quels sont les sujets sur lesquels elle se concentre aujourd'hui ? Quels sont ses projets ?</span></strong></span></p> <p><em>«&nbsp;Suite à l'occupation des théâtres et les manifestations des derniers mois, nous avons obtenu quelques avancées, comme la prolongation de l'année blanche pour quatre mois pour les intermittents du spectacle <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. Mais nos revendications concernaient l'ensemble des intermittents de l'emploi,</em> rappelle Mélanie Charvy. <em>Nous avons aussi obtenu des aides supplémentaires pour les petits lieux et des aides à la relance pour les compagnies… mais c'est un fourre-tout difficile à comprendre&nbsp;! Je crains que l'argent n'arrive qu'aux plus grosses structures.&nbsp;»</em></p> <p>La plus grande victoire est sans doute arrivée en juin : la suspension, par le Conseil d’État, du nouveau mode de calcul des indemnités des allocations chômage qui devait entrer en vigueur au 1er juillet et fragilisait encore les plus précaires. Le Conseil d’État avait été saisi par des syndicats, soutenus par la CIP. Une décision sur le fond sera rendue dans quelques mois.<br /><em>«&nbsp;Le combat va devoir recommencer à la rentrée, nous organiserons certainement des manifestations&nbsp;»</em>, explique Mélanie Charvy. La réforme des retraites devrait donner lieu également à de fortes mobilisations.</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Quelle est la position de la CIP sur la mise en place du pass sanitaire dans les lieux culturels ?</span></strong></span></p> <p>Difficile d'obtenir un consensus sur ce sujet, tant la situation économique des précaires, par définition, est fragile. Après un an d'arrêt, parfois plus, nombre d'artistes sont pressé·e·s de jouer à nouveau et de retrouver leur public. Certes, quelques-un·e·s, à l'image d'HK et les Saltimbanques, ont décidé d'annuler purement et simplement leur tournée. Mais il·le·s semblent minoritaires.<br />Mélanie Charvy soupire&nbsp;: <em>«&nbsp;C'est compliqué… Nous voulons simplement faire notre métier… pour des raisons économiques mais aussi, parce que nous avons envie de remonter sur scène&nbsp;! Au sein de notre compagnie, il y a eu un débat. Pour l'instant, nous allons jouer, y compris là où le pass est demandé au public. Pour les artistes, personne de notre compagnie n'imposera jamais à quiconque le vaccin ou le pass.&nbsp;»</em><br />Elle se dit <em>«&nbsp;scandalisée par le non-remboursement des tests PCR&nbsp;»</em> qui entrera en vigueur en octobre.<em> «&nbsp;Du coup, les gens n'ont plus d'autre choix que de se faire vacciner.&nbsp;»</em></p> <p>Sur le sujet du pass, la CIP s'est surtout battue contre l'inégalité de traitement entre les contrats courts et les CDI (Contrats à Durée Indéterminée). Là aussi, elle a obtenu gain de cause puisque le 5 août dernier, le Conseil constitutionnel a tranché&nbsp;: il n’y aura pas de rupture de Contrats à Durée Déterminée (CDD) ou d'intérim pour cause de non-présentation du pass sanitaire dans les entreprises recevant du public à partir du 30&nbsp;août.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Fanny Lancelin<br /></strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) UNEDIC&nbsp;: association qui gère le régime de l'Assurance chômage. <a href="https://www.unedic.org/">https://www.unedic.org/</a><br />(2) <a href="http://www.cip-idf.org">http://www.cip-idf.org</a><br />(3) Chaque année, les droits des intermittent·e·s du spectacle sont recalculés. Pour en bénéficier, il·le·s doivent avoir déclaré au moins 507 heures à date anniversaire (la date de la première ouverture des droits). A cause de l'annulation ou du report des spectacles liés au Covid, le gouvernement a accepté que les intermittent·e·s bénéficient d'un délai supplémentaire pour effectuer ces 507 heures.</span></p> Les Oiseaux de Tapage 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/49continuerasecultiverencore/710-lesoiseauxdetapage Super User <p style="text-align: right;"><em><strong>« Que fait l'oiseau dans la tempête&nbsp;? </strong></em><em><strong>Il ne se cramponne pas à la branche. Il suit la tempête.&nbsp;»</strong></em><br /><em><strong>Jules Renard</strong></em></p> <p><span style="font-size: 18pt;">I</span>l avait déployé ses ailes là et revenait naturellement s'y poser. Au bout de cette allée en pente qu'il avait tant de fois gravie, petit. A l'ombre de ces arbres qui l'avaient abrité et qui, lorsque le vent soufflait dans leurs branches, l'avaient bercé. Au milieu de cette petite clairière qui l'invitait à revenir s'installer.</p> <p>L'oiseau était de retour dans le nid qui l'avait vu naître.</p> <p>Bien sûr, il avait beaucoup changé. Il avait parcouru des milliers de kilomètres et rencontré des centaines d'autres oiseaux. Il avait été particulièrement touché par ses congénères migrateurs fuyant la violence et le chaos de leurs contrées, se posant dans des lieux qu'ils ne connaissaient pas et où ils n'étaient souvent pas les bienvenus. Il avait tenté de les soutenir, de partager l'espoir et la joie qu'il portait en lui.<br />Il avait aussi croisé le chemin de drôles d'oiseaux, bigarrés. Il avait aimé les suivre, faire partie de leur nuée. Leur vie n'était qu'aventure&nbsp;! Nul ne pouvait prédire le lendemain.<br />A leur contact, il avait pris de l'envergure mais il voulait voler à son propre rythme et faire entendre son chant. Il savait qu'il ne serait pas seul. De passage ou d'ici, d'autres oiseaux le rejoindraient. Ensemble, ils feraient un véritable tapage. Pour ne jamais oublier de chanter, de voler. D'en rêver et d'en vivre.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________</span></strong></p> <h3>Déjà plusieurs vies</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>C'est à l'ancienne miellerie des Petits, à Neuilly-en-Sancerre dans le Cher, que Max Jeanjean a monté pour la première fois son chapiteau rouge. C'est là qu'il avait grandi. Une allée bordée de vieux arbres, une clairière… Un lieu familier, des ami·e·s pour l'aider… A 28 ans, Max venait de créer la compagnie «&nbsp;Les Oiseaux de Tapage&nbsp;» et d'acheter un chapiteau neuf, tout droit arrivé d'Italie. Il s'apprêtait à accueillir un concert privé pour l'anniversaire de son frère, avant de partir en tournée.<br />Mais en pleine période de pandémie, les décisions du gouvernement quant aux représentations culturelles l'ont arrêté dans son envol&nbsp;: les annulations de dates se sont succédé, déstructurant l'itinéraire prévu, décourageant les artistes.</p> <p>Malgré sa jeunesse, Max sait déjà que la vie peut imposer parfois bien des détours. Passés les moments d'abattement, il a dû se redresser. Pas question de laisser les ailes du chapiteau repliées. Ce n'est pas comme s'il n'avait pas eu déjà quelques vies… La pâtisserie. La vigne. La restauration. L'animation. Le spectacle. La cuisine...</p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_3.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Un des plats cuisinés par Max lors d'un dîner - spectacle (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_3.jpg" alt="leslouise" width="466" height="349" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>«&nbsp;Ne pas rester sans rien faire et être heureux&nbsp;»</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>________________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p><em>«&nbsp;J'ai quitté l'école à 14 ans. J'étais contre le système scolaire, ça n'était pas pour moi,</em> raconte-il. <em>Avant ça, en 3e, j'ai fait un stage en pâtisserie. J'étais déjà attiré par la cuisine, je voulais explorer un peu le sucre. La semaine s'est très bien passée&nbsp;: il y avait une bonne ambiance, j'étais très volontaire. Le patron m'a fait une proposition d'apprentissage.&nbsp;»</em> Il accepte. Mais l'ambiance change du tout au tout. <em>«&nbsp;C'était devenu très dur. Le patron avait connu de grandes maisons et il voulait me montrer ce qu'il savait, de la même manière qu'on lui avait enseigné. Il disait «&nbsp;dressage et mordant&nbsp;»… C'était très violent.&nbsp;»</em> Le Centre de Formation des Apprentis (CFA) ne lui offre guère de répit&nbsp;: <em>«&nbsp;J'étais le plus jeune, je m'appelais Jeanjean, je ne venais pas des quartiers nord de Bourges… Je subissais du harcèlement.&nbsp;»</em> Il jète l'éponge au bout de six mois.</p> <p>Quelle a été la réaction de ses parents&nbsp;? <em>«&nbsp;Il y avait deux conditions pour arrêter l'école&nbsp;: ne pas rester sans rien faire et être heureux. Quand on est gosse et qu'on entend ça, ça ouvre plein de portes. Ça donne du culot et de l'audace, sans avoir peur de se planter.&nbsp;»</em><br />Max est alors embauché dans les vignes du Sancerrois. Il y apprend l'ébourgeonnage, l'accolage, le tirage des bois, les vendanges...<br /><em>«&nbsp;Je travaillais avec des personnes de 50 ans, rincées par la vie et le travail. Des personnes qui avaient la peau rendue grisâtre par le vent, la pluie, le froid et les traitements de la vigne. Des mecs m'ont pris sous leurs ailes. J'ai retrouvé là une réelle humanité, je me suis rouvert au monde. J'ai rencontré des profils très variés, des parcours de vie très différents, atypiques. J'ai compris que la vie n'était pas tracée toute droite.&nbsp;»</em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des rencontres, des paysages, des saveurs...</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________________________</strong></span></p> <p>Sa conscience sociale s'ouvre aussi à cette période. <em>«&nbsp;Le patron use ses ouvriers jusqu'à la corde. C'était une expérience à la fois dure et enrichissante. Ça m'a appris à être humble.&nbsp;Et aussi à apprécier quelqu'un non pas en fonction de sa catégorie sociale, mais pour ce qu'il est vraiment, sans jugement ni sacralisation. J'ai senti que j'aimais profondément les gens.&nbsp;»</em></p> <p>Saisonnier, il travaille en parallèle dans la restauration. D'abord à la plonge, puis en tant que commis, second, et enfin, plus tard, il deviendra chef dans une tarterie gastronomique...<br />Durant ses vacances, il sillonne l'Europe avec son sac à dos. <em>«&nbsp;Je faisais du stop, j'étais hébergé chez l'habitant. C'est aussi comme ça que j'ai découvert des cultures et des façons de vivre très variées. Et des cuisines&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Déjà, se profilent les ingrédients des Oiseaux de Tapage&nbsp;: des rencontres, des paysages, des saveurs…</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________</span></strong></p> <h3>Spectacle et dîner façon cabaret</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________</strong></span></p> <p><em></em>Un amour le fait s'envoler à Lyon. En service civique, il devient animateur dans un CADA, un Centre d'Accueil pour les Demandeur·se·s d'Asile. <em>«&nbsp;Je n'y connaissais rien. Alors, je partais de ce que les gens voulaient faire&nbsp;: un tournoi de foot, un atelier cuisine, des sorties…&nbsp;»</em><br />Son amour est étudiante en théâtre. Ensemble, il·le·s créent une association, «&nbsp;Lézimbär troupe&nbsp;», et se font progressivement un réseau parmi les artistes.<em> «&nbsp;Lézimbär est venu jouer au CADA. C'était magique. Bien sûr, ça ne change pas la vie des gens, mais qu'est-ce que ça leur fait du bien&nbsp;! Le spectacle était un prétexte à la rencontre&nbsp;: trois jours avant l'événement, tout le monde s'est mis à cuisiner dans les étages… les artistes et le public étaient tous mélangés, dans un véritable échange, un véritable rapport humain.&nbsp;»</em></p> <p>«&nbsp;Lézimbär troupe&nbsp;» a grandi jusqu'à regrouper 70 personnes lors d'une grande «&nbsp;Tournée générale&nbsp;»&nbsp;!</p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_1.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Du Lézimbär au Karäfon, Max a appris et trouvé son propre concept. Ici, une soirée aux Petits dans le Cher (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_1.jpg" alt="leslouise" width="600" height="450" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><em>«&nbsp;J'ai eu envie de partir plus et plus longtemps&nbsp;»</em>, explique Max. Avec deux ami·e·s, Laurène et Lodois, il·le·s créent le collectif «&nbsp;Karäfon&nbsp;» et achètent un chapiteau à une famille de forains pratiquant le théâtre Guignol. <em>«&nbsp;C'était un coup de cœur&nbsp;: on n'avait aucune connaissance pour le monter&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Sans spectacle, il·le·s partent en tournée pour la première fois en 2017, durant quatre mois, en invitant une trentaine de compagnies à se produire sous leur chapiteau. <em>«&nbsp;On restait dix jours dans un lieu. On assurait la programmation, la communication, le bar, la restauration… C'était une sorte de festival itinérant.&nbsp;»</em> A chaque fois, des volontaires viennent leur prêter main forte. Une grande famille finit par naître. Le public est présent, heureux.<br /><em>«&nbsp;A titre personnel, j'ai trouvé ça très fatigant. Le transport, la logistique, le montage… Le fait de changer d'équipe tout le temps demande beaucoup d'adaptation aussi… Mais qu'est-ce que c'était bien&nbsp;!&nbsp;»</em><br />En 2018, Lodois entreprend la réécriture de «&nbsp;Blanche neige&nbsp;» sous une forme pluridisciplinaire très poétique. Karäfon propose alors une formule spectacle et dîner entrecoupé de numéros, à la manière d'un cabaret. A chaque fois, des compagnies locales sont invitées à se produire.<br /><em>«&nbsp;Le public aimait autant notre spectacle que notre accueil, et l'énergie qu'il y avait entre nous&nbsp;»</em>, se souvient Max.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></strong></p> <h3>Une nouvelle naissance</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________</strong></span></p> <p>Pourtant, en 2020, il décide de s'envoler seul vers de nouveaux horizons. <em>«&nbsp;Le Karäfon est une famille de cœur… mais j'avais envie de créer autre chose.&nbsp;Je voulais pouvoir vivre et faire vivre une troupe uniquement à partir d'une compagnie.&nbsp;»</em> Partir plus longtemps en tournée. Multiplier les dates. Privilégier les lieux privés. Avoir un noyau dur fixe, une plus petite équipe. Un modèle économique plus viable.<br /><em>«&nbsp;Durant un an, j'ai beaucoup travaillé pour trouver un concept, une énergie, une couleur… Enormément de personnes ont permis que le projet voie le jour, comme par exemple mon frère et ma belle-sœur <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> ou encore Nesta, un loueur de chapiteaux dans la Nièvre…&nbsp;»</em> Les voilà, ses Oiseaux de Tapage. La famille, les ami·e·s, les artistes qui viennent jouer sous son nouveau petit chapiteau italien. <em>«&nbsp;C'est à la fois une aventure individuelle et collective. Mais pour moi, c'est surtout une nouvelle naissance. Ça sort de mes tripes.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_6.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Un jour de montage (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_6.jpg" alt="leslouise" width="493" height="370" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>Le coup d'arrêt donné à sa tournée par les restrictions imposées aux événements culturels a été d'autant plus douloureux. <em>«&nbsp;C'était mon année de lancement… Je me suis senti mal. Mais je suis passionné et à chaque fois que je vois mon chapiteau monté, j'ai des étoiles dans les yeux. Je vois les gens contents. Alors je continue&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Son petit chapiteau est finalement une chance&nbsp;: la jauge est déjà de moins de cinquante personnes et il se concentre sur des lieux privés.<em> «&nbsp;Les petits projets et les petites initiatives sont politiquement impactantes aujourd'hui, </em>assure-t-il<em>. L’État ne remplit pas sa mission, son rôle social. Il divise. C'est à nous de prendre soin de nous collectivement. Nous avons plus que jamais besoin d'être ensemble.&nbsp;»</em></p> <p>Cet été, son chapiteau s'est donc finalement posé dans le Limousin et dans le Cher. Pour que les Oiseaux de Tapage atterrissent dans un lieu, il leur faut un terrain plat d'au moins seize mètres par seize mètres, un accès à l'eau, un hébergement. Le chapiteau est mis à disposition gratuitement. <em>«&nbsp;Pour le reste, on gère. C'est un festival «&nbsp;clé en main&nbsp;».&nbsp;»</em> Soit deux soirs de spectacles et dîners, entièrement financés par le public lui-même, la compagnie ne percevant aucune subvention.<br />Le lundi, les Oiseaux voyagent&nbsp;; le mardi, ils montent le chapiteau&nbsp;; le mercredi, ils installent le site (lumières, mobiliers, décors…)&nbsp;; le jeudi, ils vont chercher les denrées chez les producteur·ice·s du coin&nbsp;; le vendredi et le samedi, ils cuisinent et animent l'événement&nbsp;; le dimanche, ils démontent… Comme chez Karäfon, des bénévoles viennent renforcer l'équipe permanente.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________</span></strong></p> <h3>Savoir voler au-dessus des nuages</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>__________________________________________</strong></span></p> <p>Comment Max envisage-t-il la suite&nbsp;? Il tente de continuer à se projeter. <em>«&nbsp;J'aimerais que les Oiseaux de Tapage puissent financer une tournée en CADA. J'aimerais aussi soutenir des artistes étrangers qui n'ont pas la chance d'avoir le régime dont bénéficient les artistes en France.&nbsp;»</em> Pour y parvenir, se résoudra-t-il à demander des subventions&nbsp;? <em>«&nbsp;Je ne suis pas contre le principe mais… c'est le public qui fait ce que nous sommes. Je préfère miser sur la confiance qu'il nous accorde.&nbsp;»</em><br />Mais ne risque-t-il pas de devoir fixer des tarifs qui ne seront pas accessibles à tou·te·s&nbsp;? <em>«&nbsp;L'idée, c'est que les gros événements financent les plus modestes. C'est un équilibre à trouver. Je réfléchis aussi à d'autres formes de cuisine moins chères.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_8.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le chapiteau des Oiseaux de Tapage (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_8.jpg" alt="leslouise" width="594" height="445" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>En attendant, il faut à l'oiseau reprendre des forces. Là-bas, au loin, il ne peut le nier, des nuages s'amoncellent. Sera-t-il de taille face à la tempête&nbsp;? D'autres compagnies battent de l'aile. Mais d'autres savent aussi voler au-dessus des nuages. Max Jeanjean préfère envisager la vie sous ce jour-là. Son Simôrgh l'attend.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Tony Jeanjean et Laëtitia Fourrichon, compagnie Oh Z'arts Etc.<br /></span></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Lézimbär troupe&nbsp;: <a href="https://lezimbar-troupe.jimdofree.com/">https://lezimbar-troupe.jimdofree.com/</a></li> <li>Karäfon&nbsp;: <a href="https://www.facebook.com/CollectifKarafon">https://www.facebook.com/CollectifKarafon</a></li> <li>Les Oiseaux de Tapage&nbsp;: <a href="https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/">https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/</a></li> </ul> </div> <p style="text-align: right;"><em><strong>« Que fait l'oiseau dans la tempête&nbsp;? </strong></em><em><strong>Il ne se cramponne pas à la branche. Il suit la tempête.&nbsp;»</strong></em><br /><em><strong>Jules Renard</strong></em></p> <p><span style="font-size: 18pt;">I</span>l avait déployé ses ailes là et revenait naturellement s'y poser. Au bout de cette allée en pente qu'il avait tant de fois gravie, petit. A l'ombre de ces arbres qui l'avaient abrité et qui, lorsque le vent soufflait dans leurs branches, l'avaient bercé. Au milieu de cette petite clairière qui l'invitait à revenir s'installer.</p> <p>L'oiseau était de retour dans le nid qui l'avait vu naître.</p> <p>Bien sûr, il avait beaucoup changé. Il avait parcouru des milliers de kilomètres et rencontré des centaines d'autres oiseaux. Il avait été particulièrement touché par ses congénères migrateurs fuyant la violence et le chaos de leurs contrées, se posant dans des lieux qu'ils ne connaissaient pas et où ils n'étaient souvent pas les bienvenus. Il avait tenté de les soutenir, de partager l'espoir et la joie qu'il portait en lui.<br />Il avait aussi croisé le chemin de drôles d'oiseaux, bigarrés. Il avait aimé les suivre, faire partie de leur nuée. Leur vie n'était qu'aventure&nbsp;! Nul ne pouvait prédire le lendemain.<br />A leur contact, il avait pris de l'envergure mais il voulait voler à son propre rythme et faire entendre son chant. Il savait qu'il ne serait pas seul. De passage ou d'ici, d'autres oiseaux le rejoindraient. Ensemble, ils feraient un véritable tapage. Pour ne jamais oublier de chanter, de voler. D'en rêver et d'en vivre.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________</span></strong></p> <h3>Déjà plusieurs vies</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>C'est à l'ancienne miellerie des Petits, à Neuilly-en-Sancerre dans le Cher, que Max Jeanjean a monté pour la première fois son chapiteau rouge. C'est là qu'il avait grandi. Une allée bordée de vieux arbres, une clairière… Un lieu familier, des ami·e·s pour l'aider… A 28 ans, Max venait de créer la compagnie «&nbsp;Les Oiseaux de Tapage&nbsp;» et d'acheter un chapiteau neuf, tout droit arrivé d'Italie. Il s'apprêtait à accueillir un concert privé pour l'anniversaire de son frère, avant de partir en tournée.<br />Mais en pleine période de pandémie, les décisions du gouvernement quant aux représentations culturelles l'ont arrêté dans son envol&nbsp;: les annulations de dates se sont succédé, déstructurant l'itinéraire prévu, décourageant les artistes.</p> <p>Malgré sa jeunesse, Max sait déjà que la vie peut imposer parfois bien des détours. Passés les moments d'abattement, il a dû se redresser. Pas question de laisser les ailes du chapiteau repliées. Ce n'est pas comme s'il n'avait pas eu déjà quelques vies… La pâtisserie. La vigne. La restauration. L'animation. Le spectacle. La cuisine...</p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_3.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Un des plats cuisinés par Max lors d'un dîner - spectacle (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_3.jpg" alt="leslouise" width="466" height="349" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>«&nbsp;Ne pas rester sans rien faire et être heureux&nbsp;»</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>________________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p><em>«&nbsp;J'ai quitté l'école à 14 ans. J'étais contre le système scolaire, ça n'était pas pour moi,</em> raconte-il. <em>Avant ça, en 3e, j'ai fait un stage en pâtisserie. J'étais déjà attiré par la cuisine, je voulais explorer un peu le sucre. La semaine s'est très bien passée&nbsp;: il y avait une bonne ambiance, j'étais très volontaire. Le patron m'a fait une proposition d'apprentissage.&nbsp;»</em> Il accepte. Mais l'ambiance change du tout au tout. <em>«&nbsp;C'était devenu très dur. Le patron avait connu de grandes maisons et il voulait me montrer ce qu'il savait, de la même manière qu'on lui avait enseigné. Il disait «&nbsp;dressage et mordant&nbsp;»… C'était très violent.&nbsp;»</em> Le Centre de Formation des Apprentis (CFA) ne lui offre guère de répit&nbsp;: <em>«&nbsp;J'étais le plus jeune, je m'appelais Jeanjean, je ne venais pas des quartiers nord de Bourges… Je subissais du harcèlement.&nbsp;»</em> Il jète l'éponge au bout de six mois.</p> <p>Quelle a été la réaction de ses parents&nbsp;? <em>«&nbsp;Il y avait deux conditions pour arrêter l'école&nbsp;: ne pas rester sans rien faire et être heureux. Quand on est gosse et qu'on entend ça, ça ouvre plein de portes. Ça donne du culot et de l'audace, sans avoir peur de se planter.&nbsp;»</em><br />Max est alors embauché dans les vignes du Sancerrois. Il y apprend l'ébourgeonnage, l'accolage, le tirage des bois, les vendanges...<br /><em>«&nbsp;Je travaillais avec des personnes de 50 ans, rincées par la vie et le travail. Des personnes qui avaient la peau rendue grisâtre par le vent, la pluie, le froid et les traitements de la vigne. Des mecs m'ont pris sous leurs ailes. J'ai retrouvé là une réelle humanité, je me suis rouvert au monde. J'ai rencontré des profils très variés, des parcours de vie très différents, atypiques. J'ai compris que la vie n'était pas tracée toute droite.&nbsp;»</em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des rencontres, des paysages, des saveurs...</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________________________</strong></span></p> <p>Sa conscience sociale s'ouvre aussi à cette période. <em>«&nbsp;Le patron use ses ouvriers jusqu'à la corde. C'était une expérience à la fois dure et enrichissante. Ça m'a appris à être humble.&nbsp;Et aussi à apprécier quelqu'un non pas en fonction de sa catégorie sociale, mais pour ce qu'il est vraiment, sans jugement ni sacralisation. J'ai senti que j'aimais profondément les gens.&nbsp;»</em></p> <p>Saisonnier, il travaille en parallèle dans la restauration. D'abord à la plonge, puis en tant que commis, second, et enfin, plus tard, il deviendra chef dans une tarterie gastronomique...<br />Durant ses vacances, il sillonne l'Europe avec son sac à dos. <em>«&nbsp;Je faisais du stop, j'étais hébergé chez l'habitant. C'est aussi comme ça que j'ai découvert des cultures et des façons de vivre très variées. Et des cuisines&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Déjà, se profilent les ingrédients des Oiseaux de Tapage&nbsp;: des rencontres, des paysages, des saveurs…</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________</span></strong></p> <h3>Spectacle et dîner façon cabaret</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________________</strong></span></p> <p><em></em>Un amour le fait s'envoler à Lyon. En service civique, il devient animateur dans un CADA, un Centre d'Accueil pour les Demandeur·se·s d'Asile. <em>«&nbsp;Je n'y connaissais rien. Alors, je partais de ce que les gens voulaient faire&nbsp;: un tournoi de foot, un atelier cuisine, des sorties…&nbsp;»</em><br />Son amour est étudiante en théâtre. Ensemble, il·le·s créent une association, «&nbsp;Lézimbär troupe&nbsp;», et se font progressivement un réseau parmi les artistes.<em> «&nbsp;Lézimbär est venu jouer au CADA. C'était magique. Bien sûr, ça ne change pas la vie des gens, mais qu'est-ce que ça leur fait du bien&nbsp;! Le spectacle était un prétexte à la rencontre&nbsp;: trois jours avant l'événement, tout le monde s'est mis à cuisiner dans les étages… les artistes et le public étaient tous mélangés, dans un véritable échange, un véritable rapport humain.&nbsp;»</em></p> <p>«&nbsp;Lézimbär troupe&nbsp;» a grandi jusqu'à regrouper 70 personnes lors d'une grande «&nbsp;Tournée générale&nbsp;»&nbsp;!</p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_1.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Du Lézimbär au Karäfon, Max a appris et trouvé son propre concept. Ici, une soirée aux Petits dans le Cher (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_1.jpg" alt="leslouise" width="600" height="450" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p><em>«&nbsp;J'ai eu envie de partir plus et plus longtemps&nbsp;»</em>, explique Max. Avec deux ami·e·s, Laurène et Lodois, il·le·s créent le collectif «&nbsp;Karäfon&nbsp;» et achètent un chapiteau à une famille de forains pratiquant le théâtre Guignol. <em>«&nbsp;C'était un coup de cœur&nbsp;: on n'avait aucune connaissance pour le monter&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Sans spectacle, il·le·s partent en tournée pour la première fois en 2017, durant quatre mois, en invitant une trentaine de compagnies à se produire sous leur chapiteau. <em>«&nbsp;On restait dix jours dans un lieu. On assurait la programmation, la communication, le bar, la restauration… C'était une sorte de festival itinérant.&nbsp;»</em> A chaque fois, des volontaires viennent leur prêter main forte. Une grande famille finit par naître. Le public est présent, heureux.<br /><em>«&nbsp;A titre personnel, j'ai trouvé ça très fatigant. Le transport, la logistique, le montage… Le fait de changer d'équipe tout le temps demande beaucoup d'adaptation aussi… Mais qu'est-ce que c'était bien&nbsp;!&nbsp;»</em><br />En 2018, Lodois entreprend la réécriture de «&nbsp;Blanche neige&nbsp;» sous une forme pluridisciplinaire très poétique. Karäfon propose alors une formule spectacle et dîner entrecoupé de numéros, à la manière d'un cabaret. A chaque fois, des compagnies locales sont invitées à se produire.<br /><em>«&nbsp;Le public aimait autant notre spectacle que notre accueil, et l'énergie qu'il y avait entre nous&nbsp;»</em>, se souvient Max.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></strong></p> <h3>Une nouvelle naissance</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>______________________________</strong></span></p> <p>Pourtant, en 2020, il décide de s'envoler seul vers de nouveaux horizons. <em>«&nbsp;Le Karäfon est une famille de cœur… mais j'avais envie de créer autre chose.&nbsp;Je voulais pouvoir vivre et faire vivre une troupe uniquement à partir d'une compagnie.&nbsp;»</em> Partir plus longtemps en tournée. Multiplier les dates. Privilégier les lieux privés. Avoir un noyau dur fixe, une plus petite équipe. Un modèle économique plus viable.<br /><em>«&nbsp;Durant un an, j'ai beaucoup travaillé pour trouver un concept, une énergie, une couleur… Enormément de personnes ont permis que le projet voie le jour, comme par exemple mon frère et ma belle-sœur <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> ou encore Nesta, un loueur de chapiteaux dans la Nièvre…&nbsp;»</em> Les voilà, ses Oiseaux de Tapage. La famille, les ami·e·s, les artistes qui viennent jouer sous son nouveau petit chapiteau italien. <em>«&nbsp;C'est à la fois une aventure individuelle et collective. Mais pour moi, c'est surtout une nouvelle naissance. Ça sort de mes tripes.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_6.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Un jour de montage (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_6.jpg" alt="leslouise" width="493" height="370" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>&nbsp;</p> <p>Le coup d'arrêt donné à sa tournée par les restrictions imposées aux événements culturels a été d'autant plus douloureux. <em>«&nbsp;C'était mon année de lancement… Je me suis senti mal. Mais je suis passionné et à chaque fois que je vois mon chapiteau monté, j'ai des étoiles dans les yeux. Je vois les gens contents. Alors je continue&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Son petit chapiteau est finalement une chance&nbsp;: la jauge est déjà de moins de cinquante personnes et il se concentre sur des lieux privés.<em> «&nbsp;Les petits projets et les petites initiatives sont politiquement impactantes aujourd'hui, </em>assure-t-il<em>. L’État ne remplit pas sa mission, son rôle social. Il divise. C'est à nous de prendre soin de nous collectivement. Nous avons plus que jamais besoin d'être ensemble.&nbsp;»</em></p> <p>Cet été, son chapiteau s'est donc finalement posé dans le Limousin et dans le Cher. Pour que les Oiseaux de Tapage atterrissent dans un lieu, il leur faut un terrain plat d'au moins seize mètres par seize mètres, un accès à l'eau, un hébergement. Le chapiteau est mis à disposition gratuitement. <em>«&nbsp;Pour le reste, on gère. C'est un festival «&nbsp;clé en main&nbsp;».&nbsp;»</em> Soit deux soirs de spectacles et dîners, entièrement financés par le public lui-même, la compagnie ne percevant aucune subvention.<br />Le lundi, les Oiseaux voyagent&nbsp;; le mardi, ils montent le chapiteau&nbsp;; le mercredi, ils installent le site (lumières, mobiliers, décors…)&nbsp;; le jeudi, ils vont chercher les denrées chez les producteur·ice·s du coin&nbsp;; le vendredi et le samedi, ils cuisinent et animent l'événement&nbsp;; le dimanche, ils démontent… Comme chez Karäfon, des bénévoles viennent renforcer l'équipe permanente.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________</span></strong></p> <h3>Savoir voler au-dessus des nuages</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><strong>__________________________________________</strong></span></p> <p>Comment Max envisage-t-il la suite&nbsp;? Il tente de continuer à se projeter. <em>«&nbsp;J'aimerais que les Oiseaux de Tapage puissent financer une tournée en CADA. J'aimerais aussi soutenir des artistes étrangers qui n'ont pas la chance d'avoir le régime dont bénéficient les artistes en France.&nbsp;»</em> Pour y parvenir, se résoudra-t-il à demander des subventions&nbsp;? <em>«&nbsp;Je ne suis pas contre le principe mais… c'est le public qui fait ce que nous sommes. Je préfère miser sur la confiance qu'il nous accorde.&nbsp;»</em><br />Mais ne risque-t-il pas de devoir fixer des tarifs qui ne seront pas accessibles à tou·te·s&nbsp;? <em>«&nbsp;L'idée, c'est que les gros événements financent les plus modestes. C'est un équilibre à trouver. Je réfléchis aussi à d'autres formes de cuisine moins chères.&nbsp;»</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_8.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le chapiteau des Oiseaux de Tapage (Photo : les Oiseaux de Tapage)."><img src="http://www.rebonds.net/images/Oiseaux/les_oiseaux_de_tapage_8.jpg" alt="leslouise" width="594" height="445" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p> <p>En attendant, il faut à l'oiseau reprendre des forces. Là-bas, au loin, il ne peut le nier, des nuages s'amoncellent. Sera-t-il de taille face à la tempête&nbsp;? D'autres compagnies battent de l'aile. Mais d'autres savent aussi voler au-dessus des nuages. Max Jeanjean préfère envisager la vie sous ce jour-là. Son Simôrgh l'attend.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Tony Jeanjean et Laëtitia Fourrichon, compagnie Oh Z'arts Etc.<br /></span></p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Lézimbär troupe&nbsp;: <a href="https://lezimbar-troupe.jimdofree.com/">https://lezimbar-troupe.jimdofree.com/</a></li> <li>Karäfon&nbsp;: <a href="https://www.facebook.com/CollectifKarafon">https://www.facebook.com/CollectifKarafon</a></li> <li>Les Oiseaux de Tapage&nbsp;: <a href="https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/">https://www.facebook.com/LES-OISEAUX-DE-TAPAGE-105358617749433/</a></li> </ul> </div>