# 56 Solidarité à double sens (mars 2022)

« Ne m’oublie pas », Alix Garin

2017-04-02T20:07:14+02:00

Comme j’envie l’audace de Clémence ! Car combien de fois me suis-je dit, moi aussi, en quittant la maison de retraite où ma grand-mère attendait : « pourquoi ne t’enfuis-tu pas avec elle ? » ? Sans doute est-ce pour cela que cette bande dessinée m’a particulièrement touchée. Mais aussi pour la qualité de ses traits, pour la justesse de la narration et pour toutes les pépites émotionnelles qu’elle recèle.

Pour son premier récit, en partie autobiographique, Alix Garin, jeune autrice de 23 ans, explore habilement des sujets à la fois universels et intimes.

Dans « Ne m’oublie pas », les personnages principaux (nous devrions dire principales) sont des femmes : la grand-mère de Clémence, atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui fugue de la maison de retraite ; la mère de Clémence qui a élevé sa fille seule, et qui ne sait plus quelle décision prendre pour le bien-être de sa mère ; et Clémence elle-même, étudiante, homosexuelle, qui souffre de voir sa mamy diminuer, abrutie par les calmants pour éviter qu’elle ne se sauve…

Se sauver ? La sauver ? Un jour, sur un coup de tête, Clémence embarque sa grand-mère en voiture pour la ramener vers sa maison d’enfance. Une véritable aventure à travers la Belgique durant laquelle les deux femmes partagent des moments inattendus, souvent drôles !

Alix Garin interroge aussi la notion de mémoire. A mesure que défilent les kilomètres, le temps semble ralentir puis s’arrêter. Les deux femmes le remonte en se souvenant : pour Clémence, ce sont les bons moments passés avec sa grand-mère, mais aussi avec sa mère qui ressurgissent ; tandis que sa mamy, dans le flou provoqué par la maladie d’Alzheimer, a parfois l’impression d’être redevenue une jeune femme voire une enfant.

Enfin, et c’est sans doute là l’essentiel, « Ne m’oublie pas » parle d’amour. De celui qui nourrit, qui fait grandir, rire, aimer encore plus fort. De celui que deux êtres se portent malgré la différence d’âge, malgré la distance imposée aux cœurs. De celui qui survit après la disparition des corps.

Pour découvrir ce magnifique album, paru en 2021, rendez-vous sur le site de la maison d’édition Le Lombard : https://www.lelombard.com/bd/ne-moublie-pas/ne-moublie-pas
Il est possible d’en feuilleter des extraits !

J’aurais aimé lire ce livre avec ma grand-mère. Elle n’est plus là. Mais sa mémoire vit en moi et notre amour survit. Aucun risque de l’oublier…

F.L.

« Une vie d’écart », Matthieu Marès-Savelli

2017-04-02T20:07:14+02:00

C’est une expérience passionnante que Matthieu Marès-Savelli a filmée dans un milieu pourtant peu habitué aux caméras : un Ehpad (Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Durant six semaines, il a suivi dix enfants de maternelle rendant chaque jour visite à des résident·es. Le résultat est étonnant.

Adaptée d’un programme mené et diffusé en 2017 au Royaume-Uni, la série française « Une vie d’écart » comprend quatre épisodes, diffusés en 2020 sur Canal + et disponibles désormais en replay. Des deux côtés de la Manche, l’objectif était le même : observer l’effet que produisent des rencontres quotidiennes entre de jeunes enfants (5 ans) et des personnes âgées (90 ans et plus) qui, à l’origine, ne se connaissent pas.

L’expérience est menée scientifiquement : avant de la débuter, les seniors acceptent de participer à des tests d’effort et de moral, qui sont renouvelés à la fin du cycle de visites des petit·es de maternelle. Les enfants répondent aussi à des questions d'une psychologue scolaire, qui observe, séance après séance, l'effet des visites sur leur comportement, individuel et en groupe.

Le reste n’est qu’une suite de moments étonnants, émouvants, drôles ! Au départ, les seniors sont plutôt sur la réserve, attendant presque timidement ce qui va leur arriver. Les enfants, au contraire, sont enthousiastes et très détendu·es, sans filtre ! Progressivement, les barrières tombent, les mains s’enlacent, les baisers claquent sur les joues, les conversations vont bon train… les liens se tissent… des amitiés sincères naissent.
« T’es douce ! » assure ainsi Olive à Jacqueline en caressant la peau de son cou toute ridée. « Pourquoi t’es pas au ciel ? » demande Firouza à Annette. « Parce que quelqu’un là-haut a dit, c’est pas fini, tu peux encore marcher et rencontrer des petits enfants, tout n’est pas cassé », répond la vieille femme. « Robert, est-ce que tu étais impatient de me voir ? », interroge un jour tout de go le petit Andréa au papy qui sourit...

A l’occasion d’ateliers, de jardinage ou de cuisine par exemple, les seniors transmettent leurs savoirs aux plus jeunes, mais iels réalisent aussi des gestes qu’iels ne faisaient plus jusqu’alors. « Une vie d’écart a pour ambition de proposer une solution efficace et non médicamenteuse à un enjeu majeur de notre société. De nombreuses études démontrent en effet que les contextes intergénérationnels augmentent les émotions positives, l’estime de soi, et la satisfaction de vie des personnes âgées. En plus d’un échange humain, ils ont des effets sur leurs conditions motrices et psychologiques », explique Caroline Delage, la productrice de la série (1).

De plus, non seulement iels créent une relation avec les enfants, mais aussi entre elleux. Dans la plupart des maisons de retraite, les résident·es vivent ensemble mais se connaissent peu. La venue des enfants leur offre cette occasion forcément bénéfique sur la vie collective.

Pour l’enfant aussi, le bénéfice est certain : « un enfant sort apaisé d’un moment partagé avec un senior. Il gagne en concentration. Sa socialisation et son empathie sont encouragées », souligne Caroline Delage. Les spectateur·ices le constatent par elleux-mêmes au fur et à mesure qu'iels suivent les épisodes. Jean-Luc Noël, psychologue qui témoigne dans la série, abonde dans ce sens : « cette expérience arrive à créer des choses que l’on ne soupçonne pas » !

Pour (re)voir la série « Une vie d’écart », rendez-vous sur https://www.canalplus.com/decouverte/une-vie-d-ecart/h/14760837_50001

(1) https://www.senioractu.com/Une-vie-d-ecart-trois-questions-a-Caroline-Delage_a22886.html

Photo : Les Eclaireurs.

« Mamie dans les orties » et « Chill de Bloom »

2017-04-02T20:07:14+02:00

Voici deux idées de podcasts à écouter seul·e ou entre grands-parents et petit·es-enfants ! « Mamie dans les orties » recueille des témoignages de personnes âgées qui ont vécu de savoureuses petites histoires liées à la grande, notamment l’évolution des droits des femmes. « Chill de Bloom » est une radio d’enfants pour « chiller »... se relaxer et s’amuser, quoi !

« Mamie dans les orties » peut s’écouter ici : https://anchor.fm/mamie-dans-les-orties

Et « Le podcast de Chill de Bloom » là : https://www.laradiodesenfants.fr/le-podcast-chill-de-bloom/

Bonne écoute !

« Dimoitou »

2017-04-02T20:07:14+02:00

Apprendre à mieux se connaître tout en jouant : c’est l’objectif de la collection « Dimoitou » créée par Plume de vie. Elle comprend deux jeux de cartes à la fois originaux et simples à partager, qui permettent aux différentes générations de se raconter...

« Un provocateur de souvenirs » : c’est ainsi qu’Anne-Laure Vasseur, fondatrice de Plume de vie, qualifie le premier jeu de la série « Dimoitou ». Le principe est simple : les participant·es tirent une carte au sort parmi les 110 à disposition, lisent les intitulés et doivent y répondre devant l’ensemble du groupe. Pour les seniors, sept grandes thématiques : enfance, famille, goûts et couleurs, amour, école, histoire et mes parents. Pour les enfants, il s’agit plutôt de questions de culture générale ou de parler de ses rêves… Et puisque chaque famille est unique, il y a aussi des cartes vierges « A vos plumes » à compléter à l’envi !

Pas de gagnant·es ni de perdant·es ici. Tout le monde coopère pour entendre un maximum de récits !

Même principe pour le second jeu de la série, « Dimoitou, t’étais où ? », avec une variante toutefois : les petites histoires croisent la grande, puisqu’il s’agit pour les aîné·es de raconter où iels se trouvaient au moment où les événements marquants des XXe et XXIe siècles se sont produits. Ainsi, ce sont 55 nouvelles cartes qui permettent de nourrir les discussions entre enfants, parents et grands-parents. Elles peuvent bien sûr être mêlées aux précédentes.

Les deux jeux sont fabriqués en France, dans des formats facilement transportables. Les durées des parties varient selon les envies des participant·es !

Toujours dans cet esprit de transmission de savoirs et de mémoire : Plume de vie propose aussi des albums biographiques et des carnets d’activités.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site https://plumedevie.paris