# 56 Solidarité à double sens (mars 2022)(Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale.http://www.rebonds.net/56solidariteadoublesens2023-05-11T19:09:05+02:00(Re)bonds.netJoomla! - Open Source Content ManagementTom & Josette : une micro-crèche dans l’Ehpad2017-03-21T13:37:42+01:002017-03-21T13:37:42+01:00http://www.rebonds.net/56solidariteadoublesens/760-tometjosetteunemicrocrechedanslehpadSuper User<p style="text-align: left;"><strong>Créée en 2018, l’entreprise Tom & Josette implante des micro-crèches au cœur des hébergements pour seniors. Touchée par l’impact de l’âgisme sur l’autonomie et la souffrance des personnes âgées, elle propose de leur redonner un rôle et de la joie, en tissant un lien avec les bambins. Mais comment s’organise concrètement cette coopération intergénérationnelle ? Aymeric Lecomte, responsable de l’accueil des familles chez Tom & Josette, répond à nos questions.</strong></p>
<p><span style="color: #ff615d;">« Pouvez-vous rappeler ce qu’est une micro-crèche ?</span></p>
<p>Il s’agit d’une structure d’accueil de jeunes enfants, âgé.es de 10 semaines à 3 ans. Iels sont au maximum douze, encadré.es par quatre professionnel.les de la Petite enfance. Nous les accueillons du lundi au vendredi.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Les micro-crèches Tom & Josette sont dites intergénérationnelles. Pourquoi ?</span></p>
<p>Elles sont installées dans la structure qui accueille des personnes âgées. Pas à côté ou proche de, mais vraiment à l’intérieur, c’est important.<br />Il peut s’agir d’Ehpad <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, de résidences seniors, de résidences autonomie ou de colocations seniors.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">La micro-crèche s’implante-t-elle dans un lieu existant, ce qui suppose des adaptations du bâtiment, ou est-elle co-construite avec une nouvelle résidence seniors ?</span></p>
<p>Nous avons actuellement deux crèches en fonctionnement, à Rennes et près de Bordeaux : l’une a été créée à l’occasion d’un nouveau projet, l’autre dans un espace inutilisé d’un Ehpad.</p>
<p>Sur l’adaptation des bâtiments : nous ne dépendons pas des mêmes normes que les résidences seniors. Les nôtres viennent de la PMI et de la CAF <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>. Par exemple : le mobilier adapté, le sol mou pour jouer, les hauteurs de prises pour la sécurité… Cette compétence, c’est nous qui l’apportons. Ce n’est pas du tout un problème.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_1.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_1.JPG" alt="tom et josette 1" width="381" height="621" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p><span style="color: #ff615d;">Tom & Josette est-elle une franchise ou tout le personnel fait-il partie de l’entreprise ?</span></p>
<p>Tout le personnel fait partie de l’entreprise. L’enjeu pour nous, c’est de créer une culture de l’intergénérationnel. Nous souhaitons revaloriser les métiers de la Petite enfance, en leur redonnant du sens et en leur apportant de la nouveauté. Pour cela, il faut bien accompagner les équipes.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Votre projet pédagogique est d’inspiration Montessori (3). Quel impact a-t-elle sur le lien entre les tout-petits et les seniors ?</span></p>
<p>Parmi les principes de la pédagogie Montessori, il y a l’autonomie et le « apprends-moi à faire seul·e ». Nous sommes heureux de travailler avec des Ehpad qui ont la même philosophie. On dit parfois que les personnes âgées sont infantilisées lorsqu’elles vieillissent. Nous sommes à l’inverse de ça. Avec les enfants, elles sont en situation de transmettre, elles sont actrices, responsables.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Comment les équipes de la crèche et celle des résidences collaborent-elles concrètement ?</span></p>
<p>Les activités sont préparées, réalisées et débriefées ensemble. De la planification au retour d’expériences, nous avons tout à échanger.<br />Par exemple, à Rennes, l’équipe de l’Ehpad a souligné le fait d’éviter de proposer certaines activités, parce qu’elles mettraient les résidents en situation d’échec. Son expertise est très importante.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">En tant que responsable de l’accueil des familles, comment leur présentez-vous les temps intergénérationnels et le bénéfice sur les enfants ?</span></p>
<p>Lorsque je fais la proposition aux familles, je parle de cercles concentriques : d’abord, la chose la plus importante, c’est que l’enfant soit en sécurité, physiquement grâce à un espace adapté, et affectivement, grâce à l’équipe. Comme il est en sécurité, il peut ouvrir un nouveau cercle et créer des liens avec d’autres, notamment les résidents.<br />J’ai en tête l’exemple d’un enfant qui sait marcher et qui, dans une résidence autonomie, va naturellement toquer à la porte des résidents. Parce qu’il se sent bien, en confiance.</p>
<p>Et puis, nous insistons sur la joie et la spontanéité des moments. Les enfants ont une grande capacité à investir les moments présents. C’est aussi souvent le cas des personnes âgées.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_2.jpg" alt="tom et josette 1" width="557" height="532" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p><span style="color: #ff615d;">Pendant combien de temps se retrouvent-iels chaque jour et pour quel type d’activités ?</span></p>
<p>Pour les activités, il faut compter 45 minutes et il y a aussi le temps du goûter l’après-midi. Il peut s’agir de lecture, d’ateliers créatifs, du potager, d’animations liées aux saisons. Nous avons aussi de la danse-thérapie et de la médiation animale. Les animatrices ont plein d’idées !</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Toutes les personnes âgées peuvent-elles participer, quel que soit leur niveau de dépendance ?</span></p>
<p>C’est l’équipe de l’Ehpad ou de la résidence qui fait la proposition aux personnes âgées. Elles sont volontaires, elles choisissent de venir ou non. Je connais un monsieur qui s’habille bien, exprès pour l’occasion !<br />Dans les unités protégées, pour les personnes les plus dépendantes, le temps intergénérationnel est celui du goûter.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Vous avez doté votre entreprise d’un comité scientifique <span style="font-size: 8pt;">(4).</span> Comme dans la série « Une vie d’écart »<span style="font-size: 8pt;"> (5)</span>, est-ce que vous mesurez l’impact des temps intergénérationnels sur les enfants et les seniors ?</span></p>
<p>Nous travaillons avec un cabinet d’impact pour un travail exploratoire. Jacqueline Wendland, de l’Université de Paris, va diriger une thèse sur l’impact des liens intergénérationnels. Nous pressentons intuitivement des effets, sur les enfants notamment. Il faut les vérifier car cela peut modifier le regard de la société sur les personnes âgées.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Combien de micro-crèches Tom & Josette sont-elles actives aujourd’hui ?</span></p>
<p>Deux : une à Rennes et une autre à Bordeaux (Montussan). Cela concerne 24 enfants, 70 résidents à Rennes et 12 à Bordeaux.</p>
<p>Nous en ouvrirons une à Albi à la fin du mois, deux autres à Brest et L’Houmeau en juin, et le reste en septembre (Laval, Meudon, Vourles, Fargues-Saint-Hilaire et Bobigny).</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_3.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_3.jpg" alt="tom et josette 1" width="456" height="608" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p><span style="color: #ff615d;">Quel est le marché des micro-crèches aujourd’hui ?</span></p>
<p>Il y a un manque crucial de places. L’Etat se désengage et laisse l’initiative au secteur privé.<br />Parallèlement, le mode de garde collectif devient populaire, pour son impact sur la sociabilité des enfants. Mais avant, les structures comptaient 60 berceaux. Aujourd’hui, les familles recherchent des structures à taille humaine. En tant qu’entrepreneur, c’est beaucoup plus simple à installer : il faut moins d’espace, c’est moins lourd.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Il semble en exister surtout en milieu urbain…</span></p>
<p>On ne ferme pas la porte à des zones semi-rurales. Il faut qu’il y ait une demande. Dans les petites villes, les mairies sont souvent très impliquées dans les projets et réservent même des places. Avoir une micro-crèche, ça peut être un argument intéressant pour attirer ou conserver des familles sur le territoire.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Votre objectif est d’en créer une centaine de plus d’ici à 2025. Avez-vous des projets dans le Centre de la France ?</span></p>
<p>Non, pas encore. Mais nous serions ravis de nous y implanter ! »</p>
<p><strong>Propos recueillis par Fanny Lancelin</strong></p>
<p> </p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) PMI : Protection Maternelle Infantile. CAF : Caisse d’Allocations Familiales.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) Montessori : du nom de Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne. Plus d’infos sur <a href="https://www.montessori-france.asso.fr">https://www.montessori-france.asso.fr</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">Vous pouvez aussi (re)lire les numéros 20 et 21 de (Re)bonds consacrés aux pédagogies alternatives : « Une autre école est possible » (épisodes 1 et 2). Rendez-vous à la rubrique « archives ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(4) Le comité scientifique se compose de psychologues clinicien.nes, d’un haptopsychothérapeute, d’un docteur en science de gestion mais aussi de l’une des fondatrices de l’association « Bien-traitance, formations et recherches, de l’aube de la vie au soir de l’existence ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(5) Lire aussi la rubrique (Ré)créations.</span></p>
<p> </p>
<div class="panel-heading">
<h3 class="panel-title">Plus</h3>
</div>
<ul>
<li>Pour en savoir plus sur Tom & Josette, rendez-vous sur le site <a href="http://tometjosette.fr">http://tometjosette.fr</a></li>
<li><a href="http://tometjosette.fr">Contact : contact@tometjosette.fr</a></li>
</ul><p style="text-align: left;"><strong>Créée en 2018, l’entreprise Tom & Josette implante des micro-crèches au cœur des hébergements pour seniors. Touchée par l’impact de l’âgisme sur l’autonomie et la souffrance des personnes âgées, elle propose de leur redonner un rôle et de la joie, en tissant un lien avec les bambins. Mais comment s’organise concrètement cette coopération intergénérationnelle ? Aymeric Lecomte, responsable de l’accueil des familles chez Tom & Josette, répond à nos questions.</strong></p>
<p><span style="color: #ff615d;">« Pouvez-vous rappeler ce qu’est une micro-crèche ?</span></p>
<p>Il s’agit d’une structure d’accueil de jeunes enfants, âgé.es de 10 semaines à 3 ans. Iels sont au maximum douze, encadré.es par quatre professionnel.les de la Petite enfance. Nous les accueillons du lundi au vendredi.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Les micro-crèches Tom & Josette sont dites intergénérationnelles. Pourquoi ?</span></p>
<p>Elles sont installées dans la structure qui accueille des personnes âgées. Pas à côté ou proche de, mais vraiment à l’intérieur, c’est important.<br />Il peut s’agir d’Ehpad <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, de résidences seniors, de résidences autonomie ou de colocations seniors.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">La micro-crèche s’implante-t-elle dans un lieu existant, ce qui suppose des adaptations du bâtiment, ou est-elle co-construite avec une nouvelle résidence seniors ?</span></p>
<p>Nous avons actuellement deux crèches en fonctionnement, à Rennes et près de Bordeaux : l’une a été créée à l’occasion d’un nouveau projet, l’autre dans un espace inutilisé d’un Ehpad.</p>
<p>Sur l’adaptation des bâtiments : nous ne dépendons pas des mêmes normes que les résidences seniors. Les nôtres viennent de la PMI et de la CAF <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>. Par exemple : le mobilier adapté, le sol mou pour jouer, les hauteurs de prises pour la sécurité… Cette compétence, c’est nous qui l’apportons. Ce n’est pas du tout un problème.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_1.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_1.JPG" alt="tom et josette 1" width="381" height="621" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p><span style="color: #ff615d;">Tom & Josette est-elle une franchise ou tout le personnel fait-il partie de l’entreprise ?</span></p>
<p>Tout le personnel fait partie de l’entreprise. L’enjeu pour nous, c’est de créer une culture de l’intergénérationnel. Nous souhaitons revaloriser les métiers de la Petite enfance, en leur redonnant du sens et en leur apportant de la nouveauté. Pour cela, il faut bien accompagner les équipes.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Votre projet pédagogique est d’inspiration Montessori (3). Quel impact a-t-elle sur le lien entre les tout-petits et les seniors ?</span></p>
<p>Parmi les principes de la pédagogie Montessori, il y a l’autonomie et le « apprends-moi à faire seul·e ». Nous sommes heureux de travailler avec des Ehpad qui ont la même philosophie. On dit parfois que les personnes âgées sont infantilisées lorsqu’elles vieillissent. Nous sommes à l’inverse de ça. Avec les enfants, elles sont en situation de transmettre, elles sont actrices, responsables.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Comment les équipes de la crèche et celle des résidences collaborent-elles concrètement ?</span></p>
<p>Les activités sont préparées, réalisées et débriefées ensemble. De la planification au retour d’expériences, nous avons tout à échanger.<br />Par exemple, à Rennes, l’équipe de l’Ehpad a souligné le fait d’éviter de proposer certaines activités, parce qu’elles mettraient les résidents en situation d’échec. Son expertise est très importante.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">En tant que responsable de l’accueil des familles, comment leur présentez-vous les temps intergénérationnels et le bénéfice sur les enfants ?</span></p>
<p>Lorsque je fais la proposition aux familles, je parle de cercles concentriques : d’abord, la chose la plus importante, c’est que l’enfant soit en sécurité, physiquement grâce à un espace adapté, et affectivement, grâce à l’équipe. Comme il est en sécurité, il peut ouvrir un nouveau cercle et créer des liens avec d’autres, notamment les résidents.<br />J’ai en tête l’exemple d’un enfant qui sait marcher et qui, dans une résidence autonomie, va naturellement toquer à la porte des résidents. Parce qu’il se sent bien, en confiance.</p>
<p>Et puis, nous insistons sur la joie et la spontanéité des moments. Les enfants ont une grande capacité à investir les moments présents. C’est aussi souvent le cas des personnes âgées.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_2.jpg" alt="tom et josette 1" width="557" height="532" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p><span style="color: #ff615d;">Pendant combien de temps se retrouvent-iels chaque jour et pour quel type d’activités ?</span></p>
<p>Pour les activités, il faut compter 45 minutes et il y a aussi le temps du goûter l’après-midi. Il peut s’agir de lecture, d’ateliers créatifs, du potager, d’animations liées aux saisons. Nous avons aussi de la danse-thérapie et de la médiation animale. Les animatrices ont plein d’idées !</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Toutes les personnes âgées peuvent-elles participer, quel que soit leur niveau de dépendance ?</span></p>
<p>C’est l’équipe de l’Ehpad ou de la résidence qui fait la proposition aux personnes âgées. Elles sont volontaires, elles choisissent de venir ou non. Je connais un monsieur qui s’habille bien, exprès pour l’occasion !<br />Dans les unités protégées, pour les personnes les plus dépendantes, le temps intergénérationnel est celui du goûter.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Vous avez doté votre entreprise d’un comité scientifique <span style="font-size: 8pt;">(4).</span> Comme dans la série « Une vie d’écart »<span style="font-size: 8pt;"> (5)</span>, est-ce que vous mesurez l’impact des temps intergénérationnels sur les enfants et les seniors ?</span></p>
<p>Nous travaillons avec un cabinet d’impact pour un travail exploratoire. Jacqueline Wendland, de l’Université de Paris, va diriger une thèse sur l’impact des liens intergénérationnels. Nous pressentons intuitivement des effets, sur les enfants notamment. Il faut les vérifier car cela peut modifier le regard de la société sur les personnes âgées.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Combien de micro-crèches Tom & Josette sont-elles actives aujourd’hui ?</span></p>
<p>Deux : une à Rennes et une autre à Bordeaux (Montussan). Cela concerne 24 enfants, 70 résidents à Rennes et 12 à Bordeaux.</p>
<p>Nous en ouvrirons une à Albi à la fin du mois, deux autres à Brest et L’Houmeau en juin, et le reste en septembre (Laval, Meudon, Vourles, Fargues-Saint-Hilaire et Bobigny).</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_3.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Photo : Tom & Josette."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/tom_et_josette_3.jpg" alt="tom et josette 1" width="456" height="608" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p><span style="color: #ff615d;">Quel est le marché des micro-crèches aujourd’hui ?</span></p>
<p>Il y a un manque crucial de places. L’Etat se désengage et laisse l’initiative au secteur privé.<br />Parallèlement, le mode de garde collectif devient populaire, pour son impact sur la sociabilité des enfants. Mais avant, les structures comptaient 60 berceaux. Aujourd’hui, les familles recherchent des structures à taille humaine. En tant qu’entrepreneur, c’est beaucoup plus simple à installer : il faut moins d’espace, c’est moins lourd.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Il semble en exister surtout en milieu urbain…</span></p>
<p>On ne ferme pas la porte à des zones semi-rurales. Il faut qu’il y ait une demande. Dans les petites villes, les mairies sont souvent très impliquées dans les projets et réservent même des places. Avoir une micro-crèche, ça peut être un argument intéressant pour attirer ou conserver des familles sur le territoire.</p>
<p><span style="color: #ff615d;">Votre objectif est d’en créer une centaine de plus d’ici à 2025. Avez-vous des projets dans le Centre de la France ?</span></p>
<p>Non, pas encore. Mais nous serions ravis de nous y implanter ! »</p>
<p><strong>Propos recueillis par Fanny Lancelin</strong></p>
<p> </p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) PMI : Protection Maternelle Infantile. CAF : Caisse d’Allocations Familiales.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) Montessori : du nom de Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne. Plus d’infos sur <a href="https://www.montessori-france.asso.fr">https://www.montessori-france.asso.fr</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">Vous pouvez aussi (re)lire les numéros 20 et 21 de (Re)bonds consacrés aux pédagogies alternatives : « Une autre école est possible » (épisodes 1 et 2). Rendez-vous à la rubrique « archives ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(4) Le comité scientifique se compose de psychologues clinicien.nes, d’un haptopsychothérapeute, d’un docteur en science de gestion mais aussi de l’une des fondatrices de l’association « Bien-traitance, formations et recherches, de l’aube de la vie au soir de l’existence ».</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(5) Lire aussi la rubrique (Ré)créations.</span></p>
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<li>Pour en savoir plus sur Tom & Josette, rendez-vous sur le site <a href="http://tometjosette.fr">http://tometjosette.fr</a></li>
<li><a href="http://tometjosette.fr">Contact : contact@tometjosette.fr</a></li>
</ul>Un service civique Solidarité Seniors2017-03-21T13:37:42+01:002017-03-21T13:37:42+01:00http://www.rebonds.net/56solidariteadoublesens/765-unserviceciviquesolidariteseniorsSuper User<p><strong>Iels s’appellent Pierrette, Nathan et Fatima. Iels se sont rencontré·es grâce à un service civique particulier appelé Solidarité Seniors. Le but ? Créer des liens entre des jeunes et des personnes âgées, par des visites, des jeux, des échanges de savoirs… A Bourges, l’association Unis Cité anime l’accompagnement de cette mission.</strong><span style="color: #ff615d;"></span></p>
<p>Iels ne se connaissent que depuis trois mois et pourtant, une belle complicité semble déjà les unir. Ce matin-là, dans un appartement de Bourges, le soleil ne brille pas seulement à travers la fenêtre : il rayonne autour de Pierrette, Nathan et Fatima, visiblement ravi·es d’être ensemble. Lorsqu’iels discutent, iels sont obligé·es de s’interrompre régulièrement pour rire ! <em>« Les jeunes m’apportent beaucoup, surtout au moral »</em>, explique Pierrette. <em>« Vous êtes beaucoup plus souriante que la première fois qu’on s’est vu·es »</em>, souligne Nathan. <em>« C’est vrai »,</em> reconnaît la vieille femme.</p>
<p>Depuis le mois de janvier, une fois par semaine, Nathan Guyonnet et Fatima Manou, volontaires du Service Civique Solidarité Seniors (SC2S), rendent visite à Pierrette Gilberte Charpentier chez elle. Agée de 81 ans, veuve, Pierrette vit au premier étage d’un immeuble alors qu’elle est en fauteuil suite à un problème de santé. <em>« Ça fait un an et demi que je demande un logement adapté</em>, raconte-elle. <em>J’aimerais rester dans les environs. On me répond qu’il n’y a rien pour l’instant. »</em> Impossible de sortir librement, donc. Elle aurait aimé s’inscrire dans une association du quartier pour participer à des activités, par exemple. Impossible aussi. Une forme d’isolement auquel elle ne pouvait se résoudre.</p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Une place active dans la société</span></strong></span></p>
<p>En contactant la mairie, elle a été mise en relation avec Unis Cité. Présente depuis 2017 à Bourges, cette association y accompagne cette année 48 volontaires en service civique dont 24 jeunes en SC2S. L’objectif : favoriser la rencontre entre les générations et la création de véritables liens, notamment à travers l’échange de savoirs. Rompre l’isolement de certain·es seniors ? Sûrement. Mais en leur permettant de transmettre leurs expériences aux plus jeunes et ainsi, de conserver une place active dans la société.<br />Pour les volontaires en service civique aussi, il s’agit de se sentir « utiles », tout en se formant, et en acquérant de nouvelles connaissances et compétences. Parmi leurs missions : des visites en structures ou à domicile, l’accompagnement à des sorties, l’organisation et la participation à des jeux, l’aide à l’utilisation d’outils numériques…</p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/arton4341.jpg"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/arton4341.jpg" alt="arton4341" width="343" height="147" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p>Durant le confinement, les volontaires ont dû s’adapter : iels ont essentiellement œuvré auprès des familles pour qu’elles gardent le contact avec les résident·es, notamment via des visioconférences.</p>
<p>Actuellement, les visites en structures se font dans des Ehpad à Bourges, Saint-Doulchard, Nohant-en-Goût et Menetou-Salon.</p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Aucun diplôme requis</span></strong></span></p>
<p>Quelles conditions faut-il remplir pour faire partie du SC2S ? Comme pour n’importe quel service civique, être âgé·es de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap) et être motivé·es ! Aucun diplôme n’est requis. A Bourges, les missions durent huit mois et se déroulent de novembre à juin. Les volontaires reçoivent une indemnité pouvant aller jusqu’à 688,30 euros par mois selon leur situation. Tout au long de leur mission, iels sont formé·es et accompagné·es par des coordinateur·ices.</p>
<p>Mais comment sont-iels orienté·es vers les seniors plutôt que vers le programme lié à l’environnement par exemple ? <em>« Cela se passe durant un entretien,</em> répond Fanny Ossude, coordinatrice d’équipe et de projets chez Unis Cité à Bourges. <em>Soit les jeunes ont déjà cette envie, soit nous les encourageons en fonction de ce que nous percevons de leur tempérament, de leur parcours... »</em> Théoriquement, la zone d’intervention de l’association couvre tout le département du Cher. <em>« Mais en réalité, nous sommes confrontées à la problématique de la mobilité chez les jeunes,</em> reconnaît Caroline Larpent, responsable des antennes du Cher et de l’Indre.<em> Iels viennent donc surtout de Bourges et des alentours, là où passent les transports en commun. »</em> <br />Parmi les axes de réflexion de l’équipe : territorialiser les missions, en d’autres termes, les organiser dans les lieux de vie des jeunes, leurs villages. Problème : iels auraient aussi des difficultés à se rendre aux sessions de formation et à échanger avec les autres jeunes, un volet important du service civique.</p>
<p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>« Je les attends avec impatience, les jeunes ! »</strong></span></p>
<p>Nathan et Fatima sont tou·tes deux originaires de Bourges. A 18 ans, Nathan a passé son bac, avant de débuter un service civique dans une école et d’enchaîner avec un travail dans un supermarché. <em>« Ça ne me plaisait pas. Comme je n’avais fait que deux mois à l’école, j’ai pu reprendre un autre service civique. Ça me donne le temps de réfléchir à ce que je veux faire. Pour l’instant, ça m’a permis de me rendre compte que je pouvais être utile. Et je sais que ça m’ouvrira des portes. »</em> Au niveau national, 71 % des ancien·nes volontaires trouvent une formation ou un stage ou un emploi dans les quatre à huit mois qui suivent leur mission. Certain·es rejoignent d’ailleurs les métiers liés aux seniors.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/unis_cité.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Fatima, Pierrette et Nathan (photo : F. Lancelin)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/unis_cité.JPG" alt="unis cité" width="615" height="403" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p>A 24 ans, un master de biologie en poche, Fatima espère trouver un poste dans la recherche. <em>« En attendant, je mets mon temps au service des autres. »</em> Pourra-t-elle interrompre sa mission si une opportunité se présente ? <em>« Techniquement c’est possible, mais je ne le ferai pas. Ce que je fais ici, c’est un engagement ! »</em></p>
<p>Pierrette regarde la jeune femme et sourit. <em>« On passe du bon temps ! Je les attends avec impatience, les jeunes ! »</em> Que font-iels ensemble ? Des jeux. <em>« Pierrette nous a appris la belote ! »</em> On peut jouer à trois ? <em>« Ah oui ! En enlevant les sept et en jouant chacun pour soi ! »</em><br /><em>« On discute aussi : on parle de tout, on est très spontané·es ! »</em> La famille, les ami·es, ce qu’iels regardent à la télévision... Pierrette aime les matches de football et de rugby.<em> « Il y a le Paris Saint-Germain contre le Real Madrid ce soir »,</em> prévient Nathan. <em>« Ah oui ? »</em></p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Poursuivre la transmission</span></strong></span></p>
<p>Mais aujourd’hui, iels parlent surtout de l’école d’autrefois à partir d’une photo de classe en noir et blanc. Elle a été prise en 1953 dans le Limousin. On y reconnaît bien Pierrette : son sourire n’a pas changé ! Nathan explique : <em>« Nous avons le projet de créer un journal télévisé à partir des témoignages des seniors. Il sera montré aux enfants des écoles de nos jours. »</em> Pierrette leur parle des blouses, du poêle au milieu de la salle de classe, du petit bois qu’elle traversait en courant lorsqu’elle était en retard le matin, des coups sur les doigts aussi quand elle oubliait ses leçons…</p>
<p>Ainsi, après avoir recueilli le témoignage de Pierrette, Nathan et Fatima l’offriront aux plus jeunes qu’elleux, poursuivant ainsi la transmission et prenant soin du lien entre les générations.</p>
<p><strong>Fanny Lancelin</strong></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.</span></p>
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<div class="panel-heading">
<h3 class="panel-title">Plus</h3>
</div>
<ul>
<li><strong>En chiffres</strong><br />
<p>1.500 : c’est le nombre de jeunes volontaires qui se sont mobilisé·es dans 81 villes de France pour le SC2S en 2020-2021.<br />Dans le Cher, iels étaient 40, dont 24 de Bourges et 16 d’autres villages : quinze garçons et 25 filles, dont 10 % en situation de handicap.<br />La majorité avait entre 18 et 21 ans.<br />Dix-huit d’entre elleux possédaient un diplôme inférieur au bac, seize le bac et six un diplôme d’études supérieures.</p>
</li>
<li>
<p><strong>Contact – Unis Cité à Bourges</strong><br />Fanny Ossude, coordinatrice d’équipe et de projets « Solidarité Seniors » : 07.62.25.76.74. et <a href="mailto:fossude@uniscite.fr">fossude@uniscite.fr</a></p>
</li>
</ul>
</div><p><strong>Iels s’appellent Pierrette, Nathan et Fatima. Iels se sont rencontré·es grâce à un service civique particulier appelé Solidarité Seniors. Le but ? Créer des liens entre des jeunes et des personnes âgées, par des visites, des jeux, des échanges de savoirs… A Bourges, l’association Unis Cité anime l’accompagnement de cette mission.</strong><span style="color: #ff615d;"></span></p>
<p>Iels ne se connaissent que depuis trois mois et pourtant, une belle complicité semble déjà les unir. Ce matin-là, dans un appartement de Bourges, le soleil ne brille pas seulement à travers la fenêtre : il rayonne autour de Pierrette, Nathan et Fatima, visiblement ravi·es d’être ensemble. Lorsqu’iels discutent, iels sont obligé·es de s’interrompre régulièrement pour rire ! <em>« Les jeunes m’apportent beaucoup, surtout au moral »</em>, explique Pierrette. <em>« Vous êtes beaucoup plus souriante que la première fois qu’on s’est vu·es »</em>, souligne Nathan. <em>« C’est vrai »,</em> reconnaît la vieille femme.</p>
<p>Depuis le mois de janvier, une fois par semaine, Nathan Guyonnet et Fatima Manou, volontaires du Service Civique Solidarité Seniors (SC2S), rendent visite à Pierrette Gilberte Charpentier chez elle. Agée de 81 ans, veuve, Pierrette vit au premier étage d’un immeuble alors qu’elle est en fauteuil suite à un problème de santé. <em>« Ça fait un an et demi que je demande un logement adapté</em>, raconte-elle. <em>J’aimerais rester dans les environs. On me répond qu’il n’y a rien pour l’instant. »</em> Impossible de sortir librement, donc. Elle aurait aimé s’inscrire dans une association du quartier pour participer à des activités, par exemple. Impossible aussi. Une forme d’isolement auquel elle ne pouvait se résoudre.</p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Une place active dans la société</span></strong></span></p>
<p>En contactant la mairie, elle a été mise en relation avec Unis Cité. Présente depuis 2017 à Bourges, cette association y accompagne cette année 48 volontaires en service civique dont 24 jeunes en SC2S. L’objectif : favoriser la rencontre entre les générations et la création de véritables liens, notamment à travers l’échange de savoirs. Rompre l’isolement de certain·es seniors ? Sûrement. Mais en leur permettant de transmettre leurs expériences aux plus jeunes et ainsi, de conserver une place active dans la société.<br />Pour les volontaires en service civique aussi, il s’agit de se sentir « utiles », tout en se formant, et en acquérant de nouvelles connaissances et compétences. Parmi leurs missions : des visites en structures ou à domicile, l’accompagnement à des sorties, l’organisation et la participation à des jeux, l’aide à l’utilisation d’outils numériques…</p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/arton4341.jpg"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/arton4341.jpg" alt="arton4341" width="343" height="147" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p>Durant le confinement, les volontaires ont dû s’adapter : iels ont essentiellement œuvré auprès des familles pour qu’elles gardent le contact avec les résident·es, notamment via des visioconférences.</p>
<p>Actuellement, les visites en structures se font dans des Ehpad à Bourges, Saint-Doulchard, Nohant-en-Goût et Menetou-Salon.</p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Aucun diplôme requis</span></strong></span></p>
<p>Quelles conditions faut-il remplir pour faire partie du SC2S ? Comme pour n’importe quel service civique, être âgé·es de 16 à 25 ans (jusqu’à 30 ans pour les personnes en situation de handicap) et être motivé·es ! Aucun diplôme n’est requis. A Bourges, les missions durent huit mois et se déroulent de novembre à juin. Les volontaires reçoivent une indemnité pouvant aller jusqu’à 688,30 euros par mois selon leur situation. Tout au long de leur mission, iels sont formé·es et accompagné·es par des coordinateur·ices.</p>
<p>Mais comment sont-iels orienté·es vers les seniors plutôt que vers le programme lié à l’environnement par exemple ? <em>« Cela se passe durant un entretien,</em> répond Fanny Ossude, coordinatrice d’équipe et de projets chez Unis Cité à Bourges. <em>Soit les jeunes ont déjà cette envie, soit nous les encourageons en fonction de ce que nous percevons de leur tempérament, de leur parcours... »</em> Théoriquement, la zone d’intervention de l’association couvre tout le département du Cher. <em>« Mais en réalité, nous sommes confrontées à la problématique de la mobilité chez les jeunes,</em> reconnaît Caroline Larpent, responsable des antennes du Cher et de l’Indre.<em> Iels viennent donc surtout de Bourges et des alentours, là où passent les transports en commun. »</em> <br />Parmi les axes de réflexion de l’équipe : territorialiser les missions, en d’autres termes, les organiser dans les lieux de vie des jeunes, leurs villages. Problème : iels auraient aussi des difficultés à se rendre aux sessions de formation et à échanger avec les autres jeunes, un volet important du service civique.</p>
<p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>« Je les attends avec impatience, les jeunes ! »</strong></span></p>
<p>Nathan et Fatima sont tou·tes deux originaires de Bourges. A 18 ans, Nathan a passé son bac, avant de débuter un service civique dans une école et d’enchaîner avec un travail dans un supermarché. <em>« Ça ne me plaisait pas. Comme je n’avais fait que deux mois à l’école, j’ai pu reprendre un autre service civique. Ça me donne le temps de réfléchir à ce que je veux faire. Pour l’instant, ça m’a permis de me rendre compte que je pouvais être utile. Et je sais que ça m’ouvrira des portes. »</em> Au niveau national, 71 % des ancien·nes volontaires trouvent une formation ou un stage ou un emploi dans les quatre à huit mois qui suivent leur mission. Certain·es rejoignent d’ailleurs les métiers liés aux seniors.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/unis_cité.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Fatima, Pierrette et Nathan (photo : F. Lancelin)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/unis_cité.JPG" alt="unis cité" width="615" height="403" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p>A 24 ans, un master de biologie en poche, Fatima espère trouver un poste dans la recherche. <em>« En attendant, je mets mon temps au service des autres. »</em> Pourra-t-elle interrompre sa mission si une opportunité se présente ? <em>« Techniquement c’est possible, mais je ne le ferai pas. Ce que je fais ici, c’est un engagement ! »</em></p>
<p>Pierrette regarde la jeune femme et sourit. <em>« On passe du bon temps ! Je les attends avec impatience, les jeunes ! »</em> Que font-iels ensemble ? Des jeux. <em>« Pierrette nous a appris la belote ! »</em> On peut jouer à trois ? <em>« Ah oui ! En enlevant les sept et en jouant chacun pour soi ! »</em><br /><em>« On discute aussi : on parle de tout, on est très spontané·es ! »</em> La famille, les ami·es, ce qu’iels regardent à la télévision... Pierrette aime les matches de football et de rugby.<em> « Il y a le Paris Saint-Germain contre le Real Madrid ce soir »,</em> prévient Nathan. <em>« Ah oui ? »</em></p>
<p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Poursuivre la transmission</span></strong></span></p>
<p>Mais aujourd’hui, iels parlent surtout de l’école d’autrefois à partir d’une photo de classe en noir et blanc. Elle a été prise en 1953 dans le Limousin. On y reconnaît bien Pierrette : son sourire n’a pas changé ! Nathan explique : <em>« Nous avons le projet de créer un journal télévisé à partir des témoignages des seniors. Il sera montré aux enfants des écoles de nos jours. »</em> Pierrette leur parle des blouses, du poêle au milieu de la salle de classe, du petit bois qu’elle traversait en courant lorsqu’elle était en retard le matin, des coups sur les doigts aussi quand elle oubliait ses leçons…</p>
<p>Ainsi, après avoir recueilli le témoignage de Pierrette, Nathan et Fatima l’offriront aux plus jeunes qu’elleux, poursuivant ainsi la transmission et prenant soin du lien entre les générations.</p>
<p><strong>Fanny Lancelin</strong></p>
<p><span style="font-size: 8pt;">(1) Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes.</span></p>
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<h3 class="panel-title">Plus</h3>
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<li><strong>En chiffres</strong><br />
<p>1.500 : c’est le nombre de jeunes volontaires qui se sont mobilisé·es dans 81 villes de France pour le SC2S en 2020-2021.<br />Dans le Cher, iels étaient 40, dont 24 de Bourges et 16 d’autres villages : quinze garçons et 25 filles, dont 10 % en situation de handicap.<br />La majorité avait entre 18 et 21 ans.<br />Dix-huit d’entre elleux possédaient un diplôme inférieur au bac, seize le bac et six un diplôme d’études supérieures.</p>
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<p><strong>Contact – Unis Cité à Bourges</strong><br />Fanny Ossude, coordinatrice d’équipe et de projets « Solidarité Seniors » : 07.62.25.76.74. et <a href="mailto:fossude@uniscite.fr">fossude@uniscite.fr</a></p>
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</div>Quand étudiant·es et seniors cohabitent sous le même toit2017-03-21T12:54:42+01:002017-03-21T12:54:42+01:00http://www.rebonds.net/56solidariteadoublesens/759-quandetudiantesetseniorscohabitentsouslememetoitSuper User<p style="text-align: right;"><em><strong>« Pour désirer laisser des traces dans le monde, il faut en être solidaire. »<br />Simone de Beauvoir</strong></em></p>
<p><span style="font-size: 18pt;">L</span>a maison est grande, le jardin aussi mais aujourd’hui, tou·tes les enfants sont parti·es. Leurs chambres ne servent plus. Oui, bien sûr, iels passent parfois, restent éventuellement le temps d’un week-end ou d’un événement familial mais, la majeure partie de l’année, la maison est presque vide.<br />Presque. Car pour Rosa, Elisabeth, André, Françoise ou Nicole, pas question de la quitter : iels y ont vécu une belle partie de leur vie et, malgré leur grand âge, iels souhaitent y demeurer le plus longtemps possible <span style="font-size: 8pt;">(1).</span></p>
<p>En France, les seniors <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> représentent environ 20 % de la population et leur part ne cesse d’augmenter. La vie à domicile reste majoritaire pour près de 95 % d’entre elleux, les autres vivant généralement en institution. La cohabitation familiale, c’est-à-dire avec d’autres membres de la famille, est devenue progressivement marginale, en particulier pour les personnes âgées de plus de 85 ans <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Mais comment ne pas se sentir seul·e ? Et comment faire face à toutes les charges que représente une maison ? Comment continuer à vivre chez soi tout en restant en contact avec ce qui se passe à l’extérieur ?</p>
<p>Ces problématiques viennent rencontrer celles d’une autre génération qui, elle, peine à se loger décemment : celle des étudiant·es. C’est pourquoi, il y a quinze ans, la cohabitation intergénérationnelle solidaire est née. Un peu partout, dans des grandes villes mais aussi des zones plus rurales, des associations œuvrent pour mettre en relation des jeunes et des seniors, afin qu’iels partagent un même toit… et bien davantage !<br />Dans le département du Cher, « ensemble2générations » a vu le jour il y a cinq ans. Depuis, des « binômes » se sont formés à Bourges, Vierzon, Saint-Amand-Montrond...</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Lutter contre plusieurs formes de précarité</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">__</span><strong>________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p>
<p>Nathalie de la Perraudière a connu le problème du logement étudiant : lorsqu’un de ses enfants a souhaité poursuivre son cursus à Paris, elle a cherché une solution pour ne pas avoir à supporter un loyer exorbitant, comme la capitale en détient tristement le record. <em>« Grâce à des amis, nous avons trouvé un logement chez une dame de cent ans »</em>, raconte-t-elle. Son enfant y est resté deux ans.<br />Désireuse de s’investir dans <em>« une association avec du sens »</em>, cette expérience lui a donné l’idée de se tourner vers la fédération « ensemble2générations », créée en 2006 dans la région parisienne. L’objectif de la fondatrice, Typhaine de Penfentenyo : <em>« lutter contre plusieurs formes de précarité »</em> : la <em>« solitude des personnes âgées souhaitant demeurer chez elles le plus longtemps possible »</em> ; <em>« la grande fatigue des aidants familiaux »</em> ; la <em>« difficulté qu’ont les étudiants à accéder à un logement »</em> ; et <em>« la nécessité de recréer du lien intergénérationnel »</em>. <span style="font-size: 8pt;">(1)</span><br />En dix ans, l’association a essaimé des antennes dans une quarantaine de villes françaises, permettant ainsi la création de 5.000 binômes.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solitude.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'un des objectifs de la cohabitation : lutter contre l'isolement (photo : sabinevanerp)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solitude.jpg" alt="Eco délégués CE" width="481" height="255" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p>A Bourges, Nathalie de la Perraudière s’est lancée en 2015 après avoir suivi une formation de la fédération. Elle préside aujourd’hui l’antenne du Cher. <em>« Notre association est indépendante du point de vue administratif et financier,</em> précise-t-elle. <em>Mais nous bénéficions d’outils pédagogiques et de l’expérience de toutes les personnes qui font partie du réseau. »</em><br />Elle consacre la majeure partie de son temps à faire connaître le principe de la cohabitation intergénérationnelle aux collectivités territoriales, aux associations de retraité·es, aux institutions telles que les Centres d’Action Sociale, les établissements médicaux… et bien sûr les établissements scolaires et toutes les structures en lien avec les jeunes. <em>« Souvent, les gens connaissent cette solution mais ils ne savent pas que c’est possible ici, dans notre département,</em> explique-t-elle. <em>Il faut aussi lutter contre les a priori que chaque génération a sur l’autre. »</em></p>
<p>Chaque année, 5.000 étudiant·es font leur rentrée dans la capitale berruyère notamment dans des grandes écoles telles que l’IUT <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> et l’INSA<span style="font-size: 8pt;"> (5)</span> par exemple. Un nombre en constante augmentation depuis quelques années, les possibilités de formations s’y multipliant. Problème : l’offre de logements n’est pas adaptée à cette évolution. Nathalie de la Perraudière reçoit de plus en plus d’appels de jeunes, de 200 à 250 par an.<br />Parallèlement, le nombre de seniors augmente aussi. Au dernier recensement en 2017, iels représentaient 22 % de la population berruyère. Il s’agit donc de leur faire connaître la cohabitation intergénérationnelle solidaire, de les rassurer et de les convaincre de tenter l’aventure !</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Un cadre juridique défini par la loi</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p>
<p>Mais de quoi s’agit-il vraiment ? En France, la loi ELAN votée en 2018 et un arrêté datant de 2020 donnent une existence juridique à la cohabitation intergénérationnelle.<br />Avant tout, son objectif doit être <em>« le renforcement du lien social »</em> dans un rapport de solidarité. Elle concerne des jeunes de moins de 30 ans et des personnes âgées de plus de 60 ans. Il peut s’agir d’une location ou d’une sous-location à condition que le/la bailleur.se en soit informé·e. Si contrepartie financière il y a, elle doit être modeste et <em>« librement convenue entre les parties »</em>. Le/la jeune peut assurer des <em>« menus services »</em> mais en aucun cas remplacer un professionnel de santé ou de l’aide à domicile. Une convention d’hébergement doivent être signés entre les deux parties.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/logo_e2ge.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/logo_e2ge.png" alt="Eco délégués CE" width="277" height="277" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p><em>« Lorsque je suis en contact avec un senior qui se dit prêt à accueillir un jeune, je commence par une visite à domicile,</em> explique Nathalie de la Perraudière. <em>Ensemble, nous remplissons une fiche pour bien définir ce qui est recherché car il existe plusieurs formules. »</em> La première propose un logement gratuit en échange de la présence de l’étudiant·e au dîner. <em>« C’est une formule qui ne fonctionne pas très bien dans le Cher. »</em><br />Dans la deuxième, l’étudiant·e paie un petit loyer et peut rendre de « menus services » comme <em>« sortir les poubelles, prendre le courrier, faire quelques courses, aider à se servir d’outils informatiques, mais aussi faire des jeux, se balader, regarder la télévision ensemble... »</em> <em>« Ce sont les binômes qui décident, en fonction de leur temps, de leurs envies. Mais souvent, il s’agit d’être ensemble au moment d’un repas. Ça brise le silence pesant. »</em><br />La troisième formule ressemble davantage à une chambre chez l’habitant « classique », avec un loyer toujours modéré mais sans contrepartie définie au préalable.</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></strong></p>
<h3>« Un lien se crée vraiment »</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">_</span><strong>_________________________________</strong></span></p>
<p>Après la visite au senior, la présidente de « ensemble2générations » cherche l’étudiant·e qui lui correspondrait le mieux. <em>« J’organise un entretien avec le jeune. Il est important pour moi d’avoir aussi un contact avec les familles, de l’étudiant comme du senior. Ensuite, nous visitons le lieu pour faire connaissance avec la personne accueillante et après une période de réflexion, si les deux sont partants, nous signons les papiers. La durée minimum de la cohabitation est de deux mois minimum à dix mois renouvelables. »</em> Si tout se passe bien, un point est réalisé à la fin de l’année universitaire, notamment pour renouveler les conventions si besoin. Mais régulièrement, Nathalie de la Perraudière prend des nouvelles des binômes.</p>
<p><em>« Un lien se crée vraiment,</em> assure-t-elle. <em>Durant le Covid, certains sont restés confinés ensemble. Des jeunes qui ont terminé leurs études ou qui les poursuivent ailleurs prennent régulièrement des nouvelles des personnes âgées. J’ai l’exemple d’une jeune femme qui dîne tous les dimanches soir en visio avec son ancienne accueillante ! »</em><br />Elle souligne aussi l’intérêt de ce type d’hébergement pour les étudiant·es étranger·ères, tout de suite immergé·es dans la culture française.</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Rassurant et avantageux financièrement</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong><span style="font-size: 10pt;">_</span>________________________________________________</strong></span></p>
<p>A Saint-Amand-Montrond, Danièle Revidon a ouvert sa porte quelques mois après avoir perdu son mari en 2018. Commerçante à la retraite, âgée de 83 ans, elle vit dans une maison qui possède quatre chambres. Comment a-t-elle connu l’association « ensemble2générations » ? <em>« Par le bouche-à-oreille. C’est ma fille qui la connaissait par une amie… Je ne voulais pas rester seule. C’est grand ici. Je peux proposer de loger quelqu’un qui peut être indépendant quand même. Et puis, ça me fait un revenu complémentaire. »</em><br />Elle a d’abord accueilli Marianne, une jeune femme originaire du sud de la France, qui suivait une formation en bijouterie-joaillerie au lycée Jean-Guéhenno. <em>« Je n’avais pas d’appréhension »</em>, assure Danièle. Bien sûr, chacune a dû s’adapter. Par exemple, Danièle, au fait que Marianne reste le week-end ; Marianne au fait de ne pas installer d’atelier de travail dans sa chambre…<em> « Ce qui ne se passe pas forcément bien sert d’expérience pour les autres fois ! »</em> relativise l’hôte.</p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/danièle_et_gabriel.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Danièle Revidon et Gabriel Guillaumin cohabitent à Saint-Amand-Montrond (photo : F. Lancelin)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/danièle_et_gabriel.JPG" alt="Eco délégués CE" width="621" height="394" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p>Au départ de Marianne, elle a accepté de poursuivre la cohabitation, cette fois avec un jeune homme âgé alors de 17 ans, Gabriel Guillaumin. <em>« Je viens de Châteauroux, je suis en deuxième année de CAP à Jean-Guéhenno »</em>, précise-t-il. Il a connu l’association <em>« par un pur hasard »</em> en tombant sur une annonce sur Internet. <em>« Je ne voulais pas aller à l’internat, il y a trop de monde et pas assez d’heures libres. Pour mes parents, c’est plus rassurant et plus avantageux financièrement. »</em></p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Des seniors solidaires des jeunes</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>________________________________________</strong></span></p>
<p>Tou·tes les deux se disent content·es de leur cohabitation. <em>« A l’étage, je bénéficie d’une chambre, d’une salle de bain et de WC, </em>détaille Gabriel.<em> Nous partageons la cuisine. »</em> Se donnent-iels rendez-vous pour le dîner ou pour d’autres moments ? <em>« Ça arrive, oui, mais je ne veux pas qu’il change son rythme de vie pour moi »</em>, répète à plusieurs reprises Danièle.<br />Depuis qu’il est en stage et qu’il commence à 7 h 30, elle ne peut s’empêcher de lui préparer un thermos de café chaque matin. Gabriel sourit. <em>« Si Madame Revidon est d’accord, je resterais jusqu’à la fin de mes études. »</em></p>
<p>Selon Nathalie de la Perraudière, certain·es seniors sont heureux.ses de se sentir solidaires des jeunes et suivent avec intérêt leur cursus. Leur proposer un petit loyer est un moyen d’éviter qu’iels ne travaillent en parallèle de leurs études et ainsi, qu’iels s’y consacrent pleinement.<br />D’après une étude commandée par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV), <em>« la volonté d’aider les jeunes »</em> est le deuxième élément qui déclenche l’envie de cohabiter chez les seniors, après <em>« le besoin de présence »</em>. Viennent ensuite le complément de revenu,<em> « rassurer ses enfants »</em>, <em>« rester dans le coup »</em> et <em>« apprendre quelque chose en particulier »</em> comme une langue ou l’informatique par exemple. Les attentes des « menus services » apparaissent finalement peu. De plus, la totalité des personnes âgées interrogées pour l’étude et cohabitant déjà ont <em>« le sentiment d’être utiles aux jeunes »</em>. <span style="font-size: 8pt;">(7)</span></p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Un contexte favorable à la cohabitation</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>______________________________________________</strong></span></p>
<p>Depuis six ans, une centaine d’étudiant·es et une quarantaine de seniors ont accepté de jouer le jeu de la cohabitation dans le Cher. « Ensemble2générations » aimerait doubler ces chiffres. Parmi les freins : le réseau de transport en commun est insuffisant pour relier les villages aux centres de formation. La proposition ne répond donc pas à l’isolement des seniors en milieu rural. <em>« Ça fait mal au cœur</em>, reconnaît Nathalie de la Perraudière. <em>C’est possible, nous l’avons fait à Fussy, mais il faut que le jeune ait une voiture. »</em></p>
<p> </p>
<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solidarité_seniors.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solidarité_seniors.png" alt="Eco délégués CE" width="393" height="266" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p> </p>
<p>Le contexte social est pourtant favorable au développement d’une telle solution. Les seniors sont de plus en plus nombreux·ses et veulent rester chez elleux. On estime à 1,5 million le nombre de logements en France en sous-peuplement prononcé ou très accentué, occupé par un·e senior. Autrement dit, les logements d’au moins quatre pièces dans lesquels vivent un·e seul·e personne âgée. Couplez à cela les données sur les seniors envisageant sérieusement l’accueil de jeunes sous leur toit et vous obtiendrez un potentiel théorique de 850.000 accueillant·es <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>.</p>
<p>La cohabitation intergénérationnelle solidaire bénéficie d’une bonne image : toujours selon la même étude, 84 % des personnes interrogées ont un avis positif sur le principe, 81 % chez les moins de 30 ans et 85 % chez les plus de 60 ans. Mais, parmi ces dernier·es, 23 % seulement l’envisagent pour elleux-mêmes. Au final, 61,5 % des jeunes intéressé·es ne trouvent pas de seniors pouvant les accueillir.<br />Le travail des associations comme « ensemble2générations » pour faire connaître le dispositif est donc essentiel pour que la solidarité entre les générations se poursuive.</p>
<p><strong>Fanny Lancelin</strong></p>
<p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Témoignages à retrouver sur le site de « ensemble2générations » : <a href="https://ensemble2generations.fr/">https://ensemble2generations.fr/</a><br />(2) Nous avons choisi d’utiliser ici la définition de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), pour désigner les personnes de 65 ans et plus.<br />(3) Etude de l’INED (Institut National des Etudes Démographiques), « Habiter seul ou avec des proches après 85 ans en France », réalisée en 2016 et publiée en 2019.<br />(4) IUT : Institut Universitaire Technologique.<br />(5) INSA : Institut National des Sciences Appliquées.<br />(6) Loi portant sur L’Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique : <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037639478/">https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037639478/</a><br />(7) Etude réalisée par COSI Expertise pour la CNAV, « Cohabitation intergénérationnelle solidaire : quels leviers de développement », septembre 2020 : <a href="https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/Cohabitation%20Intergenerationnelle%20Solidaire.pdf">https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/Cohabitation%20Intergenerationnelle%20Solidaire.pdf</a></span></p>
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<div class="panel panel-primary">
<div class="panel-heading">
<h3 class="panel-title">Contact</h3>
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<ul>
<li>Ensemble2générations dans le Cher : 06.51.34.70.73. ou <a href="mailto:bourges@ensemble2generations.fr">bourges@ensemble2generations.fr</a></li>
</ul>
</div><p style="text-align: right;"><em><strong>« Pour désirer laisser des traces dans le monde, il faut en être solidaire. »<br />Simone de Beauvoir</strong></em></p>
<p><span style="font-size: 18pt;">L</span>a maison est grande, le jardin aussi mais aujourd’hui, tou·tes les enfants sont parti·es. Leurs chambres ne servent plus. Oui, bien sûr, iels passent parfois, restent éventuellement le temps d’un week-end ou d’un événement familial mais, la majeure partie de l’année, la maison est presque vide.<br />Presque. Car pour Rosa, Elisabeth, André, Françoise ou Nicole, pas question de la quitter : iels y ont vécu une belle partie de leur vie et, malgré leur grand âge, iels souhaitent y demeurer le plus longtemps possible <span style="font-size: 8pt;">(1).</span></p>
<p>En France, les seniors <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> représentent environ 20 % de la population et leur part ne cesse d’augmenter. La vie à domicile reste majoritaire pour près de 95 % d’entre elleux, les autres vivant généralement en institution. La cohabitation familiale, c’est-à-dire avec d’autres membres de la famille, est devenue progressivement marginale, en particulier pour les personnes âgées de plus de 85 ans <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Mais comment ne pas se sentir seul·e ? Et comment faire face à toutes les charges que représente une maison ? Comment continuer à vivre chez soi tout en restant en contact avec ce qui se passe à l’extérieur ?</p>
<p>Ces problématiques viennent rencontrer celles d’une autre génération qui, elle, peine à se loger décemment : celle des étudiant·es. C’est pourquoi, il y a quinze ans, la cohabitation intergénérationnelle solidaire est née. Un peu partout, dans des grandes villes mais aussi des zones plus rurales, des associations œuvrent pour mettre en relation des jeunes et des seniors, afin qu’iels partagent un même toit… et bien davantage !<br />Dans le département du Cher, « ensemble2générations » a vu le jour il y a cinq ans. Depuis, des « binômes » se sont formés à Bourges, Vierzon, Saint-Amand-Montrond...</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Lutter contre plusieurs formes de précarité</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">__</span><strong>________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p>
<p>Nathalie de la Perraudière a connu le problème du logement étudiant : lorsqu’un de ses enfants a souhaité poursuivre son cursus à Paris, elle a cherché une solution pour ne pas avoir à supporter un loyer exorbitant, comme la capitale en détient tristement le record. <em>« Grâce à des amis, nous avons trouvé un logement chez une dame de cent ans »</em>, raconte-t-elle. Son enfant y est resté deux ans.<br />Désireuse de s’investir dans <em>« une association avec du sens »</em>, cette expérience lui a donné l’idée de se tourner vers la fédération « ensemble2générations », créée en 2006 dans la région parisienne. L’objectif de la fondatrice, Typhaine de Penfentenyo : <em>« lutter contre plusieurs formes de précarité »</em> : la <em>« solitude des personnes âgées souhaitant demeurer chez elles le plus longtemps possible »</em> ; <em>« la grande fatigue des aidants familiaux »</em> ; la <em>« difficulté qu’ont les étudiants à accéder à un logement »</em> ; et <em>« la nécessité de recréer du lien intergénérationnel »</em>. <span style="font-size: 8pt;">(1)</span><br />En dix ans, l’association a essaimé des antennes dans une quarantaine de villes françaises, permettant ainsi la création de 5.000 binômes.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solitude.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'un des objectifs de la cohabitation : lutter contre l'isolement (photo : sabinevanerp)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solitude.jpg" alt="Eco délégués CE" width="481" height="255" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p>A Bourges, Nathalie de la Perraudière s’est lancée en 2015 après avoir suivi une formation de la fédération. Elle préside aujourd’hui l’antenne du Cher. <em>« Notre association est indépendante du point de vue administratif et financier,</em> précise-t-elle. <em>Mais nous bénéficions d’outils pédagogiques et de l’expérience de toutes les personnes qui font partie du réseau. »</em><br />Elle consacre la majeure partie de son temps à faire connaître le principe de la cohabitation intergénérationnelle aux collectivités territoriales, aux associations de retraité·es, aux institutions telles que les Centres d’Action Sociale, les établissements médicaux… et bien sûr les établissements scolaires et toutes les structures en lien avec les jeunes. <em>« Souvent, les gens connaissent cette solution mais ils ne savent pas que c’est possible ici, dans notre département,</em> explique-t-elle. <em>Il faut aussi lutter contre les a priori que chaque génération a sur l’autre. »</em></p>
<p>Chaque année, 5.000 étudiant·es font leur rentrée dans la capitale berruyère notamment dans des grandes écoles telles que l’IUT <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> et l’INSA<span style="font-size: 8pt;"> (5)</span> par exemple. Un nombre en constante augmentation depuis quelques années, les possibilités de formations s’y multipliant. Problème : l’offre de logements n’est pas adaptée à cette évolution. Nathalie de la Perraudière reçoit de plus en plus d’appels de jeunes, de 200 à 250 par an.<br />Parallèlement, le nombre de seniors augmente aussi. Au dernier recensement en 2017, iels représentaient 22 % de la population berruyère. Il s’agit donc de leur faire connaître la cohabitation intergénérationnelle solidaire, de les rassurer et de les convaincre de tenter l’aventure !</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Un cadre juridique défini par la loi</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p>
<p>Mais de quoi s’agit-il vraiment ? En France, la loi ELAN votée en 2018 et un arrêté datant de 2020 donnent une existence juridique à la cohabitation intergénérationnelle.<br />Avant tout, son objectif doit être <em>« le renforcement du lien social »</em> dans un rapport de solidarité. Elle concerne des jeunes de moins de 30 ans et des personnes âgées de plus de 60 ans. Il peut s’agir d’une location ou d’une sous-location à condition que le/la bailleur.se en soit informé·e. Si contrepartie financière il y a, elle doit être modeste et <em>« librement convenue entre les parties »</em>. Le/la jeune peut assurer des <em>« menus services »</em> mais en aucun cas remplacer un professionnel de santé ou de l’aide à domicile. Une convention d’hébergement doivent être signés entre les deux parties.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/logo_e2ge.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/logo_e2ge.png" alt="Eco délégués CE" width="277" height="277" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p><em>« Lorsque je suis en contact avec un senior qui se dit prêt à accueillir un jeune, je commence par une visite à domicile,</em> explique Nathalie de la Perraudière. <em>Ensemble, nous remplissons une fiche pour bien définir ce qui est recherché car il existe plusieurs formules. »</em> La première propose un logement gratuit en échange de la présence de l’étudiant·e au dîner. <em>« C’est une formule qui ne fonctionne pas très bien dans le Cher. »</em><br />Dans la deuxième, l’étudiant·e paie un petit loyer et peut rendre de « menus services » comme <em>« sortir les poubelles, prendre le courrier, faire quelques courses, aider à se servir d’outils informatiques, mais aussi faire des jeux, se balader, regarder la télévision ensemble... »</em> <em>« Ce sont les binômes qui décident, en fonction de leur temps, de leurs envies. Mais souvent, il s’agit d’être ensemble au moment d’un repas. Ça brise le silence pesant. »</em><br />La troisième formule ressemble davantage à une chambre chez l’habitant « classique », avec un loyer toujours modéré mais sans contrepartie définie au préalable.</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></strong></p>
<h3>« Un lien se crée vraiment »</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">_</span><strong>_________________________________</strong></span></p>
<p>Après la visite au senior, la présidente de « ensemble2générations » cherche l’étudiant·e qui lui correspondrait le mieux. <em>« J’organise un entretien avec le jeune. Il est important pour moi d’avoir aussi un contact avec les familles, de l’étudiant comme du senior. Ensuite, nous visitons le lieu pour faire connaissance avec la personne accueillante et après une période de réflexion, si les deux sont partants, nous signons les papiers. La durée minimum de la cohabitation est de deux mois minimum à dix mois renouvelables. »</em> Si tout se passe bien, un point est réalisé à la fin de l’année universitaire, notamment pour renouveler les conventions si besoin. Mais régulièrement, Nathalie de la Perraudière prend des nouvelles des binômes.</p>
<p><em>« Un lien se crée vraiment,</em> assure-t-elle. <em>Durant le Covid, certains sont restés confinés ensemble. Des jeunes qui ont terminé leurs études ou qui les poursuivent ailleurs prennent régulièrement des nouvelles des personnes âgées. J’ai l’exemple d’une jeune femme qui dîne tous les dimanches soir en visio avec son ancienne accueillante ! »</em><br />Elle souligne aussi l’intérêt de ce type d’hébergement pour les étudiant·es étranger·ères, tout de suite immergé·es dans la culture française.</p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Rassurant et avantageux financièrement</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong><span style="font-size: 10pt;">_</span>________________________________________________</strong></span></p>
<p>A Saint-Amand-Montrond, Danièle Revidon a ouvert sa porte quelques mois après avoir perdu son mari en 2018. Commerçante à la retraite, âgée de 83 ans, elle vit dans une maison qui possède quatre chambres. Comment a-t-elle connu l’association « ensemble2générations » ? <em>« Par le bouche-à-oreille. C’est ma fille qui la connaissait par une amie… Je ne voulais pas rester seule. C’est grand ici. Je peux proposer de loger quelqu’un qui peut être indépendant quand même. Et puis, ça me fait un revenu complémentaire. »</em><br />Elle a d’abord accueilli Marianne, une jeune femme originaire du sud de la France, qui suivait une formation en bijouterie-joaillerie au lycée Jean-Guéhenno. <em>« Je n’avais pas d’appréhension »</em>, assure Danièle. Bien sûr, chacune a dû s’adapter. Par exemple, Danièle, au fait que Marianne reste le week-end ; Marianne au fait de ne pas installer d’atelier de travail dans sa chambre…<em> « Ce qui ne se passe pas forcément bien sert d’expérience pour les autres fois ! »</em> relativise l’hôte.</p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/danièle_et_gabriel.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Danièle Revidon et Gabriel Guillaumin cohabitent à Saint-Amand-Montrond (photo : F. Lancelin)."><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/danièle_et_gabriel.JPG" alt="Eco délégués CE" width="621" height="394" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
<p>Au départ de Marianne, elle a accepté de poursuivre la cohabitation, cette fois avec un jeune homme âgé alors de 17 ans, Gabriel Guillaumin. <em>« Je viens de Châteauroux, je suis en deuxième année de CAP à Jean-Guéhenno »</em>, précise-t-il. Il a connu l’association <em>« par un pur hasard »</em> en tombant sur une annonce sur Internet. <em>« Je ne voulais pas aller à l’internat, il y a trop de monde et pas assez d’heures libres. Pour mes parents, c’est plus rassurant et plus avantageux financièrement. »</em></p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Des seniors solidaires des jeunes</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>________________________________________</strong></span></p>
<p>Tou·tes les deux se disent content·es de leur cohabitation. <em>« A l’étage, je bénéficie d’une chambre, d’une salle de bain et de WC, </em>détaille Gabriel.<em> Nous partageons la cuisine. »</em> Se donnent-iels rendez-vous pour le dîner ou pour d’autres moments ? <em>« Ça arrive, oui, mais je ne veux pas qu’il change son rythme de vie pour moi »</em>, répète à plusieurs reprises Danièle.<br />Depuis qu’il est en stage et qu’il commence à 7 h 30, elle ne peut s’empêcher de lui préparer un thermos de café chaque matin. Gabriel sourit. <em>« Si Madame Revidon est d’accord, je resterais jusqu’à la fin de mes études. »</em></p>
<p>Selon Nathalie de la Perraudière, certain·es seniors sont heureux.ses de se sentir solidaires des jeunes et suivent avec intérêt leur cursus. Leur proposer un petit loyer est un moyen d’éviter qu’iels ne travaillent en parallèle de leurs études et ainsi, qu’iels s’y consacrent pleinement.<br />D’après une étude commandée par la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (CNAV), <em>« la volonté d’aider les jeunes »</em> est le deuxième élément qui déclenche l’envie de cohabiter chez les seniors, après <em>« le besoin de présence »</em>. Viennent ensuite le complément de revenu,<em> « rassurer ses enfants »</em>, <em>« rester dans le coup »</em> et <em>« apprendre quelque chose en particulier »</em> comme une langue ou l’informatique par exemple. Les attentes des « menus services » apparaissent finalement peu. De plus, la totalité des personnes âgées interrogées pour l’étude et cohabitant déjà ont <em>« le sentiment d’être utiles aux jeunes »</em>. <span style="font-size: 8pt;">(7)</span></p>
<p><strong><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></strong></p>
<h3>Un contexte favorable à la cohabitation</h3>
<p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>______________________________________________</strong></span></p>
<p>Depuis six ans, une centaine d’étudiant·es et une quarantaine de seniors ont accepté de jouer le jeu de la cohabitation dans le Cher. « Ensemble2générations » aimerait doubler ces chiffres. Parmi les freins : le réseau de transport en commun est insuffisant pour relier les villages aux centres de formation. La proposition ne répond donc pas à l’isolement des seniors en milieu rural. <em>« Ça fait mal au cœur</em>, reconnaît Nathalie de la Perraudière. <em>C’est possible, nous l’avons fait à Fussy, mais il faut que le jeune ait une voiture. »</em></p>
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<p><a href="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solidarité_seniors.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/INTERGENERATIONS/solidarité_seniors.png" alt="Eco délégués CE" width="393" height="266" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></a></p>
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<p>Le contexte social est pourtant favorable au développement d’une telle solution. Les seniors sont de plus en plus nombreux·ses et veulent rester chez elleux. On estime à 1,5 million le nombre de logements en France en sous-peuplement prononcé ou très accentué, occupé par un·e senior. Autrement dit, les logements d’au moins quatre pièces dans lesquels vivent un·e seul·e personne âgée. Couplez à cela les données sur les seniors envisageant sérieusement l’accueil de jeunes sous leur toit et vous obtiendrez un potentiel théorique de 850.000 accueillant·es <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>.</p>
<p>La cohabitation intergénérationnelle solidaire bénéficie d’une bonne image : toujours selon la même étude, 84 % des personnes interrogées ont un avis positif sur le principe, 81 % chez les moins de 30 ans et 85 % chez les plus de 60 ans. Mais, parmi ces dernier·es, 23 % seulement l’envisagent pour elleux-mêmes. Au final, 61,5 % des jeunes intéressé·es ne trouvent pas de seniors pouvant les accueillir.<br />Le travail des associations comme « ensemble2générations » pour faire connaître le dispositif est donc essentiel pour que la solidarité entre les générations se poursuive.</p>
<p><strong>Fanny Lancelin</strong></p>
<p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Témoignages à retrouver sur le site de « ensemble2générations » : <a href="https://ensemble2generations.fr/">https://ensemble2generations.fr/</a><br />(2) Nous avons choisi d’utiliser ici la définition de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques), pour désigner les personnes de 65 ans et plus.<br />(3) Etude de l’INED (Institut National des Etudes Démographiques), « Habiter seul ou avec des proches après 85 ans en France », réalisée en 2016 et publiée en 2019.<br />(4) IUT : Institut Universitaire Technologique.<br />(5) INSA : Institut National des Sciences Appliquées.<br />(6) Loi portant sur L’Evolution du Logement, de l’Aménagement et du Numérique : <a href="https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037639478/">https://www.legifrance.gouv.fr/jorf/id/JORFTEXT000037639478/</a><br />(7) Etude réalisée par COSI Expertise pour la CNAV, « Cohabitation intergénérationnelle solidaire : quels leviers de développement », septembre 2020 : <a href="https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/Cohabitation%20Intergenerationnelle%20Solidaire.pdf">https://www.lassuranceretraite.fr/portail-info/files/live/sites/pub/files/PDF/Cohabitation%20Intergenerationnelle%20Solidaire.pdf</a></span></p>
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<div class="panel panel-primary">
<div class="panel-heading">
<h3 class="panel-title">Contact</h3>
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<li>Ensemble2générations dans le Cher : 06.51.34.70.73. ou <a href="mailto:bourges@ensemble2generations.fr">bourges@ensemble2generations.fr</a></li>
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