Lorsqu’on lui demande quelles sont ses inspirations, Cyril Berthet, l’un de nos (Ré)acteurs du mois, cite EZ3kiel Orchestra. Un projet scénique qui mêle avec brio instruments classiques et électroniques.

Fondé en Indre-et-Loire en 1993 par Yann Nguema à la basse, Matthieu Fays à la batterie et Florent Duytschaever à la guitare, EZ3kiel est un groupe de musiques électroniques mais qui explore bien d’autres univers. Sa constitution est à géométrie variable selon les projets.

La dimension visuelle est une autre caractéristique d’EZ3kiel. Le groupe expérimente ainsi l’association image-musique. Yann Nguema y travaillait particulièrement (il a quitté le groupe), en développant ses propres logiciels pour élaborer la scénographie des tournées et en collaborant avec des laboratoires scientifiques pour imaginer des interfaces aux DVD du groupe. De ce travail de recherche qui a duré deux ans, est née une exposition, « Les Mécaniques Poétiques », que les visiteur·ses ont pu découvrir entre autres aux Champs-Libres à Rennes, au Palais de la découverte et à la Maison des Métallos à Paris, ou encore au Pavillon Rhône-Alpes de l’exposition universelle de Shanghaï…

En 2007, EZ3kiel sort son cinquième album, « Naphtaline » (chez Jarring Effects). Un véritable projet multimédia en fait, puisqu’il est publié dans un coffret réunissant un CD audio et un DVD contenant 50 minutes de vidéo et une piste DVD-ROM, où l'utilisateur·ice peut interagir en baladant sa souris sur des animations.

Envisagée comme une berceuse, l’œuvre « Naphtaline » évoque aussi une musique cinématographique et laisse place à de nombreuses interprétations. Ici, on grimpe sur la balançoire d’un jardin digne d’« Alice au pays des Merveilles » ; là, on croit apercevoir des personnages de Tim Burton ; plus loin, on marche dans les chemins poussiéreux d’une ville abandonnée d’« Il était d’une fois dans l’Ouest » ; avant de danser dans un squat de Gotham City sur un rock sombre...

En 2009, le groupe arrange certains titres de l’album pour une adaptation orchestrale. Elle rencontre un vif succès puisque toutes les dates de la tournée affichent complet. A chaque fois comme à Lille, Grenoble ou Tours, EZ3kiel se produit avec un orchestre d’une cinquantaine de musicien·nes issu·es des conservatoires et ensembles professionnels de la région. Capté en vidéo, l’un des concerts est sorti en DVD en 2012 (chez Kika / L’Autre distribution) et est désormais visible sur Youtube (1).

Cette année, le groupe a sorti un nouvel album concept baptisé « La Mémoire du Feu » (chez Kika/Virgin/Caroline) et a entamé une nouvelle tournée à travers toute la France. Sont désormais sur scène Stéphane Babiaud (batterie, percussions, wurlitzer, piano, vibraphone, chœurs), Johan Guillon (claviers, machines, guitare), Jessica Martin-Maresco (chant, claviers, percussions), Benjamin Nerot (chant, guitare électrique), Jean-Baptiste Fretray (basse) et Nicolas Puaux (guitare électrique, guitare acoustique, chœurs).

Plus de renseignements sur le site du groupe : http://www.ez3kiel.com

(1) https://www.youtube.com/watch?v=X14LdK2LIL0

C’est l’un des plus grands rassemblements de danseur·ses d’Europe : à Gennetines, dans l’Allier, 2.000 passionné·es se retrouvent chaque été au festival Le Grand Bal de l’Europe. Pour apprendre, se rencontrer, échanger… Une expérience intense, restituée par Laëtitia Carton dans un documentaire touchant et revigorant !

Elle-même danseuse depuis l’enfance, la réalisatrice a participé à son premier bal trad en 2000, à l’âge de 26 ans. En 2015, alors qu’elle se trouve au Grand Bal de l’Europe à Gennetines, elle est saisie par « la foule de tous ces danseurs qui tournoyait dans la nuit, la joie, la grâce des danseurs, la virtuosité des musiciens, leur générosité, l’osmose entre tous ces gens, l’énergie palpable qui se dégageait de cette communauté d’hommes et de femmes ». C’est ainsi que l’envie naît de filmer le festival. Le but : « donner à voir ce qui se passe entre nous tous pendant cette semaine », écrit-elle sur son site pour expliquer la genèse du documentaire. « Ça tourne, ça virevolte, ça piétine, ça transe, ça transpire, ça rit, ça pleure, ça chante, ça s’énerve, ça s’agace, ça compte les pas, ça joue, ça se sent seul, ça vit. »

Mais Laëtitia Carton ne filme pas seulement un événement ou une ambiance. Ses images questionnent aussi les liens entre les générations, le rapport aux genres ou encore comment le bal fait tomber les barrières entre les classes sociales.

Le documentaire a été tourné durant l’édition 2016, avant d’être projeté en mai 2017 au festival de Cannes et de sortir en salles l’année suivante. Il est aujourd’hui visible en DVD.

Quels ont été les autres projets de Laëtitia Carton ? D’abord plasticienne avant de se tourner vers le cinéma qui l’appelait pourtant depuis longtemps, diplômée des Beaux-Arts de Clermont-Ferrand, puis de l’école documentaire de Lussas dans l’Ardèche, elle a présenté son premier film pour la fin de ses études : « D’un chagrin, j’ai fait un repos ». En 2008, elle s’est installée en Creuse sur le plateau des Millevaches, haut lieu de résistance. Un an plus tard, « La pieuvre », son premier long métrage, racontait l’histoire de sa famille liée depuis des générations à une maladie génétique neuro-évolutive, la maladie de Huntington. En 2015, est sorti « Edmond, un portrait de Baudouin », sur l’auteur-dessinateur notamment de la bande dessinée « Le corps collectif ».
Mais pendant toutes ces années, Laëtitia Carton a travaillé en parallèle sur un projet qui a vu enfin le jour en 2016 : « J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd », « une lettre en cinéma » écrite à son ami Vincent qui s’est suicidé en 2004. C’est lors d’une avant-première du film, que le producteur Jean-Marie Gigon a accepté de la suivre dans l’aventure du Grand Bal.

Pour suivre ses projets, en savoir plus sur sa démarche et voir la bande annonce du Grand Bal, rendez-vous sur le site https://www.laetitiacarton.net
Et pour en savoir plus sur Le Grand Bal de l’Europe, dont l’édition 2022 se tiendra du 22 juillet au 5 août, cliquez sur https://www.gennetines.org/

Voici une petite sélection d’émissions et de podcasts qui font la part belle aux musiques traditionnelles et à la variété des répertoires, contemporains ou plus anciens. Elles s’aventurent au-delà des frontières de l’hexagone et offrent à nos oreilles des sonorités d’une richesse parfois insoupçonnée.

Musiques de sacs et de cordes :
L’émission est hébergée sur le site de la compagnie LAeA, une association de promotion des musiques actuelles, traditionnelles, de la chanson et du folklore, située dans le Rhône.
C’est Gilles Moncoudiol qui l’anime et la produit. Vingt-huit épisodes d’une heure environ peuvent être écoutés en podcast, dont le dernier date du 20 avril 2022.
Notre coup de cœur ? Le n°27 intitulé « Et des femmes chantent », qui s’ouvre sur un air ukrainien en référence à l’actualité, et qui se poursuit par des airs d’origines et de styles très variés : https://cielaea.fr/balado/musiques-de-sacs-et-de-cordes/et-des-femmes-chantent
On se laisse porter avec bonheur par ces voix de femmes souvent issues des milieux populaires, toujours engagées, qui composent et / ou interprètent des airs de la vie paysanne, ouvrière, de luttes, d’amour…

Pour découvrir tous les épisodes : https://cielaea.fr/balado/musiques-de-sacs-et-de-cordes

Musique traditionnelle :
Diffusée sur Radio Présence et disponible en réécoute sur le site de la radio, cette émission est présentée par Mathilde Lacaze, elle-même musicienne traditionnelle depuis plus de vingt ans.
Elle réalise des entretiens d’artistes qui, au-delà des parcours individuels, retracent l’histoire et l’actualité des musiques traditionnelles. De Basile Brémaud à Antoine Leclerq en passant par Marou Thin, Raphaël Mayet, Aurélie Giet, Christian Pacher, Josette Quintard ou encore Grégory Jolivet, ces entretiens permettent de découvrir des manières de (faire) vivre les musiques traditionnelles très différentes, selon les pays, les générations, les terroirs, les envies…
Soulignons la présence d’artistes berrichons accompagnés par Le Grand Barbichon Prod dont nous parlons dans la rubrique (Re)découvrir !

A raison d’une émission par semaine, d’une durée d’une heure environ, les podcasts sont disponibles via le lien https://www.radiopresence.com/emissions/culture/musique/musique-traditionnelle/?debut_art=3#pagination_art

Les grandes voix de la musique traditionnelle :
« Qui sont ces artistes qui, chacun à sa façon par son style et son interprétation, ont ouvert une voie nouvelle et personnelle dans le système traditionnel ? Que transmettent ces voix populaires et savantes à la fois ? Qu’est-ce qui fait qu’une communauté se reconnaît à travers elles ? Qu’est-ce qu’une grande voix dans la tradition orale ? »
Ce sont ces questions qu’aborde Françoise Degeorges, animatrice et productrice de l’émission sur France Musique, au fil de cette série de quatre épisodes. Ils datent de 2014 mais restent néanmoins passionnants. Peu de commentaires mais beaucoup de musiques ! Et des mélanges très éclectiques.
Ainsi, dans le premier volet, on peut écouter Nusrat Fateh Ali Khan (Pakistan), Christine Salem et Danyel Waro (La Réunion), Cheihka Rimitti (Algérie). Dans le deuxième, Luzmila Carpio (Bolivie), Ambuya Nyati (Zimbabwe), Fernanda et Bernarda de Utrera (Espagne-Andalousie), El Cabrero (Espagne) et enfin Amália Rodrigues (Portugal). Dans le troisième, Esma Redzepova (Macédoine), Son House, Joan Baez et Aretha Franklin (Etats-Unis), Abida Parveen (Pakistan) et Mahwash (Afghanistan). Et dans le dernier, Oum Kalthoum (Egypte), Marta Gonzales (Espagne), Annie Ebrel, Erik Marchand et Yann-Fañch Kemener (France-Bretagne), Monâjât Yultchieva (Ouzbekistan), Shahram Nazeri (Iran), Vassílis Tsitsánis (Grèce) et Giovanna Daffini (Italie).

Ces podcasts sont à retrouver sur le site de France Musique : https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/les-grandes-voix-de-la-musique-traditionnelle