# 60 LGBTQIA+ (juillet 2022)

« Mauvais genre », Chloé Cruchaudet

2017-04-02T20:07:14+02:00

Simone(S) librairie-café a ouvert ses portes en février à Bourges (1). Partenaire du festival Intersection organisé par le centre LGBTQIA+ (lire aussi la rubrique (Ré)acteur·ices), Magali Gibeau, la gérante, nous invite à lire cette belle bande dessinée.

Pour échapper à une condamnation qui le menace après avoir été jugé déserteur lors de la Première guerre mondiale, Paul Grappe, marié à Louise Landy, se travestit en femme et devient Suzanne Landgard.

Pendant près de dix ans, il pousse la dissimulation et le changement d'identité au-delà des genres, prenant plaisir à la bisexualité, à l'échangisme.
Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, ce couple va connaître un destin hors norme.
Ce roman graphique publié en 2018 présente une histoire (réelle) bien particulière. Mention spéciale à Chloé Cruchaudet pour ses illustrations. Quel talent ! Une grande réussite !

A lire absolument !

« Mauvais genre » est paru aux éditions Delcourt en 2018. Il a inspiré André Téchiné pour son film « Nos années folles » sorti en 2017.

(1) Simone(S) librairie-café se situe au 31, rue Coursarlon à Bourges. La librairie-café se distingue en deux espaces : librairie et salon de thé.
Pour la partie librairie : papeterie et carterie, sélection de littérature française et étrangère, fonds poésie contemporaine, policier, science-fiction, féminisme et questions de genre, mieux-être et ésotérisme, pratique, romans graphiques, beaux-livres et catalogues d'expositions, et albums jeunesse. Les ouvrages qui ne sont pas en stock peuvent être commandés.
Dans la partie salon de thé : banquette, tables et chaises pour se poser, boissons chaudes et froides, et pâtisseries.
Simone(S) librairie-café accueille des expositions et propose un club lecture, des ateliers créatifs, des ateliers d'écritures.
Ouverture du mardi au jeudi : 10h-12h30 / 14h30-19h ; le vendredi : 14h30-19h ; et le samedi : 10h-19h.

« Vers le vrai », Anne Loyer

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Autre découverte proposée par Magali Gibeau de Simone(S), librairie-café à Bourges (1) : un roman qui parle de l’homosexualité chez les adolescent·es et du chemin vers l’affirmation de soi.

Paul et Thalia sont deux adolescents. Ils ont 18 ans.

Paul mène une vie bien rangée. Tout vole en éclat lorsqu'il tombe amoureux d'un garçon. Ses parents, convaincus qu'il peut « guérir » de son homosexualité, le poussent vers une thérapie de conversion.

Thalia est pleine de fougue. Elle est amoureuse de Loïs. Suite à un baiser et la violence qui s'ensuit, Thalia doit se justifier et elle assume avec courage : « Quelqu'un a pris une photo de moi ce matin... Depuis, elle circule avec mon nom et celui de mon amie. Elle est orné d'un superbe « gouines ». »
Paul et Thalia vont traverser différemment le chemin vers l'affirmation de soi et c'est toute la beauté de ce roman !

Une lecture absolument nécessaire parce que comme l'écrit Annie Ernaux : « L'écriture, c'est l'instrument pour saisir, comprendre et montrer la vie. »

« Vers le vrai » est l’œuvre d’Anne Loyer. Ce roman est paru aux éditions Slalom en 2022.

BD, podcast et série

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David, membre du centre LGBTQIA+ de Bourges, partage avec nous ses coups de cœur littéraires, sonores et visuels sur le thème du genre et de la transidentité notamment.

Bandes dessinées :
• « Appelez-moi Nathan », un roman graphique sur la transidentité par Catherine Castro et Quentin Zuttion (éditions Payot).
Nathan est né Lila, dans un corps de fille. Un corps qui ne lui a jamais convenu. Il décide alors de corriger cette « erreur génétique » avec le soutien indéfectible de sa famille, ses amis, ses profs et, à seize ans, des injections de testostérone de 0,8 mg par mois. Quitte à devenir quelqu’un, autant que ce soit vous-même.
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/appelez-moi-nathan-9782228921626

• « Une histoire de genres » par Lexie (éditions Marabout).
À l’heure où les questions de genre et d’identité sont de plus en plus présentes dans l’espace public, voici un guide qui déconstruit tous les préjugés, les abus de langage, les non-sens liés aux transidentités, afin de mieux les comprendre et de donner les armes pour s’en émanciper. Car si être trans est une histoire de rapport de soi à soi, de prise de conscience individuelle, c’est aussi un rapport à des normes et constructions sociales, culturelles et historiques.
Véritable prolongement du compte Instagram sur lequel Lexie s’emploie avec patience et grande rigueur à éduquer sur les questions de genre, ce livre est une vraie boussole et un outil d’empowerment [empuissantement] pour les personnes trans qui sont souvent isolées, moquées, stigmatisées et font l’objet de violences extrêmes ; mais aussi pour les non trans, concernés ou non, car au-delà des transidentités, c’est sa propre place dans la société et le traitement des différences qu’il s’agit de questionner.
https://www.marabout.com/livre/une-histoire-de-genres-9782501149679/

• « Le bleu est une couleur chaude » par Julie Maroh (Glénat).
« Mon ange de bleu, Bleu du ciel, Bleu des rivières, Source de vie… »
La vie de Clémentine bascule le jour où elle rencontre Emma, une jeune fille aux cheveux bleus, qui lui fait découvrir toutes les facettes du désir. Elle lui permettra d’affronter enfin le regard des autres. Un récit tendre et sensible qui a inspiré le film « La vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche.

Podcasts :
• « Coming Out » d’Elise Goldfarb et Julia Layani, à écouter sur Spotify : https://open.spotify.com/show/59UuXPmc80CN2YsRAFsqVP
• « Les couilles sur la table » de Victoire Tuallion sur Binge radio : https://www.binge.audio/podcast/les-couilles-sur-la-table

Série :
• « Pose » créée par Ryan Murphy, Brad Falchuk et Steven Canals : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pose_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e)

« Petite fille », Sébastien Lifshitz

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C’est un film bouleversant, notamment parce qu’il prend une posture rare : celle de laisser la parole à un enfant, sans interprétation, sans jugement. Avec beaucoup de délicatesse et de sincérité, le réalisateur suit Sacha, petite fille née dans un corps de garçon, qui se bat avec sa famille pour faire reconnaître son droit à être qui elle est réellement.

« Quand je serai grand, je serai une fille. » Non, ce n’était pas possible. Il fallait bien que sa maman lui explique : non, ce n’est pas possible, tu es un garçon, tu resteras un garçon toute ta vie. La souffrance que la mère de Sacha perçoit alors dans le regard et le corps de son enfant lui ouvre les yeux. Elle vient de briser tout espoir pour Sacha d’être libre.

Le désir de l’enfant, exprimé depuis le plus jeune âge, n’avait rien d’un caprice. Sa famille l’apprendra progressivement, notamment grâce à une formidable pédo-psychiatre de l’hôpital Robert-Debré à Paris. Non pas que la situation de Sasha soit une maladie, mais son désir de transformation suppose une prise en charge attentive et médicale, notamment pour bloquer les caractéristiques physiques masculines qui se développeront à la puberté.
Cette attention est fondamentale pour Sacha, ses parents, ses frères et sœurs pour cheminer sur le long parcours qu’iels ont emprunté tous·tes ensemble : celui de l’affirmation du droit à la différence. Iels se heurtent à l’école (qui refuse que Sacha vienne en robe par exemple) ou au conservatoire de danse, pour qui le genre inscrit sur une carte d’identité est la seule norme qui vaille. Et qu’importe la douleur qui s’écoule dans les larmes silencieuses de cette enfant, que l’on perçoit pourtant sans filtre même à travers l’écran…

« Petite fille » est un documentaire tournée à la manière d’un film, sans commentaire, avec une distance bienveillante qui touche au cœur. Les images sont belles. Sacha est belle dans sa dignité. Une vraie leçon de vie et de courage !