# 66 Nucléaire : faux débat ou débat faussé (fév. 2023) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/66nucleairefauxdebatoudebatfausse 2023-05-11T19:12:24+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management Filière nucléaire française : vers une seconde vie ? 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/66nucleairefauxdebatoudebatfausse/838-filierenucleairefrancaiseversunesecondevie Super User <p><strong>Il y a un an, Emmanuel Macron annonçait sa volonté de relancer la filière nucléaire. Pour accélérer le mouvement, son gouvernement entend faire voter une loi facilitant la construction de nouvelles installations, au détriment notamment du Code de l’environnement. Pourtant, les débats publics qui se déroulent en ce moment même montrent que la population française est loin d’être unanime sur le sujet.</strong></p> <p>C’est à Belfort le 10 février 2022, qu’Emmanuel Macron avait annoncé la relance du nucléaire<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Dans un discours marqué par le «&nbsp;en même temps&nbsp;» qui lui est si cher, le président de la République insistait sur la nécessité <em>«&nbsp;de baisser de 40 % nos consommations d'énergie&nbsp;»</em> dans les 30 prochaines années et d’engager pour cela une politique ambitieuse favorisant la sobriété énergétique... tout en assurant qu’il faudrait produire plus d’électricité, notamment pour remplacer les énergies fossiles telles que le pétrole.<br /><em>«&nbsp;Certains prétendent qu'il est possible d'y parvenir en développant uniquement le solaire et l'éolien. D'autres prétendent qu'il faut miser à 100 % sur l'énergie nucléaire et qu'on pourrait arrêter tous les projets de solaire et d'éolien en France. Aucun expert ne dit que ces deux schémas sont réalistes, sérieux, possibles pour la nation,</em> expliquait-il. <em>La réalité est ce que nous montre au contraire l'étude de RTE <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>, c'est que nous n'avons d'autre choix que de miser en même temps sur ces deux piliers. C'est le choix le plus pertinent d'un point de vue écologique et le plus opportun d'un point de vue économique et enfin le moins coûteux d'un point de vue financier. »</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Nouveaux réacteurs et prolongement des anciens</span></strong></p> <p>Reconnaissant que les énergies renouvelables sont <em>«&nbsp;rentables et compétitives&nbsp;»</em>, Emmanuel Macron prend toutefois des options discutables dans ce domaine, notamment du point de vue de l’écologie. Pour le solaire&nbsp;? L’agri-photovoltaïque qui artificialise des sols destinés en temps normal à la production de l’alimentation. Pour l’éolien&nbsp;? L’éolien en mer avec une cinquantaine de parcs d’ici à 2050. Des installations accusées de perturber les milieux marins.</p> <p>Mais l’annonce qui a suscité le plus de polémiques concerne l’industrie du nucléaire. Car <em>«&nbsp;pour augmenter la production électrique nationale d'ici 2050&nbsp;»</em> (alors qu’il prône la sobriété), Emmanuel Macron l’assure&nbsp;: <em>«&nbsp;il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France&nbsp;»</em>. <br />D’abord, en prolongeant la durée de vie de tous les réacteurs en service. Alors que ces réacteurs montrent indéniablement des signes de fatigue – comme ces corrosions découvertes sur des circuits directement liés à la sûreté des installations – EDF devra étudier la possibilité de les prolonger encore pendant 60 ans. Parallèlement, il s’agira de construire de nouveaux réacteurs, soit six EPR 2 et de lancer une étude pour huit EPR 2 additionnels. Enfin, <em>«&nbsp;à côté de ces EPR, un appel à projets sera soutenu à hauteur d'un milliard d'euros par France 2030 et sera lancé pour faire émerger des petits réacteurs modulaires&nbsp;»</em>. <br /><em>«&nbsp;Ce nouveau programme pourrait conduire à la mise en service de 25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050.&nbsp;»</em> (63 gigawatts actuellement).</p> <p>&nbsp;</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PRINTEMPS_DES_MOBILISATIONS/centrale_de_belleville.jpg" alt="centrale de belleville" width="515" height="287" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Au-delà des arguments sur la sûreté et les problèmes environnementaux causés par le nucléaire, on peut s’interroger sur les capacités de la filière à produire ces nouvelles installations. Selon le World Nuclear Industry Status Report <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>, sur 56 réacteurs en construction dans le monde, 26 connaissent des retards (dont, pour 14 d’entre eux, des retards répétés). Sur les 16 mises en service prévues en 2021, seules 6 ont effectivement eu lieu.<br />En France, l’EPR de Flamanville accuse un retard de 12 ans et coûtera environ 20 milliards d’euros selon la Cour des comptes, soit quatre fois au moins le budget initial annoncé. L’EPR d’Olkiluotto en Finlande a été mis en service en 2022 avec 13 ans de retard mais a dû être arrêté pour des problèmes techniques.<br />Au final, en 2021, la part du nucléaire était de 9,8 % seulement de l’électricité produite dans le monde tandis que le solaire et l’éolien réunis atteignaient 10,2&nbsp;%. Quant au coût du «&nbsp;nouveau nucléaire&nbsp;», il a augmenté de 36&nbsp;% tandis que celui de l’éolien chutait de 72&nbsp;% et celui du solaire de 90&nbsp;%.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Un projet de loi qui accélère les procédures</span></strong></p> <p>Alors pourquoi relancer la filière en France&nbsp;? Pour développer l’industrie&nbsp;; pour maintenir les emplois&nbsp;; pour renforcer notre souveraineté énergétique… Les arguments avancés par le chef de l’Etat sont principalement d’ordre économique. Les risques&nbsp;? Il les balaie d’une phrase&nbsp;: <em>«&nbsp;Nous garantissons aux Français des conditions de sécurité inégalées, parce qu'EDF exploite son parc avec une transparence absolue et que l'Autorité de Sûreté Nucléaire est sans aucun doute le régulateur le plus exigeant du monde.&nbsp;»</em> La seule affaire des incidents graves à la centrale de Tricastin, où un lanceur d’alerte a reçu pressions et menaces, pourrait permettre d’en douter…<span style="font-size: 8pt;"> (4)</span></p> <p>Mais rien n’arrêtera, semble-t-il, Emmanuel Macron qui veut aller vite. Le gouvernement a rédigé un projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires. <br />Le changement de cap est majeur. En effet, l’objectif de la loi de Transition énergétique adoptée en 2015 était de réduire à 50&nbsp;% la part du nucléaire à l’horizon 2025 (un horizon déjà repoussé en 2019, à 2035). Dans la future loi, l’objectif est devenu très vague&nbsp;: il s’agit de <em>«&nbsp;diversifier le mix électrique en visant un meilleur équilibre entre le nucléaire et les énergies renouvelables&nbsp;»</em>, sans plus de précisions datées.</p> <p>Pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs EPR 2, le texte simplifie les procédures.<br />Ainsi, il sera accordé une dispense de permis de construire pour les installations et travaux de création des nouveaux réacteurs nucléaires. Celle-ci pourra se faire en bord de mer, si les réacteurs sont installés proches ou dans le périmètre de centrales existantes, comme c'est le cas pour le projet d’EPR 2 à Penly dans la Manche. L’application de la loi Littoral est donc écartée&nbsp;! Des mesures d’expropriation, avec prise de possession immédiate, sont prévues pour les ouvrages annexes. Enfin, les délais d'instruction pour les parties non nucléaires seront réduits, les travaux pouvant même démarrer sans attendre le décret d'autorisation de création du réacteur.</p> <p>Les procédures de contrôle sont également touchées&nbsp;: plus besoin de rapport intermédiaire des centrales au-delà de 35 années de fonctionnement. Un impensé en matière de sûreté&nbsp;!<br />Du point de vue écologique, outre les entorses à la loi Littoral, le projet de loi exclut les nouveaux réacteurs de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) imposé aux collectivités territoriales et pourtant mis en place par Emmanuel Macron lui-même&nbsp;: il demandait alors aux communes, départements, régions de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici à 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020 <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>.</p> <p>Pour ce projet de loi, le gouvernement a activé une procédure accélérée&nbsp;: la première lecture a eu lieu au Sénat (dont la majorité est acquise au président de la République) et non à l’Assemblée nationale. Le 24 janvier dernier, les Sénateur·ices l’ont ainsi adoptée à 239 voix pour et 16 voix contre. Elle doit désormais passer devant les député·es.</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/hemicycle-2017-300.jpg" alt="hemicycle 2017 300" width="567" height="378" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Le débat public, simple formalité administrative&nbsp;?</span></strong></span></p> <p>Mais le débat se déroule bien au-delà des hémicycles. Les opposant·es à la relance de la filière nucléaire regrettent d’ailleurs que le projet de loi ait été lancé avant les résultats des différentes concertations. Pour Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine interrogé par Reporterre, c’est un <em>«&nbsp;déni de démocratie&nbsp;»</em>. La loi n’arrive <em>«&nbsp;pas au bon moment, puisqu’un débat sur la programmation pluriannuelle de l’énergie est prévu en juillet 2023&nbsp;»</em>.<span style="font-size: 8pt;"> (6)</span><br />Déjà, une concertation nationale a été organisée en ligne d’octobre 2022 à mi-janvier 2023. Elle a reçu 31.355 contributions. Mais le rapport final des garants de la concertation n’a pas encore été diffusé.</p> <p>De même, le débat public sur la construction de six nouveaux réacteurs EPR organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a tourné court. Dix grandes questions faisaient l’objet de dix grands rendez-vous publics à travers toute la France. Par exemple, le jeudi 16 février prochain à Tours&nbsp;: «&nbsp;comment décider, au nom de et avec la société, sur les questions nucléaires&nbsp;?&nbsp;» Les dernières réunions devaient avoir lieu à Rouen et Paris le 27 février. Mais la CNDP jugeant que la consultation est ignorée du gouvernement, elle a décidé de la réorienter. <em>« Pourquoi débattre, alors que les décisions sont déjà perçues comme prises, et que la machine est en route ?&nbsp;»</em> s'est-elle publiquement interrogée dans un communiqué publié le 7 février <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>. La rencontre à Tours ne sera pas maintenue mais un séminaire consacré à «&nbsp;La participation du public dans la gouvernance des projets nucléaires&nbsp;» sera organisé le 27 février de 16 h à 20 h. Il sera également retransmis en direct. Des contributions seront recueillies de la part des participants, et du public via une plateforme participative.</p> <p>Du côté des militant·es, dès fin janvier, Greenpeace et le réseau Sortir Du Nucléaire (SDN) avaient annoncé mettre fin à leur participation à ce débat public. <em>«&nbsp;Nous avions accepté de participer (…) car il nous semblait que le but de la CNDP n’était pas de fournir un vernis d’acceptabilité sociale à un projet, mais réellement de questionner son opportunité,</em> avaient rappelé les représentantes de SDN dans un discours explicatif, le 2 février à Lyon. <em>Nous avions ainsi opté pour une participation critique à cette procédure, afin de ne pas laisser le terrain aux mensonges de l’industrie nucléaire, qui souhaite faire passer son programme comme solution pour la transition énergétique. Cependant, malgré les multiples efforts et alertes des organisateur·ices du débat public, le gouvernement s’est employé à saper le travail de consultation pour mieux faire passer en force son programme nucléaire, en particulier à travers le projet de loi d’accélération.&nbsp;»</em></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/sdn_débat_lyon.jpg" alt="sdn débat lyon" width="480" height="305" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>Elles soulignaient également que <em>«&nbsp;ce débat public est resté confiné aux sphères déjà initiées, malgré son enjeu national, et la bonne volonté de ses organisateur·ices&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Nous ne pouvons que constater le très faible écho médiatique pour des séances organisées dans des salles excentrées, aux jauges réduites. (...) Rien n'est fait pour que la population se sente impliquée et soit en mesure de s'approprier pleinement un débat qui acte pourtant les choix énergétiques et économiques de la France sur des générations. En définitive, la bonne question à se poser nous semble être : le débat public peut-il être réduit au statut de pure formalité administrative ? Le réseau Sortir Du Nucléaire ne le pense pas : c'est un droit conquis grâce aux mobilisations citoyennes et consacré par la Constitution et des traités internationaux. Le mépris de ce droit nous est insupportable et a motivé notre départ de ce débat public.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(8)</span></p> <p>Un appel national est toutefois lancé pour une mobilisation contre ce débat, le jeudi 16 février à Tours à 17 heures, place Gaston Pailhou.</p> <p>&nbsp;</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/affiche_mob-2-fa6d7.jpg" alt="affiche mob 2 fa6d7" width="358" height="506" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des doléances atomiques, politiques et émotionnelles</span></strong></p> <p>Autre initiative&nbsp;: celle du Comité Centrales qui a lancé un appel à doléances nucléaires dont le but est de dresser <em>«&nbsp;un bilan à la fois politique et émotionnel des 70 dernières années de l’atome en France&nbsp;»</em>. Le Comité Centrales réunit des militant·es antinucléaires. Il a réalisé récemment un film sur les luttes victorieuses en France intitulée «&nbsp;Notre terre mourra proprement&nbsp;». <em>«&nbsp;Le débat sur l’énergie est un débat d’ingénieurs et d’experts à majorité masculine, focalisé sur les enjeux techniques, dans lequel le nucléaire est présenté comme une solution miracle pour faire face au changement climatique,</em> écrit le Comité. <em>Ce débat n’est pas celui que nous souhaitons avoir.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(9)</span></p> <p>A la manière des femmes anglaises qui partagèrent publiquement <em>«&nbsp;leurs opinions, sentiments, rêves ou cauchemars&nbsp;»</em> pour empêcher la base militaire nucléaire de Greenham Common de voir le jour<span style="font-size: 8pt;"> (10)</span>, le Comité Centrales invite tous·tes celleux qui le souhaitent à exprimer <em>«&nbsp;de manière intime leurs émotions, songes, avis concernant l’industrie du nucléaire et notre avenir énergétique en général&nbsp;»</em>. Il s’agit ainsi de donner la parole à celleux qui n’osent pas participer aux débats publics ou en sont délibérément exclu·es. Les contributions sont publiées sur le blog de Mediapart. Le Comité Centrales espère ainsi des milliers de textes, images, sons, vidéos qui réveilleront les esprits antinucléaires et empêcheront l’histoire de se répéter une nouvelle fois.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/283773-emmanuel-macron-10022022-politique-de-lenergie">https://www.vie-publique.fr/discours/283773-emmanuel-macron-10022022-politique-de-lenergie</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) RTE&nbsp;: Réseau de Transport d’Electricité.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) <a href="https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2022-.html">https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2022-.html</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(4) <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/nucleaire-les-lanceurs-d-alerte-de-tricastin-4494146">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/nucleaire-les-lanceurs-d-alerte-de-tricastin-4494146</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(5) <a href="https://www.ofb.gouv.fr/la-demarche-zan-zero-artificialisation-nette*">https://www.ofb.gouv.fr/la-demarche-zan-zero-artificialisation-nette*</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(6) <a href="https://reporterre.net/Loi-d-acceleration-du-nucleaire-C-est-un-deni-de-democratie">https://reporterre.net/Loi-d-acceleration-du-nucleaire-C-est-un-deni-de-democratie</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(7)<a href="https://www.debatpublic.fr/nouveaux-reacteurs-nucleaires-et-projet-penly/communication-de-la-cpdp-sur-la-poursuite-du-debat">https://www.debatpublic.fr/nouveaux-reacteurs-nucleaires-et-projet-penly/communication-de-la-cpdp-sur-la-poursuite-du-debat</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(8) <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/prise_de_parole_rsdn_cpdp_lyon.pdf">https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/prise_de_parole_rsdn_cpdp_lyon.pdf</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(9) <a href="https://blogs.mediapart.fr/doleances-atomiques/blog/041122/appel-doleances-atomiques">https://blogs.mediapart.fr/doleances-atomiques/blog/041122/appel-doleances-atomiques</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(10) <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_femmes_pour_la_paix_de_Greenham_Common">https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_femmes_pour_la_paix_de_Greenham_Common</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> <p><strong>Et les déchets&nbsp;?</strong></p> <p>Relancer la filière nucléaire suppose (aussi) d’anticiper sur les déchets à venir. Les piscines d’entreposage de La Hague saturent et vieillissent, et Cigéo, le projet d’enfouissement à Bure, n’a pas été dimensionné pour le futur programme annoncé par Emmanuel Macron.</p> <p>Pourtant, en janvier dernier, l’ANDRA (l’Agence Nationale de gestion des Déchets RAdioactifs) a déposé sa Demande d’Autorisation de Création (DAC) de Cigéo auprès du ministère de la Transition écologique. Dans les 30 prochains mois, l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) et l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) devront analyser les 30.000 pages du dossier pour vérifier la sûreté de la phase d’exploitation et au-delà, après la fermeture de la partie stockage prévue pour 100.000 ans (le délai nécessaire pour que ces déchets ne soient plus radioactifs).<br />Une enquête publique suivra à l’horizon 2026. Le décret pourrait être pris en 2027. L’ANDRA espère pouvoir déposer ses premiers colis à 500 mètres de profondeur aux alentours de 2035.</p> <p>En juillet dernier, malgré les fortes oppositions sur le terrain, Cigéo avait été déclaré d’utilité publique et opération d’intérêt national. Une décision qui fait l’objet d’un recours devant le Conseil d’État depuis le 7 septembre, déposé par un collectif de 32 associations et de trente habitant·es de la Meuse et de Haute-Marne. Iels dénoncent des études d’impact insuffisantes, notamment sur les eaux souterraines et la biodiversité.</p> <p>Le recours est non suspensif et des travaux préalables pourraient démarrer avant la décision.</p> <p>Plus d’informations sur le dossier et les mobilisations&nbsp;: <span style="color: #000000;"><a href="https://bureburebure.info/" style="color: #000000;">https://bureburebure.info/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> </div> </div> <p>&nbsp;</p> <p><strong>Il y a un an, Emmanuel Macron annonçait sa volonté de relancer la filière nucléaire. Pour accélérer le mouvement, son gouvernement entend faire voter une loi facilitant la construction de nouvelles installations, au détriment notamment du Code de l’environnement. Pourtant, les débats publics qui se déroulent en ce moment même montrent que la population française est loin d’être unanime sur le sujet.</strong></p> <p>C’est à Belfort le 10 février 2022, qu’Emmanuel Macron avait annoncé la relance du nucléaire<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>. Dans un discours marqué par le «&nbsp;en même temps&nbsp;» qui lui est si cher, le président de la République insistait sur la nécessité <em>«&nbsp;de baisser de 40 % nos consommations d'énergie&nbsp;»</em> dans les 30 prochaines années et d’engager pour cela une politique ambitieuse favorisant la sobriété énergétique... tout en assurant qu’il faudrait produire plus d’électricité, notamment pour remplacer les énergies fossiles telles que le pétrole.<br /><em>«&nbsp;Certains prétendent qu'il est possible d'y parvenir en développant uniquement le solaire et l'éolien. D'autres prétendent qu'il faut miser à 100 % sur l'énergie nucléaire et qu'on pourrait arrêter tous les projets de solaire et d'éolien en France. Aucun expert ne dit que ces deux schémas sont réalistes, sérieux, possibles pour la nation,</em> expliquait-il. <em>La réalité est ce que nous montre au contraire l'étude de RTE <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>, c'est que nous n'avons d'autre choix que de miser en même temps sur ces deux piliers. C'est le choix le plus pertinent d'un point de vue écologique et le plus opportun d'un point de vue économique et enfin le moins coûteux d'un point de vue financier. »</em></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Nouveaux réacteurs et prolongement des anciens</span></strong></p> <p>Reconnaissant que les énergies renouvelables sont <em>«&nbsp;rentables et compétitives&nbsp;»</em>, Emmanuel Macron prend toutefois des options discutables dans ce domaine, notamment du point de vue de l’écologie. Pour le solaire&nbsp;? L’agri-photovoltaïque qui artificialise des sols destinés en temps normal à la production de l’alimentation. Pour l’éolien&nbsp;? L’éolien en mer avec une cinquantaine de parcs d’ici à 2050. Des installations accusées de perturber les milieux marins.</p> <p>Mais l’annonce qui a suscité le plus de polémiques concerne l’industrie du nucléaire. Car <em>«&nbsp;pour augmenter la production électrique nationale d'ici 2050&nbsp;»</em> (alors qu’il prône la sobriété), Emmanuel Macron l’assure&nbsp;: <em>«&nbsp;il nous faut reprendre le fil de la grande aventure du nucléaire civil en France&nbsp;»</em>. <br />D’abord, en prolongeant la durée de vie de tous les réacteurs en service. Alors que ces réacteurs montrent indéniablement des signes de fatigue – comme ces corrosions découvertes sur des circuits directement liés à la sûreté des installations – EDF devra étudier la possibilité de les prolonger encore pendant 60 ans. Parallèlement, il s’agira de construire de nouveaux réacteurs, soit six EPR 2 et de lancer une étude pour huit EPR 2 additionnels. Enfin, <em>«&nbsp;à côté de ces EPR, un appel à projets sera soutenu à hauteur d'un milliard d'euros par France 2030 et sera lancé pour faire émerger des petits réacteurs modulaires&nbsp;»</em>. <br /><em>«&nbsp;Ce nouveau programme pourrait conduire à la mise en service de 25 gigawatts de nouvelles capacités nucléaires d'ici 2050.&nbsp;»</em> (63 gigawatts actuellement).</p> <p>&nbsp;</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/PRINTEMPS_DES_MOBILISATIONS/centrale_de_belleville.jpg" alt="centrale de belleville" width="515" height="287" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p>Au-delà des arguments sur la sûreté et les problèmes environnementaux causés par le nucléaire, on peut s’interroger sur les capacités de la filière à produire ces nouvelles installations. Selon le World Nuclear Industry Status Report <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>, sur 56 réacteurs en construction dans le monde, 26 connaissent des retards (dont, pour 14 d’entre eux, des retards répétés). Sur les 16 mises en service prévues en 2021, seules 6 ont effectivement eu lieu.<br />En France, l’EPR de Flamanville accuse un retard de 12 ans et coûtera environ 20 milliards d’euros selon la Cour des comptes, soit quatre fois au moins le budget initial annoncé. L’EPR d’Olkiluotto en Finlande a été mis en service en 2022 avec 13 ans de retard mais a dû être arrêté pour des problèmes techniques.<br />Au final, en 2021, la part du nucléaire était de 9,8 % seulement de l’électricité produite dans le monde tandis que le solaire et l’éolien réunis atteignaient 10,2&nbsp;%. Quant au coût du «&nbsp;nouveau nucléaire&nbsp;», il a augmenté de 36&nbsp;% tandis que celui de l’éolien chutait de 72&nbsp;% et celui du solaire de 90&nbsp;%.</p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Un projet de loi qui accélère les procédures</span></strong></p> <p>Alors pourquoi relancer la filière en France&nbsp;? Pour développer l’industrie&nbsp;; pour maintenir les emplois&nbsp;; pour renforcer notre souveraineté énergétique… Les arguments avancés par le chef de l’Etat sont principalement d’ordre économique. Les risques&nbsp;? Il les balaie d’une phrase&nbsp;: <em>«&nbsp;Nous garantissons aux Français des conditions de sécurité inégalées, parce qu'EDF exploite son parc avec une transparence absolue et que l'Autorité de Sûreté Nucléaire est sans aucun doute le régulateur le plus exigeant du monde.&nbsp;»</em> La seule affaire des incidents graves à la centrale de Tricastin, où un lanceur d’alerte a reçu pressions et menaces, pourrait permettre d’en douter…<span style="font-size: 8pt;"> (4)</span></p> <p>Mais rien n’arrêtera, semble-t-il, Emmanuel Macron qui veut aller vite. Le gouvernement a rédigé un projet de loi relatif à l’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires. <br />Le changement de cap est majeur. En effet, l’objectif de la loi de Transition énergétique adoptée en 2015 était de réduire à 50&nbsp;% la part du nucléaire à l’horizon 2025 (un horizon déjà repoussé en 2019, à 2035). Dans la future loi, l’objectif est devenu très vague&nbsp;: il s’agit de <em>«&nbsp;diversifier le mix électrique en visant un meilleur équilibre entre le nucléaire et les énergies renouvelables&nbsp;»</em>, sans plus de précisions datées.</p> <p>Pour accélérer la construction de nouveaux réacteurs EPR 2, le texte simplifie les procédures.<br />Ainsi, il sera accordé une dispense de permis de construire pour les installations et travaux de création des nouveaux réacteurs nucléaires. Celle-ci pourra se faire en bord de mer, si les réacteurs sont installés proches ou dans le périmètre de centrales existantes, comme c'est le cas pour le projet d’EPR 2 à Penly dans la Manche. L’application de la loi Littoral est donc écartée&nbsp;! Des mesures d’expropriation, avec prise de possession immédiate, sont prévues pour les ouvrages annexes. Enfin, les délais d'instruction pour les parties non nucléaires seront réduits, les travaux pouvant même démarrer sans attendre le décret d'autorisation de création du réacteur.</p> <p>Les procédures de contrôle sont également touchées&nbsp;: plus besoin de rapport intermédiaire des centrales au-delà de 35 années de fonctionnement. Un impensé en matière de sûreté&nbsp;!<br />Du point de vue écologique, outre les entorses à la loi Littoral, le projet de loi exclut les nouveaux réacteurs de l’objectif Zéro Artificialisation Nette (ZAN) imposé aux collectivités territoriales et pourtant mis en place par Emmanuel Macron lui-même&nbsp;: il demandait alors aux communes, départements, régions de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et de consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici à 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020 <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>.</p> <p>Pour ce projet de loi, le gouvernement a activé une procédure accélérée&nbsp;: la première lecture a eu lieu au Sénat (dont la majorité est acquise au président de la République) et non à l’Assemblée nationale. Le 24 janvier dernier, les Sénateur·ices l’ont ainsi adoptée à 239 voix pour et 16 voix contre. Elle doit désormais passer devant les député·es.</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/hemicycle-2017-300.jpg" alt="hemicycle 2017 300" width="567" height="378" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Le débat public, simple formalité administrative&nbsp;?</span></strong></span></p> <p>Mais le débat se déroule bien au-delà des hémicycles. Les opposant·es à la relance de la filière nucléaire regrettent d’ailleurs que le projet de loi ait été lancé avant les résultats des différentes concertations. Pour Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine interrogé par Reporterre, c’est un <em>«&nbsp;déni de démocratie&nbsp;»</em>. La loi n’arrive <em>«&nbsp;pas au bon moment, puisqu’un débat sur la programmation pluriannuelle de l’énergie est prévu en juillet 2023&nbsp;»</em>.<span style="font-size: 8pt;"> (6)</span><br />Déjà, une concertation nationale a été organisée en ligne d’octobre 2022 à mi-janvier 2023. Elle a reçu 31.355 contributions. Mais le rapport final des garants de la concertation n’a pas encore été diffusé.</p> <p>De même, le débat public sur la construction de six nouveaux réacteurs EPR organisé par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) a tourné court. Dix grandes questions faisaient l’objet de dix grands rendez-vous publics à travers toute la France. Par exemple, le jeudi 16 février prochain à Tours&nbsp;: «&nbsp;comment décider, au nom de et avec la société, sur les questions nucléaires&nbsp;?&nbsp;» Les dernières réunions devaient avoir lieu à Rouen et Paris le 27 février. Mais la CNDP jugeant que la consultation est ignorée du gouvernement, elle a décidé de la réorienter. <em>« Pourquoi débattre, alors que les décisions sont déjà perçues comme prises, et que la machine est en route ?&nbsp;»</em> s'est-elle publiquement interrogée dans un communiqué publié le 7 février <span style="font-size: 8pt;">(7)</span>. La rencontre à Tours ne sera pas maintenue mais un séminaire consacré à «&nbsp;La participation du public dans la gouvernance des projets nucléaires&nbsp;» sera organisé le 27 février de 16 h à 20 h. Il sera également retransmis en direct. Des contributions seront recueillies de la part des participants, et du public via une plateforme participative.</p> <p>Du côté des militant·es, dès fin janvier, Greenpeace et le réseau Sortir Du Nucléaire (SDN) avaient annoncé mettre fin à leur participation à ce débat public. <em>«&nbsp;Nous avions accepté de participer (…) car il nous semblait que le but de la CNDP n’était pas de fournir un vernis d’acceptabilité sociale à un projet, mais réellement de questionner son opportunité,</em> avaient rappelé les représentantes de SDN dans un discours explicatif, le 2 février à Lyon. <em>Nous avions ainsi opté pour une participation critique à cette procédure, afin de ne pas laisser le terrain aux mensonges de l’industrie nucléaire, qui souhaite faire passer son programme comme solution pour la transition énergétique. Cependant, malgré les multiples efforts et alertes des organisateur·ices du débat public, le gouvernement s’est employé à saper le travail de consultation pour mieux faire passer en force son programme nucléaire, en particulier à travers le projet de loi d’accélération.&nbsp;»</em></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/sdn_débat_lyon.jpg" alt="sdn débat lyon" width="480" height="305" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>Elles soulignaient également que <em>«&nbsp;ce débat public est resté confiné aux sphères déjà initiées, malgré son enjeu national, et la bonne volonté de ses organisateur·ices&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Nous ne pouvons que constater le très faible écho médiatique pour des séances organisées dans des salles excentrées, aux jauges réduites. (...) Rien n'est fait pour que la population se sente impliquée et soit en mesure de s'approprier pleinement un débat qui acte pourtant les choix énergétiques et économiques de la France sur des générations. En définitive, la bonne question à se poser nous semble être : le débat public peut-il être réduit au statut de pure formalité administrative ? Le réseau Sortir Du Nucléaire ne le pense pas : c'est un droit conquis grâce aux mobilisations citoyennes et consacré par la Constitution et des traités internationaux. Le mépris de ce droit nous est insupportable et a motivé notre départ de ce débat public.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(8)</span></p> <p>Un appel national est toutefois lancé pour une mobilisation contre ce débat, le jeudi 16 février à Tours à 17 heures, place Gaston Pailhou.</p> <p>&nbsp;</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/affiche_mob-2-fa6d7.jpg" alt="affiche mob 2 fa6d7" width="358" height="506" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p>&nbsp;</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des doléances atomiques, politiques et émotionnelles</span></strong></p> <p>Autre initiative&nbsp;: celle du Comité Centrales qui a lancé un appel à doléances nucléaires dont le but est de dresser <em>«&nbsp;un bilan à la fois politique et émotionnel des 70 dernières années de l’atome en France&nbsp;»</em>. Le Comité Centrales réunit des militant·es antinucléaires. Il a réalisé récemment un film sur les luttes victorieuses en France intitulée «&nbsp;Notre terre mourra proprement&nbsp;». <em>«&nbsp;Le débat sur l’énergie est un débat d’ingénieurs et d’experts à majorité masculine, focalisé sur les enjeux techniques, dans lequel le nucléaire est présenté comme une solution miracle pour faire face au changement climatique,</em> écrit le Comité. <em>Ce débat n’est pas celui que nous souhaitons avoir.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(9)</span></p> <p>A la manière des femmes anglaises qui partagèrent publiquement <em>«&nbsp;leurs opinions, sentiments, rêves ou cauchemars&nbsp;»</em> pour empêcher la base militaire nucléaire de Greenham Common de voir le jour<span style="font-size: 8pt;"> (10)</span>, le Comité Centrales invite tous·tes celleux qui le souhaitent à exprimer <em>«&nbsp;de manière intime leurs émotions, songes, avis concernant l’industrie du nucléaire et notre avenir énergétique en général&nbsp;»</em>. Il s’agit ainsi de donner la parole à celleux qui n’osent pas participer aux débats publics ou en sont délibérément exclu·es. Les contributions sont publiées sur le blog de Mediapart. Le Comité Centrales espère ainsi des milliers de textes, images, sons, vidéos qui réveilleront les esprits antinucléaires et empêcheront l’histoire de se répéter une nouvelle fois.</p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/283773-emmanuel-macron-10022022-politique-de-lenergie">https://www.vie-publique.fr/discours/283773-emmanuel-macron-10022022-politique-de-lenergie</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) RTE&nbsp;: Réseau de Transport d’Electricité.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) <a href="https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2022-.html">https://www.worldnuclearreport.org/-World-Nuclear-Industry-Status-Report-2022-.html</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(4) <a href="https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/nucleaire-les-lanceurs-d-alerte-de-tricastin-4494146">https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/nucleaire-les-lanceurs-d-alerte-de-tricastin-4494146</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(5) <a href="https://www.ofb.gouv.fr/la-demarche-zan-zero-artificialisation-nette*">https://www.ofb.gouv.fr/la-demarche-zan-zero-artificialisation-nette*</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(6) <a href="https://reporterre.net/Loi-d-acceleration-du-nucleaire-C-est-un-deni-de-democratie">https://reporterre.net/Loi-d-acceleration-du-nucleaire-C-est-un-deni-de-democratie</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(7)<a href="https://www.debatpublic.fr/nouveaux-reacteurs-nucleaires-et-projet-penly/communication-de-la-cpdp-sur-la-poursuite-du-debat">https://www.debatpublic.fr/nouveaux-reacteurs-nucleaires-et-projet-penly/communication-de-la-cpdp-sur-la-poursuite-du-debat</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(8) <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/prise_de_parole_rsdn_cpdp_lyon.pdf">https://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/prise_de_parole_rsdn_cpdp_lyon.pdf</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(9) <a href="https://blogs.mediapart.fr/doleances-atomiques/blog/041122/appel-doleances-atomiques">https://blogs.mediapart.fr/doleances-atomiques/blog/041122/appel-doleances-atomiques</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(10) <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_femmes_pour_la_paix_de_Greenham_Common">https://fr.wikipedia.org/wiki/Camp_de_femmes_pour_la_paix_de_Greenham_Common</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> <p><strong>Et les déchets&nbsp;?</strong></p> <p>Relancer la filière nucléaire suppose (aussi) d’anticiper sur les déchets à venir. Les piscines d’entreposage de La Hague saturent et vieillissent, et Cigéo, le projet d’enfouissement à Bure, n’a pas été dimensionné pour le futur programme annoncé par Emmanuel Macron.</p> <p>Pourtant, en janvier dernier, l’ANDRA (l’Agence Nationale de gestion des Déchets RAdioactifs) a déposé sa Demande d’Autorisation de Création (DAC) de Cigéo auprès du ministère de la Transition écologique. Dans les 30 prochains mois, l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) et l’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) devront analyser les 30.000 pages du dossier pour vérifier la sûreté de la phase d’exploitation et au-delà, après la fermeture de la partie stockage prévue pour 100.000 ans (le délai nécessaire pour que ces déchets ne soient plus radioactifs).<br />Une enquête publique suivra à l’horizon 2026. Le décret pourrait être pris en 2027. L’ANDRA espère pouvoir déposer ses premiers colis à 500 mètres de profondeur aux alentours de 2035.</p> <p>En juillet dernier, malgré les fortes oppositions sur le terrain, Cigéo avait été déclaré d’utilité publique et opération d’intérêt national. Une décision qui fait l’objet d’un recours devant le Conseil d’État depuis le 7 septembre, déposé par un collectif de 32 associations et de trente habitant·es de la Meuse et de Haute-Marne. Iels dénoncent des études d’impact insuffisantes, notamment sur les eaux souterraines et la biodiversité.</p> <p>Le recours est non suspensif et des travaux préalables pourraient démarrer avant la décision.</p> <p>Plus d’informations sur le dossier et les mobilisations&nbsp;: <span style="color: #000000;"><a href="https://bureburebure.info/" style="color: #000000;">https://bureburebure.info/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> </div> </div> <p>&nbsp;</p> Nous ne sommes pas des écoterroristes ! Le podcast - épisode 3 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/66nucleairefauxdebatoudebatfausse/839-nousnesommespasdesecoterroristeslepodcastepisode3 Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/ECOTERRORISME/logo_Rebonds_pod_casque.png" alt="logo Rebonds pod casque" width="450" height="114" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><strong>Nouvel épisode de notre série de podcasts intitulée "Nous ne sommes pas des écoterroristes !" Le principe ? Donner la parole à des militant·es qui réfutent le terme employé par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et qui racontent la réalité de leurs luttes bien loin de la caricature diffusée par le gouvernement pour les décrédibiliser !</strong></p> <p style="text-align: center;">Nous sommes avec Willy, militant antinucléaire et membre de l'Association de Veille Environnementale du Cher (AVEC).</p> <p style="text-align: center;">De la lutte victorieuse contre les boues d'Achère à celle contre les méga-bassines, il nous explique son engagement pour la préservation de l'eau. Il nous raconte aussi la visite que la cellule de gendarmerie Déméter lui a rendue et ce que la répression des écologistes lui inspire...</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><iframe src="https://video.ploud.fr/videos/embed/c8264854-3a3f-40a2-9343-fbdd3a22c1c2" width="560" height="315" title="Willy - final" sandbox="allow-same-origin allow-scripts allow-popups" allowfullscreen="" frameborder="0"></iframe></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;">Micro-trottoirs et interview : Fanny Lancelin</p> <p>Voix additionnelles : Gilles Ovieve</p> <p>Musiques : Typographic - "Percussion" / Léo Ferret - "Les anarchistes"<a href="https://www.youtube.com/watch?v=LY7ZQmkiIIw"></a></p> <p>Sons additionnels : Mélissa Gringeau (BNM TV)</p> <p>Montage (sous logiciel libre Reaper) : Fanny Lancelin</p> <p>Logo (sous logiciel libre Gimps) : Benoît Laurière</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/ECOTERRORISME/logo_Rebonds_pod_casque.png" alt="logo Rebonds pod casque" width="450" height="114" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><strong>Nouvel épisode de notre série de podcasts intitulée "Nous ne sommes pas des écoterroristes !" Le principe ? Donner la parole à des militant·es qui réfutent le terme employé par le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et qui racontent la réalité de leurs luttes bien loin de la caricature diffusée par le gouvernement pour les décrédibiliser !</strong></p> <p style="text-align: center;">Nous sommes avec Willy, militant antinucléaire et membre de l'Association de Veille Environnementale du Cher (AVEC).</p> <p style="text-align: center;">De la lutte victorieuse contre les boues d'Achère à celle contre les méga-bassines, il nous explique son engagement pour la préservation de l'eau. Il nous raconte aussi la visite que la cellule de gendarmerie Déméter lui a rendue et ce que la répression des écologistes lui inspire...</p> <p style="text-align: center;">&nbsp;</p> <p style="text-align: center;"><iframe src="https://video.ploud.fr/videos/embed/c8264854-3a3f-40a2-9343-fbdd3a22c1c2" width="560" height="315" title="Willy - final" sandbox="allow-same-origin allow-scripts allow-popups" allowfullscreen="" frameborder="0"></iframe></p> <p>&nbsp;</p> <p style="text-align: left;">Micro-trottoirs et interview : Fanny Lancelin</p> <p>Voix additionnelles : Gilles Ovieve</p> <p>Musiques : Typographic - "Percussion" / Léo Ferret - "Les anarchistes"<a href="https://www.youtube.com/watch?v=LY7ZQmkiIIw"></a></p> <p>Sons additionnels : Mélissa Gringeau (BNM TV)</p> <p>Montage (sous logiciel libre Reaper) : Fanny Lancelin</p> <p>Logo (sous logiciel libre Gimps) : Benoît Laurière</p> Rencontre avec Hervé Kempf, rédacteur en chef de Reporterre : « Le déclin du nucléaire est inéluctable » 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/66nucleairefauxdebatoudebatfausse/833-rencontreavechervekempfredacteurenchefdereporterre Super User <p><span style="font-size: 18pt;">S</span>a voix détonne. Elle ne s’accorde pas à celles qui s'étalent dans la majorité des médias. Celles qui affirment avec certitude que la relance de la filière nucléaire française est un choix mesuré, sûr et, surtout, parfaitement adapté au changement climatique. La preuve&nbsp;: l’énergie nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre&nbsp;; elle doit donc être privilégiée à toutes les autres, non&nbsp;?<br />Non, répond Hervé Kempf, journaliste et rédacteur en chef de Reporterre <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, qui vient de publier un livre intitulé «&nbsp;Le nucléaire n’est pas bon pour le climat&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.</p> <p>Selon lui, seules les énergies renouvelables et les économies d’énergie constituent des réponses fiables aux défis à relever. Ce qui suppose de prendre des décisions politiques à rebours des décisions du gouvernement qui prévoit la construction de nouveaux réacteurs et n’investit pas sérieusement dans les alternatives.</p> <p>L’actualité sur le sujet est riche&nbsp;: projet de loi sur l’accélération des installations nucléaires&nbsp;; débat public sur d’éventuels nouveaux EPR (réacteurs pressurisés européens)&nbsp;; Conseil politique du nucléaire réuni par Emmanuel Macron&nbsp;; demande d’autorisation de la création d’un site d’enfouissement des déchets…<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span><br />Dans ce contexte, comment remettre en question ce qui est présenté comme une évidence, une évolution inéluctable&nbsp;? Pourquoi opposer des arguments au nucléaire&nbsp;? Comment faire advenir d’autres solutions, techniquement, politiquement et socialement plus écologiques&nbsp;?<br />C’est ce qu’Hervé Kempf est venu exposer à Bourges, lors d’une conférence organisée par Europe Ecologie - Les Verts et le réseau Sortir Du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye. Dans la salle&nbsp;: une centaine de personnes, pour beaucoup des militant·es antinucléaires, mais aussi des jeunes des écoles d’ingénieur·es et des personnes venues simplement entendre une autre voix.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des accidents majeurs peuvent se reproduire</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">__</span><strong>____________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Hervé Kempf part d’un sophisme asséné à longueur de journée par les partisan·es du nucléaire&nbsp;: le gaz carbonique est mauvais pour le climat, le nucléaire n’émet pas de gaz carbonique, donc le nucléaire est bon pour le climat. Convaincant. Sauf que les énergies renouvelables n’émettent pas non plus de gaz carbonique, ni les économies d’énergie… Ainsi, pour opérer le bon choix, il ne faut pas se concentrer uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre, mais s’intéresser à d’autres critères.</p> <p>Premier évoqué par Hervé Kempf&nbsp;: la sûreté. En France, tout est fait pour nier le risque d’accident majeur auprès du public. Dans leurs discours, les nucléaristes mettent en évidence le caractère exceptionnel des catastrophes de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011), comme si celles-ci ne pouvaient jamais se reproduire. <em>«&nbsp;Il existe actuellement 411 réacteurs en activité dans le monde,</em> explique Hervé Kempf. <em>Si le nucléaire devait se développer pour atteindre un millier de réacteurs, les experts estiment probable qu’un accident comme Fukushima aurait lieu tous les dix ans.&nbsp;»</em> Les conséquences sur les populations (décès, maladies, évacuations) et sur leur environnement (destructions, pollutions durables) ne sont pas négligeables, n’en déplaise au très médiatique ingénieur Jean-Marc Jancovici, qui déclarait récemment à la radio que la balance bénéfices / risques penchait en faveur du nucléaire <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.<br />La guerre, les attentats et les sabotages sont d’autres événements «&nbsp;exceptionnels&nbsp;» et cependant bien réels comme l’actualité le prouve en Ukraine, par exemple.</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/Hervé_Kempf_bis.JPG" alt="Hervé Kempf bis" width="423" height="564" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un choix technique et économique irrationnel</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>_____________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Mais les réacteurs français seront peut-être d’abord victimes de leur âge et de défauts de conception. Construits dans les années 1970 et 1980, ils montrent des signes inquiétants : fissures sur les cuves ou encore corrosion dans les circuits d’injection de sécurité. De plus, avec le réchauffement climatique, la ressource en eau, indispensable au refroidissement des centrales, est fragilisée.<br /><em>«&nbsp;EDF compte cependant allonger la durée de fonctionnement de ses réacteurs jusqu’à cinquante voire soixante ans&nbsp;»</em>, rappelle Hervé Kempf. Pour cela, d’importants investissements sont nécessaires. Problème&nbsp;: <em>«&nbsp;l’entreprise d’électricité va très mal.&nbsp;»</em> Elle cumule 40 milliards de dettes, résultat notamment d’investissements hasardeux et d’une prévision trop optimiste de l’évolution de la consommation d’électricité alors que celle-ci diminue. <span style="font-size: 8pt;">(5)</span> Comment EDF pourrait-elle, alors, financer la construction de nouveaux réacteurs tels que le souhaite l’Etat français&nbsp;?</p> <p>Du fait de ces investissements pour maintenir des centrales vieillissantes, gérer les problèmes des déchets toujours plus nombreux et construire de nouvelles installations, le coût de production de l’énergie nucléaire augmente. A l’inverse, à mesure que les techniques progressent et que la demande croît, les coûts de production des énergies renouvelables diminuent <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.<br />Du point de vue purement économique, le choix de relancer la filière nucléaire paraît donc pour le moins irrationnel. De même, en terme de délais&nbsp;: l’Union européenne s’est engagée à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 55&nbsp;% (par rapport à 1990) d’ici à 2030. Or, les nouveaux réacteurs souhaités par le gouvernement seraient mis en service – au mieux – en 2037.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span></strong></p> <h3>La sobriété pour plus de justice sociale</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">_</span><strong>______________________________________________<br /></strong></span></p> <p>Si le choix du nucléaire n’est pas guidé par une rationalité technique ou économique, c’est qu’il est avant tout politique. <em>«&nbsp;Il y a un lien consubstantiel entre nucléaire civil et arme atomique&nbsp;»</em>, souligne Hervé Kempf, citant Emmanuel Macron dans un discours de 2020&nbsp;: <em>«&nbsp;Opposer nucléaire civil et nucléaire militaire en termes de production, comme en termes de recherche n’a pas de sens pour un pays comme le nôtre&nbsp;»</em>. <span style="font-size: 8pt;">(7)</span> De multiples croisements existent en effet, les avancées de l’un favorisant le développement de l’autre.</p> <p>Hervé Kempf souligne également <em>«&nbsp;le poids de la culture de l’oligarchie française, composée pour une grande part d’ingénieurs des Mines et de polytechniciens&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;La classe dirigeante n’a aucun intérêt à changer l’ordre social. Pour conserver cet ordre social qui l’avantage, il faut continuer à produire et à faire de la croissance.&nbsp;»</em> Elle prône pour cela les valeurs du techno-solutionnisme qui donne l’impression que les solutions viendront uniquement de la technique, à consommation constante. Or, ce sont surtout des mécanismes visant à réduire notre consommation d’énergie qui impacteront positivement le climat. <br />Ainsi, Hervé Kempf insiste sur <em>«&nbsp;l’urgence de la sobriété&nbsp;»</em> avec la mise en place de réelles politiques de rénovation thermique des bâtiments, de mobilité avec le développement des transports en commun et des vélos par exemple, de lutte contre l’étalement urbain, de limitation de l’alimentation transformée et de la consommation de viande ou encore de l’amélioration de l’efficacité des appareils électriques…</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/livre_hervé_kempf.jpg" alt="livre hervé kempf" width="407" height="553" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><em>«&nbsp;En réalité, un aspect crucial se dissimule sous le voile des discussions à n’en plus finir derrière le nucléaire,</em> écrit-il dans son ouvrage. <em>Pour aller vers la sobriété, il faut passer par une redistribution des richesses.&nbsp;»</em> Les efforts ne peuvent être envisagés de manière uniforme, alors que les rapports démontrent que <em>«&nbsp;plus on est riche, plus on pollue&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(8)</span>.<br />C’est donc pour un véritable changement de société qu’Hervé Kempf milite. <em>«&nbsp;J’assume le fait d’être anticapitaliste,</em> confie-t-il lors d’un entretien accordé au lendemain de la conférence. <em>Le capitalisme est un moment culturel et civilisationnel, qui est dans sa phase de sénescence.&nbsp;Le monde à venir peut avoir deux visages très différents : soit le capitalisme prendra une forme de plus en plus autoritaire et chaotique ; soit la société deviendra plus juste, plus écologiste avec des modes d'organisation sociale différents. »</em></p> <p>Que répond-il à celleux qui accusent les antinucléaires de vouloir détruire l’emploi et ainsi, paupériser une partie de la population&nbsp;? <em>«&nbsp;Il y aura autant de savoir-faire à développer pour les futurs ingénieurs pour penser la sobriété et la low-tech <span style="font-size: 8pt;">(9)</span>. Il va falloir créer des emplois pour démanteler les centrales. Les besoins futurs en emplois dans les énergies renouvelables, pour la rénovation thermique des bâtiments et pour les économies d'énergie, se comptent en centaines de milliers. »</em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des mouvements porteurs d’espoir</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong><span style="font-size: 10pt;">_</span>__________________________________________</strong></span></p> <p>Mais comment convaincre la société française d’abandonner la voie du nucléaire et de s’engager sur celles des économies d’énergie, alors que les médias semblent davantage faire entendre la voix des nucléaristes&nbsp;? <em>«&nbsp;Ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause mais les propriétaires des groupes de presse. Donc, il faut rendre l’indépendance aux médias pour qu’ils puissent jouer leur rôle d’éclaireurs, comme Reporterre.&nbsp;»</em> Ce journal a été créé en 1989 sous forme papier, s'est arrêté au bout d'un an puis est reparu sur Internet en 2007, avant de se professionnaliser en 2013. Entretemps, Hervé Kempf a été journaliste au Courrier International, à la revue scientifique La Recherche puis au Monde. Géré par l'association la Pile (Pour une presse Indépendante, Libre et Ecologique), financé à 98 % par des dons, lu tous les mois par plus d'1,5 million de visiteurs uniques, Reporterre présente et discute une écologie politique et sociale, et propose des espaces pour <em>« réfléchir et débattre »</em>...<br />Autre enjeu&nbsp;: la publicité. <em>«&nbsp;Elle a pour but de nous convaincre de consommer ce dont nous n’avons pas besoin. Il faut la réduire fortement.&nbsp;»</em> <br />La représentation politique doit aussi évoluer pour faire entendre de nouveaux arguments. <em>«&nbsp;Il y a des signes positifs qui montrent que beaucoup de gens sont prêts à changer leurs habitudes si on leur propose autre chose.&nbsp;»</em></p> <p>Mais le gouvernement durcit le ton face à l’opposition et aux militant·es écologistes, notamment antinucléaires, comme en témoignent les moyens vertigineux déployés contre les opposant·es à Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires dans la Meuse <span style="font-size: 8pt;">(10)</span>.<br />Pourtant, loin de faiblir, les mouvements populaires se multiplient. Quel regard Hervé Kempf porte-t-il sur eux&nbsp;? <em>«&nbsp;Ils sont indispensables pour faire pression sur les politiques, pour qu’elles changent. Il y a une belle énergie collective. Entre les années 1980 et aujourd’hui, il y a eu un trou dans les luttes avec l’avènement du néo-libéralisme. Et puis, ça reprend depuis les années 2010. Cet été, j’étais aux Bure’lesques (11) et j’ai vu ce mélange entre les anciens et les jeunes militants. Chacun peut être force de changement. Il y a de l’inventivité, ça donne de l’espoir. »</em></p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://reporterre.net/">https://reporterre.net/</a><br />(2) Aux éditions du Seuil, septembre 2022. <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/le-nucleaire-n-est-pas-bon-pour-le-climat-herve-kempf/9782021512922">https://www.seuil.com/ouvrage/le-nucleaire-n-est-pas-bon-pour-le-climat-herve-kempf/9782021512922</a><br />(3) Lire la rubrique (Re)découvrir.<br />(4) <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-24-novembre-2022-5184282">https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-24-novembre-2022-5184282</a> et <a href="https://reporterre.net/Jancovici-une-imposture-ecologique">https://reporterre.net/Jancovici-une-imposture-ecologique</a><br />(5) <a href="https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/lenergie-france">https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/lenergie-france</a><br />(6) Rapport 2016 de l’ADEME&nbsp;: <a href="https://presse.ademe.fr/2017/01/etude-couts-des-enr-en-france-des-filieres-de-plus-en-plus-competitives-pour-les-territoires.html">https://presse.ademe.fr/2017/01/etude-couts-des-enr-en-france-des-filieres-de-plus-en-plus-competitives-pour-les-territoires.html</a><br />(7) <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/277673-emmanuel-macron-08122020-energie-nucleaire">https://www.vie-publique.fr/discours/277673-emmanuel-macron-08122020-energie-nucleaire</a><br />(8) <a href="https://wir2022.wid.world/www-site/uploads/2021/12/Summary_WorldInequalityReport2022_French.pdf">https://wir2022.wid.world/www-site/uploads/2021/12/Summary_WorldInequalityReport2022_French.pdf</a><br />(9) Low tech&nbsp;: <a href="https://lowtechlab.org/fr/la-low-tech">https://lowtechlab.org/fr/la-low-tech</a><br />(10) <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/Pour-les-opposant-es-a-Cigeo-repression-policiere">https://www.sortirdunucleaire.org/Pour-les-opposant-es-a-Cigeo-repression-policiere</a><br />(11) <a href="https://burefestival.org/">https://burefestival.org/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Pour en savoir plus sur Hervé Kempf et suivre son actualité&nbsp;: <a href="https://hervekempf.net/">https://hervekempf.net/</a> <p>• Pour lire Reporterre&nbsp;: <a href="https://reporterre.net/">https://reporterre.net/</a></p> </li> </ul> </div> <p><span style="font-size: 18pt;">S</span>a voix détonne. Elle ne s’accorde pas à celles qui s'étalent dans la majorité des médias. Celles qui affirment avec certitude que la relance de la filière nucléaire française est un choix mesuré, sûr et, surtout, parfaitement adapté au changement climatique. La preuve&nbsp;: l’énergie nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre&nbsp;; elle doit donc être privilégiée à toutes les autres, non&nbsp;?<br />Non, répond Hervé Kempf, journaliste et rédacteur en chef de Reporterre <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, qui vient de publier un livre intitulé «&nbsp;Le nucléaire n’est pas bon pour le climat&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.</p> <p>Selon lui, seules les énergies renouvelables et les économies d’énergie constituent des réponses fiables aux défis à relever. Ce qui suppose de prendre des décisions politiques à rebours des décisions du gouvernement qui prévoit la construction de nouveaux réacteurs et n’investit pas sérieusement dans les alternatives.</p> <p>L’actualité sur le sujet est riche&nbsp;: projet de loi sur l’accélération des installations nucléaires&nbsp;; débat public sur d’éventuels nouveaux EPR (réacteurs pressurisés européens)&nbsp;; Conseil politique du nucléaire réuni par Emmanuel Macron&nbsp;; demande d’autorisation de la création d’un site d’enfouissement des déchets…<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span><br />Dans ce contexte, comment remettre en question ce qui est présenté comme une évidence, une évolution inéluctable&nbsp;? Pourquoi opposer des arguments au nucléaire&nbsp;? Comment faire advenir d’autres solutions, techniquement, politiquement et socialement plus écologiques&nbsp;?<br />C’est ce qu’Hervé Kempf est venu exposer à Bourges, lors d’une conférence organisée par Europe Ecologie - Les Verts et le réseau Sortir Du Nucléaire Berry-Giennois-Puisaye. Dans la salle&nbsp;: une centaine de personnes, pour beaucoup des militant·es antinucléaires, mais aussi des jeunes des écoles d’ingénieur·es et des personnes venues simplement entendre une autre voix.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des accidents majeurs peuvent se reproduire</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">__</span><strong>____________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Hervé Kempf part d’un sophisme asséné à longueur de journée par les partisan·es du nucléaire&nbsp;: le gaz carbonique est mauvais pour le climat, le nucléaire n’émet pas de gaz carbonique, donc le nucléaire est bon pour le climat. Convaincant. Sauf que les énergies renouvelables n’émettent pas non plus de gaz carbonique, ni les économies d’énergie… Ainsi, pour opérer le bon choix, il ne faut pas se concentrer uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre, mais s’intéresser à d’autres critères.</p> <p>Premier évoqué par Hervé Kempf&nbsp;: la sûreté. En France, tout est fait pour nier le risque d’accident majeur auprès du public. Dans leurs discours, les nucléaristes mettent en évidence le caractère exceptionnel des catastrophes de Tchernobyl (1986) et de Fukushima (2011), comme si celles-ci ne pouvaient jamais se reproduire. <em>«&nbsp;Il existe actuellement 411 réacteurs en activité dans le monde,</em> explique Hervé Kempf. <em>Si le nucléaire devait se développer pour atteindre un millier de réacteurs, les experts estiment probable qu’un accident comme Fukushima aurait lieu tous les dix ans.&nbsp;»</em> Les conséquences sur les populations (décès, maladies, évacuations) et sur leur environnement (destructions, pollutions durables) ne sont pas négligeables, n’en déplaise au très médiatique ingénieur Jean-Marc Jancovici, qui déclarait récemment à la radio que la balance bénéfices / risques penchait en faveur du nucléaire <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>.<br />La guerre, les attentats et les sabotages sont d’autres événements «&nbsp;exceptionnels&nbsp;» et cependant bien réels comme l’actualité le prouve en Ukraine, par exemple.</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/Hervé_Kempf_bis.JPG" alt="Hervé Kempf bis" width="423" height="564" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________________________</span></strong></p> <h3>Un choix technique et économique irrationnel</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong>_____________________________________________________</strong></span><span style="font-family: georgia, palatino;"><span style="color: #fc615d;"><br /></span></span></p> <p>Mais les réacteurs français seront peut-être d’abord victimes de leur âge et de défauts de conception. Construits dans les années 1970 et 1980, ils montrent des signes inquiétants : fissures sur les cuves ou encore corrosion dans les circuits d’injection de sécurité. De plus, avec le réchauffement climatique, la ressource en eau, indispensable au refroidissement des centrales, est fragilisée.<br /><em>«&nbsp;EDF compte cependant allonger la durée de fonctionnement de ses réacteurs jusqu’à cinquante voire soixante ans&nbsp;»</em>, rappelle Hervé Kempf. Pour cela, d’importants investissements sont nécessaires. Problème&nbsp;: <em>«&nbsp;l’entreprise d’électricité va très mal.&nbsp;»</em> Elle cumule 40 milliards de dettes, résultat notamment d’investissements hasardeux et d’une prévision trop optimiste de l’évolution de la consommation d’électricité alors que celle-ci diminue. <span style="font-size: 8pt;">(5)</span> Comment EDF pourrait-elle, alors, financer la construction de nouveaux réacteurs tels que le souhaite l’Etat français&nbsp;?</p> <p>Du fait de ces investissements pour maintenir des centrales vieillissantes, gérer les problèmes des déchets toujours plus nombreux et construire de nouvelles installations, le coût de production de l’énergie nucléaire augmente. A l’inverse, à mesure que les techniques progressent et que la demande croît, les coûts de production des énergies renouvelables diminuent <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>.<br />Du point de vue purement économique, le choix de relancer la filière nucléaire paraît donc pour le moins irrationnel. De même, en terme de délais&nbsp;: l’Union européenne s’est engagée à diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 55&nbsp;% (par rapport à 1990) d’ici à 2030. Or, les nouveaux réacteurs souhaités par le gouvernement seraient mis en service – au mieux – en 2037.</p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span></strong></p> <h3>La sobriété pour plus de justice sociale</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;">_</span><strong>______________________________________________<br /></strong></span></p> <p>Si le choix du nucléaire n’est pas guidé par une rationalité technique ou économique, c’est qu’il est avant tout politique. <em>«&nbsp;Il y a un lien consubstantiel entre nucléaire civil et arme atomique&nbsp;»</em>, souligne Hervé Kempf, citant Emmanuel Macron dans un discours de 2020&nbsp;: <em>«&nbsp;Opposer nucléaire civil et nucléaire militaire en termes de production, comme en termes de recherche n’a pas de sens pour un pays comme le nôtre&nbsp;»</em>. <span style="font-size: 8pt;">(7)</span> De multiples croisements existent en effet, les avancées de l’un favorisant le développement de l’autre.</p> <p>Hervé Kempf souligne également <em>«&nbsp;le poids de la culture de l’oligarchie française, composée pour une grande part d’ingénieurs des Mines et de polytechniciens&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;La classe dirigeante n’a aucun intérêt à changer l’ordre social. Pour conserver cet ordre social qui l’avantage, il faut continuer à produire et à faire de la croissance.&nbsp;»</em> Elle prône pour cela les valeurs du techno-solutionnisme qui donne l’impression que les solutions viendront uniquement de la technique, à consommation constante. Or, ce sont surtout des mécanismes visant à réduire notre consommation d’énergie qui impacteront positivement le climat. <br />Ainsi, Hervé Kempf insiste sur <em>«&nbsp;l’urgence de la sobriété&nbsp;»</em> avec la mise en place de réelles politiques de rénovation thermique des bâtiments, de mobilité avec le développement des transports en commun et des vélos par exemple, de lutte contre l’étalement urbain, de limitation de l’alimentation transformée et de la consommation de viande ou encore de l’amélioration de l’efficacité des appareils électriques…</p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/CLIMATETNUCLEAIRE/livre_hervé_kempf.jpg" alt="livre hervé kempf" width="407" height="553" style="display: block; margin-left: auto; margin-right: auto;" /></p> <p><em>«&nbsp;En réalité, un aspect crucial se dissimule sous le voile des discussions à n’en plus finir derrière le nucléaire,</em> écrit-il dans son ouvrage. <em>Pour aller vers la sobriété, il faut passer par une redistribution des richesses.&nbsp;»</em> Les efforts ne peuvent être envisagés de manière uniforme, alors que les rapports démontrent que <em>«&nbsp;plus on est riche, plus on pollue&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(8)</span>.<br />C’est donc pour un véritable changement de société qu’Hervé Kempf milite. <em>«&nbsp;J’assume le fait d’être anticapitaliste,</em> confie-t-il lors d’un entretien accordé au lendemain de la conférence. <em>Le capitalisme est un moment culturel et civilisationnel, qui est dans sa phase de sénescence.&nbsp;Le monde à venir peut avoir deux visages très différents : soit le capitalisme prendra une forme de plus en plus autoritaire et chaotique ; soit la société deviendra plus juste, plus écologiste avec des modes d'organisation sociale différents. »</em></p> <p>Que répond-il à celleux qui accusent les antinucléaires de vouloir détruire l’emploi et ainsi, paupériser une partie de la population&nbsp;? <em>«&nbsp;Il y aura autant de savoir-faire à développer pour les futurs ingénieurs pour penser la sobriété et la low-tech <span style="font-size: 8pt;">(9)</span>. Il va falloir créer des emplois pour démanteler les centrales. Les besoins futurs en emplois dans les énergies renouvelables, pour la rénovation thermique des bâtiments et pour les économies d'énergie, se comptent en centaines de milliers. »</em></p> <p><strong><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________________</span></strong></p> <h3>Des mouvements porteurs d’espoir</h3> <p><span style="font-size: 12pt; color: #ff615d;"><span style="font-size: 10pt;"></span><strong><span style="font-size: 10pt;">_</span>__________________________________________</strong></span></p> <p>Mais comment convaincre la société française d’abandonner la voie du nucléaire et de s’engager sur celles des économies d’énergie, alors que les médias semblent davantage faire entendre la voix des nucléaristes&nbsp;? <em>«&nbsp;Ce ne sont pas les journalistes qui sont en cause mais les propriétaires des groupes de presse. Donc, il faut rendre l’indépendance aux médias pour qu’ils puissent jouer leur rôle d’éclaireurs, comme Reporterre.&nbsp;»</em> Ce journal a été créé en 1989 sous forme papier, s'est arrêté au bout d'un an puis est reparu sur Internet en 2007, avant de se professionnaliser en 2013. Entretemps, Hervé Kempf a été journaliste au Courrier International, à la revue scientifique La Recherche puis au Monde. Géré par l'association la Pile (Pour une presse Indépendante, Libre et Ecologique), financé à 98 % par des dons, lu tous les mois par plus d'1,5 million de visiteurs uniques, Reporterre présente et discute une écologie politique et sociale, et propose des espaces pour <em>« réfléchir et débattre »</em>...<br />Autre enjeu&nbsp;: la publicité. <em>«&nbsp;Elle a pour but de nous convaincre de consommer ce dont nous n’avons pas besoin. Il faut la réduire fortement.&nbsp;»</em> <br />La représentation politique doit aussi évoluer pour faire entendre de nouveaux arguments. <em>«&nbsp;Il y a des signes positifs qui montrent que beaucoup de gens sont prêts à changer leurs habitudes si on leur propose autre chose.&nbsp;»</em></p> <p>Mais le gouvernement durcit le ton face à l’opposition et aux militant·es écologistes, notamment antinucléaires, comme en témoignent les moyens vertigineux déployés contre les opposant·es à Cigéo, le projet d’enfouissement des déchets nucléaires dans la Meuse <span style="font-size: 8pt;">(10)</span>.<br />Pourtant, loin de faiblir, les mouvements populaires se multiplient. Quel regard Hervé Kempf porte-t-il sur eux&nbsp;? <em>«&nbsp;Ils sont indispensables pour faire pression sur les politiques, pour qu’elles changent. Il y a une belle énergie collective. Entre les années 1980 et aujourd’hui, il y a eu un trou dans les luttes avec l’avènement du néo-libéralisme. Et puis, ça reprend depuis les années 2010. Cet été, j’étais aux Bure’lesques (11) et j’ai vu ce mélange entre les anciens et les jeunes militants. Chacun peut être force de changement. Il y a de l’inventivité, ça donne de l’espoir. »</em></p> <p><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://reporterre.net/">https://reporterre.net/</a><br />(2) Aux éditions du Seuil, septembre 2022. <a href="https://www.seuil.com/ouvrage/le-nucleaire-n-est-pas-bon-pour-le-climat-herve-kempf/9782021512922">https://www.seuil.com/ouvrage/le-nucleaire-n-est-pas-bon-pour-le-climat-herve-kempf/9782021512922</a><br />(3) Lire la rubrique (Re)découvrir.<br />(4) <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-24-novembre-2022-5184282">https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-24-novembre-2022-5184282</a> et <a href="https://reporterre.net/Jancovici-une-imposture-ecologique">https://reporterre.net/Jancovici-une-imposture-ecologique</a><br />(5) <a href="https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/lenergie-france">https://agirpourlatransition.ademe.fr/particuliers/lenergie-france</a><br />(6) Rapport 2016 de l’ADEME&nbsp;: <a href="https://presse.ademe.fr/2017/01/etude-couts-des-enr-en-france-des-filieres-de-plus-en-plus-competitives-pour-les-territoires.html">https://presse.ademe.fr/2017/01/etude-couts-des-enr-en-france-des-filieres-de-plus-en-plus-competitives-pour-les-territoires.html</a><br />(7) <a href="https://www.vie-publique.fr/discours/277673-emmanuel-macron-08122020-energie-nucleaire">https://www.vie-publique.fr/discours/277673-emmanuel-macron-08122020-energie-nucleaire</a><br />(8) <a href="https://wir2022.wid.world/www-site/uploads/2021/12/Summary_WorldInequalityReport2022_French.pdf">https://wir2022.wid.world/www-site/uploads/2021/12/Summary_WorldInequalityReport2022_French.pdf</a><br />(9) Low tech&nbsp;: <a href="https://lowtechlab.org/fr/la-low-tech">https://lowtechlab.org/fr/la-low-tech</a><br />(10) <a href="https://www.sortirdunucleaire.org/Pour-les-opposant-es-a-Cigeo-repression-policiere">https://www.sortirdunucleaire.org/Pour-les-opposant-es-a-Cigeo-repression-policiere</a><br />(11) <a href="https://burefestival.org/">https://burefestival.org/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Pour en savoir plus sur Hervé Kempf et suivre son actualité&nbsp;: <a href="https://hervekempf.net/">https://hervekempf.net/</a> <p>• Pour lire Reporterre&nbsp;: <a href="https://reporterre.net/">https://reporterre.net/</a></p> </li> </ul> </div>