# 25 Cathédrale de Jean Linard, bien commun (mai 2019) http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations Thu, 11 May 2023 19:21:09 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr « Petit Pierre » de D. Casanave et F. Lebonvallet http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/504-petitpierre http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/504-petitpierre

Pierre Avezard n'était pas destiné à devenir un artiste. Et pourtant, c'est bien la vie hors normes d'un homme hors normes, créateur d'une œuvre hors normes que raconte la bande dessinée « Petit Pierre, la mécanique des rêves ».

Pierre Avezard est connu pour avoir créé un formidable manège. Il y travailla pendant trente ans. Récupérant des matériaux tels que des tôles, du bois, du cuir, des clous, des engrenages, il conçut des mécanismes complexes pour animer des scènes de village. Ses personnages sont paysans, commerçants, conducteurs de trains et d'avions, danseurs de bal, animaux...
Ce manège est visible à Dicy, dans l'Yonne, au coeur d'un musée lui aussi extraordinaire : la Fabuloserie. Depuis 1983, il offre aux regards du public la collection d'art hors-les-normes et d'art brut de l'architecte Alain Bourbonnais. En 2014, Florence Lebonvallet, enseignante et collecteuse de chants traditionnels, découvrit ce lieu et le manège qu'il abritait. Elle entreprit des recherches sur l'art brut et sur la vie paysanne dans le Loiret au début du XXe siècle. C'est elle qui, avec l'auteur et illustrateur Daniel Casanave, signe la bande dessinée « Petit Pierre, la mécanique des rêves » (éditions Casterman), qui retrace, de manière très poétique, la vie de Pierre Avezard.

Il est né en 1909 dans le Loiret et a vécu jusqu'à sa mort, en 1992, à Fay-aux-Loges. Atteint du syndrome de Treacher Collins, il souffrait d'une déformation du visage. Il était également malentendant et malvoyant.
Vacher et bûcheron, il commença à créer son manège à l'âge de 28 ans et le poursuivit durant trente ans. Son inspiration ? Ce qui l'entourait mais aussi ses voyages vécus avec son frère, ingénieur aéronautique.
A sa mort à l'âge de 83 ans, son manège fut démonté pour être remonté à l'identique à la Fabuloserie. C'était il y a trente ans ! Pour l'occasion, la Fabuloserie a organisé une journée d'anniversaire, samedi 25 mai.
Rendez-vous sur le site de la Fabuloserie : http://www.fabuloserie.com/?page_id=851

Plus de renseignements sur la bande dessinée sur le site de Casterman : https://www.casterman.com/Bande-dessinee/Catalogue/albums/petit-pierre

Article mis à jour le lundi 27 mai 2019.

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Expériences musicales » de Jean Dubuffet http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/505-experiencesmusicales http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/505-experiencesmusicales

Le nom de Jean Dubuffet est indissociable de l'art brut. Mais, si on connaît son importance dans la peinture, le dessin, la sculpture ou même l'architecture, on ignore souvent qu'il a aussi mené des expériences musicales. On y retrouve son obsession de l'authenticité.

« Les expériences musicales qui m'ont occupé plusieurs mois en 1961, puis plus tard à nouveau en 1974, visent à un oubli total de tout le conditionnement musical culturel. » (1) Dans ses créations visuelles comme dans ses créations sonores, Jean Dubuffet cherchait à se soustraire aux figures imposées : à celles qui définissent a priori ce qui doit être désigné comme art ou non ; à celles qui imposent normes, codes, valeurs ; à celles qui enferment le créateur dans des logiques de marché…
Ainsi, ses expériences musicales « visent à effacer tout ce qui a reçu jusqu'à présent le nom de musique et à repartir d'un autre pied ». « Y sont révoqués les principes qui forment l'assise de toute musique traditionnelle, et donc d'abord les sons de la gamme, puis le rythme et la mesure. » (1) Lorsqu'on écoute les enregistrements de 1961, on ne peut distinguer clairement aucune mélodie, ni aucun chant. Sont exprimées là « des humeurs affectives ou passionnelles, et restituées aux rumeurs cosmiques livrant leur bruit sauvage » (1). Certes, le résultat peut être déroutant, mais il est, dans sa forme comme dans son fond, accessible à tous et à toutes, puisqu'il ne fait appel à aucune connaissance musicale ou artistique particulière, à aucune référence, mais bien, simplement, à notre capacité à ressentir des émotions.Toute la force de Jean Dubuffet est là : dans ce « Pleure et applaudit », dans ce « Bateau coulé » ou encore ces « Cris d'herbe ».

D'abord accompagné par Asger Jorn, Jean Dubuffet poursuivit ses expériences musicales seul.

Né en 1901, Jean Dubuffet est mort en 1985. De ses premiers cours aux Beaux-Arts du Havre en 1917 à sa disparition, il n'a eu de cesse de prendre des positions anti-culturelles. En 1924, assailli de doutes sur les valeurs de la culture, il a arrêté de peindre pendant huit ans et a travaillé dans l'entreprise de négoce en vin de ses parents. Finalement, après des périodes d'alternance, il a repris définitivement le pinceau en 1942. Il a alors décidé de s'intéresser à de nouvelles formes d'art. En 1945, il a entrepris des recherches et des voyages de prospection d'oeuvres marginales en Suisse et en France. En 1947, il a ouvert, au sous-sol de la galerie Drouin à Paris, le Foyer de l'art brut. Celui-ci a déménagé un an plus tard chez Gaston Gallimard et a été géré par La Compagnie de l'art brut. La collection s'est enrichie année après année, au fil des recherches de ses membres. En 1975, elle a été transférée à Lausanne, en Suisse, où elle est toujours visible aujourd'hui. Plus de 30.000 œuvres la composent.

Mais qu'est-ce que l'art brut ? Jean Dubuffet le définit ainsi : « des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique, dans lesquels donc le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part, de sorte que les auteurs y tirent tout (sujets, choix des matériaux mis en œuvre, moyens de transposition, rythmes, façons d'écriture, etc), de leur propre fonds et non pas des poncifs de l'art classique ou de l'art à la mode. Nous y assistons à l'opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l'entier par toutes ses phases par son auteur, à partir seulement de ses propres intuitions. De l'art donc, où se manifeste la seule fonction de l'invention, et non celles, constantes dans l'art culturel, du caméléon et du singe ».  (2) Parmi ces créateurs les plus connus, citons Adolf Wölfli, Emile Ratier, Heinrich Anton Müller ou encore Carlo.

Les expériences musicales de Jean Dubuffet ont été éditées à plusieurs reprises et sous différentes formes, notamment en vinyle et en CD. On peut en écouter des extraits sur le site de la Fondation Dubuffet : http://www.dubuffetfondation.com/son_exp_musicales2.html

(1) Extrait du livre « Jean Dubuffet, expériences musicales », aux Cahiers de la Fondation Dubuffet (n°1) paru en 2006.
(2) http://www.dubuffetfondation.com/savie.php?menu=28&lang=fr

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Street Art City » dans l'Allier http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/506-streetartcity http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/506-streetartcity

Des graffitis gigantesques au milieu d'un paysage rural : c'est le décor stupéfiant de « Street Art City », au coeur du village de Lurcy-Lévis, dans l'Allier. Depuis 2016, des artistes du monde entier s'y retrouvent pour expérimenter, créer, se révéler.

Mais comment le « street art » est-il arrivé jusqu'ici ? Né dans les années 1960 aux Etats-Unis, ce courant a fait sa place en France à partir des années 1980. Mode d'expression souvent lié aux problèmes sociaux, il s'est développé principalement dans et autour des grands centres urbains, qui offrent des espaces libres comme les friches industrielles. A la bombe comme au pochoir, le « street art » a besoin de murs. A Lurcy-Lévis, les passionnés du genre ont ce qu'il faut : treize bâtiments avec 22.500 m² de façades pour réaliser des fresques murales et 128 chambres dans un « hôtel » pour des œuvres-cellules !
L'idée de faire venir le « street art » dans ce coin de campagne est venue de Gilles et Sylvie Iniesta, qui ont acheté le site en 2003. Il s'agissait d'un ancien centre de formation des Télécoms. Ce qui intéressait les deux chefs d'entreprise ? Le petit château, restauré pour en faire des chambres d'hôtes. Finalement, ils décident de le revendre et s'interrogent sur l'avenir des dix hectares et bâtiments restants. En 2015, naît l'envie d'offrir une nouvelle vie aux façades. Mais le couple ne connaît rien à l'art monumental urbain. C'est pourquoi, il contacte un collectif à Clermont-Ferrand. Dès la première année, cinquante artistes participent au lancement du projet. Le bouche-à-oreille fait ensuite son œuvre...

Depuis, « Street Art City » est un chantier en perpétuel évolution, un laboratoire pour expérimenter différentes techniques. Les artistes viennent du monde entier : Chine, Nouvelle-Zélande, Amérique du Sud, Israël, Afrique et bien sûr, France ou encore Allemagne.
Ouverte au public depuis 2017, « Street Art City » se visite de plusieurs manières : librement ou en étant guidé, à l'extérieur ou à l'intérieur avec l'Hôtel 128, un ensemble dans lequel chaque chambre est investie chaque année par un artiste différent, qui réinvente tout du sol au plafond ! De mars à août, les artistes interviennent pour créer leur univers que le public peut découvrir à partir du 1er septembre.

Et pour soutenir cette résidence, il est d'ores et déjà possible de souscrire au livre-compilation 2019, qui sera publié en tirage limité (1.280 exemplaires). Cette participation permet de prendre en charge l'hébergement, la nourriture et le matériel des artistes.
« Street Art City » se visite du 30 mars au 3 novembre de 11 heures à 19 heures. L'accès est payant, excepté pour les enfants de moins de 16 ans accompagnés.

Tous les renseignements sont sur le site www.street-art-city.com

 

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« D'étonnants jardins en Nord - Pas de Calais » http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/507-detonnantsjardinsennordpasdecalais http://www.rebonds.net/cathedraledejeanlinardbiencommun/87-recreations/507-detonnantsjardinsennordpasdecalais

Les Houillères ont disparu, les cités minières se sont transformées. Mais un autre patrimoine, tout à fait inattendu, risque de disparaître lui aussi : les jardins des habitants-paysagistes du nord de la France. Une publication passionnante leur est consacrée. A l'intérieur, on y retrouve même la Cathédrale de Jean Linard...

Non, Jean Linard n'était pas Ch'ti et la Cathédrale n'a pas vu le jour dans les corons ! (lire la rubrique (Ré)acteurs) Si le site est évoqué dans l'ouvrage « D'étonnants jardins en Nord - Pas de Calais », c'est sous la plume de Laure Chavanne, restauratrice de sculptures : dans l'introduction, elle explique l'importance de « Préserver la mémoire des âmes bricoleuses » et donne pour cela l'exemple du travail mené par l'association Autour de la Cathédrale de Jean Linard à Neuvy-deux-Clochers.
« Comment préserver et restaurer ces environnements construits avec des matériaux précaires ? interroge-t-elle. Comment enregistrer la mémoire des bâtisseurs et comment documenter ces sites ? Comment les prendre en charge ? » Pour la Cathédrale de Jean Linard comme pour les jardins des cités minières, « il y a urgence à sauver (…), restaurer dans leur matérialité ces réalisations mais aussi urgence à les documenter pour enregistrer leur mémoire immatérielle, écrit encore Laure Chavanne. Le lien entre patrimoine physique et patrimoine immatériel apparaît indispensable pour assurer une meilleure représentation des sites d'habitants-paysagistes qui font le lien entre art savant et art populaire. »

En cela, cet ouvrage, réalisé par le service de l'Inventaire général du Patrimoine culturel de la Région Nord - Pas de Calais, est un précieux témoignage. Il est le fruit d'un travail minutieux, dont l'objectif était « de réaliser un inventaire scientifique des jardins et des sites qui entrent dans la définition des habitants-paysagistes ». Selon Bernard Lassus – architecte ayant utilisé ce terme pour la première fois –, il s'agit de « personnes qui exercent une activité créatrice au sein même de leur espace d'habitation ». En l'occurrence, ici, leur jardin.

Après avoir recoupé les sources documentaires, recensé les sites existants ou ayant existé, rencontré les créateurs ou leurs proches, l'équipe de l'Inventaire a sélectionné une vingtaine de « jardins insolites (…) qui attirent le regard et qui interpellent par leur originalité ou leur incongruité ».  Ils ont été réalisés par d'anciens ouvriers de la mine, souvent au moment de leur retraite, pour « passer le temps » ou « se trouver une activité » mais aussi pour « exprimer leur originalité ». Dans un environnement marqué par l'uniformité, ils pouvaient ainsi se démarquer, imprégner leur habitation d'une identité bien à elle, s'offrir un espace à leur image.
Les réalisations sont de formes, de couleurs et d'inspirations variées mais elles possèdent toutefois quelques points communs : elles sont généralement faites de matériaux de récupération, et elles mêlent des univers à la fois réalistes, poétiques et féeriques.
La génération des anciens mineurs vieillit et bientôt, s'éteindra. Déjà, des jardins ont été détruits par les nouveaux propriétaires. D'autres sont laissés à l'abandon. Que deviendront les œuvres qui les peuplent ?
Les documents tels que ce livre attesteront de leur existence et de celle de leurs créateurs, hommes et femmes ordinaires qui devinrent, par cet acte même d'expression, extraordinaires.

« D'étonnants jardins en Nord - Pas de Calais », par le service du Patrimoine culturel de la Région Nord - Pas de Calais, aux éditions Lieux-Dits, 2015.

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200