# 24 De la Gazette à l'Antidote (avril 2019) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/delagazettealantidote 2023-05-11T18:57:53+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management L'histoire de la presse écrite en France 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/delagazettealantidote/497-lhistoiredelapresseecriteenfrance Super User <p><strong>De l'impression des premiers «&nbsp;canards&nbsp;» à la lecture des journaux sur tablette numérique&nbsp;: comment est née et s'est développée la presse écrite&nbsp;? Revenons sur les grands événements qui l'ont, sans cesse, obligé à évoluer. Aujourd'hui encore, elle doit relever d'importants défis.</strong></p> <p><em></em><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1438&nbsp;:</strong></span> invention de la typographie par Johannes Gutenberg, qui continua à améliorer les techniques d'imprimerie jusqu'en 1454.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XVe siècle</strong></span> : développement des «&nbsp;occasionnels&nbsp;», feuilles volantes imprimées à l'occasion de grands événements.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XVIe siècle : </strong></span>apparition du «&nbsp;canard&nbsp;», nouvelles feuilles volantes dans lesquelles apparaissent parfois des informations présentées sous une forme satirique, et des «&nbsp;libelles&nbsp;», où s'expriment les opinions.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/La_Gazette.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Théophraste Renaudot fut le premier à publier un périodique en France (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/La_Gazette.jpg" alt="La Gazette" width="345" height="454" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1605 :</strong></span> lancement du premier périodique mondial,<em> Relation</em>, à Strasbourg (pas encore en France), par Jean Carolus.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1631 : </strong></span>création du premier périodique imprimé français, <em>La Gazette</em>, par Théophraste Renaudot. Il s'agit d'un hebdomadaire.<br /><em>La Gazette</em> tire son nom du mot «&nbsp;gazetta&nbsp;», la monnaie italienne d'alors, une pièce de gazetta équivalant au prix d'un journal.</p> <p>Médecin, proche du Cardinal de Richelieu, Théophraste Renaudot (1586-1653) est aussi très proche des pauvres. A la fin des années 1620, il ouvre un «&nbsp;bureau d'adresses&nbsp;» qui lui permet d'accueillir les propositions d'emplois. En 1633, il fait éditer le premier journal d'annonces&nbsp;: <em>La Feuille du Bureau d'adresses</em>. Dans les mêmes locaux que ce journal, rue de la Calandre à Paris, il ouvre un dispensaire, payant pour les riches, gratuit pour les pauvres.<br />Mais l'histoire retient son nom essentiellement pour la création de <em>La Gazette</em>. Le contexte politique de l'époque (la guerre de Trente ans) a contribué à son succès auprès de la population.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1777 : </strong></span>apparition du premier quotidien d'information, <em>Le Journal de Paris</em>.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Août 1789 : </strong></span>dans le contexte de la Révolution française, rédaction de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La libre communication des pensées et la liberté d’imprimer ses opinions sont consacrées dans l'article 11.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1791 :</strong></span> réglementation de la liberté de la presse par l'Assemblée Constituante. Les titres de toutes tendances se multiplient.<br />Sous la Terreur (1793-1794), la censure se durcit et de nombreux journaux disparaissent. Elle reste active durant le Directoire (1795-1799).</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XIXe siècle :</strong></span> essor de la presse écrite.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1827 : </strong></span>lancement de l'AFP (Agence des Feuilles Politiques) par Charles Havas (qui deviendra l'Agence France Presse à la Libération).</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1836 :</strong></span> création de <em>La Presse</em> par Emile de Girardin, qui marque le développement de la publicité et des feuilletons.</p> <p>Mais progressivement, le style oratoire laisse place aux grandes «&nbsp;plumes&nbsp;». Vers 1885, le modèle anglo-saxon entre dans les rédactions françaises. Les journalistes&nbsp;se professionnalisent. La figure du «&nbsp;reporter&nbsp;» apparaît, ainsi que la forme «&nbsp;interview&nbsp;».</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1881 : </strong></span>loi du 29 juillet sur la liberté de la presse (toujours en vigueur). Elle définit la liberté d'imprimerie et de librairie, encadre le secret des sources, le droit de publication et d'affichage, et détermine ce qui relève des crimes et délits commis par voie de presse.<br />Révisée à plusieurs reprises, elle définit aussi le statut de journaliste&nbsp;: <em>«&nbsp;Est considéré comme journaliste au sens du premier alinéa toute personne qui, exerçant sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, de communication au public, en ligne, de communication audiovisuelle ou une ou plusieurs agences de presse, y pratique, à titre régulier et rétribué, le recueil d'informations et leur diffusion au public&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/vieil_appareil_photo.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La photographie arrive dans la presse en 1891 (photo : Pixabay - domaine public)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/vieil_appareil_photo.jpg" alt="vieil appareil photo" width="448" height="298" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1891 : </strong></span>arrivée de la photographie dans la presse.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1860-1914 :</strong></span> âge d'or de la presse. Des millions de journaux sont publiés chaque jour.<br />Des avancées technologiques majeures permettent une diffusion massive, par exemple les rotatives. Les grands journaux intègrent progressivement les services leur permettant de maîtriser toutes les étapes de production d'un journal&nbsp;: réseau de correspondants, transmission, imprimerie, portage...</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1914 - 1919 : </strong></span>mise en place de la censure pendant la Grande Guerre.<br />Certains journaux sont accusés de participer à la propagande de l’État, jetant le discrédit sur la profession de journaliste.</p> <p>Entre les deux guerres, les quotidiens politiques d'opinion connaissent une baisse de leur lectorat, mais les titres régionaux et locaux se maintiennent.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1921 : </strong></span>le 24 décembre, diffusion de la première émission de radio destinée au public en France. Le service de Radiodiffusion voit officiellement le jour en 1922.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1935 :</strong></span> le 26 avril, diffusion de la première émission officielle de télévision française. A l'époque, une centaine de postes sont comptabilisés dans tout le pays.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1940 : </strong></span>débâcle française face à l'armée allemande. La plupart des grands titres se sabordent&nbsp;; les autres collaborent avec les Nazis et le régime de Vichy. Parallèlement, la presse de la Résistance, illégale, se développe avec des titres comme <em>Combat</em>, <em>Libération</em> ou <em>Le Franc-Tireu</em>r.</p> <p>A partir d'août 1944 : la presse de la Collaboration est suspendue. La liberté de la presse est rétablie.<br />De nouveaux journaux issus de la Résistance naissent comme, par exemple, <em>Le Parisien</em>,<em> France Soir,</em> <em>Le Monde</em> ou, en région, <em>Le Berry républicain</em>, <em>La Nouvelle République</em>…</p> <p>Parallèlement à la presse d'information, la presse spécialisée (illustrée, de loisirs, à destination de la jeunesse) se développe.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_10.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Après guerre, le tirage de la presse écrite chute. Mais les journaux locaux s'en sortent mieux (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_10.JPG" alt="CDP 10" width="364" height="481" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1948 : </strong></span>Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.<br />L'article 19 concerne la liberté d'être informé et d'informer&nbsp;: <em>«&nbsp;Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit&nbsp;»</em>.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Années 1960-1970 : </strong></span>avec la libération progressive des mœurs et les luttes sociales, apparition de nouveaux titres, souvent engagés (comme <em>Le Point</em>,<em> L'Observateur</em>,<em> l'Express</em>, <em>Actuel</em>), parfois subversifs (comme <em>Hara-Kiri</em> et <em>Charlie Hebdo</em>).<br />Les thématiques des journaux et magazines se diversifient.</p> <p>Pourtant, la presse écrite vit une véritable crise et le tirage ne cesse de diminuer.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Années 1990-2000 :</strong></span> arrivée d'Internet.<br />Les journaux «&nbsp;traditionnels&nbsp;» tentent de s'installer progressivement sur la toile. Au départ, il s'agit surtout de calquer la version papier sur une version en ligne. Le succès n'est pas au rendez-vous. Les incertitudes pèsent sur le modèle économique.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Février 2002 :</strong></span> naissance du premier quotidien gratuit, <em>Métro</em>, entièrement financé par la publicité (il disparaîtra en 2006 mais son concurrent, <em>20 minutes</em>, existe toujours)&nbsp;; inquiétude des quotidiens payants.</p> <p>Certains groupes de presse réagissent en lançant des suppléments thématiques gratuits, qui multiplient l'offre proposée aux annonceurs <em>(Fémina</em>) ou des magazines tentant de toucher d'autres lectorats (<em>Le Monde 2, Le Figaro Magazine</em>).</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Fin des années 2000&nbsp;:</span></strong></span> création de sites d'informations par des journalistes de presse écrite, comme <em>Médiapart</em>, <em>Rue 89</em>, <em>Bakchich</em> (disparu en 2016).</p> <p>Parallèlement et plus récemment, lancement de nouvelles formes éditoriales basées sur des reportages et enquêtes approfondis&nbsp;: la revue <em>XXI</em>,<em> Le Tigre</em> ou encore <em>Six Mois</em>. <br />Radio France innove aussi avec la revue <em>Papier</em> qui reprend, en version écrite, des chroniques et émissions diffusées sur France Culture.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Aujourd'hui&nbsp;:</span></strong> chaque mois, ce sont 51,1 millions de lecteurs qui sont comptabilisés par l'Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM)&nbsp;; mais 54&nbsp;% des lectures de marques de presse se font désormais sur un support numérique (téléphone mobile, ordinateur, tablette).<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/classement-2018.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La France est classée 33e sur 180 par Reporters sans Frontières en matière de liberté d'expression (carte : RSF)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/classement-2018.jpg" alt="classement 2018" width="619" height="364" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Au classement mondial de la liberté de la presse en 2018, la France n'est que 33e sur 180 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>. Si elle est considérée comme <em>«&nbsp;globalement libre et plutôt bien protégée par la loi&nbsp;»</em>, ses problèmes viennent plutôt de son modèle économique&nbsp;: <em>«&nbsp;le paysage médiatique français est largement dominé par de grands groupes industriels dont les intérêts se trouvent dans d'autres secteurs. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l'indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias&nbsp;»</em>. Le rapport ajoute&nbsp;: <em>«&nbsp;La mise en cause croissante du travail des médias d’information (mediabashing) par des politiques ou des personnalités médiatiques a été particulièrement virulente pendant la dernière campagne présidentielle. Se sont également ajoutés des refus d’accréditation qui ont provoqué des levées de boucliers immédiates de la part de la profession.&nbsp;»</em><br />Un problème qui ne concerne pas seulement la presse écrite, mais l'ensemble des médias français.</p> <p>Pour aller plus loin,<em> le Monde Diplomatique</em> publie et met à jour régulièrement une carte intitulée&nbsp;: Médias français, qui possède quoi&nbsp;? <span style="font-size: 8pt;">(2)</span></p> <p>Enfin, l'apparition et le développement des médias libres et militants, en version papier et / ou numérique laisse espérer un renouveau. Cette fois, c'est le magazine <em>Reporterre</em> qui publie une carte intitulée&nbsp;: La carte de la presse «&nbsp;pas pareille&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir)</em>.<br />La MUTU regroupe des sites d'informations participatifs, également libres et engagés (<em>lire aussi la rubrique (Ré)créations</em>).</p> <p><strong>Sources&nbsp;: Le Centre de la Presse, La Maison des Journalistes, Radio France, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.</strong><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://rsf.org/fr/classement">https://rsf.org/fr/classement</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA">https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) <a href="https://reporterre.net/Les-medias-libres-existent-voici-leur-carte">https://reporterre.net/Les-medias-libres-existent-voici-leur-carte</a></span></p> <p><strong>De l'impression des premiers «&nbsp;canards&nbsp;» à la lecture des journaux sur tablette numérique&nbsp;: comment est née et s'est développée la presse écrite&nbsp;? Revenons sur les grands événements qui l'ont, sans cesse, obligé à évoluer. Aujourd'hui encore, elle doit relever d'importants défis.</strong></p> <p><em></em><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1438&nbsp;:</strong></span> invention de la typographie par Johannes Gutenberg, qui continua à améliorer les techniques d'imprimerie jusqu'en 1454.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XVe siècle</strong></span> : développement des «&nbsp;occasionnels&nbsp;», feuilles volantes imprimées à l'occasion de grands événements.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XVIe siècle : </strong></span>apparition du «&nbsp;canard&nbsp;», nouvelles feuilles volantes dans lesquelles apparaissent parfois des informations présentées sous une forme satirique, et des «&nbsp;libelles&nbsp;», où s'expriment les opinions.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/La_Gazette.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Théophraste Renaudot fut le premier à publier un périodique en France (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/La_Gazette.jpg" alt="La Gazette" width="345" height="454" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1605 :</strong></span> lancement du premier périodique mondial,<em> Relation</em>, à Strasbourg (pas encore en France), par Jean Carolus.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1631 : </strong></span>création du premier périodique imprimé français, <em>La Gazette</em>, par Théophraste Renaudot. Il s'agit d'un hebdomadaire.<br /><em>La Gazette</em> tire son nom du mot «&nbsp;gazetta&nbsp;», la monnaie italienne d'alors, une pièce de gazetta équivalant au prix d'un journal.</p> <p>Médecin, proche du Cardinal de Richelieu, Théophraste Renaudot (1586-1653) est aussi très proche des pauvres. A la fin des années 1620, il ouvre un «&nbsp;bureau d'adresses&nbsp;» qui lui permet d'accueillir les propositions d'emplois. En 1633, il fait éditer le premier journal d'annonces&nbsp;: <em>La Feuille du Bureau d'adresses</em>. Dans les mêmes locaux que ce journal, rue de la Calandre à Paris, il ouvre un dispensaire, payant pour les riches, gratuit pour les pauvres.<br />Mais l'histoire retient son nom essentiellement pour la création de <em>La Gazette</em>. Le contexte politique de l'époque (la guerre de Trente ans) a contribué à son succès auprès de la population.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1777 : </strong></span>apparition du premier quotidien d'information, <em>Le Journal de Paris</em>.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Août 1789 : </strong></span>dans le contexte de la Révolution française, rédaction de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. La libre communication des pensées et la liberté d’imprimer ses opinions sont consacrées dans l'article 11.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1791 :</strong></span> réglementation de la liberté de la presse par l'Assemblée Constituante. Les titres de toutes tendances se multiplient.<br />Sous la Terreur (1793-1794), la censure se durcit et de nombreux journaux disparaissent. Elle reste active durant le Directoire (1795-1799).</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>XIXe siècle :</strong></span> essor de la presse écrite.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1827 : </strong></span>lancement de l'AFP (Agence des Feuilles Politiques) par Charles Havas (qui deviendra l'Agence France Presse à la Libération).</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1836 :</strong></span> création de <em>La Presse</em> par Emile de Girardin, qui marque le développement de la publicité et des feuilletons.</p> <p>Mais progressivement, le style oratoire laisse place aux grandes «&nbsp;plumes&nbsp;». Vers 1885, le modèle anglo-saxon entre dans les rédactions françaises. Les journalistes&nbsp;se professionnalisent. La figure du «&nbsp;reporter&nbsp;» apparaît, ainsi que la forme «&nbsp;interview&nbsp;».</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1881 : </strong></span>loi du 29 juillet sur la liberté de la presse (toujours en vigueur). Elle définit la liberté d'imprimerie et de librairie, encadre le secret des sources, le droit de publication et d'affichage, et détermine ce qui relève des crimes et délits commis par voie de presse.<br />Révisée à plusieurs reprises, elle définit aussi le statut de journaliste&nbsp;: <em>«&nbsp;Est considéré comme journaliste au sens du premier alinéa toute personne qui, exerçant sa profession dans une ou plusieurs entreprises de presse, de communication au public, en ligne, de communication audiovisuelle ou une ou plusieurs agences de presse, y pratique, à titre régulier et rétribué, le recueil d'informations et leur diffusion au public&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/vieil_appareil_photo.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La photographie arrive dans la presse en 1891 (photo : Pixabay - domaine public)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/vieil_appareil_photo.jpg" alt="vieil appareil photo" width="448" height="298" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1891 : </strong></span>arrivée de la photographie dans la presse.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1860-1914 :</strong></span> âge d'or de la presse. Des millions de journaux sont publiés chaque jour.<br />Des avancées technologiques majeures permettent une diffusion massive, par exemple les rotatives. Les grands journaux intègrent progressivement les services leur permettant de maîtriser toutes les étapes de production d'un journal&nbsp;: réseau de correspondants, transmission, imprimerie, portage...</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1914 - 1919 : </strong></span>mise en place de la censure pendant la Grande Guerre.<br />Certains journaux sont accusés de participer à la propagande de l’État, jetant le discrédit sur la profession de journaliste.</p> <p>Entre les deux guerres, les quotidiens politiques d'opinion connaissent une baisse de leur lectorat, mais les titres régionaux et locaux se maintiennent.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1921 : </strong></span>le 24 décembre, diffusion de la première émission de radio destinée au public en France. Le service de Radiodiffusion voit officiellement le jour en 1922.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1935 :</strong></span> le 26 avril, diffusion de la première émission officielle de télévision française. A l'époque, une centaine de postes sont comptabilisés dans tout le pays.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1940 : </strong></span>débâcle française face à l'armée allemande. La plupart des grands titres se sabordent&nbsp;; les autres collaborent avec les Nazis et le régime de Vichy. Parallèlement, la presse de la Résistance, illégale, se développe avec des titres comme <em>Combat</em>, <em>Libération</em> ou <em>Le Franc-Tireu</em>r.</p> <p>A partir d'août 1944 : la presse de la Collaboration est suspendue. La liberté de la presse est rétablie.<br />De nouveaux journaux issus de la Résistance naissent comme, par exemple, <em>Le Parisien</em>,<em> France Soir,</em> <em>Le Monde</em> ou, en région, <em>Le Berry républicain</em>, <em>La Nouvelle République</em>…</p> <p>Parallèlement à la presse d'information, la presse spécialisée (illustrée, de loisirs, à destination de la jeunesse) se développe.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_10.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Après guerre, le tirage de la presse écrite chute. Mais les journaux locaux s'en sortent mieux (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_10.JPG" alt="CDP 10" width="364" height="481" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>1948 : </strong></span>Déclaration Universelle des Droits de l'Homme.<br />L'article 19 concerne la liberté d'être informé et d'informer&nbsp;: <em>«&nbsp;Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit&nbsp;»</em>.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Années 1960-1970 : </strong></span>avec la libération progressive des mœurs et les luttes sociales, apparition de nouveaux titres, souvent engagés (comme <em>Le Point</em>,<em> L'Observateur</em>,<em> l'Express</em>, <em>Actuel</em>), parfois subversifs (comme <em>Hara-Kiri</em> et <em>Charlie Hebdo</em>).<br />Les thématiques des journaux et magazines se diversifient.</p> <p>Pourtant, la presse écrite vit une véritable crise et le tirage ne cesse de diminuer.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Années 1990-2000 :</strong></span> arrivée d'Internet.<br />Les journaux «&nbsp;traditionnels&nbsp;» tentent de s'installer progressivement sur la toile. Au départ, il s'agit surtout de calquer la version papier sur une version en ligne. Le succès n'est pas au rendez-vous. Les incertitudes pèsent sur le modèle économique.</p> <p><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Février 2002 :</strong></span> naissance du premier quotidien gratuit, <em>Métro</em>, entièrement financé par la publicité (il disparaîtra en 2006 mais son concurrent, <em>20 minutes</em>, existe toujours)&nbsp;; inquiétude des quotidiens payants.</p> <p>Certains groupes de presse réagissent en lançant des suppléments thématiques gratuits, qui multiplient l'offre proposée aux annonceurs <em>(Fémina</em>) ou des magazines tentant de toucher d'autres lectorats (<em>Le Monde 2, Le Figaro Magazine</em>).</p> <p><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Fin des années 2000&nbsp;:</span></strong></span> création de sites d'informations par des journalistes de presse écrite, comme <em>Médiapart</em>, <em>Rue 89</em>, <em>Bakchich</em> (disparu en 2016).</p> <p>Parallèlement et plus récemment, lancement de nouvelles formes éditoriales basées sur des reportages et enquêtes approfondis&nbsp;: la revue <em>XXI</em>,<em> Le Tigre</em> ou encore <em>Six Mois</em>. <br />Radio France innove aussi avec la revue <em>Papier</em> qui reprend, en version écrite, des chroniques et émissions diffusées sur France Culture.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Aujourd'hui&nbsp;:</span></strong> chaque mois, ce sont 51,1 millions de lecteurs qui sont comptabilisés par l'Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias (ACPM)&nbsp;; mais 54&nbsp;% des lectures de marques de presse se font désormais sur un support numérique (téléphone mobile, ordinateur, tablette).<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/classement-2018.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="La France est classée 33e sur 180 par Reporters sans Frontières en matière de liberté d'expression (carte : RSF)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/classement-2018.jpg" alt="classement 2018" width="619" height="364" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Au classement mondial de la liberté de la presse en 2018, la France n'est que 33e sur 180 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>. Si elle est considérée comme <em>«&nbsp;globalement libre et plutôt bien protégée par la loi&nbsp;»</em>, ses problèmes viennent plutôt de son modèle économique&nbsp;: <em>«&nbsp;le paysage médiatique français est largement dominé par de grands groupes industriels dont les intérêts se trouvent dans d'autres secteurs. Cette situation entraîne des conflits qui font peser une menace sur l'indépendance éditoriale, et même sur la situation économique des médias&nbsp;»</em>. Le rapport ajoute&nbsp;: <em>«&nbsp;La mise en cause croissante du travail des médias d’information (mediabashing) par des politiques ou des personnalités médiatiques a été particulièrement virulente pendant la dernière campagne présidentielle. Se sont également ajoutés des refus d’accréditation qui ont provoqué des levées de boucliers immédiates de la part de la profession.&nbsp;»</em><br />Un problème qui ne concerne pas seulement la presse écrite, mais l'ensemble des médias français.</p> <p>Pour aller plus loin,<em> le Monde Diplomatique</em> publie et met à jour régulièrement une carte intitulée&nbsp;: Médias français, qui possède quoi&nbsp;? <span style="font-size: 8pt;">(2)</span></p> <p>Enfin, l'apparition et le développement des médias libres et militants, en version papier et / ou numérique laisse espérer un renouveau. Cette fois, c'est le magazine <em>Reporterre</em> qui publie une carte intitulée&nbsp;: La carte de la presse «&nbsp;pas pareille&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir)</em>.<br />La MUTU regroupe des sites d'informations participatifs, également libres et engagés (<em>lire aussi la rubrique (Ré)créations</em>).</p> <p><strong>Sources&nbsp;: Le Centre de la Presse, La Maison des Journalistes, Radio France, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel.</strong><br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) <a href="https://rsf.org/fr/classement">https://rsf.org/fr/classement</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) <a href="https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA">https://www.monde-diplomatique.fr/cartes/PPA</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) <a href="https://reporterre.net/Les-medias-libres-existent-voici-leur-carte">https://reporterre.net/Les-medias-libres-existent-voici-leur-carte</a></span></p> L'Antidote : « un remède à la désinformation » 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/delagazettealantidote/498-lantiditeunremedealadesinformation Super User <p><strong>Un peu partout en France, des citoyens se rassemblent pour créer leur propre média. Souvent, pour pallier le manque d'informations engagées et briser le silence qui entoure certains sujets dans les médias locaux. Parmi les éditions «&nbsp;papier&nbsp;»&nbsp;: <em>L'Antidote</em>, dans le Cher.</strong></p> <p>A l'origine du magazine <em>L'Antidote,</em> l'association Ki-6-Col créée à Bourges en 2011 pour soutenir les luttes anti-autoritaires&nbsp;: contre l'abattage des arbres de la place Séraucourt ; pour l'accueil des réfugiés et des migrants dans le Cher&nbsp;; Stop Linky&nbsp;; le comité de soutien à la Zad de Notre-Dame-des-Landes, Sortir du Nucléaire… <span style="font-size: 8pt;">(1)</span></p> <p>Quatre ans plus tard, un groupe d'adhérent.es décident de lancer un journal d'informations, baptisé <em>L'Antidote</em> et accompagné du slogan&nbsp;: <em>«&nbsp;Votre remède à la désinformation&nbsp;!&nbsp;»</em><br /><em>«&nbsp;C'était une démarche assez évidente,</em> se souvient Marie Avril, membre co-fondatrice de l'association.<em> Puisque nous nous disons «&nbsp;agitateurs de conscience&nbsp;», un journal est intéressant pour toucher le plus de personnes possible, en version papier, notamment pour ceux qui n'utilisent pas Internet.&nbsp;»</em> Le but&nbsp;: <em>«&nbsp;proposer une information qu'on ne trouve pas dans le journal local&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/antidote-N20.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le dernier numéro de L'Antidote est paru en mars (Une : Ki-6-Col)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/antidote-N20.jpg" alt="antidote N20" width="415" height="583" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Une ligne éditoriale engagée</span></strong></span></p> <p>Le numéro zéro est daté de septembre 2015 et depuis, le journal est paru <em>«&nbsp;environ tous les deux mois&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;C'est une parution épisodique&nbsp;»</em>, souligne Marie Avril. En effet, elle est assurée en fonction de l'actualité, mais surtout de la disponibilité de la petite équipe de rédaction.<br /><em>«&nbsp;Nous lançons un appel via notre site Internet et notre newsletter, pour que tous ceux qui souhaitent écrire participent. Nous réceptionnons les articles et les soumettons au conseil associatif de Ki-6-Col. Puis, nous nous réunissons pour finaliser le journal.&nbsp;»</em> Marie Avril assure la mise en page.<em></em></p> <p>La ligne éditoriale suit les principes de l'association&nbsp;: le soutien aux luttes sociales, écologiques et humanistes. Ainsi, au fil des numéros, on peut lire des articles sur l'industrie nucléaire, la guerre, le sort des migrants, les zones à défendre, la disparition des services publics, les monnaies locales, la cause animale, les Pisseurs Involontaires de Glyphosate… Si l'ancrage local ne fait aucun doute,<em> L'Antidote</em> ne s'interdit pas de traiter des sujets internationaux et nationaux.<br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Les nouveaux contributeurs bienvenus</span></strong></span></p> <p>Mais qui rédige ces articles&nbsp;?<em> «&nbsp;Jusqu'à présent, ce sont des adhérents ou des sympathisants,</em> répond Marie Avril. <em>Nous ne les signons pas, parce que nous estimons être tous responsables du contenu du journal. Derrière un article, il y a toute une équipe.&nbsp;»</em> A la fin, toutefois, dans ce qui s'apparenterait à un «&nbsp;ours&nbsp;», les prénoms des contributeurs.trices sont indiqués.</p> <p>Imprimé à une centaine d'exemplaires, <em>L'Antidote</em> est distribué dans une dizaine de commerces et associations à Bourges, Vierzon et Morogues.<em> «&nbsp;Nous avons aussi des abonnés qui n'habitent pas la région&nbsp;»</em>, précise Marie Avril. Les nouveaux points de dépôt, tout comme les nouveaux rédacteurs, sont toujours les bienvenus&nbsp;!<br />D'ailleurs, depuis quelques jours, on peut trouver <em>L'Antidote</em> à… l'Antidote&nbsp;! L'association Ki-6-Col vient en effet d'ouvrir un café militant qui porte le même nom. Rendez-vous donc au 88 de la rue d'Auron à Bourges <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> pour feuilleter le journal, boire un verre et refaire le monde...<br /><br /><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire le numéro 16 de (Re)bonds dans la rubrique Archives&nbsp;: «&nbsp;L'Antidote de Ki-6-Col&nbsp;: un projet militant&nbsp;», <a href="http://www.rebonds.net/descafesetrestaurantsalasauceassociative/442-lantidotedeki6colun-projetmilitant">http://rebonds.net/descafesetrestaurantsalasauceassociative/442-lantidotedeki6colun-projetmilitant</a><br />(2) Ouvert du mardi au samedi de 15 heures à 23 heures environ.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Au sommaire du dernier numéro de <em>L'Antidote</em>, daté de mars 2019&nbsp;: l'ouverture du café militant&nbsp;; la qualité de l'eau en question&nbsp;; «&nbsp;J'ai du glyphosate dans mes urines&nbsp;»&nbsp;; cadeau de six bateaux de garde-côtes à Tripoli&nbsp;; retard de paiement des aides bio&nbsp;; maternité&nbsp;: 47 ans de fermetures&nbsp;;&nbsp;ou encore l'Atomik Tour 2019.</li> <li>Tous les anciens numéros sont consultables gratuitement en version PDF sur le site de l'association Ki-6-Col&nbsp;: <a href="https://www.ki6col.com/info-kiosque/lantidote/">https://www.ki6col.com/info-kiosque/lantidote/</a></li> <li>Pour prendre contact et / ou proposer un article&nbsp;: <a href="mailto:ki6col@gmail.com">ki6col@gmail.com</a></li> </ul> </div> <p><strong>Un peu partout en France, des citoyens se rassemblent pour créer leur propre média. Souvent, pour pallier le manque d'informations engagées et briser le silence qui entoure certains sujets dans les médias locaux. Parmi les éditions «&nbsp;papier&nbsp;»&nbsp;: <em>L'Antidote</em>, dans le Cher.</strong></p> <p>A l'origine du magazine <em>L'Antidote,</em> l'association Ki-6-Col créée à Bourges en 2011 pour soutenir les luttes anti-autoritaires&nbsp;: contre l'abattage des arbres de la place Séraucourt ; pour l'accueil des réfugiés et des migrants dans le Cher&nbsp;; Stop Linky&nbsp;; le comité de soutien à la Zad de Notre-Dame-des-Landes, Sortir du Nucléaire… <span style="font-size: 8pt;">(1)</span></p> <p>Quatre ans plus tard, un groupe d'adhérent.es décident de lancer un journal d'informations, baptisé <em>L'Antidote</em> et accompagné du slogan&nbsp;: <em>«&nbsp;Votre remède à la désinformation&nbsp;!&nbsp;»</em><br /><em>«&nbsp;C'était une démarche assez évidente,</em> se souvient Marie Avril, membre co-fondatrice de l'association.<em> Puisque nous nous disons «&nbsp;agitateurs de conscience&nbsp;», un journal est intéressant pour toucher le plus de personnes possible, en version papier, notamment pour ceux qui n'utilisent pas Internet.&nbsp;»</em> Le but&nbsp;: <em>«&nbsp;proposer une information qu'on ne trouve pas dans le journal local&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/antidote-N20.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Le dernier numéro de L'Antidote est paru en mars (Une : Ki-6-Col)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/antidote-N20.jpg" alt="antidote N20" width="415" height="583" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Une ligne éditoriale engagée</span></strong></span></p> <p>Le numéro zéro est daté de septembre 2015 et depuis, le journal est paru <em>«&nbsp;environ tous les deux mois&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;C'est une parution épisodique&nbsp;»</em>, souligne Marie Avril. En effet, elle est assurée en fonction de l'actualité, mais surtout de la disponibilité de la petite équipe de rédaction.<br /><em>«&nbsp;Nous lançons un appel via notre site Internet et notre newsletter, pour que tous ceux qui souhaitent écrire participent. Nous réceptionnons les articles et les soumettons au conseil associatif de Ki-6-Col. Puis, nous nous réunissons pour finaliser le journal.&nbsp;»</em> Marie Avril assure la mise en page.<em></em></p> <p>La ligne éditoriale suit les principes de l'association&nbsp;: le soutien aux luttes sociales, écologiques et humanistes. Ainsi, au fil des numéros, on peut lire des articles sur l'industrie nucléaire, la guerre, le sort des migrants, les zones à défendre, la disparition des services publics, les monnaies locales, la cause animale, les Pisseurs Involontaires de Glyphosate… Si l'ancrage local ne fait aucun doute,<em> L'Antidote</em> ne s'interdit pas de traiter des sujets internationaux et nationaux.<br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">Les nouveaux contributeurs bienvenus</span></strong></span></p> <p>Mais qui rédige ces articles&nbsp;?<em> «&nbsp;Jusqu'à présent, ce sont des adhérents ou des sympathisants,</em> répond Marie Avril. <em>Nous ne les signons pas, parce que nous estimons être tous responsables du contenu du journal. Derrière un article, il y a toute une équipe.&nbsp;»</em> A la fin, toutefois, dans ce qui s'apparenterait à un «&nbsp;ours&nbsp;», les prénoms des contributeurs.trices sont indiqués.</p> <p>Imprimé à une centaine d'exemplaires, <em>L'Antidote</em> est distribué dans une dizaine de commerces et associations à Bourges, Vierzon et Morogues.<em> «&nbsp;Nous avons aussi des abonnés qui n'habitent pas la région&nbsp;»</em>, précise Marie Avril. Les nouveaux points de dépôt, tout comme les nouveaux rédacteurs, sont toujours les bienvenus&nbsp;!<br />D'ailleurs, depuis quelques jours, on peut trouver <em>L'Antidote</em> à… l'Antidote&nbsp;! L'association Ki-6-Col vient en effet d'ouvrir un café militant qui porte le même nom. Rendez-vous donc au 88 de la rue d'Auron à Bourges <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> pour feuilleter le journal, boire un verre et refaire le monde...<br /><br /><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire le numéro 16 de (Re)bonds dans la rubrique Archives&nbsp;: «&nbsp;L'Antidote de Ki-6-Col&nbsp;: un projet militant&nbsp;», <a href="http://www.rebonds.net/descafesetrestaurantsalasauceassociative/442-lantidotedeki6colun-projetmilitant">http://rebonds.net/descafesetrestaurantsalasauceassociative/442-lantidotedeki6colun-projetmilitant</a><br />(2) Ouvert du mardi au samedi de 15 heures à 23 heures environ.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li>Au sommaire du dernier numéro de <em>L'Antidote</em>, daté de mars 2019&nbsp;: l'ouverture du café militant&nbsp;; la qualité de l'eau en question&nbsp;; «&nbsp;J'ai du glyphosate dans mes urines&nbsp;»&nbsp;; cadeau de six bateaux de garde-côtes à Tripoli&nbsp;; retard de paiement des aides bio&nbsp;; maternité&nbsp;: 47 ans de fermetures&nbsp;;&nbsp;ou encore l'Atomik Tour 2019.</li> <li>Tous les anciens numéros sont consultables gratuitement en version PDF sur le site de l'association Ki-6-Col&nbsp;: <a href="https://www.ki6col.com/info-kiosque/lantidote/">https://www.ki6col.com/info-kiosque/lantidote/</a></li> <li>Pour prendre contact et / ou proposer un article&nbsp;: <a href="mailto:ki6col@gmail.com">ki6col@gmail.com</a></li> </ul> </div> Le Centre de la Presse : l'autre vie de la presse écrite 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/delagazettealantidote/496-lecentredelapresselautreviedelapresseecrite Super User <p><span style="font-size: 18pt;">L</span>a pièce était sombre et sentait la vieille poussière. Je n'allumai pas immédiatement la lumière et laissai mes yeux s'adapter. Progressivement, ils distinguèrent une haute fenêtre entrouverte sur laquelle on avait rabattu de lourdes persiennes en bois. Les rayons du soleil, tout comme l'air, peinaient à s'y frayer un chemin. Ils éclairaient timidement de grandes étagères installées le long des murs. Sous la fenêtre, un bureau vide et une chaise semblaient attendre quelqu'un.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Pascal_Roblin.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Pascal Roblin, fondateur et président du Centre de la Presse (photo : CDLP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Pascal_Roblin.jpg" alt="Pascal Roblin" width="355" height="320" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />J'appuyai sur l'interrupteur. Un halo blafard révéla des tas. Des tas de cartons contenant des tas de papiers, de fiches, de dossiers, de photographies classés par année ou par ordre alphabétique. Une des étagères semblait près de s'écrouler. Mon regard parcourut lentement les étagères avant de s'arrêter net&nbsp;: des tas de journaux. Pas de vieux journaux, non, des journaux anciens. Toute une collection du titre dont je venais de prendre la rédaction en chef, mais aussi de celui qui, historiquement, le précédait. Mes doigts effleurèrent quelques Unes. Mon coeur se serra&nbsp;: des champignons étaient à l'oeuvre&nbsp;; impossible de tourner certaines pages sans risquer de les altérer à jamais. Ces journaux étaient en péril.</p> <p><em>«&nbsp;Les journaux sont archivés au siège et vous pouvez en conserver à la rédaction. Mais depuis que nous sommes passés au numérique, nous ne les faisons plus relier.&nbsp;»</em> Sitôt remise de ma découverte, j'avais appelé mon éditeur. Sa réponse me serrait un peu plus le coeur.<em> «&nbsp;Ce ne sont pas des journaux pour travailler, ce sont des pièces de collection, on ne peut pas les laisser comme ça&nbsp;»</em>, tentai-je. Mais aucun de nous n'avait de solution et nous nous quittâmes en envisageant simplement d'acheter des caisses d'archivage dignes de ce nom pour ralentir le processus de détérioration.</p> <p>Chaque matin, je passais devant cette petite salle pour accéder à mon bureau. Je ne pouvais pas oublier ces journaux qui attendaient derrière la porte, témoins de l'histoire locale. A force de recherches, je finis par trouver celui qui allait pouvoir m'aider. Et c'est ainsi que par un bel après-midi ensoleillé, un camion se stationna devant la grande fenêtre, les persiennes s'ouvrirent et apparurent les yeux pétillants d'enthousiasme de Pascal Roblin. Il examina, avec semble-t-il un mélange de plaisir et de désolation, les exemplaires que je lui présentais, et s'en alla avec toute la collection en promettant d'en prendre grand soin. Je me sentis soulagée.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span></p> <h3>Près de 500.000 journaux et revues</h3> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span><br /><br /><strong>Samedi 30 mars 2019 – 11 heures – Le Châtelet</strong></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_5.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Les journaux sont triés, inventoriés, rangés (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_5.JPG" alt="CDP 5" width="365" height="467" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Cinq ans plus tard, les yeux de Pascal Roblin pétillent toujours autant lorsqu'il se trouve devant un tas de journaux anciens et, surtout, lorsqu'il en parle. Sa passion, la presse écrite, l'a amené non seulement à devenir collectionneur, mais aussi à créer un lieu unique en France, qui comptabilise aujourd'hui près de 500.000 journaux et revues&nbsp;! Le Centre de la Presse est implanté à Maisonnais et au Châtelet, dans le sud du département du Cher. Pour le gérer, l'association du même nom est présidée par Pascal Roblin.</p> <p>Ce matin-là, je me rends sur le site du Châtelet. Il faut imaginer un ancien Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), sur deux niveaux, dont les chambres se sont transformées en salles d'archivage. Dans chacune d'elles&nbsp;: des journaux classés et inventoriés ou attendant de l'être. Ce qui devait être autrefois les bureaux, les salles de réunion ou de restauration sont désormais dédiés à <em>Courrier International</em>, <em>Paris Match</em>,<em> le Nouvel Obs</em>, <em>Charlie Hebdo</em>, <em>Le Petit Echo de la Mode</em>, <em>Le Berry Républicain</em>, <em>La Vie du Rail</em>, <em>Historia</em>, <em>Lisez-moi</em>, <em>Diapason</em>...</p> <p>Pascal Roblin passe d'un espace à l'autre. Ce week-end, il a organisé un chantier de bénévoles&nbsp;: sur la centaine d'adhérents que compte le Centre de la Presse, une vingtaine sont présents pour ranger, classer, saisir à l'inventaire de «&nbsp;nouveaux&nbsp;» titres. Avec Solange, nous nous attaquons au supplément illustré du <em>Petit Journal</em>. Les exemplaires qui passent entre nos mains datent des années 1890. Guidée par la voix de mon binôme, je saisis à l'ordinateur les dates, les thèmes des Unes et des dernières pages, des commentaires sur l'état des journaux… Tout ce qui servira, plus tard, à d'éventuels lecteurs-chercheurs. De temps à autre, nous nous arrêtons pour lire plus en détail une page, nous nous interrogeons sur un événement, un terme de vieux français, l'évocation d'un pays aujourd'hui disparu…</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span></p> <h3>D'une grange à une maison de retraite</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span><br /><br />C'est ainsi que la passion de Pascal Roblin est né&nbsp;: en feuilletant les journaux et en découvrant avec ses yeux d'enfant les événements secouant le monde. Ce n'est pas tant l'objet, de papier et d'encre, qui l'attira, que les histoires qu'il pouvait y lire. <em>«&nbsp;Je vivais en région parisienne</em>, me raconta-t-il un jour.<em> Mon père était conservateur de musées et historien local. Je l'ai toujours vu dans l'écriture.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> A l'âge de 12 ans, Pascal Roblin commence à collectionner les grands titres, à en acheter et à conserver les exemplaires les plus intéressants.<br />Devenu adulte, il épouse une Berrichonne et s'installe sur la commune de Touchay, dans le département du Cher. Sa collection a bien grandi. Pour la stocker, il restaure une grange.</p> <p>Mais comment gérer une telle collection&nbsp;? Et comment la partager&nbsp;? En novembre 1993, avec des proches, Pascal Roblin crée l'association le Centre de la Presse.<em> «&nbsp;En 2000, j’ai lancé un appel aux communes alentour pour trouver des locaux. À Maisonnais, on m’a proposé un vieux presbytère à l’abandon. Nous l’avons restauré avec des amis.&nbsp;»</em><span style="font-size: 8pt;"> (1)<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_3.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Une fois par an, un chantier de bénévoles est organisé au Châtelet (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_3.JPG" alt="CDP 3" width="614" height="462" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></span><br />Environ 800 visiteurs (particuliers, groupes et scolaires) y sont accueillis chaque année, pour y découvrir l'histoire de la presse, grâce à une exposition intitulée «&nbsp;De la Gazette à la tablette&nbsp;». Elle se compose notamment d'anciennes Unes, dont certaines très célèbres comme celle de la première publication française, <em>La Gazette</em> de Théophraste Renaudot (1631) ou encore le «&nbsp;J'accuse&nbsp;» d'Emile Zola paru dans <em>l'Aurore</em> (1898).<br />A quelques mètres de l'ancien presbytère, un hangar abrite quelques collections déjà classées,&nbsp;issues de la presse locale et régionale, nationale et internationale, comme <em>Le Canard Enchaîné</em>, par exemple.</p> <p>Depuis 2015, l'association bénéficie d'un troisième site, donc, celui de l'ancienne maison de retraite du Châtelet. C'est ici que sont réceptionnés tous les dons provenant de particuliers, d'entreprises de presse ou de bibliothèques. Ce samedi de mars, dans le hall : des piles de cartons du <em>Monde</em> et de <em>l'Equipe</em>, résultat d'un «&nbsp;désherbage&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> d'une médiathèque locale… Autres derniers arrivés&nbsp;: une collection quasi complète de <em>(La) Science et (la) Vie</em> de 1914 à nos jours, <em>Cinémonde</em> des années 1950 et 1960 ou encore <em>Rock &amp; Folk</em>...<br /><em>«&nbsp;L'association a décidé de suspendre la récupération de périodiques pendant les prochains mois,</em> explique Pascal Roblin. <em>Deux exceptions à cette décision : les périodiques de plus de 70 ans&nbsp;et les collections importantes de quotidiens nationaux en très bon état.&nbsp;»</em></p> <p>Les dons sont arrivés plus vite que la petite équipe ne pouvait travailler. Les volontaires actifs et réguliers manquent et les finances ne permettent pas, pour l'instant, de pérenniser un salarié <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. L'association bénéficie heureusement de deux jeunes en service civique volontaire. En plus de l'inventaire, ils réalisent des recherches, selon les demandes, en attendant que les particuliers puissent le faire en autonomie.<br />Pascal Roblin est toujours en activité, au sein du service marketing du groupe de presse Centre France, mais il donne autant de temps qu'il le peut à son association. Au fil des ans, l'activité s'est développée et diversifiée. Pas question d'être «&nbsp;seulement&nbsp;» un lieu d'archivage...<br /><em></em><span style="font-size: 14pt;"><span style="color: #ff615d;"></span></span></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________</span></p> <h3>Des ateliers d'éducation aux médias</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p><strong>Lundi 25 mars 2019 – 17 heures – Sancergues</strong></p> <p>Les élèves de 3e du collège Roger-Martin-du-Gard quittent joyeusement le CDI (Centre de Documentation et d'Information). Pour eux, la journée est terminée. Pour moi, c'est la session 2018-2019 de l'opération «&nbsp;Presse à la loupe&nbsp;» qui prend fin. Depuis trois ans en effet, je suis embauchée (en tant qu'indépendante) par le Centre de la Presse pour animer des ateliers d'éducation aux médias dans les collèges. L'opération est menée avec le Conseil départemental du Cher, qui lance, à chaque rentrée, un appel à participer. Les établissements intéressés y répondent&nbsp;: en 2016-2017, Le Châtelet, Dun-sur-Auron et Saint-Amand-Montrond&nbsp;; en 2017-2018, Châteaumeillant et Sancoins&nbsp;; en 2018-2019, deux collèges de Bourges, Le Châtelet et Sancergues.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/franck_lemort_2.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Durant l'opération &quot;Presse à la loupe&quot;, les collégiens s'essaient à la caricature avec Franck Lemort (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/franck_lemort_2.JPG" alt="franck lemort 2" width="477" height="436" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A chaque fois, le principe est le même&nbsp;: les élèves visitent d'abord le Centre de la Presse à Maisonnais et l'imprimerie Clerc à Saint-Amand-Montrond. Ils bénéficient ensuite de quatre séances dans leur collège, animées par Pascal Roblin et Virginie Canon du Centre de la Presse, le caricaturiste Franck Lemort, et moi-même en tant que journaliste.<br />Par petits groupes, au fil des ateliers, ils découvrent l'histoire de la presse et les étapes de fabrication d'un journal, ils s'essaient à la caricature, ils écrivent des articles et, enfin, participent à la mise en page de leur propre journal, imprimé en fin d'opération.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <h3>Eveiller l'esprit critique</h3> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <p><em></em>Mais aucune année, aucun atelier ne se ressemble. Bien sûr, les enfants sont différents et nous intervenons de la 6e à la 3e. De plus, les enseignants-référents peuvent me demander d'adapter les séances en fonction du programme étudié ou des attendus. Ainsi, à Dun-sur-Auron, j'avais axé les articles sur la place des femmes dans les médias&nbsp;; à Sancoins, pour renforcer la cohésion du groupe, j'avais transformé la classe en conférence de rédaction, incitant les élèves à débattre et à collaborer&nbsp;; cette année, les thèmes de la liberté d'expression et des «&nbsp;fake news&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> étaient dans toutes les têtes… Les élèves ont interviewé des journalistes étrangers en exil en France et entr'aperçu ce que signifie concrètement être empêché de penser, écrire, vivre...</p> <p>Car l'enjeu de l'opération va bien au-delà de la découverte de la presse écrite et des métiers du journalisme. En organisant des débats, en permettant aux élèves de s'exprimer comme ils ne sont pas toujours autorisés à le faire, en les invitant à faire des choix et à les argumenter, «&nbsp;Presse à la loupe&nbsp;» doit éveiller en eux l'esprit critique indispensable à la compréhension du monde qui les entoure. En cela, le Centre de la Presse joue un rôle fondamental.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <h3>Expositions, lectures-spectacles, éditions...</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Mais le Centre de la Presse s'adresse aussi à un public plus large. Grâce à la richesse de son fonds, l'équipe constitue régulièrement des expositions thématiques qui peuvent être louées. Récemment, «&nbsp;La Grande guerre sous le regard de la presse&nbsp;», «&nbsp;Elle était une fois la presse féminine&nbsp;» ou encore «&nbsp;La presse pour les jeunes des origines à nos jours&nbsp;». Comme tout objet d'histoire, la presse écrite ancienne éclaire le présent.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Léquipe_de_ReportAir.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'équipe chargée du journal du festival L'Air du Temps à Lignières (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Léquipe_de_ReportAir.jpg" alt="Léquipe de ReportAir" width="454" height="320" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Pour les «&nbsp;Faits d'hiver&nbsp;» – lectures-spectacles écrites à plusieurs mains et interprétées à plusieurs voix – l'association a puisé dans des articles parus entre 1907 et 1978 pour faire revivre l'actualité de l'époque dans les communes du Berry Grand Sud. Pascal Roblin se dit prêt à renouveler l'expérience sur d'autres territoires.</p> <p>Ancré dans son temps, le Centre de la Presse réalise également des éditions de journaux, à l'occasion d'événements culturels et festifs. <em>«&nbsp;C'est avec le festival de guitare d'Issoudun qu'est née, en 2001, notre activité d'édition de journaux «&nbsp;en live&nbsp;»,</em> se souvient Pascal Roblin. <em>Titre de ce premier journal : </em>Mediator<em>... Notre partenariat avec l'organisateur de ce festival a duré huit ans. Depuis, on fait </em>L'Air du Temps<em> à Lignières <span style="font-size: 8pt;">(5)</span> et </em>les Futurs de l'Ecrit<em> à Noirlac <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>. On peut étudier la possibilité de couvrir d'autres festivals.&nbsp;»</em> Ces événements durent plusieurs jours&nbsp;; à la manière d'un quotidien, les bénévoles du Centre de la Presse réalisent des articles que les spectateurs peuvent lire le lendemain même&nbsp;! Au sommaire&nbsp;: comptes rendus et annonces du programme du jour, agrémentés de photos.<br />Cette année, une nouvelle formule est lancée&nbsp;: un QR-Code édité sur la version du journal papier permet de visionner, sur son smartphone, une vidéo tournée durant le festival.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></p> <h3>Avec le numérique, «&nbsp;tout est à repenser&nbsp;»</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_11.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'exposition &quot;De la Gazette à la tablette&quot;..."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_11.jpg" alt="CDP 11" width="409" height="274" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em>Car s'il tient à sa passion, la presse écrite, Pascal Roblin le sait&nbsp;: <em>«&nbsp;L'ère du numérique est engagé irrémédiablement.&nbsp;Tout est à repenser. Une nouvelle odyssée a commencé depuis quelques années&nbsp;»</em>.<br />En me faisant visiter le Centre de la Presse il y a quelques années, il soulignait&nbsp;un curieux hasard&nbsp;: <em>«&nbsp;La tablette numérique fait exactement la même taille que le premier journal français, La Gazette&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Nostalgique&nbsp;? Pas le temps. Conscient, certainement. Lui qui travaille et vit dans le monde des médias depuis si longtemps sait que <em>«&nbsp;la presse écrite a du plomb dans l'aile&nbsp;»</em>. Survivra-t-elle&nbsp;? Peut-être, au moins à travers son histoire qui nous rappelle que la liberté d'expression acquise en France l'a été notamment grâce aux combats menés par sa presse écrite. Un journal n'est pas seulement un produit. Par la trace qu'il laisse, imprimé – du latin<em> imprimere</em>, laisser une empreinte – il est un témoin. Les associations comme le Centre de la Presse et les passionnés comme Pascal Roblin sont les garants de cette<em> «&nbsp;mémoire vivante&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: 8pt;">(1) «&nbsp;Le Centre de la Presse&nbsp;: un site unique en France&nbsp;», de Fanny Lancelin, La Voix du Sancerrois, mardi 23 décembre 2014.<br />(2) Désherbage : en bibliothèque, action qui consiste à retirer des rayonnages ou du fonds des documents qui ne peuvent plus être proposés au public, soit parce que leur état ne le permet plus, soit parce qu'ils ne sont plus adaptés à la demande. Ils peuvent alors être réparés, stockés, recyclés, redirigés vers une autre bibliothèque ou, comme ici, vers le Centre de la Presse.<br />(3) Le Centre de la Presse est financé par des adhésions, des dons, des subventions, la location des expositions, la fourniture de reproductions et de visuels ou encore la vente de périodiques (doubles des collections).<br />(4) Fake news : informations falsifiées, manipulées, truquées.<br />(5) Festival l'Air du Temps à Lignières : <a href="http://www.bainsdouches-lignieres.fr/programmation-air-du-temps-2019/">http://www.bainsdouches-lignieres.fr/programmation-air-du-temps-2019/</a><br />(6) Les Futurs de l'Ecrit à l'Abbaye de Noirlac : <a href="https://www.abbayedenoirlac.fr/lagenda/futurs-de-lecrit/">https://www.abbayedenoirlac.fr/lagenda/futurs-de-lecrit/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading" style="text-align: left;"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li style="text-align: left;">Le Centre de la Presse est ouvert à Maisonnais du début du mois de mai à la fin du mois d'octobre, les jeudis, vendredis et samedis de 14 h à 18 h&nbsp;; éventuellement les dimanches d'été (annonce par voie de presse). La visite commentée dure une heure environ.</li> <li style="text-align: left;">Pour les dons, les recherches assistées et les visites de groupe&nbsp;: 06.21.09.38.28 ou <a href="mailto:contact@lecentredelapresse.com">contact@lecentredelapresse.com</a></li> <li style="text-align: left;">Plus de renseignements sur <a href="http://www.lecentredelapresse.com">www.lecentredelapresse.com</a><span style="font-size: 8pt;"></span></li> </ul> </div> <p><span style="font-size: 18pt;">L</span>a pièce était sombre et sentait la vieille poussière. Je n'allumai pas immédiatement la lumière et laissai mes yeux s'adapter. Progressivement, ils distinguèrent une haute fenêtre entrouverte sur laquelle on avait rabattu de lourdes persiennes en bois. Les rayons du soleil, tout comme l'air, peinaient à s'y frayer un chemin. Ils éclairaient timidement de grandes étagères installées le long des murs. Sous la fenêtre, un bureau vide et une chaise semblaient attendre quelqu'un.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Pascal_Roblin.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Pascal Roblin, fondateur et président du Centre de la Presse (photo : CDLP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Pascal_Roblin.jpg" alt="Pascal Roblin" width="355" height="320" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />J'appuyai sur l'interrupteur. Un halo blafard révéla des tas. Des tas de cartons contenant des tas de papiers, de fiches, de dossiers, de photographies classés par année ou par ordre alphabétique. Une des étagères semblait près de s'écrouler. Mon regard parcourut lentement les étagères avant de s'arrêter net&nbsp;: des tas de journaux. Pas de vieux journaux, non, des journaux anciens. Toute une collection du titre dont je venais de prendre la rédaction en chef, mais aussi de celui qui, historiquement, le précédait. Mes doigts effleurèrent quelques Unes. Mon coeur se serra&nbsp;: des champignons étaient à l'oeuvre&nbsp;; impossible de tourner certaines pages sans risquer de les altérer à jamais. Ces journaux étaient en péril.</p> <p><em>«&nbsp;Les journaux sont archivés au siège et vous pouvez en conserver à la rédaction. Mais depuis que nous sommes passés au numérique, nous ne les faisons plus relier.&nbsp;»</em> Sitôt remise de ma découverte, j'avais appelé mon éditeur. Sa réponse me serrait un peu plus le coeur.<em> «&nbsp;Ce ne sont pas des journaux pour travailler, ce sont des pièces de collection, on ne peut pas les laisser comme ça&nbsp;»</em>, tentai-je. Mais aucun de nous n'avait de solution et nous nous quittâmes en envisageant simplement d'acheter des caisses d'archivage dignes de ce nom pour ralentir le processus de détérioration.</p> <p>Chaque matin, je passais devant cette petite salle pour accéder à mon bureau. Je ne pouvais pas oublier ces journaux qui attendaient derrière la porte, témoins de l'histoire locale. A force de recherches, je finis par trouver celui qui allait pouvoir m'aider. Et c'est ainsi que par un bel après-midi ensoleillé, un camion se stationna devant la grande fenêtre, les persiennes s'ouvrirent et apparurent les yeux pétillants d'enthousiasme de Pascal Roblin. Il examina, avec semble-t-il un mélange de plaisir et de désolation, les exemplaires que je lui présentais, et s'en alla avec toute la collection en promettant d'en prendre grand soin. Je me sentis soulagée.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span></p> <h3>Près de 500.000 journaux et revues</h3> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________</span><br /><br /><strong>Samedi 30 mars 2019 – 11 heures – Le Châtelet</strong></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_5.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Les journaux sont triés, inventoriés, rangés (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_5.JPG" alt="CDP 5" width="365" height="467" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Cinq ans plus tard, les yeux de Pascal Roblin pétillent toujours autant lorsqu'il se trouve devant un tas de journaux anciens et, surtout, lorsqu'il en parle. Sa passion, la presse écrite, l'a amené non seulement à devenir collectionneur, mais aussi à créer un lieu unique en France, qui comptabilise aujourd'hui près de 500.000 journaux et revues&nbsp;! Le Centre de la Presse est implanté à Maisonnais et au Châtelet, dans le sud du département du Cher. Pour le gérer, l'association du même nom est présidée par Pascal Roblin.</p> <p>Ce matin-là, je me rends sur le site du Châtelet. Il faut imaginer un ancien Ehpad (Etablissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), sur deux niveaux, dont les chambres se sont transformées en salles d'archivage. Dans chacune d'elles&nbsp;: des journaux classés et inventoriés ou attendant de l'être. Ce qui devait être autrefois les bureaux, les salles de réunion ou de restauration sont désormais dédiés à <em>Courrier International</em>, <em>Paris Match</em>,<em> le Nouvel Obs</em>, <em>Charlie Hebdo</em>, <em>Le Petit Echo de la Mode</em>, <em>Le Berry Républicain</em>, <em>La Vie du Rail</em>, <em>Historia</em>, <em>Lisez-moi</em>, <em>Diapason</em>...</p> <p>Pascal Roblin passe d'un espace à l'autre. Ce week-end, il a organisé un chantier de bénévoles&nbsp;: sur la centaine d'adhérents que compte le Centre de la Presse, une vingtaine sont présents pour ranger, classer, saisir à l'inventaire de «&nbsp;nouveaux&nbsp;» titres. Avec Solange, nous nous attaquons au supplément illustré du <em>Petit Journal</em>. Les exemplaires qui passent entre nos mains datent des années 1890. Guidée par la voix de mon binôme, je saisis à l'ordinateur les dates, les thèmes des Unes et des dernières pages, des commentaires sur l'état des journaux… Tout ce qui servira, plus tard, à d'éventuels lecteurs-chercheurs. De temps à autre, nous nous arrêtons pour lire plus en détail une page, nous nous interrogeons sur un événement, un terme de vieux français, l'évocation d'un pays aujourd'hui disparu…</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span></p> <h3>D'une grange à une maison de retraite</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________</span><br /><br />C'est ainsi que la passion de Pascal Roblin est né&nbsp;: en feuilletant les journaux et en découvrant avec ses yeux d'enfant les événements secouant le monde. Ce n'est pas tant l'objet, de papier et d'encre, qui l'attira, que les histoires qu'il pouvait y lire. <em>«&nbsp;Je vivais en région parisienne</em>, me raconta-t-il un jour.<em> Mon père était conservateur de musées et historien local. Je l'ai toujours vu dans l'écriture.&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1)</span> A l'âge de 12 ans, Pascal Roblin commence à collectionner les grands titres, à en acheter et à conserver les exemplaires les plus intéressants.<br />Devenu adulte, il épouse une Berrichonne et s'installe sur la commune de Touchay, dans le département du Cher. Sa collection a bien grandi. Pour la stocker, il restaure une grange.</p> <p>Mais comment gérer une telle collection&nbsp;? Et comment la partager&nbsp;? En novembre 1993, avec des proches, Pascal Roblin crée l'association le Centre de la Presse.<em> «&nbsp;En 2000, j’ai lancé un appel aux communes alentour pour trouver des locaux. À Maisonnais, on m’a proposé un vieux presbytère à l’abandon. Nous l’avons restauré avec des amis.&nbsp;»</em><span style="font-size: 8pt;"> (1)<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_3.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Une fois par an, un chantier de bénévoles est organisé au Châtelet (photo : FL)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_3.JPG" alt="CDP 3" width="614" height="462" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></span><br />Environ 800 visiteurs (particuliers, groupes et scolaires) y sont accueillis chaque année, pour y découvrir l'histoire de la presse, grâce à une exposition intitulée «&nbsp;De la Gazette à la tablette&nbsp;». Elle se compose notamment d'anciennes Unes, dont certaines très célèbres comme celle de la première publication française, <em>La Gazette</em> de Théophraste Renaudot (1631) ou encore le «&nbsp;J'accuse&nbsp;» d'Emile Zola paru dans <em>l'Aurore</em> (1898).<br />A quelques mètres de l'ancien presbytère, un hangar abrite quelques collections déjà classées,&nbsp;issues de la presse locale et régionale, nationale et internationale, comme <em>Le Canard Enchaîné</em>, par exemple.</p> <p>Depuis 2015, l'association bénéficie d'un troisième site, donc, celui de l'ancienne maison de retraite du Châtelet. C'est ici que sont réceptionnés tous les dons provenant de particuliers, d'entreprises de presse ou de bibliothèques. Ce samedi de mars, dans le hall : des piles de cartons du <em>Monde</em> et de <em>l'Equipe</em>, résultat d'un «&nbsp;désherbage&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> d'une médiathèque locale… Autres derniers arrivés&nbsp;: une collection quasi complète de <em>(La) Science et (la) Vie</em> de 1914 à nos jours, <em>Cinémonde</em> des années 1950 et 1960 ou encore <em>Rock &amp; Folk</em>...<br /><em>«&nbsp;L'association a décidé de suspendre la récupération de périodiques pendant les prochains mois,</em> explique Pascal Roblin. <em>Deux exceptions à cette décision : les périodiques de plus de 70 ans&nbsp;et les collections importantes de quotidiens nationaux en très bon état.&nbsp;»</em></p> <p>Les dons sont arrivés plus vite que la petite équipe ne pouvait travailler. Les volontaires actifs et réguliers manquent et les finances ne permettent pas, pour l'instant, de pérenniser un salarié <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>. L'association bénéficie heureusement de deux jeunes en service civique volontaire. En plus de l'inventaire, ils réalisent des recherches, selon les demandes, en attendant que les particuliers puissent le faire en autonomie.<br />Pascal Roblin est toujours en activité, au sein du service marketing du groupe de presse Centre France, mais il donne autant de temps qu'il le peut à son association. Au fil des ans, l'activité s'est développée et diversifiée. Pas question d'être «&nbsp;seulement&nbsp;» un lieu d'archivage...<br /><em></em><span style="font-size: 14pt;"><span style="color: #ff615d;"></span></span></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________</span></p> <h3>Des ateliers d'éducation aux médias</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p><strong>Lundi 25 mars 2019 – 17 heures – Sancergues</strong></p> <p>Les élèves de 3e du collège Roger-Martin-du-Gard quittent joyeusement le CDI (Centre de Documentation et d'Information). Pour eux, la journée est terminée. Pour moi, c'est la session 2018-2019 de l'opération «&nbsp;Presse à la loupe&nbsp;» qui prend fin. Depuis trois ans en effet, je suis embauchée (en tant qu'indépendante) par le Centre de la Presse pour animer des ateliers d'éducation aux médias dans les collèges. L'opération est menée avec le Conseil départemental du Cher, qui lance, à chaque rentrée, un appel à participer. Les établissements intéressés y répondent&nbsp;: en 2016-2017, Le Châtelet, Dun-sur-Auron et Saint-Amand-Montrond&nbsp;; en 2017-2018, Châteaumeillant et Sancoins&nbsp;; en 2018-2019, deux collèges de Bourges, Le Châtelet et Sancergues.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/franck_lemort_2.JPG" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="Durant l'opération &quot;Presse à la loupe&quot;, les collégiens s'essaient à la caricature avec Franck Lemort (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/franck_lemort_2.JPG" alt="franck lemort 2" width="477" height="436" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A chaque fois, le principe est le même&nbsp;: les élèves visitent d'abord le Centre de la Presse à Maisonnais et l'imprimerie Clerc à Saint-Amand-Montrond. Ils bénéficient ensuite de quatre séances dans leur collège, animées par Pascal Roblin et Virginie Canon du Centre de la Presse, le caricaturiste Franck Lemort, et moi-même en tant que journaliste.<br />Par petits groupes, au fil des ateliers, ils découvrent l'histoire de la presse et les étapes de fabrication d'un journal, ils s'essaient à la caricature, ils écrivent des articles et, enfin, participent à la mise en page de leur propre journal, imprimé en fin d'opération.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <h3>Eveiller l'esprit critique</h3> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <p><em></em>Mais aucune année, aucun atelier ne se ressemble. Bien sûr, les enfants sont différents et nous intervenons de la 6e à la 3e. De plus, les enseignants-référents peuvent me demander d'adapter les séances en fonction du programme étudié ou des attendus. Ainsi, à Dun-sur-Auron, j'avais axé les articles sur la place des femmes dans les médias&nbsp;; à Sancoins, pour renforcer la cohésion du groupe, j'avais transformé la classe en conférence de rédaction, incitant les élèves à débattre et à collaborer&nbsp;; cette année, les thèmes de la liberté d'expression et des «&nbsp;fake news&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> étaient dans toutes les têtes… Les élèves ont interviewé des journalistes étrangers en exil en France et entr'aperçu ce que signifie concrètement être empêché de penser, écrire, vivre...</p> <p>Car l'enjeu de l'opération va bien au-delà de la découverte de la presse écrite et des métiers du journalisme. En organisant des débats, en permettant aux élèves de s'exprimer comme ils ne sont pas toujours autorisés à le faire, en les invitant à faire des choix et à les argumenter, «&nbsp;Presse à la loupe&nbsp;» doit éveiller en eux l'esprit critique indispensable à la compréhension du monde qui les entoure. En cela, le Centre de la Presse joue un rôle fondamental.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <h3>Expositions, lectures-spectacles, éditions...</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Mais le Centre de la Presse s'adresse aussi à un public plus large. Grâce à la richesse de son fonds, l'équipe constitue régulièrement des expositions thématiques qui peuvent être louées. Récemment, «&nbsp;La Grande guerre sous le regard de la presse&nbsp;», «&nbsp;Elle était une fois la presse féminine&nbsp;» ou encore «&nbsp;La presse pour les jeunes des origines à nos jours&nbsp;». Comme tout objet d'histoire, la presse écrite ancienne éclaire le présent.<a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Léquipe_de_ReportAir.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'équipe chargée du journal du festival L'Air du Temps à Lignières (photo : CDP)."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/Léquipe_de_ReportAir.jpg" alt="Léquipe de ReportAir" width="454" height="320" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Pour les «&nbsp;Faits d'hiver&nbsp;» – lectures-spectacles écrites à plusieurs mains et interprétées à plusieurs voix – l'association a puisé dans des articles parus entre 1907 et 1978 pour faire revivre l'actualité de l'époque dans les communes du Berry Grand Sud. Pascal Roblin se dit prêt à renouveler l'expérience sur d'autres territoires.</p> <p>Ancré dans son temps, le Centre de la Presse réalise également des éditions de journaux, à l'occasion d'événements culturels et festifs. <em>«&nbsp;C'est avec le festival de guitare d'Issoudun qu'est née, en 2001, notre activité d'édition de journaux «&nbsp;en live&nbsp;»,</em> se souvient Pascal Roblin. <em>Titre de ce premier journal : </em>Mediator<em>... Notre partenariat avec l'organisateur de ce festival a duré huit ans. Depuis, on fait </em>L'Air du Temps<em> à Lignières <span style="font-size: 8pt;">(5)</span> et </em>les Futurs de l'Ecrit<em> à Noirlac <span style="font-size: 8pt;">(6)</span>. On peut étudier la possibilité de couvrir d'autres festivals.&nbsp;»</em> Ces événements durent plusieurs jours&nbsp;; à la manière d'un quotidien, les bénévoles du Centre de la Presse réalisent des articles que les spectateurs peuvent lire le lendemain même&nbsp;! Au sommaire&nbsp;: comptes rendus et annonces du programme du jour, agrémentés de photos.<br />Cette année, une nouvelle formule est lancée&nbsp;: un QR-Code édité sur la version du journal papier permet de visionner, sur son smartphone, une vidéo tournée durant le festival.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></p> <h3>Avec le numérique, «&nbsp;tout est à repenser&nbsp;»</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________________</span></p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_11.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1" data-mediabox-title="L'exposition &quot;De la Gazette à la tablette&quot;..."><img src="http://www.rebonds.net/images/CENTRE_DE_LA_PRESSE/CDP_11.jpg" alt="CDP 11" width="409" height="274" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em>Car s'il tient à sa passion, la presse écrite, Pascal Roblin le sait&nbsp;: <em>«&nbsp;L'ère du numérique est engagé irrémédiablement.&nbsp;Tout est à repenser. Une nouvelle odyssée a commencé depuis quelques années&nbsp;»</em>.<br />En me faisant visiter le Centre de la Presse il y a quelques années, il soulignait&nbsp;un curieux hasard&nbsp;: <em>«&nbsp;La tablette numérique fait exactement la même taille que le premier journal français, La Gazette&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Nostalgique&nbsp;? Pas le temps. Conscient, certainement. Lui qui travaille et vit dans le monde des médias depuis si longtemps sait que <em>«&nbsp;la presse écrite a du plomb dans l'aile&nbsp;»</em>. Survivra-t-elle&nbsp;? Peut-être, au moins à travers son histoire qui nous rappelle que la liberté d'expression acquise en France l'a été notamment grâce aux combats menés par sa presse écrite. Un journal n'est pas seulement un produit. Par la trace qu'il laisse, imprimé – du latin<em> imprimere</em>, laisser une empreinte – il est un témoin. Les associations comme le Centre de la Presse et les passionnés comme Pascal Roblin sont les garants de cette<em> «&nbsp;mémoire vivante&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong>Fanny Lancelin</strong></p> <p style="text-align: left;"><span style="font-size: 8pt;">(1) «&nbsp;Le Centre de la Presse&nbsp;: un site unique en France&nbsp;», de Fanny Lancelin, La Voix du Sancerrois, mardi 23 décembre 2014.<br />(2) Désherbage : en bibliothèque, action qui consiste à retirer des rayonnages ou du fonds des documents qui ne peuvent plus être proposés au public, soit parce que leur état ne le permet plus, soit parce qu'ils ne sont plus adaptés à la demande. Ils peuvent alors être réparés, stockés, recyclés, redirigés vers une autre bibliothèque ou, comme ici, vers le Centre de la Presse.<br />(3) Le Centre de la Presse est financé par des adhésions, des dons, des subventions, la location des expositions, la fourniture de reproductions et de visuels ou encore la vente de périodiques (doubles des collections).<br />(4) Fake news : informations falsifiées, manipulées, truquées.<br />(5) Festival l'Air du Temps à Lignières : <a href="http://www.bainsdouches-lignieres.fr/programmation-air-du-temps-2019/">http://www.bainsdouches-lignieres.fr/programmation-air-du-temps-2019/</a><br />(6) Les Futurs de l'Ecrit à l'Abbaye de Noirlac : <a href="https://www.abbayedenoirlac.fr/lagenda/futurs-de-lecrit/">https://www.abbayedenoirlac.fr/lagenda/futurs-de-lecrit/</a></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading" style="text-align: left;"> <h3 class="panel-title">Plus</h3> </div> <ul> <li style="text-align: left;">Le Centre de la Presse est ouvert à Maisonnais du début du mois de mai à la fin du mois d'octobre, les jeudis, vendredis et samedis de 14 h à 18 h&nbsp;; éventuellement les dimanches d'été (annonce par voie de presse). La visite commentée dure une heure environ.</li> <li style="text-align: left;">Pour les dons, les recherches assistées et les visites de groupe&nbsp;: 06.21.09.38.28 ou <a href="mailto:contact@lecentredelapresse.com">contact@lecentredelapresse.com</a></li> <li style="text-align: left;">Plus de renseignements sur <a href="http://www.lecentredelapresse.com">www.lecentredelapresse.com</a><span style="font-size: 8pt;"></span></li> </ul> </div>