Forcément moins médiatique et pourtant tellement symbolique ! Les joueurs ne courent pas pour des millions, mais pour le plaisir et la reconnaissance. La FIFA ne veut pas d'eux, tant pis ! Ils ont créé leur propre Coupe du monde de football qui se joue aussi en juin : celle des sans nations.

L'événement est organisé par la CONIFA, Confédération des associations indépendantes de football. Fondée le 7 juin 2013, elle est une organisation à but non lucratif. Elle soutient les représentants des équipes de football des nations non reconnues par les instances internationales, des régions, des minorités et des territoires sportifs isolés.

Elle a organisé sa première Coupe du monde de football en juin 2014 à Ostersund en Suède.

L'édition 2018 a eu lieu à Londres, du 1er juin au 9 juin. Sur les 46 membres que compte la CONIFA, seize s'étaient qualifiés pour la compétition : Brava (ville de Somalie), l'Île de Man, le Tamul Eelam, Cascadia, l'Abkhazie, la Chypre du Nord, le Karpatalya, le Tibet, la Padanie, le Pays sicule, Tuvalu, le Matabeland, le Pendjab, les Coréens unis du Japon, l'Arménie de l'Ouest, la Kabylie.

Le vainqueur est le Karpatalya au terme d'une finale remportée 3 à 2 contre la Chypre du Nord.

L'événement sportif permet de réunir des joueurs d'horizons et de cultures très différents. Il ouvre également une fenêtre sur les situations géopolitiques de ces régions et pays souvent oubliés des nations connues et reconnues.

Pour revoir les matches et tout connaître de la CONIFA, rendez-vous sur http://www.conifa.org

A réécouter également : le football, vecteur de résistance à l'ordre, au patronat, au colonisateur, dans l'émission « Un jour dans le monde » animée sur France Inter par Fabienne Sintes sur https://www.franceinter.fr/emissions/un-jour-dans-le-monde/un-jour-dans-le-monde-06-juin-2018

« Dessiner est un geste fort qui crée des images que tout le monde peut comprendre. » C'est ainsi que le collectif Dessins sans papiers permet à des migrants, notamment non francophones, de s'exprimer et de partager leurs histoires. Soudanais, Hafiz Adem a relevé le défi. Son témoignage, publié dans un livre, est à la fois riche en informations et en émotions.

A première vue, on pourrait croire que c'est un enfant qui s'est saisi des feutres : les dessins semblent naïfs. « Mais rapidement, on voit que les profils des personnages ne sont pas communs, que les perspectives ne sont pas enfantines mais issues d'autres règles, d'ailleurs, écrit Hervé Di Rosa, fondateur et président du Musée international des arts modestes de Sète qui postface l'ouvrage. Personnages et décors sont synthétisés pour nous raconter une histoire. Ce n'est plus de la naïverté mais de l'efficacité, comme autant de signes compréhensibles par tous, contrairement aux langues. »

Afiz Adem a tracé son histoire à l'occasion d'ateliers organisés par le collectif Dessins sans papiers. Les bénévoles apportent des feutres et des papiers dans les camps et les centres d'hébergement à Paris. Ils sont journalistes, urbanistes, dessinateurs, professeurs, réalisateurs, photographes, musiciens, artistes, activistes ou tout simplement « soutiens ». Ils rencontrent des hommes et des femmes de toutes conditions, arrivés du Soudan, du Tchad, du Mali, de Guinée Conakry, d’Érythrée, d’Éthiopie, du Tibet, d’Egypte, d'Iran, d’Irak, de Syrie, du Pakistan ou d’Afghanistan.
Hafiz leur a fait confiance. Il a 28 ans. Ses premiers dessins décrivent sa vie dans son pays, le Soudan. Un pays où règnent la dictature et la guerre. Arrêté, torturé, emprisonné, condamné à mort, il parvient à s'enfuir. S'ensuivent une traversée du désert, deux ans en Libye, l'enfer sur la Méditerranée, l'arrivée en Italie, la France, la rue… Au fil des pages, les immeubles succèdent aux maisons traditionnelles, les visages blancs aux noirs, les parcs et la Tour Eiffel aux bombes et à la prison…
Grâce à des interprètes et des traducteurs, Afiz a pu commenter ses dessins. Les textes leur font face, courts, efficaces eux aussi, passionnants.
Cet ouvrage est le second du collectif, qui avait déjà publié un recueil de 200 dessins grâce à une souscription.

Pour se procurer les livres, organiser un atelier, confier des dessins ou proposer une exposition : dessinssanspapiers@gmail.com

Ce groupe a véritablement ambiancé les dix ans du Carroi à Menetou-Salon ! La musique du Balani Sound System est ancrée dans la percussion traditionnelle d'Afrique de l'Ouest, mais elle est aussi électronique. Le métissage fonctionne parfaitement, créant un nouveau son qui donne simplement envie de sourire et de danser.

A l'origine du groupe, trois musiciens : Patrick Senellart, Brahima Sanogo et Jérôme Pupier.
Patrick Senellart a passé son enfance en Afrique de l'Ouest. Formé aux percussions traditionnelles, il joue du balafon dioula, des percussions et chante.
Brahima Sanogo est né en Côte-d'Ivoire, d'une famille de griots. Balafoniste depuis son plus jeune âge, il a fait partie de différentes compagnies, joué en Asie et en Europe. Il s'est installé en France en 2002. Dans le Balani Sound System, il joue du balafon, du djembé, du dunun et chante.
Jérôme Pupier a, entre autres, collaboré avec le Ballet national de Côte-d'Ivoire. Chanteur, auteur, compositeur, arrangeur, il est également « sound designer » et « beat maker ». C'est lui qui est aux machines dans le Balani Sound System.
L'équipe est complétée par l'ingénieur du son Jean Berthon, qui a notamment travaillé au Burkina-Faso et au Mali.

Ecouter le Balani Sound System, c'est déjà faire fi des frontières, musicales, géographiques, politiques… C'est possible là : https://www.youtube.com/watch?v=fvnWVx4lzew
Et en vrai, durant tout l'été et l'automne, dans les Dom-Tom et dans l'Hexagone. Prochaine date dans le Centre de la France : le samedi 15 septembre au festival Les Percufolies à Lingueil (37). https://www.percufolies.fr/
Un festival qui mérite, lui aussi, franchement le détour !

(Photo : Bertrand Flouret)

C'est quoi, un migrant ? Combien sont-ils, dans le monde ? L'Europe est-elle une terre d'accueil ? Comment devient-on français ? Toutes ces questions sont abordées dans ce très bel ouvrage illustré. Une vraie leçon d'histoire et de géographie.

Un humain sur trente a quitté son pays de naissance ; il y a donc, actuellement, 232 millions de migrants sur la planète ! C'est ainsi que s'ouvre le livre réalisé par Sophie Lamoureux et Amélie Fontaine, « Planète Migrants » (éditions Actes Sud Junior). Destiné aux jeunes lecteurs, il est en fait très instructif, y compris pour les adultes !

Car qui connaît précisément la différence entre un immigré, un migrant, un réfugié ? Qui sait vraiment d'où ils viennent et où ils s'installent ? La majorité des migrants vivent aux Etats-Unis, la France n'arrive qu'en septième position...

Qui se souvient que l'immigration a succédé à la décolonisation, donc la colonisation ? La domination de certains peuples sur les autres. Que l'escalavage fut une immigration forcée ?

Très bien documenté - avec des faits, des chiffres - le livre sait aborder des questions plus sensibles comme celles du déracinement et du rejet. Il rappelle aussi que la France est une vraie terre d'immigration et une vraie terre d'accueil. Essentiel, dans ce contexte de la loi Asile et Immigration (lire aussi (Re)visiter) qui considère les migrants comme un simple problème à résoudre...

Le livre peut être emprunté notamment à la bibliothèque de Neuvy-deux-Clochers. Pour le trouver ailleurs et obtenir plus d'informations : https://www.actes-sud.fr/catalogue/jeunesse/planete-migrants