# 19 Quand la forêt déborde et se propage (novembre 2018) http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage Thu, 11 May 2023 18:56:21 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr L'appel gourmand - mais pas seulement - de Linda Louis http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/461-lappelgourmanddelindalouis http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/461-lappelgourmanddelindalouis « L'appel gourmand de la forêt » (1) n'est pas un livre de cuisine comme un autre. Au moyen de recettes, conseils et photographies qui mettent en appétit, l'auteure, Linda Louis, nous parle de l'urgence de se reconnecter à la nature. En arpentant les chemins forestiers du Berry en quête de plantes sauvages comestibles, on (re)découvre ainsi des mondes enfouis en nous qu'il convient de (re)connaître pour mieux les protéger.

« J'avais déjà conscience du réchauffement climatique, mais encore plus en écrivant le livre. » portraitlindalouisbdLinda Louis connaît bien la forêt : elle a vécu pendant douze ans près de Tronçais et, pour la préparation de « L'appel gourmand de la forêt », elle a enfilé bottes et sac à dos pendant un an pour observer tout ce qui y pousse, y vit, y meurt. Elle fait partie de celles et ceux qui entrent en forêt pour mieux s'entendre penser, respirer, s'apaiser.
C'est ainsi qu'elle a perçu l'impérative nécessité de « vite retrouver une connexion avec la nature ». « C'est elle qu'on détruit mais ce sera elle la solution », assure-t-elle, consciente de tout ce que la forêt, par exemple, peut apporter aux êtres vivants, à leur corps comme à leur esprit.

Pour convaincre les sceptiques, deux outils imparables en France : le livre et la cuisine. « Les gens aiment manger. Par cet intérêt, on peut les toucher », explique Linda Louis. Paru en 2011 aux éditions La Plage, « L'appel gourmand de la forêt » est un véritable succès : déjà vendu à 20.000 exemplaires, il figure toujours en bonne place sur les étagères des librairies et au catalogue de nombreuses bibliothèques.

Ses points forts ? La qualité du papier et des couleurs lorsqu'on le feuillète ; des textes clairs et de belles photographies lorsque le regard s'attarde ; de précieuses informations à la fois méthodologiques (comment repérer, vérifier, cueillir) et culinaires (comment cuisiner), agrémentées d'histoires passionnantes lorsqu'on entre véritablement en lecture.
S'il est singulier, cela tient sans doute au parcours et à la manière de travailler de Linda Louis. « Je ne suis pas botaniste, souligne-t-elle. J'ai une approche philosophique – je sais que je ne sais pas – et journalistique – j'enquête en vérifiant mes informations. »

Un livre sur les plantes sauvages

Née à Vierzon il y a quarante ans, Linda Louis a suivi des études littéraires et de communication. Elle a d'abord travaillé à l'Office de tourisme de Bourges, puis pour un groupe de banque et d'assurance. Journaliste d'entreprise, elle s'est aperçu qu'elle préférait « informer plutôt que communiquer ». soupedortie
A l'époque, Internet se développe. Peu de blogs culinaires existent alors. Linda Louis fait de sa passion son sujet en lançant en 2006 le site « Cuisine en campagne » (2). La qualité de ses articles l'a fait repérer par la maison d'édition Rustica qui lui propose d'écrire son premier livre de recettes, « La cuisine campagne de Lilo ».
Plus tard, ce sont les éditions La Plage, bien connues des végétariens, qui lui offrent un contrat pour trois ouvrages : un sur les bonbons faits maison, un sur les tomates anciennes (3) et un sur les plantes sauvages. « Des plantes sauvages, mais dans un biotope préservé, précise-t-elle. Il fallait donc que ce soit en forêt. »

Une démarche journalistique

Le titre de « L'appel gourmand de la forêt » est un hommage à l'ouvrage de Jack London, « L'appel de la forêt », qu'elle a lu à l'âge de 12 ans. « Les années passèrent et, chaque fois que je me retrouvais dans les bois, renaissait en moi le souvenir de cette histoire qui a marqué mon adolescence », écrit-elle en préambule de son livre.
Linda Louis a voulu « sortir du cadre uniquement littéraire » et conserver une démarche journalistique : se documenter, rechercher et recouper des informations ; consulter des spécialistes ; trier selon l'angle choisi ; imaginer une présentation ; écrire ; faire relire ; penser à l'équilibre textes et illustrations…

« Pour démocratiser cette cuisine bio, végétarienne, sauvage, il fallait de belles photographies pour montrer que non, cette cuisine n'est pas insipide ! » Qu'il s'agisse du pain à l'aïl des ours, du velouté d'asperges des bois, du croque-monsieur aux feuilles de violettes, du crumble de reinettes et de baies de sureau ou du fondant aux nèfles et au chocolat… tout titille les papilles !
Cette année, sans doute que les pages consacrées aux champignons seront peu consultées. Il n'y en aura pas dans la forêt, dit-on. Ou si peu. Il n'a pas plu assez. Les cueilleurs et fins gourmets seront sans doute déçus. Mais il y a pire : en trop faible quantité dans le sol, les mycorhizes ne pourront pas nourrir correctement les arbres. Si le printemps prochain est sec, la forêt souffrira. Encore.

Se dépêcher de réapprendre

Et c'est là qu'un livre tel que celui de Linda Louis prend tout son sens. prunelles bdSe promener en forêt à la recherche d'ingrédients pour cuisiner un bon plat, ce n'est pas seulement prélever pour subsister, se servir comme on le ferait dans un rayon de supermarché. C'est constater l'état du monde et des relations que les êtres vivants nouent entre eux. A l'image de ces arbres asséchés, cassant sous le poid d'une première neige comme de simples allumettes, nous asséchons les liens qui nous unissaient si fort, autrefois, à la nature.
Entrer à nouveau en forêt, c'est reprendre conscience des saisons, de l'espace et du temps, de la fragilité de l'existence, de l'urgence de protéger ce patrimoine inimitable.

Et de transmettre, comme le fait Linda Louis. Au moyen de ses livres, mais aussi des sorties qu'elle anime notamment dans le Berry. « Les échanges sont très riches, se réjouit-elle. Je suis surprise parce que j'y retrouve souvent des jeunes, alors que les anciens ont oublié ou ont beaucoup d'a priori sur les plantes sauvages. Par exemple, pour eux, on ne mange pas le plantain, c'est pour les lapins ! La nouvelle génération est plus là par nécessité écologique qu'économique, parce qu'elle sait qu'il faut se dépêcher de réapprendre tout ça. »
Pour celles et ceux qui sont un peu loin du Berry, une nouvelle version du blog « Cuisine en campagne » verra bientôt le jour. Mais il y a bien une forêt près de chez vous. Chaussez vos bottes, prenez le livre de Linda Louis dans votre sac à dos, suivez ses conseils, humez l'air à la recherche du parfum des feuilles mouillées et nul doute que vous aussi, vous entendrez bientôt résonner en vous l'appel de la forêt.

Fanny Lancelin

(1) « L'appel gourmand de la forêt », textes, recettes et photos de Linda Louis, Editions La Plage, 2011.
(2) https://www.cuisine-campagne.com/
(3) « L'atelier des bonbons bio » et « Tomates anciennes et gourmandes ». Tous les ouvrages de Linda Louis aux éditions La Plage sur https://www.laplage.fr/auteurs/louis-linda/

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# 19 La forêt se propage Tue, 21 Mar 2017 14:47:31 +0100
« Etre Forêts – Habiter des territoires en lutte » http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/462-etreforetshabiterdesterritoiresenlutte http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/462-etreforetshabiterdesterritoiresenlutte Jean-Baptiste Vidalou est maçon en pierres sèches et agrégé de philosophie. Le mois dernier, il a participé au rassemblement final de la Marche pour la Forêt à Tronçais (lire la rubrique (Ré)acteurs). Il est l'auteur de « Etre Forêts – Habiter des territoires en lutte » : un livre militant et passionnant, qui invite à résister contre un aménagement du territoire qui contrôle ressources et populations.

Lorsqu'on se pose la question de la définition de la forêt, le dictionnaire Larousse répond : nom féminin du bas latin forestis, « grande étendue de terrain couverte d'arbres ; ensemble des arbres qui la couvrent ». L'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (la FAO) considère comme forêts « des terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectare avec des arbres atteignant une hauteur supérieure à cinq mètres et un couvert arboré de plus de 10 %, ou avec des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. La définition exclut les terres à vocation agricole ou urbaine prédominante ».
De manuel en encyclopédie, des mesures et classements. Nulle part trace d'êtres vivants ou d'usages.

Pourtant, comme l'écrit Jean-Baptiste Vidalou dans son livre « Etre forêts – Habiter des territoires en lutte » (1), « la forêt n'est pas la forme vide, la surface continue, qu'il s'agirait de définir en terme « d'étendue d'arbres », de « ressource en biodiversité ». Non, la forêt, c'est une manière de se tenir. »
Au-delà de tout ce qu'elle apporte à l'être humain pour le nourrir, le chauffer, lui offrir un abri, elle est une manière de « se tenir droit ». « De ne plus courber la tête. S'enraciner mais aussi surgir. Se déployer. » Etre arbres. Etre forêts.

Mais contre quoi convient-il de se dresser ? Face à quels dangers se défendre ? Qu'est-ce qui justifie aujourd'hui de revendiquer les forêts comme des territoires en lutte ?

L'aménagement du territoire à partir des forêts

Dans son ouvrage, Jean-Baptiste Vidalou montre comment, depuis près de quatre siècles, l'aménagement du territoire a contribué à déposséder les populations de leur rapport à la forêt. En excluant, en rationnalisant, en contrôlant, en exploitant. En gérant. DSCN5734

Aménagement : le mot aurait signifié « l'art d'aménager les forêts d'une manière administrative ». Il y a également une acception sylvicole au terme aménager, « régler les coupes d'une forêt » (2), tandis que l'aménagiste est « une personne qui organise l'aménagement d'une forêt » (3).
En France, entre le XIe et le XIIIe siècle, 30 à 40.000 hectares ont été défrichés par an : la population augmentait, les besoins en culture et en villes aussi. A partir du XVIe siècle, l'exploitation s'est intensifiée pour répondre aux besoins des industries comme les mines et les forges, ou encore de la construction navale.
En 1669, l'ordonnance de Colbert, ministre de Louis XIV, a redonné la main au pouvoir royal et lancé « la grande réformation » : limitation des pâturages en forêt et obligation de conserver une partie en haute futaie notamment. A cette époque, les forêts sont parcellisées et bornées par des ingénieurs.

Le vivant quantifié, classé, rationalisé...

Pour contrôler un territoire et ses ressources, il faut l'aménager. Et pour l'aménager, il faut le contrôler.
D'abord, le vider de sa population. Concrètement sur le terrain ou rhétoriquement.  Elle est déplacée selon des logiques économiques (pour répartir la main-d'oeuvre) ou simplement niée : à Notre-Dame-des-Landes, à Bure ou dans le Morvan, pour justifier le choix d'implantation de grands chantiers inutiles ou dangereux, les porteurs de projets soulignent toujours la faible densité de population. Puisque personne ne vit là, pourquoi y aurait-il un problème ? « Le territoire convoité n'est entrevu que comme une ressource sous-exploitée, mal gérée ou pas gérée du tout par les « autochtones » - ceux-ci devant alors se conformer ou partir, écrit Jean-Baptiste Vidalou. Comme partout en France, les paysans ont continué pendant longtemps à être décrits comme des « non civilisés », dans la mesure où ils ne remplissaient pas les critères de la bonne gestion économique. »

Pour tracer routes, autoroutes et canaux nécessaires au transport des ressources extraites de ces territoires, de nouveaux genres d'hommes ont été formés : les ingénieurs et les physiocrates. Leurs armes communes ? Les mesures et les calculs. Les uns tracent des plans et des cartes, à la manière des militaires qu'ils ont été ; les autres façonnent progressivement, dès le XVIIIe siècle, l'économie politique. Tout le vivant se voit ainsi quantifié, classé, rationalisé, optimisé. Certes, pour dégager des richesses, mais aussi pour « trouver le meilleur gouvernement des hommes, calqué sur la meilleure circulation possible ».
Ceux et celles qui empêchent cette circulation, se révoltent contre la confiscation de leur territoire, se battent contre les prélèvements abusifs, « bref les « irrationnels », ceux-là ne font pas partie de la population. Rompre avec l'économie, c'est rompre le contrat social. »
Ces logiques perdurent à notre époque, le gouvernement n'étant plus qu'une « pure administration économique des êtres et des choses ».

La fin des communaux

La sylviculture, tout comme l'agriculture, n'a pas échappé à ce que Jean-Baptiste Vidalou nomme « la mise en ordre du vivant ». L'arbre n'est plus un être mais une ressource qu'il convient de gérer pour des objectifs industriels précis.
Les communaux, ces espaces que les habitants d'un territoire géraient ensemble, comme les zones humides, les prés ou les lisières des forêts, ont progressivement été supprimés par le pouvoir. Asséchés, redressés, aménagés. En les détruisant, l’État a voulu non seulement rationaliser la nature, mais aussi briser les us et les coutumes ancestraux de populations devant faire place. « Les artisans étant sortis de la forêt, chassés par la foresterie aménagiste, les techniciens y sont rentrés. »

Aujourd'hui encore, ceux-ci – comme l'annonce clairement le site Internet de l'Office National des Forêts (ONF) – sont là pour « gérer » : faire en sorte que la forêt se porte bien pour l'exploiter, pour qu'elle fournisse sa part du marché en menuiserie, papier, bois-énergie, faune pour les chasseurs, flore pour les promeneurs et les touristes…
Jean-Baptiste Vidalou vit dans les Cévennes. Il estime que la création du Parc national a été le prétexte à ce contrôle des populations et des ressources qu'il dénonce. Dans son ouvrage, il explique comment l'extraction du bois répond à la même logique que celle du pétrole et du charbon et, malheureusement, produit les mêmes conséquences souvent désastreuses sur la nature.
Il prend pour exemple le projet de l'entreprise allemande Eon, troisième groupe mondial de l'énergie, qui veut exploiter la forêt cévenole pour ses réserves en biomasse. Elle rencontre une forte opposition de la population locale. Mais « les usages de la forêt, ceux qui y vivent et tout conflit possible sont écrasés sous les potentiels milliers de tonnes de biomasse extraites et les devises qui en découleront ».
Parfois, à coups d'engins et de matraque. Souvent, à grands coups de communication. La création de parcs, comme l'apparition de termes tels que « compensation » ou « transition énergétique » fait ainsi croire à l'opinion publique que la ressource est « naturellement » préservée.9782355221170

La transition énergétique n'est qu'une nouvelle étape économique

Le principe de compensation est terrible : les burocrates appliquent aux vivants (aux arbres et aux forêts, par exemple) une valeur carbone. L'objectif est de leur donner un prix, mais aussi de définir le niveau de compensation : ce que la forêt exporte lorsqu'elle est détruite et « l'équivalent » replanté ailleurs. On ne parle pas d'un arbre déplacé d'une rue à une autre. Mais de forêts entièrement dévastées dans une région du monde, perdues à tout jamais, sous prétexte que d'autres arbres sont replantés dans une autre région du monde. Peu importe que les espèces qui y vivent, les usages qui y ont cours, les cultures qui s'y développent, soient différents...
La compensation fait désormais partie intégrante du marché. Après la déforestation, certaines entreprises se sont spécialisées dans le reboisement, la revente du bois et de sa compensation carbone. Les autochtones sont bien sûr toujours exclus de ces zones au prétexte qu'ils ne savent pas les « gérer ».

Pour Jean-Baptiste Vidalou, la transition écologique est un autre écran de fumée. Il s'agit simplement d'une nouvelle « étape économique » basée sur de nouvelles ressources, « en aucun cas une quelconque alternative et encore moins une sortie du modèle actuel ». La transition écologique « n'est qu'une séquence de l'économie elle-même ».
« Nucléaire + pétrole + charbon + éolien + solaire + biomasse, voilà l'addition qu'il faudra un jour payer. Il n'y a pas de transition énergétique, il n'y a qu'une même logique qui partout ordonne : extraire, extraire, extraire. »

Face à cet extractivisme mortifère, qui ne remet pas en question la consommation ou les modes de vie capitalistes pourtant intenables pour la planète et ceux qui l'habitent, quelles voix s'élèvent ? Pour Jean-Bapstiste Vidalou, celle des écologistes politiques n'est pas cohérente : « c'est le piège sordide du discours écologiste de s'indigner de la déforestation des forêts tropicales ou de l'extraction des gaz de schiste tout en prêchant partout la transition énergétique ». « Ces gens-là concluront par quelque décision pour « sauver l'environnement » alors qu'il s'agit toujours et avant tout de sauver l'économie. »

« Partout, des luttes sont menées... »

Alors ? La résistance viendra d'ailleurs. De groupes d'individus qui se réapproprient des territoires, en inventant leurs propres formes d'y habiter et de le défendre. En France, on pense aux zadistes de Notre-Dame-des-Landes bien sûr, mais aussi bien avant eux, aux Camisards. « Partout des luttes sont menées qui résonnent de cette même idée : la forêt n'est pas un gisement de biomasse, une zone d'aménagement différé, une réserve de biosphère, un puits de carbone, la forêt c'est un peuple qui s'insurge, c'est une défense qui s'organise, ce sont des imaginaires qui s'intensifient », écrit Jean-Baptiste Vidalou.

Chaque territoire peut ainsi inventer un « art de ne pas être gouverné ». Evidemment, les pouvoirs économiques et politiques ne se laisseront pas faire et chercheront à « neutraliser » les luttes. Mais ils peineront. Car « être forêts » ne se limite pas à agir sur un espace limité mais, comme les racines des arbres s'étendent bien au-delà de l'imagination, à créer un rapport singulier au reste du monde. En cela, la forêt « déborde ».
Citant Deleuze, lui-même inspiré par Spinoza (4), Jean-Baptiste Vidalou écrit : « La question qu'il convient de poser à la forêt comme à nous-mêmes, est celle-ci : jusqu'où es-tu capable d'aller ? Jusqu'où porteras-tu tes nouvelles pousses ? Jusqu'où te propageras-tu ? Non pas comme la question d'une limite géographique ou identitaire, mais comme celle d'une puissance qui grandit. »

Fanny Lancelin

(1) Etre forêts – Habiter des territoires en lutte, Jean-Baptiste Vidalou, éditions La Découverte, label « Zones », 2017.
Pour acquérir l'ouvrage : www.editions-zones.org
(2) Dictionnaire Larousse.
(3) Dictionnaire Larousse.
(4) Gilles Deleuze, philosophe français (1925-1995) ; Baruch Spinoza, philosophe hollandais (1632-1677).

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# 19 La forêt se propage Tue, 21 Mar 2017 13:37:42 +0100
Un mouvement pour une autre gestion de la forêt http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/467-un-mouvementpouruneautregestiondelaforet http://www.rebonds.net/quandlaforetdebordeetsepropage/467-un-mouvementpouruneautregestiondelaforet « Eloigne-toi de ceux qui ont des certitudes, rapproche-toi de ceux qui doutent. »

Cyril Gilet, forestier à l'ONF

Il faudrait que les forestiers se rappellent du jour où, enfants, ils ont décidé de devenir forestiers. De ce que voulait dire alors pour eux « être en forêt » ». Les mots de Cyril Gilet pourraient s'appliquer à chacun et chacune d'entre nous, qui avons ou avons eu la chance de vivre en campagne, proches des arbres. Il faudrait se souvenir de ce que, enfant, signifiait alors pour nous « être en forêt ».

ONF UNE

Mes premières images remontent à l'âge de 5 ou 6 ans. Il pleut. Non, il bruine. Je crois que j'ai chaussé des bottes. Ma mère est courbée en deux, son panier d'osier près d'elle : elle ramasse des châtaignes. Derrière elle, quelques mètres plus loin, mes sœurs et mon père cherchent aussi les précieux fruits. Nous avons le coeur joyeux : de retour à la maison, ils seront grillés dans « le diable », cette céramique qui ressemble à deux casseroles posées l'une sur l'autre. Mon père en fera bouillir quelques-uns dans du lait, comme lorsqu'il était lui-même enfant...
Je lève les yeux vers le ciel. Les arbres sont hauts, ils bruissent, ils sont beaux. Il fait froid mais on ne sent pas le froid. Ils nous abritent. L'odeur des feuilles mouillées est partout.

Etre en forêt pour moi, c'est avant tout cela : des sentiments et des sensations. J'ai eu peur, une fois, en pressentant la proximité d'un sanglier. J'ai ressenti des frissons de bonheur, une autre fois, en rencontrant sur un chemin un faon qui ne s'enfuit pas. J'ai tremblé, souvent, en entendant craquer les branches durant les tempêtes d'hiver en Bretagne. J'ai arpenté les sentiers à la recherche de réponses à mes questions, j'ai apaisé mes peines et mes angoisses en y marchant. J'ai connu bien des forêts au cours de mes déplacements et de mes nombreux déménagements ; elles sont comme mes racines.
Pas de sacralisation : la maison de mon enfance était faite de bois et je me chauffe grâce à un poêle. J'y glane. Mais j'aime la forêt et la respecte.

Alors, lorsque j'ai reçu l'appel à participer à la Marche pour la Forêt, je n'ai pas hésité. Comme moi, 2.000 citoyen.nes ont rejoint les parcours proposés par des personnels de l'ONF (Office National des Forêts) à l'origine de cette manifestation originale. Leur objectif : dénoncer la gestion de la forêt française publique imposée par l’État, qui met en danger ce bien commun naturel, les êtres vivants qui y travaillent et l'habitent.
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« Une usine à bois, ce n'est pas une forêt »

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Jeudi 18 octobre – 9 h 30 – Cosne-sur-Loire

Devant la mairie, une table a été dressée : café, thé, biscuits… Cyril Gilet accueille les participants à l'étape du jour. Il fait partie des personnels de l'ONF organisés en intersyndicale qui coordonnent la Marche pour la Forêt. Marche à cosne
Ce matin-là, dans le brouillard, une vingtaine d'habitants de Cosne et des villages alentour, côté Nièvre et côté Cher, partent en direction de Pouilly-sur-Loire. Le parcours débute en longeant la Loire, entre en forêt, traverse parfois des routes avant de reprendre sous les arbres. Le rythme est d'abord soutenu puis, sur les conseils de Cyril Gilet, ralentit : il ne s'agit pas d'une randonnée mais bien de prendre le temps d'observer ce qui nous entoure et de discuter sur ce qui nous rassemble.

Alors, pourquoi avoir organisé cette marche ? « Pour sensibiliser l'ensemble des citoyens aux problèmes de la forêt publique, donc de ce qui est à eux, répond Cyril Gilet. Nous dénonçons l'industrialisation de la forêt, c'est-à-dire qu'on ne la gère plus en fonction des besoins de la population, mais des besoins de l'industrie. Or, une usine à bois, ce n'est pas une forêt. » Le fait n'est pas nouveau, mais pour des questions d'économie, l’État augmente encore la cadence des coupes de bois, en même temps qu'il réduit le nombre de fonctionnaires à l'ONF : en trente ans, quatre emplois sur dix ont été supprimés. Le recours aux contrats privés se systématise. Les personnels de l'ONF accusent leurs ministères de tutelle, ceux de l'Agriculture et de la Transition écologique, de mettre la forêt « au seul service des lobbys financiers ».

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Mettre le débat entre les mains des citoyens

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Conséquences ? Des essences d'arbres choisis avant tout pour leur rentabilité mais qui appauvrissent les sols. Moins nombreux, des personnels de l'ONF qui doivent travailler sur des surfaces de plus en plus étendues. Des bûcherons qui ne réalisent plus que les travaux à forte valeur ajoutée, quand le reste est laissé aux entreprises privées. Des maisons forestières vendues, coupant le « garde forestier » du public. Des tensions, des départs. Des suicides : une cinquantaine en quinze ans. marche cosne 2
Les forestiers essaient bien, depuis des années, d'alerter leurs ministères. Mais à leur cri de détresse, répond un silence assourdissant. C'est pourquoi, ils ont décidé de mettre le débat entre les mains des citoyens et d'organiser cette marche.

Quatre parcours ont été proposés depuis Strasbourg (départ le lundi 17 septembre), Perpignan (le 18 septembre), Mulhouse (le 26 septembre) et Valence (le 2 octobre) qui se sont retrouvés le mercredi 24 octobre à Saint-Bonney Tronçais dans le Centre. Côté Cher, elle est passée du côté d'Apremont-sur-Allier et d'Augy-sur-Aubois.
A chaque étape, les participants pouvaient être logés chez l'habitant. Des repas communs ont été organisés, ainsi que des projections de films (1), des conférences, des lectures paysagères, des concerts champêtres, des présentations de livres, des bals, des soirées contes, des animations pour les enfants… Tout pour favoriser les rencontres, la convivialité et donc, le débat.

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Une nouvelle façon de manifester

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Cyril Gilet avait en charge la partie Nièvre de la marche. Lui est arrivé à l'ONF en 1996. Il avait demandé sa mutation en Bourgogne pour se rapprocher de sa région natale, le sud, mais il est finalement tombé amoureux de la forêt des Bertranges. Sa femme l'a rejoint, ses filles y sont nées. Il y travaille depuis vingt-deux ans. « C'était un rêve de gosse », me dit-il, comme tous ses collègues que j'ai pu interroger.
Son statut ? « Technicien opérationnel. On nous a changé plusieurs fois de noms. Ça en dit long. J'aime bien m'attacher aux mots. Je préfèrais « garde forestier », parce que garder la forêt, c'est intéressant symboliquement. »

Parmi la vingtaine de personnes qui participent ce jour-là, des hommes, des femmes, un chien, de tous âges. Mais, finalement, les personnels ne prêchent-ils pas seulement des convaincus ? « J'ai le sentiment d'avoir touché différents publics, répond Cyril Gilet. Hier, quelqu'un est venu juste pour randonner. Finalement, le soir, il est revenu au débat… La plupart des participants ont une sensibilité écologique, mais ce n'est pas pour ça qu'ils savent tout ou qu'ils ne racontent pas n'importe quoi ! »
La forme de la manifestation lui a permis « de prendre vraiment le temps de développer le discours », auprès du public mais aussi des médias locaux et régionaux. « En cela, nous sommes contents. L'ONF n'a jamais eu autant de visibilité. »

Pour Philippe Canal, autre forestier coordinateur de la marche, le succès a tenu aussi à l'originalité de l'événement. « En tant que syndicaliste, j'entends beaucoup : « La manif', on en a marre ». Les gens ont de plus en plus envie de collectif, mais au-delà du fait d'être nombreux à défiler, sans se connaître. Surtout les jeunes : ils veulent faire bouger les choses, mais d'une autre manière. II faut donc prendre des risques dans les formes de manifestations. La marche, c'est une action qui fonctionne et qui a de la gueule. Et elle a amené un vrai débat avec le public, ouvert à tous. »

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Forestier : une fonction polyvalente

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Vendredi 9 novembre – 9 h 30 – Forêt de Vierzon

Pour bien comprendre ce qui inquiète les personnels de l'ONF, il faut bien comprendre leur métier. Et entrer, avec eux, en forêt. Jérôme Martinat a accepté d'être accompagné sur son secteur de Vouzeron et de Vierzon, forêts domaniales, c'est-à-dire appartenant à l’État. Au total, il gère 1.700 hectares (2).onf 10

Son parcours est classique : formé aux travaux forestiers, puis à la gestion et à la production, il a passé le concours de l'ONF et y est entré en 1997. Originaire d'Issoudun, il a d'abord travaillé en Meurthe-et-Moselle, avant d'arriver en 2011 dans le Cher. Sa conjointe est également personnel de l'ONF. Sa fonction est polyvalente : il désigne les arbres qui doivent être coupés, ce qui suppose visites de parcelles, mise en peinture, décloisement, déclarations administratives… ; il organise et supervise les travaux d'aménagement, de plantation, de coupes ; il remplit une mission de gestion de la chasse et de la pêche ; assermenté, il exerce son pouvoir de police en cas d'intrusions de véhicules, de pollution, de rave-party ou de prostitution... ; il accueille le public, comme les marcheurs, par exemple.

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S'adapter face au réchauffement climatique

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Il m'emmène sur une parcelle où des travaux sont en cours. Un tractopelle s'active. La vision est impressionnante : l'endroit n'a plus rien d'une forêt mais ressemble plutôt à un champ désolé d'où jailliraient, comme miraculeusement sauvés du désastre, quelques malheureux arbres.
Pourtant, Jérôme Martinat m'assure que la parcelle s'apprête à vivre une régénération. Il explique : « Toutes les forêts ont un document qui fixe les objectifs sur vingt ans, c'est l'Aménagement forestier. Il contient une carte avec le classement des parcelles : amélioration, régénération ou hors sylviculture. En amélioration, au moment du martelage, on va laisser les plus beaux arbres et enlever les plus abîmés. En régénération, on récolte les gros bois pour les vendre et on en replante de plus petits. Soit en semis naturels si c'est possible, soit en semis artificiels. » Les parcelles hors sylviculture restent naturelles.

Problème : à cause du réchauffement climatique et des sécheresses répétées, le chêne pédonculé a dépéri. « On a coupé avant de perdre le bois. Par la force des choses, on a prélevé des parcelles entières, ce qui a causé de grandes trouées comme celles-ci. » Parfois sur une surface de 300 hectares…ONF 1
La nature ayant horreur du vide, une plante autochtone invasive, la molinie, s'est empressée de couvrir ces trouées. « Avec la molinie, il est impossible de régénérer naturellement. On va devoir le faire de manière automatisée. »
Et planter du pin maritime. Pas franchement autochtone, lui. Jérôme Martinat justifie ce choix par un sol hydromorphe : « Planter un chêne où il n'arrivera pas à se développer, ça ne sert à rien. Il faut s'adapter. »
Comment se débrouillaient les chênes précédents ? « A l'époque, le temps respectait les saisons. C'est très différent aujourd'hui, plus compliqué. »

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« Ils tuent le métier de forestier »

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Depuis ses débuts, son travail a évolué. Il a commencé sur 750 hectares, il en gère aujourd'hui plus du double. « Je faisais 90 % de terrain et 10 % de bureau ; maintenant, plutôt 70 % de terrain et 30 % de bureau », déplore-t-il. « Ils sont en train de tuer le métier de forestier. Faire la forêt avec les livres, ce n'est pas possible. Il faut mettre les bottes et entrer dans les parcelles. » Ils ? « Là-haut, à Paris. Eux, ils ont les bottes qui brillent ! A l'ONF, il y a une déconnexion entre la hiérarchie et la base. »ONF 7

Pour justifier l'augmentation des coupes, l’État évoque régulièrement le déficit de l'ONF. « On équilibre notre budget à 80 % et on touche seulement 20 % de subventions. Ce n'est pas si mal pour un établissement qui est public tout de même ! (3) Et s'il faut trouver d'autres ressources, alors il faut reconnaître la valeur ajoutée qu'apporte l'ONF : par exemple, les zones forestières permettent une bonne gestion de l'eau, qui est ensuite revendue… Idem pour la mission d'éducation. On est un établissement public, il faut que l’État assume. » (4)
Syndiqué, Jérôme Martinat a participé à la Marche pour la Forêt. S'il se réjouit de la mobilisation, il reste sceptique quant à la pression qu'elle pourrait exercer sur la « hiérarchie ». « C'est difficile de rester optimistes, on verra... »

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Que peuvent faire les citoyens ?

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Jeudi 25 octobre – 14 heures – Saint-Bonnet-Tronçais

Quelques jours plus tôt, au terme de la Marche pour la Forêt, 1.500 personnes voulaient y croire. Elles avaient participé à l'un des parcours et s'étaient réunies pour le final, dans un champ, en lisière de la forêt de Tronçais. Beaucoup portaient pantalons et pulls aux couleurs de l'ONF.
Sous un barnum, les interventions se sont succédé. ONF 13Le thème de l'après-midi : que peuvent faire les citoyens pour défendre la forêt ? S'informer, se mobiliser, se réapproprier les communs, demander des comptes à leurs élus, organiser la lutte sur les territoires agricoles et forestiers…
Des zadistes de Notre-Dame-des-Landes, des Cévenols, des Longo-Maï étaient là. Des membres d'Organisations Non Gouvernementales aussi, qui ne s'étaient jamais mobilisées ainsi aux côtés des personnels de l'ONF. De « simples » citoyens, présents dans l'assistance, ont pris conscience qu'une mauvaise gestion de la filière bois pouvait nuire à la forêt, eux qui croyaient cette énergie définitivement écologique. Des propriétaires de forêts privées qui vendaient autrefois aux banques et aux assurances, cherchaient des solutions alternatives…

Elles existent, en témoignent les associations présentes. Sur scène, parmi les intervenants, Régis Lindeperg, président de l’Adret Morvan (Association pour le Développement dans le Respect de l’Environnement et du Territoire), membre du collectif SOS Forêt.

Nous l'avions rencontré sur la Marche pour la Forêt, à La Charité-sur-Loire. Il n'est pas « professionnel du bois » mais s'est engagé lorsqu'il a « découvert l’industrialisation de la forêt ». « L’Adret Morvan a été créée en 2012 par un collectif d’habitants inquiets par le projet de cogénérateur et scierie porté par les élus locaux et ERSCIA, raconte-t-il. Cela signifiait la déforestation du territoire suivie d’un accroissement de plantations de résineux en monoculture. L’association a participé activement à la lutte contre l’incinérateur de Sardy-les-Epiry, et à la création de la ZAD du bois du Tronçais, sur le site de l’implantation de la zone industrielle. »
Il ne remet pas en cause l’exploitation forestière dans son ensemble « qui est un facteur économique important », mais les méthodes de gestion. « C’est la volonté de l’Etat et des acteurs de la filière d’industrialiser la forêt comme cela a été fait pour l’agriculture : on épuise les sols, on met de l’engrais… Les arbres sont coupés jeunes, à 30 ou 40 ans, alors que la norme était de 60 ou 70 ans. Trop jeune, un arbre n’a pas eu le temps de restituer au sol ce qu’il lui a pris. Oui, la forêt se développe, en surface, mais la forêt industrielle. La surface a doublé en un siècle. »

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Un espoir d'évolution des pratiques

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Il préconise donc une méthode alternative, « celle proposée par Pro Silva France, une association de forestiers réunis pour promouvoir la gestion des forêts par une sylviculture irrégulière. Ce que l’on appelle la futaie jardinée est un type de futaie irrégulière composée d’un mélange d'arbres de toutes dimensions, de feuillus et de résineux. Sa gestion consiste essentiellement à prélever périodiquement l'accroissement de manière à conserver un volume de bois sur pied constant et à conserver une structure d'âge équilibrée. Cette approche particulière est basée sur des processus naturels des écosystèmes forestiers. Elle permet d'obtenir des produits de qualité, elle est économiquement viable et garantit une forêt multifonctionnelle. »tronçais 3
Régis Lindeperg est aussi membre du RAF, le Réseau pour les Alternatives Forestières (lire ci-dessous) qui rassemble citoyens et forestiers autour de solutions innovantes. L'espoir de voir les pratiques évoluer est donc bien réel.

A Saint-Bonnet-Tronçais, la journée s'est terminée par la signature d'un manifeste (5). Il réaffirme que « la forêt n’est pas un objet de spéculation financière de court terme » mais un « rempart de nos enfants face à une crise écologique et climatique qui s’emballe ». « C’est l’eau potable, la biodiversité et la résilience, l’épuration de l’air, le stockage d’une partie du carbone en excès dans l’atmosphère et la possibilité d’en stocker dans le bois matériau. C’est aussi notre lieu de connexion avec la Nature. Renoncer à tous ces bienfaits serait pure folie », ont écrit les signataires, syndicalistes de l'ONF mais aussi associations et ONG. Ils ont demandé la « convocation d'un grand débat public ». Ils ont promis de « se rencontrer régulièrement pour débattre des orientations cruciales de la politique forestière, élargir et amplifier la dynamique enclenchée ». Pour que la forêt soit enfin entendue.

Fanny Lancelin

avec la collaboration de Nicolas Billy et de Ludovic Bourgeois

(1) Le film « Le Temps des Forêts », réalisé par François-Xavier Drouet a été projeté lors de nombreuses étapes. Il est toujours à l'écran. (Lire aussi la rubrique (Ré)créations)
(2) L'ONF gère 25 % de la forêt française en métropole et outre-mer, soit environ 12 millions d'hectares appartenant à l’État et aux collectivités. Le reste, soit environ 36 millions d'hectares, relève de la propriété privée.
(3) L'ONF est un établissement public à caractère industriel et commercial.
(4) En 2007, le total des produits s'élevait à 847,3 millions d'euros et les charges à 855,5 millions d'euros, soit un déficit de 8,2 millions d'euros (source : ONF).
(5) Retrouvez le Manifeste de Tronçais sur le site de la Marche de la Forêt : https://marche-pour-la-foret.webnode.fr/_files/200002879-3f02e3ffbb/Manifeste%20de%20Tron%C3%A7ais-0.pdf

 

Plus

  • Des alternatives existent. La gestion des forêts telle que l’État la conçoit n'est pas universelle. D'autres savoir-faire existent, comme l'affirment les membres du RAF, Réseau pour les Alternatives Forestières, présents durant la Marche pour la Forêt.
    Le RAF a été créé en 2008 au sein de l'association d'éducation populaire RELIER, puis s'est lui-même constitué en association en 2013. Son conseil d'administration, comme ses adhérents, viennent de milieux très variés : ils sont propriétaires forestiers, bûcherons, scieurs ou artisans du bois, mais aussi éleveurs, naturalistes ou « simplement » citoyens passionnés de forêts.
    Leur but : organiser des actions pour montrer qu'une autre filière forestière est possible, plus « douce », plus respectueuse.
    C'est pourquoi, le RAF propose des formations : l'une de quatre mois au centre de formation pour adultes de Digne-Carmejane (04) pour un brevet professionnel d'éco-gestionnaire forestier récoltant ; l'autre de quatre jours à destination des forestiers amateurs pour découvrir l'écologie forestière et la « gestion douce » des bois.
    Le RAF soutient des micro-filières locales, en accompagnant des citoyens et forestiers qui portent des collectifs pour développer la filière du bois-bûche.
    Il informe le grand public en participant à des conférences, des soirées-débats, des ateliers… et en éditant livre et DVD, comme « Vivre avec la forêt et le bois », un ensemble de portraits de forestiers qui ont « la volonté d'accorder leurs actes à leurs valeurs ».
    Plus de renseignements sur http://alternativesforestieres.org/
  • Plan régional de la forêt et du bois Bourgogne Franche-Comté. Vous souhaitez faire connaître votre vision de la forêt à l'Etat ? Le plan régional de la forêt et du bois Bourgogne Franche-Comté est l'occasion pour les habitants de prendre connaissance des projets et d'exprimer leur opinion. Une grande enquête publique vient en effet d'être lancée. Les contributions sont recueillies sur ce site : http://draaf.bourgogne-franche-comte.agriculture.gouv.fr/Contrat-regional-Foret-Bois. Parallèlement, les personnels de l'ONF engagés dans la Marche pour la Forêt lancent une cyberaction, afin d'encourager un maximum de personnes à participer :  https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/enfranceaussilesforetssontsurexploi-2637.html. Enfin, les collectifs SOS Forêt Bourgogne et SOS Forêt France ont constitué un document au sujet de ce plan qui est consultable sur le site : https://yonnelautre.fr/spip.php?article13537&lang=fr
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# 19 La forêt se propage Tue, 21 Mar 2017 12:54:42 +0100