# 27 Un arc-en-ciel de luttes (juillet 2019) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/27unarcencieldeluttes 2023-05-11T19:21:56+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management L'homosexualité dans le Droit français 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/27unarcencieldeluttes/523-lhomosexualitedansledroitfrancais Super User <p><strong>Admises, punies comme un crime, considérées comme une maladie, dépénalisées… Les relations entre personnes de même genre ont connu différents statuts dans le Droit français. Retour succinct sur cette partie souvent méconnue de notre Histoire, du bûcher au Mariage pour Tous et, bientôt peut-être, la PMA...<br /></strong></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Durant l'Antiquité<br /></strong></span></p> <p>Le monde romain reconnaît les relations entre les hommes, mais elles sont codifiées. Elles sont par exemple admises dans un cadre militaire ou pédagogique, initiatique.<br />Il serait anachronique de parler d'homosexualité à cette époque, les relations sexuelles n'étant pas envisagées selon des critères d'orientation ou d'identité, mais selon des critères sociaux.<br />L'homme est considéré comme viril s'il est actif, peu importe le genre de ses partenaires.</p> <p>Certains écrits d'auteurs grecs témoigneraient d'une certaine liberté sexuelle accordée également aux hommes chez les Celtes et les Gaulois.</p> <p>Les lesbiennes sont invisibilisées.<em><a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/plaque-jean-diot-bruno-lenoir.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="La plaque commémorative de la dernière exécution pour homosexualité." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/plaque-jean-diot-bruno-lenoir.jpg" alt="plaque jean diot bruno lenoir" width="547" height="338" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></em></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Au IVe siècle</strong></span></p> <p>L'arrivée de la religion catholique change la donne&nbsp;: l'Ancien Testament est hostile aux pratiques homosexuelles&nbsp;; le plaisir n'est admis que s'il a pour but la procréation.<br />En 390, l'empereur catholique romain Théodose 1er impose la condamnation au bûcher des sodomites. Il se base sur l'épisode biblique de la destruction par le feu de Sodome et Gomorrhe.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Au XVIIIe siècle<br /></strong></span></p> <p>Les Lumières prétendent combattre tous les arbitraires mais, hormis le Marquis de Sade, Denis Diderot et Jeremy Bentham, ils sont en réalité peu à renoncer à leurs préjugés vis-à-vis de l'homosexualité.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1750</span></strong></p> <p>Le 6 juillet, Jean Diot et Bruno Lenoir, arrêtés rue Montorgueil à Paris, sont les derniers mis à mort en France pour crime d'homosexualité (250 ans plus tard, le Conseil de Paris installera une plaque en leur hommage).<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1791</span></strong></p> <p>Le Code pénal, adopté par l'Assemblée nationale législative, exclut le crime de sodomie et accepte, en théorie, les rapports homosexuels librement consentis. Mais dans les faits, les articles 330 à 334 permettent la répression au titre de l'attentat public à la pudeur, par exemple.<br />Parallèlement, l'homosexualité est pathologisée, psychiatrisée.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Monarchie de Juillet</span></strong></p> <p>Mise en place du «&nbsp;registre des pédérastes&nbsp;», un système de fichage écrit des homosexuels identifiés ou supposés, des prostitués homosexuels et travestis. Les contrôles des personnes et des lieux de réunion étaient assurés par une police administrative.<br />(Il restera légal jusqu'en 1982 <span style="font-size: 8pt;">(1</span>).)<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/conférence.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Arnaud Boulligny présentant ses recherches sur les homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/conférence.JPG" alt="conférence" width="537" height="404" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Pendant la Seconde Guerre mondiale</span></strong></p> <p>Situations très différentes selon les territoires&nbsp;: libre, occupé, Nord-Pas-de-Calais (dépendant de la Belgique), Alsace-Lorraine (dépendant du Reich).<br />En zone libre, on a recours à l'internement administratif, notamment dans des «&nbsp;centres de séjour surveillés&nbsp;», véritables prisons.<br />Sous le gouvernement de Vichy, le Code pénal est modifié par la loi du 6 août 1942 qui vise surtout les relations avec les mineurs. Les accusés risquent de 6 mois à 3 ans d'emprisonnement et une amende de 200 à 60.000 francs.<br />Dans les territoires qui dépendent de l'Allemagne, s'applique l'article 175 renforcé par les Nazis en 1935. Du délit, on passe au crime dans certaines conditions. Les peines de forteresse peuvent aller jusqu'à dix ans.</p> <p>Au total, dans l'état actuel des recherches, 550 ressortissants français ont été inquiétés durant cette période, selon des formes variées, en raison de pratiques homosexuelles&nbsp;: 200 dans la France occupée, 350 en Alsace-Lorraine. Trente ont été déportés précisément pour ces raisons (d'autres le seront pour des raisons politiques, par exemple), vingt-sept ont trouvé la mort durant ou des suites de leur détention <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1960</span></strong></p> <p>Le député gaulliste Paul Mirguet propose un amendement à l'article 38 du Code pénal visant à classer l'homosexualité dans la liste des «&nbsp;fléaux sociaux&nbsp;» au même titre que l'alcoolisme, la tuberculose, la toxicomanie, le proxénétisme et la prostitution pour lesquels le gouvernement est autorisé à légiférer directement par ordonnance. La proposition est votée par l'Assemblée nationale.<br />La même année, l'ordonnance du 25 novembre prévoit un doublement des peines encourues pour outrage public à la pudeur <em>«&nbsp;lorsqu'il consistera à un acte contre nature avec un individu de même sexe&nbsp;».</em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1968</span></strong></p> <p>La France adopte la classification de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui juge l'homosexualité et la transexualité comme des maladies mentales.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1981</span></strong></p> <p>La France retire l'homosexualité de la liste des maladies mentales et stoppe « le registre des pédérastes&nbsp;» tenu par la Préfecture de Police.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/1982-Homophonie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="En 1982, l'homosexualité est dépénalisée." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/1982-Homophonie.jpg" alt="1982 Homophonie" width="370" height="477" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1982</span></strong></p> <p>Le 4 août, suppression de toute pénalisation visant l'homosexualité, impliquant des personnes de plus de 15 ans (âge de la majorité sexuelle).<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1995</span></strong></p> <p>Le 15 septembre, adoption par le Parlement du PACS, PActe Civil de Solidarité, pour les homosexuels mais aussi les hétérosexuels.<br />Le PACS légalise les couples non mariés en leur accordant des droits sociaux, fiscaux et successoraux.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2000</span></strong></p> <p>Les associations de lutte contre l'homophobie sont autorisées à se constituer partie civile quand les crimes sont commis <em>«&nbsp;à raison de l'orientation sexuelle de la victime&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2001</span></strong></p> <p>Le Tribunal de Grande Instance de Paris accepte l'adoption par une femme homosexuelle des enfants de sa compagne.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2003</span></strong></p> <p>Les crimes homophobes relèvent de la même peine que les crimes racistes. Selon l'article 132-77 du Code pénal,<em> «&nbsp;les peines encourues pour un crime ou un délit sont aggravées lorsque l'infraction est commise en raison de l'orientation sexuelle de la victime&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2004</span></strong></p> <p>Noël Mamère, maire écologiste de Bègles, célèbre le premier mariage homosexuel (annulé par la justice en 2007).</p> <p>La loi réprime les propos homophobes au même titre que les propos antisémites ou racistes.</p> <p>Création de la HALDE, la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2008</span></strong></p> <p>Condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, pour avoir refusé l'adoption à une femme homosexuelle alors que le droit français l'autorise aux célibataires. La Cour Européenne des Droits de l'Homme juge la décision discriminatoire.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2012</span></strong></p> <p>Débats autour du «&nbsp;Mariage pour tous&nbsp;» et manifestations des anti mariages gays, menées notamment par des organisations telles que Civitas ou la Manif pour tous.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2013</span></strong></p> <p>Le 23 avril, la loi dite du Mariage pour tous est adoptée par le Parlement. La France devient le 14e pays au monde à autoriser le mariage homosexuel. Le premier a lieu à Montpellier, le 29 mai 2013.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/alliances-1619392_960_720.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Le Mariage pour Tous a été voté en 2013." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/alliances-1619392_960_720.jpg" alt="alliances 1619392 960 720" width="463" height="310" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2016</span></strong></p> <p>Les homosexuels peuvent à nouveau donner leur sang, ce qui leur était interdit depuis 1983 en raison du risque de transmission du sida. Mais les restrictions imposées sont décourageantes&nbsp;: par exemple, il faut que les donneurs s'engagent à ne pas avoir de rapports pendant un an…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Aujourd'hui</span></strong></p> <p>La prochaine bataille législative sera sans doute celle sur la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. Le candidat Emmanuel Macron, devenu président en 2017, avait inscrit cette mesure dans son programme de campagne…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Ailleurs dans le monde</span></strong></p> <p>En 2017, 72 pays sur les 194 reconnus internationalement criminalisaient encore les rapports homosexuels, principalement en Afrique et au Moyen-Orient mais pas seulement&nbsp;; 120 pays protégeaient ou donnaient une existence légale aux homosexuels et à leur famille&nbsp;; 22 pays avaient légalisé le mariage.<br />Plusieurs d'entre eux, dont la France, ont déjà formulé des résolutions en faveur d'une dépénalisation universelle de l'homosexualité auprès des Nations Unies.</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire l'entretien avec Bruno Fuligni, directeur de l'ouvrage collectif «&nbsp;Les secrets de la police&nbsp;» (éditions L'Iconoclaste) : <a href="http://yagg.com/2008/12/23/livres-avant-edvige-quand-la-police-parisienne-fichait-les-homos-dans-le-registre-des-pederastes/">http://yagg.com/2008/12/23/livres-avant-edvige-quand-la-police-parisienne-fichait-les-homos-dans-le-registre-des-pederastes/</a><br />(2) Résultats présentés par Arnaud Boulligny, chercheur à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation à Caen, le jeudi 4 juillet 2019 au Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher à Bourges, lors d'une conférence intitulée «&nbsp;La répression des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale en France&nbsp;».</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Les sources</h3> </div> <ul> <li>«&nbsp;Homosexualité&nbsp;: dix clés pour comprendre, vingt textes à découvrir&nbsp;» de Bruno Perreau (éditions EJL).</li> <li>«&nbsp;La lente avancée des droits homosexuels en France&nbsp;», article de Lise Verbecke sur France Culture (mis à jour le 29 mai 2019).</li> <li>«&nbsp;Les homosexuel.l.es en France&nbsp;: du bûcher aux camps de la mort, histoire et mémoire d'une répression&nbsp;» par Arnaud Boulligny (éditions Tyrésias-Michel Reynaud).</li> <li>«&nbsp;Une histoire des homosexualités&nbsp;», quatre épisodes de la Fabrique de l'Histoire présentée par Emmanuel Laurentin sur France Culture (<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/series/une-histoire-des-homosexualites">https://www.franceculture.fr/emissions/series/une-histoire-des-homosexualites</a>).<span style="font-size: 8pt;"></span></li> </ul> </div> <p><strong>Admises, punies comme un crime, considérées comme une maladie, dépénalisées… Les relations entre personnes de même genre ont connu différents statuts dans le Droit français. Retour succinct sur cette partie souvent méconnue de notre Histoire, du bûcher au Mariage pour Tous et, bientôt peut-être, la PMA...<br /></strong></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Durant l'Antiquité<br /></strong></span></p> <p>Le monde romain reconnaît les relations entre les hommes, mais elles sont codifiées. Elles sont par exemple admises dans un cadre militaire ou pédagogique, initiatique.<br />Il serait anachronique de parler d'homosexualité à cette époque, les relations sexuelles n'étant pas envisagées selon des critères d'orientation ou d'identité, mais selon des critères sociaux.<br />L'homme est considéré comme viril s'il est actif, peu importe le genre de ses partenaires.</p> <p>Certains écrits d'auteurs grecs témoigneraient d'une certaine liberté sexuelle accordée également aux hommes chez les Celtes et les Gaulois.</p> <p>Les lesbiennes sont invisibilisées.<em><a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/plaque-jean-diot-bruno-lenoir.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="La plaque commémorative de la dernière exécution pour homosexualité." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/plaque-jean-diot-bruno-lenoir.jpg" alt="plaque jean diot bruno lenoir" width="547" height="338" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></em></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Au IVe siècle</strong></span></p> <p>L'arrivée de la religion catholique change la donne&nbsp;: l'Ancien Testament est hostile aux pratiques homosexuelles&nbsp;; le plaisir n'est admis que s'il a pour but la procréation.<br />En 390, l'empereur catholique romain Théodose 1er impose la condamnation au bûcher des sodomites. Il se base sur l'épisode biblique de la destruction par le feu de Sodome et Gomorrhe.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Au XVIIIe siècle<br /></strong></span></p> <p>Les Lumières prétendent combattre tous les arbitraires mais, hormis le Marquis de Sade, Denis Diderot et Jeremy Bentham, ils sont en réalité peu à renoncer à leurs préjugés vis-à-vis de l'homosexualité.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1750</span></strong></p> <p>Le 6 juillet, Jean Diot et Bruno Lenoir, arrêtés rue Montorgueil à Paris, sont les derniers mis à mort en France pour crime d'homosexualité (250 ans plus tard, le Conseil de Paris installera une plaque en leur hommage).<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1791</span></strong></p> <p>Le Code pénal, adopté par l'Assemblée nationale législative, exclut le crime de sodomie et accepte, en théorie, les rapports homosexuels librement consentis. Mais dans les faits, les articles 330 à 334 permettent la répression au titre de l'attentat public à la pudeur, par exemple.<br />Parallèlement, l'homosexualité est pathologisée, psychiatrisée.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Monarchie de Juillet</span></strong></p> <p>Mise en place du «&nbsp;registre des pédérastes&nbsp;», un système de fichage écrit des homosexuels identifiés ou supposés, des prostitués homosexuels et travestis. Les contrôles des personnes et des lieux de réunion étaient assurés par une police administrative.<br />(Il restera légal jusqu'en 1982 <span style="font-size: 8pt;">(1</span>).)<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/conférence.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Arnaud Boulligny présentant ses recherches sur les homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/conférence.JPG" alt="conférence" width="537" height="404" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Pendant la Seconde Guerre mondiale</span></strong></p> <p>Situations très différentes selon les territoires&nbsp;: libre, occupé, Nord-Pas-de-Calais (dépendant de la Belgique), Alsace-Lorraine (dépendant du Reich).<br />En zone libre, on a recours à l'internement administratif, notamment dans des «&nbsp;centres de séjour surveillés&nbsp;», véritables prisons.<br />Sous le gouvernement de Vichy, le Code pénal est modifié par la loi du 6 août 1942 qui vise surtout les relations avec les mineurs. Les accusés risquent de 6 mois à 3 ans d'emprisonnement et une amende de 200 à 60.000 francs.<br />Dans les territoires qui dépendent de l'Allemagne, s'applique l'article 175 renforcé par les Nazis en 1935. Du délit, on passe au crime dans certaines conditions. Les peines de forteresse peuvent aller jusqu'à dix ans.</p> <p>Au total, dans l'état actuel des recherches, 550 ressortissants français ont été inquiétés durant cette période, selon des formes variées, en raison de pratiques homosexuelles&nbsp;: 200 dans la France occupée, 350 en Alsace-Lorraine. Trente ont été déportés précisément pour ces raisons (d'autres le seront pour des raisons politiques, par exemple), vingt-sept ont trouvé la mort durant ou des suites de leur détention <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1960</span></strong></p> <p>Le député gaulliste Paul Mirguet propose un amendement à l'article 38 du Code pénal visant à classer l'homosexualité dans la liste des «&nbsp;fléaux sociaux&nbsp;» au même titre que l'alcoolisme, la tuberculose, la toxicomanie, le proxénétisme et la prostitution pour lesquels le gouvernement est autorisé à légiférer directement par ordonnance. La proposition est votée par l'Assemblée nationale.<br />La même année, l'ordonnance du 25 novembre prévoit un doublement des peines encourues pour outrage public à la pudeur <em>«&nbsp;lorsqu'il consistera à un acte contre nature avec un individu de même sexe&nbsp;».</em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1968</span></strong></p> <p>La France adopte la classification de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui juge l'homosexualité et la transexualité comme des maladies mentales.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1981</span></strong></p> <p>La France retire l'homosexualité de la liste des maladies mentales et stoppe « le registre des pédérastes&nbsp;» tenu par la Préfecture de Police.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/1982-Homophonie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="En 1982, l'homosexualité est dépénalisée." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/1982-Homophonie.jpg" alt="1982 Homophonie" width="370" height="477" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1982</span></strong></p> <p>Le 4 août, suppression de toute pénalisation visant l'homosexualité, impliquant des personnes de plus de 15 ans (âge de la majorité sexuelle).<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">1995</span></strong></p> <p>Le 15 septembre, adoption par le Parlement du PACS, PActe Civil de Solidarité, pour les homosexuels mais aussi les hétérosexuels.<br />Le PACS légalise les couples non mariés en leur accordant des droits sociaux, fiscaux et successoraux.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2000</span></strong></p> <p>Les associations de lutte contre l'homophobie sont autorisées à se constituer partie civile quand les crimes sont commis <em>«&nbsp;à raison de l'orientation sexuelle de la victime&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2001</span></strong></p> <p>Le Tribunal de Grande Instance de Paris accepte l'adoption par une femme homosexuelle des enfants de sa compagne.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2003</span></strong></p> <p>Les crimes homophobes relèvent de la même peine que les crimes racistes. Selon l'article 132-77 du Code pénal,<em> «&nbsp;les peines encourues pour un crime ou un délit sont aggravées lorsque l'infraction est commise en raison de l'orientation sexuelle de la victime&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2004</span></strong></p> <p>Noël Mamère, maire écologiste de Bègles, célèbre le premier mariage homosexuel (annulé par la justice en 2007).</p> <p>La loi réprime les propos homophobes au même titre que les propos antisémites ou racistes.</p> <p>Création de la HALDE, la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Egalité.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2008</span></strong></p> <p>Condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, pour avoir refusé l'adoption à une femme homosexuelle alors que le droit français l'autorise aux célibataires. La Cour Européenne des Droits de l'Homme juge la décision discriminatoire.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2012</span></strong></p> <p>Débats autour du «&nbsp;Mariage pour tous&nbsp;» et manifestations des anti mariages gays, menées notamment par des organisations telles que Civitas ou la Manif pour tous.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2013</span></strong></p> <p>Le 23 avril, la loi dite du Mariage pour tous est adoptée par le Parlement. La France devient le 14e pays au monde à autoriser le mariage homosexuel. Le premier a lieu à Montpellier, le 29 mai 2013.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/alliances-1619392_960_720.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Le Mariage pour Tous a été voté en 2013." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/alliances-1619392_960_720.jpg" alt="alliances 1619392 960 720" width="463" height="310" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">2016</span></strong></p> <p>Les homosexuels peuvent à nouveau donner leur sang, ce qui leur était interdit depuis 1983 en raison du risque de transmission du sida. Mais les restrictions imposées sont décourageantes&nbsp;: par exemple, il faut que les donneurs s'engagent à ne pas avoir de rapports pendant un an…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Aujourd'hui</span></strong></p> <p>La prochaine bataille législative sera sans doute celle sur la PMA, la Procréation Médicalement Assistée. Le candidat Emmanuel Macron, devenu président en 2017, avait inscrit cette mesure dans son programme de campagne…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Ailleurs dans le monde</span></strong></p> <p>En 2017, 72 pays sur les 194 reconnus internationalement criminalisaient encore les rapports homosexuels, principalement en Afrique et au Moyen-Orient mais pas seulement&nbsp;; 120 pays protégeaient ou donnaient une existence légale aux homosexuels et à leur famille&nbsp;; 22 pays avaient légalisé le mariage.<br />Plusieurs d'entre eux, dont la France, ont déjà formulé des résolutions en faveur d'une dépénalisation universelle de l'homosexualité auprès des Nations Unies.</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire l'entretien avec Bruno Fuligni, directeur de l'ouvrage collectif «&nbsp;Les secrets de la police&nbsp;» (éditions L'Iconoclaste) : <a href="http://yagg.com/2008/12/23/livres-avant-edvige-quand-la-police-parisienne-fichait-les-homos-dans-le-registre-des-pederastes/">http://yagg.com/2008/12/23/livres-avant-edvige-quand-la-police-parisienne-fichait-les-homos-dans-le-registre-des-pederastes/</a><br />(2) Résultats présentés par Arnaud Boulligny, chercheur à la Fondation pour la Mémoire de la Déportation à Caen, le jeudi 4 juillet 2019 au Musée de la Résistance et de la Déportation du Cher à Bourges, lors d'une conférence intitulée «&nbsp;La répression des homosexuels pendant la Seconde Guerre mondiale en France&nbsp;».</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Les sources</h3> </div> <ul> <li>«&nbsp;Homosexualité&nbsp;: dix clés pour comprendre, vingt textes à découvrir&nbsp;» de Bruno Perreau (éditions EJL).</li> <li>«&nbsp;La lente avancée des droits homosexuels en France&nbsp;», article de Lise Verbecke sur France Culture (mis à jour le 29 mai 2019).</li> <li>«&nbsp;Les homosexuel.l.es en France&nbsp;: du bûcher aux camps de la mort, histoire et mémoire d'une répression&nbsp;» par Arnaud Boulligny (éditions Tyrésias-Michel Reynaud).</li> <li>«&nbsp;Une histoire des homosexualités&nbsp;», quatre épisodes de la Fabrique de l'Histoire présentée par Emmanuel Laurentin sur France Culture (<a href="https://www.franceculture.fr/emissions/series/une-histoire-des-homosexualites">https://www.franceculture.fr/emissions/series/une-histoire-des-homosexualites</a>).<span style="font-size: 8pt;"></span></li> </ul> </div> L'histoire des luttes LGBT+ en France 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/27unarcencieldeluttes/524-lhistoiredeslutteslgbt-enfrance Super User <p><strong>Les avancées en matière de droit et les changements de mentalités dans la société n'auraient pas été possibles sans l'action des associations et mouvements de défense des Lesbiennes, Gays, Bisexuel.les et Transgenres (LGBT). Comment se sont-ils constitués&nbsp;? Quelles étaient leurs motivations, leurs revendications, leurs modes d'action&nbsp;? Quels défis doivent-ils relever aujourd'hui&nbsp;?<br /></strong></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Arcadie</strong></span></p> <p>Il est considéré comme le premier mouvement LGBT<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> en France&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/arcadie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/arcadie.jpg" alt="arcadie" width="240" height="371" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Arcadie a été fondé en 1953 par André Baudry <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>, ancien séminariste et professeur de philosophie.&nbsp; En 1954, il crée la revue du même nom qui, malgré les pressions et les condamnations, ne cessera jamais de paraître jusqu'en 1982. Parmi les plumes de la revue&nbsp;: Roger Peyrefitte, Jacques de Ricaumont et André du Dognon&nbsp;; Jean Cocteau offrit le dessin de la première Une, marquée du mot «&nbsp;Liberté&nbsp;».<em></em></p> <p>André Baudry ne faisait pas l'unanimité. Il prônait une intégration discrète et respectable des homosexuels dans la société, et acceptait mal les attitudes transgressives. Il préférait le terme «&nbsp;homophilie&nbsp;» à celui d'homosexualité. <br />A la fin des années 1960, il n'encouragea pas les mouvements sociaux plus radicaux tels que le FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire). Certaines femmes dénoncèrent la sous-représentativité des lesbiennes dans Arcadie et se tournèrent vers le MLF (Mouvement de Libération des Femmes).</p> <p>Condamné plusieurs fois pour «&nbsp;outrage aux bonnes mœurs&nbsp;», il s'afficha publiquement à une époque où l'homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale et un «&nbsp;fléau de la société&nbsp;». En 1973 par exemple, il participa à la première émission grand public sur l'homosexualité à la télévision. En cela, il est reconnu comme ayant fait avancer la cause.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Le combat révolutionnaire<br /></strong></span></p> <p>Trois ans après Mai 68, naît le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR) à l'initiative notamment de lesbiennes féministes. Son objectif est double&nbsp;: proposer une révolution sociale aux homosexuels et une révolution sexuelle aux travailleurs.<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span><br />Le fonctionnement du mouvement est anti-autoritaire&nbsp;: pas de responsable ni de porte-parole, ni d'instance de décision. Des groupes de travail et de discussions s'installent dans les quartiers de Paris, des réunions sont régulièrement organisées à l'école des Beaux-Arts.</p> <p>Guy Hocquenghem<span style="font-size: 8pt;"> (4)</span> est une figure emblématique du mouvement&nbsp;: écrivain, il collabore à la revue «&nbsp;Tout&nbsp;!&nbsp;» de Jean-Paul Sartre et convainc l'équipe de publier une série de textes dans le douzième numéro intitulé «&nbsp;La libre disposition de notre corps&nbsp;». <em>«&nbsp;La révolution totale, ce n’est pas seulement séquestrer un patron qui vous fait chier&nbsp;: c’est accepter le bouleversement des mœurs, sans restriction&nbsp;»</em>, écrit-il.</p> <p>Le 1er mai 1971, le FHAR participe au défilé aux côtés des ouvriers, certains de ses membres en travestis. Sur des banderoles, on peut lire «&nbsp;A bas la dictature des normaux&nbsp;!&nbsp;». Mais l'accueil des partis de gauche, y compris des partis dits révolutionnaires, est froid. <em>«&nbsp;Nous n’avons aucune hostilité de principe contre la lutte que mènent les homosexuels contre l’ostracisme dont les entoure la société bourgeoise, nous n’en trouvons que plus lamentables les grotesques exhibitions du FHAR, lors des dernières manifestations&nbsp;(…).&nbsp;En se comportant comme des «&nbsp;grandes folles&nbsp;», les homosexuels du FHAR révèlent à quel point ils sont victimes de l’oppression sexuelle bourgeoise&nbsp;»</em>,&nbsp;explique la Ligue Communiste Révolutionnaire dans son périodique&nbsp;«&nbsp;Rouge&nbsp;» en mai&nbsp;1972 <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />Au Parti Communiste Français, le futur candidat aux élections présidentielles Jacques Duclos conseille à un militant venu l'interroger sur la position du parti d'aller se faire soigner… Pour Lutte Ouvrière, les revendications du FHAR relèvent de <em>«&nbsp;l'individualisme petit-bourgeois&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Quant au Parti socialiste, il considère que la question de l'orientation sexuelle doit rester dans la sphère intime et ne doit pas entrer dans la sphère politique.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fhar.jpeg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fhar.jpeg" alt="fhar" width="298" height="378" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Les dissensions existent aussi à l'intérieur même du mouvement&nbsp;: les lesbiennes des Gouines Rouges dénoncent la misogynie des homosexuels hommes et font scission&nbsp;; les Gazolines grimées en «&nbsp;folles » accentuent leurs actions de provocation&nbsp;; Guy Hocquenghem appelle au retour à un militantisme politique plus traditionnel… Certains groupes se rapprochent de l'extrême gauche, d'autres des situationnistes… En 1974, le FHAR disparaît en tant que tel. Mais il a essaimé, y compris en province.</p> <p>C'est ainsi que se crée le Groupe de Libération Homosexuelle (GLH) autour notamment de Jean Le Bitoux (futur fondateur du magazine « Le Gai Pied ») et Gilles Barbedette (qui participera à la création de l'association Aides). S'il s'inspire des revendications du FHAR, il s'éloigne toutefois progressivement du discours purement révolutionnaire, au profit de celui sur «&nbsp;l'égalité des droits&nbsp;».</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>La première Gay Pride à Paris<br /></strong></span></p> <p>D'autres mouvements ou associations ont vu le jour durant cette période, notamment d'obédience religieuse&nbsp;: David et Jonathan, chez les Catholiques (<em>lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>) qui existe toujours et est considérée comme la plus ancienne association LGBT en France, ou encore Beit Haverim chez les Juifs.<br />Ils se retrouvent dans le Comité d'Urgence Anti-Répression Homosexuelle (CUARH), véritable fédération d'associations. Leur objectif principal est de lutter contre l'homophobie. Le 4 avril 1981, à un mois des élections présidentielles, le CUARH appelle à manifester&nbsp;: 10.000 personnes descendent dans la rue. Le candidat François Mitterrand annonce quelques jours plus tard son intention de dépénaliser l'homosexualité. Il tiendra promesse <em>(lire aussi la rubrique (Re)visiter</em>).<br />C'est aussi le CUARH qui organisera, un an plus tard, la première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» à Paris avec encore plus de 10.000 participants.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">L'arrivée du sida<br /></span></strong></p> <p>L'épidémie du sida va considérablement changer le visage de la lutte pour les droits des personnes homosexuelles.<br />En 1984, à la mort de son compagnon, le philosophe Michel Foucault <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>, Daniel Defert crée l'association Aides. Pour lui, la lutte contre la maladie relève de la santé publique et non de l'identité sexuelle. Ainsi, la revendication homosexuelle n'est pas la priorité de Aides qui se bat pour la vente libre de seringues dans les pharmacies (alors uniquement disponibles sur ordonnance) et la publicité pour le préservatif (jusqu'alors interdite).</p> <p>En 1989, trois journalistes, Luc Coulavin, Didier Lestrade et Pascal Loubet, fondent Act Up-Paris, émanation de l'association américaine de lutte contre le sida, Act Up.<br />Radicalement différente de Aides, Act Up se définit dès le départ comme une association de militants issus de la communauté homosexuelle. Ses modes d'action provoquent&nbsp;: en 1993, par exemple, elle encapote l'obélisque de la place de la Concorde à Paris. L'un de ses slogans&nbsp;: <em>«&nbsp;Alerter, choquer, prévenir&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/capote.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Une des campagnes pour le préservatif." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/capote.jpg" alt="capote" width="519" height="391" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>En 1992, les deux associations se rejoignent avec d'autres dans le collectif TRT-5. La lutte se concentre sur la recherche thérapeutique et les traitements : le prix, la disponibilité et l'accessibilité des médicaments, la solidarité avec les malades d'autres continents comme l'Afrique...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Le couple et la famille<br /></span></strong></p> <p>Dès la fin des années 1980, s'est engagée la lutte pour la reconnaissance des couples homosexuels. Les réticences sont nombreuses du côté politique et donc, législatif. Les associations jouent un rôle important de lobbying.<br />C'est en 1990 que Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur socialiste, dépose le premier projet de loi instituant un contrat de partenariat civil. D'autres suivront, jusqu'au PACS, PActe Civil de Solidarité, adopté en 1999.<br />Durant les débats, de nombreuses manifestations ont été organisées, tant par les associations de défense des couples homosexuels que par leurs détracteurs.</p> <p>En 2012, François Hollande inscrit dans son programme de campagne l'ouverture du droit au mariage et à l'adoption des couples homosexuels. Une fois élu, il doit faire face à l'opposition de la droite et à l'opposition d'une partie de la population regroupée derrière le collectif La Manif pour Tous ou encore Civitas, mouvement catholique traditionaliste. Ce qui cristallise leur colère&nbsp;? La partie «&nbsp;famille&nbsp;» du projet de loi.<br />Elle est finalement adoptée le 17 mai 2013.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">La PMA, prochaine bataille législative<br /></span></strong></p> <p>La prochaine étape devrait être la PMA, Procréation Médicalement Assistée, pour toutes les femmes. Elle n'est pas, aujourd'hui, autorisée pour les femmes célibataires et les couples de lesbiennes. Le candidat Emmanuel Macron l'avait promis. Devenu président, il a longtemps hésité.</p> <p>La PMA existe déjà depuis 1994 en France. Elle permet de recourir à des techniques médicales (comme l'insémination artificielle par exemple) pour concevoir un enfant. Elle est ouverte aux couples hétérosexuels en âge de procréer et dont au moins un des membres est stérile ou porteur d'une maladie susceptible d'être transmise à l'enfant. Elle est remboursée par la Sécurité sociale.</p> <p>La réforme sera examinée par le Parlement à la fin du mois de septembre. Il s'agit d'étendre tous ces droits à toutes les femmes. Le comité consultatif national d'éthique a rendu un avis favorable.</p> <p>Les associations LGBT + s'en réjouissent et estiment qu'il s'agirait de la fin d'une profonde discrimination. Au contraire, le collectif La Manif pour Tous craint que la porte ne soit ensuite ouverte à la GPA (Gestation Pour Autrui) aujourd'hui interdite en France.<em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">SOS Homophobie<br /></span></strong></p> <p>Si les débats liés au Mariage pour Tous et à la PMA ont provoqué des échanges au sein de la société, elles ont aussi libéré une certaine violence envers les LGBT +.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/Logo_SOS_homophobie_2018.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/Logo_SOS_homophobie_2018.png" alt="Logo SOS homophobie 2018" width="344" height="151" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Le rapport sur l'homophobie 2019 de SOS Homophobie <span style="font-size: 8pt;">(6)</span> est <em>«&nbsp;alarmant&nbsp;»</em>. L'association lutte depuis 1994 contre les agressions et discriminations LGBTphobes. Elle a ouvert une ligne d'écoute et publie chaque année un rapport.<br />Ainsi, en 2018, elle a recueilli 1.905 témoignages d'actes LGBTphobes, soit 15&nbsp;% de plus qu'en 2017, et presqu'autant qu'en 2012 (1.977) au moment de l'ouverture des débats sur le Mariage pour Tous.<br />Il peut s'agir de situations de rejet, de harcèlement et de discriminations, mais aussi d'agressions physiques&nbsp;: celles-ci ont progressé de 66&nbsp;% entre 2017 et 2018&nbsp;!</p> <p>Premier lieu d'expression des LGBTphobies&nbsp;: Internet (23 % des situations recueillies), suivi par les lieux publics (13 %), le travail (11 %), la famille (10 %) et le voisinage (9 %).<br />35&nbsp;% des agressions physiques sont signalées dans des lieux publics lorsque les personnes LGBT se rendent visibles (en se tenant la main, par exemple).</p> <p>73&nbsp;% des victimes s'étant signalées à SOS Homophobie sont des hommes, 19&nbsp;% sont des femmes. En 2018, un acte lesbophobe était signalé par jour. L'association ne pense pas qu'il s'agisse d'une augmentation du nombre d'actes, mais plutôt d'une libéralisation de la parole des lesbiennes, d'une <em>«&nbsp;vague revendicative&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Le défi de l'intersectionnalité<br /></span></strong></p> <p>Comme tout un chacun, les personnes LGBT sont plurielles. Certaines cumulent les formes de discrimination et les oppressions, comme les homosexuels racisés ou séropositifs ou transgenres… Plusieurs associations s'emparent de ces questions dites «&nbsp;intersectionnelles&nbsp;» comme Handi-Queer, Gras Politique, GreyPRIDE ou encore ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transexuelles à l'Immigration et au Séjour).</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Qui concerne les lesbiennes, gay, bi, transgenres. On désigne par LGBT + ce qui concerne&nbsp; les lesbiennes, gay, bi, transgenres mais aussi les queer, intersexes, pangenres… <br />(2) André Baudry (1922-2018).<br />(3) Tiré de l'article de Benoît Bréville publié sur le site d'Europe Solidaire Sans Frontières en septembre 2011&nbsp;: <a href="http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article44589">http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article44589</a><br />(4) Guy Hocquenghem (1946-1988).<br />(5) Michel Foucault (1926-1984).<br />(6) SOS Homophobie a été créée en 1994 autour d'une ligne d'écoute et de soutien aux victimes de LGBTphobie. Ouverte du lundi au vendredi de 18 h à 22 h, le samedi de 14 h à 16 h et le dimanche de 18 h à 20 h au 01.48.06.42.41. Anonymat garanti.<br /></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Cinquante ans de « Gay Pride »</h3> </div> <ul> <li>Le 28 juin 1969, une descente de police a lieu au Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village à New York. Officiellement, il s'agit d'un contrôle de la vente d'alcool, dans ce bar tenu par la mafia. Mais la police n'ignore pas qu'il s'agit surtout d'un lieu de rassemblement de personnes homosexuelles. A l'époque, aux Etats-Unis, l'homosexualité est considérée comme une maladie mentale et la vente d'alcool dans les bars est interdite aux homosexuels.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fiertés.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="La Gay Pride a fêté ses 50 ans cette année (photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fiertés.jpg" alt="fiertés" width="321" height="215" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Le contrôle dégénère, des affrontements éclatent&nbsp;: treize personnes sont arrêtées, on compte plusieurs blessés des deux côtés. Les manifestations se poursuivent durant les trois nuits suivantes. Une situation inédite&nbsp;: c'est la première fois aux Etats-Unis que les gays, lesbiennes, trans et tous.tes ceux.celles qui les soutiennent se révoltent ainsi.<br />Un an plus tard, 2.000 personnes défilent dans les rues de New York en mémoire de cet événement. Ainsi est née la première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;».<br /><br />En France, les premiers défilés auxquels ont participé officiellement des organisations homosexuelles sont ceux du 1er mai, de 1971 à 1978 <em>(lire ci-dessus</em>). La première manifestation indépendante a été organisée à Paris le 25 juin 1977. Reconduite en 1979 et en 1980, elle a pris la forme d'une «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» après la dépénalisation de l'homosexualité par François Mitterrand en 1982. Elle est appelée aujourd'hui «&nbsp;Marche des Fiertés&nbsp;».<br />Elle ne se cantonne plus seulement à Paris puisque dix-neuf villes françaises en organisent officiellement une. Cette année, Alençon était la première en mai et Montpellier sera la dernière le 20 juillet.<br /><br />Quant au bar Stonewall, il est devenu un site historique national&nbsp;: <a href="https://www.visittheusa.fr/experience/stonewall-visitez-le-lieu-qui-vu-naitre-le-mouvement-lgbt-aux-etats-unis">https://www.visittheusa.fr/experience/stonewall-visitez-le-lieu-qui-vu-naitre-le-mouvement-lgbt-aux-etats-unis</a></li> </ul> </div> <p><strong>Les avancées en matière de droit et les changements de mentalités dans la société n'auraient pas été possibles sans l'action des associations et mouvements de défense des Lesbiennes, Gays, Bisexuel.les et Transgenres (LGBT). Comment se sont-ils constitués&nbsp;? Quelles étaient leurs motivations, leurs revendications, leurs modes d'action&nbsp;? Quels défis doivent-ils relever aujourd'hui&nbsp;?<br /></strong></p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Arcadie</strong></span></p> <p>Il est considéré comme le premier mouvement LGBT<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> en France&nbsp;: <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/arcadie.jpg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/arcadie.jpg" alt="arcadie" width="240" height="371" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Arcadie a été fondé en 1953 par André Baudry <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>, ancien séminariste et professeur de philosophie.&nbsp; En 1954, il crée la revue du même nom qui, malgré les pressions et les condamnations, ne cessera jamais de paraître jusqu'en 1982. Parmi les plumes de la revue&nbsp;: Roger Peyrefitte, Jacques de Ricaumont et André du Dognon&nbsp;; Jean Cocteau offrit le dessin de la première Une, marquée du mot «&nbsp;Liberté&nbsp;».<em></em></p> <p>André Baudry ne faisait pas l'unanimité. Il prônait une intégration discrète et respectable des homosexuels dans la société, et acceptait mal les attitudes transgressives. Il préférait le terme «&nbsp;homophilie&nbsp;» à celui d'homosexualité. <br />A la fin des années 1960, il n'encouragea pas les mouvements sociaux plus radicaux tels que le FHAR (Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire). Certaines femmes dénoncèrent la sous-représentativité des lesbiennes dans Arcadie et se tournèrent vers le MLF (Mouvement de Libération des Femmes).</p> <p>Condamné plusieurs fois pour «&nbsp;outrage aux bonnes mœurs&nbsp;», il s'afficha publiquement à une époque où l'homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale et un «&nbsp;fléau de la société&nbsp;». En 1973 par exemple, il participa à la première émission grand public sur l'homosexualité à la télévision. En cela, il est reconnu comme ayant fait avancer la cause.</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>Le combat révolutionnaire<br /></strong></span></p> <p>Trois ans après Mai 68, naît le Front Homosexuel d'Action Révolutionnaire (FHAR) à l'initiative notamment de lesbiennes féministes. Son objectif est double&nbsp;: proposer une révolution sociale aux homosexuels et une révolution sexuelle aux travailleurs.<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span><br />Le fonctionnement du mouvement est anti-autoritaire&nbsp;: pas de responsable ni de porte-parole, ni d'instance de décision. Des groupes de travail et de discussions s'installent dans les quartiers de Paris, des réunions sont régulièrement organisées à l'école des Beaux-Arts.</p> <p>Guy Hocquenghem<span style="font-size: 8pt;"> (4)</span> est une figure emblématique du mouvement&nbsp;: écrivain, il collabore à la revue «&nbsp;Tout&nbsp;!&nbsp;» de Jean-Paul Sartre et convainc l'équipe de publier une série de textes dans le douzième numéro intitulé «&nbsp;La libre disposition de notre corps&nbsp;». <em>«&nbsp;La révolution totale, ce n’est pas seulement séquestrer un patron qui vous fait chier&nbsp;: c’est accepter le bouleversement des mœurs, sans restriction&nbsp;»</em>, écrit-il.</p> <p>Le 1er mai 1971, le FHAR participe au défilé aux côtés des ouvriers, certains de ses membres en travestis. Sur des banderoles, on peut lire «&nbsp;A bas la dictature des normaux&nbsp;!&nbsp;». Mais l'accueil des partis de gauche, y compris des partis dits révolutionnaires, est froid. <em>«&nbsp;Nous n’avons aucune hostilité de principe contre la lutte que mènent les homosexuels contre l’ostracisme dont les entoure la société bourgeoise, nous n’en trouvons que plus lamentables les grotesques exhibitions du FHAR, lors des dernières manifestations&nbsp;(…).&nbsp;En se comportant comme des «&nbsp;grandes folles&nbsp;», les homosexuels du FHAR révèlent à quel point ils sont victimes de l’oppression sexuelle bourgeoise&nbsp;»</em>,&nbsp;explique la Ligue Communiste Révolutionnaire dans son périodique&nbsp;«&nbsp;Rouge&nbsp;» en mai&nbsp;1972 <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />Au Parti Communiste Français, le futur candidat aux élections présidentielles Jacques Duclos conseille à un militant venu l'interroger sur la position du parti d'aller se faire soigner… Pour Lutte Ouvrière, les revendications du FHAR relèvent de <em>«&nbsp;l'individualisme petit-bourgeois&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Quant au Parti socialiste, il considère que la question de l'orientation sexuelle doit rester dans la sphère intime et ne doit pas entrer dans la sphère politique.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fhar.jpeg" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fhar.jpeg" alt="fhar" width="298" height="378" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Les dissensions existent aussi à l'intérieur même du mouvement&nbsp;: les lesbiennes des Gouines Rouges dénoncent la misogynie des homosexuels hommes et font scission&nbsp;; les Gazolines grimées en «&nbsp;folles » accentuent leurs actions de provocation&nbsp;; Guy Hocquenghem appelle au retour à un militantisme politique plus traditionnel… Certains groupes se rapprochent de l'extrême gauche, d'autres des situationnistes… En 1974, le FHAR disparaît en tant que tel. Mais il a essaimé, y compris en province.</p> <p>C'est ainsi que se crée le Groupe de Libération Homosexuelle (GLH) autour notamment de Jean Le Bitoux (futur fondateur du magazine « Le Gai Pied ») et Gilles Barbedette (qui participera à la création de l'association Aides). S'il s'inspire des revendications du FHAR, il s'éloigne toutefois progressivement du discours purement révolutionnaire, au profit de celui sur «&nbsp;l'égalité des droits&nbsp;».</p> <p><span style="color: #ff615d; font-size: 14pt;"><strong>La première Gay Pride à Paris<br /></strong></span></p> <p>D'autres mouvements ou associations ont vu le jour durant cette période, notamment d'obédience religieuse&nbsp;: David et Jonathan, chez les Catholiques (<em>lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>) qui existe toujours et est considérée comme la plus ancienne association LGBT en France, ou encore Beit Haverim chez les Juifs.<br />Ils se retrouvent dans le Comité d'Urgence Anti-Répression Homosexuelle (CUARH), véritable fédération d'associations. Leur objectif principal est de lutter contre l'homophobie. Le 4 avril 1981, à un mois des élections présidentielles, le CUARH appelle à manifester&nbsp;: 10.000 personnes descendent dans la rue. Le candidat François Mitterrand annonce quelques jours plus tard son intention de dépénaliser l'homosexualité. Il tiendra promesse <em>(lire aussi la rubrique (Re)visiter</em>).<br />C'est aussi le CUARH qui organisera, un an plus tard, la première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» à Paris avec encore plus de 10.000 participants.</p> <p><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">L'arrivée du sida<br /></span></strong></p> <p>L'épidémie du sida va considérablement changer le visage de la lutte pour les droits des personnes homosexuelles.<br />En 1984, à la mort de son compagnon, le philosophe Michel Foucault <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>, Daniel Defert crée l'association Aides. Pour lui, la lutte contre la maladie relève de la santé publique et non de l'identité sexuelle. Ainsi, la revendication homosexuelle n'est pas la priorité de Aides qui se bat pour la vente libre de seringues dans les pharmacies (alors uniquement disponibles sur ordonnance) et la publicité pour le préservatif (jusqu'alors interdite).</p> <p>En 1989, trois journalistes, Luc Coulavin, Didier Lestrade et Pascal Loubet, fondent Act Up-Paris, émanation de l'association américaine de lutte contre le sida, Act Up.<br />Radicalement différente de Aides, Act Up se définit dès le départ comme une association de militants issus de la communauté homosexuelle. Ses modes d'action provoquent&nbsp;: en 1993, par exemple, elle encapote l'obélisque de la place de la Concorde à Paris. L'un de ses slogans&nbsp;: <em>«&nbsp;Alerter, choquer, prévenir&nbsp;»</em>.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/capote.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Une des campagnes pour le préservatif." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/capote.jpg" alt="capote" width="519" height="391" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>En 1992, les deux associations se rejoignent avec d'autres dans le collectif TRT-5. La lutte se concentre sur la recherche thérapeutique et les traitements : le prix, la disponibilité et l'accessibilité des médicaments, la solidarité avec les malades d'autres continents comme l'Afrique...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Le couple et la famille<br /></span></strong></p> <p>Dès la fin des années 1980, s'est engagée la lutte pour la reconnaissance des couples homosexuels. Les réticences sont nombreuses du côté politique et donc, législatif. Les associations jouent un rôle important de lobbying.<br />C'est en 1990 que Jean-Luc Mélenchon, alors sénateur socialiste, dépose le premier projet de loi instituant un contrat de partenariat civil. D'autres suivront, jusqu'au PACS, PActe Civil de Solidarité, adopté en 1999.<br />Durant les débats, de nombreuses manifestations ont été organisées, tant par les associations de défense des couples homosexuels que par leurs détracteurs.</p> <p>En 2012, François Hollande inscrit dans son programme de campagne l'ouverture du droit au mariage et à l'adoption des couples homosexuels. Une fois élu, il doit faire face à l'opposition de la droite et à l'opposition d'une partie de la population regroupée derrière le collectif La Manif pour Tous ou encore Civitas, mouvement catholique traditionaliste. Ce qui cristallise leur colère&nbsp;? La partie «&nbsp;famille&nbsp;» du projet de loi.<br />Elle est finalement adoptée le 17 mai 2013.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">La PMA, prochaine bataille législative<br /></span></strong></p> <p>La prochaine étape devrait être la PMA, Procréation Médicalement Assistée, pour toutes les femmes. Elle n'est pas, aujourd'hui, autorisée pour les femmes célibataires et les couples de lesbiennes. Le candidat Emmanuel Macron l'avait promis. Devenu président, il a longtemps hésité.</p> <p>La PMA existe déjà depuis 1994 en France. Elle permet de recourir à des techniques médicales (comme l'insémination artificielle par exemple) pour concevoir un enfant. Elle est ouverte aux couples hétérosexuels en âge de procréer et dont au moins un des membres est stérile ou porteur d'une maladie susceptible d'être transmise à l'enfant. Elle est remboursée par la Sécurité sociale.</p> <p>La réforme sera examinée par le Parlement à la fin du mois de septembre. Il s'agit d'étendre tous ces droits à toutes les femmes. Le comité consultatif national d'éthique a rendu un avis favorable.</p> <p>Les associations LGBT + s'en réjouissent et estiment qu'il s'agirait de la fin d'une profonde discrimination. Au contraire, le collectif La Manif pour Tous craint que la porte ne soit ensuite ouverte à la GPA (Gestation Pour Autrui) aujourd'hui interdite en France.<em></em><br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">SOS Homophobie<br /></span></strong></p> <p>Si les débats liés au Mariage pour Tous et à la PMA ont provoqué des échanges au sein de la société, elles ont aussi libéré une certaine violence envers les LGBT +.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/Logo_SOS_homophobie_2018.png" class="jcepopup" data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/Logo_SOS_homophobie_2018.png" alt="Logo SOS homophobie 2018" width="344" height="151" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Le rapport sur l'homophobie 2019 de SOS Homophobie <span style="font-size: 8pt;">(6)</span> est <em>«&nbsp;alarmant&nbsp;»</em>. L'association lutte depuis 1994 contre les agressions et discriminations LGBTphobes. Elle a ouvert une ligne d'écoute et publie chaque année un rapport.<br />Ainsi, en 2018, elle a recueilli 1.905 témoignages d'actes LGBTphobes, soit 15&nbsp;% de plus qu'en 2017, et presqu'autant qu'en 2012 (1.977) au moment de l'ouverture des débats sur le Mariage pour Tous.<br />Il peut s'agir de situations de rejet, de harcèlement et de discriminations, mais aussi d'agressions physiques&nbsp;: celles-ci ont progressé de 66&nbsp;% entre 2017 et 2018&nbsp;!</p> <p>Premier lieu d'expression des LGBTphobies&nbsp;: Internet (23 % des situations recueillies), suivi par les lieux publics (13 %), le travail (11 %), la famille (10 %) et le voisinage (9 %).<br />35&nbsp;% des agressions physiques sont signalées dans des lieux publics lorsque les personnes LGBT se rendent visibles (en se tenant la main, par exemple).</p> <p>73&nbsp;% des victimes s'étant signalées à SOS Homophobie sont des hommes, 19&nbsp;% sont des femmes. En 2018, un acte lesbophobe était signalé par jour. L'association ne pense pas qu'il s'agisse d'une augmentation du nombre d'actes, mais plutôt d'une libéralisation de la parole des lesbiennes, d'une <em>«&nbsp;vague revendicative&nbsp;»</em>.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Le défi de l'intersectionnalité<br /></span></strong></p> <p>Comme tout un chacun, les personnes LGBT sont plurielles. Certaines cumulent les formes de discrimination et les oppressions, comme les homosexuels racisés ou séropositifs ou transgenres… Plusieurs associations s'emparent de ces questions dites «&nbsp;intersectionnelles&nbsp;» comme Handi-Queer, Gras Politique, GreyPRIDE ou encore ARDHIS (Association pour la Reconnaissance des Droits des personnes Homosexuelles et transexuelles à l'Immigration et au Séjour).</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Qui concerne les lesbiennes, gay, bi, transgenres. On désigne par LGBT + ce qui concerne&nbsp; les lesbiennes, gay, bi, transgenres mais aussi les queer, intersexes, pangenres… <br />(2) André Baudry (1922-2018).<br />(3) Tiré de l'article de Benoît Bréville publié sur le site d'Europe Solidaire Sans Frontières en septembre 2011&nbsp;: <a href="http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article44589">http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article44589</a><br />(4) Guy Hocquenghem (1946-1988).<br />(5) Michel Foucault (1926-1984).<br />(6) SOS Homophobie a été créée en 1994 autour d'une ligne d'écoute et de soutien aux victimes de LGBTphobie. Ouverte du lundi au vendredi de 18 h à 22 h, le samedi de 14 h à 16 h et le dimanche de 18 h à 20 h au 01.48.06.42.41. Anonymat garanti.<br /></span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Cinquante ans de « Gay Pride »</h3> </div> <ul> <li>Le 28 juin 1969, une descente de police a lieu au Stonewall Inn, dans le quartier de Greenwich Village à New York. Officiellement, il s'agit d'un contrôle de la vente d'alcool, dans ce bar tenu par la mafia. Mais la police n'ignore pas qu'il s'agit surtout d'un lieu de rassemblement de personnes homosexuelles. A l'époque, aux Etats-Unis, l'homosexualité est considérée comme une maladie mentale et la vente d'alcool dans les bars est interdite aux homosexuels.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fiertés.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="La Gay Pride a fêté ses 50 ans cette année (photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/fiertés.jpg" alt="fiertés" width="321" height="215" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Le contrôle dégénère, des affrontements éclatent&nbsp;: treize personnes sont arrêtées, on compte plusieurs blessés des deux côtés. Les manifestations se poursuivent durant les trois nuits suivantes. Une situation inédite&nbsp;: c'est la première fois aux Etats-Unis que les gays, lesbiennes, trans et tous.tes ceux.celles qui les soutiennent se révoltent ainsi.<br />Un an plus tard, 2.000 personnes défilent dans les rues de New York en mémoire de cet événement. Ainsi est née la première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;».<br /><br />En France, les premiers défilés auxquels ont participé officiellement des organisations homosexuelles sont ceux du 1er mai, de 1971 à 1978 <em>(lire ci-dessus</em>). La première manifestation indépendante a été organisée à Paris le 25 juin 1977. Reconduite en 1979 et en 1980, elle a pris la forme d'une «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» après la dépénalisation de l'homosexualité par François Mitterrand en 1982. Elle est appelée aujourd'hui «&nbsp;Marche des Fiertés&nbsp;».<br />Elle ne se cantonne plus seulement à Paris puisque dix-neuf villes françaises en organisent officiellement une. Cette année, Alençon était la première en mai et Montpellier sera la dernière le 20 juillet.<br /><br />Quant au bar Stonewall, il est devenu un site historique national&nbsp;: <a href="https://www.visittheusa.fr/experience/stonewall-visitez-le-lieu-qui-vu-naitre-le-mouvement-lgbt-aux-etats-unis">https://www.visittheusa.fr/experience/stonewall-visitez-le-lieu-qui-vu-naitre-le-mouvement-lgbt-aux-etats-unis</a></li> </ul> </div> Pour une liberté totale d'être, de lutter et d'aimer 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/27unarcencieldeluttes/526-pour-une-liberte-totale-d-etre-de-lutter-et-d-aimer Super User <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">«&nbsp;La révolution totale, ce n'est pas seulement séquestrer un patron qui vous fait chier&nbsp;: c'est accepter le bouleversement des mœurs sans restriction.&nbsp;»</span></em></strong></p> <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">Guy Hocquenghem</span></em>&nbsp;</strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">L</span><em></em>'étendue du chemin qu'il reste à parcourir, ce ne sont pas Emmanuel, Valérie, K., Brigitte, Pierre ou Ness qui me l'ont montrée. Ce ne sont pas des personnes lesbiennes, gaies, bies, trans ou pangenres. L'étendue du chemin qu'il reste à parcourir vers la liberté totale d'être et d'aimer, c'est un homophobe qui me l'a montrée. Un homophobe repenti, selon lui.</p> <p>Je suis appuyée au zinc d'un café, dans un tout petit village du Cher. J'interroge un couple d'hommes, homosexuels, mariés, sur les difficultés qu'ils ont rencontrées dans le milieu rural où ils vivent. Et voici qu'entre un habitué. Nous sommes présentés, mes interlocuteurs affichent immédiatement la couleur&nbsp;: <em>«&nbsp;Tiens, voilà un bon exemple&nbsp;: lui, il était homophobe mais depuis qu'il nous connaît, il a changé&nbsp;!&nbsp;»</em> L'intéressé acquiesce&nbsp;: <em>«&nbsp;Faut voir dans quel état d'esprit j'ai été élevé. Mon père, il me disait qu'il n'y a que les chiens qui s'enculent, pardonnez-moi madame, mais c'est la réalité. Comment voulez-vous qu'on soit ouvert, après ça&nbsp;?&nbsp;»</em> Pour lui, les mentalités dans les campagnes restent plus fermées qu'en ville. <em>«&nbsp;Il y a au moins une génération de décalage&nbsp;»</em>, assure-t-il. Depuis qu'il sait ses amis <em>«&nbsp;gays&nbsp;»</em>, son regard a évolué. Il s'est tout simplement aperçu qu'ils étaient… <em>«&nbsp;normaux&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Ce ne sont pas des folles, ils vivent comme nous.&nbsp;»</em> Quand bien même ils seraient des «&nbsp;folles&nbsp;», n'auraient-ils pas le droit de vivre&nbsp;? <em>«&nbsp;Si, mais ça aiderait pas à les accepter. Surtout en campagne.&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/main.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un couple participant à la Marche des Diversités (Photo : L. Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/main.jpg" alt="main" width="302" height="442" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Bon, quelques questions lui taraudent bien encore l'esprit&nbsp;: <em>«&nbsp;Mais ça t'a pris à quel âge&nbsp;?&nbsp;»</em> demande-t-il à l'un de ses amis. Qui sourit, me regarde, dépité, et hausse les épaules… <em>«&nbsp;Comment ça, «&nbsp;ça m'a pris&nbsp;»&nbsp;?&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Oh, tu vois bien c'que j'veux dire.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;C'est pas une lubie ni une maladie, tu sais.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;J'sais bien, j'sais bien...&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;J'ai toujours été comme ça.&nbsp;</em>» - <em>«&nbsp;Mais t'as jamais essayé avec les filles&nbsp;?&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Si, mais ça ne marchait pas.&nbsp;Je n'avais pas de désir. L'érection, elle est venue avec les garçons.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Ah, ça, j'ai du mal à comprendre. J'avoue, j'ai du mal...&nbsp;»</em></p> <p>Il a aussi du mal avec le fait que les homosexuels puissent avoir des enfants. Bien sûr, ils seront aimés, il n'en doute pas. Mais quand même, pour l'équilibre des gosses… La PMA&nbsp;? Faut voir. L'adoption&nbsp;? Il connaît, par cœur&nbsp;: il est lui-même passé par ce parcours du combattant.<br /><em>«&nbsp;On n'essaie pas de convaincre,</em> finit par lâcher un de ses amis. <em>On répond aux questions, on discute… Je ne vois pas pourquoi il faudrait sans cesse se justifier mais c'est sûr, il faut que les mentalités changent.&nbsp;»</em></p> <p>Qui les fera changer&nbsp;? Les couples homosexuel.les qui vivent «&nbsp;normalement&nbsp;»&nbsp;? Les bénévoles des associations qui travaillent à l'éducation des jeunes publics dans les écoles&nbsp;? Les militants politiques qui assurent un travail de lobbying pour faire évoluer les lois&nbsp;? Les activistes qui, par leurs coups d'éclat, visibilisent des questions encore taboues&nbsp;?<br />Sans doute tous et toutes à la fois. Car il n'existe pas une lutte LGBT + <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, mais des luttes, plurielles. Et qui concernent l'ensemble des êtres humains, en ce qu'elles concernent un principe fondamental&nbsp;: la liberté.</p> <p>Au fil de mes rencontres durant la Semaine des Diversités à Bourges, j'ai acquis une conviction&nbsp;: ces luttes, aussi diverses soient-elles, sont toutes politiques. Au sens «&nbsp;politike&nbsp;» du terme&nbsp;: elles touchent à des pratiques politiques, c'est-à-dire à des questions de pouvoir et de représentativité. Faire accepter des orientations sexuelles «&nbsp;différentes&nbsp;», des identités de genre «&nbsp;différentes&nbsp;», c'est admettre qu'une norme nous est imposée, par un système politique dominant&nbsp;: en France, celui des hommes blancs hétérosexuels, catholiques ou issus d'une éducation judéo-chrétienne.<br />Guy Hocquenghem, militant dans les années 1970 <em>(lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>), disait&nbsp;: <em>«&nbsp;Le désir de dominer les femmes et la condamnation de l'homosexualité ne font qu'un.&nbsp;»</em> Le sexisme, le patriarcat et le machisme forment le terreau de l'homophobie. C'est aussi là que le combat LGBT + se mène et qu'en cela, il doit être forcément, aussi, celui de tous.tes les hétérosexuel.les..</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <h3>La création de Berry LGBT</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <p><strong>Jeudi 4 juillet 2019 – 17 heures – Bourges</strong></p> <p>Emmanuel Ducarteron sait bien ce que signifie être homosexuel en milieu rural. Agé de 39 ans, il est né à Bourges, a grandi à Reuilly, a été à l'école à Vierzon. Depuis 2000, il vit à Paris. Mais c'est bien dans le Berry qu'il a souhaité créer une association pour soutenir la lutte LGBT + et ceux.celles qui souffrent de discriminations, comme lui en a souffert.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/emmanuel_ducarteron.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Emmanuel Ducarteron durant la Marche des Diversités (Photo : L. Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/emmanuel_ducarteron.jpg" alt="emmanuel ducarteron" width="308" height="364" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><em>«&nbsp;A l'époque où j'étais jeune ici, il n'y avait pas Internet et aucune association généraliste LGBT sur le territoire. J'ai connu le harcèlement scolaire alors même que je n'avais pas encore pris conscience de mon homosexualité. Je n'avais aucun mot à mettre sur cette attirance, ces sensations.&nbsp;»</em> Dans sa famille, le sujet n'est pas abordé. <em>«&nbsp;Comme pour beaucoup de parents, l'homosexualité, c'était chez les autres.&nbsp;»</em><br />Sans moyen de transport, comment rencontrer l'Autre, l'ami, le confident, l'amoureux&nbsp;? <em>«&nbsp;Mes copains d'adolescence étaient les héros des séries. Mes seuls moments d'oxygène étaient ceux passés devant la télévision. Je me suis renfermé.&nbsp;»</em><br />A 19 ans, il regarde le téléfilm <em>«&nbsp;Juste une question d'amour&nbsp;»</em> réalisé par Christian Faure. C'est le déclic. <em>«&nbsp;J'avais tellement entendu dire que deux garçons qui s'aiment, ce n'est pas possible… Je me suis tout de suite reconnu dans cette histoire.&nbsp;»</em> Un coming out <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> <em>«&nbsp;à soi-même&nbsp;»</em> suivi d'un coming out à ses parents <em>«&nbsp;qui vivaient dans une certaine foi&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Il y a eu une période où les ponts ont été coupés… c'était la peur du qu'en-dira-t-on… Je ne peux pas les blâmer, il y a encore tellement de tabous aujourd'hui.&nbsp;»</em> Plus tard, ses parents sont revenus vers lui et les relations sont désormais <em>«&nbsp;apaisées&nbsp;»</em>.</p> <p>En Région Parisienne, Emmanuel Ducarteron est intervenu dans les écoles sur la question des discriminations, avant de ressentir l'envie de créer une association chez lui&nbsp;: Berry LGBT est ainsi née il y a deux ans. Le local de l'association est situé à Vierzon&nbsp;; il est ouvert tous les samedis pour une permanence<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span>. <em>«&nbsp;Beaucoup viennent pour avoir des informations sur la transidentité, on a reçu aussi quelques parents et certaines personnes LGBT mais qui ne le révèlent pas encore.&nbsp;»</em> Si l'association compte vingt-cinq adhérents, elle fonctionne avec un noyau restreint de bénévoles.<em> «&nbsp;Il y a les problèmes de mobilité, mais aussi le fait que les thématiques LGBT soient diverses. Enfin, il y a toujours les tabous, le silence… Il est plus facile de monter un club de théâtre ou de belote que participer à une association LGBT&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></p> <h3>Se rendre visible, s'incarner</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></p> <p>Berry LGBT&nbsp;a obtenu un agrément de l'Education nationale pour intervenir en milieu scolaire. <em>«&nbsp;Il faut sensibiliser les enfants et les adolescents. Dans le système du harcèlement, il n'y a pas seulement deux personnes&nbsp;: le harcelé et le harceleur… il y a tous les autres qui voient et ne disent rien, qui entendent les insultes, voient les agressions et, en ne réagissant pas, deviennent complices.&nbsp;»</em><br />Il n'existe aucun chiffre concernant les agressions de personnes LGBT + dans le Berry. Mais Emmanuel Ducarteron l'affirme&nbsp;:<em> «&nbsp;Porter plainte reste difficile. Une personne qui se fait agresser dans un village ne va pas forcément porter plainte, elle va avoir tendance à minimiser les faits et ne pas en parler. Heureusement, la parole commence à se libérer.&nbsp;»</em></p> <p>Chaque année depuis sa création, l'association organise une Marche des Diversités, en alternance dans l'Indre et le Cher. La première avait eu lieu à Vierzon et la deuxième à Châteauroux. Pour la troisième, à Bourges, l'événement a été étoffé avec une semaine complète d'animations&nbsp;: expositions, conférences, présentations d'ouvrages, projection de film et débat, village associatif, marche, concerts et fête&nbsp;!<br />L'objectif était double&nbsp;: informer et visibiliser.<br /><br /><strong>Mardi 2 juillet – 18 heures – chez «&nbsp;Praline et Panda&nbsp;» à Bourges<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/b_et_b.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Brigitte Brami et Valérie Baud (de gauche à droite) ont présenté leurs ouvrages (Photo : F. Lancelin)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/b_et_b.JPG" alt="b et b" width="482" height="362" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></strong></p> <p>Se rendre visible. S'incarner. Par son corps, transformer une réalité abstraite en représentation concrète. Se révéler à soi-même et aux autres.<br />Chacune à leur manière, les autrices Valérie Baud et Brigitte Brami évoquent cette incarnation essentielle. Devant une petite assistance, elles sont venues présenter leurs deux ouvrages.</p> <p>Dans «&nbsp;Possibles&nbsp;» (éditions Vent Solars), son tout premier roman nourri de ses propres questionnements, Valérie Baud raconte l'histoire d'Aurore, trentenaire mariée et mère de deux enfants, qui découvre son attirance pour les femmes. Un véritable parcours initiatique au cours duquel <em>«&nbsp;l'héroïne fait sauter tous les verrous, les uns après les autres&nbsp;»</em>. Que faire de ces bouleversements&nbsp;? Elle et son personnage ont choisi de les vivre, librement, intensément. Bien sûr, elles se sont heurtées <em>«&nbsp;à tous les virus sociaux&nbsp;»</em>. Mais en se déprogrammant, en osant, elles ont découvert <em>«&nbsp;une communauté de femmes libres&nbsp;»</em>, une <em>«&nbsp;terre d'asile&nbsp;»</em>.<br />Valérie Baud a tenu à <em>«&nbsp;montrer la beauté des corps, des relations et de l'amour&nbsp;»</em>. Certains passages sont très sensuels, à la limite de l'érotisme, mais ils ne sont pas gratuits. Ils disent quelque chose de cette incarnation comme affirmation de soi, non pas de ce qu'on devient mais de ce qu'on est réellement. Elle décrit aussi très bien les schémas qui emprisonnent le mari de son héroïne, qui ne peut accepter que sa femme aime une autre femme. <em>«&nbsp;La vie que tu veux, ça n'existe pas&nbsp;»</em>, lui assène-t-il.</p> <p>Dans un tout autre registre, Brigitte Brami, qui se présente comme <em>«&nbsp;écrivaine lesbienne féministe&nbsp;»</em> a écrit «&nbsp;Corps imaginaires&nbsp;» (éditions Unicité). <em>«&nbsp;Chacun a un corps imaginaire&nbsp;: celui qu'on regarde dans le miroir mais qui n'est pas réel.&nbsp;»</em> Ce livre est une <em>«&nbsp;auto-fiction&nbsp;à la Jean Genet&nbsp;»</em>&nbsp;: Brigitte Brami l'a produit après un séjour en détention à Fleury-Mérogis. Il livre l'histoire de deux femmes lesbiennes&nbsp;: Thérèse, dont elle était amoureuse, qui s'est suicidée&nbsp;; et Sana, <em>«&nbsp;incarcérée deux fois&nbsp;»</em>, prisonnière aussi d'un corps malade mais qui s'en sortait <em>«&nbsp;grâce à la machine à raconter des histoires&nbsp;»…</em><br /><em>«&nbsp;Pendant l'incarcération, le corps est contraint, notamment par l'espace. Il y a l'obligation de se redimensionner pour s'adapter, accepter. Certains y parviennent, d'autres pas.&nbsp;»</em> Dans nos sociétés, l'incarcération peut être mentale. Comment s'en libérer&nbsp;?<br />Brigitte Brami a choisi un style dense, brut,<em> «&nbsp;une écriture d'économie&nbsp;»</em>.<br />Ce livre est son quatrième <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>, son œuvre est traversée par l'anamnèse&nbsp;: <em>«&nbsp;la levée de l'oubli&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Comment intégrer une lutte en en faisant sa propre histoire&nbsp;? Car c'est la mémoire de toute chose qui devient sa propre mémoire.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <h3>Pourquoi faire son coming out ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <p><strong>Mercredi 3 juillet 2019 – 20 h 30 – Cinéma de la Maison de la Culture de Bourges</strong></p> <p>Partout à travers le monde, des jeunes ont décidé de livrer une partie de leur mémoire pour en faire une mémoire collective&nbsp;: ils ont filmé leur coming out et l'ont diffusé via Internet. Le réalisateur Denis Parrot a compulsé quelques-unes de ces innombrables vidéos pour en faire un film, «&nbsp;Coming out&nbsp;», projeté durant la Semaine des Diversités.<br />On y voit de jeunes hommes et femmes, révèlent à leurs mères, en direct ou par téléphone, qu'ils sont gays ou lesbiennes. Les réactions sont variées&nbsp;: certaines mères fondent en larmes, soulagées par cette révélation&nbsp;; d'autres se contentent d'assurer que cela ne changera rien à l'amour qu'elle porte à leur enfant&nbsp;; d'autres encore répètent <em>«&nbsp;c'est comme ça&nbsp;»</em>… L'une d'elles essaie de convaincre sa fille qu'elle n'a pas <em>«&nbsp;encore trouvé le bon&nbsp;»</em>. Aux Etats-Unis, une scène violente, non filmée mais enregistrée, oppose un jeune homme gay au reste de sa famille, qui manque de peu de se faire passer à tabac. Une seule scène montre un coming out avec un père, plutôt bienveillant du reste.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/coming_out.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Le film a été projeté au cinéma de la Maison de la Culture." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/coming_out.jpg" alt="coming out" width="515" height="291" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A la fin du film, au moment du débat, Emmanuel Ducarteron prend la parole&nbsp;: <em>«&nbsp;Lors d'un coming out, on n'avoue pas,</em> souligne-t-il. <em>On avoue un crime ou une faute. On n'avoue pas son homosexualité&nbsp;: on la dit, on l'annonce, on la révèle.&nbsp;»</em><br />Dans la salle, une jeune femme prend le micro et s'interroge&nbsp;: <em>«&nbsp;Pourquoi devrait-on avoir à faire son coming out ?&nbsp;»</em> Le président de Berry LGBT est d'accord&nbsp;: dans l'idéal, on ne devrait pas. <em>«&nbsp;Le coming out, ce n'est pas forcément dire, c'est avant tout vivre. Mais pour l'instant, on est souvent obligé d'en passer par là, parce que ça n'est pas encore accepté. La preuve&nbsp;: on n'est pas agressé dans la rue parce qu'on est hétéro. Mais parce qu'on est homo, si.&nbsp;»</em></p> <p>Dans l'une des vidéos, un jeune homme russe, Artem, l'explique bien&nbsp;: <em>«&nbsp;Nous ne faisons pas notre coming out pour les personnes hétérosexuelles. Nous ne faisons pas notre coming out pour les religieux. Nous ne faisons pas notre coming out pour les personnes qui nous haïssent (…) Nous le faisons pour montrer aux autres personnes LGBT qu'elles peuvent avoir une vie normale, être aimées et acceptées. Nous le faisons aussi pour montrer aux autres que nous sommes des personnes comme elles&nbsp;: ingénieurs, médecins, enseignants, violonistes, fils, filles, et plus encore, des êtres humains.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></p> <h3>Homosexualité et religion</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></span></p> <p>Les «&nbsp;religieux&nbsp;». Ils sont présents, en ce soir de débat. Jean-Pierre Compain représente&nbsp; David et Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, créé en 1972 (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>). En duplex, par téléphone, Ludovic-Mohamed Zahed, imam homosexuel, séropositif et marié, fondateur de l'association Homosexuels Musulmans de France (HM2F) et cofondateur de la première mosquée inclusive de France qui accueille les personnes LGBT +.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/david_et_jonathan.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'association David et Jonathan était présente lors du ciné-débat, au village des associations et à la Marche (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/david_et_jonathan.jpg" alt="david et jonathan" width="568" height="324" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Je demande le micro&nbsp;: dans le film, une vidéo met en scène une jeune qui téléphone à un centre d'écoute religieux. Lorsqu'elle tape sur la touche correspondant aux droits des homosexuels, elle s'entend débiter un flot d'absurdités haineuses, sur les prétendues punitions divines qui s'abattront bientôt sur elle si elle pèche.<br />Comment les mouvements chrétiens et musulmans LGBT agissent pour contrer ce type de discours, pourtant parfois «&nbsp;officiel&nbsp;»&nbsp;?<br />Pour Jean-Pierre Compain, une <em>«&nbsp;évolution importante&nbsp;»</em> est en cours dans l'Eglise catholique, notamment «&nbsp;au niveau de la Pastorale&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>. <em>«&nbsp;Au moment du Mariage pour Tous, il y a eu beaucoup de discussions et depuis, deux tiers des diocèses comptent des groupes pour échanger sur ces sujets.&nbsp;»</em> Il en existe à Bourges. S'il reconnaît que le texte officiel (La Bible) considère l'hétérosexualité comme la loi naturelle, il assure qu'on peut être aujourd'hui homosexuel dans l'Eglise sans être rejeté.</p> <p>Michel Navion, délégué régional de SOS Homophobie, lui aussi présent au débat, n'est pas de cet avis. Pour lui, David et Jonathan et l'imam de Marseille sont <em>«&nbsp;de lumineuses exceptions dans un milieu d'obscurantisme&nbsp;».</em> Il affirme que dans la plupart des témoignages reçus sur la ligne d'écoute de l'association, <em>«&nbsp;la religion est un facteur de rejet et de violence&nbsp;»</em> <em>(lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>).</p> <p>Ludovic-Mohamed Zahed intervient calmement&nbsp;: <em>«&nbsp;La religion en tant que telle n'existe pas. La religion, c'est les individus. Dire que s'il n'y avait plus de religion, il n'y aurait plus de problème, ce n'est pas vrai.&nbsp;»</em> Selon lui, elle doit être <em>«&nbsp;un facteur d'émancipation&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Instrumentaliser la religion, c'est une mauvaise solution. En revanche, nous devons lutter contre les religieux homophobes et transphobes.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________</span></p> <h3>A-t-on le choix ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________</span></p> <p>Le débat a aussi porté sur la question du choix&nbsp;: une question délicate chez les LGBT + et qui est loin de faire consensus. Elle est encore utilisée par des homophobes qui considèrent que si les homosexuels ont choisi leur orientation, ils peuvent alors en être détournés, rééduqués, guéris.<br />L'identité sexuelle est-elle le résultat d'un choix&nbsp;? Beaucoup répondent «&nbsp;non&nbsp;», l'attirance pour un homme, une femme ou les deux n'étant pas préméditée.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/ness_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Ness (deuxième à gauche) et ses amies lors de la Marche pour les Diversités (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/ness_2.jpg" alt="ness 2" width="577" height="386" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br />Ness, jeune lesbienne de 19 ans, n'est pas d'accord et le fait savoir&nbsp;:<em> «&nbsp;J'ai choisi moi-même d'être lesbienne et de me définir comme lesbienne,</em> explique-t-elle à l'assemblée. <em>C'est une partie importante de mon identité. Je l'ai fait pour des raisons politiques. C'est quelque chose qui s'est construit. Je suis entrée dans des mouvements féministes. C'est ma solution au système dominant. Il faut dédiaboliser cette question du choix. Je trouve que ça victimise les personnes LGBT. On nous impose l'hétérosexualité dès la naissance, comme si ça allait de soi. Donc devenir lesbienne, c'est un choix, ça ne nous tombe peut-être pas dessus.&nbsp;»<em></em></em></p> <p>Elle poursuit ainsi en un flot ininterrompu, comme si elle savait qu'elle aurait trop peu de temps pour tout dire. La réaction ne se fait pas attendre&nbsp;: le délégué de SOS Homophobie la reprend dans un discours qu'on pourrait au mieux qualifier de condescendant, parce que lui, bien sûr, sait à sa place que ce n'est pas un choix et que, tant mieux pour elle si elle s'assume. Point final. Balayée, la teinte politique de son intervention. Coupé net, le débat.<br />Agacée, la jeune femme quitte la salle avant qu'il ait terminé. Je la rattrape dans le hall du cinéma pour prendre rendez-vous…</p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________</span></p> <h3>Le lesbianisme comme acte politique</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p><strong>Samedi 13 juillet 2019 – 11 heures – chez «&nbsp;Praline et Panda&nbsp;» à Bourges<em></em></strong></p> <p>Ness explore. Les confins de son histoire, de son identité, de ses positionnements politiques. Les homophobes diraient qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut&nbsp;; elle répondrait sans doute qu'elle sait très bien ce qu'elle ne veut pas. Ce qu'elle n'accepte plus&nbsp;: des relations basées sur la domination, inhérente à la société libérale.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/intersectionnalité.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Beaucoup de militants s'intéressent à l'intersectionnalité des luttes (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/intersectionnalité.jpg" alt="intersectionnalité" width="379" height="560" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br />Car comme les militant.es du FHAR ou des Gouines Rouges avant elle (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>), elle ne peut dissocier la lutte contre les discriminations sexuelles, de la lutte contre les discriminations sociales. Elle souhaite militer au sein d'organisations qui encouragent l'intersectionnalité <span style="font-size: 8pt;">(6)</span> et refusent la hiérarchisation des luttes. C'est pourquoi, elle a quitté les Jeunesses Communistes et aussi l'association Berry LGBT&nbsp;:<em> «&nbsp;Les gays essaient de conserver leurs avantages et ne se rendent pas compte qu'ils peuvent reproduire les mêmes comportements que les hétéros.&nbsp;»</em> Elle regrette ainsi la sous-représentativité des lesbiennes dans les mouvements de lutte LGBT +. <em>«&nbsp;Le L, c'est pourtant bien la première lettre de LGBT, non&nbsp;?&nbsp;»<em></em></em></p> <p>Aujourd'hui, Ness vit une relation avec une autre jeune femme et continue à militer, principalement sur les réseaux sociaux.<em> «&nbsp;J'essaie d'être le modèle que j'aimerais avoir. Je me définis comme lesbienne politique, féministe lesbienne.&nbsp;»</em> En quoi cela consiste-t-il&nbsp;? Différents courants existent dans le féminisme : égalitaire (dit aussi réformiste, qui vise à améliorer la place des femmes dans le système social, mais sans remettre en cause ce système social) ; anarchiste (refus des hiérarchies et de toute forme d'oppression) ; radical (on ne parle plus d'égalité ni de discrimination, mais de domination) ; décolonial, écoféminisme... Le féminisme lesbien est un courant à part entière : il prend en compte l'intersectionnalité (le sexisme et le lesbophobisme, par exemple, mais aussi le racisme) ; il prône un séparatisme lesbien, complet, d'avec les hommes. Monique Wittig a théorisé ce courant dans les années 1980 : pour elle, l'hétérosexualité n'est pas un choix mais une contrainte sociale, voire un régime politique, qu'il faut rejeter. Ce séparatisme lesbien a créé beaucoup de tensions au sein même des mouvements féministes. Il est aujourd'hui surtout soutenu en Angleterre et aux Etats-Unis.<em><br /></em></p> <p>Pour Ness, qui a subi sexisme et machisme dans son enfance, des violences sexuelles il y a peu, ce lesbianisme politique est la solution. Et à ceux qui la jugeraient extrêmiste, elle répond : <em>« On est obligé de se radicaliser pour se faire entendre. »</em></p> <p>Ayant grandi aux alentours de Bourges, Ness connaît bien la problématique du monde rural. <em>«&nbsp;C'est aussi un problème de classes&nbsp;: le conservatisme s'exprime à la campagne, où on oppose le rural viril au petit bourgeois efféminé… C'est dur d'exister ici, ce n'est pas pour rien que les gens montent à Paris. C'est aussi dur de militer ici&nbsp;: lors de la première Marche des Diversités à Vierzon, nous étions une trentaine...&nbsp;»</em> Etudiante, elle souhaite emménager dans une ville où elle pourrait rencontrer davantage de militantes.<br />Son rêve&nbsp;? Ouvrir une librairie en milieu rural, autour des minorités avec, par exemple, de la littérature féministe politique.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________</span></p> <h3>Nommer pour faire exister</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <p><strong>Samedi 6 juillet 2019 – 16 heures – Jardin des Prés Fichaux à Bourges</strong></p> <p>Sous un soleil radieux, les participants à la Marche des Diversités remontent progressivement les allées du Jardin des Prés Fichaux. Certains arborent le drapeau multicolore de la lutte LGBT +, d'autres quelques strasses et paillettes. Un groupe de drag queen, «&nbsp;Jacques Queer&nbsp;» en tête (le personnage emblématique de la ville de Bourges, Jacques C<span style="color: #000000;">œ</span><em></em>ur, en drag queen), joue le jeu de la séance photo…<br />Sous les arbres, les stands des associations comme Berry LGBT, David et Jonathan, SOS Homophobie, Le Refuge, Aides, Bicause, Amnesty International, En tous genres 36… ainsi qu'un syndicat et un mouvement politique. On y parle discriminations, violences, mais aussi solidarité, droits, fierté.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/bicause.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'association Bicause milite pour les Bi, Pan et + (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/bicause.jpg" alt="bicause" width="460" height="308" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Avec Fabien, venu de Châteauroux et membre de David et Jonathan, nous échangeons sur le travail de lobby politique que mène le mouvement. En faveur de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) mais aussi pour lutter contre <em>«&nbsp;les thérapies de conversion&nbsp;»</em> qui se multiplient en Amérique du Sud et arrivent en Europe : des véritables camps de torture qui prétendent guérir les homosexuels de leur maladie…<br />Avec Valérie Baud, revenue de Marseille pour défiler aux côtés de Bicause dont elle est la co-porte parole, nous évoquons le «&nbsp;pangenre&nbsp;». Une notion qui ne considère plus le genre de manière binaire. La personne est attirée vers une autre personne indépendamment de son genre&nbsp;: homme, femme, bi, trans…</p> <p>Je m'interroge&nbsp;: tous ces termes servent-ils vraiment les luttes&nbsp;? Quel besoin les LGBT + ont-ils de se mettre eux.elles-mêmes dans des cases&nbsp;? La reconnaissance des diversités passe en fait par là. Le langage, les mots ont leur importance. Car ce qui n'est pas nommé peut-il réellement exister&nbsp;?</p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <h3>Aider les personnes transgenres</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________</span></p> <p>La marche démarre dans une ambiance bon enfant. Au plus fort de l'événement, je compte environ 600 personnes. Parmi lesquelles Fred, Pierre, Francky et Sandrine, des amis originaires de Bourges, dont certains sont désormais installés à Montpellier.<em> «&nbsp;C'était important d'être ici pour la première marche. Il faut soutenir la communauté, faire changer les mentalités&nbsp;! C'est bien, il y a du monde&nbsp;»</em>, se réjouit Fred, gay. Il y a dix ans, quand il habitait encore le Cher, il côtoyait différents bars et clubs connus de la communauté. <em>«&nbsp;Ils ont tous disparu&nbsp;»</em>, regrette-t-il.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/trans.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les personnes transgenres subissent beaucoup de discriminations (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/trans.jpg" alt="trans" width="490" height="386" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Bourges est-elle une ville tolérante&nbsp;?<em> «&nbsp;Non, sûrement pas,</em> répond Pierre, également gay, qui vit toujours ici.<em> Il n'y a qu'à voir les dégradations commises sur l'exposition de photos (lire l'encadré).&nbsp;»</em> A-t-il peur de subir des violences&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, pas vraiment. Il ne faut pas psychoter sinon tu ne fais plus rien.&nbsp;»</em> Il aimerait militer dans des associations mais Vierzon lui a paru trop loin.</p> <p>Dans le défilé, je croise K. Au fil de la discussion, je comprends qu'il a été trans. Sa transition, complète, est désormais terminée. Lorsque vous êtes transgenre, vous savez n'être pas né dans le bon corps&nbsp;: une femme dans ce «&nbsp;corps imaginaire&nbsp;» décrit par Brigitte Brami, véritable homme dans son corps réel, par exemple. Il ne s'agit pas là de sexualité, mais bien de genre.<br />K. a su qu'il devait accomplir sa transition en lisant «&nbsp;Mauvais Genre&nbsp;» d'Axel Léotard. Marié à une femme, père d'un jeune garçon, il a entamé les démarches médicales et administratives pour recoller à sa véritable identité. Aujourd'hui membre de l'association Berry LGBT, il veut aider les personnes trans. Quels sont les prochains combats qui lui semblent essentiels&nbsp;? <em>«&nbsp;La PMA et aussi la lutte contre les mutilations intersexes, une véritable abomination.&nbsp;»</em><br />Il se réjouit de la participation à cette marche et se souvient de sa première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» à Berlin, <em>«&nbsp;quand le mur est tombé&nbsp;!&nbsp;»</em>. Un double symbole.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>Plus de bénévoles, de militants, d'activistes</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Après quatre kilomètres parcourus à travers la ville, le défilé se disperse au Jardin des Prés Fichaux. <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/poingt_levé.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Minute de silence sur la place Gordaine, à Bourges, en faveur des victimes de l'homophobie (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/poingt_levé.jpg" alt="poingt levé" width="432" height="290" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Chacun.e marque une pause avant les festivités du soir&nbsp;: un concert square du Cardinal-Lefebvre et des soirées dans les bars de la ville. Pas d'incident, une joyeuse fête, comme un répit…<br />En 2020, il se murmure que la prochaine marche aura lieu à Issoudun. <em>« Logiquement, ce sera dans l'Indre,</em> annonce Emmanuel Ducarteron. <em>Nous confirmerons dans quelques mois s'il s'agit d'Issoudun. »</em> Pour cet événement comme pour la permanence à Vierzon ou les interventions en milieu scolaire, il faudrait davantage de bénévoles : tous.tes les volontaires sont les bienvenu;es !</p> <p>Que se sera-t-il passé d'ici la prochaine marche ? Les Parlementaires auront-ils eu le courage de voter la PMA&nbsp;? Des manifestations d'opposition se seront-elles déroulées dans les rues comme lors du Mariage Pour Tous&nbsp;? Les débats auront-ils gonflé les rangs des bénévoles, militants, activistes&nbsp;?</p> <p>L'étendue du chemin, on me l'a montrée. Ici et ailleurs. En ville comme en campagne. En France et dans d'autres pays. Un long chemin a déjà été fait, mais il en reste à parcourir. Vers la liberté totale d'être et d'aimer.<br /><br /><strong>Texte : Fanny Lancelin</strong></p> <p><strong>Photos : Ludovic Bourgeois</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) On désigne par LGBT + ce qui concerne&nbsp; les Lesbiennes, Gays, Bisexuel.les, Transgenres mais aussi les queer, intersexes, pangenres…<br />(2) Coming out&nbsp;: contraction de «&nbsp;coming out of the closet&nbsp;», qu'on peut traduire par «&nbsp;sortir du placard&nbsp;». Expression qui désigne le fait pour une personne homosexuelle de le révéler publiquement.<br />(3) Le Local de Berry LGBT se situe 3, place Gallerand à Vierzon. Il est ouvert tous les samedis sauf durant les vacances d'été, les rencontres se font sur rendez-vous. Contact&nbsp;: 07.56.99.10.00.<br />(4) Brigitte Brami est l'autrice d'un recueil de poésies, de «&nbsp;La prison ruinée&nbsp;» (éditions Indigène) et de «&nbsp;Miracle de Jean Genet&nbsp;» (éditions L'écarlate).<br />(5) La Pastorale&nbsp;: activité organisée au sein de l’Église ou en dehors, qui regroupe les fidèles selon leurs besoins spirituels. Par exemple, des pastorales spécialisées peuvent être organisées en groupes de discussions et d'actions autour de l'école, des malades, des immigrés etc..<br />(6) Intersectionnalité des luttes&nbsp;: terme né à la fin des années 1980 pour désigner l'intersection entre le sexisme et le racisme subis par les femmes afro-américaines. Son sens a été élargi à partir de 2010 pour englober toutes les formes de discriminations qui s'entrecroisent.<br />(7) «&nbsp;La vie d'Adèle&nbsp;» réalisé par Abdellatif Kechiche sorti en 2013.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Des dégradations sur une exposition</h3> </div> <ul> <li>L'exposition «&nbsp;Les Couples de la République&nbsp;», des photographies d'Olivier Ciappa, avait été installée peu avant le début de la Semaine des Diversités, sur les grilles du Jardin des Prés Fichaux. <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/expo.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Des photos ont été lacérées (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/expo.jpg" alt="expo" width="482" height="326" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Elles représentent des couples et des familles qui s'aiment, s'embrassent. Des couples hétérosexuels ou homosexuels, des familles homoparentales ou non.<br />Cette exposition a fait l'objet de deux séries de dégradations&nbsp;: des photos arrachées, abîmées, lacérées… <em>«&nbsp;Ce ne sont pas des photos qui ont été vandalisées. C'est le droit des personnes LGBT, des couples gays et lesbiens et des familles homoparentales d'être présentes dans l'espace public qui est refusé,</em> réagissait Emmanuel Ducarteron, président de l'association Berry LGBT&nbsp;qui organisait la Semaine des Diversités à Bourges. <em>Tant qu'un couple gay ou lesbien marchant dans la rue ou s'embrassant au supermarché risquera de se faire agresser, les associations et les artistes seront là pour eux pour dénoncer la haine.&nbsp;»</em><br />Une manifestation de soutien, en présence d'Olivier Ciappa, a été organisée le jeudi 4 juillet au Jardin des Prés Fichaux. La mairie de Bourges s'est engagée à assurer un retirage des photos, à les réinstaller et à les faire surveiller. <em>«&nbsp;On ne reculera pas. La République est partout&nbsp;»</em>, commentait Eric Meseguer, adjoint au maire chargé notamment de la Diversité.</li> </ul> </div> <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">«&nbsp;La révolution totale, ce n'est pas seulement séquestrer un patron qui vous fait chier&nbsp;: c'est accepter le bouleversement des mœurs sans restriction.&nbsp;»</span></em></strong></p> <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">Guy Hocquenghem</span></em>&nbsp;</strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">L</span><em></em>'étendue du chemin qu'il reste à parcourir, ce ne sont pas Emmanuel, Valérie, K., Brigitte, Pierre ou Ness qui me l'ont montrée. Ce ne sont pas des personnes lesbiennes, gaies, bies, trans ou pangenres. L'étendue du chemin qu'il reste à parcourir vers la liberté totale d'être et d'aimer, c'est un homophobe qui me l'a montrée. Un homophobe repenti, selon lui.</p> <p>Je suis appuyée au zinc d'un café, dans un tout petit village du Cher. J'interroge un couple d'hommes, homosexuels, mariés, sur les difficultés qu'ils ont rencontrées dans le milieu rural où ils vivent. Et voici qu'entre un habitué. Nous sommes présentés, mes interlocuteurs affichent immédiatement la couleur&nbsp;: <em>«&nbsp;Tiens, voilà un bon exemple&nbsp;: lui, il était homophobe mais depuis qu'il nous connaît, il a changé&nbsp;!&nbsp;»</em> L'intéressé acquiesce&nbsp;: <em>«&nbsp;Faut voir dans quel état d'esprit j'ai été élevé. Mon père, il me disait qu'il n'y a que les chiens qui s'enculent, pardonnez-moi madame, mais c'est la réalité. Comment voulez-vous qu'on soit ouvert, après ça&nbsp;?&nbsp;»</em> Pour lui, les mentalités dans les campagnes restent plus fermées qu'en ville. <em>«&nbsp;Il y a au moins une génération de décalage&nbsp;»</em>, assure-t-il. Depuis qu'il sait ses amis <em>«&nbsp;gays&nbsp;»</em>, son regard a évolué. Il s'est tout simplement aperçu qu'ils étaient… <em>«&nbsp;normaux&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Ce ne sont pas des folles, ils vivent comme nous.&nbsp;»</em> Quand bien même ils seraient des «&nbsp;folles&nbsp;», n'auraient-ils pas le droit de vivre&nbsp;? <em>«&nbsp;Si, mais ça aiderait pas à les accepter. Surtout en campagne.&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/main.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un couple participant à la Marche des Diversités (Photo : L. Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/main.jpg" alt="main" width="302" height="442" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Bon, quelques questions lui taraudent bien encore l'esprit&nbsp;: <em>«&nbsp;Mais ça t'a pris à quel âge&nbsp;?&nbsp;»</em> demande-t-il à l'un de ses amis. Qui sourit, me regarde, dépité, et hausse les épaules… <em>«&nbsp;Comment ça, «&nbsp;ça m'a pris&nbsp;»&nbsp;?&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Oh, tu vois bien c'que j'veux dire.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;C'est pas une lubie ni une maladie, tu sais.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;J'sais bien, j'sais bien...&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;J'ai toujours été comme ça.&nbsp;</em>» - <em>«&nbsp;Mais t'as jamais essayé avec les filles&nbsp;?&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Si, mais ça ne marchait pas.&nbsp;Je n'avais pas de désir. L'érection, elle est venue avec les garçons.&nbsp;»</em> - <em>«&nbsp;Ah, ça, j'ai du mal à comprendre. J'avoue, j'ai du mal...&nbsp;»</em></p> <p>Il a aussi du mal avec le fait que les homosexuels puissent avoir des enfants. Bien sûr, ils seront aimés, il n'en doute pas. Mais quand même, pour l'équilibre des gosses… La PMA&nbsp;? Faut voir. L'adoption&nbsp;? Il connaît, par cœur&nbsp;: il est lui-même passé par ce parcours du combattant.<br /><em>«&nbsp;On n'essaie pas de convaincre,</em> finit par lâcher un de ses amis. <em>On répond aux questions, on discute… Je ne vois pas pourquoi il faudrait sans cesse se justifier mais c'est sûr, il faut que les mentalités changent.&nbsp;»</em></p> <p>Qui les fera changer&nbsp;? Les couples homosexuel.les qui vivent «&nbsp;normalement&nbsp;»&nbsp;? Les bénévoles des associations qui travaillent à l'éducation des jeunes publics dans les écoles&nbsp;? Les militants politiques qui assurent un travail de lobbying pour faire évoluer les lois&nbsp;? Les activistes qui, par leurs coups d'éclat, visibilisent des questions encore taboues&nbsp;?<br />Sans doute tous et toutes à la fois. Car il n'existe pas une lutte LGBT + <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, mais des luttes, plurielles. Et qui concernent l'ensemble des êtres humains, en ce qu'elles concernent un principe fondamental&nbsp;: la liberté.</p> <p>Au fil de mes rencontres durant la Semaine des Diversités à Bourges, j'ai acquis une conviction&nbsp;: ces luttes, aussi diverses soient-elles, sont toutes politiques. Au sens «&nbsp;politike&nbsp;» du terme&nbsp;: elles touchent à des pratiques politiques, c'est-à-dire à des questions de pouvoir et de représentativité. Faire accepter des orientations sexuelles «&nbsp;différentes&nbsp;», des identités de genre «&nbsp;différentes&nbsp;», c'est admettre qu'une norme nous est imposée, par un système politique dominant&nbsp;: en France, celui des hommes blancs hétérosexuels, catholiques ou issus d'une éducation judéo-chrétienne.<br />Guy Hocquenghem, militant dans les années 1970 <em>(lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>), disait&nbsp;: <em>«&nbsp;Le désir de dominer les femmes et la condamnation de l'homosexualité ne font qu'un.&nbsp;»</em> Le sexisme, le patriarcat et le machisme forment le terreau de l'homophobie. C'est aussi là que le combat LGBT + se mène et qu'en cela, il doit être forcément, aussi, celui de tous.tes les hétérosexuel.les..</p> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <h3>La création de Berry LGBT</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <p><strong>Jeudi 4 juillet 2019 – 17 heures – Bourges</strong></p> <p>Emmanuel Ducarteron sait bien ce que signifie être homosexuel en milieu rural. Agé de 39 ans, il est né à Bourges, a grandi à Reuilly, a été à l'école à Vierzon. Depuis 2000, il vit à Paris. Mais c'est bien dans le Berry qu'il a souhaité créer une association pour soutenir la lutte LGBT + et ceux.celles qui souffrent de discriminations, comme lui en a souffert.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/emmanuel_ducarteron.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Emmanuel Ducarteron durant la Marche des Diversités (Photo : L. Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/emmanuel_ducarteron.jpg" alt="emmanuel ducarteron" width="308" height="364" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><em>«&nbsp;A l'époque où j'étais jeune ici, il n'y avait pas Internet et aucune association généraliste LGBT sur le territoire. J'ai connu le harcèlement scolaire alors même que je n'avais pas encore pris conscience de mon homosexualité. Je n'avais aucun mot à mettre sur cette attirance, ces sensations.&nbsp;»</em> Dans sa famille, le sujet n'est pas abordé. <em>«&nbsp;Comme pour beaucoup de parents, l'homosexualité, c'était chez les autres.&nbsp;»</em><br />Sans moyen de transport, comment rencontrer l'Autre, l'ami, le confident, l'amoureux&nbsp;? <em>«&nbsp;Mes copains d'adolescence étaient les héros des séries. Mes seuls moments d'oxygène étaient ceux passés devant la télévision. Je me suis renfermé.&nbsp;»</em><br />A 19 ans, il regarde le téléfilm <em>«&nbsp;Juste une question d'amour&nbsp;»</em> réalisé par Christian Faure. C'est le déclic. <em>«&nbsp;J'avais tellement entendu dire que deux garçons qui s'aiment, ce n'est pas possible… Je me suis tout de suite reconnu dans cette histoire.&nbsp;»</em> Un coming out <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> <em>«&nbsp;à soi-même&nbsp;»</em> suivi d'un coming out à ses parents <em>«&nbsp;qui vivaient dans une certaine foi&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Il y a eu une période où les ponts ont été coupés… c'était la peur du qu'en-dira-t-on… Je ne peux pas les blâmer, il y a encore tellement de tabous aujourd'hui.&nbsp;»</em> Plus tard, ses parents sont revenus vers lui et les relations sont désormais <em>«&nbsp;apaisées&nbsp;»</em>.</p> <p>En Région Parisienne, Emmanuel Ducarteron est intervenu dans les écoles sur la question des discriminations, avant de ressentir l'envie de créer une association chez lui&nbsp;: Berry LGBT est ainsi née il y a deux ans. Le local de l'association est situé à Vierzon&nbsp;; il est ouvert tous les samedis pour une permanence<span style="font-size: 8pt;"> (3)</span>. <em>«&nbsp;Beaucoup viennent pour avoir des informations sur la transidentité, on a reçu aussi quelques parents et certaines personnes LGBT mais qui ne le révèlent pas encore.&nbsp;»</em> Si l'association compte vingt-cinq adhérents, elle fonctionne avec un noyau restreint de bénévoles.<em> «&nbsp;Il y a les problèmes de mobilité, mais aussi le fait que les thématiques LGBT soient diverses. Enfin, il y a toujours les tabous, le silence… Il est plus facile de monter un club de théâtre ou de belote que participer à une association LGBT&nbsp;!&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></p> <h3>Se rendre visible, s'incarner</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________</span></p> <p>Berry LGBT&nbsp;a obtenu un agrément de l'Education nationale pour intervenir en milieu scolaire. <em>«&nbsp;Il faut sensibiliser les enfants et les adolescents. Dans le système du harcèlement, il n'y a pas seulement deux personnes&nbsp;: le harcelé et le harceleur… il y a tous les autres qui voient et ne disent rien, qui entendent les insultes, voient les agressions et, en ne réagissant pas, deviennent complices.&nbsp;»</em><br />Il n'existe aucun chiffre concernant les agressions de personnes LGBT + dans le Berry. Mais Emmanuel Ducarteron l'affirme&nbsp;:<em> «&nbsp;Porter plainte reste difficile. Une personne qui se fait agresser dans un village ne va pas forcément porter plainte, elle va avoir tendance à minimiser les faits et ne pas en parler. Heureusement, la parole commence à se libérer.&nbsp;»</em></p> <p>Chaque année depuis sa création, l'association organise une Marche des Diversités, en alternance dans l'Indre et le Cher. La première avait eu lieu à Vierzon et la deuxième à Châteauroux. Pour la troisième, à Bourges, l'événement a été étoffé avec une semaine complète d'animations&nbsp;: expositions, conférences, présentations d'ouvrages, projection de film et débat, village associatif, marche, concerts et fête&nbsp;!<br />L'objectif était double&nbsp;: informer et visibiliser.<br /><br /><strong>Mardi 2 juillet – 18 heures – chez «&nbsp;Praline et Panda&nbsp;» à Bourges<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/b_et_b.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Brigitte Brami et Valérie Baud (de gauche à droite) ont présenté leurs ouvrages (Photo : F. Lancelin)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/b_et_b.JPG" alt="b et b" width="482" height="362" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></strong></p> <p>Se rendre visible. S'incarner. Par son corps, transformer une réalité abstraite en représentation concrète. Se révéler à soi-même et aux autres.<br />Chacune à leur manière, les autrices Valérie Baud et Brigitte Brami évoquent cette incarnation essentielle. Devant une petite assistance, elles sont venues présenter leurs deux ouvrages.</p> <p>Dans «&nbsp;Possibles&nbsp;» (éditions Vent Solars), son tout premier roman nourri de ses propres questionnements, Valérie Baud raconte l'histoire d'Aurore, trentenaire mariée et mère de deux enfants, qui découvre son attirance pour les femmes. Un véritable parcours initiatique au cours duquel <em>«&nbsp;l'héroïne fait sauter tous les verrous, les uns après les autres&nbsp;»</em>. Que faire de ces bouleversements&nbsp;? Elle et son personnage ont choisi de les vivre, librement, intensément. Bien sûr, elles se sont heurtées <em>«&nbsp;à tous les virus sociaux&nbsp;»</em>. Mais en se déprogrammant, en osant, elles ont découvert <em>«&nbsp;une communauté de femmes libres&nbsp;»</em>, une <em>«&nbsp;terre d'asile&nbsp;»</em>.<br />Valérie Baud a tenu à <em>«&nbsp;montrer la beauté des corps, des relations et de l'amour&nbsp;»</em>. Certains passages sont très sensuels, à la limite de l'érotisme, mais ils ne sont pas gratuits. Ils disent quelque chose de cette incarnation comme affirmation de soi, non pas de ce qu'on devient mais de ce qu'on est réellement. Elle décrit aussi très bien les schémas qui emprisonnent le mari de son héroïne, qui ne peut accepter que sa femme aime une autre femme. <em>«&nbsp;La vie que tu veux, ça n'existe pas&nbsp;»</em>, lui assène-t-il.</p> <p>Dans un tout autre registre, Brigitte Brami, qui se présente comme <em>«&nbsp;écrivaine lesbienne féministe&nbsp;»</em> a écrit «&nbsp;Corps imaginaires&nbsp;» (éditions Unicité). <em>«&nbsp;Chacun a un corps imaginaire&nbsp;: celui qu'on regarde dans le miroir mais qui n'est pas réel.&nbsp;»</em> Ce livre est une <em>«&nbsp;auto-fiction&nbsp;à la Jean Genet&nbsp;»</em>&nbsp;: Brigitte Brami l'a produit après un séjour en détention à Fleury-Mérogis. Il livre l'histoire de deux femmes lesbiennes&nbsp;: Thérèse, dont elle était amoureuse, qui s'est suicidée&nbsp;; et Sana, <em>«&nbsp;incarcérée deux fois&nbsp;»</em>, prisonnière aussi d'un corps malade mais qui s'en sortait <em>«&nbsp;grâce à la machine à raconter des histoires&nbsp;»…</em><br /><em>«&nbsp;Pendant l'incarcération, le corps est contraint, notamment par l'espace. Il y a l'obligation de se redimensionner pour s'adapter, accepter. Certains y parviennent, d'autres pas.&nbsp;»</em> Dans nos sociétés, l'incarcération peut être mentale. Comment s'en libérer&nbsp;?<br />Brigitte Brami a choisi un style dense, brut,<em> «&nbsp;une écriture d'économie&nbsp;»</em>.<br />Ce livre est son quatrième <span style="font-size: 8pt;">(4)</span>, son œuvre est traversée par l'anamnèse&nbsp;: <em>«&nbsp;la levée de l'oubli&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Comment intégrer une lutte en en faisant sa propre histoire&nbsp;? Car c'est la mémoire de toute chose qui devient sa propre mémoire.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <h3>Pourquoi faire son coming out ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <p><strong>Mercredi 3 juillet 2019 – 20 h 30 – Cinéma de la Maison de la Culture de Bourges</strong></p> <p>Partout à travers le monde, des jeunes ont décidé de livrer une partie de leur mémoire pour en faire une mémoire collective&nbsp;: ils ont filmé leur coming out et l'ont diffusé via Internet. Le réalisateur Denis Parrot a compulsé quelques-unes de ces innombrables vidéos pour en faire un film, «&nbsp;Coming out&nbsp;», projeté durant la Semaine des Diversités.<br />On y voit de jeunes hommes et femmes, révèlent à leurs mères, en direct ou par téléphone, qu'ils sont gays ou lesbiennes. Les réactions sont variées&nbsp;: certaines mères fondent en larmes, soulagées par cette révélation&nbsp;; d'autres se contentent d'assurer que cela ne changera rien à l'amour qu'elle porte à leur enfant&nbsp;; d'autres encore répètent <em>«&nbsp;c'est comme ça&nbsp;»</em>… L'une d'elles essaie de convaincre sa fille qu'elle n'a pas <em>«&nbsp;encore trouvé le bon&nbsp;»</em>. Aux Etats-Unis, une scène violente, non filmée mais enregistrée, oppose un jeune homme gay au reste de sa famille, qui manque de peu de se faire passer à tabac. Une seule scène montre un coming out avec un père, plutôt bienveillant du reste.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/coming_out.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Le film a été projeté au cinéma de la Maison de la Culture." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/coming_out.jpg" alt="coming out" width="515" height="291" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>A la fin du film, au moment du débat, Emmanuel Ducarteron prend la parole&nbsp;: <em>«&nbsp;Lors d'un coming out, on n'avoue pas,</em> souligne-t-il. <em>On avoue un crime ou une faute. On n'avoue pas son homosexualité&nbsp;: on la dit, on l'annonce, on la révèle.&nbsp;»</em><br />Dans la salle, une jeune femme prend le micro et s'interroge&nbsp;: <em>«&nbsp;Pourquoi devrait-on avoir à faire son coming out ?&nbsp;»</em> Le président de Berry LGBT est d'accord&nbsp;: dans l'idéal, on ne devrait pas. <em>«&nbsp;Le coming out, ce n'est pas forcément dire, c'est avant tout vivre. Mais pour l'instant, on est souvent obligé d'en passer par là, parce que ça n'est pas encore accepté. La preuve&nbsp;: on n'est pas agressé dans la rue parce qu'on est hétéro. Mais parce qu'on est homo, si.&nbsp;»</em></p> <p>Dans l'une des vidéos, un jeune homme russe, Artem, l'explique bien&nbsp;: <em>«&nbsp;Nous ne faisons pas notre coming out pour les personnes hétérosexuelles. Nous ne faisons pas notre coming out pour les religieux. Nous ne faisons pas notre coming out pour les personnes qui nous haïssent (…) Nous le faisons pour montrer aux autres personnes LGBT qu'elles peuvent avoir une vie normale, être aimées et acceptées. Nous le faisons aussi pour montrer aux autres que nous sommes des personnes comme elles&nbsp;: ingénieurs, médecins, enseignants, violonistes, fils, filles, et plus encore, des êtres humains.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></p> <h3>Homosexualité et religion</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></span></p> <p>Les «&nbsp;religieux&nbsp;». Ils sont présents, en ce soir de débat. Jean-Pierre Compain représente&nbsp; David et Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, créé en 1972 (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>). En duplex, par téléphone, Ludovic-Mohamed Zahed, imam homosexuel, séropositif et marié, fondateur de l'association Homosexuels Musulmans de France (HM2F) et cofondateur de la première mosquée inclusive de France qui accueille les personnes LGBT +.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/david_et_jonathan.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'association David et Jonathan était présente lors du ciné-débat, au village des associations et à la Marche (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/david_et_jonathan.jpg" alt="david et jonathan" width="568" height="324" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Je demande le micro&nbsp;: dans le film, une vidéo met en scène une jeune qui téléphone à un centre d'écoute religieux. Lorsqu'elle tape sur la touche correspondant aux droits des homosexuels, elle s'entend débiter un flot d'absurdités haineuses, sur les prétendues punitions divines qui s'abattront bientôt sur elle si elle pèche.<br />Comment les mouvements chrétiens et musulmans LGBT agissent pour contrer ce type de discours, pourtant parfois «&nbsp;officiel&nbsp;»&nbsp;?<br />Pour Jean-Pierre Compain, une <em>«&nbsp;évolution importante&nbsp;»</em> est en cours dans l'Eglise catholique, notamment «&nbsp;au niveau de la Pastorale&nbsp;» <span style="font-size: 8pt;">(5)</span>. <em>«&nbsp;Au moment du Mariage pour Tous, il y a eu beaucoup de discussions et depuis, deux tiers des diocèses comptent des groupes pour échanger sur ces sujets.&nbsp;»</em> Il en existe à Bourges. S'il reconnaît que le texte officiel (La Bible) considère l'hétérosexualité comme la loi naturelle, il assure qu'on peut être aujourd'hui homosexuel dans l'Eglise sans être rejeté.</p> <p>Michel Navion, délégué régional de SOS Homophobie, lui aussi présent au débat, n'est pas de cet avis. Pour lui, David et Jonathan et l'imam de Marseille sont <em>«&nbsp;de lumineuses exceptions dans un milieu d'obscurantisme&nbsp;».</em> Il affirme que dans la plupart des témoignages reçus sur la ligne d'écoute de l'association, <em>«&nbsp;la religion est un facteur de rejet et de violence&nbsp;»</em> <em>(lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>).</p> <p>Ludovic-Mohamed Zahed intervient calmement&nbsp;: <em>«&nbsp;La religion en tant que telle n'existe pas. La religion, c'est les individus. Dire que s'il n'y avait plus de religion, il n'y aurait plus de problème, ce n'est pas vrai.&nbsp;»</em> Selon lui, elle doit être <em>«&nbsp;un facteur d'émancipation&nbsp;»</em>. <em>«&nbsp;Instrumentaliser la religion, c'est une mauvaise solution. En revanche, nous devons lutter contre les religieux homophobes et transphobes.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________</span></p> <h3>A-t-on le choix ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________</span></p> <p>Le débat a aussi porté sur la question du choix&nbsp;: une question délicate chez les LGBT + et qui est loin de faire consensus. Elle est encore utilisée par des homophobes qui considèrent que si les homosexuels ont choisi leur orientation, ils peuvent alors en être détournés, rééduqués, guéris.<br />L'identité sexuelle est-elle le résultat d'un choix&nbsp;? Beaucoup répondent «&nbsp;non&nbsp;», l'attirance pour un homme, une femme ou les deux n'étant pas préméditée.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/ness_2.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Ness (deuxième à gauche) et ses amies lors de la Marche pour les Diversités (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/ness_2.jpg" alt="ness 2" width="577" height="386" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br />Ness, jeune lesbienne de 19 ans, n'est pas d'accord et le fait savoir&nbsp;:<em> «&nbsp;J'ai choisi moi-même d'être lesbienne et de me définir comme lesbienne,</em> explique-t-elle à l'assemblée. <em>C'est une partie importante de mon identité. Je l'ai fait pour des raisons politiques. C'est quelque chose qui s'est construit. Je suis entrée dans des mouvements féministes. C'est ma solution au système dominant. Il faut dédiaboliser cette question du choix. Je trouve que ça victimise les personnes LGBT. On nous impose l'hétérosexualité dès la naissance, comme si ça allait de soi. Donc devenir lesbienne, c'est un choix, ça ne nous tombe peut-être pas dessus.&nbsp;»<em></em></em></p> <p>Elle poursuit ainsi en un flot ininterrompu, comme si elle savait qu'elle aurait trop peu de temps pour tout dire. La réaction ne se fait pas attendre&nbsp;: le délégué de SOS Homophobie la reprend dans un discours qu'on pourrait au mieux qualifier de condescendant, parce que lui, bien sûr, sait à sa place que ce n'est pas un choix et que, tant mieux pour elle si elle s'assume. Point final. Balayée, la teinte politique de son intervention. Coupé net, le débat.<br />Agacée, la jeune femme quitte la salle avant qu'il ait terminé. Je la rattrape dans le hall du cinéma pour prendre rendez-vous…</p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________________________</span></p> <h3>Le lesbianisme comme acte politique</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_______________________________________________________</span></p> <p><strong>Samedi 13 juillet 2019 – 11 heures – chez «&nbsp;Praline et Panda&nbsp;» à Bourges<em></em></strong></p> <p>Ness explore. Les confins de son histoire, de son identité, de ses positionnements politiques. Les homophobes diraient qu'elle ne sait pas ce qu'elle veut&nbsp;; elle répondrait sans doute qu'elle sait très bien ce qu'elle ne veut pas. Ce qu'elle n'accepte plus&nbsp;: des relations basées sur la domination, inhérente à la société libérale.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/intersectionnalité.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Beaucoup de militants s'intéressent à l'intersectionnalité des luttes (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/intersectionnalité.jpg" alt="intersectionnalité" width="379" height="560" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em><br />Car comme les militant.es du FHAR ou des Gouines Rouges avant elle (<em>lire aussi la rubrique (Re)découvrir</em>), elle ne peut dissocier la lutte contre les discriminations sexuelles, de la lutte contre les discriminations sociales. Elle souhaite militer au sein d'organisations qui encouragent l'intersectionnalité <span style="font-size: 8pt;">(6)</span> et refusent la hiérarchisation des luttes. C'est pourquoi, elle a quitté les Jeunesses Communistes et aussi l'association Berry LGBT&nbsp;:<em> «&nbsp;Les gays essaient de conserver leurs avantages et ne se rendent pas compte qu'ils peuvent reproduire les mêmes comportements que les hétéros.&nbsp;»</em> Elle regrette ainsi la sous-représentativité des lesbiennes dans les mouvements de lutte LGBT +. <em>«&nbsp;Le L, c'est pourtant bien la première lettre de LGBT, non&nbsp;?&nbsp;»<em></em></em></p> <p>Aujourd'hui, Ness vit une relation avec une autre jeune femme et continue à militer, principalement sur les réseaux sociaux.<em> «&nbsp;J'essaie d'être le modèle que j'aimerais avoir. Je me définis comme lesbienne politique, féministe lesbienne.&nbsp;»</em> En quoi cela consiste-t-il&nbsp;? Différents courants existent dans le féminisme : égalitaire (dit aussi réformiste, qui vise à améliorer la place des femmes dans le système social, mais sans remettre en cause ce système social) ; anarchiste (refus des hiérarchies et de toute forme d'oppression) ; radical (on ne parle plus d'égalité ni de discrimination, mais de domination) ; décolonial, écoféminisme... Le féminisme lesbien est un courant à part entière : il prend en compte l'intersectionnalité (le sexisme et le lesbophobisme, par exemple, mais aussi le racisme) ; il prône un séparatisme lesbien, complet, d'avec les hommes. Monique Wittig a théorisé ce courant dans les années 1980 : pour elle, l'hétérosexualité n'est pas un choix mais une contrainte sociale, voire un régime politique, qu'il faut rejeter. Ce séparatisme lesbien a créé beaucoup de tensions au sein même des mouvements féministes. Il est aujourd'hui surtout soutenu en Angleterre et aux Etats-Unis.<em><br /></em></p> <p>Pour Ness, qui a subi sexisme et machisme dans son enfance, des violences sexuelles il y a peu, ce lesbianisme politique est la solution. Et à ceux qui la jugeraient extrêmiste, elle répond : <em>« On est obligé de se radicaliser pour se faire entendre. »</em></p> <p>Ayant grandi aux alentours de Bourges, Ness connaît bien la problématique du monde rural. <em>«&nbsp;C'est aussi un problème de classes&nbsp;: le conservatisme s'exprime à la campagne, où on oppose le rural viril au petit bourgeois efféminé… C'est dur d'exister ici, ce n'est pas pour rien que les gens montent à Paris. C'est aussi dur de militer ici&nbsp;: lors de la première Marche des Diversités à Vierzon, nous étions une trentaine...&nbsp;»</em> Etudiante, elle souhaite emménager dans une ville où elle pourrait rencontrer davantage de militantes.<br />Son rêve&nbsp;? Ouvrir une librairie en milieu rural, autour des minorités avec, par exemple, de la littérature féministe politique.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________</span></p> <h3>Nommer pour faire exister</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________</span></p> <p><strong>Samedi 6 juillet 2019 – 16 heures – Jardin des Prés Fichaux à Bourges</strong></p> <p>Sous un soleil radieux, les participants à la Marche des Diversités remontent progressivement les allées du Jardin des Prés Fichaux. Certains arborent le drapeau multicolore de la lutte LGBT +, d'autres quelques strasses et paillettes. Un groupe de drag queen, «&nbsp;Jacques Queer&nbsp;» en tête (le personnage emblématique de la ville de Bourges, Jacques C<span style="color: #000000;">œ</span><em></em>ur, en drag queen), joue le jeu de la séance photo…<br />Sous les arbres, les stands des associations comme Berry LGBT, David et Jonathan, SOS Homophobie, Le Refuge, Aides, Bicause, Amnesty International, En tous genres 36… ainsi qu'un syndicat et un mouvement politique. On y parle discriminations, violences, mais aussi solidarité, droits, fierté.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/bicause.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'association Bicause milite pour les Bi, Pan et + (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/bicause.jpg" alt="bicause" width="460" height="308" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Avec Fabien, venu de Châteauroux et membre de David et Jonathan, nous échangeons sur le travail de lobby politique que mène le mouvement. En faveur de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) mais aussi pour lutter contre <em>«&nbsp;les thérapies de conversion&nbsp;»</em> qui se multiplient en Amérique du Sud et arrivent en Europe : des véritables camps de torture qui prétendent guérir les homosexuels de leur maladie…<br />Avec Valérie Baud, revenue de Marseille pour défiler aux côtés de Bicause dont elle est la co-porte parole, nous évoquons le «&nbsp;pangenre&nbsp;». Une notion qui ne considère plus le genre de manière binaire. La personne est attirée vers une autre personne indépendamment de son genre&nbsp;: homme, femme, bi, trans…</p> <p>Je m'interroge&nbsp;: tous ces termes servent-ils vraiment les luttes&nbsp;? Quel besoin les LGBT + ont-ils de se mettre eux.elles-mêmes dans des cases&nbsp;? La reconnaissance des diversités passe en fait par là. Le langage, les mots ont leur importance. Car ce qui n'est pas nommé peut-il réellement exister&nbsp;?</p> <p><span style="color: #fc615d;">__________________________________________________</span></p> <h3>Aider les personnes transgenres</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________</span></p> <p>La marche démarre dans une ambiance bon enfant. Au plus fort de l'événement, je compte environ 600 personnes. Parmi lesquelles Fred, Pierre, Francky et Sandrine, des amis originaires de Bourges, dont certains sont désormais installés à Montpellier.<em> «&nbsp;C'était important d'être ici pour la première marche. Il faut soutenir la communauté, faire changer les mentalités&nbsp;! C'est bien, il y a du monde&nbsp;»</em>, se réjouit Fred, gay. Il y a dix ans, quand il habitait encore le Cher, il côtoyait différents bars et clubs connus de la communauté. <em>«&nbsp;Ils ont tous disparu&nbsp;»</em>, regrette-t-il.<a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/trans.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les personnes transgenres subissent beaucoup de discriminations (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/trans.jpg" alt="trans" width="490" height="386" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Bourges est-elle une ville tolérante&nbsp;?<em> «&nbsp;Non, sûrement pas,</em> répond Pierre, également gay, qui vit toujours ici.<em> Il n'y a qu'à voir les dégradations commises sur l'exposition de photos (lire l'encadré).&nbsp;»</em> A-t-il peur de subir des violences&nbsp;? <em>«&nbsp;Non, pas vraiment. Il ne faut pas psychoter sinon tu ne fais plus rien.&nbsp;»</em> Il aimerait militer dans des associations mais Vierzon lui a paru trop loin.</p> <p>Dans le défilé, je croise K. Au fil de la discussion, je comprends qu'il a été trans. Sa transition, complète, est désormais terminée. Lorsque vous êtes transgenre, vous savez n'être pas né dans le bon corps&nbsp;: une femme dans ce «&nbsp;corps imaginaire&nbsp;» décrit par Brigitte Brami, véritable homme dans son corps réel, par exemple. Il ne s'agit pas là de sexualité, mais bien de genre.<br />K. a su qu'il devait accomplir sa transition en lisant «&nbsp;Mauvais Genre&nbsp;» d'Axel Léotard. Marié à une femme, père d'un jeune garçon, il a entamé les démarches médicales et administratives pour recoller à sa véritable identité. Aujourd'hui membre de l'association Berry LGBT, il veut aider les personnes trans. Quels sont les prochains combats qui lui semblent essentiels&nbsp;? <em>«&nbsp;La PMA et aussi la lutte contre les mutilations intersexes, une véritable abomination.&nbsp;»</em><br />Il se réjouit de la participation à cette marche et se souvient de sa première «&nbsp;Gay Pride&nbsp;» à Berlin, <em>«&nbsp;quand le mur est tombé&nbsp;!&nbsp;»</em>. Un double symbole.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>Plus de bénévoles, de militants, d'activistes</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_________________________________________________________________</span></p> <p>Après quatre kilomètres parcourus à travers la ville, le défilé se disperse au Jardin des Prés Fichaux. <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/poingt_levé.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Minute de silence sur la place Gordaine, à Bourges, en faveur des victimes de l'homophobie (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/poingt_levé.jpg" alt="poingt levé" width="432" height="290" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Chacun.e marque une pause avant les festivités du soir&nbsp;: un concert square du Cardinal-Lefebvre et des soirées dans les bars de la ville. Pas d'incident, une joyeuse fête, comme un répit…<br />En 2020, il se murmure que la prochaine marche aura lieu à Issoudun. <em>« Logiquement, ce sera dans l'Indre,</em> annonce Emmanuel Ducarteron. <em>Nous confirmerons dans quelques mois s'il s'agit d'Issoudun. »</em> Pour cet événement comme pour la permanence à Vierzon ou les interventions en milieu scolaire, il faudrait davantage de bénévoles : tous.tes les volontaires sont les bienvenu;es !</p> <p>Que se sera-t-il passé d'ici la prochaine marche ? Les Parlementaires auront-ils eu le courage de voter la PMA&nbsp;? Des manifestations d'opposition se seront-elles déroulées dans les rues comme lors du Mariage Pour Tous&nbsp;? Les débats auront-ils gonflé les rangs des bénévoles, militants, activistes&nbsp;?</p> <p>L'étendue du chemin, on me l'a montrée. Ici et ailleurs. En ville comme en campagne. En France et dans d'autres pays. Un long chemin a déjà été fait, mais il en reste à parcourir. Vers la liberté totale d'être et d'aimer.<br /><br /><strong>Texte : Fanny Lancelin</strong></p> <p><strong>Photos : Ludovic Bourgeois</strong></p> <p>&nbsp;</p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) On désigne par LGBT + ce qui concerne&nbsp; les Lesbiennes, Gays, Bisexuel.les, Transgenres mais aussi les queer, intersexes, pangenres…<br />(2) Coming out&nbsp;: contraction de «&nbsp;coming out of the closet&nbsp;», qu'on peut traduire par «&nbsp;sortir du placard&nbsp;». Expression qui désigne le fait pour une personne homosexuelle de le révéler publiquement.<br />(3) Le Local de Berry LGBT se situe 3, place Gallerand à Vierzon. Il est ouvert tous les samedis sauf durant les vacances d'été, les rencontres se font sur rendez-vous. Contact&nbsp;: 07.56.99.10.00.<br />(4) Brigitte Brami est l'autrice d'un recueil de poésies, de «&nbsp;La prison ruinée&nbsp;» (éditions Indigène) et de «&nbsp;Miracle de Jean Genet&nbsp;» (éditions L'écarlate).<br />(5) La Pastorale&nbsp;: activité organisée au sein de l’Église ou en dehors, qui regroupe les fidèles selon leurs besoins spirituels. Par exemple, des pastorales spécialisées peuvent être organisées en groupes de discussions et d'actions autour de l'école, des malades, des immigrés etc..<br />(6) Intersectionnalité des luttes&nbsp;: terme né à la fin des années 1980 pour désigner l'intersection entre le sexisme et le racisme subis par les femmes afro-américaines. Son sens a été élargi à partir de 2010 pour englober toutes les formes de discriminations qui s'entrecroisent.<br />(7) «&nbsp;La vie d'Adèle&nbsp;» réalisé par Abdellatif Kechiche sorti en 2013.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Des dégradations sur une exposition</h3> </div> <ul> <li>L'exposition «&nbsp;Les Couples de la République&nbsp;», des photographies d'Olivier Ciappa, avait été installée peu avant le début de la Semaine des Diversités, sur les grilles du Jardin des Prés Fichaux. <a href="http://www.rebonds.net/images/LGBT/expo.jpg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Des photos ont été lacérées (Photo : Ludovic Bourgeois)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/LGBT/expo.jpg" alt="expo" width="482" height="326" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Elles représentent des couples et des familles qui s'aiment, s'embrassent. Des couples hétérosexuels ou homosexuels, des familles homoparentales ou non.<br />Cette exposition a fait l'objet de deux séries de dégradations&nbsp;: des photos arrachées, abîmées, lacérées… <em>«&nbsp;Ce ne sont pas des photos qui ont été vandalisées. C'est le droit des personnes LGBT, des couples gays et lesbiens et des familles homoparentales d'être présentes dans l'espace public qui est refusé,</em> réagissait Emmanuel Ducarteron, président de l'association Berry LGBT&nbsp;qui organisait la Semaine des Diversités à Bourges. <em>Tant qu'un couple gay ou lesbien marchant dans la rue ou s'embrassant au supermarché risquera de se faire agresser, les associations et les artistes seront là pour eux pour dénoncer la haine.&nbsp;»</em><br />Une manifestation de soutien, en présence d'Olivier Ciappa, a été organisée le jeudi 4 juillet au Jardin des Prés Fichaux. La mairie de Bourges s'est engagée à assurer un retirage des photos, à les réinstaller et à les faire surveiller. <em>«&nbsp;On ne reculera pas. La République est partout&nbsp;»</em>, commentait Eric Meseguer, adjoint au maire chargé notamment de la Diversité.</li> </ul> </div>