# 36 Non, pas de retour à l'anormale. (mai 2020) http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale Thu, 11 May 2023 19:02:13 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr Une tribune de soutien aux militant·e·s antinucléaires http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/610-unetribunedesoutienauxmilitansantinucleaires http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/610-unetribunedesoutienauxmilitansantinucleaires Suite aux révélations de Reporterre et Mediapart (1) sur l'incroyable dispositif de surveillance des militant·e·s antinucléaires de Bure (2), une trentaine d'associations et de collectifs, dont la Ligue des Droits de l'Homme, Greenpeace France ou encore le Réseau Sortir Du Nucléaire, ont signé cette tribune, que chacun·e peut rejoindre. Elle s'intitule : « Bure : mettons fin à l’enquête pour « association de malfaiteurs » et aux contrôles judiciaires ! » (3)

 

L’enquête menée conjointement par Reporterre et Mediapart a révélé la démesure de l’enquête judiciaire contre les antinucléaires de Bure et la vacuité du dossier. Des dizaines d’association demandent la clôture de cette instruction qui dessert la justice.
Suite aux révélations des journaux Mediapart et Reporterre la semaine dernière, nous - associations, collectifs - appelons à la clôture de l’instruction judiciaire qui criminalise les opposant.e.s au projet CIGEO d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure.
L’enquête judiciaire dure maintenant depuis deux ans mais son dossier reste d’un vide abyssal. Les moyens déployés sont complètement surréalistes : 85.000 écoutes téléphoniques, plus de 29 personnes mises sous surveillance, des logiciels utilisés pour le grand banditisme, une dizaine de militaires mobilisés à plein temps pour alimenter ce dossier qui, s’il comporte 15.000 pages, ne détient finalement aucune preuve tangible à l’encontre des inculpé.e.s.

 

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Il faut voir cette instruction pour ce qu’elle est : une machine de renseignement démesurée, une opération politique qui vise à étouffer la lutte anti-nucléaire.
Cette affaire nous concerne tous et toutes !
Au-delà des atteintes aux libertés fondamentales qu’elle provoque, ce sont aussi nos impôts qui l’alimentent. Un million d’euros a déjà été dépensé. Du jamais vu.
Comme l’ont révélé les journaux Médiapart et Reporterre, plusieurs éléments de cette enquête sont à la limite de la légalité :
• Des prélèvements d’ADN ont été réalisés sans consentement,
• Des IMSI-catchers ont été utilisés : ces appareils sophistiqués ont capté plus d’un millier d’identités téléphoniques de personnes venues simplement en soutien devant le tribunal,
• La cellule de surveillance de Bure a aussi retranscrit des échanges entre les militant ⋅ es et leurs avocat.e.s , ce qui est une grave atteinte aux droits de la défense.
Les moyens technologiques, financiers, humains et la méthodologie utilisés sont tels qu’on ne peut croire qu’ils cesseront d’être employés une fois sa clôture. Véritable menace pour toutes nos structures militantes, n’attendons pas davantage, c’est maintenant qu’il faut arrêter cette machine !
Nous appelons, dès maintenant, à la levée des contrôles judiciaires des personnes mises en examen. Deux ans que ces personnes et leurs proches sont comme confinées : "Deux ans d’interdiction de se déplacer librement, d’interdiction de se réunir librement, de s’exprimer librement, de se défendre librement."
Nous savons que cette instruction se soldera par un non lieu.
L’histoire le prouve : la criminalisation des luttes par le dévoiement de la justice et de son code pénal la dessert toujours au final.
Arrêtons la casse !
Clôturons l’enquête et soldons-la par un non lieu, défendons la liberté d’expression, d’opinion et d’association !

Signataires :
ATTAC FRANCE
LIGUE DES DROITS DE L’HOMME
GREENPEACE FRANCE
RÉSEAU SORTIR DU NUCLÉAIRE
ARRET DU NUCLÉAIRE
CONFÉDÉRATION PAYSANNE
SOLIDAIRES
LES AMIS DE LA TERRE
GLOBAL CHANCE
RÉSEAU ACTION CLIMAT
MOUVEMENT POUR UNE ALTERNATIVE NON VIOLENTE (MAN)
FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT
FONDATION DANIELLE MITTERAND
LA FRANCE INSOUMISE
EUROPE ECOLOGIE LES VERTS
GÉNÉRATION.S
UNION COMMUNISTE LIBERTAIRE (UCL)
Association Ma Zone Contrôlée
Syndicat SUD Energie Orano D&S
Front Social 54
SUD Energie
FO Sofidel
section SUD PTT PIC lorraine
Sud Ptt 57
Union syndicale Solidaires Moselle
SUD télécom 1ile-de-France
SNUPFEN Solidaires (Syndicat National Unifié des Personnels des Forêts et de l’Espace Naturel)
CGT DALKIA EST
sud poste
Solidaires 37
EODRA
CEDRA 52
ASODEDRA
LES HABITANTS VIGILANTS
Le CRILAN
Coordination antinucléaire du sud-ouest, STOP GOLFECH
STOP nucléaire Drôme Ardèche collectif Arrêt du nucléaire
STOP nucléaire 26-07
Collectif Contre l’Ordre Atomique CCOA (ADN 75)
SORTIR DU NUCLEAIRE BUGEY (SDN BUGEY)
RadiAction
CAN84
Tchernoblaye
sdn72
Action des Citoyens pour le Désarmement Nucléaire (ACDN)
Sortir du nucléaire Paris
Collectif antinucléaire Loire Vienne
Théâtre de l’ADN
Collectif antinucléaire des Deux-Sèvres
COORDINATION STOP BUGEY
Collectif « Nous sommes tous des malfaiteurs »
Sortir du Nucléaire 41
Union syndicale SUD-Solidaires 54
collectif STOP EPR NI A PENLY NI AILLEURS
Stop nucléaire 56 Trawalc’h
RHONE-ALPES SANS NUCLEAIRE
Sortir Du Nucléaire Touraine
Sortir Du Nucléaire 27
technologos
SDN38 Sortir du nucléaire Isère
Sortons du nucléaire Moselle
Comité mosellan de soutien à Bure
Collectif NDDL/BURE Tours
SORTIR DU NUCLEAIRE BERRY-GIENNOIS-PUISAYE
CHANG (Collectif halte aux nucléaires Gard)
Arrêt du nucléaire 34 (Hérault)
Sortir du nucléaire Pays nantais
Sortir du nuclèaire Paris
VERDUN STOP NUCLEAIRE
Sortir du nucléaire 49
Bien profond
Compagnie NAJE
NDDL 73
Alofa Tuvalu
Collectif lochois contre l’aéroport de NDDL et son monde
Gilet Jaune de Saillans
Plein le Dos
NPA DRÔME ARDÈCHE
Nouveau Parti Anticapitaliste Isère (NPA38)
LFI Meuse
Résistances Vercors insoumis
Europe Ecologie Les Verts Lorraine
EELV Région Savoie
EELV Isère
PCOF 38
Groupe Union Communiste-Libertaire Orléans
Union Communiste Libertaire – Groupe de Nancy
ATTAC BOURG-EN-BRESSE
ATTAC 87
ATTAC MACON
LDH Nancy
MAN pays de Vitré
Amis de la Terre Savoie
Association Chalonnaise pour une Transition Ecologique
Vivre et Agir en Maurienne
FNE – Grand Est
Lorraine Nature Environnement
FNE63
La fraise
GSE (Gresivaudan sud ecologie
Confédération Paysanne des Vosges
Confédération Paysanne Grand Est
Amis de la confédération Paysanne Limousin
STOP FESSENHEIM

(1) Lire l'enquête sur https://reporterre.net/Les-antinucleaires-de-Bure-face-a-la-justice-l-enquete-de-Reporterre-et-Mediapart
(2) Les militant·e·s lutte contre CIGÉO, un centre de stockage profond des déchets hautement radioactifs et à durée de vie longue produits par l'ensemble des installations nucléaires actuelles et par le traitement des combustibles usés. Il se situe dans l'est de la France, à la limite des départements de la Meuse et de la Haute-Marne, notamment sur les communes de Bure et Mandres-en-Barrois. Relire l'article paru dans (Re)bonds : http://rebonds.net/11-des-habitants-du-cher-antinucleaires/405-debellevilleabureavoldechouette
(3) https://www.stopcigeo-bure.eu/4mai2020/

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# 36 Non, pas de retour à l'anormale. Tue, 21 Mar 2017 13:37:42 +0100
Ne laissons pas s'installer la société sans contact http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/611-nelaissonspassinstallerlasocietesanscontact http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/611-nelaissonspassinstallerlasocietesanscontact Publié initialement sur le site de la revue Terrestres, ce texte émane des collectifs Ecran total et Ecologistas en accion. Il explique comment le passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique s'accélère avec la crise sanitaire actuelle. En déployant la numérisation de notre vie (communication avec nos proches, télétravail, télémédecine, achats en ligne, enseignement à distance...), nous participons à des systèmes qui nous tracent, nous organisent massivement tout en nous isolant, et accentuent les problèmes écologiques. Quelles solutions s'offrent à nous ?

 

Du point de vue sanitaire, l’épidémie de COVID-19 mettra du temps à livrer tous ses mystères. Le brouillard qui entoure l’origine de la maladie, sa diffusion et sa létalité ne pourra se dissiper que lorsqu’elle cessera de frapper dans autant de pays à la fois. A ce jour, personne n’a l’air de savoir quand une telle accalmie se produira. D’ici là, pour continuer de vivre, nous ne devons ni sous-estimer, ni surestimer cette épidémie en tant que telle.

Par contre, ce que nous sentons très clairement, c’est que la crise sanitaire a des chances importantes de précipiter l’avènement d’un nouveau régime social : un régime basé sur une peur et une séparation accrues, encore plus inégalitaire et étouffant pour la liberté. Si nous prenons la peine de lancer cet appel, c’est que nous pensons que cela n’est pas joué d’avance et que des possibilités vont se présenter, pour les populations, de l’empêcher.

Mais alors que nous, simples citoyens, ressentons violemment la fragilité de nos existences face à la menace du virus et d’un confinement long, l’ordre politique et économique en vigueur semble, lui, à la fois ébranlé et renforcé par la secousse en cours. Il paraît en même temps fragile, et très solide sur ses bases les plus « modernes », c’est-à-dire les plus destructrices socialement.

Bien sûr, il n’a pas échappé à grand-monde que la situation présente a permis aux gouvernements de nombreux pays de tétaniser, pour un temps indéterminé, les contestations parfois extrêmement vives dont ils faisaient l’objet depuis plusieurs mois. Mais ce qui est tout aussi frappant, c’est que les mesures de distanciation interpersonnelle et la peur du contact avec l’autre générées par l’épidémie entrent puissamment en résonance avec des tendances lourdes de la société contemporaine. La possibilité que nous soyons en train de basculer vers un nouveau régime social, sans contact humain, ou avec le moins de contacts possibles et régulés par la bureaucratie, est notamment décelable dans deux évolutions précipitées par la crise sanitaire : l’aggravation effrayante de l’emprise des Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sur nos vies ; et son corollaire, les projets de traçage électronique des populations au nom de la nécessité de limiter la contagion du COVID-19.

« Restez chez vous »… sur Internet

Dès les premiers jours du confinement, il était clair qu’une des conséquences sociales immédiates de la pandémie, en Espagne et en France, serait la radicalisation de notre dépendance à l’informatique. Au train où allaient les choses, il semblait pourtant difficile d’accélérer ! Mais avec l’enfermement au domicile, pour beaucoup, les écrans deviennent un mode quasi-exclusif d’accès au monde ; le commerce en ligne explose, et même l’organisation de réseaux d’approvisionnements locaux en légumes et produits frais passe souvent par des sites Internet ; la consommation de jeux vidéo s’envole ; le nombre de consultations de « télémédecine » montent en flèche (alors qu’elles n’apportent rien de plus en général qu’une conversation téléphonique) ; la « continuité pédagogique » se fait aussi par ordinateur, au mépris de toutes les recommandations médicales de limiter l’exposition des enfants aux écrans ; et des millions de personnes se retrouvent à travailler chez elles – non plus « métro-boulot-dodo », mais directement « du lit à l’ordi ».


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Les grands médias ne voient en général rien d’inquiétant à cette réduction de toutes les activités humaines à une seule. Au contraire, ils applaudissent d’autant plus les initiatives de solidarité qu’elles passent par un site, une plateforme, un groupe sur messagerie… Ils encouragent tout un chacun à se résigner au fait de prendre l’apéritif seuls-ensemble (1), « par » Skype, et trouvent même des croyants ravis de communier pour Pâques par écrans interposés.

A cette campagne incessante de promotion de la vie numérique ne répond aucune alarme dans le débat d’idées : l’informatisation totale ne semble un problème pour personne. Des journalistes, des économistes, des hommes d’État, des deux côtés des Pyrénées, nous serinent qu’il faudra à l’avenir ne pas rester si dépendants de l’industrie chinoise pour les médicaments, le textile, etc. ; mais leur souci d’indépendance nationale les amène rarement à se préoccuper du fait que le secteur du numérique tout entier repose sur les mines et les usines asiatiques, souvent de véritables bagnes industriels qu’il est très difficile d’imaginer « relocaliser ». D’autres voix s’élèvent, qui ne s’en tiennent pas à la critique de la mondialisation des échanges, et réclament un changement profond de « notre modèle de développement ». Mais elles éludent la place centrale du numérique dans ce modèle, et ne signalent pas que rien ne pourra changer en matière de précarisation sociale et d’écologie si nous continuons de tout faire par Internet.

Le président Macron, quant à lui, se permet de faire des allusions répétées au programme du Conseil national de la Résistance et à son esprit de compromis social ; mais dans les faits, le projet de conversion de la France en start-up nation n’est nullement en pause, au contraire il connaît un grand bond en avant. Cette nouvelle ère de travail sans contact permet de compléter l’offensive contre les salariés entamée bien avant le coronavirus : suppression massive de postes au profit d’applications, de plateformes et de robots ; réduction du travail relationnel au profit de réponses automatisées pilotées par algorithmes ; perte de sens du travail supplanté par d’absurdes routines bureautiques ; exploitation accrue, et affaiblissement des capacités de résistance des salariés, de plus en plus isolés les uns des autres.

Le confinement est ainsi une aubaine pour s’approcher de l’objectif de remplacement de tous les services publics par des portails en ligne, fixé par le plan Action publique 2022. Comme on le voit avec la suppression des guichets SNCF, cette numérisation accélère la privatisation des services publics, par le transfert de leur travail à des plateformes commerciales aux pratiques opaques, fondées sur le profilage massif des individus. Elle évince violemment l’ensemble des usagers peu ou pas connectés – un cinquième de la population, parmi lesquels les personnes âgées, les plus vulnérables économiquement et les récalcitrants. Elle oblige désormais des catégories en voie de paupérisation massive à s’acheter parfois autant d’équipements informatiques « de base » (PC, smartphone, imprimante, scanner…) que le foyer compte de membres. Elle nous fait basculer dans un monde profondément déshumanisé et kafkaïen.

« La numérisation de tout ce qui peut l’être est le moyen pour le capitalisme du XXIème siècle d’obtenir de nouvelles baisses de coût (…) Cette crise sanitaire apparaîtra peut-être rétrospectivement comme un moment d’accélération de cette virtualisation du monde. Comme le point d’inflexion du passage du capitalisme industriel au capitalisme numérique, et de son corollaire, l’effondrement des promesses humanistes de la société [de services] » (2). Cette analyse de bon sens n’est pas le fait d’un contempteur du néolibéralisme, en colère contre les choix politiques faits depuis quarante ans sous la pression des milieux d’affaires. Elle est d’un économiste de centre-gauche, participant au Conseil de surveillance du journal Le Monde. Elle suffit à comprendre que si « stratégie du choc » (3) il y a, dans le contexte actuel, elle se trouve en bonne partie sous nos yeux, dans ce surcroît de numérisation de la vie domestique et économique. Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e-santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement.

Quand la Chine s’éveille en nous ?

Il est à peu près acquis que plusieurs gouvernements européens vont mettre en place de nouveaux dispositifs de surveillance par smartphone, en contrepartie de la sortie ou du relâchement, du confinement. Alors qu’à la peur de tomber malade s’ajoutent la lassitude et l’impossibilité économique de rester confinés pendant des mois, c’est un véritable chantage auquel les populations sont soumises.

Prenons la mesure de l’imposture : dans un contexte de pénurie grave des moyens ordinaires pour lutter contre la contagion (trop peu de masques et de blouses à l’hôpital, manque de soignants et de lits à l’hôpital et en dehors, peu de tests), on nous propose à la place un gadget de science-fiction, les applications de détection électronique de la transmission du coronavirus. Aucune annonce claire n’est faite dans le sens d’un soutien financier massif et structurel aux hôpitaux publics pour faire face à une crise qui va durer ; par contre, on s’apprête à franchir un nouveau cap dans la traçabilité systématique des déplacements et des relations sociales – au moins, dans un premier temps, pour ceux qui l’acceptent. Les résultats sanitaires sont plus qu’incertains ; les conséquences politiques, elles, ne font pas de doute.

Car le fait de se savoir tracé en permanence est source de conformisme et de soumission aux autorités, même quand on ne vit pas sous une dictature (4). Les éléments de langage gouvernementaux assurent que les informations données par les applications de traçage des personnes porteuses du COVID-19 seront anonymisées puis détruites, mais il suffit de lire les mémoires d’Edward Snowden à propos de la surveillance électronique pour voir que ce genre de garantie ne tient pas (5). Qui plus est, un coup d’œil à l’histoire récente des technologies montre qu’il n’y a pratiquement jamais de retour en arrière avec les dispositifs liberticides introduits en temps de crise : si elles sont mises en œuvre à grande échelle sous l’égide de l’État, les applications de traçage resteront, et il sera difficile d’en empêcher l’extension à toute la population. Pensons au fichage ADN, introduit à la fin des années 1990 suite à une série de meurtres à caractère sexuel et dont les ministres de l’époque juraient qu’il resterait toujours limité aux grands criminels – de nos jours, il est devenu quasi-automatique, quand on est arrêté pour être resté un peu tard en manifestation. Pensons aussi, tout simplement, que nous n’avons aucune idée de la durée de l’épisode épidémique où nous sommes entrés début mars – six mois ? trois ans ? bien plus ?

En tous cas, cet épisode est marqué par l’idée que l’efficacité, en matière de lutte contre les coronavirus, serait à chercher du côté de l’Asie en général et de la Chine en particulier. En France, médias et politiques portent plutôt leur regard vers la Corée du Sud, Taïwan ou Singapour, dont l’hyper-modernité technologique n’est pas associée (à tort ou à raison) au despotisme politique. En Espagne, par contre, le début de la crise sanitaire a vu la presse dominante se demander ouvertement si la « démocratie » n’est pas un fardeau qui condamne à l’inefficacité, tandis que de vieux politiciens « libéraux » faisaient part de leur admiration pour l’autoritarisme chinois high tech : géolocalisation des téléphones mobiles, systèmes de notation sociale alimentée par les données recueillies en permanence sur les citoyens avec Internet, reconnaissance faciale, usage de drones pour surveiller et sanctionner la population. C’est un des éléments du tournant que nous vivons peut-être : nous avons été habitués depuis des décennies à lire notre avenir dans les évolutions de la société nord-américaine, et tout à coup, c’est la Chine post-maoïste qui semble devenir notre horizon – elle qui fait un usage véritablement décomplexé des innovations de la Silicon Valley.

La surenchère technologique ne peut que nourrir les effondrements écologiques et sanitaires

Pour l’heure, le recours par les autorités politiques européennes aux applications de traçage des smartphones pour traquer le COVID-19 relève d’une forme de bluff (6). C’est une mesure d’accompagnement psychologique, pour donner l’impression qu’elles agissent, qu’elles peuvent quelque chose, qu’elles ont des idées pour maîtriser la situation. Alors qu’il est manifeste qu’elles ne maîtrisent rien, en tous cas dans des pays comme les nôtres ou comme l’Italie. Par contre, dans toute l’Europe, elles emboîtent le pas aux milieux d’affaires qui réclament la reprise du travail et la relance de l’économie ; il est donc d’autant plus urgent de sortir des « applis » magiques de leurs chapeaux, puisqu’elles n’ont visiblement rien d’autre à leur disposition pour protéger les populations.


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Des dispositifs comme la géolocalisation électronique servent en fait à assurer le maintien d’une organisation sociale pathologique, tout en prétendant limiter l’impact de l’épidémie que nous connaissons aujourd’hui. Le traçage du coronavirus vise à sauver (momentanément) un type de monde où l’on se déplace beaucoup trop, pour notre santé et celle de la Terre ; où l’on travaille de plus en plus loin de chez soi, en côtoyant au passage des milliers de gens qu’on ne connaît pas ; où l’on consomme les produits d’un commerce mondial dont l’échelle exclut toute régulation morale.  Ce que les promoteurs de la géolocalisation cherchent à préserver, ce n’est donc pas d’abord notre santé, ni notre « système de santé » : c’est la société de masse. C’est même une société de masse renforcée, au sens où les individus qui la composent seront encore plus esseulés et renfermés sur eux-mêmes, par la peur et par la technologie.    

Alors que la pandémie actuelle devrait nous inciter à transformer radicalement une société où l’urbanisation galopante, la pollution de l’air et la surmobilité peuvent avoir des conséquences aussi incontrôlables, le déconfinement géré par big data menace de nous y enfoncer un peu plus. L’émergence du COVID-19, comme celle des autres grands virus depuis l’an 2000, est reliée par de nombreux chercheurs à la déforestation qui oblige beaucoup d’espèces animales à se retrouver en contact imprévu avec les humains. D’autres mettent en cause les élevages intensifs concentrationnaires, arrosés d’antibiotiques mutagènes. Dire que la réponse au COVID-19 doit être technologique (comme Stéphane Richard, le PDG d’Orange dans Le Monde du 1er avril), c’est poursuivre la fuite en avant dans une logique de puissance et de maîtrise illusoire de la nature, dont la crise écologique nous montre chaque jour l’échec. L’impact de l’industrie numérique sur les écosystèmes est déjà intenable. Elle a créé une ruée sur les métaux qui dévaste les zones les plus préservées de la planète. Elle s’appuie sur une industrie chimique particulièrement polluante et engendre des montagnes de déchets. Du fait de la multiplication des data center et de l’augmentation permanente du trafic Internet, elle fait carburer les centrales électriques et émet autant de gaz à effet de serre que le trafic aérien (7).

Qui plus est, le mode de vie connecté est globalement nocif pour notre santé. Addictions, difficultés relationnelles et d’apprentissage chez les plus jeunes, mais aussi électro-hypersensibilité : l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) estime ainsi à 3,3 millions le nombre de Français qui disent en souffrir (soit 5 % de la population), et affirme la nécessité d’importantes recherches pour comprendre comment ces souffrances se déclenchent et s’amplifient (8). Ajoutons à cela les doutes qui entourent le caractère cancérogène des ondes électromagnétiques artificielles, considéré comme possible par l’OMS. Les liens établis entre tumeurs au cœur (chez des rats) et ondes 2G/3G par le National Toxicology Programm américain en 2018 (9) ne font pas l’objet d’un consensus scientifique, mais le doute est toujours à décharge pour les industriels de la téléphonie mobile : il sert de justification à la fuite en avant, jamais au principe de précaution.

D’ailleurs, au premier rang de la stratégie du choc menée par le gouvernement français, figure l’installation simplifiée des antennes-relais, contestées par tant de riverains et d’associations, notamment pour motifs de santé. La loi d’urgence du 25 mars 2020 permet leur déploiement sans l’accord de l’Agence nationale des fréquences. Dans le même temps, l’explosion du trafic Internet lié au confinement justifie la poursuite du déploiement du réseau 5G – c’est en Italie que les choses s’accélèrent le plus (10). Alors que des scientifiques et des citoyens du monde entier s’y opposent depuis plusieurs années, la presse rabat les inquiétudes qui s’expriment à ce sujet, en différents endroits du monde, sur des thèses improbables reliant la propagation du COVID-19 aux ondes 5G. Les Gafam vont jusqu’à envisager ces derniers jours de supprimer de nombreuses publications en ligne qui alarment sur les effets de cette nouvelle étape dans l’intensification des champs électromagnétiques artificiels. Or, ces alarmes sont souvent parfaitement légitimes : d’une part, parce que déployer, sans en connaître les effets, une source de pollution électromagnétique au moins deux fois supérieure à celle de tous les réseaux déjà existants est une aberration du point de vue du principe de précaution ; d’autre part, parce que le danger le plus avéré du réseau 5G est qu’il doit servir d’infrastructure à la prolifération des objets connectés, des voitures automatiques et, globalement, d’une société hyperconsumériste dont les effets sociaux et écologiques sont intenables.

Arrêter l’escalade

Bref, les technocrates du monde entier prétendent nous préserver du coronavirus aujourd’hui, en accélérant un système de production qui compromet déjà notre survie demain matin. C’est absurde, en plus d’être voué à l’échec.
Nous n’avons pas besoin de technologies qui nous déresponsabilisent, en disant et décidant à notre place où nous pouvons aller. Ce dont nous avons besoin, c’est d’exercer notre responsabilité personnelle, pour pallier les défaillances et le cynisme des dirigeants. Nous avons besoin de construire par le bas, avec l’aide des soignants, des règles de prudence collective raisonnables et tenables sur la longue durée. Et pour que les inévitables contraintes fassent sens, nous n’avons pas seulement besoin de savoir en temps réel quelle est la situation dans les services d’urgence. Nous avons besoin d’une réflexion collective et conséquente sur notre santé, sur les moyens de nous protéger des multiples pathologies que génère notre mode de vie : les futurs virus, autant que leurs divers facteurs de « co-morbidité », tels que l’asthme, l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète et bien sûr le cancer (11).

Cette crise met une fois de plus en évidence le problème de la dépendance des peuples envers un système d’approvisionnement industriel qui saccage le monde et affaiblit notre capacité à nous opposer concrètement aux injustices sociales. Nous percevons que seule une prise en charge collective de nos besoins matériels, à la base de la société, pourrait permettre, dans les troubles à venir, de trouver à manger, de se soigner, d’accéder aux services de base. Il faut comprendre que l’informatisation va à l’encontre de ces nécessaires prises d’autonomie : le système numérique est devenu la clé de voûte de la grande industrie, des bureaucraties étatiques, de tous les processus d’administration de nos vies qui obéissent aux lois du profit et du pouvoir.   


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Il se dit régulièrement qu’à un moment donné de cette crise, il faudra demander des comptes aux dirigeants. Et comme à l’accoutumée, les réclamations en matière de dotations budgétaires, d’abus patronaux et financiers, de redistribution économique, ne manqueront pas. Mais à côté de ces indispensables revendications, d’autres mesures sont à prendre nous-mêmes ou à arracher aux décideurs, si nous voulons préserver notre liberté – c’est-à-dire si nous voulons préserver la possibilité de combattre les logiques de concurrence et de rentabilité, de construire un monde où la peur de l’autre et l’atomisation de la population ne dominent pas pour longtemps.

1.  Ces jours-ci, il semble que de nombreuses personnes laissent leur smartphone chez elles, quand elles quittent leur domicile. Nous appelons à la généralisation de ce genre de geste et au boycott des applications privées ou publiques de traçage électronique. Au-delà, nous invitons chacun et chacune à réfléchir sérieusement à la possibilité d’abandonner son téléphone intelligent, et de réduire massivement son usage des technologies de pointe. Revenons enfin à la réalité.

2. Nous appelons les populations à se renseigner sur les conséquences économiques, écologiques et sanitaires du déploiement planifié du réseau dit « 5G », et à s’y opposer activement. Plus largement, nous invitons chacun et chacune à se renseigner sur les antennes de téléphonie mobile qui existent déjà près de chez soi, et à s’opposer aux installations de nouvelles antennes-relais.

3. Nous appelons à une prise de conscience du problème de la numérisation en cours de tous les services publics. Un des enjeux de la période d’après-confinement (ou des périodes entre deux confinements ?) sera d’obtenir que des guichets physiques soient encore ou à nouveau disponibles pour les habitants des villes et des campagnes, dans les gares, à la Sécurité sociale, dans les préfectures et autres administrations. Des batailles mériteraient d’être engagées pour la défense du service postal (essentiel par exemple à la circulation d’idées sans numérique) et le maintien d’un service de téléphone fixe, bon marché et indépendant des abonnements à Internet.

4. Une autre bataille essentielle pour l’avenir de la société est le rejet de l’école numérique. La période critique que nous vivons est mise à profit pour normaliser l’enseignement à distance par Internet, et seule une réaction d’envergure des enseignants et des parents pourra l’empêcher. Malgré toutes les critiques qu’on peut faire de divers points de vue à l’institution scolaire, la période actuelle devrait illustrer aux yeux d’un grand nombre qu’il y a du sens à apprendre à plusieurs et qu’il est précieux pour les enfants d’être au contact d’enseignants en chair et en os.

5. L’économie n’est pas et n’a jamais été à l’arrêt ; les conflits sociaux ne doivent donc pas l’être non plus. Nous soutenons toutes celles et ceux qui se sentent mis en danger, du point de vue de la santé, à leur poste de travail habituel ou dans leurs déplacements. Mais nous attirons aussi l’attention sur les abus et les souffrances dans le cadre du télétravail, à domicile. Certains d’entre nous dénoncent l’informatisation du travail depuis des années ; il est clair que l’extension du télétravail contraint est un processus à endiguer par de nouvelles formes de luttes, de boycott, de retrait.

6. Du point de vue économique, les mois à venir s’annoncent terribles. Un appauvrissement très important des populations est possible, au même titre que des effondrements bancaires et monétaires. Face à ces périls, il nous faut penser à comment manger et comment cultiver des terres ; comment s’inscrire dans des réseaux d’approvisionnement de proximité, et comment étendre ces possibilités au plus grand nombre ; comment soutenir les agriculteurs qui produisent de la nourriture saine près de chez nous et comment aider d’autres à s’installer. Ce que nous avons dit plus haut explique pourquoi nous pensons que le recours à la technologie de pointe pour faire tout cela n’est pas une solution humaine et pérenne.

7. Enfin, il va nous falloir défendre les moyens de nous rencontrer physiquement, inventer ou retrouver des lieux de discussion publique dans ce contexte difficile où vont se jouer des batailles décisives. Bien sûr, il faudra prévoir des modalités qui prennent en compte les risques de contagion. Mais la vie connectée ne peut durablement se substituer à la vie vécue, et les succédanés de débats par Internet ne remplaceront jamais la présence en chair et en os, le dialogue de vive voix. Chacune et chacun doit réfléchir dès maintenant à la manière dont il est possible de défendre ce droit à la rencontre (réunions d’habitants, assemblées populaires, manifestations), sans lequel aucun droit politique n’est possible, et sans lequel aucun rapport de force, pour quelque lutte que ce soit, ne peut jamais se constituer.            

Confinés à distance les uns des autres, nous avons élaboré cet appel par Internet et nous nous appuyons sur des revues et journaux en ligne, en France et en Espagne (traduction en cours), pour le faire connaître. Nous le faisons toutefois aussi imprimer, pour le faire circuler dès ces jours-ci, de toutes les façons qui nous sembleront adaptées à la situation. Vous pouvez demander le texte aux éditions La Lenteur, 13 rue du Repos, 75020 Paris (adresse de circonstance) : contribution libre, en chèque à l’ordre des éditions ou tout simplement en timbres postaux.

Texte initié par le collectif Ecran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) et le groupe de travail « digitalizacion, TIC y 5G » de l’organisation Ecologistas en accion.
Contacts en France : Ecran total, Boîte postale 8 ; 3 et 5 rue Robert Judet, 23260 Crocq ; ou ecrantotal@riseup.net

Signé par les personnes et les autres collectifs suivants :
La rédaction du journal L’Age de faire (Alpes de Haute-Provence)
Association Résistance 5G Nantes
Collectifs aveyronnais du Vallon, de Saint-Affrique, du Sud-Ouest et de Millau (collectifs d’information sur les objets connectés et les champs électromagnétiques artificiels)
Halte au contrôle numérique, collectif stéphanois
Les Décâblés, association lyonnaise
Robin des toits, association nationale pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil
Adrian ALMAZAN-GOMEZ, philosophe espagnol, membre d’Ecologistas en accion
Matthieu AMIECH, Ecran total (Tarn), co-auteur de La Liberté dans le coma, du groupe Marcuse
Camille APRUZZESE, orthophoniste (Loire)
Maurice AUBRY, retraité, Ecran total (Manche)
Martine AUZOU, enseignante retraitée, Écran Total (Rhône)
Michèle BECKER, retraitée (Pyrénées-Atlantiques) 
Maryse BELICARD, Saint-Jean-de-Luz (Pays basque)
Julien BELLANGER, association Ping (Nantes)
Nicolas BERARD, journaliste, auteur de Sexy, Linky ? et 5G mon amour
Aurélien BERLAN, Ecran total (Tarn), co-auteur de La Liberté dans le coma, du groupe Marcuse
Clémentine BERMOND, accessoiriste meuble (Paris 11è)
Jean-Claude BESSON-GIRARD, artiste peintre (Rhône)
Cédric BIAGINI, éditeur (L’Echappée, Paris), auteur de L’Emprise numérique
Christophe BONNEUIL, historien (Drôme)
Frédéric BOONE, astrophysicien (Toulouse), Atelier d’écologie politique (Atecopol)
Guillaume CARBOU, chercheur en sciences de l’information et de la communication à Bordeaux
Claude CARREY, travailleur social à la retraite, Ecran total (Manche)
Roger CHAMBARD, syndicaliste CNT 71 (Saône-et-Loire)
Fabrice CLERC, co-gérant et co-fondateur de la Scop L’Atelier paysan
Jean-Luc COEDIC, retraité, Ecran total (Saône-et-Loire)
Mickaël CORIAT, astrophysicien (Toulouse), Atecopol
Antoine COSTA, documentariste (Grenoble), co-réalisateur du fil Mouton 2.0, la puce à l’oreille
Brigitte COSTY, peintre, sympathisante d’Ecran total à Lyon
Fabrice COULOMB, enseignant-chercheur en sociologie à l’université d’Evry
Maguelone CROS, infirmière psy, Ecran total (Hérault)
Bernard DAUVERGNE, retraité, Ecran total (Saône-et-Loire)
Raphaël DESCHAMPS, Ecran total (Jura), revue L’Inventaire
Michela DI CARLO, groupe Faut pas pucer (Tarn)
Nathalie FERNANDEZ, éleveuse dans le Tarn, groupe Faut pas pucer
Gaëtan FLOCCO, enseignant-chercheur en sociologie à l’université d’Evry
Renaud GARCIA, professeur de philosophie pour classe de terminale à Marseille, Appel de Beauchastel (enseignants contre l’école numérique)  et Ecran total
Marie GHIS MALFILATRE, chercheuse en sociologie sur les enjeux de santé au travail (Grenoble)
Florent GOUGET, Appel de Beauchastel et Ecran total (Loire), revue L’Inventaire
Patrice GOYAUD, membre du CA de Robin des toits (Tarn)
Adeline GRAND-CLEMENT, enseignante-chercheuse en histoire ancienne (Toulouse 2)
Marielle GRISARD, mouvement des gilets jaunes mâconnais, Val de Saône
Sarah GUILLET, Ecran total (Loire), revue L’Inventaire
Mélanie GUYONVARCH, enseignante-chercheuse en sociologie à l’université d’Evry
Régis FAUCHEUR, enseignant dans la Drôme, Appel de Beauchastel et Ecran Total
Philippe HERVE, chercheur CNRS en écologie théorique et expérimentale (Ariège), Atecopol
Jean-Michel HUPE, chercheur CNRS neurosciences et écologie politique à Toulouse, Atecopol
Pascale HUSTACHE, conseillère principale d’éducation dans la Loire
Célia IZOARD, journaliste (Tarn), co-auteure de La Liberté dans le coma, du groupe Marcuse
François JARRIGE, historien à l’université de Bourgogne
Julia LAINAE, étudiante à Lyon, co-auteure de Contre l’alternumérisme
Sandrine LARIZZA, technicienne assurance chômage, collectif Info Linky 5G Sud Ouest lyonnais
Laurent LARMET, éleveur en Ariège, groupe Faut pas pucer
Maxime LEBEQUE, Ecran total (Loire), revue L’Inventaire
Mathias LEFEVRE, revue Ecologie & politique
Julien LEPY, technicien de maintenance dans la Saône-et-Loire, Ecran total
Stéphane LHOMME, conseiller municipal en Gironde, animateur du site refus.linky.gazpar
Jacques LUZI, enseignant-chercheur en économie (Bretagne), revue Ecologie & politique
Nicolas MANES, responsable de bureau d’étude dans l’Ain
Julien MATTERN, enseignant-chercheur en sociologie à Pau, co-auteur de La Liberté dans le coma, du groupe Marcuse
Karine MAUVILLY, journaliste (Savoie), co-auteure du Désastre de l’école numérique
Pierre MESTRE, éleveur dans le Tarn, groupe Faut pas pucer
Annette MILLET, enseignante (Loire)
Sarah NECHTSCHEIN, chercheuse en sociologie à Pau
Samuel PELRAS, professeur de philosophie (Lyon)
Quentin PEREZ, résistant au totalitarisme technologique dans l’Ain
Marielle PERRY, médecin, Ecran total (Lyon)
Céline PESSIS, historienne (Drôme)
Alexis REMINI, infirmier psy, Ecran total (Paris)
Marie-Laure REBREYEND, retraitée, Ecran total (Saône-et-Loire)
Franck SARDA, éleveur dans la Loire
Floran SIMATOS, chercheur en mathématiques à l’Isae-Supaéro (Toulouse), Atecopol
Anne STEINER, enseignante-chercheuse en sociologie à Paris X-Nanterre
Laure TEULIERES, enseignante-chercheuse en histoire contemporaine (Toulouse 2), Atecopol
Clarie THERON, Appel de Beauchastel et Ecran total (Loire), revue L‘Inventaire
Isabella TOMASSI, précaire de l’enseignement supérieur, Écran total (Lyon)
Rachel VORON, Ecran Total (Loire)

(1) Référence à l’ouvrage de Sherry Turkle, Seuls ensemble. De plus en plus technologie, de moins en moins de relations humaines, traduit en français aux éditions de L’Echappée en 2015.
(2) Extrait de l’interview de Daniel Cohen, dans Le Monde du 3 avril 2020 (https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/daniel-cohen-la-crise-du-coronavirus-signale-l-acceleration-d-un-nouveau-capitalisme-le-capitalisme-numerique_6035238_3232.html). Cette citation n’implique évidemment pas un accord profond avec les catégories employées par Cohen : en réalité, le numérique approfondit le caractère industriel du capitalisme, et la société post-industrielle dont il parle n’existe pas.
(3) Référence à la formule et à l’ouvrage de Naomi Klein, La Stratégie du choc : la montée d’un capitalisme du désastre, traduit en français en 2008 aux éditions Actes Sud. Ce livre partait de l’exemple des opportunités ouvertes aux milieux d’affaires américains par l’ouragan Katrina en Louisiane, en 2005.
(4) Voir à ce sujet le chapitre 2 du Groupe MARCUSE, La Liberté dans le coma. Essai sur l’identification électronique et les motifs de s’y opposer, Vaour, La Lenteur, 2019, notamment les pages 121 à 131.
(5) Edward Snowden, Mémoires vives, Paris, Seuil, 2019. Pour être précis, Snowden insiste sur l’impossibilité de faire disparaître définitivement des données enregistrées. Quant à l’impossibilité de les anonymiser, on peut se référer aux analyses de Luc Rocher dans son article « Données anonymes, bien trop faciles à identifier », publié le 17 septembre 2019 sur le site www.theconversation.com
(6) Voir l’analyse à ce propos de l’association La Quadrature du Net, publiée sur leur site le 14 avril (https://www.laquadrature.net/2020/04/14/nos-arguments-pour-rejeter-stopcovid/), qui souligne entre autres le manque de fiabilité de la technologie Bluetooth, son manque de précision pour indiquer des contacts avec des personnes testées « positives » notamment dans les zones densément peuplées, et la difficulté à l’utiliser/l’activer pour beaucoup de gens.
(7) Voir entre autres la synthèse de Cécile Diguet et Fanny Lopez dans le cadre de l’Ademe, L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires, en ligne sur www.ademe.fr
(8) Voir l’article de Pierre Le Hir, « Electrosensibles : des symptômes réels qui restent inexpliqués » dans Le Monde du 27 mars 2018 (https://www.lemonde.fr/planete/article/2018/03/27/electrosensibles-les-experts-preconisent-une-prise-en-charge-adaptee_5276783_3244.html
(9) https://www.priartem.fr/Ondes-et-tumeurs-Des-preuves.html?var_recherche=ntp
(10) En Espagne, au contraire, une pause a été décrétée.
(11) Rappelons simplement que selon une étude publiée dans le journal scientifique The Lancet en 2017, la pollution de l’eau, de l’air et des sols tue 9 millions de personnes chaque année (https://www.lemonde.fr/pollution/article/2017/10/20/la-pollution-responsable-de-9-millions-de-morts-dans-le-monde-par-an_5203511_1652666.html).

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# 36 Non, pas de retour à l'anormale. Tue, 21 Mar 2017 13:37:42 +0100
Pour des Zones d'Autonomie Définitive http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/609-pourdeszonesd-autonomiedefinitive http://www.rebonds.net/36nonpasdertouralanormale/609-pourdeszonesd-autonomiedefinitive Le collectif Laisse Béton était à l'origine de l'appel à manifest'action en février à Nantes, contre les grands projets inutiles. Il signe aujourd'hui un nouveau texte intitulé « Pour renverser le capitalisme, prenons le temps de nous organiser et de nous fédérer ! » dans lequel il invite chacun·e à se poser pour réfléchir, s'informer, se relier avec les autres, s'organiser et imaginer des formes de luttes contre le système qui nous a menés où nous en sommes. Certain·e·s le font déjà et sont inspirant·e·s.

 

« On arrête tout et on réfléchit.
On nous dit : Le bonheur c’est le progrès, faites un pas en avant.
Et c’est le progrès… mais ce n’est jamais le bonheur.
Alors si on faisait un pas de côté ! Si on essayait autre chose !
Si on faisait un pas de côté, on verrait ce qu’on ne voit jamais. »
(extrait de L’An 01)

Le 27 janvier dernier, des collectifs, des associations écologistes et des Zones À Défendre (ZAD) signaient une tribune qui, en réponse au plan de relance industrielle « choose France », appelaient à des luttes locales et coordonnées contre les projets industriels destructeurs, inutiles et imposés. Le 29 février, à Nantes, à l’appel du collectif Laisse Béton (1), dont le but est d’aider à coordonner les différentes luttes du Grand Ouest contre ce genre de projets, plus de 2.000 personnes confluaient pour inviter le grand public à les rejoindre. Fin mars, un rassemblement interluttes était prévu au Village de la Loire, ZAD en lutte contre le projet de contournement Est d’Orléans, pour poursuivre le mouvement, renforcer les liens entre les luttes locales et préparer une descente de Loire communaliste et antinucléaire.

Zautonomiedéfinitives
Depuis, le monde est bouleversé par une pandémie mondiale dont les industries du capitalisme néolibéral sont la cause principale (2). La stratégie du choc (3) est bien celle qui a été choisie pour maintenir l’ordre économique en place. L’inutile mise en scène d’une politique militariste de confinement généralisé, instaurée dans la plupart des pays occidentaux, n’aurait pas eu lieu d’être si d’autres moyens avaient été pris en amont (4) ou si les services publics n’avaient pas été démantelés ces dernières décennies. Ils ont laissé la pandémie s’installer au moment où de multiples soulèvements à l’échelle mondiale étaient en cours, justifiant ainsi des élans sécuritaires et nationalistes.
Le 8 avril, en plein confinement, malgré l’injonction « Restez chez vous », un violent dispositif répressif est mobilisé pour évacuer la ZAD de la Dune à Brétignolles-sur-Mer, montrant que le peuple et sa santé mentale comme physique ne comptent pas dans la stratégie du gouvernement et de ses puissants alliés (5).
Nous pouvons donc encore une fois constater l’incompétence d’un pouvoir centralisé, ainsi que les risques qu’il nous fait courir. Par conséquent, il est urgent de continuer à s’informer et à informer les autres sur ce qu’il se passe, de réfléchir et de montrer l’importance de sortir de ce libéralisme autoritaire, en allant vers des formes d’autonomies collectives. Nous devons toutes et tous prendre du recul sur nos vies et nous radicaliser.

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L'urgence de libérer des espaces de l'emprise capitaliste

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Les Zones À Défendre

Le coup d’état pandémique en cours prépare de multiples projets industriels inutiles, imposés et destructeurs pour relancer l’économie à marche forcée après le confinement (6). Alors, préparons nous à créer, réjoindre ou soutenir des Zones À Défendre et à les relier pour résister à la violence de l’attaque.
La stratégie des Zones À Défendre (ZAD) sera plus pertinente que jamais. Elle associe la diversité des pratiques dans la stratégie de lutte, la vie en collectivité, la solidarité, ainsi que l’expérimentation de pratiques d’autonomie (cueillette, jardinage, soin des forêts, construction de cabanes, de yourtes, de fours à pain, cuisine collective, conserverie, technologies douces, réparation en tous genres, médecine naturelle, transmission de savoirs et savoir-faire divers et variés… ). Elle seule permettra de résister à la violence de l’offensive industrielle et autoritaire qui se prépare pour l’après confinement.

Le zadisme est à la fois un art de vivre et une forme de militantisme de terrain.Tenir une Zone À Défendre implique de tisser des liens de confiance sur un territoire, pour comprendre finement les rapports de force existants entre les barons locaux et les habitant·e·s, afin de s’y insérer pour y amplifier les dynamiques de résistance. Cela implique de l’intelligence collective, de la diplomatie, des blocages, du sabotage, de la stratégie médiatique et juridique, des compromis et des alliances de circonstances pour défendre des terres, des rivières… Faisons entendre la voix du vivant que les puissants et leurs politiques aveugles nous obligent à ignorer. Plus que jamais, la stratégie zadiste est une forme d’écologie sociale en prise avec les enjeux de notre époque, en alliant lieu de vie et lieu de lutte, elle ouvre la voie vers un ailleurs tout en mettant des bâtons dans les roues de la machine industrielle capitaliste.

Les Zones À Défendre, quand elles ne ressortent pas traumatisées par la répression, sont également des espaces de libération psychologique et matérielle, qui permettent de mieux « savoir de quelles façons nous sommes opprimé·e·s, et aussi de quelles façons nous nous auto-réprimons » comme l’écrivait justement en son temps Hakim Bey (7). Comme dans les TAZ (Zones Autonomes Temporaires) – les free party des années 90 – nous pouvons y expérimenter d’autres formes de temporalités, travailler au corps les formes d’oppression qui nous rongent toutes et tous, de l’intérieur comme de l’extérieur, et bâtir un rapport différent au monde, loin de ce que l’on a connu dans le contexte capitaliste.
Depuis ces luttes de territoire, nous combattons les monstres qui surgissent dans le clair obscur du capitalisme, qui s’effondre actuellement en risquant malheureusement d’emporter l’Humanité et le monde vivant avec lui. Les Zones À Défendre doivent continuer d’être des bases arrières vers le monde d’après en même temps que des lignes de front nécessaires au cœur du système. Multiplions les !

Les Zones d'Autonomie Définitive

Cependant, les Zones à Défendre sont des espaces en lutte fragiles et temporaires qui ne sont pas suffisants : il est donc important de pouvoir compter sur un autre type de ZAD : les Zones d’Autonomie Définitive !
Nous pouvons nous appuyer sur ce qui existe déjà dans notre environnement proche, et dès maintenant prendre le temps de nous relier et de nous auto-organiser localement. De nombreux lieux œuvrent d’ores et déjà de manière diffuse : les jardins partagés, les ateliers vélos, les squats et centres sociaux auto-gérés, les épiceries et cantines solidaires et, plus largement, toute la culture coopérative, associative et populaire. Prenons le temps d’identifier nos besoins locaux, de faire du lien avec notre entourage afin d’y subvenir, de transmettre nos expériences, et créons des outils qui faciliteront la prise d’autonomie et la mise en place de la solidarité sur le long terme. Ce travail peut aussi se faire à plus grande échelle en fonction de nos situations (8).

Dans le contexte de démantèlement généralisé des services publics, et au vu de la crise économique qui s’annonce, il est nécessaire de tendre vers l’autonomie collective en continuant de faire exister des espaces de solidarité autogérés, hérités de la culture des mouvements sociaux, paysans, ouvriers, féministes et décoloniaux des siècles derniers. Il est nécessaire que nous nous affranchissions des États Nations qui nous oppriment, et du cadre législatif des normes capitalistes (propriété privée, emploi et salariat) qui nous exploitent. Mais les gouvernements et leurs alliés ne nous laisseront pas faire, c’est pour cela qu’il faut se donner les moyens de créer un rapport de force suffisant pour proposer un autre projet de société : il nous faudra être indépendant·e·s, doté·e·s d’outils d’auto-organisation pour être en mesure de nous défendre lorsque cela sera nécessaire.
Pour créer ces Zones d’Autonomie Définitive, nous devons nous entraider concrètement : réquisition de lieux et de terres (9), soutien logistique pour la création de nouveaux lieux, soutien humain quand nous nous retrouvons attaqué·e·s, connaissance des enjeux historiques, écologiques, politiques et économiques de nos villes et de nos campagnes, transmission de nos expériences, de nos échecs, de nos réussites.

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Se relier, multiplier les brèches et renverser le système

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I·els ont déjà commencé

A Dijon, dans le quartier des Lentillères, des friches agricoles destinées à l’extension urbaine sont occupées pour se nourrir et permettent même d’alimenter des marchés hebdomadaires non lucratifs à prix libre. Des cabanes sont construites, et des ateliers d’échanges de savoirs divers et variés, des concerts ou des fêtes atypiques s’organisent (10).

Dans les environs de Bure, en lutte contre le nucléaire et son monde, les zadistes expulsés de leur ZAD ont créé une auto-école, une boulangerie, pratiquent l’herboristerie et l’affouage avec les locaux, fabriquent des éoliennes artisanales et sont sur différents projets paysans (11).

Sur le plateau de Millevaches, un syndicat de territoire autonome relie les alternatives existantes à l’échelle de trois communautés de communes : préservation de la gestion de l’eau à l’échelle communale, récupération des logements vacants, sauvetage des services publics essentiels, accueil inconditionnel des réfugiés, cellule de soutien psychologique, entraide administrative et juridique s’organisent pour se renforcer entre elles (12).

Dans le quartier d’Exarcheia à Athènes, où nombre d’immeubles vacants sont réquisitionnés pour s’y loger, les pratiques autogestionnaires sont largement répandues : assemblées populaires, cantines, dispensaire, cours de grec à destination des réfugié·e·s, bars qui servent pour l’organisation collective, etc… (13)

A Barcelone, une ancienne usine désaffectée a été transformée en un immense centre social autogéré et les terrains vagues sont devenus jardins collectifs. Dans les quartiers populaires, les locataires expulsés réquisitionnent des appartements ou maisons vides pour se loger et créent leur propre monnaie non-indexée sur l’euro pour leurs échanges émancipés des taxes étatiques (14).

Au Chiapas, les zapatistes, à travers plusieurs communes, ont depuis plus de 25 ans, pris leur autonomie vis à vis de l’État mexicain. ·Iels s’affranchissent de son cadre législatif, politique et économique pour créer leur propre système de justice, de santé et d’éducation, leurs propres assemblées, où les habitant·e·s discutent et décident elle·ux-mêmes comment s’organise leur vie quotidienne (15).

Le Rojava, une région kurde sans État souverain, s’inspire du municipalisme libertaire et de l’écologie sociale de Muray Bookchin (16). Le peuple kurde, privé de territoire, est parvenu dans des conditions géopolitiques extrêmes à faire exister une formidable expérience multi-culturelle, anti-capitaliste et écologique. L’émancipation des femmes de la société patriarcale ainsi qu’un modéle éducatif populaire et inclusif (en plusieurs langues !) sont à l’oeuvre, en pleine lutte armée contre les États turc, irakien, syrien et islamique (17). Des coopératives paysannes, notamment de femmes, réapprennent des manières de cultiver dans un territoire détruit par les guerres et l’exploitation pétrolière (18).

Organisons-nous et fédérons-nous pour des ZAD partout !

Il y a des mondes à inventer. Des Utopies Concrètes (19) et radicales sont déjà en germes et ne demandent qu’à s’étendre et se relier. 2020 doit être l’an 01 de la sortie du capitalisme, comme la génération précédente l’appelait déjà de ses vœux dans les années 70 dans un film mythique (20). Nous vous proposons de suivre leur programme : on arrête tout, on réfléchit. Mais aussi, car l’urgence l’impose : on s’informe, on se relie, on crée, on se défend, et c’est pas triste !

 

Zautonomiedéfinitives 1

Pour faciliter l’organisation dans ce sens, nous avons créé un groupe de réflexion-action pour la sortie du capitalisme. C’est un groupe où l’on prend le temps de mettre en commun nos expériences, nos envies, nos réflexions. On y crée des outils pour renforcer nos alternatives radicales de sortie du capitalisme, par exemple des brochures sur les Zones d’Autonomie Définitive et la sortie de l’emploi. Ainsi, nous faisons partie d’une vaste dynamique de réappropriation collective qui continuera après le confinement, notamment dans les week-ends inter-luttes et inter-zad de Laisse Béton, mais aussi ailleurs !
N’hésitez pas vous aussi à créer ce qui vous semble pertinent ou à nous faire signe (21) si vous souhaitez nous rejoindre ! Préparons-nous dès maintenant à sortir concrètement du capitalisme dans la solidarité. Organisons-nous et fédérons-nous pour que nous soyons plus nombreux·ses à créer, rejoindre ou soutenir des Zones À Défendre et des Zones d’Autonomies Définitives partout dès la fin du confinement !

 

(1) Consulter notre site internet : https://laissebeton.org/
(2) Comme l’explique l’article du Monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2020/03/SHAH/61547
(3) L’article Wikipédia sur la stratégie du choc présente bien les idées de Naomi Klein : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Strat%C3%A9gie_du_choc. On peut aussi voir le documentaire réalisé à partir du livre : https://www.youtube.com/watch?v=Mm8PZFz9T-E
(4) https://lvsl.fr/pourquoi-la-crise-du-coronavirus-impose-de-faire-le-proces-de-lunion-europeenne/
(5) Comme le dénonce l’article de Reporterre : https://reporterre.net/Evacuation-de-la-Zad-de-Bretignolles-sur-Mer-les-autorites-n-ont-pas-respecte-le.
(6) Pour plus d’informations sur le coup d’état pandémique et climatique, on peut lire l’interview de Mark Alizart : https://diacritik.com/2020/04/01/mark-alizart-le-climato-scepticisme-doit-se-comprendre-comme-un-fait-politique-non-comme-une-opinion-coup-detat-climatique/
(7) Dans la célèbre brochure « TAZ : zone autonome temporaire » d’Hakim Bey : https://infokiosques.net/spip.php?article381
(8) On peut prendre l’exemple du biorégionalisme qui souligne l’importance de l’échelle des bassins versants : https://www.liberation.fr/debats/2020/02/26/bioregions-et-au-milieu-coule-une-frontiere_1779711.
(9) Reclaim the fields - Résistance fertile : https://reclaimthefields.org/collective-projects/access-to-land/?lang=fr
(10) Pour une présentation universitaire du quartier des Lentillères, on peut lire https://ufr-ssa.parisnanterre.fr/medias/fichier/me-moire-blanchard-pierre-20172018_1537970200008-pdf
(11) Pour une présentation des luttes à Bure : https://expansive.info/CR-des-luttes-de-Bure-Meuse-Grand-Est-2064
(12) Pour plus de renseignements, voir cette brochure de présentation du Syndicat de la Montagne Limousine : http://www.montagnelimousine.net/wp-content/uploads/2019/10/pre%CC%81sentationSyndicat_weblight.pdf.
(13) Sur Exarcheia, on peut écouter cette émission de France Culture : https://www.franceculture.fr/emissions/itineraire-bis/exarchia-athenes-contestataire-et-solidaire.
(14) Voir l’article de CQFD sur Barcelone : http://cqfd-journal.org/Barcelone-quelle-ville-en-commun.
(15) Cet article du Monde diplomatique présente la lutte au Chiapas : https://www.monde-diplomatique.fr/2017/06/CUSSET/57569.
(16) La revue Ballast a publié une présentation du municipalisme libertaire : https://www.revue-ballast.fr/le-municipalisme-libertaire-quest-ce-donc/
(17) Cette table ronde d’Arrêt sur images présente la lutte au Rojava : https://www.arretsurimages.net/emissions/arret-sur-images/rojava-kurdistan-un-veritable-ovni-politique-dans-la-region
(18) Pour plus d’informations, on peut lire cet article de Reporterre : https://reporterre.net/Au-Rojava-kurde-on-attaque-aussi-une-maniere-de-vivre-libre
(19) Voir le site des Utopies concrètes : http://utopies-concretes.org/#/map
(20) Si vous ne le connaissez pas, consultez l’article Wikipédia du film : https://fr.wikipedia.org/wiki/L'An_01
(21) Écrivez-nous à laissebeton@riseup.net que vous soyez dans l’Ouest ou non !

 

Lire aussi

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# 36 Non, pas de retour à l'anormale. Tue, 21 Mar 2017 12:54:42 +0100