# 41 Moins de libertés en tant de confinements (novembre 2020) http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations Thu, 11 May 2023 19:29:36 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr « Les grands espaces », Catherine Meurisse http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/649-lesgrandsespacescatherinemeurisse http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/649-lesgrandsespacescatherinemeurisse

« Il y a des livres qui nous parlent, parce qu'ils parlent un peu de nous. « Les grands espaces » est de ceux-là. » Alice, lectrice de (Re)bonds, habitante du Cher, partage une nouvelle fois avec nous un coup de cœur à lire...

« Il y a des livres qui nous parlent, parce qu'ils parlent un peu de nous. « Les grands espaces » est de ceux-là...
J'y ai retrouvé l'amour de la campagne et des jardins, les découvertes inépuisables des enfants laissés en friche, l'archéologie, la littérature, les musées et l'histoire de l'art, une maison en travaux, des meules de foin, des bals folks, des néo-ruraux un peu fous... Un peu de mon enfance, de mon adolescence et de mes années de maturité qui m'habitent encore aujourd'hui.          

Mais il y a aussi des livres qu'on aime ouvrir, découvrir et rouvrir, parce qu'ils nous ouvrent à d'autres paysages, d'autres familles, d'autres cultures, d'autres histoires. Et « Les grands espaces » est aussi de ceux-ci !

Avec un trait et une écriture tenant à la fois du romantisme et de la caricature, Catherine Meurisse nous livre ici le récit de sa jeunesse lorsque sa famille déménage à la campagne dans les années 80, quelque part dans le Poitou. On y croise ses parents et sa sœur, férus de littérature et de boutures, ses nouveaux voisins paysans – agriculteurs, éleveurs – des animaux qui donnent la vie et d'autres à qui on donne la mort, mais aussi Pierre Loti, Marcel Proust, Emile Zola, Louis XIV, Rabelais, Ségolène Royal, des musiciens roumains, Corot, Fragonard... On y découvre le développement des fléaux modernes de l'agriculture – remembrement, engrais et pesticides – des politiques territoriales hasardeuses ou désastreuses, et du tourisme provincial – entre festival du cabicou et autres omelettes géantes gratuites !
On y retrouve surtout la beauté et la motivation des amoureux de la terre, déracinés mais bien décidés à restaurer, défricher et planter, inlassablement, pour créer un lieu de vie harmonieux et fertile.
L'auteure, qui est dessinatrice de presse, illustratrice, et a travaillé notamment pour Charlie Hebdo une dizaine d'années comme rédactrice, aborde ces sujets avec humour et sensibilité, entre rêverie et réflexion.

J'y ai appris entre autres, que Zola était nul en botanique, que l'on peut faire le voyage depuis Bucarest dans un bus raccommodé avec du scotch, que « tant qu'on chie, on vit », qu'une bouture peut être un héritage littéraire et familial, et que la liberté est parfois plus belle lorsqu'un groupe de danse folk revisite la tradition, qu'écrite en lettres de feu dans le ciel du Puy du Fou.

Le trait est aussi intimiste et chaleureux que le propos, et l'humour s'en dégage tout autant. Elle nous montre notamment un Versailles revisité où les perspectives célèbres du palais, lui rappelant les gigantesques bottes de foin de sa campagne, sont habillées de banderoles noires disant « non au remembrement » ; ou encore un pastiche des « Bergers d'Arcadie », tableau de Nicolas Poussin à partir de son jardin d'enfance. De très belles planches illustrent l'amour de cette famille pour la verdure, les arbres, les fleurs, avec un souci de la représentation qui, si elle n'est pas naturaliste, montre une attention portée aux détails des feuilles, des couleurs, de l'allure et de l'aspect des végétaux, faisant appel à nos sens comme à nos propres souvenirs. »

« Les grands espaces » de Catherine Meurisse (couleurs, Isabelle Merlet) est publié chez Dargaud : https://www.dargaud.com/bd/les-grands-espaces

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Nous ne sommes rien, soyons tout », Baya Bellanger http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/650-nousnesommesriensoyonstout http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/650-nousnesommesriensoyonstout

« Ils ont ravivé au fond de moi une flamme que je croyais éteinte : un autre monde est possible. » C'est ainsi que la réalisatrice Baya Bellanger décrit le sentiment qui est né en elle, au cours du tournage de son documentaire. Ils ? Ce sont les Gilets jaunes de Commercy. Toujours là.

« Nous ne sommes rien, soyons tout » est visible, gratuitement et en replay, sur le site de France 3 Grand Est (1). C'est en effet dans cette région – et plus précisément dans la Meuse – que se trouve la petite commune de Commercy, devenue célèbre dans les milieux militants pour avoir accueilli la première Assemblée des assemblées (2) : un grand rassemblement de Gilets jaunes (des représentants des groupes de toute la France), pour réfléchir aux moyens de prolonger le mouvement.

Le documentaire débute à l'automne 2018, lorsque se forme le mouvement, et prend fin en mars 2020, aux élections municipales.
On y suit un groupe d'une quarantaine d'hommes et de femmes qui se retrouvent chaque jour à leur cabane construite non pas sur un rond-point mais sur une des places du centre-ville. Selon l'heure de la journée, autour d'un café ou d'un verre, d'un sandwich ou du barbecue, il.les dénoncent leurs conditions de vie, débattent des moyens pour y faire face et les changer, rêvent à une autre société. Il.les sont agent d'entretien, fonctionnaire territorial, éducateur spécialisé, ouvrière en aéronautique, commerçante à la retraite…

Le documentaire est généreux, la réalisatrice étant visiblement acquise à la cause des Gilets jaunes. Pour autant, elle ne tente pas d'effacer les désaccords entre les membres du groupe et présente bien les différentes stratégies qui en découlent : continuer à se battre contre l'État dans un rapport frontal en faisant monter en puissance les manifestations et blocages ; intégrer les institutions pour les modifier en profondeur.

Ainsi, lors de la deuxième Assemblée des assemblées à Saint-Nazaire, certains Gilets jaunes de Commercy défendent activement le « municipalisme » : basé sur la dynamique des communes, ce système politique suppose un gouvernement via des institutions locales animées par des assemblées populaires.
Les Gilets jaunes de Commercy testent ce principe lors d'un Référendum d'Initiative Citoyenne (RIC) qu'il.les organisent eux.les-mêmes : leur cabane étant menacée de destruction par le maire, il.les demandent à la population de s'exprimer sur son maintien et de réclamer, si elle le souhaite, davantage de poids dans les prises de décision locales. Le RIC est un succès mais la cabane est tout de même détruite, preuve pour le groupe de Gilets jaunes que les élu.es n'écoutent pas le peuple…
La solution : se présenter aux élections municipales ! Les Commercien.nes les suivront-il.les ?

Autre intérêt de ce film : il souligne la difficulté, pour un mouvement sans chef, de ne pas reproduire les comportements de domination qu'il dénonce. Un membre du groupe le reconnaît : parmi eux.les, certain.es prennent davantage d'initiatives, sont à l'aise pour parler devant le groupe ou les médias, sont plus écouté.es... « Ce sont des mécanismes auxquels il faut réfléchir pour les empêcher », insiste Claude, l'un des Gilets jaunes. En regardant le documentaire de Baya Bellanger, on comprend l'un des enjeux de cette lutte pour qu'elle puisse (sur)vivre : comment l'ancien monde se reproduit à bas bruit à travers ce mouvement au point de pouvoir l'annihiler...

Photo : © 13 Productions / FTV

(1) https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meuse/commercy/replay-nous-ne-sommes-rien-soyons-trois-raisons-suivre-gilets-jaunes-commercy-1887464.html
(2) http://assembleedesassemblees.org/

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Ne parlez pas de violences policières », La Revue Dessinée http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/651-neparlezpasdeviolencespolicieres http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/651-neparlezpasdeviolencespolicieres

La Revue Dessinée est un formidable trimestriel. L'exemple même d'un journalisme qui allie qualité et créativité, en proposant aux lecteur.ices de découvrir l'actualité en bandes dessinées. Elle publie régulièrement des hors-séries, dont ce passionnant « Ne parlez pas de violences policières ».

Le titre fait référence à une déclaration du président Emmanuel Macron le 7 mars 2019 lors d'une réunion organisée dans le cadre du Grand Débat à Gréoux-les-Bains. Un déni manifeste de la répression alors en cours du mouvement des Gilets jaunes.
Dans ce hors-série, les rédactions de Mediapart et de la Revue Dessinée se sont unies « pour rompre le silence sur la violence d'Etat ».

Tous les ingrédients qui font la force de La Revue Dessinée sont là : 160 pages d'enquête fouillée en bandes dessinées par une quinzaine de contributeur.ices différent.es, ce qui offre un résultat littéraire et graphique passionnant.
Au sommaire : le fonctionnement de la police des polices ; l’histoire d’une arme controversée, le LBD ; le salon mondial de l’armement ; les origines et l’essor de Black Lives Matter ; ou encore des témoignages de l’intérieur (officier de police judiciaire ou CRS, gradé ou simple flic…).

La Revue Dessinée a été créée en septembre 2013 par Franck Bourgeron, Olivier Jouvray, Kris, Sylvain Ricard, Virginie Ollagnier et David Servenay.
Chaque trimestre, des binômes de dessinateur.ices et de journalistes explorent l'actualité et la présentent textuellement et graphiquement.
L'information délivrée est présentée comme « engagée mais pas militante ». « Nous sommes attachés à la diversité des points de vue et des formes, écrit l'équipe sur son site Internet. C'est pourquoi vous découvrirez dans nos pages toutes sortes de sujets, sur l'économie, l'écologie, la politique, la société, la musique, le cinéma, les guerres ou les utopies. »

La Revue Dessinée est aujourd'hui tirée à plus de 20.000 exemplaires, compte près de 6.000 abonné.es et trois fois plus de lecteur.ices (elle est notamment présente dans les bibliothèques-médiathèques, dont celle de Bourges).

Pour découvrir le trimestriel et ses hors-séries, rendez-vous sur
https://www.4revues.fr/la-revue-dessinee/

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Mobilizon » http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/652-mobilizon http://www.rebonds.net/41moinsdelibertesentantdeconfinements/132-recreations/652-mobilizon

Envie de vous passer de Facebook ? Ou d'entrer (enfin) dans l'univers des réseaux sociaux mais surtout pas via le géant américain ? L'association française Framasoft (1) vient de lancer Mobilizon, un logiciel libre qui permet de se fédérer sans attenter à vos libertés.

Le projet est né il y a deux ans au sein de l'association d'éducation populaire qui promeut le Libre (2). Pour le mener à bien, une collecte a été lancée au printemps 2019, à laquelle 1.360 contributeur.ices ont participé.
Framasoft aurait dû publier la première version cet été mais la crise sanitaire a fait exploser l'utilisation des outils collaboratifs tels que l'association propose ; sur-sollicitée, elle n'a pu mener les deux chantiers de front.
Finalement, Mobilizon a été lancé officiellement le 27 octobre dernier.

L'objectif est affiché clairement : « s'émanciper de Facebook, Meetup, Eventbrite ou toute autre plateforme à but lucratif ». Pas question de nier l'intérêt des réseaux numériques, mais plutôt de s'affranchir des systèmes qui exploitent les données personnelles et rendent les utilisateur.ices vulnérables à la surveillance et / ou la manipulation.
Pas question non plus de créer un clone de Facebook. Mobilizon est un outil avant tout informatif et organisationnel ; il suppose une attitude active et ne permet pas de faire défiler toute la journée des informations publiées en vrac. « Ce n'est pas l'ego mais la construction du collectif qui compte », souligne l'équipe de Framasoft dans la présentation de ce logiciel.

Mobilizon est « libre », c'est-à-dire que son code source est rendu public dans un souci de transparence. Chacun.e peut s'en emparer pour le faire évoluer. En cela, les retours des utilisateur.ices sont essentiels.
Concrètement, il n'y a pas un mais plusieurs Mobilizon : pour éviter la formation d'un géant de type Facebook, différentes instances sont créées, qui peuvent être reliées entre elles. L'intérêt ? Chaque instance peut avoir un hébergeur différent et ainsi, les utilisateur.ices peuvent choisir celui dont les valeurs lui correspondent le plus.

Autre avantage : un seul et unique compte permet de créer plusieurs profils. Par exemple : un pour la famille, un autre pour le travail, un autre encore pour les activités militantes… Mobilizon apparaît ainsi comme un « outil de cloisonnement social » bien pratique pour révéler, comme on le souhaite, les différentes facettes d'une même personne ou d'un même collectif.

Tout comme n'importe quel réseau social, Mobilizon permet de créer des pages, des événements et des groupes. Avant de participer, chacun.e peut consulter les rubriques « à propos » qui donnent de précieuses informations sur les administrateur.ices d'une instance, leur politique de modération de contenus, avec qui il.les choisissent de se fédérer…

Pour en savoir plus sur ce logiciel et le tester, rendez-vous sur https://joinmobilizon.org/fr/
Et pour consulter les Mobilizon déjà actifs : https://mobilizon.org/fr/

Illustration : David Revoy – Licence CC-By 4.0

(1) Découvrez l'association Framasoft sur https://framasoft.org/fr/
(2) Définition du Libre : https://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_libre

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Récréations Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200