# 59 La voie du communisme libertaire (juin 2022) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/59lavoieducommunismelibertaire/169-recreations 2023-05-11T18:40:31+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management « D’égal à égales », C. Mélis et C. Cordier 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/59lavoieducommunismelibertaire/169-recreations/780-degalaegales Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/dégal_à_égales.jpeg" /></p><p>Comment faire entendre sa voix lorsqu’on est une femme, au travail mais aussi dans la lutte syndicale&nbsp;? Le film de Corinne Mélis et Christophe Cordier présente quatre parcours de travailleuses syndiquées qui, malgré la triple discrimination qu’elles subissent – sexiste, raciste et sociale –, se battent pour leur émancipation et bien plus&nbsp;: celle de tous·tes les exploité·es.</p> <p>Les réalisateur·ices ont suivi Kheira, Nourra, Dorothée et Annissa, immigrées ou fille d’immigré·es. Dans leur travail comme dans leur engagement syndical, elles doivent combattre bien des préjugés. En croisant leurs témoignages avec ceux des ouvrières de l’usine Lip dans les années 1970<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, les réalisateur·ices montrent comment la place des femmes dans la lutte syndicale a évolué. Iels donnent aussi la parole à Annick Coupé, une des premières initiatrices des inter-syndicales femmes, et déléguée générale de l’Union Syndicale Solidaires de 2001 à 2014.</p> <p>Kheira est d’origine algérienne et est arrivée en France à l’âge de 4 ans avec ses parents. Elle a travaillé pendant 27 ans dans une usine textile à Toulouse avant de devenir permanente syndicale de la fédération CGT Textile, habillement et cuir.</p> <p>Professeure en Algérie, Nourra est arrivée en France adulte mais n’a pas trouvé de travail. Devenue assistante maternelle, elle a rapidement ressenti le «&nbsp;mépris&nbsp;» que cette profession subissait, en termes de statut, de salaires, de protection sociale, de retraite… Durant quinze ans, elle s’est battue pour faire reconnaître les droits des assistantes maternelles, en tant que permanente à l’UNSa.</p> <p>Camerounaise, Dorothée vit en France depuis vingt ans. Employée d’une entreprise sous-traitante pour les hôtels d’Eurodisney, elle a mené une grève contre des conditions de travail indignes, connue sous le slogan «&nbsp;Ni bonnes ni connes&nbsp;». Harcelée, abandonnée par son syndicat, elle a tenu pendant huit ans avant de changer d’employeur.</p> <p>Annissa est née en France de parents comoriens. Entrée à la SCNF à l’âge de 21 ans, elle milite au sein du syndicat Solidaires, notamment contre la privatisation du rail et la multiplication des contrats précaires.</p> <p>Toutes racontent à quel point s’affirmer dans un monde du travail dominé par les hommes a été difficile. Mais aussi, comment ce combat leur a permis d’apprendre d’elles-mêmes, de s’ouvrir aux autres, d’oser s’exprimer, de devenir solidaires, de se renforcer. Toutes racontent également les obstacles qu’elles ont rencontrés à l’intérieur même de leurs organisations syndicales, où règnent encore trop souvent machisme et sexisme. Comme l’explique Annick Coupé, le mot d’ordre des syndicats a longtemps été de ne pas se diviser&nbsp;; encore aujourd’hui, certains sont réticents à reconnaître les spécificités des luttes (féministes, par exemple) qui pourraient apparaître comme des divisions.<br />Pour autant, Kheira, Nourra, Dorothée et Annissa ont trouvé dans le syndicalisme un outil d’émancipation et de résistance au système qui exploite. Leur histoire est inspirante pour tous·tes celleux qui veulent s’engager.</p> <p>Tourné en 2011 et sorti en 2015, d’une durée de 52 minutes, le documentaire «&nbsp;D’égal à égales&nbsp;» est visible gratuitement sur la plateforme Viméo&nbsp;: <a href="https://vimeo.com/159768481">https://vimeo.com/159768481</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) L’usine de production horlogère de Besançon, Lip, a connu un mouvement social très important pendant plusieurs années. En 1973, un collectif de femmes ouvrières y a été créé.</span></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/dégal_à_égales.jpeg" /></p><p>Comment faire entendre sa voix lorsqu’on est une femme, au travail mais aussi dans la lutte syndicale&nbsp;? Le film de Corinne Mélis et Christophe Cordier présente quatre parcours de travailleuses syndiquées qui, malgré la triple discrimination qu’elles subissent – sexiste, raciste et sociale –, se battent pour leur émancipation et bien plus&nbsp;: celle de tous·tes les exploité·es.</p> <p>Les réalisateur·ices ont suivi Kheira, Nourra, Dorothée et Annissa, immigrées ou fille d’immigré·es. Dans leur travail comme dans leur engagement syndical, elles doivent combattre bien des préjugés. En croisant leurs témoignages avec ceux des ouvrières de l’usine Lip dans les années 1970<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, les réalisateur·ices montrent comment la place des femmes dans la lutte syndicale a évolué. Iels donnent aussi la parole à Annick Coupé, une des premières initiatrices des inter-syndicales femmes, et déléguée générale de l’Union Syndicale Solidaires de 2001 à 2014.</p> <p>Kheira est d’origine algérienne et est arrivée en France à l’âge de 4 ans avec ses parents. Elle a travaillé pendant 27 ans dans une usine textile à Toulouse avant de devenir permanente syndicale de la fédération CGT Textile, habillement et cuir.</p> <p>Professeure en Algérie, Nourra est arrivée en France adulte mais n’a pas trouvé de travail. Devenue assistante maternelle, elle a rapidement ressenti le «&nbsp;mépris&nbsp;» que cette profession subissait, en termes de statut, de salaires, de protection sociale, de retraite… Durant quinze ans, elle s’est battue pour faire reconnaître les droits des assistantes maternelles, en tant que permanente à l’UNSa.</p> <p>Camerounaise, Dorothée vit en France depuis vingt ans. Employée d’une entreprise sous-traitante pour les hôtels d’Eurodisney, elle a mené une grève contre des conditions de travail indignes, connue sous le slogan «&nbsp;Ni bonnes ni connes&nbsp;». Harcelée, abandonnée par son syndicat, elle a tenu pendant huit ans avant de changer d’employeur.</p> <p>Annissa est née en France de parents comoriens. Entrée à la SCNF à l’âge de 21 ans, elle milite au sein du syndicat Solidaires, notamment contre la privatisation du rail et la multiplication des contrats précaires.</p> <p>Toutes racontent à quel point s’affirmer dans un monde du travail dominé par les hommes a été difficile. Mais aussi, comment ce combat leur a permis d’apprendre d’elles-mêmes, de s’ouvrir aux autres, d’oser s’exprimer, de devenir solidaires, de se renforcer. Toutes racontent également les obstacles qu’elles ont rencontrés à l’intérieur même de leurs organisations syndicales, où règnent encore trop souvent machisme et sexisme. Comme l’explique Annick Coupé, le mot d’ordre des syndicats a longtemps été de ne pas se diviser&nbsp;; encore aujourd’hui, certains sont réticents à reconnaître les spécificités des luttes (féministes, par exemple) qui pourraient apparaître comme des divisions.<br />Pour autant, Kheira, Nourra, Dorothée et Annissa ont trouvé dans le syndicalisme un outil d’émancipation et de résistance au système qui exploite. Leur histoire est inspirante pour tous·tes celleux qui veulent s’engager.</p> <p>Tourné en 2011 et sorti en 2015, d’une durée de 52 minutes, le documentaire «&nbsp;D’égal à égales&nbsp;» est visible gratuitement sur la plateforme Viméo&nbsp;: <a href="https://vimeo.com/159768481">https://vimeo.com/159768481</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) L’usine de production horlogère de Besançon, Lip, a connu un mouvement social très important pendant plusieurs années. En 1973, un collectif de femmes ouvrières y a été créé.</span></p> « Soundz of the sound » 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/59lavoieducommunismelibertaire/169-recreations/781-soundzofthesound Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/soundz_of_the_sound.jpg" /></p><p><em></em>Adrien, l’un des réacteurs du mois, nous invite à découvrir un groupe sud-africain engagé, qui mélange des sonorités traditionnelles et des rythmiques hip-hop. Il est actuellement en tournée en France.</p> <p>Soundz of the south est un collectif anarchiste qui utilise le hip-hop et la poésie pour diffuser un message révolutionnaire. Le collectif œuvre à construire une contre-culture de classe à la fois anti-autoritaire, anticapitaliste, antiraciste et antisexiste. Le hip-hop est un outil d’éducation politique pour mobiliser la communauté vers une résistance collective contre le capitalisme et vers des actions de solidarité. Le collectif est aussi impliqué à l’échelle du continent africain dans l'Afrikan Hiphop Caravan.</p> <p>Un projet musical poétique et politique que le collectif défend dans leur dernier album «&nbsp;Freedom warrior vol. 4&nbsp;». Sa musique dénonce le racisme et les violences policières comme dans «&nbsp;Young black and unfree&nbsp;». Certains morceaux évoquent aussi les travailleuses et travailleurs ainsi que leurs luttes comme «&nbsp;Thina&nbsp;» ou «&nbsp;Zabalaza ».</p> <p>Après Orléans ce lundi, le groupe se produira le vendredi 17 juin à l’annexe de l’Espace Communal de la Guilloltière à Lyon&nbsp;: <a href="https://www.infolibertaire.net/concert-soundz-of-the-south-le-vendredi-17-juin/">https://www.infolibertaire.net/concert-soundz-of-the-south-le-vendredi-17-juin/</a></p> <p>La musique de Soundz of the south est aussi à écouter ici&nbsp;: <a href="https://sos1.bandcamp.com/">https://sos1.bandcamp.com/</a></p> <p>L’un de ses clips, «&nbsp;Zabalaza&nbsp;» est visible là&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NrckzW3csmI">https://www.youtube.com/watch?v=NrckzW3csmI</a></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/soundz_of_the_sound.jpg" /></p><p><em></em>Adrien, l’un des réacteurs du mois, nous invite à découvrir un groupe sud-africain engagé, qui mélange des sonorités traditionnelles et des rythmiques hip-hop. Il est actuellement en tournée en France.</p> <p>Soundz of the south est un collectif anarchiste qui utilise le hip-hop et la poésie pour diffuser un message révolutionnaire. Le collectif œuvre à construire une contre-culture de classe à la fois anti-autoritaire, anticapitaliste, antiraciste et antisexiste. Le hip-hop est un outil d’éducation politique pour mobiliser la communauté vers une résistance collective contre le capitalisme et vers des actions de solidarité. Le collectif est aussi impliqué à l’échelle du continent africain dans l'Afrikan Hiphop Caravan.</p> <p>Un projet musical poétique et politique que le collectif défend dans leur dernier album «&nbsp;Freedom warrior vol. 4&nbsp;». Sa musique dénonce le racisme et les violences policières comme dans «&nbsp;Young black and unfree&nbsp;». Certains morceaux évoquent aussi les travailleuses et travailleurs ainsi que leurs luttes comme «&nbsp;Thina&nbsp;» ou «&nbsp;Zabalaza ».</p> <p>Après Orléans ce lundi, le groupe se produira le vendredi 17 juin à l’annexe de l’Espace Communal de la Guilloltière à Lyon&nbsp;: <a href="https://www.infolibertaire.net/concert-soundz-of-the-south-le-vendredi-17-juin/">https://www.infolibertaire.net/concert-soundz-of-the-south-le-vendredi-17-juin/</a></p> <p>La musique de Soundz of the south est aussi à écouter ici&nbsp;: <a href="https://sos1.bandcamp.com/">https://sos1.bandcamp.com/</a></p> <p>L’un de ses clips, «&nbsp;Zabalaza&nbsp;» est visible là&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=NrckzW3csmI">https://www.youtube.com/watch?v=NrckzW3csmI</a></p> « Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers », ouvrage collectif 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/59lavoieducommunismelibertaire/169-recreations/782-gustavlandauerunanarchistedelenvers Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/landauer-couv-e1512484245142.jpg" /></p><p>Un perturbateur parmi les perturbateurs. Pour la seule raison que sa pensée déroute les anarchistes – alors qu’il se revendique des leurs – la vie et l’œuvre de Gustav Landauer méritent d’être connues&nbsp;! Ce livre, écrit à plusieurs mains, révèle un riche parcours philosophique et politique. Il regroupe également douze écrits de Landauer lui-même, dont l’article majeur «&nbsp;Pensées anarchistes sur l’anarchisme&nbsp;».</p> <p>Né en 1870 en Allemagne, Gustav Landauer est un journaliste, écrivain, essayiste et activiste militant. Il découvre le socialisme dès l’âge de 20 ans et s’investit dans la rédaction de journaux, l’animation d'un théâtre populaire, des groupes d’organisation politique ou encore la fondation de coopératives de production et de communautés autonomes...</p> <p>Il traduit Pierre Kropotkine, Meister Eckhart, Oscar Wilde, Rabindranath Tagore…</p> <p>Ses positions sont singulières au point de l’isoler régulièrement politiquement. <em>«&nbsp;Jamais, sans doute, dans la communauté des anarchistes, pensée ne fut aussi mal étudiée et comprise que celle de Landauer&nbsp;»</em>, regrette Freddy Gomez dans l’introduction de l’ouvrage «&nbsp;Gustav Landauer, anarchiste de l’envers&nbsp;» (expression inspirée de Max Nettlau<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, qui qualifiait l’anarchiste allemand d’<em>«&nbsp;homme de l’envers&nbsp;»</em>).</p> <p>Ce qui irrita ses contemporains&nbsp;? <em>«&nbsp;Le principal reproche que lui adressa l’anarchisme ouvrier fut sans doute d’avoir été un intellectuel et, pis encore, d’avoir pensé la révolution en intellectuel, c’est-à-dire d’un point de vue forcément extérieur à la seule classe qui pouvait la faire&nbsp;»</em>, souligne Freddy Gomez.<br />Ses pairs, quant à eux, goûtaient peu ses critiques sur le marxisme. <em>«&nbsp;Bien avant quelques autres (bien peu, en fait, même longtemps après), il perçut les limites (et les dangers) du raisonnement purement matérialiste qui le sous-tendait et qui partageait avec le capitalisme un même culte de l’infini progrès, une même fascination pour la massification et une même volonté d’éradiquer les archaïsmes, les coutumes et les traditions communautaires »</em>, poursuit Freddy Gomez.</p> <p>Par ailleurs, Gustav Landauer avançait des positions qualifiées de «&nbsp;mystiques&nbsp;» et de «&nbsp;sentimentalistes&nbsp;» par ses détracteurs. Contrairement à la plupart des socialistes de l'époque qui ne juraient que par la masse comme force révolutionnaire, Landauer mettait en avant la notion d’individualité, c’est-à-dire tout ce qui dans l’individu permet à l’humanité de progresser et de se perfectionner. Il appelait à une introspection personnelle permettant de se sentir appartenir à la <em>« communauté des vivants »</em>, et à une expérience collective concrète comme nouvelle forme de relations au monde et entre les êtres humains. C’est pourquoi, il a soutenu et participé à la fondation de communautés et de coopératives libertaires. <em>«&nbsp;Les hommes, les individus empiriques, isolés et dispersés, continuent d’ordonner leurs relations selon les règles de l’Etat et le Capital »</em>, écrit-il dans son «&nbsp;Appel au socialisme&nbsp;», son œuvre majeure parue en 1911. Selon lui, les individus ne doivent plus jouer le rôle qu’on leur assigne, mais décider par eux-mêmes des relations qui leur permettront de s’émanciper. Les prolétaires ne peuvent s’en sortir qu’en s’abolissant en tant que <em>«&nbsp;classe du capital&nbsp;»</em> et <em>«&nbsp;en entrant dans d’autres relations&nbsp;»</em>. Des positions qui peuvent résonner aujourd’hui dans certaines expérimentations politiques.</p> <p>Opposé à la violence et à «&nbsp;la propagande par le fait&nbsp;», mais aussi à la guerre, Gustav Laudauer s’est investi dans des mouvements pacifistes pour empêcher la Première guerre mondiale et œuvrer à l’entente entre les peuples.</p> <p>Commissaire du peuple à l’Insurrection publique et à la Culture lors de la Commune de Munich en 1919, il a finalement été arrêté par les troupes contre-révolutionnaires gouvernementales et assassiné à la prison de Stadelheim.</p> <p>«&nbsp;Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers&nbsp;» a été co-publié par les Editions de l’éclat et la revue A contretemps en 2018.</p> <p>Plus de renseignements sur <a href="http://www.lyber-eclat.net/?s=landauer">http://www.lyber-eclat.net/?s=landauer</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Max Nettlau (1865-1944) : historien et anarchiste allemand, ami de Gustav Landauer.</span></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/landauer-couv-e1512484245142.jpg" /></p><p>Un perturbateur parmi les perturbateurs. Pour la seule raison que sa pensée déroute les anarchistes – alors qu’il se revendique des leurs – la vie et l’œuvre de Gustav Landauer méritent d’être connues&nbsp;! Ce livre, écrit à plusieurs mains, révèle un riche parcours philosophique et politique. Il regroupe également douze écrits de Landauer lui-même, dont l’article majeur «&nbsp;Pensées anarchistes sur l’anarchisme&nbsp;».</p> <p>Né en 1870 en Allemagne, Gustav Landauer est un journaliste, écrivain, essayiste et activiste militant. Il découvre le socialisme dès l’âge de 20 ans et s’investit dans la rédaction de journaux, l’animation d'un théâtre populaire, des groupes d’organisation politique ou encore la fondation de coopératives de production et de communautés autonomes...</p> <p>Il traduit Pierre Kropotkine, Meister Eckhart, Oscar Wilde, Rabindranath Tagore…</p> <p>Ses positions sont singulières au point de l’isoler régulièrement politiquement. <em>«&nbsp;Jamais, sans doute, dans la communauté des anarchistes, pensée ne fut aussi mal étudiée et comprise que celle de Landauer&nbsp;»</em>, regrette Freddy Gomez dans l’introduction de l’ouvrage «&nbsp;Gustav Landauer, anarchiste de l’envers&nbsp;» (expression inspirée de Max Nettlau<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span>, qui qualifiait l’anarchiste allemand d’<em>«&nbsp;homme de l’envers&nbsp;»</em>).</p> <p>Ce qui irrita ses contemporains&nbsp;? <em>«&nbsp;Le principal reproche que lui adressa l’anarchisme ouvrier fut sans doute d’avoir été un intellectuel et, pis encore, d’avoir pensé la révolution en intellectuel, c’est-à-dire d’un point de vue forcément extérieur à la seule classe qui pouvait la faire&nbsp;»</em>, souligne Freddy Gomez.<br />Ses pairs, quant à eux, goûtaient peu ses critiques sur le marxisme. <em>«&nbsp;Bien avant quelques autres (bien peu, en fait, même longtemps après), il perçut les limites (et les dangers) du raisonnement purement matérialiste qui le sous-tendait et qui partageait avec le capitalisme un même culte de l’infini progrès, une même fascination pour la massification et une même volonté d’éradiquer les archaïsmes, les coutumes et les traditions communautaires »</em>, poursuit Freddy Gomez.</p> <p>Par ailleurs, Gustav Landauer avançait des positions qualifiées de «&nbsp;mystiques&nbsp;» et de «&nbsp;sentimentalistes&nbsp;» par ses détracteurs. Contrairement à la plupart des socialistes de l'époque qui ne juraient que par la masse comme force révolutionnaire, Landauer mettait en avant la notion d’individualité, c’est-à-dire tout ce qui dans l’individu permet à l’humanité de progresser et de se perfectionner. Il appelait à une introspection personnelle permettant de se sentir appartenir à la <em>« communauté des vivants »</em>, et à une expérience collective concrète comme nouvelle forme de relations au monde et entre les êtres humains. C’est pourquoi, il a soutenu et participé à la fondation de communautés et de coopératives libertaires. <em>«&nbsp;Les hommes, les individus empiriques, isolés et dispersés, continuent d’ordonner leurs relations selon les règles de l’Etat et le Capital »</em>, écrit-il dans son «&nbsp;Appel au socialisme&nbsp;», son œuvre majeure parue en 1911. Selon lui, les individus ne doivent plus jouer le rôle qu’on leur assigne, mais décider par eux-mêmes des relations qui leur permettront de s’émanciper. Les prolétaires ne peuvent s’en sortir qu’en s’abolissant en tant que <em>«&nbsp;classe du capital&nbsp;»</em> et <em>«&nbsp;en entrant dans d’autres relations&nbsp;»</em>. Des positions qui peuvent résonner aujourd’hui dans certaines expérimentations politiques.</p> <p>Opposé à la violence et à «&nbsp;la propagande par le fait&nbsp;», mais aussi à la guerre, Gustav Laudauer s’est investi dans des mouvements pacifistes pour empêcher la Première guerre mondiale et œuvrer à l’entente entre les peuples.</p> <p>Commissaire du peuple à l’Insurrection publique et à la Culture lors de la Commune de Munich en 1919, il a finalement été arrêté par les troupes contre-révolutionnaires gouvernementales et assassiné à la prison de Stadelheim.</p> <p>«&nbsp;Gustav Landauer, un anarchiste de l’envers&nbsp;» a été co-publié par les Editions de l’éclat et la revue A contretemps en 2018.</p> <p>Plus de renseignements sur <a href="http://www.lyber-eclat.net/?s=landauer">http://www.lyber-eclat.net/?s=landauer</a></p> <p><span style="font-size: 8pt;">(1) Max Nettlau (1865-1944) : historien et anarchiste allemand, ami de Gustav Landauer.</span></p> « Ni dieu ni maître, une histoire de l’anarchisme », T. Ramonet 2017-04-02T20:07:14+02:00 2017-04-02T20:07:14+02:00 http://www.rebonds.net/59lavoieducommunismelibertaire/169-recreations/788-nidieunimaitreunehistoiredelanarchisme Super User <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/ni_dieu_ni_maitre_une_histoire_de_l_anarchisme-39cf2.jpg" /></p><p>C’est la toute première fois en France que la télévision consacre autant de temps et de précision à l’histoire du mouvement anarchiste&nbsp;: une série documentaire de quatre volets d’1 h 30 environ, dont les deux premiers ont été diffusés sur Arte et sont désormais visibles sur YouTube. Un travail colossal réalisé par Tancrède Ramonet, pour un résultat passionnant.</p> <p>Alors que le communisme, le socialisme, le néo-libéralisme ou même le fascisme sont précisément documentés à destination d’un large public, l’histoire de l’anarchisme n’avait jamais été transmise d’une manière aussi complète.</p> <p>Durant cinq ans, Tancrède Ramonet<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> a multiplié les lectures et les rencontres sur le sujet. Il a réuni une somme importante d’archives et réalisé des interviews de nombreux·ses historien·nes pour produire quatre épisodes&nbsp;: «&nbsp;La Volupté de la destruction&nbsp;» (1840-1914), « La Mémoire des vaincus&nbsp;» (1911-1945), «&nbsp;Des Fleurs et des pavés «&nbsp;(1945-1969) et «&nbsp;Les Réseaux de la colère&nbsp;» (1965-2011).<br />Les deux premiers épisodes ont été diffusés sur Arte en 2017 et ont réuni plus de 400.000 spectateur·ices. Le troisième épisode a été diffusé sur la chaîne suisse RTS2 cette semaine.</p> <p>Pour l’instant, sur YouTube, on peut retrouver gratuitement «&nbsp;La Volupté de la destruction&nbsp;» et «&nbsp;La Mémoire des vaincus&nbsp;». Point de départ de la série&nbsp;: 1840 et la figure du typographe Pierre-Joseph Proudhon, seul penseur révolutionnaire de la classe ouvrière à son époque. Le premier aussi à se revendiquer ouvertement et positivement anarchiste. Sa pensée résonnera dans le monde entier y compris chez des intellectuels tels que Léon Tolstoï, Karl Marx ou Mikhaïl Bakounine...</p> <p>Autre période marquante, celle de 1871 avec la Commune de Paris&nbsp;: 73 jours d’insurrection écrasée dans le sang. Sang des Communard·es mais aussi des anarchistes.<em> «&nbsp;Un massacre dont on n’a pas idée aujourd’hui&nbsp;»</em>, souligne l’historien Jean-Yves Mollier dans le documentaire. En une seule semaine, environ 20.000 personnes ont été massacrées dont des femmes et des enfants. <em>«&nbsp;La terre, les caniveaux, les égouts n’arrivaient plus à absorber le sang.&nbsp;»</em><br />Dès lors, les ouvrier·es considèrent que la lutte contre la bourgeoisie sera une lutte à mort. Et c’est ainsi que la génération suivante d’anarchistes choisit d’adopter une position plus violente&nbsp;: la «&nbsp;propagande par le fait&nbsp;». Les attentats se multiplient, mais font peu de victimes. En face, la répression est toujours aussi féroce. En faisant tomber les chefs d’Etat par les bombes, les anarchistes espèrent créer un vide qui serait comblé par la révolution. <br />A la même époque, iels fondent des syndicats, des coopératives, des bourses du travail, mais leur mouvement collectif est occulté par le pouvoir qui préfère mettre en avant les figures violentes telles que Ravachol <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.</p> <p>Tancrède Ramonet rappelle la place de l’anarchisme dans les organisations des travailleur·ses et partout où se font jour les discriminations&nbsp;: dès le début, l’anarchisme ne s’intéresse pas seulement à la lutte des classes mais aussi à celles des femmes et des peuples colonisés, par exemple.</p> <p>Autre mode d’action&nbsp;: la grève générale. <em>«&nbsp;Si toutes les usines s’arrêtent de travailler, comment les capitalistes pourront-ils continuer à toucher leurs capitaux, leurs dividendes, puisqu’il n’y aura plus rien&nbsp;?&nbsp;»,</em> souligne l’historien Jean-Yves Mollier. Loin de vouloir prendre la place des bourgeois·es, les anarchistes n’appellent pas de leurs vœux la prise du pouvoir mais bien la destruction du pouvoir.</p> <p>En 1914, premier arrêt majeur du mouvement puisque la guerre enrôle de force les travailleur·ses. A la fin du conflit, il reprend surtout au Mexique, aux Etats-Unis et en Russie. Les anarchistes y sont aux avant-postes mais iels sont aussi les premières victimes de la répression intérieure car iels dénoncent les dérives du bolchévisme et de la dictature stalinienne.</p> <p>Dans les années 1930, le capitalisme prend la figure menaçante du fascisme. Ecrasé en Espagne, victime une fois encore d’un conflit mondial armé, l’anarchisme vit sa «&nbsp;longue nuit&nbsp;». Mais il renaît partout dans le monde à la faveur de Mai 68 pour ne plus jamais s’éteindre...</p> <p>Le premier épisode est visible ici&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=xV4GfHjJAtE">https://www.youtube.com/watch?v=xV4GfHjJAtE</a><br />Et le deuxième là&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=yxre_Cd5TAI">https://www.youtube.com/watch?v=yxre_Cd5TAI</a></p> <p>(1) Producteur, réalisateur, musicien au sein d’un groupe de rock électro, ACHAB (en référence à Moby Dick et au slogan anarchiste ACAB – «&nbsp;All Cops Are Bastards&nbsp;») ; fils d’Ignacio Ramonet qui fut notamment directeur du Monde Diplomatique.<br />(2) <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ravachol">https://fr.wikipedia.org/wiki/Ravachol<span style="font-size: 8pt;"></span></a></p> <p><img src="http://www.rebonds.net/images/UCL/ni_dieu_ni_maitre_une_histoire_de_l_anarchisme-39cf2.jpg" /></p><p>C’est la toute première fois en France que la télévision consacre autant de temps et de précision à l’histoire du mouvement anarchiste&nbsp;: une série documentaire de quatre volets d’1 h 30 environ, dont les deux premiers ont été diffusés sur Arte et sont désormais visibles sur YouTube. Un travail colossal réalisé par Tancrède Ramonet, pour un résultat passionnant.</p> <p>Alors que le communisme, le socialisme, le néo-libéralisme ou même le fascisme sont précisément documentés à destination d’un large public, l’histoire de l’anarchisme n’avait jamais été transmise d’une manière aussi complète.</p> <p>Durant cinq ans, Tancrède Ramonet<span style="font-size: 8pt;"> (1)</span> a multiplié les lectures et les rencontres sur le sujet. Il a réuni une somme importante d’archives et réalisé des interviews de nombreux·ses historien·nes pour produire quatre épisodes&nbsp;: «&nbsp;La Volupté de la destruction&nbsp;» (1840-1914), « La Mémoire des vaincus&nbsp;» (1911-1945), «&nbsp;Des Fleurs et des pavés «&nbsp;(1945-1969) et «&nbsp;Les Réseaux de la colère&nbsp;» (1965-2011).<br />Les deux premiers épisodes ont été diffusés sur Arte en 2017 et ont réuni plus de 400.000 spectateur·ices. Le troisième épisode a été diffusé sur la chaîne suisse RTS2 cette semaine.</p> <p>Pour l’instant, sur YouTube, on peut retrouver gratuitement «&nbsp;La Volupté de la destruction&nbsp;» et «&nbsp;La Mémoire des vaincus&nbsp;». Point de départ de la série&nbsp;: 1840 et la figure du typographe Pierre-Joseph Proudhon, seul penseur révolutionnaire de la classe ouvrière à son époque. Le premier aussi à se revendiquer ouvertement et positivement anarchiste. Sa pensée résonnera dans le monde entier y compris chez des intellectuels tels que Léon Tolstoï, Karl Marx ou Mikhaïl Bakounine...</p> <p>Autre période marquante, celle de 1871 avec la Commune de Paris&nbsp;: 73 jours d’insurrection écrasée dans le sang. Sang des Communard·es mais aussi des anarchistes.<em> «&nbsp;Un massacre dont on n’a pas idée aujourd’hui&nbsp;»</em>, souligne l’historien Jean-Yves Mollier dans le documentaire. En une seule semaine, environ 20.000 personnes ont été massacrées dont des femmes et des enfants. <em>«&nbsp;La terre, les caniveaux, les égouts n’arrivaient plus à absorber le sang.&nbsp;»</em><br />Dès lors, les ouvrier·es considèrent que la lutte contre la bourgeoisie sera une lutte à mort. Et c’est ainsi que la génération suivante d’anarchistes choisit d’adopter une position plus violente&nbsp;: la «&nbsp;propagande par le fait&nbsp;». Les attentats se multiplient, mais font peu de victimes. En face, la répression est toujours aussi féroce. En faisant tomber les chefs d’Etat par les bombes, les anarchistes espèrent créer un vide qui serait comblé par la révolution. <br />A la même époque, iels fondent des syndicats, des coopératives, des bourses du travail, mais leur mouvement collectif est occulté par le pouvoir qui préfère mettre en avant les figures violentes telles que Ravachol <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.</p> <p>Tancrède Ramonet rappelle la place de l’anarchisme dans les organisations des travailleur·ses et partout où se font jour les discriminations&nbsp;: dès le début, l’anarchisme ne s’intéresse pas seulement à la lutte des classes mais aussi à celles des femmes et des peuples colonisés, par exemple.</p> <p>Autre mode d’action&nbsp;: la grève générale. <em>«&nbsp;Si toutes les usines s’arrêtent de travailler, comment les capitalistes pourront-ils continuer à toucher leurs capitaux, leurs dividendes, puisqu’il n’y aura plus rien&nbsp;?&nbsp;»,</em> souligne l’historien Jean-Yves Mollier. Loin de vouloir prendre la place des bourgeois·es, les anarchistes n’appellent pas de leurs vœux la prise du pouvoir mais bien la destruction du pouvoir.</p> <p>En 1914, premier arrêt majeur du mouvement puisque la guerre enrôle de force les travailleur·ses. A la fin du conflit, il reprend surtout au Mexique, aux Etats-Unis et en Russie. Les anarchistes y sont aux avant-postes mais iels sont aussi les premières victimes de la répression intérieure car iels dénoncent les dérives du bolchévisme et de la dictature stalinienne.</p> <p>Dans les années 1930, le capitalisme prend la figure menaçante du fascisme. Ecrasé en Espagne, victime une fois encore d’un conflit mondial armé, l’anarchisme vit sa «&nbsp;longue nuit&nbsp;». Mais il renaît partout dans le monde à la faveur de Mai 68 pour ne plus jamais s’éteindre...</p> <p>Le premier épisode est visible ici&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=xV4GfHjJAtE">https://www.youtube.com/watch?v=xV4GfHjJAtE</a><br />Et le deuxième là&nbsp;: <a href="https://www.youtube.com/watch?v=yxre_Cd5TAI">https://www.youtube.com/watch?v=yxre_Cd5TAI</a></p> <p>(1) Producteur, réalisateur, musicien au sein d’un groupe de rock électro, ACHAB (en référence à Moby Dick et au slogan anarchiste ACAB – «&nbsp;All Cops Are Bastards&nbsp;») ; fils d’Ignacio Ramonet qui fut notamment directeur du Monde Diplomatique.<br />(2) <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Ravachol">https://fr.wikipedia.org/wiki/Ravachol<span style="font-size: 8pt;"></span></a></p>