# 18 Des lieux vivants d'Education Populaire (octobre 2018) (Re)bonds est un magazine mensuel créé par Fanny Lancelin, journaliste installée dans le Cher. Son but : à travers, des portraits d'habitant.es du Berry, raconter des parcours alternatifs, des modes de vie où le respect des êtres vivants et de leur environnement tient une place centrale. http://www.rebonds.net/deslieuxvivantsdeducationpopulaire 2023-05-11T18:56:19+02:00 (Re)bonds.net Joomla! - Open Source Content Management La Régie Inter Quartiers de Vierzon 2017-03-21T14:47:31+01:00 2017-03-21T14:47:31+01:00 http://www.rebonds.net/deslieuxvivantsdeducationpopulaire/456-laregieinterquertiersdevierzon Super User <p><strong>L'Auberge de Jeunesse de Vierzon (<em>lire la rubrique (Ré)acteurs</em>) a accueilli, durant deux ans, un restaurant associatif créé par la Régie de Quartier. La Régie de Quartier&nbsp;? Une structure qui encourage les habitants d'un territoire urbain à reprendre en main leur lieu de vie.<br /></strong></p> <p><em></em>On pourrait s'attendre à la trouver au rez-de-chaussée d'une tour d'immeuble, dans une zone périphérique de la ville. Mais non. La Régie Inter Quartiers de Vierzon occupe des locaux dans une rue piétonne, en centre-ville. Pourtant, elle est ainsi au plus près du public qu'elle cible&nbsp;: les personnes en difficultés sociales et / ou économiques.<br />Lorsque la Régie a vu le jour en 1999, les quartiers dits «&nbsp;prioritaires&nbsp;» au sens de la politique de la Ville, fortement imprégnés par le «&nbsp;logement social&nbsp;», étaient Le Clos du Roy, Henri-Sellier et Colombier. Mais à l'époque des destructions d'immeubles et de la rénovation, les habitants ont dû se reloger et se sont déplacés. C'est pourquoi, aujourd'hui, c'est la quasi totalité du centre-ville de Vierzon qui est concernée, en plus du Clos du Roy et du Tunnel-Château.<br /><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/chantiers.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Parmi les métiers proposés par la Régie de Quartier : les travaux dans les bâtiments (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/chantiers.JPG" alt="chantiers" width="282" height="498" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em></p> <p>Mais qu'est-ce qu'une Régie de Quartier&nbsp;? Quels sont ses objectifs, ses actions&nbsp;? En quoi son projet politique représente une voie intéressante pour les habitants aujourd'hui&nbsp;?<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">La naissance des Régies de Quartier et de Territoire</span></strong><br /><br />Roubaix, années 1960. Dans le quartier de l'Alma-Gare, des habitants et des associations se mobilisent contre un projet de rénovation de leur quartier conçu sans eux, sans lien avec leurs préoccupations, leurs formes de vie, leurs besoins, les relations qu'ils y ont nouées… Les voilà rejoints par des militants ouvriers et chrétiens, des sociologues, des architectes, des urbanistes… Ensemble, ils créent, en 1974, l'Atelier populaire d'urbanisme. L'objectif&nbsp;: mobiliser les habitants contre le projet mais aussi pour proposer des formes alternatives d'aménagement.</p> <p>En 1980, la première Régie de Quartier voit le jour sous cette terminologie, qui emprunte non pas au vocabulaire technique mais… au théâtre&nbsp;! Jean-Luc Birski, directeur de la Régie Inter Quartiers de Vierzon, explique&nbsp;: <em>«&nbsp;La Régie s'intéresse à tout ce qui fait fonctionner le théâtre, c'est-à-dire le quartier, dont les habitants sont les acteurs.&nbsp;»</em></p> <p>Dès le départ en effet, les habitants sont au coeur du projet&nbsp;; le but est de les impliquer pleinement dans l'amélioration de leur cadre de vie&nbsp;: membres du conseil d'administration de la Régie, ils font partie des décisionnaires&nbsp;; ils sont également les usagers des services mis en place&nbsp;; enfin, ils peuvent être bénéficiaires des emplois qui sont créés pour faire fonctionner ces services.</p> <p>En 1988, naît le Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ), qui se dote quelques années plus tard d'une Charte puis d'un Manifeste. Ce texte prône une attitude positive et volontariste&nbsp;: <em>«&nbsp;Il faut raconter, montrer, expliquer tout ce qui se construit de positif, de dynamique dans ces quartiers populaires&nbsp;»</em>. Ou encore&nbsp;: <em>«&nbsp;c'est à l'ensemble de la population de rechercher de nouveaux axes pour un projet social&nbsp;»&nbsp;; «&nbsp;briser les stratégies d'abandon et de renoncement&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1).</span></p> <p>Pour être labellisée Régie de Quartier, une association doit respecter les principes qui y sont édictés, notamment un projet en trois dimensions&nbsp;: sociale, économique et politique.</p> <p>En 2002, de premières expérimentations sont menées en milieu rural pour développer le concept de Régie de Territoire. <br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">L'exemple de Vierzon</span></strong><br /><br />Aujourd'hui, 140 structures sont labellisées parmi lesquelles celle de Vierzon, créée en 1999 par des habitants, la Ville et le bailleur social Berry Sologne (devenu France Loire). Jean-Luc Birski énumère les premières activités&nbsp;: <em>«&nbsp;écrivain public, laverie associative, journal de quartier, service de correspondants de nuit pour apaiser les tensions, jardin partagé...&nbsp;»</em></p> <p>Mais les quartiers de l'an 2000 ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Leur configuration a changé, les populations aussi.<br />Autrefois, le territoire d'actions de la Régie était facilement identifiable. Aujourd'hui, et depuis la rénovation urbaine, il est plus diffus. Le lien qui unissait les habitants d'un même quartier est moins tangible. Les nouveaux, attirés surtout par un parc locatif peu onéreux, ne souhaitent pas forcément s'investir dans le projet de la Régie. <em>«&nbsp;Depuis six ou sept ans, nous sommes en difficulté sur ce point&nbsp;</em>», souligne Jean-Luc Birski.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/nettoyage.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Autre métier : le nettoyage (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/nettoyage.JPG" alt="nettoyage" width="319" height="423" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Le volet économique, en revanche, intéresse beaucoup les habitants, qui réduisent peut-être, parfois, la Régie a un guichet pour l'emploi.<br />Cinquante-cinq personnes y sont aujourd'hui salariées au sein de chantiers d'insertion. <em>«&nbsp;Nous avons trois métiers,</em> détaille le directeur. <em>Le second œuvre du bâtiment pour le bailleur social&nbsp;; le nettoyage des parties communes et extérieures des bâtiments, mais aussi de bureaux et des logements de personnes sous tutelle&nbsp;; l'entretien d'espaces verts, avec des missions spécifiques comme le désherbage alternatif et l'éco-pâturage.&nbsp;»</em> La Régie intervient ainsi <em>«&nbsp;sur des secteurs où les autres entreprises ne veulent plus aller ou qui ne peuvent pas proposer les tarifs adaptés à nos publics&nbsp;»</em>.<br /><br /><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Les projets</strong></span><br /><br />Jean-Luc Birski souhaite développer des activités <em>«&nbsp;qui ont plus de sens pour les bénéficiaires&nbsp;»</em> et qui valoriseraient davantage encore leur participation à l'amélioration du cadre de vie des habitants de Vierzon.</p> <p>Deux projets ont un axe commun fort&nbsp;: l'alimentation. <em>«&nbsp;Le public suivi par la Régie a souvent des réflexes alimentaires qui lui sont nuisibles, comme le recours à des plats préparés plutôt que la cuisine de produits frais&nbsp;»</em>, souligne Jean-Luc Birski.<br />Pour preuve&nbsp;?&nbsp; <em>«&nbsp;La gestion d'un jardin partagé sur deux hectares. Nous livrions l'AMAP <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> et des associations caritatives. Les retours que nous avions de celles-ci, c'est que les légumes pourrissaient. Les bénéficiaires ne les cuisinaient pas. Nous avons pris conscience d'un véritable problème.&nbsp;»</em></p> <p>Pour y remédier, la Régie ouvre un restaurant associatif, à l'Auberge de Jeunesse de Vierzon, à titre expérimental, en 2016 et 2017. Des repas sont proposés une à deux fois par semaine, sans viande, pour permettre des tarifs abordables mais aussi pour prouver qu'une autre alimentation est possible. Les produits de proximité et bios sont privilégiés. On apprend à cuisiner, à équilibrer ses repas et son budget.<br />La Régie a obtenu l'accord de la DIRECCTE <span style="font-size: 8pt;">(3)</span> pour le relancer. Mais un projet de travaux à l'Auberge de Jeunesse freine ses élans.</p> <p>Parallèlement, la Régie devrait bientôt cultiver à nouveau un jardin partagé. Il pourrait voir arriver de nouvelles personnes ressources, notamment bénévoles. <em>«&nbsp;Nous allons choisir un lieu avec les habitants et décider avec eux de la configuration du projet.&nbsp;»<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/DÉBROUSSAILLAGE.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un service gère l'entretien d'espaces verts (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/DÉBROUSSAILLAGE.JPG" alt="DÉBROUSSAILLAGE" width="446" height="254" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></em></p> <p>L'éco-pâturage pourrait aussi fédérer à nouveau les habitants de certains quartiers. La Régie compte des brebis et, depuis quelques jours, un bélier, qui paissent le long de la rivière du Cher. Dans le quartier de la Genette, ceux qui craignaient de sortir à cause des incivilités ont repris l'habitude de se retrouver, désormais autour des animaux. <em>« Cela recrée du lien social&nbsp;»</em>, assure Jean-Luc Birski.<br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">«&nbsp;Passer des messages en faisant&nbsp;»</span></strong></span><br /><br />Comme les Auberges de Jeunesse, les Régies de Quartier sont des maillons de l'Education Populaire <em>(lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>). Certes, elles ont choisi de défendre <em>«&nbsp;l'économie sociale&nbsp;»</em> et croient en une <em>«&nbsp;urbanisation à vocation plus humaine&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, s'éloignant ainsi d'une critique du travail poussée ou d'une critique de l'hégémonie d'un urbanisme toujours plus inadapté aux réels besoins des populations.<br />Mais c'est qu'elles doivent avant tout parer à l'urgence. Laisser la place à la parole et aux actes de ceux et celles qui doivent apprendre à s'auto-déterminer. Les Régies de Quartier défendent surtout <em>«&nbsp;le droit des populations à décider ce qui les concerne&nbsp;»</em>. Un éveil des consciences par l'exemple&nbsp;: <em>«&nbsp;L'Education populaire, c'est passer des messages en faisant&nbsp;»</em>, rappelle en forme de conclusion Jean-Luc Birski.<br /><br />Fanny Lancelin<br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) Charte et Manifeste du Comité National de Liaison des Régies de Quartier&nbsp;: <a href="https://www.regiedequartier.org/projet-politique/un-projet-de-territoire-partage/">https://www.regiedequartier.org/projet-politique/un-projet-de-territoire-partage/</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) AMAP&nbsp;: Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi.</span></p> <p><strong>L'Auberge de Jeunesse de Vierzon (<em>lire la rubrique (Ré)acteurs</em>) a accueilli, durant deux ans, un restaurant associatif créé par la Régie de Quartier. La Régie de Quartier&nbsp;? Une structure qui encourage les habitants d'un territoire urbain à reprendre en main leur lieu de vie.<br /></strong></p> <p><em></em>On pourrait s'attendre à la trouver au rez-de-chaussée d'une tour d'immeuble, dans une zone périphérique de la ville. Mais non. La Régie Inter Quartiers de Vierzon occupe des locaux dans une rue piétonne, en centre-ville. Pourtant, elle est ainsi au plus près du public qu'elle cible&nbsp;: les personnes en difficultés sociales et / ou économiques.<br />Lorsque la Régie a vu le jour en 1999, les quartiers dits «&nbsp;prioritaires&nbsp;» au sens de la politique de la Ville, fortement imprégnés par le «&nbsp;logement social&nbsp;», étaient Le Clos du Roy, Henri-Sellier et Colombier. Mais à l'époque des destructions d'immeubles et de la rénovation, les habitants ont dû se reloger et se sont déplacés. C'est pourquoi, aujourd'hui, c'est la quasi totalité du centre-ville de Vierzon qui est concernée, en plus du Clos du Roy et du Tunnel-Château.<br /><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/chantiers.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Parmi les métiers proposés par la Régie de Quartier : les travaux dans les bâtiments (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/chantiers.JPG" alt="chantiers" width="282" height="498" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><em></em></p> <p>Mais qu'est-ce qu'une Régie de Quartier&nbsp;? Quels sont ses objectifs, ses actions&nbsp;? En quoi son projet politique représente une voie intéressante pour les habitants aujourd'hui&nbsp;?<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">La naissance des Régies de Quartier et de Territoire</span></strong><br /><br />Roubaix, années 1960. Dans le quartier de l'Alma-Gare, des habitants et des associations se mobilisent contre un projet de rénovation de leur quartier conçu sans eux, sans lien avec leurs préoccupations, leurs formes de vie, leurs besoins, les relations qu'ils y ont nouées… Les voilà rejoints par des militants ouvriers et chrétiens, des sociologues, des architectes, des urbanistes… Ensemble, ils créent, en 1974, l'Atelier populaire d'urbanisme. L'objectif&nbsp;: mobiliser les habitants contre le projet mais aussi pour proposer des formes alternatives d'aménagement.</p> <p>En 1980, la première Régie de Quartier voit le jour sous cette terminologie, qui emprunte non pas au vocabulaire technique mais… au théâtre&nbsp;! Jean-Luc Birski, directeur de la Régie Inter Quartiers de Vierzon, explique&nbsp;: <em>«&nbsp;La Régie s'intéresse à tout ce qui fait fonctionner le théâtre, c'est-à-dire le quartier, dont les habitants sont les acteurs.&nbsp;»</em></p> <p>Dès le départ en effet, les habitants sont au coeur du projet&nbsp;; le but est de les impliquer pleinement dans l'amélioration de leur cadre de vie&nbsp;: membres du conseil d'administration de la Régie, ils font partie des décisionnaires&nbsp;; ils sont également les usagers des services mis en place&nbsp;; enfin, ils peuvent être bénéficiaires des emplois qui sont créés pour faire fonctionner ces services.</p> <p>En 1988, naît le Comité National de Liaison des Régies de Quartier (CNLRQ), qui se dote quelques années plus tard d'une Charte puis d'un Manifeste. Ce texte prône une attitude positive et volontariste&nbsp;: <em>«&nbsp;Il faut raconter, montrer, expliquer tout ce qui se construit de positif, de dynamique dans ces quartiers populaires&nbsp;»</em>. Ou encore&nbsp;: <em>«&nbsp;c'est à l'ensemble de la population de rechercher de nouveaux axes pour un projet social&nbsp;»&nbsp;; «&nbsp;briser les stratégies d'abandon et de renoncement&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1).</span></p> <p>Pour être labellisée Régie de Quartier, une association doit respecter les principes qui y sont édictés, notamment un projet en trois dimensions&nbsp;: sociale, économique et politique.</p> <p>En 2002, de premières expérimentations sont menées en milieu rural pour développer le concept de Régie de Territoire. <br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">L'exemple de Vierzon</span></strong><br /><br />Aujourd'hui, 140 structures sont labellisées parmi lesquelles celle de Vierzon, créée en 1999 par des habitants, la Ville et le bailleur social Berry Sologne (devenu France Loire). Jean-Luc Birski énumère les premières activités&nbsp;: <em>«&nbsp;écrivain public, laverie associative, journal de quartier, service de correspondants de nuit pour apaiser les tensions, jardin partagé...&nbsp;»</em></p> <p>Mais les quartiers de l'an 2000 ne sont plus ceux d'aujourd'hui. Leur configuration a changé, les populations aussi.<br />Autrefois, le territoire d'actions de la Régie était facilement identifiable. Aujourd'hui, et depuis la rénovation urbaine, il est plus diffus. Le lien qui unissait les habitants d'un même quartier est moins tangible. Les nouveaux, attirés surtout par un parc locatif peu onéreux, ne souhaitent pas forcément s'investir dans le projet de la Régie. <em>«&nbsp;Depuis six ou sept ans, nous sommes en difficulté sur ce point&nbsp;</em>», souligne Jean-Luc Birski.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/nettoyage.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Autre métier : le nettoyage (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/nettoyage.JPG" alt="nettoyage" width="319" height="423" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Le volet économique, en revanche, intéresse beaucoup les habitants, qui réduisent peut-être, parfois, la Régie a un guichet pour l'emploi.<br />Cinquante-cinq personnes y sont aujourd'hui salariées au sein de chantiers d'insertion. <em>«&nbsp;Nous avons trois métiers,</em> détaille le directeur. <em>Le second œuvre du bâtiment pour le bailleur social&nbsp;; le nettoyage des parties communes et extérieures des bâtiments, mais aussi de bureaux et des logements de personnes sous tutelle&nbsp;; l'entretien d'espaces verts, avec des missions spécifiques comme le désherbage alternatif et l'éco-pâturage.&nbsp;»</em> La Régie intervient ainsi <em>«&nbsp;sur des secteurs où les autres entreprises ne veulent plus aller ou qui ne peuvent pas proposer les tarifs adaptés à nos publics&nbsp;»</em>.<br /><br /><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;"><strong>Les projets</strong></span><br /><br />Jean-Luc Birski souhaite développer des activités <em>«&nbsp;qui ont plus de sens pour les bénéficiaires&nbsp;»</em> et qui valoriseraient davantage encore leur participation à l'amélioration du cadre de vie des habitants de Vierzon.</p> <p>Deux projets ont un axe commun fort&nbsp;: l'alimentation. <em>«&nbsp;Le public suivi par la Régie a souvent des réflexes alimentaires qui lui sont nuisibles, comme le recours à des plats préparés plutôt que la cuisine de produits frais&nbsp;»</em>, souligne Jean-Luc Birski.<br />Pour preuve&nbsp;?&nbsp; <em>«&nbsp;La gestion d'un jardin partagé sur deux hectares. Nous livrions l'AMAP <span style="font-size: 8pt;">(2)</span> et des associations caritatives. Les retours que nous avions de celles-ci, c'est que les légumes pourrissaient. Les bénéficiaires ne les cuisinaient pas. Nous avons pris conscience d'un véritable problème.&nbsp;»</em></p> <p>Pour y remédier, la Régie ouvre un restaurant associatif, à l'Auberge de Jeunesse de Vierzon, à titre expérimental, en 2016 et 2017. Des repas sont proposés une à deux fois par semaine, sans viande, pour permettre des tarifs abordables mais aussi pour prouver qu'une autre alimentation est possible. Les produits de proximité et bios sont privilégiés. On apprend à cuisiner, à équilibrer ses repas et son budget.<br />La Régie a obtenu l'accord de la DIRECCTE <span style="font-size: 8pt;">(3)</span> pour le relancer. Mais un projet de travaux à l'Auberge de Jeunesse freine ses élans.</p> <p>Parallèlement, la Régie devrait bientôt cultiver à nouveau un jardin partagé. Il pourrait voir arriver de nouvelles personnes ressources, notamment bénévoles. <em>«&nbsp;Nous allons choisir un lieu avec les habitants et décider avec eux de la configuration du projet.&nbsp;»<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/DÉBROUSSAILLAGE.JPG" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un service gère l'entretien d'espaces verts (photo : Régie Inter Quartiers de Vierzon)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/DÉBROUSSAILLAGE.JPG" alt="DÉBROUSSAILLAGE" width="446" height="254" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></em></p> <p>L'éco-pâturage pourrait aussi fédérer à nouveau les habitants de certains quartiers. La Régie compte des brebis et, depuis quelques jours, un bélier, qui paissent le long de la rivière du Cher. Dans le quartier de la Genette, ceux qui craignaient de sortir à cause des incivilités ont repris l'habitude de se retrouver, désormais autour des animaux. <em>« Cela recrée du lien social&nbsp;»</em>, assure Jean-Luc Birski.<br /><br /><span style="color: #ff615d;"><strong><span style="font-size: 14pt;">«&nbsp;Passer des messages en faisant&nbsp;»</span></strong></span><br /><br />Comme les Auberges de Jeunesse, les Régies de Quartier sont des maillons de l'Education Populaire <em>(lire aussi la rubrique (Ré)acteurs</em>). Certes, elles ont choisi de défendre <em>«&nbsp;l'économie sociale&nbsp;»</em> et croient en une <em>«&nbsp;urbanisation à vocation plus humaine&nbsp;»</em> <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, s'éloignant ainsi d'une critique du travail poussée ou d'une critique de l'hégémonie d'un urbanisme toujours plus inadapté aux réels besoins des populations.<br />Mais c'est qu'elles doivent avant tout parer à l'urgence. Laisser la place à la parole et aux actes de ceux et celles qui doivent apprendre à s'auto-déterminer. Les Régies de Quartier défendent surtout <em>«&nbsp;le droit des populations à décider ce qui les concerne&nbsp;»</em>. Un éveil des consciences par l'exemple&nbsp;: <em>«&nbsp;L'Education populaire, c'est passer des messages en faisant&nbsp;»</em>, rappelle en forme de conclusion Jean-Luc Birski.<br /><br />Fanny Lancelin<br /><br /><span style="font-size: 8pt;">(1) Charte et Manifeste du Comité National de Liaison des Régies de Quartier&nbsp;: <a href="https://www.regiedequartier.org/projet-politique/un-projet-de-territoire-partage/">https://www.regiedequartier.org/projet-politique/un-projet-de-territoire-partage/</a></span><br /><span style="font-size: 8pt;">(2) AMAP&nbsp;: Association pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne.</span><br /><span style="font-size: 8pt;">(3) Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la Consommation, du Travail et de l'Emploi.</span></p> Le Mouvement Ajiste, à l'origine des Auberges de Jeunesse 2017-03-21T13:37:42+01:00 2017-03-21T13:37:42+01:00 http://www.rebonds.net/deslieuxvivantsdeducationpopulaire/455-lemouvementajiste Super User <p><strong>Un seul exemplaire d'un seul ouvrage sur le sujet, dans les 74 bibliothèques de prêt et de recherches que compte la Ville de Paris, précieusement gardé à la Réserve Centrale&nbsp;! C'est dire si le titre choisi par Claude Dufrasne pour son livre résonne juste&nbsp;: «&nbsp;Une page oubliée de l'histoire de l'éducation&nbsp;»&nbsp;! Pourtant, le Mouvement Ajiste a préfiguré le courant autogestionnaire. En cela notamment, il mérite intérêt.</strong></p> <p><br />C'est en 1993 que Claude Dufrasne, enseignante et fondatrice de l'Association nationale des enseignants-chercheurs en Lettres et en Sciences humaines, publie un court ouvrage sur le Mouvement Ajiste. Au moment <em>«&nbsp;où l'Europe est devenue une Communauté et s'apprête à supprimer les frontières entre Etats&nbsp;»</em>, elle note que peu connaissent l'histoire de ceux qui fondèrent le Mouvement, pourtant <em>«&nbsp;précurseurs de l'entente entre les peuples&nbsp;»</em>.<br /><br /><span style="font-size: 12pt;"></span><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Deux mouvements, deux visions de la société</span></strong><br /><br />L'histoire remonte au XIXe siècle, avec le début de l'ère industrielle. Les conditions de travail des enfants et des adolescents inquiètent. Les associations destinées à la jeunesse ont alors pour but d'offrir une&nbsp;<em>«&nbsp;compensation&nbsp;»</em> au milieu de l'entreprise. Elles sont souvent d'obédience religieuse.<br /><br />AU XXe siècle, plus précisément en 1907, deux hommes qui ne se connaissent pas, fondent deux associations qui marqueront les mouvements de jeunesse&nbsp;: en Grande-Bretagne, Baden-Powell, militaire, jette les bases du mouvement des Eclaireurs&nbsp;; en Allemagne, Richard Schirrmann, instituteur, transforme sa classe en gîte d'étape le temps d'un été.<br />Leur objectif commun&nbsp;? Ils <em>«&nbsp;voient, l'un et l'autre, dans la Nature, le camping, la vie collective, le meilleur remède qu'on puisse trouver aux conditions de vie perturbantes des cités industrielles&nbsp;»</em>, écrit Claude Dufrasne. <em>«&nbsp;C'est de ces deux initiatives que naîtront à travers l'Europe, puis au-delà&nbsp;: le Scoutisme d'une part, les Mouvements d'Auberges de Jeunesse de l'autre.&nbsp;»</em><br />Avec une particularité pour la proposition de Schirrmann&nbsp;: elle est mixte dès le départ !<br /><br />Schirrmann s'adresse aux «&nbsp;Wandervögel&nbsp;», de jeunes randonneurs qui parcourent le pays, tels des «&nbsp;oiseaux migrateurs&nbsp;». Le concept plaît puisque cinq ans après, 65 auberges de jeunesse sont en activité en Allemagne&nbsp;!<br />Il faudra attendre le 7 février 1930 pour que la première ouvre en France, près d'Etampes en Région Parisienne. Elle est installée chez Marc Sangnier, un journaliste et homme politique chrétien. La même année, au même endroit, est fondée la Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse (LFAJ) dont le but est <em>«&nbsp;de favoriser la constitution des Auberges de Jeunesse en France&nbsp;»</em>.<br /><br />Trois ans plus tard, une autre association, cette fois laïque, voit le jour&nbsp;: le Centre Laïque des Auberges de Jeunesse (CLAJ) qui annonce vouloir <em>«&nbsp;favoriser la création en France et dans les colonies de gîtes d'étape dénommés Auberges de Jeunesse&nbsp;»</em>. Parmi ses fondateurs&nbsp;: des enseignants syndicalistes, notamment de la CGT.<br /><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_de_jeunesse_1.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un des bulletins des Auberges de Jeunesse (image : les archives départementales du Val de Marne)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_de_jeunesse_1.jpeg" alt="auberge de jeunesse 1" width="313" height="313" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />La création de ces deux mouvements distincts n'est pas surprenante à l'heure de l'opposition, parfois physique, entre défenseurs de l'Enseignement public et ceux des institutions confessionnelles. <em>«&nbsp;Les deux associations d'Auberges, au niveau de leurs dirigeants du moins, s'inscrivent donc à leur naissance dans deux mouvances différentes de la société française&nbsp;»</em>, souligne Claude Dufrasne.<br /><br />Dans les deux cas, il ne s'agit pas seulement de proposer un hébergement collectif à des prix modestes, mais aussi des activités qui permettent la rencontre, l'échange entre les nationalités, l'apprentissage, le contact avec la nature...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des jeunes usagers réclamant l'autogestion</span></strong><br /><br />Âgés de la cinquantaine voire de la soixantaine, les dirigeants de la LFAJ comme du CLAJ ne sont pas les usagers. Ce qui, selon Claude Dufrasne, <em>«&nbsp;correspond à la conception assez paternaliste de l'époque&nbsp;»</em>, les adultes devant prendre soin, si ce n'est guider la jeunesse.<br />Mais les usagers ne l'entendent pas ainsi&nbsp;: ils revendiquent une <em>«&nbsp;gestion directe par les jeunes pour les jeunes&nbsp;»</em> et créent, pour ce faire, des clubs. Le premier voit le jour à Paris en 1935, sous l'impulsion de quelques usagers du CLAJ. Un mois plus tard, il compte 150 membres&nbsp;! Au départ, il s'agit surtout d'étudiants ou d'enseignants, les seuls bénéficiant régulièrement de vacances. Mais avec les lois de 1936 améliorant les congés payés, ils sont progressivement rejoints par des ouvriers et des employés de bureaux.<br /><br />La direction du CLAJ ne goûte guère ces idées d'autonomie. Pour Claude Dufrasne, <em>«&nbsp;nous avons là les prémices d'une lutte d'influence qui durera plusieurs décennies entre l'organisme technique, gestionnaire des Auberges, et le mouvement des jeunes soucieux de prendre en main leurs propres affaires&nbsp;»</em>. <br />Au-delà du pouvoir, c'est aussi la question de l'éducation qui se joue ici&nbsp;:<em> «&nbsp;d'un côté, la vision éducative de personnes soucieuses d'inculquer aux jeunes le respect de la hiérarchie et des modèles sociaux qui furent les leurs, de l'autre des novateurs convaincus de la nécessité d'une «&nbsp;pédagogie ouverte&nbsp;» et souvent gênés dans leur entreprise par les premiers&nbsp;».</em><br /><br />Dès 1937, les clubs ouvrent leurs propres «&nbsp;relais&nbsp;», des petits gîtes d'étape au confort plus modeste mais toujours chaleureux. Ils deviennent parfois bâtisseurs à l'occasion de chantiers autogérés.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des destins différents pendant la guerre</span></strong><br /><br />La guerre arrive, elle est là. Le Mouvement Ajiste poursuit son chemin différemment dans la zone nord et dans la zone sud.<br /><br />Au nord, la ville de Paris est occupée en 1940. Les Allemands interdisent le CLAJ. Un «&nbsp;néo&nbsp;» CLAJ naît plus tard, au sein duquel se retrouvent des <em>«&nbsp;éléments nettement favorables à la Collaboration&nbsp;»</em>.<br />La LFAJ est tolérée par les Allemands et reconnue par le gouvernement de Vichy. <em>«&nbsp;Elle a pour mission «&nbsp;de gérer les Auberges de Jeunesse et d'encadrer les usagers&nbsp;»&nbsp;»</em>, précise Claude Dufrasne, s'appuyant sur des textes de l'époque.<br />L'existence des clubs n'est, théoriquement, plus admise mais ils se retrouvent tout de même régulièrement, dans la clandestinité. En 1943, certains rejoignent la Résistance.<br />La même année, la LFAJ est finalement interdite.<br />En mars 1944, 150 Ajistes sont arrêtés&nbsp;: 85 seront envoyés en Allemagne, certains en camps de concentration, d'autres au STO (Service du Travail Obligatoire).<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberges_de_jeunesse_2.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un des guides du CLAJ (image : archives départementales du Val de Marne)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberges_de_jeunesse_2.jpeg" alt="auberges de jeunesse 2" width="317" height="361" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br />En zone sud, en 1940 et 1941, des Ajistes tentent de faire reconnaître un organisme de gestion des Auberges de Jeunesse. Une nouvelle association voit le jour&nbsp;: les Auberges Françaises de la Jeunesse (AFJ). Elle bénéficie de subventions du gouvernement de Vichy.<br />Parallèlement, un club d'usagers est créé sous le nom de «&nbsp;Camarades de la Route&nbsp;».<br />Rapidement, tous sont confrontés aux lois raciales&nbsp;; des responsables israëlites d'auberges sont écartés. L'assemblée du mouvement vote aussi la fin du camping mixte...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Une évolution des besoins</span></strong><br /><br />A la Libération, Ajistes de la zone sud, du «&nbsp;néo&nbsp;» CLAJ et de la LFAJ se retrouvent.<em> «&nbsp;En attendant le retour des prisonniers et déportés&nbsp;»</em>, on décide de conserver une organisation bicéphale&nbsp;: un organisme technique chargé de la gestion des Auberges (l'Union Française des Auberges de Jeunesse) et un mouvement d'usagers (Mouvement Uni des Auberges de Jeunesse).<br /><br />Mais la façade craque, les rancoeurs de la guerre et les dissensions politiques sont trop fortes. Au congrès national de 1945, une partie du courant, proche du Parti Communiste Français, fait sécession.<br /><br />Au fil des unions, des défections, des abandons, les associations apparaissent, disparaissent. Finalement, en 1956, la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse, qui regroupe l'ensemble des organisations antérieures, est créée. Elle existe toujours aujourd'hui.<br />En 1959, la LFAJ prend un nouveau départ. Elle existe toujours également.<br /><br />Dans les années 1950 et 1960, les dirigeants des mouvements ont dû remettre en cause leurs structures qu'ils considéraient <em>«&nbsp;ne répondant plus aux besoins des jeunes&nbsp;»</em>. Le mot «&nbsp;services&nbsp;» commence à faire son apparition, la gestion des auberges prend des formes institutionnelles…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Vers une offre de tourisme populaire</span></strong><br /><br />Les clubs d'usagers ne sont pas d'accord et, rapidement, réclament <em>«&nbsp;un retour aux sources&nbsp;»</em>. Claude Defrasne cite un jeune de 23 ans dont les propos ont été relayés dans un bulletin de groupe ajiste&nbsp;: <em>«&nbsp;De l'école primaire à l'usine, en passant par le service militaire, on vous dit toujours&nbsp;: obéis et tais toi&nbsp;»</em>. A la fin des années 1950, le besoin de participation active et d'autonomie se fait de plus en plus sentir&nbsp;: <em>«&nbsp;On note partout le même désir de pouvoir prendre des initiatives, de pouvoir décider après un libre choix quelle solution sera apportée à un problème qui se pose dans le cadre d'une responsabilité confiée par des pairs.&nbsp;»</em><br /><br />Malheureusement, ils ont été peu entendus par les dirigeants des mouvements. Les clubs d'usagers ont progressivement disparu tels qu'ils avaient été créés, «&nbsp;usagers&nbsp;» signifiant désormais plutôt «&nbsp;clients&nbsp;» et les Auberges se recentrant sur une offre de tourisme populaire, bon «&nbsp;marché&nbsp;».<br /><br />Aujourd'hui, la Ligue Française des Auberges de Jeunesse compte une vingtaine d'établissements ouverts en France métropolitaine&nbsp;; la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse en compte 120 (dont celle de Vierzon – <em>lire rubrique (Ré)acteurs</em>).<br /><br />Fanny Lancelin<br /><br /><span style="font-size: 8pt;">«&nbsp;Une page oubliée de l'histoire de l'éducation – Le Mouvement Ajiste&nbsp;», Claude Defrasne, Académie européenne du livre, 1993.</span><br /><br /></p> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title"><strong><span style="background-color: #ff615d;">PLUS</span></strong></h3> </div> <ul> <li><strong>Un guide sur les Auberges de Jeunesse. </strong>Le Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire (PAJEP) des archives départementales du Val de Marne ont mis en ligne un document complet et illustré intitulé «&nbsp;Guide des archives sur les auberges de jeunesse&nbsp;» élaboré en juillet 2014.<br />Il contient notamment des fiches sur chacune des organisations d'Auberges de Jeunesse ayant existé, des origines jusqu'en 2010, ainsi que la présentation de personnalités marquantes de l'histoire du Mouvement Ajiste.<br />Le document est l'oeuvre de Gaëtan Sourice, Marine Coadic et René Sedes, militant ajiste et auteur d’un livre intitulé «&nbsp;Quand les auberges de jeunesse ouvraient toutes les routes - Ajisme et auberges de jeunesse, une aventure centenaire (1897-2005)&nbsp;», autoédition, 2005.<br />A consulter sur <a href="http://archives.valdemarne.fr/_depot_ad94/articles/482/auberges_doc.pdf">http://archives.valdemarne.fr/_depot_ad94/articles/482/auberges_doc.pdf</a></li> </ul> <p><strong>Un seul exemplaire d'un seul ouvrage sur le sujet, dans les 74 bibliothèques de prêt et de recherches que compte la Ville de Paris, précieusement gardé à la Réserve Centrale&nbsp;! C'est dire si le titre choisi par Claude Dufrasne pour son livre résonne juste&nbsp;: «&nbsp;Une page oubliée de l'histoire de l'éducation&nbsp;»&nbsp;! Pourtant, le Mouvement Ajiste a préfiguré le courant autogestionnaire. En cela notamment, il mérite intérêt.</strong></p> <p><br />C'est en 1993 que Claude Dufrasne, enseignante et fondatrice de l'Association nationale des enseignants-chercheurs en Lettres et en Sciences humaines, publie un court ouvrage sur le Mouvement Ajiste. Au moment <em>«&nbsp;où l'Europe est devenue une Communauté et s'apprête à supprimer les frontières entre Etats&nbsp;»</em>, elle note que peu connaissent l'histoire de ceux qui fondèrent le Mouvement, pourtant <em>«&nbsp;précurseurs de l'entente entre les peuples&nbsp;»</em>.<br /><br /><span style="font-size: 12pt;"></span><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Deux mouvements, deux visions de la société</span></strong><br /><br />L'histoire remonte au XIXe siècle, avec le début de l'ère industrielle. Les conditions de travail des enfants et des adolescents inquiètent. Les associations destinées à la jeunesse ont alors pour but d'offrir une&nbsp;<em>«&nbsp;compensation&nbsp;»</em> au milieu de l'entreprise. Elles sont souvent d'obédience religieuse.<br /><br />AU XXe siècle, plus précisément en 1907, deux hommes qui ne se connaissent pas, fondent deux associations qui marqueront les mouvements de jeunesse&nbsp;: en Grande-Bretagne, Baden-Powell, militaire, jette les bases du mouvement des Eclaireurs&nbsp;; en Allemagne, Richard Schirrmann, instituteur, transforme sa classe en gîte d'étape le temps d'un été.<br />Leur objectif commun&nbsp;? Ils <em>«&nbsp;voient, l'un et l'autre, dans la Nature, le camping, la vie collective, le meilleur remède qu'on puisse trouver aux conditions de vie perturbantes des cités industrielles&nbsp;»</em>, écrit Claude Dufrasne. <em>«&nbsp;C'est de ces deux initiatives que naîtront à travers l'Europe, puis au-delà&nbsp;: le Scoutisme d'une part, les Mouvements d'Auberges de Jeunesse de l'autre.&nbsp;»</em><br />Avec une particularité pour la proposition de Schirrmann&nbsp;: elle est mixte dès le départ !<br /><br />Schirrmann s'adresse aux «&nbsp;Wandervögel&nbsp;», de jeunes randonneurs qui parcourent le pays, tels des «&nbsp;oiseaux migrateurs&nbsp;». Le concept plaît puisque cinq ans après, 65 auberges de jeunesse sont en activité en Allemagne&nbsp;!<br />Il faudra attendre le 7 février 1930 pour que la première ouvre en France, près d'Etampes en Région Parisienne. Elle est installée chez Marc Sangnier, un journaliste et homme politique chrétien. La même année, au même endroit, est fondée la Ligue Française pour les Auberges de Jeunesse (LFAJ) dont le but est <em>«&nbsp;de favoriser la constitution des Auberges de Jeunesse en France&nbsp;»</em>.<br /><br />Trois ans plus tard, une autre association, cette fois laïque, voit le jour&nbsp;: le Centre Laïque des Auberges de Jeunesse (CLAJ) qui annonce vouloir <em>«&nbsp;favoriser la création en France et dans les colonies de gîtes d'étape dénommés Auberges de Jeunesse&nbsp;»</em>. Parmi ses fondateurs&nbsp;: des enseignants syndicalistes, notamment de la CGT.<br /><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_de_jeunesse_1.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un des bulletins des Auberges de Jeunesse (image : les archives départementales du Val de Marne)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_de_jeunesse_1.jpeg" alt="auberge de jeunesse 1" width="313" height="313" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />La création de ces deux mouvements distincts n'est pas surprenante à l'heure de l'opposition, parfois physique, entre défenseurs de l'Enseignement public et ceux des institutions confessionnelles. <em>«&nbsp;Les deux associations d'Auberges, au niveau de leurs dirigeants du moins, s'inscrivent donc à leur naissance dans deux mouvances différentes de la société française&nbsp;»</em>, souligne Claude Dufrasne.<br /><br />Dans les deux cas, il ne s'agit pas seulement de proposer un hébergement collectif à des prix modestes, mais aussi des activités qui permettent la rencontre, l'échange entre les nationalités, l'apprentissage, le contact avec la nature...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des jeunes usagers réclamant l'autogestion</span></strong><br /><br />Âgés de la cinquantaine voire de la soixantaine, les dirigeants de la LFAJ comme du CLAJ ne sont pas les usagers. Ce qui, selon Claude Dufrasne, <em>«&nbsp;correspond à la conception assez paternaliste de l'époque&nbsp;»</em>, les adultes devant prendre soin, si ce n'est guider la jeunesse.<br />Mais les usagers ne l'entendent pas ainsi&nbsp;: ils revendiquent une <em>«&nbsp;gestion directe par les jeunes pour les jeunes&nbsp;»</em> et créent, pour ce faire, des clubs. Le premier voit le jour à Paris en 1935, sous l'impulsion de quelques usagers du CLAJ. Un mois plus tard, il compte 150 membres&nbsp;! Au départ, il s'agit surtout d'étudiants ou d'enseignants, les seuls bénéficiant régulièrement de vacances. Mais avec les lois de 1936 améliorant les congés payés, ils sont progressivement rejoints par des ouvriers et des employés de bureaux.<br /><br />La direction du CLAJ ne goûte guère ces idées d'autonomie. Pour Claude Dufrasne, <em>«&nbsp;nous avons là les prémices d'une lutte d'influence qui durera plusieurs décennies entre l'organisme technique, gestionnaire des Auberges, et le mouvement des jeunes soucieux de prendre en main leurs propres affaires&nbsp;»</em>. <br />Au-delà du pouvoir, c'est aussi la question de l'éducation qui se joue ici&nbsp;:<em> «&nbsp;d'un côté, la vision éducative de personnes soucieuses d'inculquer aux jeunes le respect de la hiérarchie et des modèles sociaux qui furent les leurs, de l'autre des novateurs convaincus de la nécessité d'une «&nbsp;pédagogie ouverte&nbsp;» et souvent gênés dans leur entreprise par les premiers&nbsp;».</em><br /><br />Dès 1937, les clubs ouvrent leurs propres «&nbsp;relais&nbsp;», des petits gîtes d'étape au confort plus modeste mais toujours chaleureux. Ils deviennent parfois bâtisseurs à l'occasion de chantiers autogérés.<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Des destins différents pendant la guerre</span></strong><br /><br />La guerre arrive, elle est là. Le Mouvement Ajiste poursuit son chemin différemment dans la zone nord et dans la zone sud.<br /><br />Au nord, la ville de Paris est occupée en 1940. Les Allemands interdisent le CLAJ. Un «&nbsp;néo&nbsp;» CLAJ naît plus tard, au sein duquel se retrouvent des <em>«&nbsp;éléments nettement favorables à la Collaboration&nbsp;»</em>.<br />La LFAJ est tolérée par les Allemands et reconnue par le gouvernement de Vichy. <em>«&nbsp;Elle a pour mission «&nbsp;de gérer les Auberges de Jeunesse et d'encadrer les usagers&nbsp;»&nbsp;»</em>, précise Claude Dufrasne, s'appuyant sur des textes de l'époque.<br />L'existence des clubs n'est, théoriquement, plus admise mais ils se retrouvent tout de même régulièrement, dans la clandestinité. En 1943, certains rejoignent la Résistance.<br />La même année, la LFAJ est finalement interdite.<br />En mars 1944, 150 Ajistes sont arrêtés&nbsp;: 85 seront envoyés en Allemagne, certains en camps de concentration, d'autres au STO (Service du Travail Obligatoire).<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberges_de_jeunesse_2.jpeg" type="image/jpeg" class="jcepopup" data-mediabox-title="Un des guides du CLAJ (image : archives départementales du Val de Marne)." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberges_de_jeunesse_2.jpeg" alt="auberges de jeunesse 2" width="317" height="361" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br />En zone sud, en 1940 et 1941, des Ajistes tentent de faire reconnaître un organisme de gestion des Auberges de Jeunesse. Une nouvelle association voit le jour&nbsp;: les Auberges Françaises de la Jeunesse (AFJ). Elle bénéficie de subventions du gouvernement de Vichy.<br />Parallèlement, un club d'usagers est créé sous le nom de «&nbsp;Camarades de la Route&nbsp;».<br />Rapidement, tous sont confrontés aux lois raciales&nbsp;; des responsables israëlites d'auberges sont écartés. L'assemblée du mouvement vote aussi la fin du camping mixte...<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Une évolution des besoins</span></strong><br /><br />A la Libération, Ajistes de la zone sud, du «&nbsp;néo&nbsp;» CLAJ et de la LFAJ se retrouvent.<em> «&nbsp;En attendant le retour des prisonniers et déportés&nbsp;»</em>, on décide de conserver une organisation bicéphale&nbsp;: un organisme technique chargé de la gestion des Auberges (l'Union Française des Auberges de Jeunesse) et un mouvement d'usagers (Mouvement Uni des Auberges de Jeunesse).<br /><br />Mais la façade craque, les rancoeurs de la guerre et les dissensions politiques sont trop fortes. Au congrès national de 1945, une partie du courant, proche du Parti Communiste Français, fait sécession.<br /><br />Au fil des unions, des défections, des abandons, les associations apparaissent, disparaissent. Finalement, en 1956, la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse, qui regroupe l'ensemble des organisations antérieures, est créée. Elle existe toujours aujourd'hui.<br />En 1959, la LFAJ prend un nouveau départ. Elle existe toujours également.<br /><br />Dans les années 1950 et 1960, les dirigeants des mouvements ont dû remettre en cause leurs structures qu'ils considéraient <em>«&nbsp;ne répondant plus aux besoins des jeunes&nbsp;»</em>. Le mot «&nbsp;services&nbsp;» commence à faire son apparition, la gestion des auberges prend des formes institutionnelles…<br /><br /><strong><span style="font-size: 14pt; color: #ff615d;">Vers une offre de tourisme populaire</span></strong><br /><br />Les clubs d'usagers ne sont pas d'accord et, rapidement, réclament <em>«&nbsp;un retour aux sources&nbsp;»</em>. Claude Defrasne cite un jeune de 23 ans dont les propos ont été relayés dans un bulletin de groupe ajiste&nbsp;: <em>«&nbsp;De l'école primaire à l'usine, en passant par le service militaire, on vous dit toujours&nbsp;: obéis et tais toi&nbsp;»</em>. A la fin des années 1950, le besoin de participation active et d'autonomie se fait de plus en plus sentir&nbsp;: <em>«&nbsp;On note partout le même désir de pouvoir prendre des initiatives, de pouvoir décider après un libre choix quelle solution sera apportée à un problème qui se pose dans le cadre d'une responsabilité confiée par des pairs.&nbsp;»</em><br /><br />Malheureusement, ils ont été peu entendus par les dirigeants des mouvements. Les clubs d'usagers ont progressivement disparu tels qu'ils avaient été créés, «&nbsp;usagers&nbsp;» signifiant désormais plutôt «&nbsp;clients&nbsp;» et les Auberges se recentrant sur une offre de tourisme populaire, bon «&nbsp;marché&nbsp;».<br /><br />Aujourd'hui, la Ligue Française des Auberges de Jeunesse compte une vingtaine d'établissements ouverts en France métropolitaine&nbsp;; la Fédération Unie des Auberges de Jeunesse en compte 120 (dont celle de Vierzon – <em>lire rubrique (Ré)acteurs</em>).<br /><br />Fanny Lancelin<br /><br /><span style="font-size: 8pt;">«&nbsp;Une page oubliée de l'histoire de l'éducation – Le Mouvement Ajiste&nbsp;», Claude Defrasne, Académie européenne du livre, 1993.</span><br /><br /></p> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title"><strong><span style="background-color: #ff615d;">PLUS</span></strong></h3> </div> <ul> <li><strong>Un guide sur les Auberges de Jeunesse. </strong>Le Pôle de conservation des archives des associations de jeunesse et d’éducation populaire (PAJEP) des archives départementales du Val de Marne ont mis en ligne un document complet et illustré intitulé «&nbsp;Guide des archives sur les auberges de jeunesse&nbsp;» élaboré en juillet 2014.<br />Il contient notamment des fiches sur chacune des organisations d'Auberges de Jeunesse ayant existé, des origines jusqu'en 2010, ainsi que la présentation de personnalités marquantes de l'histoire du Mouvement Ajiste.<br />Le document est l'oeuvre de Gaëtan Sourice, Marine Coadic et René Sedes, militant ajiste et auteur d’un livre intitulé «&nbsp;Quand les auberges de jeunesse ouvraient toutes les routes - Ajisme et auberges de jeunesse, une aventure centenaire (1897-2005)&nbsp;», autoédition, 2005.<br />A consulter sur <a href="http://archives.valdemarne.fr/_depot_ad94/articles/482/auberges_doc.pdf">http://archives.valdemarne.fr/_depot_ad94/articles/482/auberges_doc.pdf</a></li> </ul> L'Auberge de Jeunesse, un bastion de l'Education Populaire ? 2017-03-21T12:54:42+01:00 2017-03-21T12:54:42+01:00 http://www.rebonds.net/deslieuxvivantsdeducationpopulaire/454-aubergedejeunesse Super User <p><strong><em><span style="color: #000000;">« Je dis qu'on est un lieu de résistance (...). A la connerie humaine. Voilà : à la connerie humaine. C'est déjà pas mal.<em>»</em></span></em></strong></p> <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">Dominique Aubert, directeur de l'Auberge de Jeunesse de Vierzon.</span></em><em><span style="color: #000000;"></span></em></strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">I</span>l y a quelques décennies, poser son sac à dos sur le seuil d'une Auberge de Jeunesse, c'était l'assurance de passer un moment à part, forcément convivial. S'y croisaient des randonneurs et des routards, souvent de différentes nationalités. Ils ne cherchaient pas seulement un lit et un petit-déjeuner, mais un esprit. De leur création dans les années 1930 jusque dans les années 1970 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, les Auberges de Jeunesse étaient aussi le lieu d'activités, de débats, d'apprentissage. En deux mots&nbsp;: d'Education Populaire.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_extérieur.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'Auberge de Jeunesse de Vierzon est située en plein centre-ville." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_extérieur.JPG" alt="auberge extérieur" width="419" height="315" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Difficile de réduire l'Education Populaire à une simple définition. Ce mouvement, intrinsèquement lié aux libertaires, affirme l'éducation des individus tout au long de leur vie. L'objectif&nbsp;: s'affranchir des rapports de domination, affûter son esprit critique, s'émanciper individuellement et collectivement pour agir vers une transformation de la société.<br />L'éducation n'est pas déléguée à des experts, mais placée en chaque individu&nbsp;: elle ne se limite pas à la culture académique, mais reconnaît la culture populaire, c'est-à-dire celle des ouvriers, des paysans, des habitants des quartiers urbains… La rencontre et les échanges entre ces mondes sont primordiaux, puisqu'ils permettent l'éducation de tous par tous. L'existence de lieux qui favorisent ces rencontres est également essentielle. Parmi lesquels&nbsp;: les Auberges de Jeunesse.</p> <p>Mais qu'en reste-t-il, aujourd'hui&nbsp;? Les Auberges de Jeunesse jouent-elles toujours leur rôle d'Education Populaire&nbsp;? Ou ne sont-elles plus qu'une solution d'hébergement à petit prix&nbsp;? <em>«&nbsp;Certaines ont coulé, d'autres ont retourné leurs vestes, certaines essaient de survivre&nbsp;»</em>, résume Dominique Aubert, directeur de l'Auberge de Jeunesse de Vierzon. Lui se situe dans le troisième camp. C'est pourquoi, il y a quelques années, il a décidé de rouvrir grand les portes de l'établissement, aux visiteurs de passage et aux habitants de Vierzon. Pas seulement pour y dormir, non. Pour y vivre.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></p> <h3>Une radio pour créer du lien</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></p> <p>Je ne sais pas pour vous, mais je commence la journée par allumer la radio. <br />Je choisis une station d'informations. Il me faut des mots. Ce n'est pas un bruit de fond. J'écoute vraiment. Mon esprit, à mesure que se défont les brumes du sommeil, se reconnecte au monde. Par la voix de l'animateur ou de l'animatrice, il se relie à nouveau aux autres. Où que je sois, même très isolée physiquement, je suis ainsi liée à mes contemporains.<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_2.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Maryse anime les informations locales tous les matins du lundi au vendredi, sur Radio Tintouin." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_2.JPG" alt="radio 2" width="441" height="331" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Maryse a conscience de ce lien. C'est, selon elle, la raison d'être de Radio Tintouin, une radio associative portée par Radio Pays de Vierzon, dont les studios sont installés à l'Auberge de Jeunesse. Elle s'écoute via Internet <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />D'abord, créer un lien entre les membres de l'association, dans le plein esprit de l'Education Populaire&nbsp;:<em> «&nbsp;J'ai appris en binôme, avec Denis. Il se mettait à la table de mixage. Progressivement, il me l'a laissée. Et aujourd'hui, j'anime et j'assure la technique !&nbsp;»</em> A son tour, elle tente de transmettre le fruit de son expérience&nbsp;:<em> «&nbsp;Hier, j'ai écouté l'émission des jeunes. Un quiz musical. Je leur envoyais des SMS parce qu'on n'entendait pas assez la musique et que, par moment, ils parlaient tous en même temps&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Le lien, c'est aussi celui que la radio crée avec et entre les habitants, en transmettant des informations qui les concernent directement. Pour les informations locales par exemple, Maryse est à l'antenne du lundi au vendredi de 10 heures à 11 heures (bientôt jusqu'à midi). Elle propose aussi un «&nbsp;Coup de coeur&nbsp;» le mardi et des idées de sorties pour le week-end, le vendredi <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Enfin, le lien se renforce lorsque la radio se déplace et entre en contact direct avec ses auditeurs, par exemple lors d'événements. Prochaine délocalisation le samedi 7 novembre pour le Festival de l'engagement citoyen au Parc des expositions.</p> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></p> <h3>« Soyez votre média, exprimez-vous ! »</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></p> <p>Radio Tintouin est l'une des associations accueillies à l'Auberge de Jeunesse depuis que Dominique Aubert a décidé d'en ouvrir plus largement les portes. <em>«&nbsp;A l'époque, en 2012, j'organisais des réunions, des «&nbsp;brainstormings » <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> pour motiver les bénévoles,</em> se souvient-il. <em>Je voulais ouvrir les locaux pour qu'il y ait des activités, que les gens s'approprient les salles dans l'esprit Auberge de Jeunesse. Je souhaitais un brassage des Vierzonnais et de ceux qui dorment ici. Qu'ils se croisent, se rencontrent, se parlent. Parmi les quinze idées qui sont sorties de ces réunions&nbsp;: la radio. Pour moi, c'était la moins facile à réaliser mais elle est là&nbsp;!&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_1.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Chacun peut proposer une idée d'émission et s'exprimer à la radio." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_1.JPG" alt="radio 1" width="441" height="387" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Pendant trois ans et demi, l'équipe <em>«&nbsp;discute, pinaille, rédige une charte, monte la radio techniquement&nbsp;»</em>. La première émission voit finalement le jour en 2015. <em>«&nbsp;Créer une radio en quelques clics sur Internet, c'est possible, ça peut aller très vite, des entreprises font ça très bien. Mais nous, on voulait maîtriser la radio techniquement&nbsp;: comment fait-on pour qu'un son sorte de la machine&nbsp;? Forcément, ça prend plus de temps. Mais maintenant, on sait faire&nbsp;»</em>, assure Dominique Aubert, qui fait partie de l'association.</p> <p>Quelle est la ligne directrice de la radio&nbsp;? <em>«&nbsp;C'est une radio progressiste, de proximité, à destination des habitants du Pays de Vierzon, ouverte à tous et à toutes, avec une diversité des sujets. Elle est participative puisque chacun apprend en binôme, dans le but d'être ensuite autonome. Les décisions sont prises collectivement, ce qui n'est pas simple à mettre en place&nbsp;: on n'est pas habitué à ce type de fonctionnement&nbsp;; souvent, on laisse un chef décider et on le critique ensuite&nbsp;!&nbsp;»</em><br />L'un des slogans : <em>«&nbsp;n'écoutez pas la radio, faites la radio&nbsp;!&nbsp;»</em> <em>«&nbsp;Soyez votre média, exprimez-vous&nbsp;!&nbsp;»</em> ajoute Dominique Aubert.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <h3>Etre captée par un plus grand nombre</h3> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <p>Actuellement, l'association compte une trentaine d'adhérents individuels et une quinzaine d'associations partenaires, indispensables à l'équilibre financier de la radio. Moyennant 50 euros à l'année, elles bénéficient de «&nbsp;services&nbsp;» supplémentaires par rapport aux autres associations vierzonnaises&nbsp;: enregistrement d'un spot, proposition d'émissions…<br />Le reste des fonds provient de subventions, de la Ville et de la Communauté de Communes. <em>«&nbsp;Ce qui n'empêche pas de conserver notre indépendance,</em> assure Dominique Aubert. <em>On peut organiser des débats sur des sujets de société. En revanche, nous ne sommes pas une radio d'opinion ni marquée politiquement et nous ne nous intéressons pas aux querelles politiciennes. Alors, on nous trouve parfois un peu lisse...&nbsp;»</em><br />A-politique, une radio d'Education Populaire&nbsp;? Vraiment&nbsp;? <em>«&nbsp;Notre engagement peut venir des choix de sujets… On préfère parler de la grève à l'hôpital que relayer le discours du FN, par exemple...&nbsp;»</em></p> <p>Bientôt, d'autres fonds pourraient être sollicités. Il y a quelques jours en effet, la radio a obtenu une fréquence provisoire sur la bande FM. D'ici à la fin de l'année, elle émettra sur le 103.5. Les travaux sont en cours pour monter le pylone et installer l'émetteur. Si le Comité Territorial de l'Audiovisuel (entité régionale du Comité Supérieur de l'Audiovisuel, le CSA) lui accorde un jour le droit d'émettre en continu, Radio Tintouin pourrait prétendre au Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique (FSER).<br />Mais pour l'instant, l'équipe se réjouit simplement de pouvoir être captée par un plus grand nombre d'auditeurs, ceux-là même qui n'écoutent jamais la radio via Internet.<br />Elle projette d'engager un coordinateur d'antenne. Mais pour cela aussi, <em>«&nbsp;il faut trouver des fonds&nbsp;»</em>. Enfin, dans un avenir plus lointain, elle espère pouvoir bénéficier d'un studio entièrement dédié à la radio, mieux insonorisé. <em>«&nbsp;Mais ce n'est pas prioritaire.&nbsp;»</em> Ce qui l'est&nbsp;? Les travaux de rénovation de l'Auberge de Jeunesse.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>« S'il n'y a pas de rénovation, on est mort »</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></span></p> <p>Clés en main, Dominique Aubert me fait la visite des lieux. L'Auberge de Jeunesse de Vierzon a été construite en plein centre-ville en 1971, quand la place qui la délimite ne s'appelait pas encore François-Mitterand.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/dortoir.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les chambres sont restées identiques depuis la construction, dans les années 1970." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/dortoir.JPG" alt="dortoir" width="418" height="314" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Le hall d'accueil s'ouvre sur une mezzanine, réservée à une bibliothèque et un salon avec télévision. Elle donne sur un couloir qui dessert chambres collectives (de 6 à 8 lits), sanitaires et douches. A l'étage, une nouvelle rangée de chambres, dont certaines communiquent, autrefois pratique pour les groupes. L'Auberge compte 80 lits au total.<br />Au rez-de-chaussée, une grande salle avec cheminée et bar, qui accueille des réunions et les activités des associations. Cet après-midi là, un groupe de l'ALF, pour l'Apprentissage de la Langue Française.<br />Au fond du bâtiment, deux cuisines&nbsp;: l'une, professionnelle, pour les petits-déjeuners et les repas pris sur inscriptions (surtout pour les groupes)&nbsp;; l'autre, en autogestion, pour les usagers qui souhaitent préparer eux-mêmes leurs repas.<br />A l'extérieur, une terrasse, aménagée l'été.</p> <p>En parcourant les espaces, on sent le poids des années, lourd, sur le bâtiment. <em>«&nbsp;S'il n'y a pas de rénovation, on est mort&nbsp;»</em>, résume Dominique Aubert. Elle est prévue&nbsp;; la première phase devrait débuter à l'automne 2019 avec des travaux d'isolation thermique et d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. <em>«&nbsp;La seconde phase devra concerner les chambres, mais elle n'est pas encore financée. D'ici là, sera-t-on encore là&nbsp;?&nbsp;»</em><br />Car au-delà de la vétusté de l'Auberge de Jeunesse, c'est la raison d'être même de ce type d'établissement qui est en question. Grâce au soutien de la municipalité, celui de Vierzon fait face à peu de charges, mais les recettes diminuent, le taux d'occupation est faible. L'offre correspond-elle aux attentes des voyageurs d'aujourd'hui&nbsp;? <em>«&nbsp;Le problème est national. Tout est mélangé&nbsp;: les hôtels sont des auberges, les auberges des hostels, les particuliers font du Airbnb… Le terme «&nbsp;Auberge de Jeunesse&nbsp;» n'a pas été déposé&nbsp;; du coup, dans certaines villes, on voit se développer des Auberges de Jeunesse privées&nbsp;! Pour le public, il y a un problème d'identification. Ici, les gens réservent de plus en plus comme s'ils étaient à l'hôtel&nbsp;: ils demandent des chambres individuelles...&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/bibliothèque.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="La bibliothèque et le salon où peuvent se retrouver les voyageurs le soir." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/bibliothèque.JPG" alt="bibliothèque" width="495" height="327" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br />Le directeur compte beaucoup sur la rénovation <em>«&nbsp;pour faire revenir le public, développer de nouvelles activités, faire intervenir de nouveaux acteurs&nbsp;»</em>. Il évoque le projet de la Communauté de Communes de <em>«&nbsp;créer un pôle social associatif&nbsp;»</em> avec notamment <em>«&nbsp;un restaurant social&nbsp;»</em>. Un local de réparation de vélos pourrait également voir le jour, profitant de la proximité du canal du Berry. <em>«&nbsp;Il faut qu'on conserve notre différence, notre esprit&nbsp;: l'autogestion, plus de bénévoles, moins de rapports marchands.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></p> <h3>Conserver le lieu vivant</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></span></p> <p><em></em>Si Dominique Aubert y croit, c'est qu'il a une longue histoire avec les Auberges de Jeunesse. Originaire d'un milieu modeste de Champagne, il est parti jeune, grâce à une bourse, étudier en Allemagne. Le pays de la création des Auberges de Jeunesse par Richard Schirrmann <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>. De retour en France, il poursuit ses études avant de devenir objecteur de conscience dans une Auberge de Jeunesse, puis de partir découvrir la version britannique de l'autre côté de la Manche. <em>«&nbsp;J'aimais le contact et l'esprit du lieu. Un lieu à part. J'ai aussi travaillé dans un cinq étoiles. J'ai vu le luxe. Ça ne m'intéresse pas.&nbsp;»</em><br />Le hasard le mène dans le Berry, à La Châtre, en saisonnier. Il prend le poste de direction à Vierzon en 2004. <em>«&nbsp;Aujourd'hui, il y a trois postes&nbsp;pour la direction, la cuisine, le ménage...&nbsp;»</em> Malgré les difficultés, il tente de <em>«&nbsp;maintenir le bâtiment à flot&nbsp;»</em>, de conserver le lieu vivant.</p> <p>Comme ce jeudi, une des journées les plus actives de l'Auberge. Y sont animés des cours d'espagnol, un atelier de tricot. L'AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne et de proximité) distribue ses paniers. Un petit marché de producteurs locaux s'installe. Le bar est ouvert. Les voix résonnent fort contre le carrelage et ricochent sur les murs. On s'embrasse. On discute. On envisage de prochaines réunions, de futures animations. On sourit.<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/mini_marché.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Tous les jeudis, un mini marché se tient dans le hall de l'Auberge." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/mini_marché.JPG" alt="mini marché" width="480" height="375" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Depuis quelques années, les Amapiens préparent à l'Auberge de Jeunesse les 46 paniers de légumes que les familles viennent chercher en fin de journée. Avec la maraîchère, un producteur de fromages et de yaourts, ainsi qu'un boulanger sont présents chaque semaine. Tous en agriculture biologique. Une fois par mois, des producteurs de viande, d'escargots et un mieliste les rejoignent. L'association locale des Artisans du Monde propose aussi une sélection de ses produits. Un marché ouvert à tous et à toutes&nbsp;: voyageurs qui posent leurs valises pour dormir là, habitants du quartier, de Vierzon, des villages alentour…</p> <p>Dans le studio de radio, Berry Latino a remplacé Maryse. Cette association créée par des personnes d'origine latino-américaine propose trois cours d'espagnol à l'Auberge de Jeunesse&nbsp;: basique, intermédiaire et confirmé. Vingt-cinq adhérents y participent. Depuis cette année, des cours de danse sont également dispensés, mais dans une autre salle de la ville, aux Forges. Ponctuellement, des randonnées pédestres et cyclistes sont organisées&nbsp;; le départ est donné depuis l'Auberge de Jeunesse.</p> <p>A l'étage, près de la bibliothèque, c'est l'heure du tricot pour quatre à six membres de l'Université populaire. Des femmes qui apprennent ou viennent se perfectionner ou même, simplement, passer un <em>«&nbsp;bon moment de convivialité&nbsp;»</em>, comme le souligne Edwige Sallé, l'animatrice.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <h3>Un lieu de résistance ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></span></p> <p>Un autre rendez-vous, précieux, se déroule régulièrement (environ une fois par mois) dans les locaux de l'Auberge de Jeunesse&nbsp;: le Café Repaire. Rien à voir avec la réparation de petit-électroménager ou de doudous entre débrouillards&nbsp;(les Repair Cafés)&nbsp;!<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/tricot.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'atelier de tricot est proposé par l'Université populaire." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/tricot.JPG" alt="tricot" width="497" height="374" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Le collectif qui organise ces rendez-vous propose des soirées thématiques, en invitant des auteurs, des universitaires, des chercheurs ou des passionnés d'histoire, de politique, d'économie… <em>«&nbsp;Des rencontres de fond qui apportent une parole alternative&nbsp;»</em>, comme le souligne Dominique Aubert.<br />Dernière en date&nbsp;: le mardi 18 septembre, environ 70 personnes ont assisté à l'intervention de Gaetano Manfredonia sur l'histoire de l'anarchisme. La prochaine est programmée le mardi 16 octobre à 19 heures sur l'affaire de Tarnac.<br /><br />Apprendre. A n'importe quel âge de sa vie. Des autres. De soi. Pour faire partie d'une collectivité plus autonome. Qui prend son alimentation, sa culture, son savoir faire en main. Qui écoute, dit, débat, aiguise son esprit critique. Qui veut se relier aux autres, au monde qu'elle compose et qui la compose.<br />On est bien dans l'esprit de l'Education Populaire et pour cette seule raison sans doute, l'Auberge de Jeunesse de Vierzon mérite de rester debout. Grande ouverte.<br /><em></em></p> <p><em>«&nbsp;Je dis qu'on est un lieu de résistance&nbsp;»</em>, ose Dominique Aubert. A quoi&nbsp;? <em>«&nbsp;Au système, c'est peut-être un peu fort… A la connerie humaine. Voilà&nbsp;: à la connerie humaine. C'est déjà pas mal.&nbsp;»</em><br /><br />Fanny Lancelin</p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire l'histoire du Mouvement Ajiste dans la rubrique (Re)visiter.<br />(2) <a href="http://www.radiotintouin.org">www.radiotintouin.org</a><br />(3) Les programmes de Radio Tintouin&nbsp;: les informations locales du lundi au vendredi de 10 h à 11 h. Le lundi, de 15 h à 16 h&nbsp;: Odyssée Rock&nbsp;; une fois par mois, de 19 h à 20 h 30&nbsp;: Cause toujours, tu m'intéresses. Le mardi, de 15 h à 16 h&nbsp;: le Coup de Coeur de Maryse. Le mercredi de 14 h à 17 h&nbsp;: la libre antenne des jeunes&nbsp;; de 18 h à 19 h&nbsp;: D'jeunération avec le Pôle Jeunesse de la Ville de Vierzon&nbsp;; deux fois par mois, de 19 h à 21 h&nbsp;: Bassement. Le jeudi de 14 h 30 à 15 h 30&nbsp;: Génération 60. Le vendredi de 17 h 15 à 18 h&nbsp;: Et si vous sortiez ce week-end&nbsp;? De 18 h 15 à 19 h 15&nbsp;: 18 ans dans les années 80 ; de 19 h 30 à 21 h 30&nbsp;: Accordéon d'hier et d'aujourd'hui. Le samedi de 14 h à 15 h&nbsp;: vers Zion&nbsp;; de 15 h à 16 h&nbsp;: En temps T&nbsp;; de 17 h à 19 h&nbsp;: Untitled Show&nbsp;; à partir de 19 h selon les événements&nbsp;: Hors les murs. Le dimanche de 17 h à 18 h&nbsp;: résult'tintouin. Les autres plages sont occupées par de la musique.<br />(4) Brainstorming&nbsp;: tempête sous le cerveau, réunion où chacun donne ses idées en vrac, de manière spontanée.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Contacts</h3> </div> <ul> <li>Radio Tintouin&nbsp;: <a href="http://www.radiotintouin.org">www.radiotintouin.org</a>, rubrique «&nbsp;Nous contacter&nbsp;».</li> <li>AMAP Croc Panier&nbsp;: Alain Forget au 02.48.75.99.99.</li> <li>Berry Latino&nbsp;: <a href="mailto:berrylatino@yahoo.fr">berrylatino@yahoo.fr</a></li> <li>Atelier tricot de l'Université populaire&nbsp;: <a href="mailto:edwige.salle@orange.fr">edwige.salle@orange.fr</a></li> <li>Café Repaire&nbsp;: <a href="mailto:marieh.lasserre@free.fr">marieh.lasserre@free.fr</a></li> <li>Auberge de Jeunesse de Vierzon : 02.48.75.30.62.</li> </ul> </div> <p><strong><em><span style="color: #000000;">« Je dis qu'on est un lieu de résistance (...). A la connerie humaine. Voilà : à la connerie humaine. C'est déjà pas mal.<em>»</em></span></em></strong></p> <p style="text-align: right;"><strong><em><span style="color: #000000;">Dominique Aubert, directeur de l'Auberge de Jeunesse de Vierzon.</span></em><em><span style="color: #000000;"></span></em></strong></p> <p><span style="font-size: 18pt;">I</span>l y a quelques décennies, poser son sac à dos sur le seuil d'une Auberge de Jeunesse, c'était l'assurance de passer un moment à part, forcément convivial. S'y croisaient des randonneurs et des routards, souvent de différentes nationalités. Ils ne cherchaient pas seulement un lit et un petit-déjeuner, mais un esprit. De leur création dans les années 1930 jusque dans les années 1970 <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>, les Auberges de Jeunesse étaient aussi le lieu d'activités, de débats, d'apprentissage. En deux mots&nbsp;: d'Education Populaire.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_extérieur.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'Auberge de Jeunesse de Vierzon est située en plein centre-ville." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/auberge_extérieur.JPG" alt="auberge extérieur" width="419" height="315" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Difficile de réduire l'Education Populaire à une simple définition. Ce mouvement, intrinsèquement lié aux libertaires, affirme l'éducation des individus tout au long de leur vie. L'objectif&nbsp;: s'affranchir des rapports de domination, affûter son esprit critique, s'émanciper individuellement et collectivement pour agir vers une transformation de la société.<br />L'éducation n'est pas déléguée à des experts, mais placée en chaque individu&nbsp;: elle ne se limite pas à la culture académique, mais reconnaît la culture populaire, c'est-à-dire celle des ouvriers, des paysans, des habitants des quartiers urbains… La rencontre et les échanges entre ces mondes sont primordiaux, puisqu'ils permettent l'éducation de tous par tous. L'existence de lieux qui favorisent ces rencontres est également essentielle. Parmi lesquels&nbsp;: les Auberges de Jeunesse.</p> <p>Mais qu'en reste-t-il, aujourd'hui&nbsp;? Les Auberges de Jeunesse jouent-elles toujours leur rôle d'Education Populaire&nbsp;? Ou ne sont-elles plus qu'une solution d'hébergement à petit prix&nbsp;? <em>«&nbsp;Certaines ont coulé, d'autres ont retourné leurs vestes, certaines essaient de survivre&nbsp;»</em>, résume Dominique Aubert, directeur de l'Auberge de Jeunesse de Vierzon. Lui se situe dans le troisième camp. C'est pourquoi, il y a quelques années, il a décidé de rouvrir grand les portes de l'établissement, aux visiteurs de passage et aux habitants de Vierzon. Pas seulement pour y dormir, non. Pour y vivre.</p> <p><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></p> <h3>Une radio pour créer du lien</h3> <p><span style="color: #fc615d;">_____________________________________________</span></p> <p>Je ne sais pas pour vous, mais je commence la journée par allumer la radio. <br />Je choisis une station d'informations. Il me faut des mots. Ce n'est pas un bruit de fond. J'écoute vraiment. Mon esprit, à mesure que se défont les brumes du sommeil, se reconnecte au monde. Par la voix de l'animateur ou de l'animatrice, il se relie à nouveau aux autres. Où que je sois, même très isolée physiquement, je suis ainsi liée à mes contemporains.<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_2.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Maryse anime les informations locales tous les matins du lundi au vendredi, sur Radio Tintouin." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_2.JPG" alt="radio 2" width="441" height="331" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Maryse a conscience de ce lien. C'est, selon elle, la raison d'être de Radio Tintouin, une radio associative portée par Radio Pays de Vierzon, dont les studios sont installés à l'Auberge de Jeunesse. Elle s'écoute via Internet <span style="font-size: 8pt;">(2)</span>.<br />D'abord, créer un lien entre les membres de l'association, dans le plein esprit de l'Education Populaire&nbsp;:<em> «&nbsp;J'ai appris en binôme, avec Denis. Il se mettait à la table de mixage. Progressivement, il me l'a laissée. Et aujourd'hui, j'anime et j'assure la technique !&nbsp;»</em> A son tour, elle tente de transmettre le fruit de son expérience&nbsp;:<em> «&nbsp;Hier, j'ai écouté l'émission des jeunes. Un quiz musical. Je leur envoyais des SMS parce qu'on n'entendait pas assez la musique et que, par moment, ils parlaient tous en même temps&nbsp;!&nbsp;»</em><br />Le lien, c'est aussi celui que la radio crée avec et entre les habitants, en transmettant des informations qui les concernent directement. Pour les informations locales par exemple, Maryse est à l'antenne du lundi au vendredi de 10 heures à 11 heures (bientôt jusqu'à midi). Elle propose aussi un «&nbsp;Coup de coeur&nbsp;» le mardi et des idées de sorties pour le week-end, le vendredi <span style="font-size: 8pt;">(3)</span>.<br />Enfin, le lien se renforce lorsque la radio se déplace et entre en contact direct avec ses auditeurs, par exemple lors d'événements. Prochaine délocalisation le samedi 7 novembre pour le Festival de l'engagement citoyen au Parc des expositions.</p> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></p> <h3>« Soyez votre média, exprimez-vous ! »</h3> <p><span style="color: #fc615d;">___________________________________________________________</span></p> <p>Radio Tintouin est l'une des associations accueillies à l'Auberge de Jeunesse depuis que Dominique Aubert a décidé d'en ouvrir plus largement les portes. <em>«&nbsp;A l'époque, en 2012, j'organisais des réunions, des «&nbsp;brainstormings » <span style="font-size: 8pt;">(4)</span> pour motiver les bénévoles,</em> se souvient-il. <em>Je voulais ouvrir les locaux pour qu'il y ait des activités, que les gens s'approprient les salles dans l'esprit Auberge de Jeunesse. Je souhaitais un brassage des Vierzonnais et de ceux qui dorment ici. Qu'ils se croisent, se rencontrent, se parlent. Parmi les quinze idées qui sont sorties de ces réunions&nbsp;: la radio. Pour moi, c'était la moins facile à réaliser mais elle est là&nbsp;!&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_1.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Chacun peut proposer une idée d'émission et s'exprimer à la radio." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/radio_1.JPG" alt="radio 1" width="441" height="387" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Pendant trois ans et demi, l'équipe <em>«&nbsp;discute, pinaille, rédige une charte, monte la radio techniquement&nbsp;»</em>. La première émission voit finalement le jour en 2015. <em>«&nbsp;Créer une radio en quelques clics sur Internet, c'est possible, ça peut aller très vite, des entreprises font ça très bien. Mais nous, on voulait maîtriser la radio techniquement&nbsp;: comment fait-on pour qu'un son sorte de la machine&nbsp;? Forcément, ça prend plus de temps. Mais maintenant, on sait faire&nbsp;»</em>, assure Dominique Aubert, qui fait partie de l'association.</p> <p>Quelle est la ligne directrice de la radio&nbsp;? <em>«&nbsp;C'est une radio progressiste, de proximité, à destination des habitants du Pays de Vierzon, ouverte à tous et à toutes, avec une diversité des sujets. Elle est participative puisque chacun apprend en binôme, dans le but d'être ensuite autonome. Les décisions sont prises collectivement, ce qui n'est pas simple à mettre en place&nbsp;: on n'est pas habitué à ce type de fonctionnement&nbsp;; souvent, on laisse un chef décider et on le critique ensuite&nbsp;!&nbsp;»</em><br />L'un des slogans : <em>«&nbsp;n'écoutez pas la radio, faites la radio&nbsp;!&nbsp;»</em> <em>«&nbsp;Soyez votre média, exprimez-vous&nbsp;!&nbsp;»</em> ajoute Dominique Aubert.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <h3>Etre captée par un plus grand nombre</h3> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________________________________</span></p> <p>Actuellement, l'association compte une trentaine d'adhérents individuels et une quinzaine d'associations partenaires, indispensables à l'équilibre financier de la radio. Moyennant 50 euros à l'année, elles bénéficient de «&nbsp;services&nbsp;» supplémentaires par rapport aux autres associations vierzonnaises&nbsp;: enregistrement d'un spot, proposition d'émissions…<br />Le reste des fonds provient de subventions, de la Ville et de la Communauté de Communes. <em>«&nbsp;Ce qui n'empêche pas de conserver notre indépendance,</em> assure Dominique Aubert. <em>On peut organiser des débats sur des sujets de société. En revanche, nous ne sommes pas une radio d'opinion ni marquée politiquement et nous ne nous intéressons pas aux querelles politiciennes. Alors, on nous trouve parfois un peu lisse...&nbsp;»</em><br />A-politique, une radio d'Education Populaire&nbsp;? Vraiment&nbsp;? <em>«&nbsp;Notre engagement peut venir des choix de sujets… On préfère parler de la grève à l'hôpital que relayer le discours du FN, par exemple...&nbsp;»</em></p> <p>Bientôt, d'autres fonds pourraient être sollicités. Il y a quelques jours en effet, la radio a obtenu une fréquence provisoire sur la bande FM. D'ici à la fin de l'année, elle émettra sur le 103.5. Les travaux sont en cours pour monter le pylone et installer l'émetteur. Si le Comité Territorial de l'Audiovisuel (entité régionale du Comité Supérieur de l'Audiovisuel, le CSA) lui accorde un jour le droit d'émettre en continu, Radio Tintouin pourrait prétendre au Fonds de Soutien à l'Expression Radiophonique (FSER).<br />Mais pour l'instant, l'équipe se réjouit simplement de pouvoir être captée par un plus grand nombre d'auditeurs, ceux-là même qui n'écoutent jamais la radio via Internet.<br />Elle projette d'engager un coordinateur d'antenne. Mais pour cela aussi, <em>«&nbsp;il faut trouver des fonds&nbsp;»</em>. Enfin, dans un avenir plus lointain, elle espère pouvoir bénéficier d'un studio entièrement dédié à la radio, mieux insonorisé. <em>«&nbsp;Mais ce n'est pas prioritaire.&nbsp;»</em> Ce qui l'est&nbsp;? Les travaux de rénovation de l'Auberge de Jeunesse.</p> <p><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></p> <h3>« S'il n'y a pas de rénovation, on est mort »</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">________________________________________________________________</span></span></p> <p>Clés en main, Dominique Aubert me fait la visite des lieux. L'Auberge de Jeunesse de Vierzon a été construite en plein centre-ville en 1971, quand la place qui la délimite ne s'appelait pas encore François-Mitterand.</p> <p><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/dortoir.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Les chambres sont restées identiques depuis la construction, dans les années 1970." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/dortoir.JPG" alt="dortoir" width="418" height="314" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a>Le hall d'accueil s'ouvre sur une mezzanine, réservée à une bibliothèque et un salon avec télévision. Elle donne sur un couloir qui dessert chambres collectives (de 6 à 8 lits), sanitaires et douches. A l'étage, une nouvelle rangée de chambres, dont certaines communiquent, autrefois pratique pour les groupes. L'Auberge compte 80 lits au total.<br />Au rez-de-chaussée, une grande salle avec cheminée et bar, qui accueille des réunions et les activités des associations. Cet après-midi là, un groupe de l'ALF, pour l'Apprentissage de la Langue Française.<br />Au fond du bâtiment, deux cuisines&nbsp;: l'une, professionnelle, pour les petits-déjeuners et les repas pris sur inscriptions (surtout pour les groupes)&nbsp;; l'autre, en autogestion, pour les usagers qui souhaitent préparer eux-mêmes leurs repas.<br />A l'extérieur, une terrasse, aménagée l'été.</p> <p>En parcourant les espaces, on sent le poids des années, lourd, sur le bâtiment. <em>«&nbsp;S'il n'y a pas de rénovation, on est mort&nbsp;»</em>, résume Dominique Aubert. Elle est prévue&nbsp;; la première phase devrait débuter à l'automne 2019 avec des travaux d'isolation thermique et d'accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. <em>«&nbsp;La seconde phase devra concerner les chambres, mais elle n'est pas encore financée. D'ici là, sera-t-on encore là&nbsp;?&nbsp;»</em><br />Car au-delà de la vétusté de l'Auberge de Jeunesse, c'est la raison d'être même de ce type d'établissement qui est en question. Grâce au soutien de la municipalité, celui de Vierzon fait face à peu de charges, mais les recettes diminuent, le taux d'occupation est faible. L'offre correspond-elle aux attentes des voyageurs d'aujourd'hui&nbsp;? <em>«&nbsp;Le problème est national. Tout est mélangé&nbsp;: les hôtels sont des auberges, les auberges des hostels, les particuliers font du Airbnb… Le terme «&nbsp;Auberge de Jeunesse&nbsp;» n'a pas été déposé&nbsp;; du coup, dans certaines villes, on voit se développer des Auberges de Jeunesse privées&nbsp;! Pour le public, il y a un problème d'identification. Ici, les gens réservent de plus en plus comme s'ils étaient à l'hôtel&nbsp;: ils demandent des chambres individuelles...&nbsp;»</em><a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/bibliothèque.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="La bibliothèque et le salon où peuvent se retrouver les voyageurs le soir." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/bibliothèque.JPG" alt="bibliothèque" width="495" height="327" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br /><br />Le directeur compte beaucoup sur la rénovation <em>«&nbsp;pour faire revenir le public, développer de nouvelles activités, faire intervenir de nouveaux acteurs&nbsp;»</em>. Il évoque le projet de la Communauté de Communes de <em>«&nbsp;créer un pôle social associatif&nbsp;»</em> avec notamment <em>«&nbsp;un restaurant social&nbsp;»</em>. Un local de réparation de vélos pourrait également voir le jour, profitant de la proximité du canal du Berry. <em>«&nbsp;Il faut qu'on conserve notre différence, notre esprit&nbsp;: l'autogestion, plus de bénévoles, moins de rapports marchands.&nbsp;»</em></p> <p><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></p> <h3>Conserver le lieu vivant</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">______________________________________</span></span></p> <p><em></em>Si Dominique Aubert y croit, c'est qu'il a une longue histoire avec les Auberges de Jeunesse. Originaire d'un milieu modeste de Champagne, il est parti jeune, grâce à une bourse, étudier en Allemagne. Le pays de la création des Auberges de Jeunesse par Richard Schirrmann <span style="font-size: 8pt;">(1)</span>. De retour en France, il poursuit ses études avant de devenir objecteur de conscience dans une Auberge de Jeunesse, puis de partir découvrir la version britannique de l'autre côté de la Manche. <em>«&nbsp;J'aimais le contact et l'esprit du lieu. Un lieu à part. J'ai aussi travaillé dans un cinq étoiles. J'ai vu le luxe. Ça ne m'intéresse pas.&nbsp;»</em><br />Le hasard le mène dans le Berry, à La Châtre, en saisonnier. Il prend le poste de direction à Vierzon en 2004. <em>«&nbsp;Aujourd'hui, il y a trois postes&nbsp;pour la direction, la cuisine, le ménage...&nbsp;»</em> Malgré les difficultés, il tente de <em>«&nbsp;maintenir le bâtiment à flot&nbsp;»</em>, de conserver le lieu vivant.</p> <p>Comme ce jeudi, une des journées les plus actives de l'Auberge. Y sont animés des cours d'espagnol, un atelier de tricot. L'AMAP (Association pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne et de proximité) distribue ses paniers. Un petit marché de producteurs locaux s'installe. Le bar est ouvert. Les voix résonnent fort contre le carrelage et ricochent sur les murs. On s'embrasse. On discute. On envisage de prochaines réunions, de futures animations. On sourit.<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/mini_marché.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="Tous les jeudis, un mini marché se tient dans le hall de l'Auberge." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/mini_marché.JPG" alt="mini marché" width="480" height="375" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a></p> <p>Depuis quelques années, les Amapiens préparent à l'Auberge de Jeunesse les 46 paniers de légumes que les familles viennent chercher en fin de journée. Avec la maraîchère, un producteur de fromages et de yaourts, ainsi qu'un boulanger sont présents chaque semaine. Tous en agriculture biologique. Une fois par mois, des producteurs de viande, d'escargots et un mieliste les rejoignent. L'association locale des Artisans du Monde propose aussi une sélection de ses produits. Un marché ouvert à tous et à toutes&nbsp;: voyageurs qui posent leurs valises pour dormir là, habitants du quartier, de Vierzon, des villages alentour…</p> <p>Dans le studio de radio, Berry Latino a remplacé Maryse. Cette association créée par des personnes d'origine latino-américaine propose trois cours d'espagnol à l'Auberge de Jeunesse&nbsp;: basique, intermédiaire et confirmé. Vingt-cinq adhérents y participent. Depuis cette année, des cours de danse sont également dispensés, mais dans une autre salle de la ville, aux Forges. Ponctuellement, des randonnées pédestres et cyclistes sont organisées&nbsp;; le départ est donné depuis l'Auberge de Jeunesse.</p> <p>A l'étage, près de la bibliothèque, c'est l'heure du tricot pour quatre à six membres de l'Université populaire. Des femmes qui apprennent ou viennent se perfectionner ou même, simplement, passer un <em>«&nbsp;bon moment de convivialité&nbsp;»</em>, comme le souligne Edwige Sallé, l'animatrice.</p> <p><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></p> <h3>Un lieu de résistance ?</h3> <p><span style="color: #fc615d;"><span style="color: #fc615d;">____________________________________</span></span></p> <p>Un autre rendez-vous, précieux, se déroule régulièrement (environ une fois par mois) dans les locaux de l'Auberge de Jeunesse&nbsp;: le Café Repaire. Rien à voir avec la réparation de petit-électroménager ou de doudous entre débrouillards&nbsp;(les Repair Cafés)&nbsp;!<a href="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/tricot.JPG" class="jcepopup" data-mediabox-title="L'atelier de tricot est proposé par l'Université populaire." data-mediabox="1"><img src="http://www.rebonds.net/images/AUBERGE_DE_JEUNESSE/tricot.JPG" alt="tricot" width="497" height="374" style="margin-left: 15px; border: 2px double #e2e2e2; float: right;" /></a><br />Le collectif qui organise ces rendez-vous propose des soirées thématiques, en invitant des auteurs, des universitaires, des chercheurs ou des passionnés d'histoire, de politique, d'économie… <em>«&nbsp;Des rencontres de fond qui apportent une parole alternative&nbsp;»</em>, comme le souligne Dominique Aubert.<br />Dernière en date&nbsp;: le mardi 18 septembre, environ 70 personnes ont assisté à l'intervention de Gaetano Manfredonia sur l'histoire de l'anarchisme. La prochaine est programmée le mardi 16 octobre à 19 heures sur l'affaire de Tarnac.<br /><br />Apprendre. A n'importe quel âge de sa vie. Des autres. De soi. Pour faire partie d'une collectivité plus autonome. Qui prend son alimentation, sa culture, son savoir faire en main. Qui écoute, dit, débat, aiguise son esprit critique. Qui veut se relier aux autres, au monde qu'elle compose et qui la compose.<br />On est bien dans l'esprit de l'Education Populaire et pour cette seule raison sans doute, l'Auberge de Jeunesse de Vierzon mérite de rester debout. Grande ouverte.<br /><em></em></p> <p><em>«&nbsp;Je dis qu'on est un lieu de résistance&nbsp;»</em>, ose Dominique Aubert. A quoi&nbsp;? <em>«&nbsp;Au système, c'est peut-être un peu fort… A la connerie humaine. Voilà&nbsp;: à la connerie humaine. C'est déjà pas mal.&nbsp;»</em><br /><br />Fanny Lancelin</p> <p><span style="font-size: 8pt;"></span><span style="font-size: 8pt;">(1) Lire l'histoire du Mouvement Ajiste dans la rubrique (Re)visiter.<br />(2) <a href="http://www.radiotintouin.org">www.radiotintouin.org</a><br />(3) Les programmes de Radio Tintouin&nbsp;: les informations locales du lundi au vendredi de 10 h à 11 h. Le lundi, de 15 h à 16 h&nbsp;: Odyssée Rock&nbsp;; une fois par mois, de 19 h à 20 h 30&nbsp;: Cause toujours, tu m'intéresses. Le mardi, de 15 h à 16 h&nbsp;: le Coup de Coeur de Maryse. Le mercredi de 14 h à 17 h&nbsp;: la libre antenne des jeunes&nbsp;; de 18 h à 19 h&nbsp;: D'jeunération avec le Pôle Jeunesse de la Ville de Vierzon&nbsp;; deux fois par mois, de 19 h à 21 h&nbsp;: Bassement. Le jeudi de 14 h 30 à 15 h 30&nbsp;: Génération 60. Le vendredi de 17 h 15 à 18 h&nbsp;: Et si vous sortiez ce week-end&nbsp;? De 18 h 15 à 19 h 15&nbsp;: 18 ans dans les années 80 ; de 19 h 30 à 21 h 30&nbsp;: Accordéon d'hier et d'aujourd'hui. Le samedi de 14 h à 15 h&nbsp;: vers Zion&nbsp;; de 15 h à 16 h&nbsp;: En temps T&nbsp;; de 17 h à 19 h&nbsp;: Untitled Show&nbsp;; à partir de 19 h selon les événements&nbsp;: Hors les murs. Le dimanche de 17 h à 18 h&nbsp;: résult'tintouin. Les autres plages sont occupées par de la musique.<br />(4) Brainstorming&nbsp;: tempête sous le cerveau, réunion où chacun donne ses idées en vrac, de manière spontanée.</span></p> <p>&nbsp;</p> <div class="panel panel-primary"> <div class="panel-heading"> <h3 class="panel-title">Contacts</h3> </div> <ul> <li>Radio Tintouin&nbsp;: <a href="http://www.radiotintouin.org">www.radiotintouin.org</a>, rubrique «&nbsp;Nous contacter&nbsp;».</li> <li>AMAP Croc Panier&nbsp;: Alain Forget au 02.48.75.99.99.</li> <li>Berry Latino&nbsp;: <a href="mailto:berrylatino@yahoo.fr">berrylatino@yahoo.fr</a></li> <li>Atelier tricot de l'Université populaire&nbsp;: <a href="mailto:edwige.salle@orange.fr">edwige.salle@orange.fr</a></li> <li>Café Repaire&nbsp;: <a href="mailto:marieh.lasserre@free.fr">marieh.lasserre@free.fr</a></li> <li>Auberge de Jeunesse de Vierzon : 02.48.75.30.62.</li> </ul> </div>