(Ré)créations http://www.rebonds.net/re-creations Thu, 11 May 2023 18:52:02 +0200 Joomla! - Open Source Content Management fr-fr « Algues vertes, l’histoire interdite », I. Léraud et P. Van Hove http://www.rebonds.net/re-creations/26-livres/851-alguesverteslhistoireinterditeinesleraudetpvanhove http://www.rebonds.net/re-creations/26-livres/851-alguesverteslhistoireinterditeinesleraudetpvanhove

Son nom est associé à un journalisme exigeant, engagé, opiniâtre. Inès Léraud était présente à Melle le dimanche 26 mars lors du rassemblement contre les méga-bassines, pour témoigner des liens entre industrie, agriculture et ravages écologiques et sanitaires. Depuis des années, elle enquête en eaux troubles. La bande dessinée « Algues vertes, l’histoire interdite » lui a valu des prix mais aussi de graves pressions et menaces…

« Chaque année, de mai à septembre, avec les beaux jours, des milliers de tonnes d’algues vertes envahissent les plages du littoral breton. » C’est ainsi qu’Inès Léraud et Pierre Van Hove débutent leur récit. Par un fait qui pourrait paraître anodin : des algues charriées par la mer, échouées sur une plage. Pourtant, le cavalier qui se promène là en ce mois de juillet, à Saint-Michel-en-Grèves dans les Côtes-d’Armor, va bientôt faire un malaise et son cheval mourir. Tous deux sont victimes d’un gaz ultratoxique qui se forme lors de la putréfaction des algues : l’hydrogène sulfuré ou H2S. « Libéré en quantité importante, il anesthésie le nerf olfactif (ce qui le rend indétectable), paralyse le système nerveux et respiratoire... et tue aussi rapidement que du cyanure. »

Dès les années 1980, des lanceurs d’alerte tels que Pierre Philippe, médecin urgentiste à l’hôpital de Lannion, ont prévenu les autorités sanitaires de ce phénomène extrêmement dangereux pour les usager·es des plages. Pourtant, les accidents mortels se sont multipliés sans que l’Etat ou les collectivités locales ne prennent de dispositions conséquentes. Pourquoi ?

Dans son enquête au long court (quatre ans), la journaliste montre les liens qui unissent les élu·es, les agriculteur·ices, les coopératives, les chambres consulaires, les industriel·les… Tous·tes tentent de dissimuler ou de minimiser les pollutions que provoquent les élevages intensifs bretons, notamment les élevages porcins. Les un·es veulent préserver la belle image de leur région pour ne pas faire fuir les touristes ; les autres veulent continuer à produire comme iels le font depuis les années 1960, par conviction ou par obligation, piégé·es par le système agro-industriel. Dans tous les cas, la logique économique prime sur la protection de l’environnement et des vies.

Originaire de Saumur, vivant ensuite à Paris, Inès Léraud s’est installée en Centre Bretagne en 2015 pour mener ses investigations. Ayant étudié à la Fémis et à l’école Louis Lumière (1), c’est d’abord par le son qu’elle a commencé à travailler : elle a réalisé des documentaires pour France Inter, Arte Radio et, de 2016 à 2018, a diffusé sur France Culture « Journal breton », une série relatant son quotidien dans l’une des premières régions agro-alimentaires de France (2). Membre du comité éditorial de Disclose, elle a aussi co-fondé Splann ! un média d’enquête breton, régional et bilingue (3).

A l’automne 2017, une partie de son travail mené sur les algues vertes a été adaptée en bande dessinée, avec Pierre Van Hove, et publiée dans « La Revue Dessinée ». La version complète est parue en 2019 sous forme d’album. Elle a reçu le prix du livre de journalisme, le prix de la bande dessinée bretonne, le prix de la BD sociale et historique, et le prix Mémoire de la mer.  En 2021, Inès Léraud a aussi reçu, pour l'ensemble de son travail, le prix éthique de l’association Anticor qui lutte contre la corruption dans la vie publique.

A l’inverse, deux procès lui ont été intentés par des membres de l’agro-industrie bretonne pour diffamation. Les poursuites ont finalement été abandonnées. Mais le message était clair : n’enquêtez pas sur l’agro-industrie ! Et ce n’est pas la seule à l’avoir reçu : dans la nuit du 23 au 24 mars dernier, Morgan Large, journaliste pour Kreizh Breizh et Splann !, a vécu pour la deuxième fois un sabotage de sa voiture. Elle aussi enquête sur les problèmes environnementaux provoqués par l’agro-industrie (4).

Grâce à ces journalistes, des enquêtes judiciaires sont menées, des consciences s’ouvrent, des citoyen·nes exigent des changements… Elles contribuent à briser l’omerta qui entoure des questions qui nous concernent tous·tes, pour notre santé et pour la préservation du vivant.

« Algues vertes, l’histoire interdite » est disponible en librairie. Plus d’informations sur le site de La Revue Dessinée : https://www.larevuedessinee.fr/

F.L.

(1) Fémis : https://www.femis.fr/

Ecole Louis-Lumière : https://www.ens-louis-lumiere.fr/

(2) Journal breton : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-journal-breton-saison-1

(3) https://splann.org/

(4) https://www.ouest-france.fr/bretagne/guingamp-22200/morgan-large-journaliste-bretonne-victime-dintimidation-souhaite-un-geste-fort-de-letat-7aad7138-cfab-11ed-a10f-5958f611860a

 

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Coup de coeur Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« Rap against the bassines », Skalpel http://www.rebonds.net/re-creations/27-musique/849-rapagainstthebassinesskalpel http://www.rebonds.net/re-creations/27-musique/849-rapagainstthebassinesskalpel

C’est en s’installant dans les Deux-Sèvres que le rappeur Skalpel a entendu parler des méga-bassines pour la première fois. Artiste engagé dès ses débuts, il a décidé de réaliser une compilation au profit de la lutte. Avec Erau Dub Sound, il interprète le titre phare, slogan du collectif Bassines Non Merci : « No bassaran ! »

« Sa vision est à la fois micro et macro. Sa musique observe aussi bien les détails qui font les quartiers qu’elle scande la mémoire des luttes à travers le monde. » C’est ainsi que le webzine « abcdrduson » qualifiait la démarche de Skalpel dans un entretien que lui avait accordé l’artiste en 2019 (1).

Les luttes du monde qu’il évoque, il est né et a grandi en leur sein. Originaires d’Uruguay, ses parents sont des Tupamaros. Leur communauté a constitué un mouvement révolutionnaire armé clandestin, marxiste et guevariste, et qui pratiquait la guerilla urbaine. Arrivé·es en France en tant que réfugié·es politiques, installé·es à Aulnay-sous-Bois, iels ont éduqué leur garçon en leur parlant de ce qu’iels avaient vécu. La musique à la maison ? « Du folklore latino-américain très engagé » (1).

A l’adolescence, un ami lui a offert une cassette de rap. Un choc et un déclic. Ce qui l’a touché, c’est « la forme du phrasé et le fond qui dénonce ».  A partir de 15 ans, il a constitué des duos et des collectifs avec d’autres artistes, et a sorti également des albums en solo. Mais au fil du temps, sa ligne n’a pas dévié : « disséquer en musique l’histoire officielle et le discours dominant ». « En France, le roman national français a confisqué la mémoire populaire et révolutionnaire de quasiment toutes les luttes, de la Commune de Paris à Mai 68 ou les luttes anticoloniales et anti-impéralistes, explique-t-il (1). Nous, on veut que la mémoire ne soit pas celle du pouvoir mais qu’elle soit populaire. (…) Cette obsession que l’Histoire ne soit pas racontée que par les vainqueurs, c’est ce qui traverse ma discographie et mes revendications militantes. »

Connu notamment pour K-Bine, son duo avec Guez, et son groupe Première Ligne, il a su s’imposer dans les milieux militants d’extrême gauche, à une époque où les scènes étaient plutôt peuplées de musiciens blancs issus de la classe moyenne hurlant du rock ou du punk à pleins poumons.

Soucieux de rester autonome et indépendant, Skalpel tranche à la fois avec le rap commercial et avec celui, un brin sophistiqué, qui envahit actuellement les ondes des radios mainstream.

Il assume ses positions politiques anti-capitalistes et, depuis quelques années, tente de s’engager plus concrètement. Il se sert du rap comme un outil de convergence entre différentes luttes, sociales, syndicales, politiques et aujourd’hui, écologiques.

En 2006, il avait réalisé une compilation au profit des prisonnier·es d’Action Directe et en 2007, pour la libération des prisonnier·es de Villiers-le-Bel après les émeutes. Avec « Rap against the bassines », il entend offrir un « outil pédagogique » à celleux qui s’intéressent à la question de l’eau et aussi, faire découvrir ce type de rap aux militant·es anti-bassines.

Le samedi 24 juin à 20 h, il se produira au café militant associatif l’Antidote à Bourges, en soutien au collectif local Bassines Non Merci Berry.

Pour écouter et /ou acheter la compilation, rendez-vous sur : https://skalpel793.bandcamp.com/album/rap-against-the-bassines-compilation-2023

(1) https://www.abcdrduson.com/interviews/skalpel-incisions-militantes/

 

 

 

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Coup de coeur Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
« De l’eau jaillit le feu », Fabien Mazzoco http://www.rebonds.net/re-creations/28-films/850-deleaujaillitlefeufabienmazzoco http://www.rebonds.net/re-creations/28-films/850-deleaujaillitlefeufabienmazzoco

Présenté en avant-première à Melle le 26 mars et un peu partout en France depuis, ce documentaire sortira officiellement dans les salles le 31 mai. Il parle du mouvement contre les méga-bassines mais il raconte aussi l’histoire du Marais poitevin en lui-même, et de celles et ceux qui l’habitent. En quoi a-t-il pu constituer un terreau fertile à la lutte ?

Fabien Mazzoco, le réalisateur, explique : « [Le film] suit la résistance de citoyens et citoyennes qui s’opposent depuis des années, voire des décennies, aux décideurs et aux groupes de pression qui n’ont comme seule proposition aux défis climatiques la perpétuation de la politique du pire. À travers leur mobilisation, ce sont certaines des questions les plus cruciales de notre époque qui se dessinent.

Alors que s’accélère la crise climatique, comment mieux protéger nos territoires et notamment les ressources en eau, bien commun précieux et liant social par excellence ? Comment penser une agriculture durable et au service du plus grand nombre ? Par qui les décisions qui influencent humains et non-humains pour des siècles doivent-elles être prises ? Et au bénéfice de qui ? Ces questions, le film les pose directement à ceux et celles qui inventent les réponses dans le bassin versant de la Sèvre niortaise et du Marais poitevin. Mais ce documentaire est d’abord un film sur le marais lui-même, sur celles et ceux qui l’habitent et en sont les gardien.ne.s. Il montre en quoi ce lieu a constitué le terreau fertile pour qu’émerge une lutte comme celle que nous connaissons aujourd’hui (…).

Le film cherche donc à documenter des situations précises dans le marais à travers le regard et la sensibilité des personnages filmés. Ici Bernard désabusé dans son ruisseau asséché ; là Julien enchanté de naviguer sur la crue, l’essence même du marais ; là encore Thony qui compte les centimètres d’eau restants dans le fossé dans lequel ses vaches viennent s’abreuver.

En 2008, je coréalisais le film « Pour quelques grains d’or... » qui posait le problème de la politique agricole du « tout maïs » en Poitou-Charentes. Les premières bassines « expérimentales » sortaient de terre. Le principe était séduisant : créer d’immenses réserves d’eau en pompant l’hiver dans les nappes phréatiques afin de réduire les prélèvements l’été. Quelques voix s’élevaient déjà pour dénoncer ce miroir aux alouettes. Mais trop peu pour être entendues. Quinze ans plus tard, une quarantaine de bassines sont en place autour du Marais poitevin mais les rivières sont toujours autant asséchées, la qualité de l’eau est exécrable et les haies continuent de disparaître.

Depuis l’annonce de ce nouveau projet de bassines en 2017, la contestation est vive et ne cesse de s’amplifier. (…) Si la mobilisation contre les bassines agglomère aujourd’hui un grand nombre de sensibilités différentes, elle naît de liens sensibles au marais avec son lot d’émerveillement et de désillusion. C’est à travers l’accumulation de ces petites colères, de ces désenchantements, mais aussi de ce sentiment d’impuissance que se renforce le mouvement de résistance.

« De l’eau jaillit le feu » propose un contre-discours à celui des dominants et des porteurs de projets qui divisent le mouvement d’opposition aux bassines en deux clans : des manifestants et manifestantes de bonne figure d’un côté, toléré.e.s car inoffensif.ve.s, et d’autres qui seraient d’ultra violents radicaux, cagoulés, black block, écoterroristes et autres trouvailles sémantiques... Le film montre plutôt comment, devant l’acharnement des décideurs et face à l’urgence de notre époque, de nombreux militant.e.s acceptent aujourd’hui des formes d’action qu’iels n’auraient pas envisagées hier.

Ce film est une tentative de donner la parole aux militants et aux militantes, ainsi qu’aux libellules, aux grenouilles, aux nénuphars et aux potamots, à tous ces habitants du marais qui imaginent aujourd’hui une nouvelle manière de vivre ensemble. » (1)

Après avoir suivi des études de biologie et d’écologie, Fabien Mazzoco a rejoint l’IFFCAM (2), une école de cinéma animalier près de Poitiers. Il a déjà réalisé une quinzaine de documentaires dont « Julien, le marais et la libellule » pour France 3 ; « De l’eau jaillit le feu » en est le prolongement.

Pour en savoir plus, regarder la bande annonce du film et connaître les dates de projections, rendez-vous sur le site https://vraivrai-films.fr/catalogue/de_l_eau_jaillit_le_feu_fr

« De l’eau jaillit le feu » est une production Mauvaises graines et Mona Lisa Production.

(1) Extrait du dossier de presse du film : https://www.dropbox.com/s/oag0a3n1aeadl5y/Dossier%20de%20presse_De%20l%27eau%20jaillit%20le%20feu.pdf?dl=0

(2) IFFCAM : https://iffcam.net/

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Coup de coeur Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200
ZadZine http://www.rebonds.net/re-creations/37-medias/848-zadzine http://www.rebonds.net/re-creations/37-medias/848-zadzine

Vous considérez l’eau comme une ressource essentielle ? Vous faites partie d’une association pour la défendre ou avez déjà manifesté à leurs côtés ? Vous vous intéressez tout simplement à ce sujet ? Vous êtes un·e artiste et aimez vous mettre au service d’une lutte ? Participez au prochain numéro de la revue ZadZine ! Les éditions Azimut lancent un appel à contributions : textes, dessins, photographies, collages mais aussi sons, vidéos...

Créée en 2020 à Angoulême par d’ancien·nes étudiant·es en Master Bande dessinée à l’EESI (1), Azimut est une maison d'édition associative. Son objectif : accompagner de jeunes auteur·rices dans la réalisation de leurs projets personnels, les promouvoir, et publier des revues collectives de BD et d'illustrations. Qu’iels soient encore des étudiant·es ou qu’iels soient des artistes démarrant leurs carrières, Azimut souhaite les soutenir en les révélant au plus grand nombre.

Les premières publications, qui ont vu le jour en 2022, sont des projets collectifs : « Comète », une revue de création ; « ZadZine, » un fanzine militant ; « Döppelgang », une revue dédiée aux adaptations et réécritures.

C’est pour le second numéro de ZadZine que les éditions Azimut lancent aujourd’hui un appel à contributions. Après avoir consacré le premier numéro à la lutte contre le parc d’attraction Imagiland, l’équipe se focalisera cette fois sur les combats pour la préservation de l’eau et sa gestion comme bien commun. Ce second opus portera sur l’engagement du collectif Bassines Non Merci contre la construction des méga-bassines qui vident les nappes phréatiques au profit de l’agro-industrie. Il abordera aussi d’autres combats autour de cette thématique : contre les canons à neige pour les pistes de ski ou encore les golfs qui continuent d'être arrosés pendant les canicules, par exemple.  Il explorera enfin les possibilités de gestion commune et égalitaire de la consommation d’eau.

Si l’un de ces axes de création vous inspire, envoyez vos propositions d’idées à @editionsazimut.com avant le 23 avril (des scénarios, résumés et croquis suffisent pour un premier retour, n’envoyez pas de travaux finis dès le départ !). Toute forme artistique est acceptée : bande dessinée, illustration, photographie, texte, poésie, capsule sonore, vidéo, témoignage, récit de luttes…

Pour plus d’informations : https://www.helloasso.com/associations/editions-azimut et https://www.youtube.com/watch?v=9coahtP08s8

(1) Ecole Européenne Supérieure de l’Image : https://www.eesi.eu/site/

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Coup de coeur Sun, 02 Apr 2017 20:07:14 +0200