« Pour un esprit qui n'agirait pas, tout serait objet de doute ; rien ne serait certain. Mais cet esprit n'existe pas : le frein du scepticisme est dans la nature, dans l'impulsion qui nous pousse naturellement à l'action. » Jules Lagneau
Pour ce premier numéro de l'année, nous vous proposons de prendre des nouvelles de celles et ceux que nous avons rencontré·e·s en 2021. Que sont-iels devenu·e·s ? Comment évoluent leurs projets, leurs luttes ? Aucun découragement : les rêves, l'énergie et la détermination pour les concrétiser sont toujours là !
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La Maison des Vies Locales déménage
Article d'origine, 15 janvier-15 février 2021 : « Epicerie générale » http://rebonds.net/42alimentercequinoustientacoeur/661-epiceriegenerale
(Re)lire aussi « Au Grès des Ouches » http://rebonds.net/descafesetrestaurantsalasauceassociative/440-augresdesouches_________________________________________
Il y a cinq ans, un groupe d'habitant·e·s du Berry a créé l'association La Maison des Vies Locales pour reprendre le fonds du café-restaurant de Morogues. La plupart d'entre elleux s'investissaient déjà dans des associations comme la Vallée (Village d'Activités Locales et Lieu d'Eveil Ecologique), la FAP (Ferme d'Autoproduction Partagée), Apat (partage de moyens de transport), Si-Berry (entraide sur les outils technologiques) ou encore La Brèche (un centre social auto-géré). Leurs points communs ? Une volonté de réduire leur dépendance au système économique capitaliste (en augmentant leur temps consacré à l'auto-production), l'envie d'expérimenter collectivement et de s'outiller pour des formes de vie soutenable.
Avec ce café-restaurant, iels entendaient créer une cantine populaire, ouverte à tou·te·s. Iels souhaitaient aussi le transformer en tiers-lieu en décloisonnant les environnements sociaux tels que la maison et le travail. Ainsi, au Grès des Ouches, comme à la maison, on pouvait préparer les repas, manger, inviter des ami.e.s… Et, comme au travail, on pouvait organiser des réunions, réserver un espace avec un ordinateur, boire un café avec ses collègues… Enfin, on pouvait aussi proposer tout type d'ateliers, réparer son vélo, s'organiser pour du covoiturage, profiter des conférences, débats, concerts…
Durant le premier confinement lié au Covid, le service épicerie s'était développé. Quelques mois plus tard, la restauration sur place s'est arrêtée et la préparation de plats à emporter a pris le relais.
Au total, La Maison des Vies Locales se composent de quatre salarié·e·s à temps partiel et 35 adhérent·e·s.
Mais aujourd'hui, le lieu est officiellement fermé au public jusqu'à la fin du mois de février : trop coûteux de le faire fonctionner dans les conditions actuelles. Pour autant, l'équipe ne se tourne pas les pouces ! Elle se lance dans un nouveau projet : « Après trois années passées dans ce café-restaurant historique du village, nous quittons le Grès des Ouches, trop lourd à maintenir, pour monter un lieu qui nous ressemble et nous rassemble, explique l'équipe. Nous pourrons ainsi mettre toute notre énergie à consolider les activités non marchandes mises en place depuis quatre ans (épicerie, espace de pratique numérique, espace de travail partagé, ateliers divers, conférences et débats, projections, concerts… ; développer la convivialité et la qualité de nos liens abîmés par la pression économique ; soutenir matériellement les initiatives sociales et écologiques du territoire qui ont besoin d'un lieu pour s'organiser et se rendre visible. »
Ce nouveau lieu a d'ores et déjà été trouvé dans le village : « une vieille maison que nous avons hâte de restaurer pour y poser nos bagages et poursuivre l'aventure ! »
Dans quelques semaines, un appel à dons sera lancé, afin que tou·te·s celleux qui le souhaitent contribuent à ce projet.
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L'invasion zapatiste a bien eu lieu
Article d'origine, 15 février-15 mars 2021 : « Ya Basta ! »
http://rebonds.net/43yabasta/663-lautonomiezapatisteaudeladumexique____________________________________________________
Le 1er janvier 2021, les Zapatistes signaient « Une déclaration… pour la vie » et annonçaient leur intention de traverser la mer afin de rencontrer les « peuples du monde » et les « personnes qui luttent sur les cinq continents ». Un véritable événement : hormis deux délégués s'étant rendu en Espagne en 1997, c'est la première fois que les Zapatistes sortent du Mexique.
Issu·e·s des peuples autochtones de la région du Chiapas, iels se sont soulevé·e·s contre l’Etat mexicain en 1994 pour défendre leurs cultures. Iels vivent dans des communautés autonomes. Iels revendiquent le droit à se gouverner et s'organiser selon leurs besoins. Pour autant, iels ne prônent pas l'indépendance ou le séparatisme : iels entendent faire nation avec l'ensemble des Mexicain·es, dans le respect de leurs singularités et de l'environnement de chacun·e.
Leur manière de vivre et de lutter inspire les anticapitalistes du monde entier. C'est pourquoi, suite à la déclaration pour la vie, partout en Europe, des collectifs enthousiastes ont proposé de les accueillir.
Ainsi, les 22, 23 et 24 octobre 2021, une délégation de six Zapatistes sont venus à Morogues, dans le Centre de la France, au tiers-lieu Au Grès des Ouches géré par la Maison des Vies Locales (lire plus haut).
Chaque jour, entre 30 et 40 personnes ont écouté leurs récits et échangé avec eux. Des traducteur·ices étaient présent·es. La délégation a également visité des lieux qui expérimentent l'autonomie politique et matérielle dans le Berry.
Coordinatrice du Grès des Ouches, Loul a participé, avec une dizaine de personnes, à la préparation de l'accueil. Durant des mois, elle a enchaîné les réunions, en présence ou à distance : « La première semaine du mois, entre les groupes locaux ; la deuxième, entre les régions ; la troisième avec l'inter-régionale et la quatrième, au niveau européen », explique-t-elle. Il s'agissait de coordonner les délégations zapatistes présentes en France et en Europe, d'élaborer les programmes, de régler les questions pratiques… « Différentes commissions ont été créées : finances, questions juridiques, logistique, communication, traduction, agenda... »
En les incitant à s'organiser en zone géographique (par exemple, Morogues avec Orléans, Bourges, le Plateau limousin, la Creuse…), les Zapatistes ont permis aux collectifs français d'apprendre à se connaître, à s'organiser ensemble, à se renforcer. Comme elleux-mêmes le font au Chiapas. « Ça nous a fait bouger et rencontrer beaucoup de personnes, reconnaît Loul. Des amitiés sont nées, on espère maintenir ces liens. »
Certes, les obstacles à surmonter ont été nombreux : l’Etat mexicain a longtemps retenu les Zapatistes sous prétexte d'absence de papiers ; puis l’Etat français a refusé de les accepter faute d'un vaccin reconnu contre le Covid… Finalement, les délégations sont arrivées par avion en Autriche et ont pris différents chemins. En France, les collectifs qui les attendaient ont dû faire preuve d'abord de patience puis de réactivité. Mais cela en valait la peine ! « C'était hyper fort, tout le long, sourit Loul. Ils ont une manière très sensible de raconter les choses. Leurs phrases résonnent avec tout ce qu'on fait ici depuis quinze ans en termes d'autogestion, d'accueil inconditionnel, d'un certain fonctionnement, d'une manière de prendre part... même si c'est forcément très différent là-bas et ici. » Leur venue a apporté aussi une belle énergie, les Zapatistes les encourageant beaucoup : « Notre collectif est à un tournant, ça nous renforce dans la direction que nous voulons prendre. »
Le 14 décembre 2021, sur leur site Internet, les Zapatistes publiaient un communiqué de remerciement dans différentes langues : « Nous vous saluons depuis les montagnes du Sud-Est mexicain et nous vous informons que toutes les compañeras et les compañeros de la délégation aéroportée qui, pendant les mois de septembre, octobre, novembre et décembre de cette année 2021, vous ont rendu visite dans vos géographies respectives, sont bien arrivés dans leurs villages et à leurs postes respectifs (…). Maintenant, c’est le moment pour nous de réviser nos notes pour informer nos villages et communautés de tout ce que nous avons appris et reçu de vous : vos histoires, vos luttes, votre résistance, votre existence insoumise. Et surtout, l’étreinte d’humanité que nous avons reçue de vos cœurs. » Iels ont assuré qu'iels reprendraient bientôt contact : « car la lutte pour la vie n’est pas terminée. Nous avons encore beaucoup à apprendre de vous et beaucoup d’étreintes à échanger avec vous. »
L'ensemble du communiqué est lisible sur https://enlacezapatista.ezln.org.mx
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Dans les Poupées russes, des hmong, un Oiseau bleu, des Cellule(s)...
Article d'origine, 15 mars-15 avril : « François s'appelait Kao »
http://rebonds.net/44francoissappelaitkao/676-francoissappelaitkao____________________________________________
Comment et pourquoi La communauté hmong est-elle arrivée en France depuis le Laos ? Comment les descendant·e·s des premier·es réfugié·e·s vivent aujourd'hui leur double culture ? Comment ont-iels reçu leur histoire en partage, en héritage ? Parviennent-iels à se l'approprier et si oui, de quelle façon ?
Ce sont toutes ces facettes de la présence des Hmong en France que la compagnie Poupées russes a souhaité explorer en 2021, d'abord en lançant un stage de théâtre auprès d'adolescent·e·s issu·e·s de la communauté présente dans le Cher, et en débutant une collecte de témoignages auprès de leurs aîné·e·s. (Re)bonds les avait suivi·e·s à ce moment-là.
Que s'est-il passé depuis ? Trois résidences d'écriture ont été menées par les comédiennes, à La Chapelle-d'Angillon, à Gien et à l'abbaye de Noirlac. Lucie Contet, membre de la compagnie, explique : « Nous avions adoré travailler avec les adolescents mais le spectacle doit être interprété par des comédiens ; pourtant, nous nous interrogions sur notre légitimité. Une fois sur le plateau à Gien, le verrou a sauté : il nous est apparu clairement que c'est notre métier de raconter des histoires et de parler de quelque chose ou de quelqu'un qui n'est pas nous. C'est juste, ça se tient, nous sommes au bon endroit ! »
L'équipe s'est appuyée sur de nombreuses lectures, sur les entretiens auprès de Hmong et sur des textes écrits par des membres de la communauté suite à un appel lancé au festival de culture hmong qui a lieu chaque année à Aubigny-sur-Nère. « Nous sommes à la moitié du travail artistique et nous continuons la recherche de partenariats, souligne Lucie. Nous pensons commencer à jouer en 2023, à Aubigny, au festival, partout où la communauté est présente mais pas seulement. » Parmi les partenaires qui comptent : la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) Centre Val de Loire a accepté de les soutenir en finançant les temps de résidence.
Outre ce spectacle, baptisé « François s'appelait Kao », la compagnie tourne avec « L'oiseau bleu », un spectacle jeune public créé à partir d'un texte de Maurice Maeterlinck. Elle l'interprètera notamment à Avignon cet été. « L'oiseau bleu » est aussi devenu un livre illustré (1).
Enfin, toujours côté spectacle, la compagnie travaille à une fiction post-apocalyptique, « Cellule(s) », qui interroge les mécanismes de la peur et de la survie. « Il s'agit cette fois d'une écriture tout à fait originale, au plateau et à partir d'improvisations. Il n'y a pas de matériaux extérieurs, donc ça va prendre plus de temps. »
Les Poupées russes proposent aussi des stages de théâtre et, fait nouveau depuis 2021, elles ont ouvert un pôle danse-expression corporelle animé par Léandre Ruiz Dalaine, chorégraphe et pédagogue. « Les ateliers ont lieu à Salbris et s'adressent à tous, enfants, adolescents et adultes, précise Lucie. Même si Léandre apporte une pédagogie autre, il y a un lien fort avec notre pratique du théâtre, qui part déjà du corps. Nous mêlons les différentes approches. »
L'année dernière, entre les ateliers auprès du grand public, des scolaires, des centres de loisirs, mais aussi des entreprises, des centres de formation… la compagnie a touché 450 personnes. « Pour la première fois, nous sommes intervenues en Ehpad (2) avec une animation autour de « L'oiseau bleu ». Nous avons interrogé les résidents sur la notion de bonheur… C'était vraiment intéressant ! »
Pour suivre l'actualité de la compagnie, vous pouvez vous abonner à sa newsletter : https://compagniepoupeesrusses.us17.list-manage.com/subscribe?u=f28838ba15b093ff949953bd7&id=ecf6f464c1 ou vous rendre sur son site : https://compagniepoupeesrusses.fr/
(1) Aux éditions La Librairie Théâtrale. Textes : Cécile Coves et Lucie Contet ; illustrations Eloïse Heinzer.
(2) Ehpad : Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes.
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Les méthaniseurs se multiplient
Article d'origine, 15 avril-15 mai : « La méthanisation, fausse bonne solution ? »
http://rebonds.net/45lamethanisation/683-lamethanisationfaussebonnesolution__________________________________________
Il y a un an, le 12 janvier, le syndicat La Confédération paysanne réclamait un moratoire sur la méthanisation en attendant un bilan et une Analyse du Cycle de Vie (ACV) du procédé.
Une demande restée pour l'instant lettre morte de la part du gouvernement, qui semble plutôt encourager ce type d'installations. Au niveau européen, une transposition d'une directive cadre en droit français assure que le biogaz est une énergie renouvelable et valide ainsi le procédé comme intéressant en terme d'émission de gaz à effet de serre, notamment.
Mais la méthanisation fait débat sur de nombreux points : crainte d'un détournement des sols et des cultures pour nourrir les machines (comme certains agro-carburants), tensions sur le foncier, problème d'intégration dans le paysage, bruit des camions qui acheminent les déchets, odeurs lorsque le procédé biochimique est mal maîtrisé, pollutions liées au digestat…
Sur son site Internet, le ministère de la Transition écologique reconnaît les risques d'incendies, d'explosions, d'émissions gazeuses, de rejets de matières liquides ou semi-liquides dans l'environnement en cas de rupture d'un ouvrage, de rejets d'eaux pluviales contaminées…
Au-delà des aspects techniques et environnementaux, la méthanisation pose la question du modèle agricole désiré pour l'avenir. Présentée comme un complément de revenus, la méthanisation ne maintient-elle pas l'agriculture sous perfusion ? Le besoin vital des agriculteur·ices ne serait-il pas une juste rémunération de leur travail, soit la production alimentaire ? Dans certains cas, l'agriculture passe au second plan et l'exploitant·e se transforme en énergéticien·ne. Les logiques sont inversées : le méthaniseur n'est plus une solution aux déchets de la ferme ; la ferme est créée pour produire les déchets qui nourriront le méthaniseur.
De plus, pour supporter les investissements importants et s'assurer des volumes suffisants pour nourrir les méthaniseurs, les exploitant·es agricoles se regroupent. Ce qui contribue à l'agrandissement des exploitations. Et ce que regrette la Confédération paysanne qui plaide pour un retour à des tailles de fermes plus « humaines ».
Pour alerter l’Etat mais aussi pour lutter activement contre les projets de méthanisation, des habitant·e·s s'organisent, à l'image de l'Association être Bien dans le Cher (ABC) qui a lancé une pétition pour empêcher une unité d'être construite à Brécy. Les travaux n'ont pas encore démarré, une procédure judiciaire étant en cours.
En revanche dans ce département, ils ont débuté sur les communes de Menetou-Râtel et de Quantilly / Saint-Georges-sur-Moulon.
Des scientifiques s'intéressent aussi à la question, notamment le Collectif National Vigilance Méthanisation (CNVM). Son dernier article, paru ce vendredi 14 janvier 2022, s'intitule « Petite leçon d'arithmétique qui prouve que la méthanisation produit beaucoup plus de CO2 que le gaz naturel ». (1) Comme la Confédération paysanne, elleux aussi réclament un moratoire.
« Face au constat de ces nombreuses dérives, nous ne nous opposons pas en soi à la méthanisation, notamment quand elle vise l’amélioration de l’autonomie énergétique de la ferme et quand elle est réellement dans une logique de valorisation des déchets. Or, les constructions actuelles concernent des méthaniseurs de taille industrielle dont l’approvisionnement en cultures sera inévitable », écrivait le syndicat en interpellant l’Etat. Sera-t-il entendu en 2022 ?
Retrouvez les projets de méthaniseurs validés par l’Etat sur les sites des préfectures, comme par exemple dans le Cher : https://www.cher.gouv.fr/layout/set/print/Publications/LSE-Decisions-prises-au-titre-de-la-loi-sur-l-eau/Decisions-soumises-a-declaration
(1) https://www.cnvmch.fr/tribune-libre
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Les Soulèvements de la Terre
Article d'origine, 15 mai-15 juin : « Les Soulèvements de la Terre »
http://rebonds.net/46soulevementsdelaterre/684-lessoulevementsdelaterre_____________________________________________________
Retrouvez les nouvelles du mouvement à la rubrique (Re)visiter.
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Que deviennent Leslouise ?
Article d'origine, 15 juin-15 juillet : « Tou·te·s féministes ? »
http://rebonds.net/47toutesfeministes/697-toutesfeministes______________________________________________
Créée à Bourges le 25 novembre 2020 à l'occasion de la journée de lutte contre les violences faites aux femmes, l'association Leslouise a pour but de lutter contre le patriarcat, de fournir des moyens d'émancipation aux femmes et aux minorités de genre, de fédérer des personnes qui ont des idées et de les accompagner dans leur mise en œuvre : manifestations, expositions, débats, ateliers d'écriture, projections, sorties culturelles, espaces en non-mixité... Les événements sont ouverts à tou·tes, tout comme l'association (excepté le Conseil d'administration, exclusivement féminin).
Samedi 6, dimanche 7 et lundi 8 mars 2021, elle a organisé un week-end autour de la Journée internationale des droits des femmes avec des manifestations à Bourges, un espace d'échanges et de lectures féministes, une visite de la ville avec les noms des rues modifiés pour mettre à l'honneur des femmes… (1)
En juillet et en septembre, Leslouise ont initié leurs premiers cercles en non mixité. « Ça s'est très bien passé, nous étions très contentes », commente Marie Avril, une des forces vives de l'association.
Actuellement, suite au déménagement de deux de ses membres actives, Marie et Jérômine Journet, l'association est en suspens. Elle ne manque toutefois pas de soutenir ou relayer les initiatives locales, comme la création du nouveau centre LGBTQIA + lancé en septembre à Bourges.
Pour suivre les actualités de Leslouise : https://www.facebook.com/leslouiseBourges/
(1) Lisez l'article « Les femmes reprennent les rues », et découvrez la vidéo et la carte interactive de cette visite assurée par le collectif les Colleur·ses : http://rebonds.net/47toutesfeministes/695-lesfemmesreprennentlesrues
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Ouvaton poursuit sa route
Article d'origine, 15 juillet-15 août : « Ouvaton, un hébergeur alternatif »
http://rebonds.net/48alternumerismeouvaton/703-ouvatonunherbergeuralternatif_____________________________________
Ouvaton est une coopérative d'hébergement numérique qui a fêté ses vingt ans en 2021. Elle accueille tous les contenus (pourvu qu'ils respectent la loi), ce qui offre un espace aux publications contestataires sans crainte de censure. La protection des données personnelles est une autre des garanties offertes aux utilisateur·ices.
La particularité d'Ouvaton tient aussi à son statut puisqu'il s'agit d'une société coopérative de consommation à forme anonyme. Ce sont les coopérateur·ices (qui peuvent aussi être sociétaires en prenant des parts) qui la font vivre. Iels peuvent participer aux instances de décision, selon le principe une personne = une voix = un vote et ce, quel que soit leur rôle ou le nombre de parts sociales détenues. Un conseil de surveillance veille au bon fonctionnement de la société et à l'exécution des décisions prises durant l'assemblée générale. Il nomme également le directoire, qui gère la coopérative au quotidien.
Fondée par 139 personnes, Ouvaton compte aujourd'hui plus de 4.000 coopérateur·ices, dont 50 % sont des personnes physiques et 50 % des associations, entreprises, collectivités…
Des groupes « projets » les invitent à participer pleinement à l'activité de la coopérative. Par exemple, actuellement, l'équipe recherche des traducteur·ice·s pour compléter la traduction du site Internet en anglais, mais aussi dans d'autres langues.
Vous pouvez retrouver tous les projets en cours sur le site https://ouvaton.coop
et les actualités du mois de janvier sur https://ouvaton.coop/echos-de-la-coop-janvier-2022/
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Une nouvelle saison pour cultiver l'essentiel
Article d'origine, 15 août-15 septembre 2021 : « Des paniers pour se nourrir d'essentiel »
http://rebonds.net/49continuerasecultiverencore/715-despanierspoursenourrirdessentiel____________________________________________________
Iels ont d'abord exprimé leur colère et leur désarroi en occupant les théâtres et en manifestant dans la rue. Puis, les artistes empêché·es de travailler en temps de Covid ont repris la création. La création de nouvelles façons de produire et de concevoir des spectacles. C'est ainsi que sont nés les paniers culturels en Loire-Atlantique et qu'ils ont essaimé progressivement dans d'autres régions comme le Centre Val de Loire où l'opération a pris le nom de « Cultivons l'essentiel ».
Le principe ? Chaque panier est constitué de deux à quatre artistes, d'un·e technicien·e et d' un·e chargé·e de diffusion qui imaginent ensemble un spectacle inédit – une petite forme de vingt à trente minutes – rôdé en quelques répétitions et joué durant quelques représentations.
Pour faire face aux contraintes sanitaires et aller à la rencontre d'un public parfois éloigné des lieux culturels, les spectacles sont joué en extérieur ou dans des lieux tels que des centres de loisirs, des Etablissements d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (Ehpad), des foyers de jeunes travailleur·ses, sur des marchés, dans des jardins publics ou des cours de châteaux, chez l'habitant·e...
Dans le Centre Val de Loire, le financement (de près de 480.000 euros) est venu à 95 % des collectivités territoriales et de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). Un véritable bouleversement dans leur fonctionnement habituel : « Normalement, tu es financé lorsque tu réponds à un appel à projets avec un cahier des charges précis, rappelle Jean Frémiot, photographe et membre du comité de suivi des paniers culturels dans le Cher. Mais là, nous leur demandions d'accepter de nous soutenir sans savoir quels spectacles allaient être produits ! » 90 % de la somme allouée a servi à payer les salaires.
Au total, ce sont 98 artistes, 33 technicien·nes, 15 chargé·es de diffusion, trois administrateur·ices, 23 structures de production et cinq vidéastes-photographes qui en ont bénéficié. Pour quel impact ? Selon un sondage réalisé auprès des participant·es, 49 % des répondant·es ont pu renouveler leur intermittence, 17 % ont pu ouvrir leurs droits, 50 % ont tissé des liens artistiques aboutissant à des partenariats et 41,5 % jugent qu'iels ont acquis de nouvelles compétences.
Du côté des spectateur·ices, iels ont été 6.727 à se rendre aux 158 représentations données.
A l'heure du bilan en fin d'année 2021, le comité de pilotage régional ne souhaitait pas renouveler l'expérience. L'équipe de bénévoles qui avait porté l'opération pendant des mois se sentait fatiguée. « Mais nous avons rencontré les comités des autres régions et ils ne comprenaient pas pourquoi nous ne repartions pas parce que le bilan était très positif, raconte Jean Frémiot. Dans le Cher, comme nous avions rejoint l'opération les derniers, nous avions encore de l'énergie. Alors, nous nous sommes laissé·es convaincre ! » Ainsi, un petit noyau de sept personnes vont repartir à la pêche aux financements pour constituer bientôt les paniers culturels 2022 !
Pour en savoir plus sur « Cultivons l'essentiel », rendez-vous sur : https://www.cultivonslessentiel.com
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L'éducation malgré tout en Afghanistan
Article d'origine, 15 septembre-15 octobre 2021 : « La longue amitié entre Français·es et Afghan·es »
http://rebonds.net/50aupaysdhussain/722-lalongueamitieentrefrancaisesetafghanes____________________________________________________
L'AFRANE est une association d'amitié franco-afghane née en 1980 après le début de l'intervention soviétique en Afghanistan. Son but est de recueillir des informations fiables sur ce qui se passe dans le pays et d'apporter son aide sur place, principalement dans le domaine de l'éducation. Ainsi, elle organise des formations pour les enseignants, du niveau CP à la Terminale, à Kaboul, Djalalabad et Tcharikar mais aussi en campagne, dans la province de Bâmiyân par exemple.
En août 2021, suite au retour des Talibans au pouvoir, les activités de l'AFRANE ont été perturbées. En septembre, Etienne Gille, le vice-président de l'association expliquait : « Nous allons essayer de trouver des interstices, pour travailler sans porter atteinte à nos valeurs. Les Afghans vont avoir besoin de matériel et de soutien, de savoir qu'on ne les oublie pas aussi. » L'association avait alors lancé un appel à dons.
Qu'en est-il, six mois plus tard ? « Nous avons distribué 20.000 euros à 1.000 enseignants et personnels des écoles dans le district de Warras, situé dans la province de Bâmiyân, répond Etienne Gille. Ça peut paraître peu en France, mais en Afghanistan, le niveau de vie est très faible : 20 euros ici, c'est 200 euros là-bas. Les enseignants n'avaient pas été payés depuis longtemps, alors ils ont été très reconnaissants. »
Les bureaux de l'association sont restés ouverts à Kaboul et dans le district de Warras. « Mais nous n'avons pas encore trouvé le moyen de renouer durablement le contact à Djelalabad », précise Etienne Gille.
L'AFRANE dispense toujours des formations. Dans les provinces « froides », où les bâtiments des écoles ne sont pas chauffés, c'est l'heure des grandes vacances. « Nous en profitons pour proposer aux enseignants des cours de mathématiques, de langue maternelle, de sciences, d'informatique... » L'un des projets importants de l'association est la création de cours à distance via Internet, grâce à des vidéos notamment.
L'éducation est un point sensible chez les Talibans. L'association est-elle empêchée de mener ses formations ? « Les Talibans ne sont pas contre l'éducation mais ils sont tentés de lui donner un contenu idéologique, nuance Etienne Gille. La question, c'est comment les professeurs peuvent dispenser un enseignement pluraliste et critique ? Pour le moment, nous n'avons pas subi de mesures restrictives. »
Quid de l'école pour les petites filles ? « Elles y ont accès jusqu'à la 6e. Le problème se pose surtout à l'adolescence : ce sont des femmes qui doivent enseigner, les bâtiments ne peuvent pas être mixtes, les élèves ne doivent croiser aucun garçon… Sinon, les Talibans disent que les conditions ne sont pas réunies pour que les filles aillent à l'école. Mais reste le problème du contenu. Avoir accès à l'école, d'accord, mais pour apprendre quoi ? Je trouve un peu légères les déclarations de la communauté internationale qui parle d'accès à tout prix à l'école pour les femmes. Oui, bien sûr, mais pour quel contenu du point de vue idéologique ? »
Ici, en France, l'AFRANE se met à la disposition des organismes qui accueillent les migrant·es et réfugié·es, afin de leur permettre de mieux appréhender les spécificités de la culture afghane.
L'association collecte toujours des dons, notamment pour financer son programme de cours à distance, mais aussi pour un programme d'aide alimentaire.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l'AFRANE : https://afrane.org
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« 22 ! Vl'à les bassines ! »
Articles d'origine, 15 octobre-15 novembre : « Les retenues d'eau pour l'irrigation, sources de débats »
http://rebonds.net/51leausourcededebats/730-lesretenuesdeaupourlirrigationsourcededebats
15 novembre-15 décembre : « Retenues d'eau pour l'irrigation : le débat reste tendu »
http://rebonds.net/52leausourcededebats2/737-retenuesdeaupourlirrigationledebatrestetendu____________________________________________________
Présentées comme une véritable solution aux sécheresses que subit régulièrement l'agriculture, les retenues d'eau suscitent de plus en plus la controverse. Pourquoi ? Parce que certains de ces ouvrages sont alimentés en pompant directement dans les nappes phréatiques. Sur de nombreux bassins versants pourtant, celles-ci peinent déjà à se recharger suffisamment pour être considérée dans un « bon état écologique ».
Les partisan·e·s de ces retenues – chambres d'agriculture, FNSEA et agriculteur·ice·s irrigant·e·s en tête – l'assurent : les pompages, qui ont lieu l'hiver, n'ont pas d'impact sur la ressource en eau puisqu'ils se substituent à ceux de l'été.
Les détracteur·ice·s – associations de défense de l'environnement, paysan·ne·s notamment de la Conf', habitant·e·s des régions concernées – craignent l'accaparement par une minorité de ce bien commun vital qu'est l'eau. Iels dénoncent un partage inéquitable entre les usages et entre paysan·ne·s, le risque sur les milieux naturels, mais aussi le gaspillage de l'eau (à cause de l'évaporation), des terres et de l'argent public (ces ouvrages étant souvent financés via des subventions).
Dans le Poitou, particulièrement touché par les projets de « bassines » (des retenues de 10 hectares en moyenne), le collectif Bassines Non Merci 79 (BNM 79) se mobilise depuis de nombreuses années pour empêcher les chantiers. Il entend aussi contribuer aux réflexions pour transformer l'agriculture durablement, par exemple en privilégiant certaines cultures moins gourmandes en eau, et plus intéressantes que le maïs pour nourrir les populations locales.
En septembre et en novembre 2021, BNM 79 a organisé deux grands rassemblements nationaux soutenus par le mouvement des Soulèvements de la Terre.
La première fois, il s'agissait d'empêcher le début des travaux sur une bassine (la SEV 17) à Mauzé-le-Mignon. Malgré les centaines de manifestant·e·s, le chantier a pu se tenir. Le 27 décembre 2021, les militant·e·s apprenaient « avec consternation » que la société anonyme de l'eau 79 venait de démarrer le remplissage, grâce à trois forages de pompage et à raison de 160 m³ par heure pendant 63 jours… Et ce, « avec la complicité de l'Etat ». En effet, le remplissage se fait à condition d'un certain niveau de rechargement de la nappe phréatique. Mais les membres de BNM 79 considèrent que les cotes de remplissage sont biaisées et qu'elles mettent en danger la ressource. Iels dénoncent aussi l'absence de données publiques sur certains points d'eau.
« Si cette nouvelle étape est vécue comme une défaite ponctuelle et une énième démonstration de passage en force, BNM et toutes les organisations qui le composent et le soutiennent sont plus déterminées que jamais à stopper le CANCER BASSINE avant qu’il ne se propage à toutes les rivières de France et d’ailleurs », écrivent-iels dans un communiqué de presse.
Déjà, en novembre, iels étaient parvenu·e·s à rassembler environ 3.000 personnes pour une seconde manifestation d'envergure nationale. La retenue de Cram-Chaban avait alors été démantelée.
Désormais, iels appellent à un nouveau rassemblement du 25 au 27 mars pour un « Printemps Maraichin » : trois jours d’échanges, de rencontres, de concerts et de « manif’actions massives » dans le Marais Poitevin.
Iels préviennent : « Sûr, que si la bassine SEV17 n’avait pas été démantelée d’ici là et venait à être remplie dans ces conditions, nous, Citoyens Résistants pour la Sauvegarde de l’Eau, des Rivières et des Marais, l’inaugurerons « à notre façon »... »
Dans le département du Cher, le collectif Urgence-Uni·es pour le climat (16 associations), la Coopération Intégrale du Haut-Berry (CIHB), l'Union Communiste Libertaire (UCL), la Confédération paysanne et Europe Ecologie-Les Verts se sont unis pour former Bassines Non Merci Berry. Iels dénoncent deux projets qui pourraient voir prochainement le jour à Lazenay. Iels ont manifesté à Bourges et ont soutenu les mobilisations nationales. Trois de leurs représentants ont été reçus par le préfet ce 13 janvier 2022.
Iels organisent actuellement une tournée d'information à destination du grand public baptisée « 22 ! Vl'à les bassines ». Ce samedi 22 janvier, iels seront sur le marché de Bourges pour une déambulation festive ; le soir, au café militant associatif l'Antidote, iels proposeront une discussion animée autour de la question de la ressource en eau. Rendez-vous ensuite tous les 22 du mois tout au long de l'année 2022...
Fanny Lancelin