« Faisons fleurir les banderoles à nos fenêtres et tous les soirs à 20 heures, crions notre rage ! » C'est l'appel lancé le 19 mars via le site rebellyon.info, relayé depuis dans toute la France. Pour le 1er mai, mais aussi le 7 (date anniversaire de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir), les initiatives pour manifester malgré le confinement se multiplient.
Cortège de fenêtres tous les soirs.
« Pas de trève pour la lutte : tou.te.s à nos fenêtres pour dire au gouvernement qu’on est toujours là. » Depuis le début du confinement, des collectifs, associations militantes, mais aussi des personnes non politisées inventent des slogans qu'il·les peignent sur des draps ou simples cartons accrochés à leurs fenêtres. L'objectif est le même qu'une manifestation dans la rue : exprimer sa colère, dénoncer la politique du gouvernement et des représentant·e·s du capital, revendiquer plus de justice sociale…
Pour augmenter la portée de ces actions, des photographies sont prises et diffusées sur des sites comme ceux de la Mutu (1) ou via les réseaux sociaux. On peut ainsi y lire des messages en faveur des prisonnièr·e·s, des sans papiers, des femmes violentées, des travailleur·se·s précaires, mais aussi des messages qui dénoncent la casse du service public – hôpital en tête – et les cadeaux faits par le gouvernement aux grandes entreprises.
Le mardi 31 mars, des projections sont même apparues sur certains murs de la capitale, à l'appel notamment des collectifs « Projections Covid-19 », « Art en Grève », « Paris-banlieues » et « Cortège de fenêtres ». (2)
Ces initiatives dérangent le pouvoir central ou les pouvoirs locaux. Ainsi, à Toulouse, une jeune femme a été placée quatre heures en garde à vue pour une banderole installée devant son domicile sur laquelle était inscrite la question : « Macronavirus, à quand la fin ? » (3) D'autres cas ont été recensés par Médiapart, à Paris, Marseille ou Caen (4).
Pour autant, à la ville comme à la campagne, les banderoles continuent de fleurir. L'une d'elles appelle à la grève générale le 11 mai, jour annoncé du déconfinement… (5)
1er mai partout
Pas question pour les militant·e·s de laisser passer le 1er mai silencieusement.
Par exemple, la fédération SUD CT (Collectivités Territoriales) avait invité l'ensemble des agent·e·s à sortir pour marcher, pédaler, trottiner comme il est autorisé, mais en passant devant les mairies, conseils départementaux et régionaux, « tous ces lieux de pouvoir » (6), en y laissant quelques affichettes et visuels reprenant leurs revendications. Les lieux pour faire les achats de première nécessité étaient aussi visés.
Le Comité de solidarité avec grèves et résistance incitait aussi à sortir dans la rue ce 1er mai « avec nos masques et toutes les précautions sanitaires nécessaires » (7). Il s'agissait notamment de défendre les travailleur·se·s en première ligne durant le confinement, mais aussi forcé·e·s de reprendre le travail pour relancer l'économie à partir du 11 mai. La défense du droit de retrait, le chômage technique payé à 100 % ou encore la grève des loyers étaient quelques-unes des revendications affichées.
Mais comment manifester dans la rue en respectant notamment les gestes barrières et la distanciation sociale ? En Israël, 2.000 personnes se tenant à deux mètres les unes des autres y sont parvenues le 19 avril, sur la place Yitzhak Rabin de Tel-Aviv, contre la politique du Premier ministre encore officiellement en poste, Benyamin Netanyahou. En Allemagne, le 24 avril, les jeunes écologistes du mouvement « Friday for futur » ont manifesté sans violer les restrictions, simplement en confiant la tâche à quelques activistes de poser des centaines de pancartes avec des slogans sur la pelouse du Parlement. (8)
Hormis celle de SUD, les directions des syndicats français comme la CGT et FO n'avaient pas appelé pas à descendre dans la rue, mais à être actif·ve·s virtuellement, sur les réseaux sociaux.
A Paris, Montreuil, Orléans, Rouen, Marseille ou encore Toulouse, des petits groupes de dizaines de manifestant·e·s se sont rassemblé·e·s. Ils ont généralement été dispersés par la police ; des interpellations, parfois musclées, ont également eu lieu notamment dans la capitale. Retrouvez quelques-uns des comptes rendus de ces rassemblements sur https://paris-luttes.info/+-1er-mai-+
Dernière mise à jour de l'article : samedi 2 mai 2020
Photo : Collectif du 25 novembre.
(1) La Mutu est un réseau d'une quinzaine de sites d'informations alternatives locaux. https://reseaumutu.info/Presentation-du-reseau-Mutu-001
(2) https://reporterre.net/Partout-en-France-les-manifs-de-confinement-prennent-de-l-ampleur
(3) https://www.liberation.fr/direct/element/a-toulouse-une-femme-en-garde-a-vue-pour-une-banderole-macronavirus_112722/
(4) https://www.mediapart.fr/journal/france/160420/pour-des-banderoles-au-balcon-la-police-domicile
(5) https://dijoncter.info/en-image-banderoles-de-confinement-1916
(6) https://paris-luttes.info/un-premier-mai-plus-que-jamais-13886
(7) https://paris-luttes.info/sortons-dans-la-rue-le-1er-mai-13879
(8) https://www.huffingtonpost.fr/entry/ecologie-greta-thunberg-friday-for-futur-confinement-monde-dapres_fr_5ea3188fc5b6f9639814470f