Produit par Michael Moore (1), le documentaire de Jeff Gibbs, « Planet of the humans », a fait polémique lors de sa sortie sur les écrans en 2019. Pourquoi ? Parce qu'il remet en question le développement des énergies dites « renouvelables ».
Désormais visible gratuitement sur Internet (en version originale sous-titrée en français) (2), ce film révèle en fait, de manière tout à fait passionnante, comment le capitalisme a su transformer en nouveaux marchés tous les espoirs des écologistes.
La raison est simple : la plupart des écologistes, qu'il·le·s soient américain·e·s ou d'un autre coin de la planète, militent pour une économie verte. C'est impossible. L'économie ne peut être vertueuse : elle sera toujours le résultat de l'exploitation d'une ressource au profit d'une minorité d'êtres humains.
Jeff Gibbs est un défenseur de la cause environnementale et a organisé sa vie de manière à limiter le plus possible son impact sur la planète. Pourtant, il explique qu'il a toujours senti que « quelque chose clochait » dans les énergies présentées comme « vertes » : éolien, solaire, biomasse…
Il a donc décidé d'enquêter. Durant deux ans. Et ce qu'il a découvert l'a – sinon étonné – profondémment navré. Les industriels qui ne juraient que par le charbon et le pétrole sont les mêmes qui investissent aujourd'hui massivement dans les énergies « renouvelables ». Et pour tirer un maximum de profit de ces nouveaux produits, ils ne sont pas à une aberration voire un écocide près. Des yuccas vieux de 500 ans rasés pour construire une centrale de panneaux photovoltaïques ; ces mêmes panneaux n'étant pas fabriqués à base de sable, comme on le dit souvent, mais de silice dont l'extraction nécessite du charbon, énergie fossile s'il en est ; la déforestation massive pour alimenter la fabrication de granulés ; des socles en béton extrêmement polluants pour soutenir les éoliennes de taille industrielle...
Jeff Gibbs dénonce la complaisance des associations écologistes, voire la participation de certaines d'entre elles, à ce système corrompu. A l'image de l'ancien vice-président Al Gore, porte-parole de la lutte contre le réchauffement climatique, qui s'est associé à des investisseurs peu scrupuleux, et a même vendu sa chaîne de télévision au Qatar, émirat gazier et pétrolier. Ou Bill McKibben, star écologiste américaine, qui feint de ne pas comprendre les questions du réalisateur sur la biomasse, alors qu'il anime publiquement des conférences sur le sujet…
Il a été reproché à Jeff Gibbs de réaliser un documentaire uniquement à charge, sans présenter les alternatives locales et auto-gérées qui existent pourtant un peu partout sur la planète. C'est vrai. Pour autant, le but du réalisateur n'est pas de peindre tout en noir. Son objectif est sans nul doute de réveiller les consciences, y compris des écologistes, pour qu'ils n'oublient pas que leur lutte, pour être victorieuse, ne peut être nécessairement qu'anti-capitaliste.
(1) Michael Moore : https://fr.wikipedia.org/wiki/Michael_Moore
(2) https://www.youtube.com/watch?v=Zk11vI-7czE