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« L'œil des zapatistes »

Il existe beaucoup de productions sur le zapatisme. En quoi ce documentaire est-il singulier ? Il a été tourné par les zapatistes eux·les-mêmes, c'est-à-dire par des paysan·nes du Chiapas. Leur but n'était pas d'écrire leur légende mais, au contraire, de se concentrer sur la réalité de leur lutte.

Sorti en 2006 en autoproduction, « L'œil des zapatistes » comprend cinq courts-métrages : « La Terre sacrée » (2000), « La lutte pour l'eau » (2003), « Viva la vida » (2003), « La terre est à ceux qui la travaillent » (2004) et « Un long train qui s'appelle l'Autre Campagne » (2006).
En fil conducteur : une quête permanente d'autonomie. Pas question pour les indigènes du Chiapas, d'attendre quoi que ce soit d'un gouvernement qui ne tient jamais ses promesses.

Dans « La Terre sacrée », les zapatistes reviennent sur l’exploitation des terres et de ses habitant·es par les grands propriétaires du Chiapas. Il·les racontent aussi la résistance des peuples mayas à l'oppression et leur combat pour récupérer leurs droits.

Dans « La lutte pour l'eau », il est question de l'accès à l'eau potable, refusé à nombre de communautés indigènes du Chiapas. C'est pourquoi, les zapatistes ont trouvé des solutions communautaires et ont construit leurs propres systèmes d’eau potable. Le film aborde aussi, plus généralement, le refus des « mégaprojets » de développement comme celui du Plan Puebla Panama : destiné à développer le sud du Mexique et l'Amérique centrale à partir de 2001, ce plan prévoyait d'exproprier (encore) une partie des indigènes de leurs terres.

« Viva la vida » revient sur la prise militaire de San Cristóbal de Las Casas en 1994 et, neuf ans plus tard, sur la reprise de la ville pacifiquement pour y célébrer la nouvelle année et affirmer la lutte zapatiste dans une ambiance festive. Ils étaient 40.000 indigènes à participer, démentant ainsi le président Vicente Fox qui ne cessait d'annoncer que la guerre au Chiapas était terminée…

« La terre est à ceux qui la travaillent » traite de la situation dans le village de Bolon Aja’aw, à travers une rencontre entre les autorités zapatistes et les fonctionnaires du gouvernement fédéral mexicain. Le problème ? Le gouvernement fédéral a vendu la terre à des compagnies privées pour y construire des centres d’écotourisme…

Enfin, « Un long train qui s'appelle l'Autre Campagne » relate l'histoire de la caravane qui a traversé les États du Mexique en 2006. Le « Délégué Zéro », le commandant zapatiste Marcos, parcourt le Mexique à la rencontre de ceux et celles qui luttent « en bas à gauche ».

Le documentaire « L'œil des zapatistes » a été réalisé grâce au soutien de l'association Promedios, qui accompagne les communautés dans des projets d'autonomie en matière de communication, notamment audiovisuelle. C'est cette association qui a distribué le film en France.

Pour le consulter, rendez-vous sur http://www.autourdu1ermai.fr/bdf_fiche-film-619.html et http://promediosfrance.free.fr/index.php