« Nous ne pouvons plus considérer l'eau comme acquise. » C'est le message que la journaliste Kelly McEvers aimerait faire passer. Pour cela, elle a travaillé avec des scientifiques et propose, avec les réalisateurs Nicolas Brown et Alex Tate, un « tour d'horizon de ce qui est sûrement l'élément le plus précieux de notre planète ». Disponible sur Arte, cette série documentaire se regarde mais s'écoute aussi à la manière d'un podcast. Les images et les sons sont splendides, les histoires passionnantes.
Trois épisodes d'environ 52 minutes composent la série.
Intitulée « Pulsations », la première partie remonte aux origines de l'apparition de l'eau sur Terre, et montre ses manifestations les plus surprenantes et méconnues, comme les rivières dans le ciel en Amazonie. Elle évoque aussi les dangers qui menacent la ressource, comme l'assèchement des nappes et les sécheresses. L'espoir vient ici de la « reviviscence des plantes » : une capacité qu'ont certaines espèces végétales à se passer d'eau avant de se régénérer. Grâce à une séquence en « time-lapse » (une scène est filmée en plan fixe pendant des heures, voire des jours, puis passée en vitesse accélérée), le public voit refleurir un désert aride !
La deuxième partie, « Civilisations », s'intéresse à la manière dont l'eau a façonné les sociétés. Certains chercheurs relient notre bipédie aux besoins des êtres humains de marcher dans les rivières et de pêcher. A l'image des Egyptiens et des Chinois, la plupart des sociétés se sont installées là où se trouvaient des fleuves. Aujourd'hui encore, toutes dépendent de l'eau douce qui ne représente pourtant que 1 % de la ressource sur Terre. Alors, pour la retenir, les êtres humains ont construit des ouvrages pharaoniques, comme les immenses barrages et retenues en Chine. En Arizona, c'est le pompage dans les nappes qui est source d'inquiétudes, notamment parce qu'il est exploité par des conglomérats d'Arabie Saoudite, comme le pétrole.
« Urgences », la troisième et dernière partie, insiste justement sur les aspects géopolitiques de la question de l'eau. Avec le changement climatique, les inondations et les sécheresses, de nouveaux enjeux apparaissent et l'eau devient de plus en plus précieuse, de plus en plus source de conflits aussi. « Sans ce précieux liquide, difficile de se nourrir et les populations s'affolent, souligne Kelly McEvers. L'évolution des ressources en eau de la planète est en train de façonner un nouvel ordre mondial. Donc j'ai un nouvel adage : si vous voulez comprendre pourquoi notre monde est en mutation, partez sur les traces de l'eau ! » Elle poursuit : « Et d'ailleurs, ça ressemble à quoi une crise de l'eau ? A une guerre ? A une famine ? Est-ce que c'est là, et que personne ne la voit ? » Pour y répondre, elle nous emmène à Gaza, puis en Afrique du Sud et enfin en Syrie.
Loin du ton catastrophiste que prennent certains documentaires, cette série montre les forces et les faiblesses de la gestion de l'eau à un niveau mondial, sans masquer les immenses défis que l'être humain devra relever pour assurer à tou·tes un accès équitable à « l'or bleu ».
Elle est visible gratuitement en replay sur Arte jusqu'au 31 octobre, puis sera disponible en VOD et DVD : https://www.arte.tv/fr/videos/095157-001-A/h2o-l-eau-la-vie-et-nous