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La sonothèque du Muséum national d'Histoire naturelle

Documenter les sons du vivant, afin de mieux connaître et protéger la biodiversité : c'est le but des bio-acousticien·ne·s dont le plus célèbre est sans doute l'Américain Bernie Krause. En France, des chercheur·se·s comme des audio-naturalistes enrichissent la sonothèque du Muséum national d'Histoire naturelle à Paris : un témoignage précieux de l'évolution des espèces, de leurs habitats et par conséquent, des dangers qui les guettent.

« Les sciences de l'environnement ont traditionnellement essayé de comprendre le monde en l'observant, mais une compréhension bien plus profonde peut être acquise en l'écoutant », assure Bernie Krause, qui enregistre les sons de nos environnements naturels depuis plus de cinquante ans (1). C'est ainsi qu'il capte la « biophonie » (concept qu'il a lui-même développé), l'espace composé de tous les sons générés par les organismes d'un habitat à un moment et un lieu donnés.
Lors d'une conférence (1), il raconte l'histoire d'une entreprise d'exploitation forestière ayant convaincu les habitant·e·s d'une forêt américaine qu'une coupe disséminée des arbres serait plus profitable à la biodiversité qu'une coupe groupée. Visuellement, impossible pour l'œil humain de voir une quelconque altération de l'habitat naturel des oiseaux. Mais grâce à l'enregistrement de la biophonie avant et après l'opération de coupes, Bernie Krause a pu prouver la disparition de nombreuses espèces. « La capture visuelle crée implicitement un cadre autour d'une perspective frontale limitée, dans un contexte spatial limité, alors qu'un environnement sonore élargit ce cadre jusqu'à ce qu'il couvre 360 degrés, en nous enveloppant complètement », souligne-t-il.
En France, c'est dans cet esprit qu'une quarantaine de contributeur·ice·s participent à la sonothèque du Muséum national d'Histoire naturelle : il·le·s sont étudiant·e·s, chercheur·se·s en éco-acoustique, audio-naturalistes, ornithologues ou encore éthologues. Tou·te·s sont passionné·e·s par les modes de communication des animaux. Pour mieux les connaître, il·le·s les écoutent, les enregistrent et offrent le fruit de leurs travaux au Muséum.
Accessible à tou·te·s gratuitement, la sonothèque a un double objectif : offrir au public « un ensemble documenté de sons naturels permettant l'identification et le suivi des animaux chanteurs, qu'il s'agisse d'oiseaux, de grenouilles, de mammifères, de poissons ou d'insectes » ; et « construire une base d'étude de la biodiversité riche et très utile dans de nombreux domaines » comme leurs relations de parenté, les interactions au sein d'une même espèce ou entre elles...

La sonothèque est en ligne sur le site https://sonotheque.mnhn.fr

Chaque jour, y est posté un son émis par un animal, comme ce lundi 8 novembre, l'Elénie à ventre jaune. Grâce à un moteur de recherches, il est possible d'écouter les sons d'espèces que l'on connaît déjà. Par exemple, celles qui nichent dans le marais poitevin comme l'Ibis falcinelle ou le Tadorne de Belon…

A signaler également : il est possible d'écouter les paysages sonores de Bernie Krause issus du Grand Orchestre des Animaux sur https://www.legrandorchestredesanimaux.com/

(1) https://documentationbtsgpnesa.home.blog/audio-ressources/ecologie-sonore-bioacoustique-biophonie/