A qui appartient l'eau ? Des industriels tels que Danone, Nestlé et Coca Cola se l'accaparent et la marchandisent. Conséquences : les nappes phréatiques et les niveaux des rivières diminuent de manière inquiétante. En réaction, les habitant·e·s de Volvic, Vittel et Lunebourg se battent pour préserver la ressource en eau potable. C'est ce que montre ce documentaire réalisé en 2021.
Toujours visible en « replay » sur le site de la chaîne Arte, le film de Jörg Daniel Hissen s'intéresse aux grandes entreprises qui pompent dans les nappes phréatiques, afin de commercialiser l'eau dans des bouteilles en plastique : le groupe Danone à Volvic, le groupe Nestlé à Vittel et le groupe Coca Cola à Lunebourg en Allemagne.
Points communs à Volvic et Vittel : depuis quelques années, les niveaux des nappes phréatiques baissent tandis que les entreprises sont autorisées à prélever toujours plus. Dans les deux villes, des collectifs citoyens s'insurgent et s'organisent pour assigner les entreprises en justice, notamment dans le cas de conflits d'intérêts. En Allemagne, les exemples français sont observés de près, surtout lorsque Coca Cola annonce la création d'un troisième forage alors que les réserves semblent insuffisantes.
Garde-pêche, élu·e·s, avocate, agriculteur·ice·s, universitaire, géologue et militants témoignent de l'assèchement des cours d'eau, mais aussi des difficultés à obtenir des données fiables sur les prélèvements, du silence de l’Etat, des pressions exercées sur les habitant·e·s à travers l'emploi, du lobby dans les écoles dès le primaire, du « green washing » exercé par ces grandes multinationales qui investissent des millions dans des campagnes publicitaires destinées à « verdir » leur image.
Et comme si une catastrophe écologique ne suffisait pas, le documentaire révèle également l'existence de décharges de bouteilles à ciel ouvert, dont Nestlé aurait « oublié » de s'occuper durant sept ans, transformant le sol en amas de plastique, polluant définitivement la terre et l'eau…
La solution viendra-t-elle d'un « changement de paradigme politique » comme l'espère Mathilde Panot, présidente de la commission d'enquête que le groupe parlementaire La France Insoumise a exigée et obtenue ? La députée du Val-de-Marne se dit inquiète « de voir le privé faire main basse sur l'eau et donc, faire main basse sur une ressource vitale ». Elle espère pouvoir changer la loi pour faire respecter le droit à l'eau pour tou·te·s. Comme elle, des élu·e·s appellent à recentraliser la gestion de la ressource pour qu'elle redevienne réellement un bien commun.
Pour voir le documentaire, rendez-vous sur le site d'Arte : https://www.arte.tv/fr/videos/099777-000-A/a-sec-la-grande-soif-des-multinationales/