C’est un premier film, réalisé par des personnes dont ce n’est pas le métier mais qui maîtrisent parfaitement le sujet, et sont dotées de convictions profondes et d’une forte sensibilité. Résultat ? Un documentaire passionnant qui mêle histoire collective et récits de vie avec brio.
Catherine Fumé et François Guerroué, du Comité Centrales, sont des militant·es anti-nucléaires. Ensemble, iels ont notamment lutté contre le projet de piscine de refroidissement de déchets radioactifs, qui était pressentie sur le site de la centrale de Belleville-sur-Loire, dans le Cher.
Au fil des rencontres, des manifestations, des réunions auxquelles iels ont participé, une idée est née : il est temps de rappeler les combats que les Français·e·s ont toujours menés contre l’industrie nucléaire et notamment contre les centres d’enfouissement des déchets. Alors que la procédure de Déclaration d’Utilité Publique (DUP) pour le projet Cigéo était en cours (1), il était crucial de remettre en lumière les victoires remportées sur l’ANDRA (l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs) depuis les années 1980.
Le fil conducteur du documentaire est d’ailleurs un film de promotion de cette agence, que les réalisateur·ice·s confrontent à des images d’archives et des témoignages actuels, notamment d’experts (comme Jean-Claude Zerbi, ancien ingénieur au CEA, Centre de l’Energie Atomique) et d’habitant·e·s des zones concernées.
De Saint-Priest-la-Prune dans la Loire jusqu’à Bure dans la Meuse, en passant par la Bretagne, la Mayenne, le Maine-et-Loire, les Deux-Sèvres, la Vienne, le Gard, la Haute-Marne… De nombreuses communes ont été touchées, de près ou de loin, par des projets de l’ANDRA. A chaque fois, ils ont été rejetés par les populations. « Le film retrace cette histoire de manière chronologique, explique Catherine Fumé. En terme d’éducation populaire, il est important de pouvoir refaire tout ce chemin. On ne peut pas relancer le nucléaire sans en faire d’abord le bilan. Et la vérité, c’est qu’on n’a toujours pas trouvé de solution satisfaisante aux déchets et pourtant, on continue ! »
« Il y a eu de vrais soulèvements, souligne François Guerroué. Et, à chaque fois, une collaboration entre monde paysan et écologistes. » Les images d’archives attestent de mobilisations très fortes : des villages aux routes bloquées par leurs propres habitant·e·s pour éviter l’arrivée des ingénieurs ou des CRS ; des manifestations de grande ampleur (jusqu’à 25.000 personnes dans les rues d’Angers) ; des actes de désobéissance civile ; des sabotages… Les actions sont souvent le fait de citoyen·ne·s qui ne sont pas, à l’origine, des activistes. Mais parce que le nucléaire attente à la terre, à leurs terres qui les ont vu·e·s naître et qui les nourrissent, iels s’organisent pour les défendre coûte que coûte.
« Notre terre mourra proprement » a été présenté sur les lieux de tournage en avril et a reçu « un accueil enthousiasmant ». Il sortira officiellement en novembre et sera disponible sur YouTube. Des projections-débats seront organisées partout en France avec une version plus réduite de 45 minutes, afin de permettre des discussions avec la salle.
La bande annonce est visible ici : https://www.youtube.com/watch?v=okup6GUKoI0