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« Le voyage de Hafiz El Sudani », Dessins sans papiers

« Dessiner est un geste fort qui crée des images que tout le monde peut comprendre. » C'est ainsi que le collectif Dessins sans papiers permet à des migrants, notamment non francophones, de s'exprimer et de partager leurs histoires. Soudanais, Hafiz Adem a relevé le défi. Son témoignage, publié dans un livre, est à la fois riche en informations et en émotions.

A première vue, on pourrait croire que c'est un enfant qui s'est saisi des feutres : les dessins semblent naïfs. « Mais rapidement, on voit que les profils des personnages ne sont pas communs, que les perspectives ne sont pas enfantines mais issues d'autres règles, d'ailleurs, écrit Hervé Di Rosa, fondateur et président du Musée international des arts modestes de Sète qui postface l'ouvrage. Personnages et décors sont synthétisés pour nous raconter une histoire. Ce n'est plus de la naïverté mais de l'efficacité, comme autant de signes compréhensibles par tous, contrairement aux langues. »

Afiz Adem a tracé son histoire à l'occasion d'ateliers organisés par le collectif Dessins sans papiers. Les bénévoles apportent des feutres et des papiers dans les camps et les centres d'hébergement à Paris. Ils sont journalistes, urbanistes, dessinateurs, professeurs, réalisateurs, photographes, musiciens, artistes, activistes ou tout simplement « soutiens ». Ils rencontrent des hommes et des femmes de toutes conditions, arrivés du Soudan, du Tchad, du Mali, de Guinée Conakry, d’Érythrée, d’Éthiopie, du Tibet, d’Egypte, d'Iran, d’Irak, de Syrie, du Pakistan ou d’Afghanistan.
Hafiz leur a fait confiance. Il a 28 ans. Ses premiers dessins décrivent sa vie dans son pays, le Soudan. Un pays où règnent la dictature et la guerre. Arrêté, torturé, emprisonné, condamné à mort, il parvient à s'enfuir. S'ensuivent une traversée du désert, deux ans en Libye, l'enfer sur la Méditerranée, l'arrivée en Italie, la France, la rue… Au fil des pages, les immeubles succèdent aux maisons traditionnelles, les visages blancs aux noirs, les parcs et la Tour Eiffel aux bombes et à la prison…
Grâce à des interprètes et des traducteurs, Afiz a pu commenter ses dessins. Les textes leur font face, courts, efficaces eux aussi, passionnants.
Cet ouvrage est le second du collectif, qui avait déjà publié un recueil de 200 dessins grâce à une souscription.

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