Présenté en avant-première à Melle le 26 mars et un peu partout en France depuis, ce documentaire sortira officiellement dans les salles le 31 mai. Il parle du mouvement contre les méga-bassines mais il raconte aussi l’histoire du Marais poitevin en lui-même, et de celles et ceux qui l’habitent. En quoi a-t-il pu constituer un terreau fertile à la lutte ?
Fabien Mazzoco, le réalisateur, explique : « [Le film] suit la résistance de citoyens et citoyennes qui s’opposent depuis des années, voire des décennies, aux décideurs et aux groupes de pression qui n’ont comme seule proposition aux défis climatiques la perpétuation de la politique du pire. À travers leur mobilisation, ce sont certaines des questions les plus cruciales de notre époque qui se dessinent.
Alors que s’accélère la crise climatique, comment mieux protéger nos territoires et notamment les ressources en eau, bien commun précieux et liant social par excellence ? Comment penser une agriculture durable et au service du plus grand nombre ? Par qui les décisions qui influencent humains et non-humains pour des siècles doivent-elles être prises ? Et au bénéfice de qui ? Ces questions, le film les pose directement à ceux et celles qui inventent les réponses dans le bassin versant de la Sèvre niortaise et du Marais poitevin. Mais ce documentaire est d’abord un film sur le marais lui-même, sur celles et ceux qui l’habitent et en sont les gardien.ne.s. Il montre en quoi ce lieu a constitué le terreau fertile pour qu’émerge une lutte comme celle que nous connaissons aujourd’hui (…).
Le film cherche donc à documenter des situations précises dans le marais à travers le regard et la sensibilité des personnages filmés. Ici Bernard désabusé dans son ruisseau asséché ; là Julien enchanté de naviguer sur la crue, l’essence même du marais ; là encore Thony qui compte les centimètres d’eau restants dans le fossé dans lequel ses vaches viennent s’abreuver.
En 2008, je coréalisais le film « Pour quelques grains d’or... » qui posait le problème de la politique agricole du « tout maïs » en Poitou-Charentes. Les premières bassines « expérimentales » sortaient de terre. Le principe était séduisant : créer d’immenses réserves d’eau en pompant l’hiver dans les nappes phréatiques afin de réduire les prélèvements l’été. Quelques voix s’élevaient déjà pour dénoncer ce miroir aux alouettes. Mais trop peu pour être entendues. Quinze ans plus tard, une quarantaine de bassines sont en place autour du Marais poitevin mais les rivières sont toujours autant asséchées, la qualité de l’eau est exécrable et les haies continuent de disparaître.
Depuis l’annonce de ce nouveau projet de bassines en 2017, la contestation est vive et ne cesse de s’amplifier. (…) Si la mobilisation contre les bassines agglomère aujourd’hui un grand nombre de sensibilités différentes, elle naît de liens sensibles au marais avec son lot d’émerveillement et de désillusion. C’est à travers l’accumulation de ces petites colères, de ces désenchantements, mais aussi de ce sentiment d’impuissance que se renforce le mouvement de résistance.
« De l’eau jaillit le feu » propose un contre-discours à celui des dominants et des porteurs de projets qui divisent le mouvement d’opposition aux bassines en deux clans : des manifestants et manifestantes de bonne figure d’un côté, toléré.e.s car inoffensif.ve.s, et d’autres qui seraient d’ultra violents radicaux, cagoulés, black block, écoterroristes et autres trouvailles sémantiques... Le film montre plutôt comment, devant l’acharnement des décideurs et face à l’urgence de notre époque, de nombreux militant.e.s acceptent aujourd’hui des formes d’action qu’iels n’auraient pas envisagées hier.
Ce film est une tentative de donner la parole aux militants et aux militantes, ainsi qu’aux libellules, aux grenouilles, aux nénuphars et aux potamots, à tous ces habitants du marais qui imaginent aujourd’hui une nouvelle manière de vivre ensemble. » (1)
Après avoir suivi des études de biologie et d’écologie, Fabien Mazzoco a rejoint l’IFFCAM (2), une école de cinéma animalier près de Poitiers. Il a déjà réalisé une quinzaine de documentaires dont « Julien, le marais et la libellule » pour France 3 ; « De l’eau jaillit le feu » en est le prolongement.
Pour en savoir plus, regarder la bande annonce du film et connaître les dates de projections, rendez-vous sur le site https://vraivrai-films.fr/catalogue/de_l_eau_jaillit_le_feu_fr
« De l’eau jaillit le feu » est une production Mauvaises graines et Mona Lisa Production.
(1) Extrait du dossier de presse du film : https://www.dropbox.com/s/oag0a3n1aeadl5y/Dossier%20de%20presse_De%20l%27eau%20jaillit%20le%20feu.pdf?dl=0
(2) IFFCAM : https://iffcam.net/